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 breathe in, breathe out (swaïn)

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MessageSujet: breathe in, breathe out (swaïn)    breathe in, breathe out (swaïn)  EmptyJeu 13 Avr - 23:06



C’est la merde. Comme d’hab’. Peut-être un peu plus ce soir-là. Asher a encore recueilli  les chiots abandonnés du quartier. Toi ce soir, t’as pas la foi de les supporter. T’as rien contre eux et contre leurs problèmes, mais là, nan, vraiment, t’as pas envie de les entendre. Et puis t’as ce creux, froid et nécrotique qui te tord les boyaux tout particulièrement. Faut que tu le remplisses, avec de l’alcool, c’est le plus simple. Mais tu ne peux pas faire ça à la maison. Ash’, il va forcément se foutre de toi si tu picoles là-bas. Comme tu te fous de lui quand il en fait de même. C’est une drôle de façon de s’occuper de l’autre, mais c’est la vôtre. Faire attention à l’autre sans trop mettre en jeu vos petits cœurs fragiles. Vous vous êtes bien (re)trouvés. Aussi chiant l’un que l’autre. Aussi bousillé l’un que l’autre. Aussi nul l’un que l’autre.
swaïn
breathe in, breathe out


Mais oué, du coup, t’as quitté la casa. Même si ça te fait du bien de pouvoir appeler quelque part « maison », c’est pas forcément l’endroit où t’as toujours envie d’être. Alors voilà, t’as le cul posé sur un tabouret haut dans un bar bruyant et miteux. Ça aussi c’est la maison, ton milieu de vie habituel. Normalement tu t’y sens plutôt bien, mais tu te sens assez rarement bien dernièrement. Trop rarement. Qu’avec Rez quand t’es sobre. Ou alors quand t’es plus sobre. Mais genre vraiment plus du tout. Mais là, t’en es loin. T’en as pas vraiment le cœur. T’as vidé que deux bières et dépouillé deux ou trois bols de cacahuètes. Tu te nourris que de cacahuètes. Tu ne manges que ça, en accompagnement de tes bières. Et les plats que tu fais à la marmaille d’Asher, quand t’en as le courage.  T’es pas trop mauvaise comme cuisinière. Tu te découvres des nouveaux talents faut croire. T’as décidé de t’y mettre pour t’occuper à peu près sainement, et pour vous nourrir déjà tous les deux, les colocataires de la déch’, et puis les chiots de la rue qui squattent de temps en temps. Misère de misère mes pauvres enfants.

Tu pianotes le bois du bar du bout de tes ongles acérés. Tes yeux n’arrivent pas à se fixer, tes paupières battent sans cesse. Ça bouillonne dans ta petite tête.  Va falloir que tu fasses quelque chose. N’importe quoi, mais tu ne vas pas continuer indéfiniment à crécher dans cette ville en rasant les murs pour pas les croiser par inadvertance. Tu sais où ils vivent, où ils bossent, c’est pareil d’ailleurs, mais t’as toujours rien fait. Tu ne sais toujours pas si t’as le droit. T’as peut-être pas le droit, et tant pis pour ta gueule si t’en crèves. Mais nan tu restes là, encore, parce que t’as trop envie de les revoir, de leur parler, de les toucher. Oué, tu restes là. Ca fait déjà deux mois que t’es là. Stressée parce qu’ils te manquent, stressée parce que t’as peur. Bordel, faut définitivement que tu fasses un choix. Tu grognes, relèves la tête et demande un whisky au barman. C’est bon, tu viens de le trouver, le cœur à te bousiller le cerveau. A peine le son caractéristique du verre sur le bois, tu l’as déjà saisi, pour te rincer ta gorge irritée. Tu gueules tout le temps, et tu pleures tout le temps en ce moment alors bon. Tu ne vas pas te plaindre. Ça aussi c’est ta faute. Tu soupires, fais signe pour qu’on te remplisse ton verre, et décides à te bouger vers l’arrière du bar. Trop de bruit. Tu aimes bien te poser sur les banquettes du fond, pour regarder les gens et leur inventer des vies. Comme tu l’as fait pour toi-même à un moment.

Tu ne sais pas bien combien de temps tu passes là, regard vide à regarder les autres ivrognes du coin. Mais ça doit être à un certain temps, parce que t’as arrêté de les regarder, et tu fixes le fond de ton verre, quasi vide. Tu fermes les yeux, t’as envie de chialer. Mais tu chiales pas en public. Officiellement, tu chiales pas tout court. Tu sens la banquette qui s’affaisse à côté de toi. Youpi. Tu bouges pas, t’espère que si tu le regardes pas, il va se casser. Tu sais déjà ce qu’il veut, lui et son odeur d’alcool fort prononcée. Alors ses paroles, elles ne te perturbent pas, tu t’y attends. Mais ton souffle se coupe quand même. T’as envie de vomir. Tu tournes des yeux écarquillés vers… lui. Bordel. T’as envie de fuir, d’hurler, de le prendre dans tes bras, mais tu ne bouges pas. Parce qu’il ne sait pas qui t’es. Caïn ne sait pas qui tu es. T’as la gerbe. Tu détournes le regard, et finis ton verre. C’est… à peu près le pire scénario de retrouvailles possible. T’as définitivement envie de chialer.
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Caïn Devaux

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MessageSujet: Re: breathe in, breathe out (swaïn)    breathe in, breathe out (swaïn)  EmptyLun 17 Avr - 15:17

C’est la énième tournée. Le énième bar ; Le énième verre vidé. Entre le troisième et le quatrième il a perdu Chief, il a perdu le reste, il a perdu tout sauf lui-même et sa putain de soif qui ne s’apaise jamais. Il avale, encore, encore, verre après verre qui se contentent de le tirer avec violence dans une spirale dont il n’arrive plus à s’en sortir. C’est trop, de tout, les sentiments, les sensations. C’est l’impression d’avoir plus d’alcool que de sang dans les veines continuellement, comme si ça pouvait aider. Comme si ça pouvait apaiser. Le manque. Le manque. Le manque terrible et les yeux trop grands de ces filles qui le hantent. Nadja, Serena, Elena, Bambi. Bambi. Et ce corps frêle, trop fragile. La peur. La peur. Bon sang la peur, de la voir crever entre ses doigts sans avoir réussi à lui dire. A lui dire qu’il y autre chose, une vie sans Swann, sans l’ombre de la Lune, pleine, égoïste, qui plane au dessus d’eux. Qu’il ya quelque chose d’autre, qu’au fond faut juste qu’ils s’entrainent un peu. Pas trop longtemps. Juste un peu pour pouvoir assumer les coups de la vie. Mais y a rien qui sort, et l’alcool qui entre, qui l’étouffe un peu plus à chaque fois. Il se perd dans des combats qu’il ne peux pas gagner, contre Merle et l’impression de se voir parfois dans les yeux du gamin, paumé dans sa vie, paumé tout court. Il voudrait le tirer de la poubelle dans laquelle il l’a trouvé, effacer toute trace d’ordure sur sa peau, sur sa chaire, comme si ça pourrait éloigner la pourriture de son cœur à lui. Tu parles.
C’est un jeu d’équilibre, funambule au-dessus du vide et les chiens en bas qui l’attendent : gueule béante. Véritable descente aux enfers, quand la Mort s’associe trop souvent à la Tour. Encore. C’est dégueulasse, ce goût d’appréhension dans la bouche, et savoir parfaitement qu’on fonce droit dans le mur, qu’on se recule, qu’on prend même de l’élan. BAM. Impact. Et son regard qui se braque sur la brune perdue dans la masse, le cœur qui dégringole de beaucoup trop haut et qui s’écrase sur le pavé sans parachute. C’est l’alcool. L’alcool et la carte qu’il a rangé dans sa poche ce matin, qu’il cache trop souvent maintenant pour ne pas la voir apparaitre dans les tirages quotidiens. Il hallucine. C’est sale. C’est mauvais. Ce goût âcre dans la bouche et le besoin de dégager. Partir loin. Loin d’elle, loin de ce bar puant, loin de l’alcool poisseux qui lui colle aux doigts. Retrouver Bambi, cuver son vin dans la baignoire comme toujours et oublier cette apparition. Ah. Si seulement. Y a un mur entre le cœur et la raison, et ses jambes qui bougent toutes seules, ces idiotes, si elles savaient vers quoi elles l’entrainent, elles réfléchiraient peut être avant de continuer.
Il titube, stupide, débile, avance, comme attiré alors que sa tête lui hurle de reculer. Sors d’ici putain. Mais il insiste, encore, sans doute une façon de se prouver qu’elle n’a plus d’emprise sur lui, que même après toutes ces années, il a arrêté de la chercher dans chaque visage rencontré. Elle lui ressemble. Mais c’est pas elle. C’est pas son cygne. C’est pas son astre. C’est pas le XVIII gravé sur ses phalanges droites à jamais. « La place est prise ? » les mots qui s’embrouillent dans sa bouche pendant qu’il se laisse tomber à côté d’elle, faisant claquer son verre sur la table au côté du sien. En fait il s’en fout. Il s’en fout que la place soit prise ou non. Parce que ça va pas l’empêcher de s’installer aux côtés de cette femme, ça va pas non plus l’empêcher d’exorciser une bonne fois pour toutes les démons de son passé. Il y croit Caïn, sourire confiant sur le visage, ce même sourire qui se fracasse quand elle se retourne vers lui. Un instant. Un éclair. Et ses yeux qui se ferment comme pour lutter contre la vision. Non. Non. Non. En echo il prend son verre, l’imite quand elle descend le contenu du sien, persuadé que la brûlure l’aidera à chasser les réminiscences d’un amour qu’il s’est promis d’oublier.
« Tu danse ? T’as l’air de danser ? » il voudrait rattraper ses paroles mais déjà qu’il reprend, incapable de se contrôler. « Tu devrais pas boire seule ici, parait qu’on y fait les pires rencontres » et le rire qui se brise sans qu’il comprenne vraiment pourquoi alors que son regard se perd dans les lignes gracieuses du cou de la jeune femme. La ressemblance est trop forte, bien trop forte, il croit reconnaitre chaque marque sur sa peau, alors que c’est impossible. « Puis je sais pas ce qu’ils foutent dans leurs boissons ici.. » il se saisit de son verre pour observer le liquide ambré restant, profitant de ce geste pour détacher son regard de la belle. Il se sent comme un gamin de 16 ans, quand son cœur a fait son premier dératé, et la certitude qu’il a bien trop bu et qu’il le paiera demain matin. Mais au moins, l’illusion prendra fin.
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MessageSujet: Re: breathe in, breathe out (swaïn)    breathe in, breathe out (swaïn)  EmptyLun 17 Avr - 17:54



 « La place est prise ? » La place est prise. La place est prise. Où ça ? Sur ce ptn de canapé ? Dans ta tête ? Dans ton cœur ? Dans tes tripes ? Dans ce trou noir vorace entre tes intestins qui te bouffe de l’intérieur ? T’as cette conne de phrase qui tourne en continu dans ton esprit. Pour te concentrer sur un truc. Un autre truc. Que sa présence tant désirée mais alors juste trop réelle. Trop vraie, trop immédiate. T’étais pas prête. Tes doigts se serrent sur ton verre, blanchissant les jointures. Tu essayes de ne  pas trembler. C’est peine perdue. Alors tu reposes ton verre vide sur la table. Trop fort. Ça te fait sursauter. Tu plaques tes mains à plat contre le bois crasseux de la table. Arrête de trembler, brdl. Arrête de trembler.
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Arrête ptn. Tais-toi. T’as envie de te boucher les oreilles. Sa voix te cisaille les tympans. T’ose pas le regarder, t’y arrive pas. Son image te brûle la rétine. Elles ont changées. Son apparence et sa voix, mais tu en reconnais encore presque toutes les nuances. Et ça se bouscule dans ta tête. Les souvenirs de votre vie que t’as piétinée, les millions de scénarii que t’avais imaginé pour ce moment, tes cauchemars, et cette réalité sordide. Aussi miteuse que toi. Et aussi miteuse que lui apparemment. Mais non, lui, il continu de parler, parce qu’il ta pas reconnu. « Oué, j’danse. » Tu lui réponds machinalement, voix mécanique, pour ne pas craquer. Ou peut-être il t’a reconnu, et parce qu’il a appris de ta cruauté et la retourne contre toi. Ce serait fort ironique. « Les pires rencontres, ça dépend dans quel sens. » Mais tu le mériterais. Mais ce n’est pas ça. T’oses pas le regarder, mais même sans ça, tu le connais. Tu sais encore lire dans ses gestes, dans les intonations de sa voix. Et ce que tu y perçois, ça te tord encore un peu plus le cœur. Tu devrais peut-être partir, maintenant. Et puis définitivement. Et t’effacer de sa mémoire surtout. Parce que même s’il n’a pas conscience de qui tu es, il le sent. Tu le sens. Alors tu trembles. Tu comprends à peine ce qu’il dit, parce que sa voix résonne dans ta tête. Sa voix, ptn. Au fond, bien au fond, t’es heureuse de l’entendre, même si ça t’abîme un peu plus. Ça te réchauffe le cœur, qui par un peu plus en cendre.

Tu respires comme tu peux. Lentement. Inspire, expire. Faut que tu te calmes. Faut que tu prennes les choses en main. Faut que t’arrêtes de fuir. Ce n’est pas le moment. C’est plus le moment. Trop tard. Game over. Maintenant va falloir que tu commences à gérer. A nettoyer la merde que t’a étalé bien partout derrière toi. Et dans sa vie. Surtout dans sa vie. Alors tu te forces à tourner les yeux vers Caïn. Vers lui, ton cœur, ton âme, ton souffle et ta peau. Tu regardes ses mains, abîmées, à l’épiderme encré. Tu les connais encore par cœur. Et leur toucher. Chut. Tu te fais violence pour lever encore ton regard. Ça te fait mal. De le revoir, si près, si pareil et si différent. Si mal en point. C’est ton œuvre, pauvre idiote. Pauvre tarée. Qu’est-ce que t’as fait hein ? T’oses pas imaginer l’état de Bambi. Mais tu préfères ne pas y penser pour l’instant. Répares un de tes monstres après l’autre.

Si t’arrives à peine à soutenir son image, tu supportes encore moins de le voir dans cet état. Et tu lui arraches son verre des mains. « Arrête de boire. » T’aurais presque ris. A cette soudaine et claire réminiscence de ta mauvaise habitude à le commander parfois. Mais tu ne ris pas. Pas du tout. Parce que tu as effleuré sa main. Parce que ça t’a secoué d’un spasme violent. Le verre retombe sur la table en tintant, et se renverse. Mais tu t’en fous. T’as enfouis ton visage dans tes mains. T’es pas censée pleurer. Alors tu fais c’que tu peux pour pas trembler et planquer l’eau salée qui ruissèle sur tes joues. Merde, ptn.
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Caïn Devaux

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MessageSujet: Re: breathe in, breathe out (swaïn)    breathe in, breathe out (swaïn)  EmptyJeu 27 Avr - 19:27

Il voit pas Caïn. Il voit rien. De toute façon c’est toujours pareil, foutu aveugle de pacotille. Il voit pas qu’elle tremble, il voit pas non plus la façon dont elle serre son verre. Il voit juste une femme, contours flous et l’odeur qui vient faire agoniser ses synapses. Souviens-toi. De quoi ? De qui ? De cette silhouette qu’il a l’impression de connaitre par cœur ? Mais c’est pas possible, et la dose d’alcool dans son sang doit être un des coupables de cette mise en scène cérébrale. Du moins c’est ce qu’il essaye de se dire, entre deux gorgées, entre deux oscillations, entre deux hésitation. Et le verre qui claque sur le bois usé de la table. Clac. Il sursaute, un peu, parce qu’il ne s’y attendait pas vraiment. D’habitude c’est plutôt à la gueule qu’on lui envoi les verres, comme pour lui signaler de dégager. Clac. De nouveau, bruit plus sourd et les deux mains qui s’abattent sur la table. Va-t-en semble lui hurler le monde, et Caïn rigole, remonte à contre-courant. Pas question. Il devrait se casser, se lever, partir loin d’ici, loin de ce bar nauséabond et de l’ambiance enfumée. Il devrait détourner son regard des jambes sans fin de la brune, de ces doigts qu’il se retient de caresser du bout des siens. Il devrait. Mais il ne le fait pas. Il ne le fait jamais de toute façon, son bon sens évaporé quand il avait quitté son bayou natal. Alors à la place il fonce, fout les deux pieds dans le plat, parle un peu trop, rigole. Stupide. Gamin. 32 ans de conneries qu’il ne se lasse jamais de pratiquer, qu’importe si ça blesse les autres, tant que ça le protège lui, de la réalité.
Oué, j’danse. « Tu vois j’avais raison. J’ai le nez pour ça. » Ou l’œil. Ou un truc du genre. « Moi aussi je danse. Non. Dansais. » Il fronce les sourcils un instant, se perd dans ses pensées, dans le vague et les mots de Nadja qui résonnent encore et encore. Et c’est la blonde qui danse soudain devant ses yeux, cassée, brisée, les pieds ensanglantés à cause du verre sur lequel elle s’empresse de tourner. Vite à boire. Encore. Toujours plus. Comme si l’alcool était la solution à tous les maux, un moyen de noyer la douleur dans des litres de flou.
Les paroles hésitantes, bafouillage de gamin qui tient pas sa bière et le sourire qui vient provoquer la brune. Parce que tout son corps lui hurle de partir, mais elle ne se lève pas. Pas encore. Pas tout de suite. Et il veut comprendre pourquoi, profiter un peu plus de cette torture auquel il est prêt à se soumettre à jamais, si ça peut épancher les blessures des plaies qui s’ouvrent de nouveau depuis quelques temps. Les pires rencontres, ça dépend dans quel sens. C’est vrai ça, et si c’était elle la mauvaise rencontre. Et si c’était cette femme au sourire absent, au regard tremblotant, cette femme dont les traits lui hurlent de se rappeler. Mais se rappeler de quoi déjà ? De pas tomber ? Elle ne le regarde pas pourtant, les yeux rivés sur autre part, un point qu’il n’arrive pas à voir. Pourquoi tu m’exclus comme ça ? qu’il a envie de pleurer, de se plaindre. « Pire pour toi sans doute, moi j’ai déjà mon quota atteint depuis trop longtemps » depuis Elle peut pas y avoir pire pas vrai ? Pas vraiment. Du moins, il n’arrive pas à imaginer quelque chose de plus douloureux que de rencontre son âme sœur et de la regarder s’envoler.

Il ne s’y attendait pas. Pas du tout. Pas au choc qui le traverse tout d’un coup comme une secousse de magnitude 10. Ses yeux. Bon sang. Ses yeux. Est-ce que ça existe les clones, ou bien il a vraiment l’alcool mauvais ? Pourtant il n’a rien fumé ce soir, rien pris non plus. Mais ses yeux. Et le sourire qui s’efface soudain de son visage, renvoyé au fond de sa gorge, comme pour l’étouffer. Oui. Qu’il crève maintenant, ça sera plus simple que de continuer à affronter ça. A l’affronter elle, et ses boucles brunes en cascade autour de son visage de poupée usée. Arrête de boire. pas de s’il te plait, pas de merci. Arrête de boire ou arrête de parler ? Pourtant étrangement il obéit, suspend son geste. Il obéit parce qu’il en ressent le besoin. Comme avant. Comme une habitude ancrée entre eux. Puis y a ses doigts à elle qui l’effleurent et le verre qui vacille. Y a ses doigts à elle qui l’effleurent, et le liquide qui s‘écoule, qui s‘étale. Tant pis. Y a ses doigts qui l’effleurent et soudain les larmes qu’elle cache maladroitement qui commencent à couler, comme un poignard en plein dans son cœur qu’il pensait pourtant blinder. Pourquoi elle pleure. Et surtout pourquoi est-ce que ça fait si mal ? « Hey… » Il se gratte la tête, un instant, perplexe. Il hésite, tend la main, la retire, recommence, avant de la poser maladroitement sur le bras de la brune. « J’ai fait une connerie ? Tu pleures à cause de moi ? Tu veux que je parte ? Je suis relou mais je sais quand tirer ma révérence tu sais » parce qu’il n’a pas envie de conclure cette soirée par des larmes trop salées et le goût amer sur la langue. «Faut pas pleurer comme ça, faut pas » et sa voix qui se casse sur les dernières syllabes. Non. Faut pas. Elle a pas le droit.
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MessageSujet: Re: breathe in, breathe out (swaïn)    breathe in, breathe out (swaïn)  EmptyLun 1 Mai - 21:35



Dans l’obscurité de tes mains, tu trouves presque du réconfort. Dans le noir, tu ne le vois plus. Tu pourrais presque te persuader que c’est un rêve. Un très mauvais rêve. Tu le pourrais s’il t’en laissait le temps. Mais non. Parce qu’il s’inquiète Caïn. Cet idiot. Il s’est toujours inquiété. Avec son cœur plus grand que ses bras. Il s’inquiète pour toi, sans te reconnaître. Et ça te déchires un peu plus le cœur.  Et sa voix, encore sa voix, qui emplie tout ton petit univers, réduit à vous deux, et cette banquet moisie. Les bruits autour n’atteignent plus tes oreilles. Et… et tu te rends compte, dans un sursaut, dans sa main sur ton bras. Tu sursautes, mais tu ne t’enfuis pas. Tu fixes cette main, si connue.
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Tu secoues doucement la tête. C’est un idiot. Ça a toujours été un idiot Caïn. C’est aussi pour ça que tu l’aimais. Et que tu l’aimes toujours. T’essuies maladroitement tes joues de ta main libre. T’oses pas bouger l’autre. T’oses pas rompre le contact entre vous deux. Plus de six années que tu n’avais plus senti son toucher. Alors tu ne bouges pas. T’as pas envie de le perdre. « Non... T’en vas pas.  » T’essais d’articuler comme tu peux, mais ta voix s’élève à peine. Ta gorge te serre. Tu renifles, misérable. T’en vas pas hein. C’est toi qu’aurais pas dû partir, connasse. Et lui il est là. Conciliant. Inquiet. A vouloir faire ce qu’il peut pour toi. Pour pas que tu pleures. Et ça te fais rire. Enfin, une fraction de seconde. T’es une idiote. Plus que lui peut-être. Pourquoi t’es pas comme lui ? Pourquoi t’es pas foutue de donner et de laisser faire ? Pourquoi t’as pas été foutue d’être assez bien pour lui ? Pour rester à ses côtés. T’es plus faible que tu ne le croyais. T’es plus faible que quiconque ne l’a jamais imaginé. Tu relèves les yeux vers lui, un vague sourire aux lèvres. Tu t’es calmée, étrangement. Tu as toujours tempête et ouragan d’émotions qui grondent au fond de toi. Mais tu as ce voile soyeux qui recouvre tout. Ce voile que tu connais par cœur, et que tu pensais avoir déchiré il y a des années de cela. Celui que seule la présence de Caïn sait draper par-dessus ton tempérament instable. Celui que t’as bêtement confondu avec une cage. Ça te rassure, de le ressentir à nouveau. Ça te terrifie aussi, parce que cette fois, c’est peut-être lui qui va l’arracher. Mais tant pis. Tant pis pour ta gueule. « T’es un idiot. » Tu lui parles à lui, et tu te parles à toi aussi.

Tu relèves doucement les yeux, vers les siens, happée dans ses pupilles abyssales. T’essayes de percer le voile brumeux d’alcool dans son regard. Tu sais que s’il te reconnait… Mais tant pis. Il le faut. C’est fini. T’arrêtes de fuir. T’arrêtes de te poser des questions. Tu déposes tes armes et tes boucliers. T’es arrivée au bord du précipice, et tu continues d’avancer. Sur quoi se poseront tes pieds, ça dépendra de lui. Et si tu chutes définitivement, peu importe. Et si tu pénètres en Enfer, tant pis aussi. Tu sais déjà où tu vas aller. Sous le puits des géants. Prise dans la glace pour l'éternité, tremblante comme tu trembles déjà. Au plus près du Diable lui-même. Si tu te réfères à Dante. Parce que d’après lui, la traîtrise, la trahison, est le pire des péchés. A l’époque, quand t’as lu le bouquin, ça te semblait surfait. Mais maintenant, tu sais qu’il a parfaitement raison. C’est ton premier péché, et celui qui a déclenché tous les autres. Ta misère et la sienne. Et celle de Bambi. Mais voilà. Maintenant, c'est fini.

Tu t’accordes une dernière cruauté. Un dernier égoïsme avant le purgatoire. T’auras besoin de ça pour traverser l’enfer. Alors tu t’approches de lui, pour lui arracher un dernier bout d’âme. Le bout de tes doigts caressent légèrement sa joue mal rasée. Tu sens ton cœur se fendiller un peu, encore, mais tu ne trésailles pas. Tu perds ta respiration, approches encore ton visage du sien et  tes lèvres effleurent les siennes. C’est bref. C’est à peine perceptible. Mais ton cœur explose. Tu recules sous le choc, yeux clos. Mais tu as pris ce dont tu avais besoin. Maintenant tu ouvres à nouveau les yeux, les plongent à nouveaux dans ceux de celui qui a été ta victime, et à qui tu laisses le rôle de bourreau. T’es prête. Même si tu ne t’attendais pas à l’être. T’as suffisamment repoussée l’échéance. C’est peut-être le destin qui a provoqué cette rencontre. Peu importe. T’es prête à ce qu’il hurle, qu’il parte, ou qu’il pleure. T’es même prête à ce qu’il t’en colle une. Ce serait tellement peu cher payer. « Caïn... C'est moi. »
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MessageSujet: Re: breathe in, breathe out (swaïn)    breathe in, breathe out (swaïn)  EmptyVen 12 Mai - 23:46

L’illusion est tenace, les mêmes tonalités, le même parfum un peu ancien, le même regard qui pourtant aujourd’hui a l’air fissuré. Il voudrait les colmater ces foutues brêches, parce qu’elles font écho à celle qui bousille son propre cœur. Putain, plus jamais il boira comme ça. L’euphorie ça vaut pas le coup de se trimballer une boule au ventre pareil. Ouais. Plus jamais. Promis. Jusqu’à la prochaine fois.
Il titube un peu, tangue légèrement, happé par l’alcool et les conneries qu’il a pu grignoter. Il se dit qu’il devrait appeler Oz pour qu’il vienne le chercher, ou bien Asher, un des deux quoi. Pas Bran. Putain, Bran se foutrait de sa gueule, de son incapacité à tenir le verre de trop. Foutu Ukrainien. Non. Serbe. Un truc du genre. Merde. Eux et leur alcool de patate. Mais au fond même Bran ça l’aiderait à se sortir de là, de ce regard qui le brûle et des larmes qui perlent sur les joues de la brune. Pas des larmes, pas comme ça. Pourquoi est-ce que ça fait si mal ? Pourquoi est-ce qu’il a envie de la prendre dans les bras ? Les illusions c’est mauvais pour le cœur, pour la raison. Faut qu’il parte. Mais il peut pas. Non... T’en vas pas.   Parce qu’elle supplie l’illusion. t’en vas pas. Ok. Jamais. Il restera là, avec toi et tes yeux abysse, toi et ta peau qu’il a soudain envie de caresser, un peu partout, comme un drogué qui retrouve le goût de l’héroïne après trop d’années de sevrage. Merde, il a pourtant jamais été accro aux illusions. Trop terre à terre pour ça. Pas assez croyant aussi. Et pourtant. « Je reste alors »  voix pâteuse, sourire marmonné, il sait pas trop s’il l’a pensé où s’il a vraiment parlé. Entre les deux surement.
Un instant passe, des fractions de secondes à essayer de se sortir de son état de torpeur, d’éteindre la sirène qui gueule depuis le début dans son crâne, un pin-pon infernal qui lui fout la migraine. Y a pas le feu pourtant, alors pourquoi les pompiers hein ? Hein ? Il est où le putain d’accident . Il le voit pas Caïn. Le truc c’est qu’il est bien là, dans ses baskets à lui, dans sa peau, dans son âme. C’est lui l’accident. C’est elle aussi. T’es un idiot. « On me le dit souvent »  il veut faire le fier, mais ça a un goût étrange sur sa langue. Idiot, et les murmures accompagné de lèvres, sa peau qui se fait dévorer et le rire souvenir. Idiot, la dentale prononcée d’une façon si particulière, bien à elle, unique. Idiot, les images qui sautent hors de sa mémoire pour danser devant lui. Merde. Il se fige. Parce que c’est trop, trop de coïncidences pas vrai ? Ou alors son cerveau est bien trop détraqué. Il voudrait parler, répondre, mais déjà qu’elle s’avance, lui faisant ravaler ses mots bien au fond de sa gorge. Tais toi idiot. Le regard calme rivé au sien, tandis qu’elle lui caresse la joue avec une douceur pas si étrangère que ça. Ferme pas les yeux, ferme pas les yeux, ferme pas les yeux. Idiot. Et la voilà qui l’embrasse, baiser léger et son âme qui pleure.
Non.
Caïn... C'est moi. Qui ça moi ? Tais toi l’illusion, tais toi putain. C’est plus drôle maintenant. Y a plus aucune envie de rigoler sur son visage soudain fermé. Qui ça moi ? Hein ? Foutu fantôme du passé, il voudrait pouvoir l’exorciser, la faire partir, disparaitre, qu’il soit enfin libéré. « Tu mens »  rire qui se fracasse, les yeux qui cherchent à se poser partout sauf sur elle. Tu mens et je délire »  il craque, la dévisage, les doigts qui n’écoutent plus et qui se posent sur ses joues, son cou. Il pourrait serrer. Tuer l’illusion, une bonne fois pour toute. Ca serait si simple. « On t’a payé combien pour faire cette blague ? Hein ? »  Dis que c’est une blague, dis le nom du commanditaire, ça serait tellement plus simple que d’avouer la vérité. Que de supporter la vérité.
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