consequences for all the stupid things i say ; ft. ariel
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Sujet: consequences for all the stupid things i say ; ft. ariel Mar 4 Avr - 10:00
La dernière chose qu’on peut dire de Merle, c’est que c’est un parfait connard. C’est un peu un connard, oui, beaucoup un connard parfois, mais jamais totalement un connard et c’est pour cela que cela fait approximativement deux heures qu’il tourne dans une boutique spécialisée dans les aides auditives coincé entre deux mamies qui puent, quatre gendres qui n’en peuvent plus et deux pépés qui radotent à écouter avec plus ou moins d’attention le speech du vendeur. Il a retenu eh bien pas grands choses mais des choses quand même et surtout il a bien compris que le truc en exposition est bien le meilleur des appareils disponibles sur le marché. Ce qui est mieux quitte à tirer un truc parce que bon faut pas déconner s’il s’est retrouvé coincé deux heures entre des cadavres bientôt décomposés c’est pour que ça serve et pas pour se retrouver à embarquer le truc le plus bas de gamme du marché. Le vendeur, en soit, ne se méfie pas. C’est peut-être parce que Toots a pris une douche ou parce qu’il a fait l’effort d’être un rien soigné sur sa tenue mais il pense sans doute qu’il accompagne la vieille derrière lui qui marmonne à propos de riz, de semoule et de tentatives d’assassinats à l’hôpital – il est presque sûre que c’est Grace qui a tenté de tuer la vieille, elle a bien une tête de psychopathe – depuis qu’elle est entrée après lui observer avec une attention incroyable des brochures écrites beaucoup trop petit pour qu’elle puisse les lire. Non parce que. Faut pas déconner. Y a juste pas moyen qu’elle les lise pour de vrai : même Merle a du mal à distinguer la police d’écriture violette imprimée sur le rouge (c’est un test pour les daltoniens ou bien ?). Bref, le vendeur ne se méfie pas. C’est peut-être pour ça qu’il crie à retardement lorsque Merle se jette sur l’implant et se casse en courant, peut-être pour ça qu’il est déjà loin, loin, loin, un hoodie sur le dos plutôt que sa seule chemise disponible lorsqu’on commence à le chercher.
Là, comme ça, ça ne se voit pas vraiment mais Merle a un plan. Non, vraiment. Okay, donc, ça commence comme un conte mais comme avec tous les Lost Boys ça n’en est pas réellement un, ça commence par « Il était un gamin avec un sourire en verre brisé et une peau si pâle qu’on pourrait voir à travers » et on a River qui se prostitue, ça commence par « Il était une gamine avec des paillettes contre la langue et des étoiles dans les yeux » et c’est Wendy qui overdose une main tendue pour faire la manche. Ça commence toujours pareil, les histoires de Lost Boys, par des Il était une fois malsain qu’on finit toujours par regretter. Celui-là n’y échappe pas. Il était une fois Ariel et il n’était pas une sirène, pas muet, pas à la recherche du prince charmant, par contre il était sourd et Merle meurt d’envie de lui botter le cul. C’est, évidemment, la principale raison pour laquelle il tire cet équipement auditif. Pas parce qu’il est frustré de pas pouvoir communiquer avec lui, pas parce qu’il est frustré de la lenteur avec laquelle les autres tentent (ou pas, putain, ou pas) d’apprendre la langue des signes, frustré de devoir lui claquer mille sms pour qu’il bouge son gros cul de devant la télé – il soupçonne Ariel d’utiliser cette excuse pour agiter son cul devant son nez du coup et il n’est pas sûr d’apprécier ça, en vrai, genre, pas sûr du tout, et il aimerait bien pouvoir lui hurler dessus.
Il ne sait plus très bien depuis combien de temps il n’est pas rentré mais ça doit se compter sur moins des doigts d’une main parce que personne n’a l’air surpris – c’est peut-être parce qu’il est propre – et que même Lenny ne le regarde pas comme un lapin pris entre les phares d’une voiture. Il navigue à vue, évite ceux qu’il n’a pas envie de voir, Tinks, Peter, Jael – pas tout de suite, Otto – pas encore, finit par trouver Ariel, son casque sur les oreilles qui diffuse de la musique bien trop fort – il est presque sûr que c’est pour ça qu’il est devenu sourd, en premier lieu – et, avec un mouvement de la délicatesse d’un rhinocéros qui attraperait une tasse de porcelaine avec sa corne, le lui arrache d’un geste sec pour laisser tomber le paquet sur ses genoux et lui avec, assis en tailleurs en face de lui pour qu’il puisse lire sur sa bouche. Il a vite pris le pli, Merle, bien en face et articuler soigneusement, exagérer les syllabes pour ne pas lui rendre la tâche plus compliquée. Il a vite pris le pli, Merle et, les sourcils froncés, il lui balance :
« Je t’ai tiré ça. » Pas bonjour, pas ça va, rien, parce qu'il est un rien ronchon et que ça lui fait bizarre d’avaler aucune syllabe, on dirait Slight, bordel, ça lui va pas du tout. « Le mec a dit que tu pouvais entendre si tu avais ça alors je te l’ai pris. Maintenant tu fais tes trucs. » Il agite les mains, désordonné, parce que quels trucs en fait ? « Et tu entends parce que j’en ai marre de t’envoyer des sms parce que tu danses devant moi. »
Et peut-être, juste peut-être, peut-être qu’il a un ton d’enfant boudeur. On sait pas, mystère.
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Sujet: Re: consequences for all the stupid things i say ; ft. ariel Mar 11 Avr - 19:11
consequences for all the stupid things i say
Merle & Ariel
La journée a été plutôt bonne. Dans le sens où j’ai récupéré assez d’argent pour me remplir le ventre et qu'il m’en reste assez pour tenir jusqu’à la prochaine vente. Du moins, c’est ce que j’espère. C’est une bonne journée parce que je ne pensais pas que le matos que j’ai volé hier dans le coffre d’une voiture me rapporterait autant. A première vue, l’ensemble ne semblait pas valoir grand-chose mais il suffit de savoir à qui le revendre et on peut parfois avoir de bonnes surprises. Comme aujourd'hui par exemple. Et quand, je suis de bonne humeur, je danse, peu importe l’endroit, même s’il n’y aucune musique. Hormis celle qui résonne dans ma tête, celle que j’invente pour tromper le silence obsédant. C’est comme ça que je me retrouve à me dandiner sur mon matelas avant d’envahir toute la chambre. Jusqu’à ce qu’un coussin vienne violemment frapper ma tête parce que j’emmerde tout le monde. Mais je m’en fous, j’en ris et je finis généralement assis sur mon lit, mon casque vissé sur mes oreilles pour envoyer la musique tellement fort dans mes oreilles, que je peux à nouveau entendre ces mélodies qui me manquent Et ça fait un bien fou. Même si la plupart du temps, ça aussi ça emmerde les autres. Parce que la musique est tellement forte qu’ils peuvent l’entendre malgré le casque. Alors je ne suis pas surpris quand quelqu’un l'arrache violemment de mes oreilles, et encore moins quand je constate qu’il s’agit de Merle. Mais ce qui attire réellement mon attention, c’est le paquet qu’il a laissé tomber sur mes genoux. Parce qu’il ne me donne jamais rien, du moins pas de cette façon. Je veux dire, sans me le lancer à la figure pour me dire de dégager. Du coup, je me demande ce qui se passe et pendant que j’ouvre la boîte, il s’installe en tailleur en face de moi. « Je t’ai tiré ça. » Comme toujours, il me regarde bien en face en articulant. Derrière ses airs revêches, il fait attention à ce genre détails très important pour moi. Même s’il n’a pas l’air de m’apprécier beaucoup. « Le mec a dit que tu pouvais entendre si tu avais ça alors je te l’ai pris. Maintenant tu fais tes trucs. » Surpris, je sors un implant cochléaire du paquet qu’il m’a donné. Les yeux écarquillés, je me demande où il a bien pu trouver ce truc puisque non seulement c’est hors de prix mais en plus, son installation nécessite une opération chirurgicale. « Et tu entends parce que j’en ai marre de t’envoyer des sms parce que tu danses devant moi. »
C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de rire. Parce que je suis étonné qu’il se soit donné du mal pour moi et que ça me rend bêtement joyeux, mais aussi parce que malgré toute ma bonne volonté, je ne peux pas m’en servir. « Je suis désolé, je ne peux pas l’utiliser, même si j’aimerais beaucoup. » Curieux, je fais glisser l’implant entre mes doigts, avant d’ajouter « Il faudrait qu’un médecin m’opère pour l’installer et la procédure est très chère en plus d’être compliquée. La convalescence est également longue et les effets secondaires au début sont parfois durs à vivre pour le patient. » Tout ça pour dire que je connaissais l’existence de cet implant, comme beaucoup de sourds, mais que je n’avais jamais pu l’envisager. Par manque de moyen, par crainte aussi. Mais Merle pensait certainement me ramener de simples appareils auditifs qui me permettraient d’entendre comme un véritable implant. Mais en réalité ces appareils me permettraient surtout de pouvoir percevoir le son lointain de nos voix et ainsi m’aider à communiquer avec le reste du monde. « Merci d’avoir pensé à moi quand même. » Un petit sourire flotte sur mes lèvres à l’idée que Merle ait pris la peine de voler un truc pour moi, même si c’est parce que ma surdité l’agace au quotidien en l’empêchant de pouvoir me hurler de dégager de son champ de vision. « De toute façon même avec des appareils auditifs, je ne pourrais pas entendre ce que tu dis, ça m’aiderait mais pas comme tu l’espères. Donc j’aurais continué à t’emmerder avec ma surdité dans tous les cas. » Autant qu’il sache que je ne suis pas dupe. Je sais bien qu’il ne m’a pas fait ce cadeau parce qu’il m’apprécie ou qu’il voulait m’aider. Au fond, j’admire Merle, parce qu’il possède une force et une indépendance qui me font encore défaut. Mais je sais qu’il ne ressent qu’un profond agacement à mon égard, et je me suis un peu fait à l’idée avec le temps. Même si je n’hésite pas pour autant à envahir son espace. Parce que toute la mauvaise humeur dont il fait preuve ne m’empêche pas de m’attacher à lui. Qu’il le veuille ou non.
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Sujet: Re: consequences for all the stupid things i say ; ft. ariel Mar 2 Mai - 3:12
Ariel est une prise de tête permanente. C’est même pas méchant, en vérité, c’est juste un constat. Ariel danse, Ariel se colle dans le passage, Ariel fait du bruit, Ariel est sourd, Ariel est chiant, basiquement, et ça fait rouler des yeux à Merle, et ça lui donne parfois un peu envie de pleurer de frustration parce qu’il a une moitié de fesses à la place du visage de la meuf qui parle à la télé. C’est pas qu’il est accro à la télé, Merle, mais en fait un peu si et quand Heidi Klum a littéralement une face de cul, il commence à sérieusement se poser des questions – et à sérieusement avoir envie de râler. Bref, Ariel le fait chier et bon il a beau apprécier la tête de con, il ne peut pas s’empêcher de se dire qu’il faut vraiment être maso pour apprécier un type sourd qui en plus peut même pas utiliser les équipements qu’on se fait chier à piquer pour lui. Et qui rit en plus, putain, parce qu’il se moque, le fourbe miniature et Merle ne peut pas s’empêcher de froncer les sourcils et de gonfler les joues en un signe frappant de maturité. Non, bon, il est pas mature, on va pas se mentir, mais parfois il essaye. Enfin en tout cas, ce jour-là, il a carrément tenté et c’est pas parce qu’il a ramené un truc que blablabla ça s’installe par un chirurgien, blablabla je te fais chier avec ma surdité, ouin, ouin, comme si c’était le sous-entendu. Non mais merde quoi, faut pas déconner, si sa surdité le déphasait autant il se ferait pas chier à lui parler droit dans les yeux et à articuler salement. Parce que ouais, il fait gaffe quand même, et qu’il a l’impression d’être un peu le seul, parfois, quand il voit les gens parler dans le dos d’Ariel ou toutes ces personnes qui font pas vraiment gaffe à articuler quand il est là. C’est pour ça qu’il bougonne et qu’il râle et qu’il ronchonne, parce que du coup, il répète, en roulant des yeux et en prenant soin d’attirer son attention, pour ça qu’il fait la gueule, parce que c’est son expression par défaut, sa resting bitch face, en réalité, et qu’on fera pas d’un chien un chat, qu’il compte pas réellement changer. En bref, il sent l’accusation et ça le tanne, parce qu’Ariel est un chieur ingrat, parce que Toots est pas un enfant de cour, parce que c’est même un sale con, mais qu’il fait attention à ça au moins et que ça mérite autre chose que ça.
« Tu es un emmerdeur si tu crois que c’est ta surdité qui me tanne et pas ton caractère de merde ou tes fesses sur la gueule des gens qui parlent à la télé. » Et c’est amer et agressif un peu, parce que Merle est un hérisson et qu’il se roule en boule quand on le poke, parce qu’il est toute épine dehors mais qu’il a du mal à le rester quand c’est Ariel en face, parce qu’Ariel est un bébé, parce qu’Ariel a son âge quand il a pris le large et qu’il traîne ici entre tout autre endroit, ici, avec des connards comme Peter et des abrutis comme Tinks, au milieu de putes et de dealers, comme une tâche de peinture vive au milieu d’une toile sombre. « Le mec de la boutique a dit que c’était les meilleurs trucs. » Il plisse le nez, fronce les sourcils, un peu plus. « J’ai pas pensé qu’on vous collait des bidules dans le crâne, ça va, tu vas pas me faire culpabiliser parce que j’ai pas tout écouté, non ? »
Il pourrait faire une blague, être cruel, lâcher un « de toute façon toi t’écoutes jamais » mais ça lui traverse même pas l’esprit, quand il boule Ariel pour le pousser sur le canapé et qu’il allume la télé, la règle avec les sous-titres pour qu’il puisse en profiter quand même. Il est brusque, Merle, brusque, brutal et un peu cruel parfois mais il est pas méchant, pas sciemment, et lorsqu’il blesse les gens, même les exaspérants, il a du mal à ne pas s’en vouloir, à ne pas chercher à se faire pardonner, même de la façon la plus débile qui soit.
« Okay, maintenant je vais t’expliquer ce qui se passe. » et s’il est face à lui, il a un œil rivé sur l’écran. « Là c’est Heidi, elle est putain de bonne, elle annonce les épreuves au candidat et elle leur dit au revoir et je l’imite trop bien, c’est Jael qui l’a dit. Et le type à côté c’est Tim Gunn et c’est un mec trop cool et quand tu danses devant la télé je peux pas les regarder parce que je vois pas leur tête, je vois ton boule. »
Et okay c’est un boule très honorable, au moins un onze sur dix, mais c’est pas le souci.
« Tu connais la langue des signes ? » qu’il demande, subitement, finalement. « J’aimerais apprendre. »
Et ça a l’air con comme ça mais il aimerait vraiment.
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Sujet: Re: consequences for all the stupid things i say ; ft. ariel Ven 12 Mai - 0:24
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Merle & Ariel
Au final, je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais. Peut-être à ce qu’il s’énerve parce que je le saoule, ou bien à ce qu’il parte en se disant qu’il avait fait tout ça pour rien et que dans tous les cas, il ne pourrait pas arranger le problème que posait ma surdité. Oui, je pense que je m’attendais peut-être à quelque chose de ce genre. Mais certainement pas à ça. « Tu es un emmerdeur si tu crois que c’est ta surdité qui me tanne et pas ton caractère de merde ou tes fesses sur la gueule des gens qui parlent à la télé. » Il est énervé, je le sens bien même si je ne peux pas entendre le son de sa voix et son intonation. Et je ne sais pas vraiment comment le prendre. Dois-je me réjouir que ce soit mon caractère et non ma surdité qui l’insupporte ? J’ai du mal à voir les choses comme ça. J’aurais préféré qu’il ne soit pas simplement irrité par ma présence, mais au moins je sais ce qu’il pense. « Le mec de la boutique a dit que c’était les meilleurs trucs. J’ai pas pensé qu’on vous collait des bidules dans le crâne, ça va, tu vas pas me faire culpabiliser parce que j’ai pas tout écouté, non ? » Avant même d’y réfléchir, je secoue la tête. Parce que non, je ne voulais pas le faire culpabiliser. Au contraire, j’étais sincère lorsque je l’avais remercié, mais il ne me croirait sûrement pas si je lui disais pourquoi son geste m’avait touché donc je n’insiste pas et je le garde pour moi. De toute façon, avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il m’a déjà poussé sur le canapé tandis qu’il allume la télé. Merle est accro à toutes ces émissions bizarres qu’ils diffusent et dont je n’ai jamais saisi l’attrait. Mais il met les sous-titres pour que je puisse suivre avec lui et ça change tout. Soudain, j’ai envie de prendre le temps de m’y intéresser et de regarder avec lui. Comme s’il partageait un peu de son monde avec moi. « Okay, maintenant je vais t’expliquer ce qui se passe. » Soulagé, je le regarde attentivement, parce que je sais que sans ses explications, je ne comprendrais rien. Jamais auparavant, je n’avais regardé ce genre de programme, donc je risque d’être perdu. « Là c’est Heidi, elle est putain de bonne, elle annonce les épreuves au candidat et elle leur dit au revoir et je l’imite trop bien, c’est Jael qui l’a dit. Et le type à côté c’est Tim Gunn et c’est un mec trop cool et quand tu danses devant la télé je peux pas les regarder parce que je vois pas leur tête, je vois ton boule. » Je ne peux pas m’empêcher de sourire. C’est plus fort que moi. Parce qu’il a toujours une façon de raconter les choses qui m’amuse. Il est incisif, direct et beaucoup trop imagé pour ne pas heurter la plupart des gens. Mais même lorsqu’il me reproche quelque chose, lorsqu’il le fait de cette façon, c'est plus fort que moi et ça me fait rire. Alors je repense à Jael et moi en train de tortiller du cul devant la télé, juste pour emmerder Merle et qu’il affiche son éternel air contrarié, et là, je ris comme un gosse.
« Tu connais la langue des signes ? » Quoi ?! Pourquoi ça l’intéresse soudainement ? Aucun doute, il a le don de changer de sujet assez brusquement. « J’aimerais apprendre. » Je reste là à le fixer comme un con, comme si je n’avais pas compris ce qu’il venait de me dire. Mais j’ai parfaitement compris. Et c’est bien ce qui a court-circuité mon cerveau justement. Parce que je suis touché qu’il veuille apprendre la langue des signes, ma langue. Depuis l’accident, je n’ai rencontré que peu de gens prêts à faire cette démarche et depuis que je suis chez les lost boys, il n’est certes pas le premier à me le demander, mais étrangement ça me touche encore plus venant de lui. D’ordinaire, il n’est pas du genre à oser faire un tel pas vers moi, et j’ai beau savoir qu’au fond, Merle est un type bien, je ne pensais pas qu’un jour, il aurait envie de me montrer cette facette de lui. Peut-être parce que je ne pense pas vraiment le mériter. « Oui, bien sûr, j’ai appris juste après mon accident. » Et comme pour illustrer mes propos, je commence à signer devant lui, afin de lui proposer mon aide. « Je t’apprendrais si tu veux ! C’est ce que je viens de te signer, histoire de commencer à t’habituer à mes gestes bizarres, même si tu ne peux pas encore les reconnaître pour le moment. » C’est con mais je ne peux pas m’empêcher d'esquisser un véritable sourire, celui qui me mange la moitié du visage. Ça me rend bêtement heureux de savoir qu’il veut partager mon langage secret, comme s’il acceptait de faire partie de mes amis proches. Ceux qui comprennent les petits messages que je leur signe. « Dis, tu m’as pas expliqué ce que les gens sont censés faire dans ton émission. Quels genres d’épreuves on leur donne ? » Et alors que mon regard oscille entre ses lèvres et l’écran de télé, je me calle contre lui, au risque de me faire jeter. Peut-être que j’en demande un peu trop, mais c’est plus fort que moi, j’ai besoin de contact, de sentir sa chaleur. Parce que je ressens comme un vide au creux du ventre, comme si la solitude me rongeait et que je cherchais un nouveau cercle, une nouvelle famille pour remplacer celle que je n’ai jamais vraiment eue. Et si les lost boys ne sont pas parfaits, au contraire, même s’ils ressemblent tous à des épaves échouées sur une plage déserte, abandonnées, ils sont là quand je rentre le soir et leur respiration me berce la nuit lorsque j’ai peur. Que je le veuille ou non, c’est ici que je reviens quand je dis que je rentre à la "maison". Alors même si ça n’a rien d’une vraie famille, la mienne n’attend pas vraiment mon retour, elle ne s’inquiète pas pour moi. Parce que la seule personne qui se souciait réellement de moi est en prison. Alors depuis que ces gamins perdus m’ont fait une place parmi eux, je me sens beaucoup moins seul, beaucoup plus entouré.
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Sujet: Re: consequences for all the stupid things i say ; ft. ariel Dim 21 Mai - 10:31
C’est compliqué de communiquer avec Ariel. Pas parce qu’il est sourd – enfin okay peut-être que ça contribue à rendre la chose un peu complexe – mais parce que Merle n’est jamais bien certain du ton à employer. C’est pas qu’il fasse une exception ou qu’il est spécialement envie d’être plus agréable, c’est juste que la plupart du reste de monde s’accrochait pas autant à ses baskets après qu’il ait été désagréable plusieurs fois d’affilé et qu’Ariel grand un, s’entêtait, grand deux, était en plus pote avec Jael ce qui réduisait fortement ses possibilités de détester le loustic, damn it. N’empêche que c’est difficile de lui parler, parfois, parce que Merle est un ronchon, parce qu’Ariel est une diva et que forcément les frictions se font. C’est pas qu’il est méchant, Merle, mais il est désagréable, souvent, parce que c’est un ours, clairement, et qu’il aime pas qu’on le saoule, c’est pas qu’il est méchant mais il a clairement trop souvent retrouvé Ariel devant la télé pendant qu’il tentait de regarder, c’est pas qu’il est méchant, Merle, mais ils sont clairement partis du mauvais pied et pas qu’une fois, parce qu’Ariel le fixe avec de grands yeux, quand il commence à lui expliquer ce qui se passe à la télé, parce qu’Ariel ouvre encore plus grand les yeux quand il lui demande de lui apprendre à parler sa langue. C’est con, dans le fond, parce que ça lui semble normal, parce qu’il aurait appris à parler français si Meredith avait pas piné un mot d’anglais et que c’est le même principe, la langue des signes, dans le fond, rien de plus, rien de moins. Il se demande, quand même, quand il voit l’air ébahi d’Ariel, ce que ce dernier pense de lui, se demande s’il pense qu’il est cruel ou méchant ou juste désintéressé, se demande ce qu’il renvoie aux autres, de façon général, s’il est plus hérisson que ce qu’il pensait, beaucoup trop pointu pour qu’on l’approche de trop près, beaucoup trop sur ses gardes pour qu’on ose avancer. Ça lui fait un pincement au cœur, quand même, parce qu’Ariel sourit et que ça illumine tout son visage, parce qu’il lui sourit et qu’il ressemble à Jael, une seconde, quelque chose comme le bonheur placardé sur le visage. C’est pas juste, se dit Merle, pas juste qu’ils se retrouvent là, pas juste qu’ils soient tous ici, pas juste de se faire exploiter par un connard à grande gueule, pas juste qu’Ariel fasse la manche plutôt que d’être à l’école, pas juste qu’il bouffe pas une fois sur deux parce qu’il rapporte pas assez de thunes à ce mec qui les chaperonne comme s’il dirigeait le monde. C’est pas juste, pas juste, pas juste, et quand Ariel se blottit contre lui, Merle le repousse pas, Merle se crispe pas, Merle se tend pas, mais tend les bras pour l’attirer plus près, un bras autour de ses épaules et la joue contre le sommet de son crâne, parce que ça lui semble naturel, parce que ça lui semble logique. Il est obligé de s’écarter, lorsqu’il lui répond, et ça l’emmerde un peu, parce qu’il était bien installé, mais qu’il est bien trop conscient qu’il pourra pas l’entendre s’il se déplace pas.
« C’est pas des gestes bizarres. » marmonne-t-il, parce que c’est la pause pub et qu’il risque rien de rater. « Je veux dire, merde, je trouve pas l’alphabet russe bizarre alors dire les mots avec les mains c’est pas bizarre non plus. C’est juste. Différent. C’est pas un mal. Continue, j’aime bien regarder. » Il est bien placé, pour dire ça, en réalité, même si le sujet est pas le même, même si les enjeux sont différents. Il est sérieux comme la mort, pourtant, quand il lui dit ça, parce qu’il en a vu d’autres, des gens qui emmerdaient des sourds en se moquant de leurs « gesticulations » parce que la simple pensée lui tord l’estomac et lui donne envie de cogner sur quelque chose. C’est pas bizarre et Ariel est pas plus bizarre qu’un autre. Enfin en tout cas pas pour ça. Il est bizarre parce qu’il aime les paillettes et que c’est une saleté, bizarre parce qu’il le fixe d’un air admiratif, bizarre parce que Merle a pas envie de l’envoyer paître quand il se cale contre lui, bizarre parce qu’il a beau râler et pester contre lui il se sent pas furieux après lui, bizarre parce qu’il a les yeux bien trop bleus, mais pas bizarre parce qu’il entend pas. Il peut pas lui expliquer ça, bien sûr, parce que ça demande trop d’effort et qu’il sait pas par où commencer mais il le pense, très fort, comme dans l’espoir qu’il comprendra, qu’il saisira, qu’il lira dans ses pensées, peut-être, lui épargnera l’embarras de devoir le dire à voix haute un jour. Il capte à peine le jingle de l’émission qui recommence, se racle la gorge, pour se sortir de sa rêverie, se concentre très fort pour rester sur le sujet qui les intéresse à ce moment-là : « Okay donc. Tu vois le principe c’est que y a des stylistes qui doivent réaliser des vêtements sur un thème imposé dans un temps imparti. Les créations les plus moches se font virer et les plus belles peuvent continuer l’aventure, jusqu’à ce qu’il reste une personne. » C’est le même principe que toutes les émissions, en réalité, et Merle est presque sûr que c’est truqué de toute façon parce que toutes les émissions du genre sont un peu truquées – même celle de Moira, il en est sûr, même s’il a pas encore eu de preuves de ça. « Genre, tu vois, là, on les voit coudre et ben, le mec là, je suis sûr qu’il va partir. Ça fait plusieurs émissions qu’il fait des trucs pourris et qu’on le sauve va savoir pourquoi mais il est vraiment trop naze et en plus il a envoyé paître Heidi la semaine dernière. » Il hoche de la tête, comme si ça avait la moindre importance, adresse un sourire complice à Ariel, comme s’ils partageaient un secret.
« Dis. » Il finit par demander, après quelques minutes à regarder l’émission. « Comment tu dis mon prénom en langage des signes ? »
Parce que ça lui semble une bonne base pour commencer.
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Sujet: Re: consequences for all the stupid things i say ; ft. ariel Dim 28 Mai - 1:40
consequences for all the stupid things i say
Merle & Ariel
C’est agréable de sentir le bras de Merle autour de mes épaules alors qu’il m’attire contre lui. Je me sens bien, je me sens à ma place alors que sa joue se pose contre mes cheveux. Et je profite de ce moment, je me nourris de cette tendresse comme si j’avais peur qu’elle disparaisse. Pourtant, on ne peut pas rester dans cette position, parce que je ne peux pas l’entendre et pour me parler, il doit s’écarter. Je le sais, mais ça me manque déjà, j’aurais voulu pouvoir rester dans cette position et sentir sa voix résonner dans sa cage thoracique. A la place, j’observe ses lèvres, et c’est une vision plutôt familière à la longue. Même si je ne m’en plains pas, j’aime fixer la bouche des gens. « C’est pas des gestes bizarres. » Sa réaction m’arrache un sourire. Parce que je ne disais pas ça de façon péjorative, mais plutôt parce que je sais que mes gestes n’ont aucun sens pour les gens qui ne les connaissent pas. Comme lorsqu'on tente de déchiffrer un mot issu d'une langue que l'on a jamais apprise. Mais je suis quand même touché qu’il ne veuille pas que je dise qu’ils sont bizarres, comme pour souligner qu’il ne l’a jamais pensé. Et c’est ce qui compte le plus à mes yeux à cet instant. « Je veux dire, merde, je trouve pas l’alphabet russe bizarre alors dire les mots avec les mains c’est pas bizarre non plus. C’est juste. Différent. C’est pas un mal. Continue, j’aime bien regarder. » Son air sérieux m’interpelle et je me demande pourquoi il prend ce choix de mot tellement à cœur. J’aimerais comprendre Merle, mieux le connaître et pouvoir le cerner. Parce qu’il cache tellement de belles choses sous sa carapace et je sais que je suis prêt à me heurter aussi souvent qu’il le faudra contre son armure, jusqu’à ce que je puisse voir ce qui se dissimule derrière, au-delà de son air renfrogné. Et en attendant, je ne laisse pas un seul mot m’échapper, parce qu’à travers tous ces bavardages, il me laisse entrevoir un peu de son univers. « Okay donc. Tu vois le principe c’est que y a des stylistes qui doivent réaliser des vêtements sur un thème imposé dans un temps imparti. Les créations les plus moches se font virer et les plus belles peuvent continuer l’aventure, jusqu’à ce qu’il reste une personne. » Au fond, le concept n’est pas très compliqué à intégrer, mais je ne m’y étais juste jamais intéressé avant. Peut-être parce que je n’ai pas passé beaucoup de temps devant la télé. Mon beau-père la monopolisait sans cesse pour regarder du sport où une autre connerie du genre. Alors mon frère et moi, on préférait passer toute notre temps dehors loin de ce parasite. L’extérieur a toujours eu un goût de liberté. Pourtant, je sais que d’autres, au contraire, s’évadent davantage devant un écran et je peux comprendre pourquoi. Il y a tout un monde qui se dessine lorsqu’on y prête plus d’attention, et je comprends que Merle trouve du plaisir à se plonger dans des émissions qui l’amènent très loin de la réalité. « Genre, tu vois, là, on les voit coudre et ben, le mec là, je suis sûr qu’il va partir. Ça fait plusieurs émissions qu’il fait des trucs pourris et qu’on le sauve va savoir pourquoi mais il est vraiment trop naze et en plus il a envoyé paître Heidi la semaine dernière. » J’aime le voir aussi impliqué, comme s’il connaissait vraiment ces personnes, et je me laisse emporté, détaillant l’homme qu’il me désigne pour me souvenir de son visage. Puis, sans m’en rendre compte, je souris à mon tour. Parce que je comprends enfin ce qui se passe à l’écran et que par la même occasion, je partage quelque chose avec Merle. Et c’est ce qui compte le plus.
« Dis. » Lorsque je reporte mon regard sur lui, il en profite pour attirer mon attention et le fait qu’il ait attendu que je me tourne vers lui pour me parler, me prouve qu’il est vraiment attentif à chaque détail. Aux yeux de n’importe qui d’autre, ça pourrait paraître anodin, mais pas pour moi. Parce que je sais que la plupart des gens oublient de s’adapter, parce que leurs réflexes prennent le dessus et c’est dur de s’en débarrasser, j’en ai conscience. « Comment tu dis mon prénom en langage des signes ? » Un petit sourire vient étirer mes lèvres. Parce que donner des surnoms à mes amis en langages des signes, c’est ce que je préfère et il est évident que Merle en a un depuis longtemps. « En fait, quand on se présente en langue des signes, pour donner son prénom on l’épelle, comme ça… M-E-R-L-E » Je forme très lentement chaque lettre de son prénom avec ma main droite pour qu’il puisse suivre mes mouvements. « Je t’apprendrais l’alphabet en signes. C’est pratique pour épeler un nom ou un mot qu’on ne sait pas signer par exemple. » Afin d’être sûr qu’il a bien pu apprendre les lettres de son prénom, je continue à les signer, encore et encore. Il aura besoin de temps et de pratique pour les retenir, et ensuite, il devra retenir toutes les lettres de l’alphabet et les signes de politesse que l’on utilise au quotidien comme bonjour et merci, par exemple. Ce sera déjà une bonne base, avant de pouvoir tenir une véritable conversation. « Mais quand on connaît bien quelqu’un, on lui donne un surnom en signe, pour ne pas avoir à épeler son prénom à chaque fois. Je vais te montrer celui que je t’ai choisi. » Alors que mes doigts forment à nouveau la lettre M à nouveau, je les déploie ensuite pour former le signe utilisé pour le verbe "voler" (comme un oiseau). Puis, je répète à nouveau les mouvements de mes doigts et de mon bras suffisamment lentement pour qu’il puisse voir ce que je fais. « C’est le M et le signe qu'on utilise pour le verbe voler que j’assemble quand je parle de toi. Parce que quand je t’ai connu, la première chose qui m’a marqué à ton sujet, c’est que tu disparaissais souvent et qu’on ne savait pas où tu étais et quand tu allais revenir. On s’y habitue avec le temps, mais au début c’est intriguant. Et puis, je trouvais que dire que tu t’étais envolé était plus joli que de dire que tu avais disparu… et ça colle bien avec ton prénom aussi alors… » J’espère qu’il ne pensera pas que c’est un jeu de mots douteux. Parce qu’en réalité, je l’ai choisi pour que ce soit intuitif et facile à retenir. Mais aussi parce que ça me plaisait, je dois l’admettre, mais en aucun cas, je ne cherchais à me moquer de son prénom. J’espère qu’il le comprendra et que ça ne viendra pas gâcher ce moment de partage. Un instant, mon regard dévie à nouveau en direction de la télé où les vêtements des stylistes sont jugés. Le verdict tombe progressivement dans un suspense insoutenable et lorsque je me tourne à nouveau vers Merle, je me rends compte qu’il n’a jamais vraiment cherché à me repousser. J’avais seulement du mal à voir qu’à travers les épines et les regards contrariés, il a toujours fait plus que simplement tolérer ma présence. Il n’est juste pas très doué pour le montrer. Mais aujourd’hui, il a baissé sa garde si longtemps que j’en oublierai presque qu’il pique quand il est contrarié et que j’ai un véritable talent pour jouer avec ses nerfs. « J’aime bien regardé la télé avec toi. » Même si ce n’est pas flagrant quand je me déhanche devant l’écran en dansant avec Jael. Mais dans un élan de masochisme, il m’arrive de le pousser à bout, juste pour attirer son attention. « Je pense que je comprends pourquoi tu aimes ces émissions. » Et peut-être que j’espère qu’il me laissera à nouveau les regarder avec lui, si je peux lui prouver que par moment, je sais faire autre chose qu’emmerder le monde qui m’entoure. Même si ça peut sembler difficile à concevoir par moment.
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