✧ 01 Lucian est né et a grandi en Roumanie. Il n’a jamais vécu dans de bonnes conditions. Faut dire que vivre dans un quartier pauvre où les baraques tiennent à peine debout, ça n’aide pas à avoir une bonne base pour débuter dans la vie. Sa mère était la bonniche de service, elle ne servait qu’à faire le ménage et la cuisine. Pour ce qui était d’élever les mioches, son père s’en occupait à sa façon, à coup de baffes dans la gueule ou de coups de ceinture. Ah ça filait droit chez les Popescu et ce, depuis plusieurs générations. ✧ 02 Son enfance n’a pas été rose, loin de là. Il a dû devenir un homme bien rapidement, dès dix ans en passant « l’épreuve du feu » comme l’appelait son père. Une épreuve censée transformer un gamin en homme. Elle fut difficile à surmonter, mais Lucian la releva pour rendre son père fier de lui. Un véritable honneur pour lui. ✧ 03 Habitué très tôt à devoir se battre pour survivre, il n’a jamais cessé. Il a besoin de jouer de ses poings pour communiquer, pour se défouler, pour exprimer ce qu’il ressent, pour s’imposer… Bref, il n’y a que ce langage qu’il comprends réellement. ✧ 04 Son père était un alcoolique notoire, sa mère une femme battue, soumise et quasi inexistante dans le paysage, les gosses s’en mangeaient aussi pas mal il faut dire. Il fallait bien les dresser ces morveux pour qu’ils ne deviennent pas des faiblards et des lopettes pour reprendre les mots de son cher père. ✧ 05 L’alcool emporta son géniteur. L’alcoolisme eut raison de lui l’année des quatorze ans de Lucian. Pas une larme, pas un sanglot ne monta à ses yeux. Pleurer a toujours été pour les faibles. Le jeune Lucian n’en était pas un. ✧ 06 Suite à ce décès, sa mère sombra, incapable de vivre sans son mari, incapable de se débrouiller sans lui. Elle était perdue dans ce vaste monde, son point de repère ayant disparu définitivement, elle se donna la mort quelques mois après. ✧ 07 Lucian et son frère aîné durent se démerder pour survivre après ça. Ce fut une période sombre de sa vie, mais sa plus grande fierté est d’avoir survécu à ça, à la misère et d’être parvenu à s’en sortir. Il se considère comme un survivant. ✧ 08 Lorsqu’il croisa le regard de Lavinia pour la première fois, ce fut comme une évidence, une sorte de coup de foudre même s’il ne supporte pas cette expression de gonzesse. Cette femme serait la sienne, elle devait l’être, d’une manière ou d’une autre. Une chance pour lui, cette attirance fut réciproque. ✧ 09 Quand Lucian veut quelque chose, il l’obtient. Lavinia et lui se sont mariés en Roumanie avant de s’envoler pour les Etats-Unis peu de temps après. Lucian ne renie pas ses origines, loin de là, il en est même fier, mais il n’y voyait aucun avenir, aucune opportunité. Alors que l’Amérique ça fait carrément rêvé. Et puis son frère lui avait parlé des combats illégaux qui étaient organisés là-bas. Il y avait de bien meilleurs adversaires, selon lui. ✧ 10 Rapidement, Lucian devint père de famille. Et en bon fils qu’il fut, il répéta son schéma familial, Lavinia étant reléguée au rang de petite femme soumise, bonne à faire à manger et le ménage et ses enfants furent éduqués de la même manière que lui. Avec un père autoritaire, violent, menaçant et très à cheval sur sa volonté de transformer ses fils en hommes, en vrais. Ils devaient être des durs à cuir, des hommes sans peur, à son image. Lui aussi leur fit passer un test à chacun d’eux à l’âge de dix ans. ✧ 11 Le père Popescu ne voulait pas de faible sous son toit, garçon comme fille, il ne tolérait aucune marque de faiblesse, aucun pleur, rien de ce genre sous peine de le mettre dans une colère noire. ✧ 12 Lucian ne se considère pas comme un père odieux, bien au contraire. Bon dieu qu’il les aime tous ses morveux, parce que ce sont ses merdeux à lui. Les prendre dans ses bras ? Les câliner ? Leur raconter des histoires ? Jamais de la vie ! Il a toujours été hors de question qu’il élève des lavettes. Son amour, il le transmettait par la force de ses poings, par ses coups, par ses mots blessants, par ses reproches et ses critiques. Parce que ça lui écorcherait la gueule au patriarche Popescu de les féliciter ou de leur dire simplement Je t’aime. ✧ 13 De même, il aime sa femme, d’un amour inconditionnel et profond, mais ça ne l’empêche pas d’aller voir ailleurs, juste pour assouvir ses besoins de mâle. En revanche, il ne tolérerait jamais l’inverse. Un homme a le droit d’aller baiser tout le quartier. Pas la femme. Ouais, l’égalité homme-femme n’existe pas dans l’esprit de cet homme. ✧ 14 Il s’emporte très vite quand quelque chose ne lui plait pas. Il évite de frapper les femmes, bien que certaines en méritent amplement. Mais pour ce qui est des hommes, il ne se gêne pas pour leur rentrer dans le lard. Peu importe la carrure de l’abruti d’en face, rien ne lui fait peur. Il en a maté des connards. ✧ 15 Ses rejetons le détestent. Ses mômes se sont quasiment tous barrés un par un dès qu’ils en ont eu l’occasion. La raison de ces fuites, c’est lui-même. C’est son comportement extrême, dur. C’est son rôle de tyran à la baraque. Mais ça, il ne s’en rend pas compte. S’il s’est montré dur avec eux, s’il les battait, c’était pour les endurcir, pour leur bien, pour qu’ils puissent être les loups parmi les moutons de la société. Ce ne sont que des ingrats à ses yeux. ✧ 16 Il déteste la technologie. Il ne supporte pas les téléphones portables. Ce sont de vraies merdes qui grillent le cerveau. En vérité, il ne sait pas s’en servir. Il a d’ailleurs explosé chacun de ses portables contre un mur sous la colère. Quand on veut parler à quelqu’un, on va le voir, on ne passe pas trois ans à écrire quatre mots dans un message. ✧ 17 Il est très fermé d’esprit et assez intolérant surtout envers les homosexuels qu’il considère comme contre nature. Si l’un de ses fils se révélait être gay, il passerait un très mauvais quart d’heure. Ce serait inacceptable. Les Popescu ne sont certainement pas des tafioles. ✧ 18 Il aime les alcools forts et finit souvent bourré. C’est d’ailleurs dans ces moments-là qu’il est le plus violent. ✧ 19 Misogyne et macho, il ne tolère pas qu’une femme lui tienne tête. Elles ne sont bonnes qu’à faire la bouffe et à faire des gosses. Il ne comprend pas toutes ces nanas qui se sentent pousser des ailes de nos jours. Une femme doit rester à sa place, à la maison, point barre. ✧ 20 Son langage est plutôt limité. Les insultes pleuvent à foison et il n’est pas adepte du second degré. Il ne supporte pas tous ces intellectuels qui pètent plus haut que leur cul à utiliser des mots que personne ne connait. Quand il a envie d’envoyer quelqu’un se faire foutre, il le fait, il ne tourne pas autour du pot pendant trois ans. ✧ 21 Il fume, énormément, constamment. Et ce depuis une éternité. ✧ 22 Il a plusieurs tatouages, vestiges de sa vie en Roumanie.