NERGÜI BUCZEK ✧ Le parasite. Nergüi c’est le bébé trouvé dans les gradins du chapiteau, c’est la mère d’Adela qui décide de s’en occuper plutôt que de l’abandonner. Elle avait tout juste la vingtaine Adela, quand Nergüi a débarqué chez elle. Nergüi – Pia – et ses défauts biens cachés, son imperfection dissimulée. Elle a pas dit non Adela, elle n’a pas dit oui non plus, préférant conserver une distance de sécurité avec le bambin plutôt que de s’attacher.
Le truc c’est que la mère d’Adela est morte deux ans après, laissant sa fille avec Nergüi sur les bras et une tonne de responsabilité. De grande sœur Adela s’est improvisée mère et les galères qui vont avec, incapable de refourguer la gamine à quelqu’un d’autre, une espèce de vanité comme pour prouver au reste du monde qu’elle peut y arriver.
Alors elles ont grandi ensemble, Adela lui a tout apprit, le travail de l’aiguille, la broderie, les choix des tissus. Elle a fait de son mieux Adela, pour l’aimer. Et elle l’aime. Terriblement. Elles s’aiment terriblement. Mais y a toujours cette espèce de guerre permanente entre elles, entre insultes et amour, bagarres et embrassades. Elle lui ressemble trop Nergüi. Comme un miroir qui remonte le temps. Trop fière, les rêves brisés par un handicape qu’on ne peut soigner et puis la même langue persiflante, la même aura glacée.
C’est difficile de les comprendre quand on est en dehors, cet espèce d’entre deux, que personne n’arrive à cerner. Mais elles ont leur propre écosystème, leur propre biotope, presque leur propre air. Mère, sœur, amie, ennemie. Elles changent de rôle au moins cinq fois dans la journée pour finir par toujours se retrouver, malgré les difficultés du temps qui passe.