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| I don't want to be alone - Nash. | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: I don't want to be alone - Nash. Mar 9 Mai - 0:50 | |
| Elle tourne en rond Lavi, elle tourne en rond et elle n'arrive pas à s'arrêter. Elle se sent seule Lavi. Elle se sent abandonnée de tous, enfermée dans une cage qui n'est même pas dorée. Il est presque 21h30, et personne n'est venu. Elle a mangé seule. Personne. N'est. Venu. Elle a les larmes qui lui montent aux yeux, elle a envie de tout lâcher, de tout extérioriser, elle a envie de tout abandonner. Elle a envie de pleurer, de crier, de tout jeter, de tout casser, elle a envie de s'effondrer. Que s'était-il passé dans sa vie pour qu'elle en arrive à ce point aujourd'hui ? Qu'avait-elle bien fait pour mériter tant de désintérêt de la part d'autrui, tant de misère ? Elle n'en a pas la moindre idée. Tout ce qu'elle sait à présent c'est que ni son mari, ni ses enfants ne sont là. Alors, sans vraiment réfléchir, elle se rend dans la cuisine, elle ouvre la porte d'un placard et elle en sort une bouteille de vin rouge. Elle la regarde longuement, parce qu'elle ne sait pas si elle doit l'ouvrir. Elle ne boit pas souvent, et certainement pas lorsqu'elle est toute seule. Le vin, c'est pour les invités – inexistants – pour la famille – absente – pour Lucian – qui n'en a jamais vraiment besoin – non ce soir, ce vin, il est pour elle. Alors elle sort un verre à vin, elle prend un tire-bouchon, et elle laisse le liquide couler. Elle sourit, sans savoir pourquoi, elle se met à sourire naïvement, bêtement, de soulagement ou peut-être qu'elle sourit parce qu'elle se trouve pathétique. Elle n'en sait rien, mais elle s'en fiche. Parce que ce soir, plus rien n'a d'importance. Son verre à la main, elle se dirige dans son salon, et elle s'assoit dans l'obscurité. Elle sirote, doucement, et puis plus ses pensées s'envolent, plus son esprit dérive vers sa famille, plus elle boit vite. Sans s'en rendre vraiment compte, elle s'est déjà servi un deuxième verre de vin. Parce qu'il est presque 22h30, et qu'elle a compris que personne ne rentrerait ce soir. Ni son mari, ni Anca, ni Ioan, ni Tereza, ni personne. Ce n'est pas l'absence de sa famille qui la bouleverse tant, c'est le fait que personne n'ait pris la peine de la prévenir. Personne n'a pensé à téléphoner, à laisser un petit mot. Ils ont tous continué à vivre leur vie sans se préoccuper de celle de leur mère qui s'effrite petit à petit. Elle rit, doucement. Un rire sans joie, dénué d'amusement, un rire empli de tristesse et de désespoir. Elle va pleurer, elle en est certaine. Alors elle termine son verre, et tandis qu'elle le vide, les larmes coulent le long de ses joues. C'est le trop plein qui s'échappe. Le trop plein de tristesse, le trop plein de solitude, le trop plein d'amertume et de rancoeur. Et pour une fois, Lavinia n'essaie pas de tout garder en elle, pour une fois elle se laisse simplement aller. Elle finit par reposer son verre. Elle range tout dans la cuisine, personne ne doit savoir. Mais en même temps, qui s'en rendrait compte ? Personne, elle en est persuadée.
Elle jette un dernier coup d'oeil à la porte d'entrée, dans l'espoir fou que celle-ci va s'ouvrir. Evidemment, elle reste close. Dans un soupir las, elle monte les marches qui mènent jusqu'à sa chambre, laisse tomber ses vêtements sur le sol et se glisse sous les draps froids qui l'attendent. Elle ne sait pas combien de temps elle est restée là dans le noir, elle sait juste qu'elle a entendu un craquement. Puis un deuxième. Elle se redresse, tétanisée sous le tissu qui la recouvre. Elle n'a pas entendu la porte s'ouvrir, pourtant elle en mettrait sa main à couper, elle a entendu du bruit. Alors elle prend sur elle, elle enfile la robe qu'elle a laissé glisser quelques minutes – heures – plus tôt et elle sort de sa tanière. Elle tend l'oreille, aux aguets. Mais rien, pas un bruit, pas un souffle, pas un mouvement. Elle pense que c'est son imagination qui lui a joué un tour, sans doute est-ce les deux verres qu'elle a bus un peu plus tôt dans la soirée, elle n'en sait rien. Elle descend dans le salon, parce qu'elle sait que quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle essaie, elle ne parviendra pas à s'endormir. Son regard se perd sur la ruelle éclairée de quelques lampadaires. La mère frisonne, de fatigue, de tristesse et d'angoisse. C'est alors que son regard se pose sur l'immeuble à côté. Incapable de détacher ses yeux de la lumière qui filtre à travers les rideaux de l'appartement qui lui fait face, la Popescu ne réfléchit plus. Elle enfile son manteau par-dessus sa robe et sort de chez elle. Elle inspire une longue bouffée d'air pur, et se sent libre. Totalement libre. Elle se dirige apaisée en direction de la vieille bâtisse, monte les escaliers et frappe à la porte. Ce n'est que lorsqu'elle entend le son qu'elle produit qu'elle comprend ce qu'elle fait. La panique la gagne rapidement tandis qu'elle s'apprête à faire demi-tour. Que diable lui a-t-elle pris de se rendre chez les Caldwell à une heure si tardive ?! Pourquoi a-t-elle foncé sans réfléchir ? Alors qu'elle se retourne pour descendre les escaliers et rentrer chez elle, la porte s'ouvre. La mère se fige, incapable de bouger. Elle ne sait qui des quatre enfants lui a ouvert, et elle ne sait définitivement pas ce qu'elle va pouvoir dire. Elle prend sur elle et se retourne. Un soupir de soulagement lui échappe lorsqu'elle reconnaît les traits de Nash. Au moins, elle est tombée nez-à-nez avec celui dont elle se sent étrangement le plus proche. Elle se racle la gorge, se passe nerveusement une main dans la nuque et finit par lui dire : « Je suis désolée Nash... De te déranger à cette heure-là, mais... » Mais quoi ? Elle ne sait ce qu'elle doit ajouter. « Mais je ne veux pas passer plus de temps toute seule ? » non bien sûr que non, elle ne peut pas lui dire cela. Il a déjà bien assez à faire. Elle finit par murmurer : « Il y avait du bruit chez moi, et comme j'étais toute seule, j'ai pris peur. » Intérieurement elle se gifle. Elle a l'air pathétique sur le pas de la porte, à se confesser telle la froussarde qu'elle est devant le jeune homme qui a certainement d'autres chats à fouetter. Et sans doute est-ce l'alcool qui agit sur la matriarche, sinon comment expliquer le fait qu'elle se mette à rire devant lui ? Un sourire illumine son visage tandis qu'elle secoue la tête de droite à gauche. « Je suis ridicule. C'est ridicule. Il n'y a personne chez moi. » Les bruits qu'elle a entendus, elle le sait au fond d'elle, ce sont simplement les meubles en bois qui se sont mis à craquer, c'est l'immeuble tout entier qui travaille et qui vieillit tout comme elle. Plantée devant lui, elle ne sait quoi faire. Elle se met sur la pointe des pieds, dépose un baiser sur une de ses joues tout en ajoutant : « Vraiment désolé, d'avoir débarqué de la sorte. » Elle lui fait un petit signe de la main et commence à rebrousser chemin. C'est certain, plus jamais elle ne boira de vin seule. |
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| Sujet: Re: I don't want to be alone - Nash. Jeu 18 Mai - 11:32 | |
| la journée s'est éteinte avec l'astre solaire. dans l'obscurité naissante de ce minuscule deux pièces, sanctuaire de tous les maux, il ne réside bientôt plus qu'absence et silence. il n'y a personne. pas de frères, pas de soeur. seulement vide et néant. seulement toi et le fardeau pesant d'un abandon commandé. boycott familiale que tu soupçonnes de résulter de tes dernières fautes. celles d'avoir trop aimé mais, peut-être pas assez donné. celles d'avoir osé prononcer à voix haute la vérité de ce mal qui te ronge. et, si tu sais pour nora, pour tes frères, tu ne comprends pas. mais, tu ne cherches pas, ou plus. drame familial qui voudrait que vous ne soyez jamais satisfaits. les éternels incomplets, délaissés, mal aimés, oubliés, frustrés, inapaisés. si ce n'est pas toi, alors ce sera eux. si ce n'est pas eux, alors ce sera toi. et, éternellement l'équilibre restera celui-ci. inchangé et insurmontable. étrange fatalité qui parfois ravie quand elle n'attriste pas. même si c'était le cas, il n'en serait rien dit. ni d'eux, ni de toi. trop grande fierté qui enferme tous les mots et rend même parfois abstraits les maux. comme si la souffrance devait rester obscure et ne jamais être montrée. comme si faiblesse et vulnérabilité rimaient avec honte. alors c'est haine et colère qu'il reste comme seul étendard à votre vie. des reproches qui jamais ne s'épuisent et des vérités que l'on aurait préférées ne jamais avoir à écouter. c'est comme ça que nora est partie. encore. comme toujours quand ce n'est pas toi. c'est comme ça qu'elle a craché sur vos promesses pour tout chambouler et tout refusé. amère déraison qui fait de toi le plus coupable des deux. l'idiot, fou, bête à qui il est plus facile de tourner le dos plutôt que de dire merci. le fauve en cage que l'absence a fini par rendre fou à force de l'avoir trop embrassée. et, la morsure corrosive de cet abandon ne trouve nul exutoire, seulement des interludes passablement supportables qui font oublier le présent pendant un temps. comme les voyages abstraits encrés sur les pages de livres tombés providentiellement sous la main. une bonne heure s'est écoulée peut-être, où la réalité s'est estompée derrière les récits d'auteurs bon marchés. puis, plus rien. les mots se sont vidés de leurs sens, les lignes se sont brouillées et l'ennui s'est de nouveau imposé jusqu'à rendre le plus insignifiant immensément plus intéressant. des histoires foireuses offertes entre les pages, le regard s'en est allé voguer sur le plafond jauni et marbré. c'est aussi vide que tout le reste. d'une pureté stérile qui fait écho au silence récurent qui, lui même, fini par devenir angoissant. tu ne pas rester là, perdu au milieu de ce clapier qui devient curieusement trop grand lorsqu'il n'y a personne. trop petit quand ils sont tous là, immensément désert quand ils n'y sont plus. alors, tu te remues, mollement, coupé de toutes convictions. du canapé trop vieux et affaissé, tu rejoins la cuisine en quête d'un placébo quelconque pour pallier à l'ennui. liqueur divine faite d'ambre et d'âpreté, c'est le sky qui fini par gagner toute ton attention. un verre, ou peut-être deux qui servent à combler la solitude. grand ravin insurmontable qui en vient à engloutir tout ce qu'il reste de toi jusqu'à la bouteille dont les trois quarts s'évaporent comme de rien. une transe salvatrice qui fait taire les maux et rend le tout juste un peu plus supportable. assez pour te libérer d'un poids et manifester l'envie de rejoindre ton lit. une étreinte ensommeillée qui t'accueil chaleureusement. tu es bien là, à peine bercé par le roulis régulier de ta tête saoulée. comme un voyage en mer sur l'écume apaisante d'un océan topaze. tu t'abandonnes, te laisses déposséder jusqu'à ce que soudainement, on frappe à la porte. l'hésitation te prend mais, tu demeures immobile, à peine convaincu que la réalité aie pu te rattraper. illusion rêveuse d'un retour que l'on espère trop. et si c'était elle ? dans un soupire tu ravales tes envies de sieste en prenant la peine de te lever pour aller vérifier. d'un pas chancelant, la sueur alcoolique t'aveuglant, tu finis par atteindre la porte que tu ouvres en soupirant. les reproches commencent à gronder derrière ta mine affable jusqu'à apercevoir ce visage beaucoup trop familier. beaucoup trop apaisant. lavinia ? surpris, tu t'étrangles à moitié. si cette apparition est beaucoup moins critique qu'elle aurait pu l'être, tu plisses tout de même le nez qu'elle ne fut pas celle à laquelle tu pensais. pour autant, tu te détends. à moitié, car pour cause alcool ou elle, tu n'as plus de raison d'être sur la défensive mais, la curiosité te pique tout de même. l'inquiétude aussi, sans apparaitre de manière évidente à tes Je suis désolée Nash... De te déranger à cette heure-là, mais… perplexe, tu l'écoutes, cherchant la moindre explication rationnelle à sa visite. malheureusement, sous les litres engloutis, tu te retrouves à peine capable de te souvenir de la dernière fois où tu l'as vu. Il y avait du bruit chez moi, et comme j'étais toute seule, j'ai pris peur. évidemment. c'est tangible, tellement que tu finis par délaisser ta posture méfiante dans un soupire quelque peu soulagé et amusé. une autre aurait probablement préféré quelqu'un de plus bienveillant que toi mais, il a fallu que non. Je suis ridicule. C'est ridicule. Il n'y a personne chez moi. son déni sous couvert d'une flagellation mentale t'arraches un léger rire englué. c'est tout ce que tu es capable de répondre, trop anesthésié par la soupe liquoreuse qui t'engourdi. si d'ordinaire elle te rend plus mauvais que bon, ce soir, elle te redonne le sourire. non, cette fois tu en es sûr, c'est bel et bien elle qui provoque ça. Vraiment désolée, d'avoir débarqué de la sorte. et, même si tu voulais répondre, une fois ce baiser déposé et cette conclusion lâchée, tu la vois déjà s'éloigner comme une ombre derrière le salut de sa main. soudainement, elle apparaît à des années lumières de la femme, mère de famille accomplie que tu pensais imperturbable, invulnérable. elle redevient presque une jeune femme fragile et apeurée que la plus refoulée des attentions voudrait pouvoir rassurer. une innocente froussarde qui réveille l'empathie atrophiée. elle se fait aussi, miroir d'une solitude que tu ne veux pas retrouver maintenant qu'elle l'a chamboulée. attend, c'est rien. que tu finis par lâcher en t'avançant à la hâte pour lui attraper la main de justesse et la dissuader de te laisser. après tout si t'es venue jusqu'ici c'est que t'avais une bonne raison, puis ça tombe bien, y'a personne ici non plus. tu souris légèrement, tout de même un peu amer alors que tu tires sur sa main en resserrant la prise de tes doigts autour des siens. supplications muettes inspirées par ce vide que tu refuses de ressentir une seconde de plus. pour une fois que quelqu'un s'est souvenu de ton existence. allez, reste pas là, je vais pas te manger. tes yeux roulent derrière la blague alors que tu l'attires pour l'inviter à entrer. de grès ou de force. tu préférerais de grès pour rendre les choses plus faciles. pour soulager cette culpabilité qui fait de toi le pariât aux yeux de ta propre famille. à l'instar de ton invitée improvisée d'après ce qu'elle a dit. d'après ce que tu as compris. tu feins la sobriété pour ne pas la décourager, ravalant savamment tout réflexe stupide pour te concentrer en refermant la porte derrière vous. fais comme chez toi, j'arrive. que tu reprends en désignant le maigre confort qu'abrite le salon avant de prendre la direction de ta chambre pour récupérer tes cigarettes. exercice plus difficile qu'il n'y paraît. si tes antécédents alcooliques te gardent de te faire remarquer, intérieurement tu admets que tu as sans doute un trop abusé. il n'y a alors qu'une seule solution qui t'apparaît pour pouvoir noyer le poisson. après le sacro-saint graal nicotiné récupéré, tu prends la direction de la cuisine pour récupérer de quoi boire à nouveau et permettre à ton invitée de pouvoir te rejoindre dans ta fièvre abusive. comment ça se fait que la tribu popescu entière aie désertée la maison ? question lancée comme ça pour entamer la conversation alors que tu reviens pour prendre place dans le canapé pressé de vous servir deux verres. de ce que tu connais de tes voisins, elle a toujours eu au moins un de ses rejetons dans son ombre pour la seconder, surtout à la nuit tombée. enfermée dans son royaume mais, jamais abandonnée. ou du moins, pas aussi facilement que toi.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: I don't want to be alone - Nash. Ven 19 Mai - 14:18 | |
| Elle ne pouvait expliquer sa présence devant cette porte. Pourquoi alors qu'elle était seule chez elle, pourquoi alors qu'elle sentait le sol s'écrouler sous ses pieds, pourquoi alors qu'elle se sentait dépérir s'était-elle retrouvée devant l'appartement Caldwell ? Elle n'avait pas réfléchi. C'était comme si son cerveau et son cœur l'avaient conduite jusqu'ici sans même qu'elle en ait conscience. Lavinia n'était pas le genre de femme qui agissait par instinct, sur un coup de tête. Elle était réfléchie, sans doute trop. Elle était réservée, définitivement trop. Elle était solitaire. Pas par choix, mais parce que le temps qui passait lui avait imposé cette solitude. Elle n'avait jamais cherché à la combattre, jamais cherché à s'en échapper. Elle s'y était habituée, et plus le temps avait passé, plus la solitude était devenue son amie la plus proche. Mais il fallait croire que ce soir, c'était trop pour elle. Alors oui, lorsqu'elle avait vu de la lumière chez ses voisins, elle avait foncé. Parce que ce soir, le silence et la nuit étaient trop pesants pour elle. Parce que ce soir, elle voulait fuir ce quotidien qui l’annihilait un peu plus chaque jour. Cependant, lorsque la porte s'était ouverte et qu'elle avait entendu la surprise et l'incompréhension dans la voix de Nash, elle s'était trouvée stupide. Elle n'avait pas su comment réagir, ni quoi dire. Après tout, même elle ignorait la raison de sa présence. Bien sûr il y avait eu des bruits chez elle. Mais ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Dans tous les cas, elle se retrouvait face à un Nash plus que surpris. Dans un premier temps, Lavinia crut lire la déception dans son regard. Et elle se gifla mentalement. Evidemment qu'il devait attendre quelqu'un d'autre derrière sa porte. Et puis rapidement le garçon s'était détendu. Cela faisait même un bon bout de temps qu'il n'avait pas semblé si apaisé. Dans tous les cas, il l'était beaucoup plus que la fois où il s'était rendu chez elle afin de chercher de quoi nourrir toute sa fratrie. Lorsqu'elle lui expliqua qu'elle avait eu peur toute seule, il avait eu un petit sourire, moqueur ou amusé, elle n'aurait su le dire, mais il avait souri. Et puis il y avait eu un léger rire qui lui avait échappé. L'espace de quelques secondes, cela avait réchauffé le cœur de la mère de famille. Ca avait été suffisant, suffisant pour lui mettre du baume au cœur, suffisant pour lui donner l'envie de rentrer chez elle s'allonger. Alors qu'elle s'apprêtait à redescendre les escaliers elle entendit : « Attends, c'est rien. » Et alors qu'elle allait tourner le visage dans la direction du jeune homme elle sentit les doigts de Nash attraper les siens. Sans comprendre, son cœur loupa un battement. Ce genre de gestes anodins était devenu rare ces derniers temps. Personne ne prenait la peine de la retenir, parce que personne n'était à ses côtés ou ne lui tenait compagnie. « Après tout si t'es venue jusqu'ici c'est que t'avais une bonne raison, puis ça tombe bien, y'a personne ici non plus. » Elle planta son regard dans le sien et hésita quelques secondes. La Popescu ne savait plus ce qu'elle devait faire. Elle hésitait entre l'envie de retourner chez elle et le laisser en paix, ou bien l'envie de passer un peu plus de temps chez lui. Les doigts du jeune homme se resserrèrent autour des siens comme pour l'encourager à le suivre, mais plus que ce geste, c'est le regard légèrement amer du garçon qui la frappa. Lui aussi était seul, et lui aussi cette solitude le pesait. Elle le savait, parce qu'au fond ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre. Lavinia sacrifiait sa vie pour son mari et ses enfants, tout comme Nash sacrifiait sa vie pour sa sœur et ses frères. Et ce soir, lui comme elle, se retrouvaient seuls. « Allez, reste pas là, je vais pas te manger. » Un rire chaleureux s'échappa de la gorge de Lavinia tandis qu'elle levait les yeux au ciel. Elle se sentit tirer en avant et ne montra aucune résistance. Après tout, pourquoi n'irait-elle pas chez Nash ? Elle pouvait très bien passer un peu de temps en sa compagnie avant de rentrer chez elle. Personne ne se rendrait compte de son absence puisque personne n'était présent. Une fois entrée chez son hôte, Lavinia observa brièvement autour d'elle. Elle retira son manteau qu'elle posa sur une chaise et Nash lui indiqua le canapé sur lequel elle s'installa. Elle posa sagement les mains sur ses genoux tout en regardant ce qui l'entourait. Les Caldwell n'avaient pas beaucoup de moyens, elle le savait et cela se voyait, mais un sourire fier apparut sur les lèvres de la jeune femme. Ils n'avaient pas de moyens, pourtant Nash avait tout fait pour mettre à l'aise sa famille, pour les aider du mieux qu'il pouvait. Elle se fichait d'être installée dans un salon dépourvu de tout luxe, elle était juste ravie de passer un peu de temps avec le jeune Caldwell. Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, Nash revint avec deux verres. Lavinia ouvrit la bouche quelques instants, et après avoir hésité, elle se tut. Devait-elle boire à nouveau ? Les deux verres de vin qu'elle avait bus un peu plus tôt ne lui avaient pas franchement réussi, et elle se doutait que boire un peu plus n'était sans doute pas la meilleure idée qui soit. Après quelques secondes de réflexion, elle choisit de ne rien dire. Elle débarquait déjà à l'improviste chez lui, la moindre des choses était d'accepter son verre. Elle n'en boirait qu'un et prendrait tout son temps pour le boire. Tout se passerait bien. Nash s'installa à ses côtés et tandis qu'il leur servait à boire, il lui demanda : « Comment ça se fait que la tribu Popescu entière aie déserté la maison ? » Un soupire échappa à Lavinia sans même qu'elle n'eut le temps de le voir venir. Elle haussa les épaules sans savoir vraiment quoi répondre puis prit le verre que Nash lui tendait. « Merci. » murmura-t-elle. Comme pour se donner du courage, elle but une gorgée, et reporta son attention sur le garçon. Elle passa une main dans sa nuque et répondit : « Oh tu sais, plus de la moitié de la tribu ne vit déjà plus à la maison donc... » Donc c'était normal qu'ils ne soient pas là pour elle. Ils ne l'étaient plus depuis un bon moment déjà. L'alcool embuait quelque peu ses pensées, parce que la vérité c'était que ses enfants avaient fui leur père principalement. Mais ils continuaient de lui rendre visite à elle, ou alors c'était elle qui allait les voir. Ils ne l'avaient pas totalement abandonnée. Elle poursuivit néanmoins : « Anca n'est pas là pour je ne sais quelle raison, Tereza doit être en train de dormir en plein air sur un toit, et Ioan doit s'être perdu dans la ville. » Un rire lui échappa une nouvelle fois. Elle se doutait que son fils n'était pas perdu, simplement qu'il n'avait pas envie de rentrer dans la demeure familiale. Soudain elle se rendit compte qu'elle avait oublié de parler de son mari : « Et Lucian... Travaille. Toute la nuit. » Le ton était empli de reproches, et elle détourna le regard quelques instants. Il ne travaillait pas, il était parti combattre. Il faisait encore l'un de ses combats illégaux, et il risquait encore de finir sa nuit dans les bras d'une autre. Mais ça Lavinia ne pouvait pas l'admettre à Nash. Si elle se sentait assez libre de ses propos avec le jeune homme, il y avait des choses qu'elle ne pouvait décemment pas admettre. Il en allait de sa fierté. Elle but une seconde gorgée et lui demanda : « Et toi, où sont Nora et Tic et Tac ? » Elle lui fit un petit sourire. Mais devant la mine quelque peu déconfite du garçon, elle posa avec délicatesse une main sur son avant-bras et ajouta : « Tu sais on n'est pas obligé de parler de ça. » Et son sourire s'élargit. Lavinia n'avait pas envie ce soir de ressasser toutes les choses qui les rendaient triste lui et elle. Leur quotidien était déjà assez douloureux comme cela, il n'était peut-être pas nécessaire de continuer à en parler. Inlassablement elle observait les traits du jeune homme, cherchant à sonder son âme, cherchant à sonder ses pensées. Etait-il vraiment ravi de sa présence ici, ou culpabilisait-il à l'idée de la renvoyer chez elle terrifiée ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Mais mentalement, elle se promit de ne pas s'éterniser trop longtemps. « Au fait, tu n'attendais pas un ami ? » Cela venait de la frapper. Nash était jeune, et si à cette heure-là habituellement Lavinia dormait depuis longtemps, elle savait que la jeunesse, elle, se réveillait seulement. Et sur un ton taquin elle ajouta : « Ou une conquête d'ailleurs ! » Et un nouveau rire lui échappa. Elle n'avait jamais ri autant, ou en tout cas, cela remontait à tellement loin qu'elle ne s'en souvenait plus. Elle ne pouvait dire si c'était la présence de Nash à ses côtés qui la rendait si légère ou si c'était l'alcool qu'elle avait bu qui la rendait soudainement joyeuse. Sans doute était-ce les deux... Sans doute était-ce le jeune homme. Oui, sans doute. |
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sans panash ▹ posts envoyés : 2848 ▹ points : 1 ▹ pseudo : anarchy. ▹ crédits : av. morphine, profil we <3 ▹ avatar : billy huxley.
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| Sujet: Re: I don't want to be alone - Nash. Mer 24 Mai - 12:05 | |
| c'est mieux. loin de la solitude angoissante, de ce silence pesant. c'est mieux. imprévu providentielle qui bouscule le perpétuel cycle de l'abandon. si l'alcool libère parfois l'esprit de ce qu'il a de plus sombre, le coeur des douleurs tenaces, il se révèle aussi être le plus fourbe des amis. placébo qui enveloppe généreusement tant qu'on lui accorde fidélité, il délaisse aussi brutalement lorsque l'on s'en détourne. il laisse encore plus creux, il laisse encore plus vide quand le flirt s'achève. pour un interlude salvateur, il fait renaître tous les possibles, redonne tous les espoirs. puis, dans un tour de passe passe, il disparaît comme si de rien n'était. ce soir, il aurait rendu ce supplice juste à peine plus supportable. il aurait bercé tes angoisses pour les apaiser, il aurait englouti ton malheur jusqu'à faire croire qu'il n'en restait plus rien. et demain ? demain, il aurait fini par s'évaporer pour ne plus laisser qu'un goût amer au réveil. sa magie envolée, il ne serait resté que souffrance et regrets, voire un soupçon de culpabilité. mais, rien n'aurait changé. tout serait resté tel quel jusqu'à ce que tu recommences à t'immerger. cercle vicieux qui apaise fugacement pour détruire encore longtemps. un océan de tromperies léchant une insubmersible plage d'ennuis. mais, dans cette mer épaisse et sombre, lavinia se dresse comme un phare guidant le naufragé vers ce qu'il avait oublié d'espérer. réconfort délicat qui vient envelopper ton naufrage d'une aura salutaire. comme si de l'autre côté de la rue, elle avait perçu le craquement sinistre de ton myocarde agonisant. alors, cette main tu t'y raccroches comme à ta dernière chance. la dernière qui t'empêcherait de plonger jusqu'à ne plus savoir comment remonter à la surface. et, même si tu l'observes déjà de sous les eaux, même si tu l'entends vaguement déjà de l'autre côté des flots, gardé sous l'écume enivrante de ton plus vieil ami, tu sais qu'elle est bien là. tu sais que ce n'est pas un mirage insaisissable maintenant que tu la tiens entre tes doigts. elle est la lueur du bout de la nuit dont tu ne saurais te détourner, au cas où de nouveau tout s'effondrerait. Merci. clairon timide et nerveux qui se fait entendre avant la réponse à cette question que tu as posée. dans son soupire, elle laisse s'échapper ce brin de tristesse qui ne lui va pas au teint. Oh tu sais, plus de la moitié de la tribu ne vit déjà plus à la maison donc… donc l'absence se devait d'être une fatalité. l'inévitable conséquence d'avoir vu ses enfants quitter le nid. cette même fatalité qui te hante tous les jours lorsque ta fratrie ne rentre pas. parce qu'il arrivera ce jour où plus aucun de rentrera. ce jour triste où vos routes se sépareront malgré toutes ces années partagées. il arrivera ce jour où, ils finiront par ne plus retenir que tes reproches. ceux-là même qui leur répètent inlassablement que ta vie serait bien mieux sans eux autour de toi. ceux-là même qui mentent pour ne pas laisser s'échapper la triste vérité qui est tout autre. parce que sans eux, rien ne serait forcément mieux. parce que sans eux, tous les jours ressembleraient à ce soir. parce que sans eux, toi aussi tu finirais par errer comme elle en quête d'une main tendue prête à te sauver. Anca n'est pas là pour je ne sais quelle raison, Tereza doit être en train de dormir en plein air sur un toit, et Ioan doit s'être perdu dans la ville. un vague sourire s'esquisse sur tes lèvres lorsqu'elle se met à rire. en y réfléchissant bien, ta propre fratrie a dû se disperser de la même manière s'ils n'ont pas fini échoués ensemble dans le même coin. à courir après la liberté pendant que vous vous enlisez éternellement dans vos habitudes en attendant. le temps passe sur vous sans vous voir mais, il a tout de même oublié de vous épargner. Et Lucian... Travaille. Toute la nuit. et finalement, ce que tu pourrais lui envier de coutume, ce soir n'a rien d'attirant. si d'ordinaire elle peut se pâmer d'avoir un mari pour l'accompagner jours et nuits, ce soir il n'est pas là où il aurait dû être. ce soir, elle est comme toi, aussi seule et abandonnée de tous. ni amour pour combler, ni jeunesse pour oublier. ouais, je vois… soupire las qui s'en va mourir au fond de ton verre que tu fais tanguer entre tes doigts. tu vois que malgré tous vos sacrifices, lorsque tous les gens pour qui vous seriez capables de retourner la terre s'en vont, il ne vous reste plus rien. ni reconnaissance, ni remerciements. tu vois aussi qu'à trop donner, on finit par tout perdre. tu vois surtout, qu'il en va de ces choses qui ne changeront jamais. que le sort de ce soir, demeurera inchangé. à quoi bon pleurer sur celui-ci ? eux ne pleurent pas pour vous, après tout. alors tu souffles légèrement pour chasser cette idée en délestant ton verre d'une nouvelle gorgée pour t'encourager à ne plus y penser. Et toi, où sont Nora et Tic et Tac ? fameuse question que tu t'es longtemps posée. trop posée, même. elle passe sur toi en arrachant ce semblant de sérénité que tu t'appliquais tant à retrouver, resserrant mâchoire et crispant les traits même lorsque cette main douce se pose sur toi. c'est triste de n'avoir pas une once de réponse à lui donner. Tu sais on n'est pas obligé de parler de ça. la vérité, c'est que tu n'en sais rien. tu pourrais disserter des heures sur l'endroit où ils ont échoué ce soir, tu n'en approcherais jamais la vérité. ils viennent, ils partent. ombres galopantes qui n'ont de présence que dans leurs éclats de rires ou leurs souffles endormis. oiseaux insaisissables qui ne se laisseront jamais saisir, à supposer que tu le veuilles vraiment. mais, cette liberté qu'ils revendiquent, tu y tiens tout autant. chez vous, c'est comme ça. chacun rentre et s'en va comme il le souhaite. ce qui diffère ce soir, c'est que nora s'en est allée à cause de toi. c'est que nora a laissé supposé qu'elle ne reviendrait pas. jamais. hormis pour détruire le peu qu'il te reste. hormis pour t'arracher le peu que tu as si longtemps conservé. ce qui change de toutes les autres fois, c'est qu'il semble ne plus rien rester pour vous maintenir ensemble comme il en a toujours été. c'est juste que… ça changerait rien d'en parler. rien. strictement rien. les mots ne s'effacent pas. la colère ne disparait pas. les regrets ne s'envolent pas. la parole ne pardonne pas. et, même si cette question aurait pu te permettre d'exorciser tous les démons qui te rongent, tu préfères la laisser en suspend. tu préfères te muer derrière ton silence. tu préfères te refermer derrière ton armure d'insensibilité. tu préfères délaisser tout ce qu'il y a de mauvais pour ne pas gâter cet instant de cette triste réalité qui ne changera probablement jamais. au lieu de quoi, c'est plus facile de consumer tes remords dans le feu d'une cigarette que tu t'empresses de cueillir au fond de ta poche pour sceller ta bouche aux mille et un reproches. Au fait, tu n'attendais pas un ami ? un instant, tu restes perplexe, sourcil haussé, le regard inquisiteur quant au fin fond de sa pensée. Ou une conquête d'ailleurs ! et, soudain, tu te souviens de la déception éprouvée en découvrant que ce n'était qu'elle derrière la porte. tu te souviens de cette émotion lâche qui aurait voulu voir une toute autre personne à sa place. et, si tu t'étouffes négligemment comme un novice sous le poids de ses derniers mots, c'est parce que tu ne sais même pas quoi lui répondre sans trop en dire. ton verre claque contre la table alors que tu le reposes comme si son contenu se trouvait être du contré de vitriol. euh… que tu hésites la voix enrouée par la surprise. faussement étonné qu'elle pose la question, tu te soustraits à son attention pour t'octroyer un semblant de répit en te dirigeant vers la fenêtre pour l'ouvrir avant de saturer l'air de tes bouffées nocives. admettre que tu n'attendais nulle autre que ta propre soeur, ce serait soulever d'autres questions que tu préfères éviter. ce serait aussi admettre que sans tes efforts imodérer pour tout détruire autour de toi, rien de tout ça ne serait arrivé. et, pour l'heure, tu n'es pas encore prêt à le confesser. non non, personne. c'est balbutié nerveusement alors que tu reviens t'asseoir sans même oser la regarder. personne d'autre que nora. en même temps, qui pourrait encore prétendre à vouloir s'abîmer l'existence à côté de toi ? pas d'ami, pas de conquête, juste moi. un énième soupire qui s'échappe dans les volutes blanches de ton souffle nicotiné. les yeux dans le vague, tu repasses mentalement tous ceux qui comme nora ont fini par déserter. tous ceux qui comme nora aurait pu débouler ce soir pour te sauver. de ces amis perdus sans aucun mots. de ces amours envolés sans la moindre chance de s'excuser. c'est ainsi qu'ils disparaissent tous sans jamais se retourner. c'est ainsi qu'ils te laissent tous avec seulement des millions de questions sans réponses pour t'obséder. pourtant, tu le sais. les causes sont telles que tu n'as jamais été capable de tous les garder au-près de toi comme il aurait fallu. enfin, ça n'a plus d'importance maintenant. comme frappé par un éclair de lucidité, tu finis par te redresser pour récupérer ton verre et rincer ta bouche de ces désaveux foireux. du coin de l'oeil, tu la dévisages pour trouver l'inspiration nouvelle pour changer de sujet mais, malgré ce faible sourire qui éclos, tu ne trouves rien. rien qui ne supposerait pas de retrouver la route de ces sujets délicats qui chagrinent quand ils n'attisent pas de fourbe colère. rien qui vaille la peine de lui faire perdre son temps alors qu'elle trouverait sans doute mieux à faire en retournant chez elle. rien qui ne pourrait la décider à rester encore un peu pour soulager ton désarroi de te retrouver seul à nouveau. et, imperceptiblement, le silence retombe comme un voile au-dessus de vous. serein mais, lourd. trop lourd. un peu plus écrasant sous le poids de l'ivresse qui se métamorphose au grès des gorgées qui finissent par assécher ton verre. dans cet interlude, pourtant, ton esprit s'éclairci pour dérouler le fil de tes pensées. au milieu de ce noeud infini se superpose les raisons de son arrivée. cette peur abstraite qui l'a conduite jusqu'ici sans se poser la moindre question. c'est marrant finalement, sans ce bruit, on serait resté chacun de notre côté à s'noyer dans notre solitude sans se douter que de l'autre côté de la rue… ta phrase reste en suspend, accrochée par ce rire un peu idiot que tu laisses s'échapper sous couvert d'un esprit trop embrumé. c'est malheureux comme tu oublies trop souvent d'être triste uniquement quand tu as trop bu. bref, ça aurait été con. que tu reprends en balayant de la main cette ironique éventualité avant de décharger une énième lampée de whisky dans le fond de ton verre. alors, je crois qu'on peut trinquer à la peur, non ? c'est con, à l'image même de celui que tu peux être quand les litres défigurent ta morosité pour dérider ton sourire. à l'image même de ce gamin insouciant que tu redeviens un peu trop facilement quand elle se trouve dans les parages. comme si, sa présence n'avait d'autre résultat que d'assagir le plus brut des coeurs. comme si, à ses côtés, tous le reste n'avait plus vraiment de raison d'exister. comme si, finalement, en la laissant entrer ce soir, tu t'étais laissé la possibilité de voir les choses autrement. mais, dans le fond, tu le sais. la question ne se pose plus. c'est bien pour ça que tu ne voulais pas la voir repartir. pour frôler d'un peu plus près, un peu plus longtemps, ce doux cocon de simplicité qui la suivra toujours indéfiniment. alors, intérieurement, ce n'est pas pour la peur que tu lèves ton verre mais, seulement pour elle. pour ces longues années, aussi, qui malgré le fait qu'elles vous aient longtemps séparés, curieusement, ce soir, vous lient plus que jamais dans la solitude qui les accompagne.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: I don't want to be alone - Nash. Ven 9 Juin - 23:06 | |
| Plus elle l'observe, plus elle se dit qu'ils ne sont pas si différents l'un de l'autre. Plus elle le regarde, plus elle a l'impression de se voir en lui. Il est là, face à elle, cherchant à sauver les apparences. Il est là, devant elle, tentant de cacher son trouble. Mais elle a compris Lavinia, elle a compris à quel point il se sent seul lui aussi, à quel point le silence qui l'entoure commence à être trop dur à supporter, comment cet appartement vide devient trop dur à affronter. Elle le sait. Alors lorsqu'elle lui explique les raisons pour lesquelles elle s'est retrouvée seule dans sa maison, elle voit dans son regard comme dans un miroir. Parce que s'il se tait et ne dit rien, elle sait qu'il vit la même chose. Elle comprend que personne n'est rentré et que personne ne rentrera ce soir. Et sans doute est-ce l'une des raisons pour lesquelles la mère de famille se confie aussi facilement et librement à Nash plus qu'à quiconque, sans doute est-ce parce qu'il vit la même chose de l'autre côté de la rue. Et puis il y a son regard qui ne juge pas, qui écoute et qui comprend. Elle sait qu'elle n'est pas parfaite, que cette situation, même si elle ne l'a pas voulue, elle ne l'a pas empêchée. Elle aurait pu dire non, elle aurait pu dire stop, elle aurait pu se lever et protester, elle aurait pu exiger une autre vie, elle aurait pu les obliger à l'écouter. Oui, elle aurait pu, mais elle n'a jamais rien fait. Là où Lavinia a choisi le silence et la résignation, Nash, lui, a choisi les mots et la colère. Et où en étaient-ils tous les deux ? Nulle part. Ils n'avaient rien obtenu si ce n'est un silence qu'ils ne désiraient pas, une absence qu'ils haïssaient. Elle ignore depuis combien de temps il est seul chez lui. Elle ne sait pas si c'est temporaire ou si c'est définitif, et lorsqu'elle se rend compte de cela, elle se mord doucement la langue. Parce qu'elle n'a pas à se plaindre. Son mari rentrera, il rentre toujours. Peut-être est-il absent ce soir, mais Lucian n'est jamais loin bien longtemps. Il est la bouée à laquelle elle se raccroche. A moins qu'il ne soit celui qui la fasse couler un peu plus chaque jour ? Elle l'ignore. Paradoxale situation qui l'empêche d'avoir les idées claires. Et puis, il y a ce verre de vin qu'elle porte à ses lèvres sans même plus s'en rendre compte. Elle qui s'était jurée de n'en boire qu'un seul, se retrouve à le vider plus vite qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Le liquide lui réchauffe le corps et le cœur, mais embrume ses pensées qu'elle parvient difficilement à mettre en ordre. Alors elle plonge son regard dans celui du garçon, comme si les réponses qu'elle cherche s'y trouvent, comme s'il suffisait pour elle de le regarder pour savoir quoi dire ou quoi penser. C'est absurde bien sûr, mais sur le moment, c'est ce qui lui semble le plus logique et pertinent à faire. « Ouais, je vois. » Elle hausse les épaules avec un petit sourire face à cette fatalité. Oui il voyait, et c'était bien cela le problème. La vie de Lavinia était déjà bien entamée pour ne pas dire presque terminée. Sa jeunesse avait fané, elle avait un mari, des enfants, ce n'était pas un drame si elle se retrouvait dans cette situation. Mais Nash lui... Lui, il avait encore toute sa vie devant lui, encore tellement de choses à découvrir et à accomplir. Il ne pouvait pas se résoudre à baisser les bras et à attendre que le temps passe. Il ne pouvait pas faire comme elle. Il était plus fort, plus déterminé,plus ambitieux. Il ne devait pas se laisser abattre, et surtout, il ne devait pas accepter cette situation, parce qu'elle n'avait rien de normale. Elle a envie de lui poser mille et une questions, elle veut savoir ce qui le tracasse, elle veut savoir pourquoi les autres Caldwell ne sont pas là, pourquoi il se retrouve coincé avec elle à boire un verre. Elle veut comprendre ce qu'il s'est passé, pour pouvoir l'aider, ou au moins pour qu'il puisse se libérer de ce poids beaucoup trop lourd à porter pour lui. Mais elle tient sa langue, parce qu'elle sait que si elle le brusque, il ne dira rien. Et puis le couperet s'abat : « c'est juste que… ça changerait rien d'en parler. » Lavinia baisse les yeux quelques secondes, elle hésite et puis finalement elle s'abstient de tout commentaire. Elle sait qu'il ne dira rien, elle sait que la conversation est clause et que cela ne sert strictement à rien d'insister. Il n'a pas envie d'en discuter, il n'a pas envie de se livrer. Elle ignore si c'est à cause d'elle, ou s'il se referme avec toute personne lui posant ce genre de questions, mais elle comprend qu'il n'ait pas envie de se livrer, alors elle se contente de caresser avec tendresse son avant bras et d'acquiescer. Très bien, ils n'en parleront pas. Quand il sort sa cigarette, la mère retire sa main de son avant bras et l'observe. Il est beau Nash, mais qu'est-ce qu'il est torturé. Cela se lit dans son regard, cela se lit sur les traits de son visage tiré. Elle se maudit d'avoir parlé de Nora et de ses frères, parce que dès qu'elle l'a fait, il s'est refermé. Il s'est crispé, et le Nash détendu qu'elle avait découvert dans le couloir s'était transformé en un garçon soucieux. Alors elle a essayé de détendre l'atmosphère, elle a essayé de le faire sourire en parlant d'ami ou de conquête mais encore une fois, elle a visé à côté. Il s'est étouffé avec sa cigarette face aux questions de la Popescu, elle, de son côté, avait ri doucement avant d'ajouter : « Je ne pensais pas que parler de femme, te ferait cet effet. » avant de lui adresser un petit sourire. Elle a l'impression d'échouer quoi qu'elle lui dise, elle a l'impression que dès qu'elle ouvre la bouche, c'est pour mettre les pieds dans le plat, qu'importe le sujet qu'elle abordera, elle ne cessera de rouvrir les plaies béantes du garçons. Elle s'en veut. Un peu. Terriblement en réalité. Et lorsqu'il se lève, son cœur manque un battement. Parce qu'elle ne sait pas ce qu'il va faire, elle craint qu'il lui demande de partir. Et si elle n'a pas l'intention de s'éterniser, elle ne veut pas quitter les lieux sur une mauvaise parole, elle ne veut pas partir tout en sachant qu'il va mal. Elle s'apprête à se lever, pour le retenir, pour dire quelque chose, mais rapidement, elle se rend compte qu'il va simplement ouvrir la fenêtre. Pour aérer la pièce, et sans doute pour reprendre contenance. Un petit soupire de soulagement lui échappe tandis qu'elle l'observe s'installer à nouveau à ses côtés. « Non, non, personne. Pas d'ami, pas de conquête, juste moi. » Elle ne sait pas quoi penser la Popescu. Elle ne sait pas s'il fait face à la fatalité, ou si cette solitude il l'a désirée. Elle ne sait pas quoi lui dire de peur de le blesser un peu plus, de peur de le gêner un peu plus. Elle voudrait lui dire que ce n'est pas grave, que cela ne durera pas, et qu'ils finiront tous par revenir. Mais qui est-elle pour lui promettre ce genre de choses ? Qui est-elle pour tenter de lui faire croire que la solitude ne tue pas à petit feu. Cela serait vain de tenter quoi que ce soit sur ce sujet. Parce que Nash la connaît trop pour savoir qu'elle ment, parce que Nash connaît trop sa vie pour pouvoir lui crier au visage qu'elle se voile la face à qu'elle ment. « Enfin, ça n'a plus d'importance maintenant. » Elle se fige quelques instants, parce qu'elle ne comprend pas ce qu'il veut dire. Elle a beau réfléchir, elle ne sait pas si cela signifie qu'avec sa présence chez lui elle l'empêche de voir un quelconque ami ou une quelconque conquête. Elle ne sait pas si au contraire, il est content de sa présence et se fiche que les autres soient absents. Elle se passe nerveusement une main sur le front, cherchant à rassembler ses idées, mais rien n'y fait. Alors elle lève les yeux et croise une nouvelle fois son regard. En quelques secondes elle se sent apaisée. Non bien sûr que sa présence ne le dérange pas, si cela avait été le cas, il ne l'aurait pas invitée à entrer. Si cela avait été le cas, il n'aurait pas hésité à lui demander de partir. Nash était assez franc avec elle pour lui dire ce qu'il voulait ou non. Alors la brune lui répondit : « Tu sais, je suis contente qu'il n'y ait que toi. » Et elle lui adressa un tendre sourire. Parce que s'il n'avait pas été seul, elle ne serait jamais restée. Parce que s'il avait été occupé, elle serait repartie aussi vite qu'elle était arrivée. Alors oui, sans doute était-ce égoïste de sa part, mais sur l'instant, la mère s'en fichait. Elle but une nouvelle gorgée de son verre, ne se rendant même pas compte que le silence s'était installé entre eux deux. Elle qui avait du mal ces derniers temps avec l'absence de bruit, ne semblait pas dérangée ce soir par ce voile de non dits qui flottait au-dessus d'eux. Peut-être parce qu'ils n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre, peut-être parce qu'il suffisait qu'ils soient juste assis côte-à-côte pour que la femme se sente bien. Elle boit une longue gorgée de vin lorsqu'elle est tirée de ses pensées par la voix de Nash qui retentit à nouveau. « C'est marrant finalement, sans ce bruit, on serait resté chacun de notre côté à s'noyer dans notre solitude sans se douter que de l'autre côté de la rue… » Elle tourne la tête et le regarde rire. Elle fait mine d'être vexée quelques secondes avant de rire à son tour. Il a raison, sans ce bruit, jamais elle n'aurait traversé la rue. Mais y a-t-il réellement eu un bruit ? Elle l'ignore. Elle ne peut l'affirmer avec certitude. Est-ce le fruit de son imagination qui lui a tendu un piège ? Est-ce son inconscient qui cherchait une raison pour qu'elle puisse se rendre chez les Caldwell ? Elle ne croit pas, mais si elle doit être honnête, elle ne peut affirmer le contraire. « Bref, ça aurait été con. » Et Lavinia sourit de plus belle. Oui, ça aurait été con. Amusée, elle a envie de lui dire que l'alcool qu'elle a bu avant de venir a peut-être aidé à cette rencontre, mais elle ne peut décemment admettre qu'elle a bu seule chez elle. A cette pensée, elle boit à nouveau et finit son verre, c'est à cette instant que Nash plante son regard dans le sien pour lui dire : « alors, je crois qu'on peut trinquer à la peur, non ? » Elle le regarde de longues secondes avant de réagir, incapable de détacher son regard du sien, incapable de prononcer le moindre mot. Alors, calmement, elle essaie de remettre ses idées en ordre. Elle se racle doucement la gorge, et murmure : « Alors, premièrement... Mon verre est vide, et c'est une honte de trinquer avec un verre vide. Je suis même certaine que ça porte malheur... » Et elle rit de bon cœur Lavinia. Parce qu'elle a oublié la politesse et qu'habituellement elle n'aurait jamais réclamé qu'on lui serve quoi que ce soit. Parce qu'elle a oublié sa promesse de ne boire qu'un seul verre. Elle pose délicatement son verre sur la table, attendant bien sagement que Nash lui en serve un autre, et une fois que cela est fait, elle ajoute : « Et deuxièmement... » et liant le geste à la parole, elle lui donne un petit coup de poing sur l'épaule : « Arrête de te moquer de moi ! Je te jure qu'il y a eu un bruit effrayant ! » Elle fait mine de bouder, mais ne peut garder cet état d'esprit que l'espace d'une micro seconde. Et c'est son rire qui reprend de plus belle. Elle se sent légère Lavinia, elle se sent heureuse Lavinia. C'est comme si toute sa peine s'étaient envolée, c'est comme si sa jeunesse lui était rendue et qu'à nouveau elle savourait chaque instant que la vie avait à lui proposer. Elle sourit, prend son verre, et le tend en direction de Nash. « On va trinquer à cette soirée ensemble plutôt. » Et elle cogne son verre contre celui du garçon. Pourquoi se cacher derrière des prétextes ? Pourquoi se cacher derrière des mots ? Elle comme lui, ils savaient qu'ils étaient reconnaissants l'un envers l'autre d'avoir bousculer et briser leur solitude. La mère de famille boit une longue gorgée. Elle sent qu'elle ne contrôle plus vraiment son corps, ses pensées et ses gestes, mais elle se sent terriblement bien. Elle regarde Nash, et une idée la frappe. Elle se rapproche de lui, sans décrocher son regard du sien, et lentement une de ses mains se pose sur la cuisse du garçon. Elle se mord doucement la lèvre tandis que sa main remonte... Elle la glisse dans la poche du jeune homme et en retire son paquet de cigarettes avant de se reculer dans un grand éclat de rire. Elle sort un tube blanc qu'elle regarde sous tous les angles avant de murmurer plus pour elle-même que pour Nash : « Depuis le temps que j'ai envie d'essayer... » Elle le regarde, sourit, glisse la cigarette aux creux de ses lèvres, et se lève. Elle prend son verre, se dirige vers la fenêtre et allume le tube nocif. Elle aspire lentement, et recrache instantanément la fumée. Elle sait qu'elle a l'air ridicule, mais elle s'en fiche. Alors que son regard observe l'extérieur de l'appartement, elle dit à l'intention du jeune homme : « Tu te rends compte... Je n'ai jamais fumé une seule cigarette de ma vie. Lucian ne... » ne l'autorise pas. Mais elle se tait, elle boit une gorgée, et une nouvelle fois tire une latte. Plus forte cette fois-ci, cela lui arrache même une petite quinte de toux. Elle se sent déstabilisée, et la tête lui tourne, maladroitement, elle se tient au mur, et tout en riant doucement, demande au garçon : « Mais y a quoi là-dedans ?! ». Elle tourne son visage dans sa direction et lui offre le sourire le plus sincère qu'elle n'a plus fait depuis bien longtemps. L'alcool lui a monté à la tête, et ses pensées ne sont plus aussi claires qu'elles l'étaient au début de la soirée, mais Lavinia se fiche bien de l'image qu'elle renvoie. Nash peut se moquer d'elle, peut la trouver ridicule, et pathétique, elle s'en soucierait le lendemain, pour le moment, elle profite de chaque instant. De chaque instant de liberté. De chaque instant aux côtés du jeune Caldwell. |
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| Sujet: Re: I don't want to be alone - Nash. | |
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| | | | I don't want to be alone - Nash. | |
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