Obsédé. Jusqu'à la moelle, jusqu'au plus profond de son être. Un mal insidieux qui s'est installé dans ses tripes alors qu'il n'avait encore que huit ans. Mais qui aurait pu le prendre au sérieux ce gamin maigrichon, toujours en train de traîner seul ? Du haut de ses dix-sept ans, elle en riait Sophia. Elle lui ébouriffait les cheveux, s'attendrissait quand elle venait le garder certains jours après l'école. Elle lui préparait son goûter, lui faisait faire ses devoirs, et ensuite s'en allait sans un regard en arrière. C'est vrai, qu'est-ce qu'elle aurait fait d'un gamin de neuf ans son cadet ? C'était inenvisageable.

Mais il se l'était promis Lazar, un jour, elle serait à lui. Un jour, il l'aurait. Papa le lui disait souvent après avoir maté sa mère, il s'avançait face à son fils avec un large sourire dégoulinant de fierté, posait ses mains brusques sur les épaules frêles et serrait pour le forcer à lever la tête. « Tu vois fils, si tu veux quelque chose dans la vie, il suffit juste de le saisir. C'est aussi simple que ça. » C'était un homme admirable, son père. Dans le quartier, il était montré du doigt, considéré comme le dernier des salopards. Parce qu'il s'asseyait sur le respect et crachait sur les normes. En attendant, il s'était fait un sacré tas de fric avec sa compagnie de services électriques. Sans avoir fait tant d'études et en sachant la différence entre les fils verts, rouges et bleus, il avait monté son affaire. Alors oui, il avait tous les droits de rabaisser sa femme, d'éduquer sa fille à être une petite femme au foyer. Il faut laisser faire les hommes.

Il a grandi ainsi, le petit Lazar. Le gamin maigrichon et incertain a pris confiance en lui, a travaillé son charisme par la force de l'habitude. Il est allé à l'école, a écrasé ses camarades de son intelligence. Il est allé à l'université. Il est devenu criminologue comme il l'escomptait, a trouvé rapidement un boulot. Tout pour plaire, tout pour réussir. Mais encore bien loin de ce qu'il voulait réellement.

Il en a sauté des femmes, en a séduites à la pelle pour mieux les repousser après. Il avait vingt-deux ans quand enfin, il s'est senti la stature et les épaules pour faire comme son père avait dit. Aller chercher Sophia, la prendre pour lui. Ne jamais plus la lâcher une fois qu'il lui aurait f ait payer son rejet. Obsédé au plus profond de son être par cette femme, sa chevelure ébène, son visage anguleux, ses yeux émeraudes à la lueur si particulière. Il s'était promis qu'il l'aurait et ne l'avait jamais oublié. Ne l'avait jamais oubliée elle, surtout. S'il s'est effacé durant les années, il n'a jamais perdu sa trace. Il savait où elle habitait, avec qui, ce qu'elle faisait de ses journées, quand elle rentrerait. Il l'a joué fine pourtant, a patiemment attendu le déplacement professionnel de celui qui lui servait de compagnon. Celui qui retrouverait sa place volée quand il rentrerait. Ce jour là, elle lui a ouvert sa porte plus poliment que par envie il réalise maintenant. Elle l'a invité à prendre un café. Sur le canapé, il a saisi toutes ses chances, l'a collée contre le dossier pour pouvoir l'embrasser.

La pire désillusion de sa vie. La plus utile des vérités, également. Elle ne l'a pas accepté, l'a fait partir comme le dernier malpropre. Et pendant qu'il regardait la porte claquer à son nez, il a compris ce que son père voulait dire par saisir ce que l'on veut pour soi. À aucun moment, il n'avait été dit que la chose en question ne se débattrait pas. C'était pour ça qu'il insultait Maman, l'humiliait en public, n'avait aucun remords à la frapper parfois. Parce qu'après, elle disait Amen à tout.

Il avait dit qu'il aurait Sophia. Il avait patienté depuis ses huit ans, ce n'était pas un refus de sa part qui le ferait changer d'avis.

Et pourtant... le plus ironique dans l'histoire, c'est qu'elle a fini par s'en sortir. Parce que Lazar s'est perdu en cours de route. À réfléchir, faire mijoter ses envies d'elle et de vengeance, il a perdu la notion du temps. Les années ont passées mais ne l'ont pas délivré de son obsession, bien au contraire. Il a appris de son métier. Il était ce qu'on pouvait qualifier de bourreau du travail, toujours le premier arrivé, souvent le dernier parti. Encore aujourd'hui, si on lui demandait ce qu'il a fait de son existence, il répondrait qu'il a travaillé. Encore et encore, à étudier les pires cas de scènes de crimes, les pires mentalités de criminels. Il y aurait eu de quoi faire des cauchemars si seulement une seconde, il s'était arrêté pour penser au nombre de cadavres, de disparitions, de mutilés. Au nombre de familles brisées. Mais lui... ça faisait travailler son imagination.

Et si Sophia disparaissait, qu'en penseraient son mari, sa fille, ses amis ? Si on la retrouvait démembrée au milieu d'une route, est-ce que des hommes regretteraient de l'avoir connue ? Si Lazar ne pouvait pas l'avoir, il n'y avait pas de raisons que d'autres le puissent. Car la lumière avait fini par se faire, elle ne méritait pas qu'il l'aime. Peu importe le scénario de sortie. Désormais, tout ce à quoi il aspirait, c'était de finir ses jours en ayant ce plaisir d'aller sur une tombe décrépie, rire de cette mort pour rien. Elle l'aurait cherché. Le tout, c'était de ne pas se faire prendre. Une fois qu'il se serait débarrassé d'elle, il pourrait enfin reprendre le cours de son existence. Il n'a jamais eu peur des fantômes.

Mais il y a neuf ans de ça, tous ses plans sont tombés à l'eau. Tous. Peu importe les desseins qu'il pouvait réserver à cette femme tellement obsédante, il y a une chose à laquelle il n'aurait jamais pensé ; se rabattre sur la fille. Ça lui a presque coupé le souffle de la croiser un jour dans le quartier, cheveux au vent, regard ailleurs. Un sosie de sa mère au même âge. Aussi fascinant qu'écoeurant. Ça lui a trotté dans la tête et dans le cœur pendant des journées entières, jusqu'à ce qu'il ait affaire à un couple dont la gamine avait disparue. Il a pas pu s'en détacher de la douleur de cette mère, condamnée à devoir penser qu'elle ne reverrait jamais son enfant. Lazar a prêté un cas tout particulier à ce dossier, l'a rendu fourni, complet.

Il s'en est inspiré et enfin, le plan s'est mis en place. Deux jours plus tard, il demandait sa mutation. Un mois plus tard, il achetait cette maison à Savannah, en Géorgie, à près de quatre heures de route. L'année qui a suivie a été faite de travaux dans cette fameuse maison, d'un déménagement lent mais effectif, et surtout de renseignements pris sur cette fille. Jillian. Il l'a étudiée comme il l'aurait fait avec chaque criminel qu'il croisait jusqu'à posséder un emploi du temps précis de la jeune femme. Mais lui, il les changeait ses habitudes, ne repassait jamais deux fois au même endroit. Il n'a jamais rien écrit de ses attentions ou de ses observations. Pas de traces. Un fantôme.

Les choses se sont déroulées vite et bien. Comme d'habitude, Jillian est sorti de son travail. Comme d'habitude, elle a arrêté de faire attention au monde qui l'entourait le temps de marcher jusqu'à chez elle. Comme d'habitude, elle a coupé par ce parc, a suivi la lueur des lampadaires qui contrastait avec la noirceur de la rue. Des mois que la ville refusait de faire remplacer ces ampoules défaillantes. Alors elle ne s'est pas étonnée la belle de la voiture qui était garée là. Elle a à peine relevé la tête en entendant la portière. Peut-être que si elle l'avait fait, elle aurait vu l'aiguille voler dans la peau gracile de son cou. Poids mort que Lazar a recueilli et bâillonné dans l'intimité de son coffre. Ce soir là, il a pris la route vers sa nouvelle vie.

Il s'en souviendra toujours des premières lueurs de conscience qui ont brillé dans les yeux de Jillian quand elle s'est éveillée. Menottée à même le sol, comme un animal pour qui on n'aurait aucun égard. Elle l'observe, comprend, se débat, hurle. Il sourit juste, à l'autre bout de la pièce, loin de s'inquiéter. Qu'elle se fatigue, personne ne l'entendra. Cave insonorisée, aucune fenêtre. Aucun tuyau où le son pourrait s'échapper. Non, elle est fichue, finie, terminée. C'en est fini de sa vie, tout ce qu'elle a pu connaître. « Si tu ressors d'ici un jour, c'est que tu es morte. Évite de t'étouffer avec tes espoirs. » Il a voulu lui caressera la joue, elle l'a salement mordu. Il n'aurait pas pu être plus souriant que quand il a puni ce geste d'une baffe retentissante, avant de retomber dans la maison. Il l'y a oubliée une journée entière. Vingt-quatre heures durant lesquelles Lazar a été un homme normal, a fait une dernière fois la route jusqu'à Charlotte pour emporter les derniers cartons. La voiture était pleine, le soir précédent. Il est passé dire au revoir à ses abrutis de collègues, a feinté l'émotion. Il a croisé Sophia au poste de police, en partant. Dieu ce qu'il aurait eu envie de lui murmurer ce qui attend sa princesse.

Le lendemain donc, il est enfin redescendu à la cave avec de quoi manger et boire. C'était une épave, qui était affalée au sol. Poignets rougis, yeux explosés. Elle a hurlé, pleuré, insulté. Elle l'a envoyé se faire foutre, il a dit très bien. Elle en a repris pour vingt-quatre heures sans personne, sans lumière, sans nourriture, sans eau. Un risque pris qu'il a manqué de regretter en allant la retrouver. Mais la belle s'est heureusement résignée, a daigné manger, surtout boire. Il a été généreux en doublant les portions. Et il est resté là, à l'observer. À se demander ce qu'il pouvait bien en faire. La tuer. La garder avec lui. Elle ressemblait tellement à sa mère... mais elle, méritait un homme comme lui. L'enfant pourrait l'aimer comme le père qu'il aurait dû être pour elle. Ou comme un amant, un mari. Elle pourrait substituer sa mère.

Il a commencé son travail à la prison. A repris ses marques au milieu de ratés, de meurtriers, de voleurs, de violeurs, de terroristes. Une jolie brochette dont les états psychologiques l'ont dissuadé de se retrouver un jour de ce côté des barreaux. Il n'a suffit que d'un mois de routine pour que la décision soit prise : il ne pouvait pas laisser Jillian vivre. Il fallait se débarrasser d'elle.

On ne peut pas lui reprocher son manque d'honnêteté. Il s'est présenté devant elle le soir venir, visage grave, ton froid. Il le lui a expliqué, qu'il ne pouvait pas la garder. Mais elle pouvait se rassurer, il avait trouvé une alternative au meurtre. Il la détruirait juste, de l'intérieur comme de l'extérieur. En ressortant d'ici, elle ne connaîtrait même plus son nom.

Le cirque aura duré deux ans. Deux interminables années de torture pour elle. Il ne s'en est jamais voulu de lui faire vivre l'enfer. C'était lui ou elle, et il tenait à sa liberté. Alors il en a pris soin. Cela a même été une partie de plaisir d'exploiter à ce point un esprit, un psychisme. Le briser pour mieux le reconstruire. Un plan simple, quand on sait comment s'y prendre. Lazar était de ceux qui savaient. Avec de grandes sourires, de beaux mensonges, il l'a anéantie. Les coups qui se sont abattus sur sa peau, une nouvelle identité hurlée dans ses oreilles jusqu'au plus profond de son cerveau, la solitude et le noir pour la rendre folle. Rendre son existence invivable jusqu'à ce qu'elle aille dans son sens. Une bonne réponse, une récompense. Il aura fallu un an pour voir les premiers résultats de soumission totale. Seulement là, la jeune femme a été autorisée à quitter la cave. Le soir, toujours. Surveillée de près.

Il l'a laissée effectuer les tâches les plus insignifiantes. La cuisine, le ménage, telle une bonne femme au foyer. Une attitude acquise en apparence, mais encore loin de ce qu'il attendait réellement. Il s'en était douté, qu'elle ne lui appartenait pas encore totalement ; et il doit avouer que cela lui convenait plutôt bien. Un soir, après une heure passée autour d'une table, il l'a faite redescendre à la cave malgré ses supplications. Il a ramené un matelas, ensuite. La reconnaissance n'a duré que quelques minutes. Elle pensait pouvoir dormir enfin sur quelque chose de confortable, reposer son pauvre dos. Pas une seconde elle n'aurait pensé qu'elle le ferait écrasée par le poids de son ravisseur obsédé par le besoin de la faire sienne. Elle a hurlé, s'est débattue. L'a incité à agir comme un monstre. Nul doute qu'il lui a fait mal ce jour là, bien plus que toutes les claques ayant pu s'abattre sur ses pommettes roses. Mais lui, il en bandait encore de quitter le sous-sol en la sachant fermement attachée, nue, souillée de son passage. Et loin du matelas, en prime.

C'est bien différent aujourd'hui. Roxane, amoureuse éperdue, bénévole à l'hôpital et dans toutes ces conneries qui peuvent avoir besoin de sa gentillesse. Elle n'a plus aucune résistance, elle lui est acquise. Dressée, encore mieux qu'un chien. Toujours là quand il rentre du travail, toujours le repas de fait. Toujours disposée à lui faire plaisir, même quand l'envie n'y est pas. Incapable de la moindre once de rébellion, même en sachant qu'il la trompe. Le discours en retour est toujours le même ; mariés pour le meilleur et pour le pire. Il n'a plus peur aujourd'hui, qu'elle le dénonce ou que quelqu'un la reconnaisse. Ce n'est pas Jillian. C'est Roxane, cette personne qu'il l'a forcée à devenir. Avec ses faux papiers, ses convictions falsifiées. Et quand il la prend dans leur lit conjugal, c'est aussi Sophia qu'il voit. Ça le fait toujours sourire, redoubler d'ardeur dans l'acte. Il a eu mieux que cette salope. Il a le corps et l'âme de sa fille. Elle s'est mariée de son plein gré à celui qui l'a torturé pendant deux ans, accepte même qu'il lui fasse un enfant. Putain, ce que c'en est beau.

Les années valaient l'attente. Il avait prévenu, il a toujours ce qu'il veut.

bon, en commençant à lire ta fiche j'étais genre "bon, je connais l'histoire, je suis prête" mais en fait non beaucoup trop d'intensité dans cette fiche aussi olalala mais cessez ça j'adore lazar un truc de fou, la psychologie du personnage est trop trop cool et bien construite, bien amenée je trouve donc voilà, j'approuve à 100% j'ai dévoré ta fiche, j'aime vraiment trop votre lien, ça va donner tellement de rps avec pleins de feels partout dlsmkdsml bref, te voilà validée, j'ai hâte de te voir en rp

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tu as réussi la difficile épreuve de la fiche de présentation et nous t'en félicitons tous. tu fais partie maintenant et à jamais de we are broken et tu peux en être fière, tout comme nous (a) tous d'abord, tu iras créer ta fiche de liens pour te faire une tonne d'amis, si cela n'est pas déjà fait. cette partie est obligatoire tout comme tu vas devoir te trouver un métier. tu peux bien entendu passer par la partie détente où tu pourras sans modération, flooder à tout va et te faire une tonne de friends, ouais ouais, c'est top ! ne pas oublier la partie rp, parce que c'est ce qui compte le plus par ici. le principal, c'est que tu t'amuses et que ton séjour parmi nous soit des plus agréable. n'oublie pas aussi de remplir entièrement ton profil sous risque de recevoir un petit mp de notre part te le rappelant. amuse toi bien !