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 late night confessions. (sidora)

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MessageSujet: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptyVen 14 Avr - 4:20

lueurs sombres. obscurité latente, silence grinçant. fin de soirée au smoking dog, trop calme. trop terne. quelques lumières vacillantes sur le bois poncé, vernis, peut-être aussi vieux que toi. rien ici ne respire la nouveauté, la propreté, encore moins la joie. verres vidés par des crasseux suants, piliers de bar habituels. la gueule plongée dans la tête jusqu’à en perdre la tête, jusqu’à ce que leur cul graisseux se retrouve sur le trottoir. bull dans un coin, veillant au grain. jamais rien dérape quand bull est là et toi, ça t’évite d’avoir à hausser la voix, de te mettre au rang de tous ces bonhommes qui pensent avoir l’avantage. tant mieux. tant pis. pas de nora vociférant à travers l’établissement, jetant un client à la porte à coups de baskets lancées sans trop savoir viser. pas de crises de nerfs pendant lesquelles se défouler, rien qu’une soirée qui se déroule sans accroc, parce qu’il est là, tapis dans l’ombre, et que personne ne bouge jamais d’un poil sous son regard, absorbé par son calme légendaire, effrayé par la masse de muscles entassée sous de gros vêtements. bull c’est l’ange gardien que personne a jamais demandé. et personne n’échange un mot. y a que les têtes saoûles prêtes à s’écraser sur le comptoir, que le dernier personnel qui s’acharne avec lassitude dans la cuisine. et sid, tapi dans l’ombre, caché au fin fond de la salle. t’aurais pu l’oublier tant il passe inaperçu, s’il n’avait pas été aussi concentré toute la soirée. pas un regard levé vers toi. pas de yeux de merlans frits à attendre que ça se passe. et pas de soupir exaspéré lancé dans sa direction, les yeux roulants, avant de lui accorder un peu d’attention. quand tu t’approches c’est qu’il ne reste plus grand chose à faire à part virer les derniers clients qui reviendront demain à la première heure. plus grand chose à nettoyer, ou plutôt une fatigue immense et une flemme d’autant plus grande de se mettre à la tâche et d’effectuer le dernier service avant de remballer la marchandise et de fermer pour la nuit. quand tu t’approches, c’est peut-être sûrement par ennui, peut-être un peu par curiosité aussi, de voir sur quoi il peut bien se pencher toute la soirée sans jamais t’adresser un mot. qu’est-ce que t’as fait à ta meuf encore ? c’est lancé d’un air grognon, et épuisé, quand tu poses les deux grands milkshakes sur le bois de la table, quand tu t’asseois de l’autre côté de la banquette, dans la presque pénombre. sirotant déjà la boisson sucrée, déballant le paquet de pépitos à l’arrache, parce que t’as faim. toujours. parce que jamais sans les pépitos, aussi. quelques coups d’oeil pas si discrets vers cette oeuvre qu’il essaye tant bien que mal de caché. c’est sid, il a jamais aimé montrer quoi que ce soit de toute façon. et puis le sujet qui te préoccupe le plus ces derniers jours, sûrement le même qui l’a préoccupé lui toute son existence. c’est pire qu’un chien enragé. froncement de nez. peut-être même qu’il faudrait la faire piquer. mads elle est d’ordinaire pas très commode, mais ces derniers temps ça dépasse toutes les limites. mads elle est pas pareille, sur les nerfs, à bout de souffle. d’habitude c’est toi qui hurle, c’est toi qui t’emporte pour les choses futiles. et cette fois, c’était mads. pas comme d’habitude. cette fois c’est allé loin, plus loin que ça ne va d’ordinaire. t’es partie en claquant la porte après cette dispute sans queue ni tête, le coeur déchiré de la rupture, de ce putain de connard qui te servait de mec, de cette incompréhension que tu retiens de celle que t’appelais ton amie. elle s’en fout. et ça fait mal, peut-être plus que tout le reste. alors y a qu’une possibilité qui te vient en tête, quand t’en viens à te demander ce qui pourrait la mettre d’aussi mauvaise humeur. c’est trop long pour être la semaine volcanique toute puissante, alors il ne reste plus qu’un choix, qu’une seule chose qui te paraît assez plausible pour aller directement demander des explications à la source. celle de tous les ouragans que mads déclenche. tant pis s’il n’aime pas. tant pis s’il persiste encore à croire et à te faire croire que mads n’est seulement que la bonne copine. t’as beau avoir grandi avec ces deux-là, être plus jeune, tu les as jamais trouvés plus cons que dans ces moments-là, quand ils sont incapables de se voir. et surtout incapables de te foutre la paix, avec leurs histoires. alors t’aspires une autre gorgée de ce délicieux mélange sucré. et tu laisses à nouveau le regard s’évader sur l’esquisse qu’il tente tant bien que mal de cacher. tu l’aimes bien, sid, mais t’as jamais pensé qu’il était très doué pour quoi que ce soit. à part peut-être pour le dessin. c’est moi que tu dessines comme ça ? sourire sardonique, oeillade complice, quand t’attrapes enfin le croquis qu’il met tant d’entrain à te cacher. c’est pas toi dessus. mais en même temps, ça te surprend pas tellement.
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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptyJeu 20 Avr - 21:48

Verre plein, Sid le vide en espérant qu'ça suffira à combler le trou dans sa poitrine. Mais bien sûr ça suffit pas, ça suffit jamais alors il les enchaîne sans vraiment compter, à moitié affalé sur sa banquette usée. Et il dessine. Pour s'tenir occupé, pour laisser échapper un peu de sa frustration, pour oublier qu'il n'est qu'un pauvre con. Pourtant il se le rappelle en continu, dans ce regard qu'il reproduit sur le papier. Les cheveux emmêlés, la moue boudeuse, la lueur railleuse au fond des yeux. Ça lui fait mal de tracer tout ça – les pupilles qui le transpercent en continu, l'angle des lèvres auxquelles il goûtera plus jamais. Il sait pas pourquoi il s'fait ça. Il sait pas pourquoi il s'tue tout seul. Peut-être que c'est du masochisme, peut-être que c'est l'alcool qui lui donne envie de dégueuler son cœur, là, comme ça. Seul dans son coin, entouré par des ivrognes et des losers. Au moins, il se sent pas dépaysé. Tellement concentré sur sa tâche qu'il sursaute quand une voix familière s'élève tout près de lui. « Qu’est-ce que t’as fait à ta meuf encore ? » Il lève la tête, croise le regard de Nora, baisse la tête. Son dessin, putain. Il se penche en avant, appuyant ses bras dessus pour le cacher tant bien que mal, priant pour qu'elle n'ait pas eu le temps de reconnaître le visage de Mads. Il pourrait planquer la feuille sous la table, mais ça risquerait d'éveiller les soupçons et elle le laisserait jamais s'en tirer si facilement. Il pourrait aussi la froisser et l'avaler, mais ça lui paraît un peu excessif. À défaut, il tousse nerveusement, posant les yeux sur les milkshakes qu'elle a amenés avec son sarcasme. « Bah rien, j'ai pas d'meuf. » Il sait très bien de qui elle parle, mais il préfère jouer l'idiot. Peut-être qu'elle pigera qu'il veut pas en parler. Peut-être que ça aura l'effet inverse. Il sait pas, pour l'instant il cherche une diversion. « C’est pire qu’un chien enragé. » Elle insiste, il s'met à agiter ses doigts contre le bois, trahissant son anxiété. Il veut pas aborder le sujet. Il veut pas savoir dans quelle querelle stupide elles se sont encore lancées – toujours en train de s'engueuler, s'il osait il lui dirait qu'elles sont aussi enragées l'une que l'autre. Mais il a pas envie d'se mettre Nora à dos. Surtout pas quand elle arrive presque gentiment, avec un foutu milkshake en offrande. Milkshake qu'il fixe sans y toucher pour autant. C'est pas qu'il veut pas, c'est juste qu'il ose pas bouger les bras, de peur qu'elle aperçoive son croquis. « J'aurais pas dit non à une pinte de bière plutôt, mais c'est gentil quand même. Merci. » Il lui offre un sourire un peu bancal, un peu raté. Un peu tordu par l'alcool aussi, parce qu'il en a sûrement englouti trop, de pintes. Il s'en fout. Si ça pouvait tout engloutir au passage ça l'arrangerait bien, histoire de tout oublier. Sa fierté en morceaux, son cœur qui saigne, celui de Mads aux abonnés absents. Il en a marre, de toutes ces histoires. Et il sent venir les problèmes, quand elle lui offre un sourire qui ressemble à un traquenard, les yeux vrillés sur le bout de papier. « C’est moi que tu dessines comme ça ? » Il a pas le temps de répondre, ni même de réagir. Ses réflexes ralentis par l'alcool, il tend le bras trop tard. Nora lui a déjà dérobé le dessin. Y a une seconde de flottement, pendant laquelle il scanne son visage, les tripes qui se tordent et une sensation de chaleur cuisante jusqu'à ses oreilles. « Rends-moi ça. » Le ton est aussi sec qu'agressif alors qu'il se redresse brusquement, se penchant au-dessus de la table pour tenter de lui arracher à son tour. Sauf que c'est un échec. « Nora putain ! RENDS LE MOI ! » Il pose les pieds sur la banquette, grimpe à moitié sur la table, réitère l'expérience. Cette fois il arrive à agripper le papier, et il le froisse violemment jusqu'à n'avoir qu'une boule compacte entre les doigts. Il recule, retrouve sa position de départ – avachi sur le cuir défraîchi. « Tu fais chier. » C'est marmonné d'un air honteux, comme un gosse pris sur le fait. Et prenant soin de fuir son regard, il attrape finalement le verre qu'elle a amené pour se venger dessus, le sirotant d'un air aussi fâché qu'inquiet. Il se borne à fixer le bois avec une détermination remarquable, quand il se risque à ouvrir la bouche. « Lui dis rien. Elle sait pas que j'la dessine. Elle doit pas savoir. » Surtout pas maintenant. C'est trop risqué, trop fragile entre eux depuis la dernière fois. Il a l'impression d'avancer sur un fil mais il a jamais eu beaucoup d'équilibre, Sid. Il veut pas lui donner des raisons de flipper, pas après ce foutu baiser. Il a trop peur qu'elle lui file entre les doigts. « S'te plaît Nora, j'rigole pas. Promets-moi que tu lui diras pas. » Cette fois, il ose lever les prunelles vers elle. Le regard un peu vitreux, un peu honteux. On dirait un chiot perdu venu lui réclamer un os à ronger, c'est pathétique. Faut croire que c'est ni elle ni Mads qu'il faut piquer, au final. C'est plutôt lui.
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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptyVen 28 Avr - 4:40

te fais pas plus con que tu ne l’es déjà, kasabian. sarcasme brûlant jeté sans y penser. ça t’échappe trop souvent, nora. mais sid, il te tape sur les nerfs quand il fait ça. quand il fait semblant de ne pas savoir de quoi tu parles, quand il fait exprès de ne pas répondre à ta question.  t’as l’impression d’être la paire de jumelles dont ils ont tous les deux besoin et putain, t’aimerais bien ne pas être au milieu de leur histoire pour une fois. ou pas. t'en as déjà eu assez pour aujourd'hui, je crois. que tu jauges d’un air suspicieux son air chancelant, ses yeux vitreux. t’es persuadée que tu vas devoir le ramener chez lui en plus, à pieds. poids mort sur tes épaules tandis que tu devras faire tout le chemin inverse dans la nuit et le froid. ou bien tu pourrais simplement le laisser dormir chez toi, sur le matelas de tic ou tac, s’ils sont pas là. ou bien par terre, c’est tout ce qu’il aurait mérité. l’oeil intrigué se dirige évidemment vers le bout de papier blanc qu’il met tant d’entrain à cacher. c’est quoi, dessus ? c’est qui ? t’essayes de deviner, mais à l’envers c’est pas évident, encore moins quand monsieur diva ne veut pas te laisser regarder. les oeillades se font de moins en moins discrètes et finalement, tu ne t’en caches même plus, la paille dans la bouche à siroter ce délicieux milkshake tandis que les yeux tendent de résoudre l’enquête que détective nora vient tout juste de commencer. t’envisages de demander, mais sid a une certaine tendance à faire l’effarouché. tu te tâtes. tu t’imagines un tas de scénario, dans lesquels tu es majoritairement celle qu’il dessine. t’aimerais bien avoir ta tête sur un dessin fait au crayon. personne t’as jamais dessiné, toi, parce que personne te regarde jamais vraiment. on a tendance à s’écarter de la gamine en colère, d’éviter à tout prix la tornade qui se prépare toujours sous la surface. personne s’arrête une seconde de trop, c’est évident. et pour une fois tu te surprends à te demander ce que ça aurait fait si quelqu’un l’avait fait. si quelqu’un avait bravé tous les dangers, vents et marées, volcans et ouragans, rien que pour poser tes traits durcis sur une vieille feuille de papier. et peut-être que t’aurais aimé ça. peut-être même que t’aurais pu te trouver jolie avec un peu d’attention. peut-être pour la première fois depuis longtemps. mais non, nora. stupide nora n’est pas jolie. nora, c’est le cochon grognon qui fait la misère à tout le monde. pas celle qu’on pose sur toutes les feuilles pour lui crier son amour. alors t’arrives assez vite à bout de cette curiosité malsaine. t’attrapes cette feuille au passage, manque de la déchirer parce que sid tente le tout pour le tout de la retirer. et t’as juste le temps de te reculer suffisamment pour échapper à son emprise. arrête de faire ta gamine, laisse moi regarder vite fait ! que tu siffles, moqueuse, alors que t’observes le dessin à la volée. et tu ne dis rien. c’est trop tard pour que sid le récupère, et il se rassoit, bougon. boudeur, tu supposes. un bébé. et toi, tu ne prononces plus rien, trop occupée à discerner les traits de mads dessinés à la volée sur cette feuille de papier. troublée par la ressemblance, alors qu’elle n’est même pas ici. est-ce qu’il l’a dessinée de mémoire ? tu supposes, ça fait des heures qu’il est ici, à réclamer sa bière plutôt qu’un milkshake. des heures qu’il a la tête baissée, concentré et enfermé dans son petit monde. et maintenant tu comprends pourquoi il n’a pas levé la tête de toute la soirée. qu’il essaye encore de te faire croire qu’il est pas fou amoureux de cette nana, après ça. que l’un d’eux continue à se voiler la face alors qu’il serait sans doute mille fois plus simple pour eux d’arrêter de se mentir et d’ouvrir les yeux. toi, tu le vois depuis des années, tout le monde le voit sans que jamais personne n’ait réussi à les faire changer d’avis. c’est triste, pour eux. mais s’ils sont trop cons pour pouvoir le voir, c’est pas de ta faute, y a rien que tu puisses y faire. et peut-être que tu pourrais simplement te contenter d’appliquer ces conseils à ta propre histoire, mais tu fais bien attention de ne pas y penser. t’as pas besoin de ça maintenant. pas besoin de te laisser aller. alors tu te concentres sur les histoires des autres, c’est bien mieux. plus rassurant et confortable. et tellement plus facile, aussi. c’est… joli. que tu finis par dire, parce que tu sais pas trop quoi dire d’autre. mais c’est vrai, mads elle est plus jolie sur ce dessin qu’en vrai. moins chiante, aussi. et tu peux pas t’empêcher d’avoir un petit pincement à ce qui te sert de coeur à la pensée que vous ne vous parliez plus. et sid s’énerve à nouveau, ça t’agace qu’il panique autant. il te fait pas confiance ou quoi ? depuis quand tu déballes tous les secrets des autres ? sid il te connait depuis longtemps, il devrait savoir que t’es presque toujours une tombe. parfois ça t’échappe mais tu le fais pas exprès alors ça compte pas. si les gens arrêtaient de te faire chier, t’arrêterais de leurs sortir ces secrets que tu sais qu’ils ne veulent pas entendre. tu leur fais un cadeau, quand t’y penses. c’est eux qui devraient te remercier. ça va, j’lui dirais pas. j’pourrais pas même si je le voulais de toute façon. t’abdiques, pour qu’il se détende enfin. il a raison, peut-être qu’il aurait eu besoin d’une bière, ça aurait évité qu’il soit autant sur les nerfs et ça aurait aussi évité qu’il te transmette toute sa nervosité. mais voilà, il l’a sa promesse, tu le diras pas. de toute façon faudrait déjà que tu parles à mads et au vu de votre dernière entrevue, tu devines que c’est pas prêt d’arriver. peut-être que tu devrais faire quelque chose à ce propos, mais t’es pas certaine d’en avoir envie. y a cette foutue fierté qui te garde éloignée de ta meilleure amie, et c’est tant pis tu supposes. alors tu reportes ton attention sur le dessin, toujours dans tes mains. un peu pensive. un peu autre chose. elle lui ressemble. et c’est sans doute le plus surprenant pour toi parce que si tu venais à dessiner nash ou qui que ce soit d’autre de ton entourage, tu crois bien qu’ils prendraient la forme d’une patate géante avec deux piquets en guise de bras et de jambe. là s’arrêtent toutes tes compétences en dessin. alors t’en viens à te demander, évidemment. ça fait combien de temps que tu la dessines ? t’as pas besoin de demander pourquoi, tu sais déjà pourquoi. mais t’es pas sûre que lui en ait conscience. peut-être pas encore, mais c’est sans doute pour bientôt tu le sens.
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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptyMar 9 Mai - 19:47

« Te fais pas plus con que tu ne l’es déjà, Kasabian. » Ça le fait rire à moitié parce qu'il a un peu l'impression d'entendre Mads, parce que tout l'monde semble se donner le mot pour lui dire combien il est con. Ça va, merci, il a eu le mémo – il voudrait tous leur dire d'arrêter. Mais il le fait pas, il le fait jamais. Il est là, à se marrer alors qu'il trouve ça un peu triste, à faire comme si c'était pas important parce qu'après tout rien ne l'est, pas même les morceaux qui s'éparpillent au creux d'sa cage thoracique. Il voudrait se noyer dans une bière mais Nora n'est pas d'accord, Nora joue la rabat-joie. Il n'a droit qu'à un milkshake et même s'il la connaît assez pour apprécier le geste à sa juste valeur, il peut pas s'empêcher d'être déçu. « T'en as déjà eu assez pour aujourd'hui, je crois. » Elle a raison mais au final il se dit que c'est pas assez, ça sera jamais assez tant que ça fera pas taire tous les trucs qui viennent le torturer. « Bah alors, t'as décidé de prendre soin de moi ce soir ? » On dirait presque qu'il se fout de sa gueule mais même pas ; son sourire est sincère, son regard bienveillant. Il est touché, un peu, parce qu'elle a presque l'air d'avoir rentré les crocs, au moins pour l'instant. Il va pas s'en plaindre. Et puis finalement ça tourne au cauchemar, en tous cas c'est la sensation que ça lui donne. Elle dérobe le croquis qu'il s'efforçait de planquer et il a soudain l'impression d'être mis à nu, c'est insupportable. Il proteste, il gueule, il se contorsionne pour le récupérer et elle agit comme s'il ne faisait qu'un caprice ridicule. « Arrête de faire ta gamine, laisse moi regarder vite fait ! »  De toute façon il a pas le choix, parce que ses gestes sont mal coordonnés à cause de l'alcool ingurgité, parce qu'elle est plus agile et plus rapide que lui. Elle regarde et il a envie d'crever, elle regarde et il voudrait sentir le sol s'ouvrir sous ses pieds. C'est terrible, cette sensation que ses tripes et son cœur sont couchés sur le papier, alors que c'est rien de plus que quelques traits de crayon. Mais c'est Mads, c'est Mads selon ses souvenirs, selon la façon dont elle est gravée dans sa tête, selon la façon dont il la voit, la perçoit. C'est Mads selon lui et ça n'en dit que trop, ça dévoile tout ce qu'il veut pas avouer alors qu'il a l'impression que tout le monde le sait déjà. Tout le monde sauf elle, parce qu'elle est trop occupée à le piétiner pour ça. « C’est... joli. » Il s'étouffe à moitié avec son milkshake, se met à tousser en l'observant une seconde. C'est rare, les compliments de Nora. Il est plus habitué à ses sarcasmes et son acidité implacable, même s'il a appris à lire entre les lignes, même s'il sait que c'est pas méchant, parce qu'elle a beau être grognon, elle a bon fond. « Wooow, attends... Un milkshake et un compliment ? J'ai gagné au loto ? » Il rigole de bon cœur cette fois-ci, comme si ça pouvait effacer la gêne qui lui teinte encore les joues. Mais forcément la nervosité reprend le dessus, et il se frotte le crâne en jouant avec sa paille, pour s'occuper, pour s'empêcher de paniquer. « C'est pas grand-chose en vrai. » Et forcément il se demande ce qu'en penserait Mads – est-ce qu'elle dirait la même chose que Nora ? Est-ce qu'elle se foutrait de lui ? Est-ce qu'elle resterait indifférente en lui disant que c'est moche ? Il en sait rien. Au final il préfère pas savoir, c'est pas pour rien qu'il planque tout, s'assurant qu'elle ne puisse jamais tomber dessus. Mais maintenant Nora sait, Nora a tout vu, et il est complètement affolé à l'idée qu'elle puisse le dire. Par inadvertance, ou juste pour rire. Il sait bien qu'elle le ferait jamais pour le blesser, pas volontairement. Mais ça n'empêche pas qu'il est pas rassuré. Et elle, on dirait presque qu'elle est vexée, même si elle finit par obtempérer. « Ça va, j’lui dirais pas. J’pourrais pas même si je le voulais de toute façon. » Il tique à la dernière phrase, sans comprendre où elle veut en venir exactement. Sûrement que ça a un lien avec l'embrouille qui semble les avoir séparées, et malgré lui il repense à celle qui l'a opposé à Nash. Par textos, parce qu'ils sont aussi gamins que ridicules. Pourtant il serre les dents, ravalant sa rancœur pour hocher le menton d'un air reconnaissant. « Merci. » Son soulagement est palpable, même si y a une tension dans l'air, un truc qui émane de la façon dont ses muscles se sont tendus, ses doigts crispés autour de son verre. « Elle lui ressemble. » Il reporte son attention sur elle, se raclant la gorge nerveusement, sans savoir quoi répondre. C'est le but quand il la dessine, forcément. Mais il peut pas s'empêcher d'être gêné d'en parler, d'avoir quelqu'un qui sait, qui a vu, aux premières loges de son béguin minable. C'est plus qu'un béguin et il le sait, mais peut-être qu'en se répétant le contraire, ça finira par minimiser les dégâts. « Ça fait combien de temps que tu la dessines ? » Et son malaise qui continue de s'accroître, prenant tout l'espace, lui collant un air penaud qui se mélange à la frustration et les résidus de colère. « Euh, je... Longtemps. » Des années, depuis qu'ils sont ados et même avant. Elle a fait partie des premiers modèles qu'il a pris, quand il s'est mis à dessiner vraiment. Jamais en chair et en os, toujours avec des photos, puis avec l'image d'elle constamment gravée dans sa tête. Il a commencé, il s'est plus jamais arrêté. C'est peut-être ça le problème. « Mais c'est pas la seule, j'veux dire, je fais des portraits d'un peu tout le monde. Même toi j't'ai déjà dessinée. » Il hausse les épaules, recommençant à siroter son milkshake une seconde, s'avachissant à moitié sur la table parce qu'il trouve que sa tête commence à être trop lourde. Il la cale contre sa main, coude posé sur le bois ; pourtant on dirait qu'un coup de vent suffirait à le faire tomber. « Pourquoi tu t'es engueulée avec elle ? » Son regard plongé dans le sien, et l'interrogation sincère sur ses traits. Il a l'habitude au final, elles sont toujours en train de se prendre la tête pour rien – ou en tous cas, pour des choses qu'il juge futiles. D'ordinaire, ça le fait presque rire. Mais ce soir il a pas envie, ce soir son sourire s'effiloche et il se dit qu'il préfère encore parler de Mads et Nora, plutôt que de Mads et lui. Tout pourvu que ça fasse taire son cœur meurtri.
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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptySam 13 Mai - 4:11

t’as décidé de prendre soin de moi ce soir ? nez froncé, regard irrité. réponse grognon, faudrait quand même pas qu’il se mette à penser que tu l’apprécies. que tu t’adoucisses, épuisée de tout ce qui te tombe dessus. incapable d’y faire face avec la rage d’ordinaire, tout juste à encaisser les coups, jusqu’à ce que tu retrouves la force qui te caractérises. encore faut-il qu’elle ne soit pas partie bien loin. arrête de rêver, t’es mon dernier client et j’ai pas envie de te ramener c’est tout. rétorqué le menton levé, l’air faussement désintéressé. y a presque plus personne autour, plus que vous deux au fond de la salle peu éclairée. et c’est reposant, presque serein de se retrouver avec sid, sans tous ceux de d’habitude. sans mads. sans nash. juste sid et toi, comme parfois, quand il te prend l’envie d’un peu moins d’animosité. quand il te prend l’envie de te laisser apprivoiser, d’un vieux disque de rock et d’un gros paquet de bonbon étalé sur le sol de sa chambre. mais t’es comme ça nora, tu peux pas le laisser avoir raison. tu peux pas le laisser penser que ça t’intéresse, même rien qu’un peu. que c’est pas vraiment par flemme que tu dis ça, mais peut-être légèrement par inquiétude. tu peux pas le laisser penser que tu laisses tomber tes défenses, ou plutôt qu’elles t’abandonnent peu à peu. que tu te retrouves là, misérable et vulnérable, prête à être blessée, vexée, déçue. encore, encore, et encore. c’est mieux de prétendre, de montrer que rien n’a changé. que tout a beau de tomber sur la gueule, tu restes nora, l’invincible, la guerrière. la ferme. lancé sur le ton désinvolte, les yeux roulants jusqu’au ciel. sid, il se moque de toi, comme tu le fais si souvent avec lui. les compliments, c’est pas souvent mais quand tu les dis, ils sont sincères. tu regardes ce dessin et tu peux pas t’empêcher de voir mads sous le regard de sid. tu la vois comme lui la voit et tu la trouves jolie, bien plus que tu n’as pu le remarquer auparavant. alors c’est peut-être pas important, ouais. c’est peut-être pas grand chose. mais pour toi ça compte. pour toi ça provoque quelque chose, sans doute un petit pincement au coeur que tu gardes secret, loin de tout ce qu’il pourrait comprendre. ça te secoue de l’intérieur, ça te renvoie à tout ce qui a pu se passer ces derniers jours. les prises de tête. les engueulades. les déchirures. tout ce que t’as raté, tout ce que t’aimerais réparer, sans vraiment pouvoir. sans vraiment savoir. alors tu ne fais rien, si ce n’est rester dans ton coin, grognon et rabougrie. crier sur le reste du monde, avec un peu moins d’entrain que d’habitude. et puis lui rendre son dessin, pour qu’il arrête de gesticuler comme un dévertébré. tu me dessines moi aussi ? quand ? y a les yeux surpris qui retrouvent le visage sage de sid, avant de fuir précipitamment, vers les coins de la salle. les membres se tendent. t’aimes pas. ça te gêne. t’es mal à l’aise. depuis quand il te dessine, sid ? comment il a fait pour que tu ne remarques jamais le regard qu’il portait sur toi, pour le poser sur une autre feuille de papier ? tu croyais que y avait que mads qu’il pouvait dessiner, l’amoureux transit. t’es étonnée d’apprendre le contraire. étonnée mais pas mécontente. peut-être qu’un jour tu lui demanderas de te les montrer. en même temps, t’es pas certaine de vouloir savoir à quoi tu dois ressembler à ses yeux. sûrement à un monstre à trois têtes, tous crocs sortis. fidèle compagnon de cerbère. y a un moment de calme où tu ressens parfaitement l’atmosphère de fin de soirée. la fatigue retomber sur tes épaule, réussir presque à clore tes paupières. sid est affalé sur la table et toi, tu sirotes ton milkshake non sans bruit, à moitié en tailleur sur la banquette. faudrait peut-être que tu finisses de nettoyer, mais pas tout de suite, t’as pas vraiment envie. tu tâches de profiter de cet instant de calme après l’orage, celui qui ne dure jamais longtemps. jusqu’à ce que sid mette à nouveau les yeux dans le plat, les yeux braqués sur toi, ceux que t’as pas vraiment envie de soutenir. pour rien. mensonge emballé en vitesse pour ne pas avoir à t’étaler sur le sujet. tu sais que mads et sid passent leur temps à s’engueuler, à se passer à côté. peut-être tout autant que tu ne t’engueules avec mads, et avec le reste du monde, si ce n’est plus. y a toujours une bonne raison, et jamais vraiment de raison valable. sid, il comprendrait pas. ou peut-être pas. elle baise avec mon frère, t’es au courant non ? c’est sec, sans que tu ne le veuilles vraiment, le sourcil arqué dans sa direction, à guetter sa réaction. évidemment qu’il sait, ça fait combien de temps maintenant que ça dure, ce cirque ? combien de temps qu’il regarde le théâtre des horreurs se dérouler sous ses yeux, sid ? et puis pourquoi il dit rien, sid ? ça l’énerve pas ? ça te rend furax, toi. ça te dégoûte, ça t’empêche de dormir, quand tu les sais dans la pièce d’à côté, à faire leurs affaires. à prétendre que le reste du monde n’existe plus, que leur aventure qu’ils gardent tant bien que mal secrète ne blesse personne. ça t’écoeure, qu’ils vivent avec autant de conviction les yeux fermés, qu’ils refusent d’observer, ce qu’il se passe de l’autre côté. alors tu repenses à mads. à cet échange virulent, presque méchant. c’était jamais aussi loin. tu repenses à la façon dont elle t’a jetée, mise à la porte, à la façon dont t’as fait une croix sur ta meilleure amie, juste comme ça. et puis tu repenses à nash. à ces textos dégueulasses qui serrent ton coeur meurtri. tu repenses à leurs mots, cruels et cinglants. des lames dans ton dos, dans ton coeur. tu repenses à quel point ils s'approchent de la vérité, à quel point ils ont raison. et tu les détestes. tu les détestes tellement que ça te secoue de part en part. que ça t’empêche de penser à quoi que ce soit d’autre, que ça t’empêche de leur régler leur compte une bonne fois pour toute. t’as perdu ta force, parce que tu fais pas le poids contre eux deux. c’est game over avant même d’avoir commencé, victoire par K.O pour les deux amoureux qui laissent le reste du monde derrière eux. y compris les personnes pour qui ils comptent le plus. alors c’est fébrile, là-dedans. ça réveille des choses que tu pensais endormie depuis longtemps. d’autres dont tu ne soupçonnais pas l’existence. et puis sans comprendre pourquoi, y a ta vilaine langue qui trahit ta pensée. trop vite pour que tu ne puisses la rattraper. tu crois que je mérite d’être seule ? t’oses à peine croiser son regard, quand tu le demandes. t’as les yeux fixés sur cette serviette en papier que t’es trop occupée à déchirer en mille petits morceaux. le regard courroucé qui s’en veut même d’avoir seulement posé la question. c’est stupide, tu te hais de te montrer aussi faible, tu regrettes. mais c’est trop tard, elle est, là, dehors. flottant dans l’air, en attente d’une réponse. parce que de sid, t’es presque certaine d’avoir une réponse honnête. une réponse qui sera pas dite seulement pour te faire mal, pas non plus pour te priver de la vérité. et t’as besoin, de ce regard candide qui est propre au sien. t’as besoin de le sentir se poser sur toi, d’en évaluer les recoins. pour te persuader que t’es pas celle qu’ils disent tous que t’es. que t’es pas bonne qu’à détruire, qu'à tout foutre en l'air.
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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptyDim 21 Mai - 17:35

« Arrête de rêver, t’es mon dernier client et j’ai pas envie de te ramener c’est tout. » Il la voit qui lève le menton, qui fait la fière, celle que rien n'atteint, celle qui s'en fout. Il sait que c'est loin d'être la vérité mais il la contredit pas, comme quand on laisse un gosse s'affirmer et jouer au plus fort, comme quand on le laisse gagner la partie. Son ton est presque conspirateur, pour lui dire qu'il sait mais qu'il accepte de jouer le jeu. Pour lui faire plaisir. « Oh, je vois. T'inquiètes j'suis garé juste à côté. » Pourtant c'est pas une bonne idée, parce qu'il a trop bu et qu'il le sait – il prendra pas le volant. De toute façon il habite pas très loin alors il fera le chemin à pieds, peut-être même que ça lui rafraîchira les idées et que ça l'aidera à sortir de sa misère ridicule. Nora l'aide déjà un peu, avec sa présence et ses attentions, discrètes mais qu'il ne loupe pas. Elle est là et ça le déride un peu, ça lui fait retrouver son sourire alors qu'il se moque tranquillement, gentiment, pendant une seconde il a presque oublié le reste. « La ferme. » Il s'marre encore pendant qu'elle lève les yeux au ciel et on dirait des grands gamins, à croire que les problèmes sont loin ou presque, c'est juste qu'ils sont tapis dans l'ombre, planqués sous le lit et derrière les sourires abîmés, écorchés, on peut jamais vraiment les oublier. Comme elle, elle elle elle sur le papier, dans sa tête, partout, jusqu'au bord de ses lèvres qui s'tordent alors que Nora observe, Nora découvre, Nora sait tout. Il a envie de disparaître, un peu, beaucoup. Mais elle se moque pas et c'est déjà ça, il aurait pas supporté. « Tu me dessines moi aussi ? Quand ? » Elle a l'air surprise et ça le fait hausser les sourcils alors qu'elle s'met à fuir son regard. Comme si c'était improbable, impensable, comme si ça la gênait aussi. Merde voilà il a trop parlé, maintenant elle est mal à l'aise et c'est sa faute, maintenant elle va le trouver étrange ou juste con, elle va se foutre de lui, l'envoyer chier, le dire à Mads et tout va s'écrouler. Respire. Ça l'fait virer parano, ces histoires. « Euh, ben.. Quand tu regardes pas. » Il hausse les épaules, hésitant, et soudainement il se sent très con. Il fait ça tout l'temps, à dessiner les gens quand l'attention n'est pas sur lui, quitte à être interrompu et devoir finir chez lui. Il l'a fait plus d'une fois – avec Nora aussi. Parfois le portrait s'éloigne un peu de la réalité à cause de ça, mais c'est jamais trop différent, y a toujours un truc qui rappelle son modèle. Et puis il aime bien la dessiner, Nora. Y a quelque chose d'intéressant dans son regard de furie, ses traits de poupée déglinguée. Quand il la retrace ça ressemble à une môme déguisée en guerrière parce que c'est comme ça qu'il la perçoit souvent – une fille qui se perd dans un costume bien trop grand pour elle, l'armure qui pèse encore plus lourd que son cœur. Mais il a l'impression qu'elle est pas contente d'le savoir et il regrette de l'avoir dit, il a peur de ce qu'elle pense, de comment elle le vit. « J'peux arrêter. Si ça te dérange je le ferai plus, j'suis désolé, je voulais pas te mettre mal à l'aise. M'en veux pas, ok ? On oublie. » De toute façon il a l'habitude, en c'moment c'est on oublie partout, le baiser avec Mads, les mots de Nash, tout c'qui tourne pas rond. On oublie et puis on fait semblant et il est pas bon à ça Sid, il sait pas faire alors il crève dans son coin mais c'est pas grave, tant qu'il la ferme ça fait rien. Nora elle dit pareil, quand il demande pourquoi elle s'est disputée avec l'autre sauvage. « Pour rien. » Rien rien rien, c'est toujours rien mais ils savent tous les deux que c'est jamais vrai. Il se tait, mais il continue de la fixer, parce qu'il sait qu'y a une suite. « Elle baise avec mon frère, t’es au courant non ? » La lame est vicieuse, quand elle s'enfonce dans sa poitrine. Ça claque dans l'air et dans sa tête, il se fige, se redresse sur son siège et se renfrogne. Le changement est palpable – sa silhouette qui s'est raidie, son regard assombri, ses phalanges aussi crispées que sa mâchoire. « Ouais. » Bien sûr qu'il est au courant, tout l'monde est au courant putain. « Et donc ? C'est quoi le rapport avec votre dispute ? » Qui a engueulé qui, et surtout pourquoi ? Il sait même pas s'il veut réellement savoir mais maintenant il peut plus faire marche arrière, maintenant il a demandé et il a plus qu'à prier pour que la réponse soit moins douloureuse ou que Nora refuse de parler, il sait pas il sait plus, il en a juste marre d'avoir mal tout le temps. Et puis finalement elle le prend de court, elle ouvre la bouche et elle touche encore en plein cœur. « Tu crois que je mérite d’être seule ? » Il lève les yeux vers elle, confus, perdu. Il la dévisage une seconde et puis deux, sans comprendre d'où elle sort ça et pourquoi elle se sent obligée de poser la question, comment elle peut croire une minute que la réponse pourrait être oui. Ça n'a pas d'sens pour lui. « Non. Pourquoi tu mériterais ça ? » La question est sincère et il fronce un peu les sourcils, parce qu'il aime pas entendre des trucs comme ça, pas quand ça vient des gens à qui il tient. Il comprend pas comment elle peut demander ça. « Qui c'est qui t'a fait croire un truc pareil ? » Il la fixe, cherchant à sonder son regard, comme si la réponse allait miraculeusement se pointer dans l'fond de ses prunelles. Il voit bien qu'elle regrette d'avoir posé la question, comme si elle s'était trahie toute seule. Mais il a pas envie de laisser couler. Il veut savoir, comprendre, lui dire le contraire et le prouver.
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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptySam 27 Mai - 6:35

ça m’dérange pas. répliqué à la va-vite, instant de panique que t’essayes immédiatement de cacher dans un haussement d’épaule indifférent. non, ça te dérange pas, c’est vrai. ça te rend même un peu curieuse, mais tu préfères pas le montrer. parce que c’est pas toi. t’es pas celle qui s’y intéresse. celle qui fait des compliments. celle qui se défait de son regard noir pour porter sur le monde un regard un peu plus tendre. non, c’est pas toi nora, et tu t’reconnais dans rien de tout ça. sauf que tu deviens peu à peu cette fille, en tout cas avec sid. parce que t’as l’impression qu’il gratte à la porte comme un petit chien mouillé avec ses grands yeux et t’es incapable d’y résister. et tu le détestes pour ça. pour te rendre faible. te rendre humaine. t’aurais envie de le frapper, déverser ta rage. mais avec sid, ça ne servirait à rien. tu pourrais pas lui enlever sa joie de vivre, t’arriverais même pas à lui décrocher un soupire de colère. sid il est trop différent, et c’est peut-être ce qui t’attire autant. comme un aimant vers son pôle. comme une étoile vers sa galaxie. tu crois que je pourrais les voir un jour ? c’est déplorable. moche. tu te recroqueville à nouveau, à râler contre toi. et lui. et le reste du monde. tout t’énerve, jusqu’à ton attitude, perdant de sa flamme et de sa passion légendaire. t’es nora caldwell bordel de merde. et t’es attendrie devant rien. rien du tout, pas même le petit chien mouillé aux grands yeux tristes. tu fronces les sourcils pour la forme, pour garder ta prestance, rien de plus, alors que tu plonges à nouveau dans le milkshake interminable, régal sucré pour ton estomac. t’as bientôt même plus besoin de prétendre, parce que sid pose toujours les mauvaises questions. sid est à côté de la plaque, sid ne comprend rien et ça t’agace terriblement. bah c’est ça. elle baise avec mon frère. nouveau haussement d’épaule, parce que ça crie à l’évidence. pour quelle autre raison tu lui en voudrais, à mads ? être plus jolie. plus souriante. recevoir plus d’attention. être aimée d’à peu près tout le monde, quand tu ne suscites que les soupirs agacés et les poings serrés, au même titre que les mâchoires. y a quelque chose qui te rend folle de rage dans le fait de la savoir avec ton frère. et sur le coup, t’es incapable de savoir à qui tu en veux le plus. à lui, de te voler ta meilleure amie. ou bien à elle, de s’attaquer à ton frère, ton trésor, à te voler l’attention qu’il a pour elle et que tu mériterais pourtant d’avoir rien que pour toi. t’as le regard qui remonte vers sid, son air un peu étrange sur le visage. et l’air rabougris qui reprend possession de ses droits. laisse tomber, j’savais que tu comprendrais pas. personne comprend les caldwell, la façon dont vous fonctionnez, l’amour invisible recouvert par la haine. parce que vous savez pas aimer, pas comme il faut, jamais dans le bon sens. vous faites tout à l’envers, parce que personne vous à jamais appris. vous aimez pour détruire, violemment, ardemment, jusqu’à vous en brûler les entrailles, jusqu’à y laisser les dernières miettes de vos êtres. aimer c’est perdre la raison, c’est y laisser la vie. alors vous aimez pas, c’est aussi simple que ça. vous aimez presque jamais, parce que c’est trop dur, une bataille constante contre les sentiments, l’humiliation et la faiblesse. vous savez pas aimer, mais la famille c’est sacré. c’est la seule chose que vous êtes capable d’aimer, parce que vous vous en foutez, et en même temps, vous y tenez comme jamais. parce que c’est pas grave de détruire la famille, elle sera toujours là. par le sang. pas obligation. par tout ce qui est plus fort que vous et que vous ne comprendrez jamais. c’est pas grave d’aimer la famille et de la salir, parce qu’elle sera là, encore et encore, même dans la colère et dans la haine. mais vous pouvez pas aimer le reste. parce que le reste ne comprend pas, le reste s’en va à la moindre engueulade. le reste part comme tous les autres, tous ceux que vous avez jamais revus. ne pas les aimer, c’est s’assurer de les garder près de vous. alors peut-être que vous ne devriez pas. être accompagnés. connaître une autre forme d’amour, ou au moins d’affection. peut-être que pour vous y a que le destin d’un chien en cage qui vous attend et rien d’autre. et quelque part en toi y la pensée inévitable qui souffle que ce serait sans doute mieux comme ça. à ton avis ? sourcil haussé dans sa direction, à croire que sid fait exprès d’être stupide pour t’énerver ou si c’est vraiment naturel chez lui. t’as beau être rassuré de sa réponse, de son “non” si rapide qu’il t’a fait retrouver le souffle que tu ne pensais pas avoir retenu si longtemps. tu pensais que ça suffirait. que les mots de sid, son regard candide suffiraient à te rassurer. mais non, ça ne suffit pas, parce que ça ne suffit jamais. nora qui prend tout autour d’elle sans jamais rien donner, petite égoïste éternelle qu’on a pas fini d’aimer autant qu’on la déteste. elle a p’tètre raison. c’est douloureux de l’admettre, t’essayes de pas le montrer, la boule dans ta gorge, les poings serrés sous la table. c’est douloureux mais ça n’en est pas moins vrai. mais t’es assez grande pour t’en rendre compte, pour savoir que tu seras jamais de ces princesses parfaites, douces et souriantes, de celles qu’on vient sauver simplement pour les épouser, parce que la vie serait trop dure sans elle. t’es pas de ces peach qui attendrissent, t’es pas non plus de ces mads qui réconfortent. t’es juste nora, celle qui crée la vie dure, pas celle qui la rend plus paisible. j’détruis tout autour de moi de toute façon. la terrible évidence. l’abominable vérité. à toujours le savoir sans jamais s’en soucier. jusqu’à ce qu’il ne reste vraiment plus rien à foutre en l’air autour de toi, et que pour la première fois de ta vie, tu ressentes ce que ça fait vraiment, d’être seule.
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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptyLun 12 Juin - 14:46

« Ça m’dérange pas. » C'est sorti tellement vite que ça le prend de court et il lève la tête vers elle, l'observant de ses yeux un peu trop grands, rendus un peu vitreux par l'alcool, un peu humides parce qu'il cligne pas assez des paupières. Ça la dérange pas et soudain il respire mieux, parce qu'il avait peur de passer pour un con, de tout gâcher encore une fois parce que visiblement il est doué pour ça. « Tu crois que je pourrais les voir un jour ? » Encore une fois il s'y attendait pas et il ouvre la bouche, la referme, l'ouvre à nouveau pour bafouiller des syllabes sans aucun sens avant de la fermer à nouveau. Parce qu'il sait pas quoi dire, parce qu'il pensait pas qu'elle voudrait les voir et ça réchauffe un truc dans sa poitrine autant que ça lui tord les tripes. Il aime pas montrer ses dessins Sid, il est jamais trop sûr, jamais vraiment confiant, il préfère encore les planquer et surtout n'pas les donner aux principaux concernés. Mais c'est Nora. Et y a quelque chose dans son regard, dans la façon qu'elle a de se recroqueviller un peu sur elle-même, à tirer la tronche comme si elle était énervée mais pour une fois on dirait que c'est surtout dirigé contre elle-même. On dirait une môme frustrée et ça le fait sourire alors qu'il passe une main sur son crâne rasé, nerveux mais un peu rassuré quand même. « Ça peut s'faire. » Sa voix est douce, un peu plus basse que la normale comme s'il assumait pas vraiment non plus, parce qu'elle dit que ça la dérange pas mais elle a pas vu ce que ça donne et rien que de penser à son regard posé sur le papier il a le myocarde qui fait des claquettes. C'est con pourtant, elle a déjà vu un dessin de Mads alors il risque plus grand chose finalement. Il se racle la gorge pour reprendre contenance, et il ajoute, sourire en coin de lèvres : « Si t'es sage. » Elle est jamais sage évidemment – c'est une foutue Caldwell et le mieux qu'ils puissent faire c'est être sages comme l'orage, parce qu'ils claquent comme le tonnerre et frappent comme la foudre. Sid espère juste qu'un jour il arrêtera de faire partie des dommages collatéraux. Un peu comme ceux causés par Nash, Nash et Mads, qui sèment la colère la rancœur la douleur dans leur sillage. Il voit que pour une fois il est pas le seul à en pâtir, y a Nora qui saigne avec lui. « Bah c’est ça. Elle baise avec mon frère. » Elle le répète et ça le fait grincer des dents, parce qu'il aime pas les mots qu'elle emploie, il aime pas quand c'est dit à haute voix. Pourtant c'est simplement la vérité, brutale et honnête, mais aussi vicieuse qu'un couteau enfoncé dans le dos. Lui il sait pourquoi ça lui fait mal, mais Nora ? Il est pas sûr de comprendre. Elle devrait p't'être même être contente pour eux ou il sait pas, mais il voit la tempête dans ses yeux et il est un peu paumé. « Mais pourquoi ça te dérange ? J'veux dire, qu'est-c'que ça peut te faire à toi ? » Il aimerait bien comprendre et puis peut-être qu'il espère que ça l'aidera à relativiser, prendre du recul, arrêter de ruminer. Peut-être qu'il pourra se concentrer sur la position de Nora plutôt que la sienne, plonger dans ses problèmes à elle pour tenter d'oublier sa peine. Mais il voit la façon dont elle se renfrogne, le regard sombre et les traits fermés. « Laisse tomber, j’savais que tu comprendrais pas. » Elle a raison ; il comprend pas. Mais c'est justement pour ça qu'il veut y remédier, qu'il aimerait qu'elle lui explique. Il insiste pas mais son regard parle pour lui, alors qu'il continue de la fixer en silence. Les prunelles interrogatrices, l'air un peu curieux mais pas indiscret pour autant, le calme et la patience dans son souffle régulier et son silence attentif. Et puis la question qu'elle finit par poser – tu crois que je mérite d'être seule et le cœur de Sid qui se serre un peu, parce qu'il veut pas qu'elle pense des choses comme ça. Faut être con pour la convaincre de ça et pourtant y a une part de lui qui sait déjà qui est à blâmer. « À ton avis ? » Les doutes sont confirmés. Bien sûr c'est Mads, c'est toujours Mads, qui crache son venin à tout va et sur n'importe qui, qui contrôle pas ses mots et qui fait des ravages pour mieux se barrer sans se retourner. C'est une putain de tornade quand elle s'y met, il est bien placé pour savoir et ça lui arrache un petit sourire, un peu triste, un peu désabusé. « Ouais. Elle est douée pour faire mal, je sais. » Parfois il a envie d'lui rendre la pareille mais il culpabilise avant même d'avoir fait quoi que ce soit alors il la ferme, il ravale tout et il prend sur lui. Mais ça s'accumule, les plaies se succèdent et p't'être bien qu'un jour ça sera trop. « Elle a p’tètre raison. J’détruis tout autour de moi de toute façon. » Il fronce les sourcils, la dévisage une seconde avant de secouer la tête en signe de négation. Il peut pas la laisser dire des trucs comme ça – surtout pas si elle y croit. « T'sais, c'est Mads. Elle raconte beaucoup de conneries et le plus souvent elle les pense pas. C'est juste qu'elle gueule sans réfléchir, et elle est trop fière pour faire machine arrière, tu la connais. » Elles sont pas si différentes sur bien des aspects, même s'il préfère ne pas le dire maintenant, il a pas l'impression qu'ce soit une bonne idée vu la situation dans laquelle elles sont. « À mon avis, vous êtes parties en vrille et vous l'regrettez toutes les deux. C'est juste que vous savez pas communiquer, entre sauvages. » Il a le chic pour s'entourer de filles trop féroces, tous crocs dehors et les griffes acérées, alors qu'il a la chair trop tendre et rien d'autre qu'un sourire fissuré. Peut-être qu'il est maso, à ce stade il sait plus quoi penser et il se contente d'encaisser sans broncher. Il est presque aussi efficace qu'un sac de frappe, faut croire. « Mais c'est pas vrai. Elle a pas raison. Et toi non plus. » Il plante son regard dans le sien, cherchant à ancrer chaque mot prononcé dans sa mémoire, pour qu'elle imprime bien ce qu'il dit. Pour qu'elle arrête de croire à ces conneries. « T'es p't'être une dure à cuire, mais t'es une fille bien. Et commence pas à bougonner, je sais c'que j'dis. » Y a quelque chose de presque autoritaire dans sa voix, mais pas pour la dominer ou lui donner des ordres – plutôt comme un aîné qui veut ouvrir les yeux à son petit protégé. Elle a la tête dure Nora, mais c'est pas pour autant qu'elle est invincible. Elle aussi elle a des brèches dans lesquelles on peut s'infiltrer, si on sait où viser. « Puis tu détruis pas tout autour de toi, c'est n'importe quoi. Regarde, moi j'suis là et j'vais bien. » Son sourire sonne faux. Il ment, bien sûr qu'il ment, mais elle est pas à blâmer. Lui, c'est pas Nora qui le détruit.
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MessageSujet: Re: late night confessions. (sidora)   late night confessions. (sidora) EmptySam 24 Juin - 5:59

t’écoutes, et t’aimes pas trop ce que t’entends. entendre sid prendre la défense de mads, mais c’est rien qui ne change de l’ordinaire. ça ne devrait pas t’étonner. sid et mads, ça a toujours été le duo de l’enfer, celui qui s’accroche un peu trop, se décroche un peu trop souvent. t’as jamais vraiment compris ce qui les gardait unis tout ce temps. ils ne se ressemblent en rien, tu dirais même que tout les sépare. tout, y compris le plus important. et pourtant, ça fait des années qu’ils se déchirent et se rabibochent sous tes yeux ahuris. sous tes yeux lassés. sid et mads, c’est l’histoire qui ne s’en finit jamais, les engueulades puériles sous tes yeux, incapables de voir le plus important. incapables de voir ce que toi tu vois, et t’as beau prétendre que ça ne t’intéresse pas, vouloir souvent les claquer l’un contre l’autre pour avoir la paix, tu finis quand même par te retrouver au milieu de tout ça. parfois même entre les deux. d’habitude, tu ne l’aurais certainement pas épargné de tes commentaires scindant, un “prenez une chambre et foutez moi la paix”, mais cette fois tu ne dis rien. parce que y a pas grand chose. ce serait hypocrite, alors que t’es déjà pas capable de résoudre tes propres problèmes. ta vie sans dessus-dessous. et malgré tout, tu te demandes pourquoi il reste. près d’elle. près de toi. les cracheuses de feu sur la carapace craquelée. combien de temps ça va durer ? il prétend y résister, sid. y voir clair dans tout ça. savoir de quoi il parle. sid, il prétend pouvoir y survivre, il prétend que ça ne l’atteint pas. pour l’instant. lancé avec désinvolture, sans trop savoir si c’est un avertissement, une chance pour lui de s’barrer tant qu’il est encore temps. ou bien juste un étalage de faits, une vérité qui s’approche trop dangereusement, jusqu’à ce que sid finisse par s’y brûler lui aussi. c’est pas vraiment ce que tu souhaites, mais en même temps, tout le monde finit un jour ou l’autre écorché vif par la verve sanguinaire de nora caldwell. tous. et son tour viendra aussi, quoi que vous fassiez pour l’éviter. c’est la fatalité qui vous pend au nez, qui se fout ouvertement de votre gueule pendant que vous vous contentez de retenir de toutes vos forces le château de cartes de s’effondrer. t’es plus résistant que ce que je pensais, kasabian. tu le jauges d’un oeil presque méfiant, mais perçant, comme si t’essayais de lire à travers lui. comme si tu cherchais ce qui avait fait de lui un être si fort, peut-être aussi fort que toi. peut-être que vous avez des batailles en commun, des cicatrices qui prouvent que vous avez été au front, tous les deux. en première ligne de mire face aux nombreux ennemis. construits pour accuser les coups. et renvoyer, encore et encore. renvoyer tous les coups sans jamais s’arrêter. peut-être qu’il est là, votre point commun. ce qui vous garde ancré, comme les deux doigts de la main. alors finalement y a le silence qui retombe un peu partout dans le bar, les dernières gouttes d’un milkshake sucré goulument avalé. l’heure avancée de la soirée qui signifie que qu’il va falloir mettre les deux derniers piliers restants sur le trottoir, pour les retrouver au petit matin, sans même qu’ils n’aient bougés d’un poil. faut que j’ferme le bar. dit dans un soupir, parce que y a les corvées restantes qui ne s’annoncent pas bien amusantes. ça va aller pour rentrer ? parce que tu t’en inquiètes finalement. malgré tout ce que tu peux dire. malgré que tu prétendes ne pas t’en soucier, ne pas vouloir le raccompagner. tu t’en soucies, tu t’en soucies toujours parce que c’est sid, parce que c’est votre groupe effrité avec le temps. il est plus aussi soudé avant, mais t’es presque sûre que vous en retrouveriez quelques bribes si l’un de vous en avait besoin. j’savais bien que j’allais devoir te reconduire chez toi. c’est dit non sans ironie, parce que t’avais pas trop envie de le faire tout à l’heure. et tu l’as prévenu, qu’avec autant de bières il serait plus capable de se ramener lui-même chez lui. et tu te voyais pas traverser les rues à le traîner à tes côtés, le bras par-dessus ses épaules à lâcher tout son poids sur toi - parce qu’il a beau être une brindille tu sais d’expérience qu’il est quand même lourd. mais tu vois le côté business de l’échange, la transaction de services qui peut finalement se révéler intéressante. j’propose mes services si j’peux dormir chez toi ce soir. peut-être même que vous pourrez faire un de ces petits-déjeuners de roi, comme vous l’avez fait si souvent avant. des crêpes et des pancakes. du sirop d’érable partout, du chocolat à s’en tordre l’estomac. la matinée devant les dessins animés, sid et nora comme des gamins. peut-être bien que ça te fait envie. et puis, ça te donne un endroit où crécher ce soir, loin des tensions qui s’accumulent chez toi. et puis ça fait longtemps que je dis que je devrais apprendre à conduire. oeillade complice que tu lui jettes, avant de te relever pour virer les deux derniers mecs au comptoir. l’avantage de vivre à savannah c’est que y a toujours les bus pour vous emmener partout où vous voulez, les marmots et toi. et quand y a pas de bus, vous vous démerdez, à pieds, à vélo, en skateboard. tous les moyens sont bons pour se véhiculer, pour pas vraiment dire que vous avez jamais vraiment eu la thune de vous payez quoi que ce soit ressemblant à un engin à moteur à quatre roues. le permis, c’était pas ça non plus. t’as essayé une fois, ça s'est mal terminé. on t’a traité de danger public et on t’a interdit de recommencer. mais ça, il est pas obligé de le savoir. t'es bien certaine que tout ce que sid ne sait pas ne peut pas lui faire de mal.
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