Let's compare scars ▲ Ft. Luka (intrigue)

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Luka & Ren

La musique vibre encore dans mes oreilles. C’est une soirée unique, une de mes préférées sans doute. Pour un musicien, c’est un peu l’équivalent de noël mais en mieux. Et après être monté sur scène dans mon quartier à Tybee island, je n’ai pas hésité à changer de quartier, pour écouter un autre style de musique – le rock - que j’affectionne tout autant, mais comme un simple spectateur cette fois. Alors je me laisse porter par l’ambiance, par l’alcool aussi. Les verres s’empilent et tombent, abandonnés comme des épaves en plastique dans la rue, et je dérive d’une scène à l’autre, je goûte à tout. Les morceaux se succèdent et je me mêle à la foule, délaissant les amis qui m’accompagnaient jusque-là, captivé par une scène, par un rythme qui m’invite, qui m’attire irrésistiblement. Malgré la foule qui m’oppresse, je ne regarde pas autour de moi, je ne vois pas ce qui se prépare. C’est l’explosion qui me ramène brusquement à la réalité. La lumière des pétards m’aveugle et je crie instinctivement en sentant la douleur. Je suis blessé, mon visage et mes bras ont été touchés, réveillant une certaine angoisse qui ne fait que s’amplifier lorsque je réalise que je ne peux pas vérifier l’étendue des dégâts…. Je ne vois plus rien… Et si au début, je tente de me rassurer en me disant que c’est juste la lumière vive qui m’a aveuglée temporairement, plus les secondes s’égrènent et plus la peur prend le pas sur la raison. Je suis aveugle. Autour de moi la musique s’est arrêtée et la foule crie, se dispersant dans tous les sens, me bousculant au passage sans ménagement, dans un mouvement de panique. Déstabilisé par ma cécité, je tente de suivre le mouvement pour ne pas être renversé par la masse qui tente de fuir, tandis que des pétards continuent d’éclater de tous les côtés. « Je ne vois plus rien, putain ! Poussez-vous ! » Enervé par les spectateurs qui m’écrasent de toutes parts sans que je ne puisse les éviter, je tends les bras pour essayer de les maintenir à distance, sans grand succès.

Dans un effort colossal pour m’éloigner des pétards qui explosent encore parmi la foule, je me déplace de plus en plus rapidement. J’aurais sûrement pu m’en sortir si je n’avais pas brusquement trébuché sans pouvoir me retenir. La chute est douloureuse, bien qu’un autre corps – déjà allongé sur le sol – ait en partie amorti ma chute, rendant ma position des plus inconfortables. « Et merde… » Ignorant les protestations de mon corps, je rampe afin de libérer la personne sur laquelle je suis trombé. « Désolé, je n’y vois plus rien… A cause des pétards, j’ai été touché… » A tâtons, je tente de me redresser, mais je suis désorienté. Tous ces bruits, tous ces cris qui m’entourent, qui parviennent de toutes les directions, m’empêchent de me repérer. J’essaie de garder la tête froide, de ne pas laisser la panique s’emparer de moi, mais je n’y vois plus rien, et j’ignore encore si c’est temporaire ou si je vais rester aveugle. Je préfère ne pas y penser. Pas maintenant. Avant toute chose, je dois sortir de ce chaos, m’éloigner de la foule, des pétards qui continuent à semer la discorde autour de moi. Et alors que j’analyse l’environnement autour de moi, du bout des doigts, ma main rencontre les contours du corps sur lequel, je me suis échoué une minute auparavant. « Dites-moi que ces merdes ne vous ont pas aveuglé, vous aussi… J’aurais bien besoin d’une paire d’yeux pour me tirer d’ici… » Je vous assure que je fais un effort surhumain pour me montrer poli. La preuve, en plus de le vouvoyer, j’ai arrêté de lui marcher dessus. C’est un bon début, non ? J’espère qu’il pourra m’être utile.

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En rentrant du boulot, j’avais passé la majeure partie de la soirée avec Quinn. Et si c’était tendu, ou du moins encore compliqué en quelque sorte entre nous deux, c’était juste super doux, apaisant et trop et pas assez. Je crois que si l’on omet les doutes et les inquiétudes, j’ai jamais été aussi heureux. Ouais, du coup, dit comme ça, c’est pas hyper flagrant. Mais j’y peux rien moi si j’arrive pas à me défaire de cette appréhension et si je me pose beaucoup trop de questions. En même temps, si je le fais pas, qui le fera ? Et oui, il faut forcément que quelqu’un le fasse, parce que sinon ça partirait à vau-l’eau. Et ouais, je sais, cette expression fait méga vieux, mais je m’en fous. Qu’est-ce que je disais ? Ah oui, qu’il faut bien que je cherche à répondre à tout ça, parce que tout tourne encore et encore dans ma tête. Et le fait est qu’il y a beaucoup trop de choses à prendre en compte et de trucs auxquels faire gaffe. Et elle a beau dire, je suis pas certain qu’elle soit réellement consciente de tout ce que ça implique, ni de ce qu’elle peut réellement ressentir. Je doute pas qu’elle tienne à moi, c’est juste… Merde, je me prends la tête pour rien là non ? Mais tellement, ça en devient ridicule.

On a donc passé la soirée ensemble, on est même allés écouter un peu de musique ensemble, mais la foule, ça reste compliqué pour elle. Ce que je fous là du coup ? Elle m’a foutu dehors. Sisi, littéralement. Parce que je voulais encore y rester et profiter de la musique et de l’ambiance. Et quand je lui ai dit non, elle m’a engueulé parce que je passais mes soirées avec elle au lieu de m’amuser. Et elle s’est énervée encore plus quand je lui ai dit que j’aimais les passer avec elle, en disant que j’avais pas à rester par pitié ou autre… N’importe quoi. Sauf que j’ai bien vu son mini sourire avant qu’elle ne s’énerve. Donc elle est contente, mais elle me fout dehors… Pourquoi ? Parce qu’elle veut être seule et qu’elle en a marre de m’avoir sur le dos ? C’est une possibilité. Parce qu’elle croit que je veux passer du temps seul ? C’est possible aussi. Après, elle était sans doute vraiment fatiguée, ça je veux bien le croire, elle a pas l’habitude de se coucher aussi tard. Et du coup oui, je veux bien croire qu’elle voulait pas se sentir coupable de me savoir rester à la maison alors que la fête bat encore son plein. Et en soi, vu que c’est à deux pas de chez nous, elle a pas foncièrement tort. Dans l’absolu, évidemment que je suis content d’être là. La musique est cool, l’ambiance est bonne, et c’est cool. Et oui, y a des jolies filles à qui je souris sans y penser, même si je les vois plus vraiment du coup.

Enfin bref ! Tout ça pour dire que ça se passait super bien jusque-là. Et si je sais pas exactement ce qu’il s’est passé, je vois bien que ça dérape. Non, l’explosion n’était sans doute pas prévue, ou il y en a plusieurs ?, on est d’accord. Pas plus que la panique créée chez tout le monde là en quelques secondes. Et je n’ai pas le temps de faire quoique ce soit que je me retrouve bousculé et que je me prends le coude d’un mec qui tente de s’échapper de la foule dans la gueule. Alors déjà, ça fait mal en soi. Mais en plus, je me retrouve à terre. Et autant le dire, quand les gens paniquent, c’est pas une bonne idée. Alors oui, bon, la plupart évitent quand même de me marcher dessus, mais il y en a quand même qui buttent contre moi. Quelle bande de connards, y en a pas un qui s’éloignerait ou m’aiderait à me relever. Okay, ils doivent pas voir beaucoup plus que moi, mais quand même ! Je me recroqueville, me protégeant la tête autant que possible, gueulant de temps à autre contre ses abrutis.
Et quand enfin, ça semble se calmer, un peu, je pousse de nouveau un cri en sentant carrément quelqu’un tomber sur moi. Ouais, et merde, comme il dit. Je grogne et lui lance un regard mauvais, ce qui vu le peu de visibilité doit pas être hyper concluant. Et c’est bien ma veine ça. Je soupire et me frotte la mâchoire. Elle va être ravie la miss, elle va pouvoir me soigner une nouvelle fois…

« Bougez pas. »

Parce que s’éloigner, c’est bien, le faire en s’appuyant sur moi, c’est moyen. Je parviens enfin à me redresser et je me rends compte que j’ai mal partout et que je suis bien amoché. J’ai mal à la cheville, parce qu’on a marché dessus, j’ai mal à la mâchoire, à cause du coup de coude, j’ai mal bah un peu partout, à cause des multiples coups de pieds. Je jure en me rendant compte que mon t-shirt est foutu. Et que j’ai plus qu’un peu mal, je boite. Super. Je me fais à nouveau bousculer, alors qu’une nouvelle vague de personne arrivent. Je les repousse sans trop de ménagement, commençant à sentir doucement, mais sûrement la colère monter.

« Le prochain qui me bouscule, je lui en colle une ! »

Bon, pas doucement, je suis déjà sacrément en rogne. J’inspire lentement et me penche vers l’autre, une fois sûr qu’y a plus personne pour le moment.

« Non, j’ai mal partout, je vais avoir des bleus et des bosses partout, je dois avoir une sale gueule écorché, mais je suis pas aveuglé… » J’attrape son bras et le tire vers moi. « Fait chier. »

Je tiens son bras et regarde autour de nous pour essayer de trouver un coin un peu à l’écart, avec un peu de lumière si possible, sursautant malgré moi alors que d’autres pétards explosent non loin. Ouais, on a s’éloigner après hein… Je sais, il y est pour rien, et visiblement, il est plus mal en point que moi. Enfin, peut-être pas, mais bon, au moins, moi, je vois.

« Vous voyez plus rien ? Il s’est passé quoi ?...»

Je fronce les sourcils en regarde la foule qui continue de s’agiter dans tous les sens. Ils pouvaient pas juste faire en sorte de passer une bonne soirée et de laisser les autres tranquilles ?

« Il faudrait s’éloigner après, y a encore trop de monde… Mais je peux regarder si vous voulez, même si j’ai pas de matériel sur moi… »

Je lui jette un coup d’œil et grimace en passant ma main sur ma joue. Ouais, super soirée… Enfin, heureusement, Quinn était pas là, c’est toujours ça de pris…

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Luka & Ren

« Bougez pas. » Je dois avouer que je n’aime pas trop qu’on me donne des ordres mais je ne comptais pas bouger de toute façon puisque ça ne m’a pas réussi jusque-là et que je ne vois absolument pas où je vais. Je l’entends bouger lui en revanche, sans comprendre exactement ce qu’il fait, mais je ne m’en préoccupe pas plus que ça jusqu’à ce que je l’entende beugler. « Le prochain qui me bouscule, je lui en colle une ! » Et quand il semble enfin se rappeler que je suis là, il me répond, bien que j’ai déjà pu comprendre qu’il y voit très bien, contrairement à moi. « Non, j’ai mal partout, je vais avoir des bleus et des bosses partout, je dois avoir une sale gueule écorché, mais je suis pas aveuglé… » Au fond, je ne sais pas lequel de nous deux est le plus mal loti, mais tout ce à quoi je peux penser, là tout de suite, c’est à ma vue et à l’aspect permanent ou non de ma cécité. Coupant court à mes pensées, il attrape mon bras afin de m’aider à me relever et même si je me sens toujours désorienté, je préfère être debout, prêt à me barrer d’ici au plus vite. « Fait chier. » Je n’aurais pas mieux dit ! Et alors qu’il tient mon bras - sûrement pour me guider – je reste à l’écoute de tous les sons qui nous entourent. Des pétards continuent d’exploser et j’ai presque envie d’aller choper les petits cons qui s’amusent avec leurs merdes explosives pour les étouffer avec… ça ne règlerait sans doute pas mon problème, mais putain ce que ça me ferait du bien !

« Vous voyez plus rien ? Il s’est passé quoi ?...» Je n’en suis pas vraiment sûr à vrai dire. Tout s’est passé si vite et quand j’ai réalisé ce qui était arrivé, j’étais plongé dans l’obscurité. Mais aucun doute que les pétards qui nous ont explosé à la gueule sont responsables de mon état. « Il faudrait s’éloigner après, y a encore trop de monde… Mais je peux regarder si vous voulez, même si j’ai pas de matériel sur moi… » De quel matériel est-ce qu’il parle ? Il est médecin ou infirmier ? Je ne comprends pas vraiment ce qu’il veut faire et je n’aime pas du tout l’idée de me reposer sur un parfait inconnu. « Quel matériel ? Vous êtes dans le médical ou une connerie du genre ? » Mon ton est méfiant, comme si le fait de ne pas pouvoir le voir me rendait plus réticent. Ce qui est complètement absurde parce que son apparence ne serait sans doute pas d’une grande aide, mais le langage corporel aide plus facilement à déceler un mensonge. A force d’être entouré de menteurs professionnels, de riches hypocrites qui ne se dévoilent jamais sous leur vrai jour, on apprend à observer les autres. Et je ne m’en étais jamais réellement rendu compte, jusqu’à ce que je me retrouve dans l’incapacité de le faire… Les sourcils froncés, j’essaie de ne pas trop m’appuyer sur cet inconnu, pas très à l’aise à l’idée de le suivre sans savoir si je peux lui faire confiance. Et puis, pour être honnête, je n’ai pas pour habitude de laisser les rênes à quelqu’un d’autre. J’aime être aux commandes et aveugle ou non, devoir m’appuyer sur un autre, c’est presque impossible.

Alors sans donner d’explication, j’essaie de faire quelques pas sans son aide. Après tout, il me suffira sûrement de partir dans la même direction que lui pour ne pas me perdre à nouveau dans un mouvement de foule. « Je pense que les pétards m’ont aveuglé… Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé, j’étais trop ébloui pour comprendre… » Les poings serrés, je regrette de ne pas pouvoir aller frapper les abrutis qui m’ont entrainé dans cet enfer. Mais dès que je pourrais à nouveau y voir, ils auront intérêt à être loin. « J’espère que c’est temporaire sinon je vais les tuer ces connards ! » La colère remplace peu à peu la confusion dans mon esprit embrouillé. Et sous la frustration, je ne pense qu’à me venger, à leur faire payer leur petite blague qui pourrait avoir de grave conséquence si ma vue ne m’est jamais rendue.

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Ça aurait pas dû se passer comme ça. Ça avait bien commencé pourtant. Une balade avec Quinn, de la musique partout, plus ou moins bonne, de la bière et des jolies filles à regarder, que demander de plus ? Ouais, je sais. Je suis pas censé, plus censé regarder les autres filles. Et en vérité, je les regarde sans vraiment les voir. Contrairement à avant oui, donc y a du mieux déjà. Mais forcément, ça ne pouvait pas durer, fallait que ça merde. Et la première pensée que j’ai, c’est heureusement qu’elle est pas là. Heureusement qu’on est repassée à la maison et qu’elle est coincée sous un plaid avec une tablette de chocolat et un vieux film à la télé. Parce que autant tout seul, je peux gérer, autant avec elle, je serais en panique totale… et j’aurais déjà pété quelques nez pour la sortir de là oui. Là, je menace seulement de le faire, alors que je me suis presque fait marcher dessus. Je suis hyper calme je trouve. Je prends sur moi, envoyé chier quelques cons, avant de me relever et d’aider l’abruti qui m’est tombé dessus. Je suis un mec sympa. Bon, okay, il voit plus rien, on va dire c’était pas de sa faute du coup. Les autres par contre… je serre les poings, me contentant pour le moment de lancer des regards noirs à ceux qui passent à proximité.
Je lui jette un coup, le visage toujours fermé, mais il peut pas le voir, donc on s’en fout.

« Ouais, une connerie du genre. Je fais des études pour être infirmier, donc je devrais pouvoir vous aider un minimum… Enfin, je devrais, sauf que j’ai rien sur moi donc… »

Bon après, je devrais pouvoir trouver de l’eau fraîche sur un des stands pour atténuer de la douleur… même s’il se roule pas par terre, c’est déjà ça. Ouais, de l’eau, c’est trouvable. Toute façon, après pour les yeux, faut un ophtalmo, je pourrais rien faire de plus si ce n’est y mettre un bandage propre. Je le dévisage, sans trop arriver à voir avec les quelques lumières vacillantes du coin, me contentant de hausser un sourcil quand il s’avance un peu tout seul. C’est quoi son problème ? Hé, c’est lui qui me tombe dessus, je propose de l’aider, et résultat, c’est lui qui fait la gueule. Alors okay, je serai certainement dans le même état que lui, mais j’y suis pour rien moi. D’accord, il est en colère et ça se comprend. Je soupire, et l’attrape par la manche pour le réorienter un peu.

« Si vous étiez pas juste sous les explosions, oui, ça devrait être temporaire. Dans le cas contraire, je vous aiderais à les retrouver, vu que je me suis fait piétiner à cause d’eux… » On ne retrouvera jamais personne, c’est clair, mais c’est une autre histoire. « Y a un banc derrière vous, asseyez-vous, je vais chercher de l’eau et… de quoi vous protéger les yeux si je trouve. »

Je le laisse quelques minutes pour aller chercher des bouteilles d’eau et une bande, dans une boutique juste au coin, essayant d’esquisser un sourire devant la tête du vendeur. Revenant rapidement vers lui, je vérifie que j’ai toujours mon téléphone et que je n’ai loupé aucun message. Mais non, pas d’appel paniqué parce que le grille-pain fume ou parce qu’elle trouve pas la télécommande. Tant mieux.

« Ah, au fait, je m’appelle Luka, Luka Stevenson. Levez la tête que je regarde un peu et que je rince un peu… C’est de l’eau, pas de panique hein. » Je lui tiens le menton, écartant doucement ses paupières. « Pas d’éclat apparent… Il faut aller voir un ophtalmo au plus tôt, parce que je pourrais pas faire grand-chose. »

Je lui verse de l’eau sur les yeux, tachant d’oublier ma propre douleur qui pulse et se propage un peu partout. Putain, faut que je prenne un truc. Quinn va péter un plomb… Faut que je me vois dans un miroir et que je me remette un peu en état avant de rentrer…

« Et vous étiez tout seul ou vos potes se sont cassés en vous abandonnant sur place ? » Bon, je plaisante, ce serait con d’avoir raison… « Il faudra que je vous protège les yeux. Je vous mettrai une bande après, okay ? »

Tout en parlant, je continue de faire couler lentement de l’eau sur ses yeux. Ça lui soignera pas, mais ça aidera peut-être, et si ça le soulage, c'est bonus...

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Luka & Ren

« Ouais, une connerie du genre. Je fais des études pour être infirmier, donc je devrais pouvoir vous aider un minimum… Enfin, je devrais, sauf que j’ai rien sur moi donc… » C’est déjà ça, même si pour le coup, il ne pourra pas faire grand-chose. Mais au moins je suis tombé – au sens littéral – sur quelqu’un qui a des notions médicales. Ça peut toujours nous être utile vu la galère dans laquelle on se retrouve. « Si vous étiez pas juste sous les explosions, oui, ça devrait être temporaire. Dans le cas contraire, je vous aiderais à les retrouver, vu que je me suis fait piétiner à cause d’eux… » Au moins il est d’accord pour mener une vendetta, si jamais les choses ne s’arrangent pas. Et si on n’était pas en si mauvais état, je lui proposerai d’y aller maintenant, avant que ces petits cons ne s’enfuient et ne disparaissent dans la nature. Mais on est tout juste bons à se trainer pour se mettre à l’abri avant de se faire piétiner à nouveau. « Y a un banc derrière vous, asseyez-vous, je vais chercher de l’eau et… de quoi vous protéger les yeux si je trouve. » Sur ces mots, il s’éloigne et je peux entendre ses pas devenir de plus en plus inaudibles. De mon côté, je décide de reculer doucement, jusqu’à sentir le banc sous mes doigts. Et je ne me fais pas prier pour m’asseoir. Au milieu du chaos, je trouve enfin un peu de répit. Même si je suis toujours plongé dans le noir, alors la colère n’est jamais bien loin. Mais au moins quand le mec revient, je suis un peu plus calme que quand il est parti alors c’est toujours ça de pris. « Ah, au fait, je m’appelle Luka, Luka Stevenson. Levez la tête que je regarde un peu et que je rince un peu… C’est de l’eau, pas de panique hein. » J’ai envie de lui dire que je ne vais pas paniquer pour si peu, mais il s’agit quand même de mes yeux et c’est un endroit sensible quand même, surtout maintenant que j’ai peur d’avoir définitivement perdu la vue. Du coup, je ne préfère pas protester et je lève la tête avant de le laisser ouvrir mes paupières. J’ai besoin d’un avis plus ou moins professionnel, parce que mine de rien, cette histoire commence sérieusement à m’inquiéter. « Pas d’éclat apparent… Il faut aller voir un ophtalmo au plus tôt, parce que je pourrais pas faire grand-chose. » Son diagnostic ne me rassure pas. Si ma cécité soudaine n’est pas dû à un éclat, j’espère que c’est un simple traumatisme passager, sinon ça pourrait être plus grave encore et je ne suis pas prêt à entendre ce genre de chose.

Il verse de l’eau dans mes yeux et la sensation est réellement désagréable, même si la fraicheur apaise aussi étrangement un peu la douleur. « Et vous étiez tout seul ou vos potes se sont cassés en vous abandonnant sur place ? » Je hausse les épaules avec nonchalance avant de lui répondre. « Je suis seul, mes amis sont allés voir un autre concert avant que les pétards n’explosent. Pourquoi ? On vous a abandonné sur place ? » Après tout, il est seul également. Même si je ne vois pas vraiment en quoi ça pourrait changer notre situation de savoir comment on s’est retrouvés seuls dans la foule. « Il faudra que je vous protège les yeux. Je vous mettrai une bande après, okay ? » L’eau continue à couler dans mes yeux, dégoulinant sur le reste de mon corps au passage, et c’est plus fort que moi, je finis par grogner quand la sensation devient vraiment inconfortable. « Okay ! C’est vous l’infirmier après tout. Mais ya assez d’eau là, non ? » J’espère vraiment que c’est le cas, parce que bientôt mes yeux auront été humidifié pour tout une vie et en plus je vais finir par avoir froid maintenant que mes vêtements sont trempés. « Sinon, je m’appelle Kieren Halding. J’aimerais dire que c’est un plaisir de faire votre connaissance mais au vue des évènements qui ont mené à notre rencontre, vous ne seriez pas dupe. » un léger rire s'échappe de mes lèvres. Plus pour me faire oublier ma blessure, pour arrêter de focaliser sur le fait que le temps passe et ma vue n’est toujours pas revenue. Mais comment ne pas y penser alors qu’il est en train de nettoyer mes yeux ? C’est presque impossible. « J’irais voir un ophtalmo demain, que ma vue soit revenue ou non. On ne sait jamais, dans tous les cas mes yeux pourraient être endommagés. » A cette idée ma mâchoire se serre. Mais je ne peux pas omettre cette hypothèse. Parce que même si ma vue finissait par revenir, mes rétines pourraient avoir subies des dommages irréversibles. « Et vos blessures, vous allez vous en occupez ? » Ce n’est pas vraiment une question, plutôt un rappel.

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