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Invité ☽ ☾
| Sujet: Vade retro satana - Caïn Lun 3 Avr - 1:20 | |
| Bercée par la voix du curé, par les chants religieux qui l'entourent, Lavinia se balance légèrement d'avant en arrière. Les yeux clos, elle se plonge totalement et entièrement dans la messe à laquelle elle assiste. Qu'elle est bien sur son banc, qu'elle est bien dans cette église, qu'elle est bien en train de se recueillir. Ce lieu de culte a toujours été un sanctuaire pour la roumaine. Dès qu'elle va mal, dès qu'elle a besoin d'un conseil, dès qu'elle a besoin d'être apaisée, rassurée, c'est ici qu'elle se rend. C'est ici qu'elle se sent le plus proche de dieu, ici qu'elle se sent le plus en sécurité. Elle ne loupe jamais une cérémonie ou une messe la mère Popescu, parce qu'elle sait que c'est l'endroit où elle doit se trouver. Aujourd'hui ne déroge donc pas à la règle. La mère s'est apprêtée, elle a enfilé une de ses jolies robes couleur beige, elle s'est même un peu maquillé les yeux, quelque chose de discret, presque invisible à l'oeil nu. Lucian n'a pas pu venir avec elle, il n'a pas pu échapper au chantier sur lequel il travaille, mais il l'a accompagnée, mais dans la main. Il lui a déposé un baiser avant de partir et il lui a promis de venir la chercher à la fin de la messe. Lavinia est donc entrée discrètement dans l'église, de peur de déranger, de peur de se faire remarquer, et elle s'est installée sur un banc, pas trop devant, pas trop derrière. Dès que le curé a commencé à parler, elle s'est livrée entièrement à lui, son esprit a instantanément été le sien. Cela fait quelques minutes désormais qu'elle a fermé les yeux et qu'elle écoute religieusement ce qui l'entoure. Cependant, elle ouvre un œil et redresse la tête lorsqu'elle sent quelqu'un s'installer à ses côtés. Ses yeux s'écarquillent, son corps se crispe, elle sent ses muscles se tendre, son cœur palpiter. Elle détourne le regard aussi vite qu'elle l'a posé sur cet inconnu. Elle fixe obstinément le devant de la scène, cherchant à analyser ce qu'elle vient de découvrir. Sans doute a-t-elle rêvé. Sans doute est-ce son imagination qui lui a une nouvelle fois joué un tour. Il n'y a pas d'autres explications. Parce que si ce qu'elle a vu est la réalité, alors toutes les personnes présentes dans cette église courent un grave danger. Elle prend sur elle, parce qu'il est de son devoir de prévenir tout le monde, et elle tourne à nouveau le visage, essayant de se faire la plus discrète possible.
La sentence est irrévocable. Le diable vient d'entrer dans le palais du christ. Sans s'en rendre compte, elle se signe. Pourquoi diantre fallait-il que cet inconnu s'installe à ses côtés ?! Que faisait-il dans ce lieu sacré ? Elle n'en a pas la moindre idée. Ce qu'elle sait par contre, c'est que sa place n'est pas ici. Il est habillé de la tête aux pieds, recouverts d'épais vêtements alors qu'il fait une chaleur étouffante à l'extérieur. Il a même un chapeau qu'il n'a même pas pris la peine d'enlever. Où est son éducation ? Soudain, Lavinia se fige, parce qu'il vient de croiser son regard. Elle déglutit avec difficulté, et sur le ton du reproche, elle pointe du menton son couvre chef et susurre entre ses dents : « Le chapeau ». C'est direct et clair. S'il a décidé de rester à côté d'elle, au moins qu'il se découvre. Pas question d'attirer l'attention ou la foudre sur eux. Elle baisse les yeux et ceux-ci aperçoivent quelques tatouages qui dépassent des morceaux de tissus du garçon, elle en voit partout, sur les poignets, sur les doigts. Une nouvelle fois, c'est plus fort qu'elle, elle prend son chapelet entre ses doigts fins, et commence à l'égrainer. Malheur, elle n'a rien demandé de tout cela. Que Dieu la protège et lui vienne en aide. Elle est sûr d'avoir à ses côtés un drogué, un alcoolique, ou pire encore : un meurtrier. Elle n'ose pas se lever et quitter la messe, elle n'ose pas non plus bouger ou mettre un terme à l'office. Pourtant, elle ne peut pas rester plus longtemps à ses côtés. Mais la roumaine est de nature discrète, et se serait péché que de déranger le curé pendant son monologue. Alors, elle se décale, doucement, centimètre par centimètre elle glisse son corps le long du banc. Cela lui prend du temps mais elle a réussi à mettre quelques centimètres entre elle et le dépravé qui est venu bousculer et perturber sa sérénité. Elle essaie de reporter son attention sur le curé, mais elle n'y parvient pas. Elle n'a pas confiance, n'ose pas baisser la garde. Elle est persuadée qu'à tout moment il va sortir un couteau et tous les égorger, ou au moins elle, puisqu'elle est la plus proche. Elle l'observe du coin de l'oeil et il semble faire de même. Courroucée elle chuchote en sa direction : « Vous êtes dans une église vous savez... Vous êtes sûr... de ne pas vous être égaré ?... » Mentalement elle se gifle. Bien sûr que non il ne s'est pas égaré ! C'est peut-être un psychopathe mais il n'est pas stupide non plus, il sait très bien qu'il s'agit d'une église. Cela fait partie de son plan, il sait très bien pourquoi il est entré ici. Malheur, la vie de la Popescu allait donc s'achever ici, assassinée au milieu des fidèles. Elle lève les yeux au ciel, et murmure pour elle-même « Je vous en prie Seigneur, protégez moi. » Elle ne demande jamais rien à dieu, et elle espère au plus profond d'elle-même qu'il va accéder à sa requête, il en est de sa survie. |
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envoie "voyance" au 3680 ▹ posts envoyés : 756 ▹ points : 9 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : miserunt & anesidora ▹ avatar : Joseph Gilgun ▹ signe particulier : foule de tatouages encrée sur le corps - vampire improvisé qu'a peur du soleil et des uv.
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| Sujet: Re: Vade retro satana - Caïn Mar 18 Avr - 0:32 | |
| L’église. Un moment qu’il n’y avait pas mis vraiment les pieds. Sauf peut-être pour une prière rapide parfois le soir ou quand le moral chute trop rapidement. L’église. Et le silence assourdissant, brisé par la voix douce et fluide du prêtre. Comme une litanie il ferme les yeux, se laisse bercer. Lentement. Doucement. Il cherche l’apaisement. Et il le trouve. C’est qu’il en a besoin Caïn, avec son cerveau en charpie qui refuse de fonctionner correctement ces derniers temps. Il a tout essayé, l’alcool, les femmes, les hommes, les cartes ; Encore. Encore. Les cartes. La Lune. Comme une moquerie incessante. Et puis Bambi. Bambi encore et toujours, le feu dans le ventre et les doigts qui n’osent pas. Bambi qui crie, Bambi qui hurle, le virus mortel pendant un instant qui plane sur eux et les révélations balancées parce qu’ils étaient persuadés de finir par crever. Y a trop de choses, trop de tout, et Caïn qui tourne en rond comme un lion en cage au Troisième Œil. Il a mal au crâne trop souvent, trop longtemps, conséquences de ses nuits sans fins dans les bars à vider verres sur verres. Et pour quoi ? Quelques instants artificiels volés, des sourires béats qui s’étalent avant le chute sur le pavé ? Il tourne en rond, encore, encore. Et soudain le regard qui se pose sur la croix posée sur l’étagère. Usée, si vieille, sculptée dans le bois d’un arbre qui poussait à côté de la caravane. Quand il pose ses doigts dessus il se plait à imaginer ce père mort trop tôt assis sur le sol, couteau dans la main à nettoyer la branche avant de commencer son œuvre. Il repense à sa mère, surement adossée sur le tronc d’un arbre pas trop loin, bras croisés sur la poitrine et le regard qui s’enroule autour de son homme. L’amour. Bon sang. Il y a cru pendant tellement longtemps, qu’il pourrait les imiter. Mais il a échoué. Un amour factice, branlant, qui s’est effondré au moindre coup de vent. Il pensait avoir construit des fondations solides pourtant. Mais non. Non. Il s’était trompé. Alors il avait enfilé ses vêtements les plus couvrants, il avait fait un brin de toilette, rasé sa barbe sauvage et essayé d’avoir l’air respectable. Rien qu’une fois. Pour essayer. Il avait glissé ses lunettes sur le bout de son nez, chapeau sur la tête et gants sur les mains. Et il était sorti. Silencieux il avait rien dit, laissé juste sa porte fermé, signe qu’il ne travaillerait pas ce matin. Sortir dehors était toujours une épreuve pour lui, pourtant aujourd’hui il avance. Encore, un peu plus loin, pas après pas avant de réussir à atteindre la porte boisée de l’église. Presque à l’heure. Presque. Pas grave. Il est là c’est déjà bien pas vrai ? Et lentement il entre dans le lieu saint, une boule d’appréhension dans la gorge, comme s’il risquait de se faire foudroyer. Tu parles. Il sent les regards sur lui, sur sa dégaine de folie et ses tatouages trop présent. Il sent les regards mais les ignore. Il ignore toujours, depuis trop longtemps, quand déjà gamin on le poussait dans la boue pour un rien. Rapidement il va s’asseoir un peu au hasard, à côté d’une femme bien habillée et à l’aura apaisante. Il la dévisage rapidement avant de se concentrer sur la scène qui se déroule devant lui. Enfoncé dans son siège, les bras croisés sur la poitrine il essaye de se persuader que cette fois ci ça va marcher. Cette fois ci il va réussir à faire un peu de calme dans ce chantier qui lui sert d’esprit. Le chapeau . C’est discret, presque inaudible. Caïn tourne la tête pour regarder un instant incrédule la femme qui vient de lui parler. Puis l’information monte au cerveau, enfin. . « Oh pardon, désolé, j’avais oublié » et rapidement il retire son chapeau, ses gants, ses lunettes. Il lève la main en signe d’excuse une nouvelle fois, posant ses affaires sur la chaise d’à côté. . « J’ai plus l’habitude » qu’il chuchote ensuite, comme une excuse, sourire désolé sur le visage. Ouais. C’est quand la dernière fois qu’il était venu assister à une messe hein ? Trop longtemps. Bien trop longtemps. Et déjà il détourne le regard pour se concentrer de nouveau sur lui-même. Mais à peine réussit-il à trouver un minimum de concentration et de calme que déjà la voix discrète s’élève de nouveau, le tirant de ses pensées. Vous êtes dans une église vous savez... Vous êtes sûr... de ne pas vous être égaré ?... Et pour la première fois il la regarde vraiment. Quinquagénaire bien conservée, au visage doux et pourtant légèrement effrayé. Sa faute ? sans doute. Comme toujours. Et le rejet dans le regard qui blesse plus qu’il n’aurait pensé. Il soupire et secoue la tête doucement . « Non je ne me suis pas égaré. Je me sui retrouvé plutôt, du moins c’est ce à quoi sert la Maison du Seigneur n’est-ce pas ? » Mais ses mots ne semblent pas atteindre la femme qui se met soudain à prier à voix haute, comme s’il était le démon venu la tuer au milieu des autres. Pourtant elle se trompe. Le démon c’est pas lui. Il l’a laissé au Troisième Œil dans sa cave, Chief et ses tatouages et ses mixtures, et ses rires cassés. Mais ça sert surement pas à grand-chose de le souligner. Je vous en prie Seigneur, protégez moi. . « vous pensez qu’il peut vraiment vous protéger ? » C’est pas mesquin, pas mauvais. Juste de la curiosité. Il ne croit pas particulièrement en Dieu. Mais il croit en la magie, en ces choses inexpliquées qui se passent, sans vraiment qu’on sache pourquoi. Il croit en quelque chose de supérieur, en la conservation des âmes et les traces de vies qui subsistent après la mort. « Je vous veux aucun mal madame. Détendez vous. Je viens ici comme vous, pour prier et chercher un peu de paix intérieure » la voix qui se fendille un peu. Parce que c’est terriblement vrai. Il espère qu’elle comprendra, qu’il veut pas la bouffer. Qu’il veut juste partager un peu de cet apaisement provoqué par le lieu.
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