Dans cette vie féroce et violente, Nadja se perd. Nadja se noie. Elle se noie, et pour survivre, pour continuer à respirer et à ne pas étouffer sous le poids qu’on lui incombe, Nadja a besoin de douceur. D’un ailleurs. D’autre chose. D’un petit peu d’évasion, rien qu’une fois. Pas pour très longtemps, avant de retourner à la triste réalité qui fait sa vie. Alors Nadja, quand elle est comme ça, quand elle sent la chaleur de la maison quitter son coeur, quand la mélancolie et la morosité s’installent sur son visage de porcelaine, Nadja vient chercher le réconfort partout où on le lui offre. D’ordinaire, c’est elle qui offre ce trésor, au creux des mains avides d’un corps à posséder, d’un corps à combler, sans doute pour y oublier le vide intersidéral que compose leur existence. Ce soir, les positions sont inversées. C’est Nadja, vidée, brisée, qui la chaleur d’un corps, d’une âme, mais peut-être pas comme elle a elle-même l’habitude de donner la sienne. Et dans ces états-là, Nadja erre, mais Nadja sait où aller, sait vers qui se tourner. La fraîcheur de la fin d’après-midi se fait ressentir sur sa peau d’albâtre alors qu’elle se rend, le grand manteau enfermant sa silhouette frêle, au Troisième Oeil. Si elle espère peut-être y trouver Caïn et sa force stoïque, c’est plutôt l’âme fragile de la biche qu’elle vient chercher. Elle la sait toujours errante, quelque part dans les recoins sombres de l’endroit. Et elle sait, qu’avec son sourire brisé et la douceur de son regard, Nadja y trouvera la chaleur qu’elle cherche désespérément. Alors quand elle pénètre dans l’antre sombre et mystérieuse, Nadja est à peine surprise de trouver l’endroit complètement désert. Il n’y a jamais grand monde au Troisième Oeil, et Nadja ne comprend pas vraiment pourquoi. Elle aime s’y retrouver, elle aime regarder Caïn lui tirer les cartes, et elle aime tout autant flâner avec Bambi, qu’elle trouve justement cachée là, au fond de la pièce. C’est à pas de loup qu’elle s’avance, Nadja, effrayée à l’idée de chasser la biche craintive, comme si elle devait, chaque fois qu’elle croisait sa route, l’apprivoiser de nouveau. Bonjour Bambi. voix suave et sourire doux, nadja retrouve déjà cette chaleur qui lui est propre. C’est justement toi que je cherchais. toi, et pas caïn pour une fois. Quelques nouveau pas discrets dans sa direction, et elle parcourt la salle d’un regard intense, à la recherche de quelque chose en particulier. montre-moi ce que tu possèdes de plus joli. qu’il appartienne à la boutique ou bien dans ses effets personnels. ici ou ailleurs, cela lui importe peu. nadja est curieuse, nadja est avide de ce sentiment de beauté qui lui remplit le coeur, quand elle croise le chemin d’un objet qui transcende tout ce qu’elle a pu connaître jusqu’ici. c’est la beauté qu’elle recherche, nadja, celle si brillante et si poignante qu’elle serait prête à s’en damner, rien que pour la posséder un petit instant.