318, 318.. Elle est où cette putain de chambre 318. J'ai pas que ça à foutre moi. Je ne vais pas rester mille ans ici, j'ai déjà prévu quelque chose ce soir. Je soupire, excédé, et accroche le bras d'une infirmière à la volée. - Elle est où la chambre 318 ? Elle me dévisage, contrariée et se dégage de mon emprise avec un geste sec. Je lève la main en signe d'innocence et hausse les sourcils, l'air de dire : ça vaaaaa, calmos. - L'étage au-dessus. Je pivote sans un mot de plus et m'engouffre dans la premières cage d'escalier que je trouve, afin d'atteindre le troisième étage. Je remonte deux couloirs et tombe enfin sur cette maudite chambre 318. Je rentre sans frapper et inspire un grand coup, histoire de me mettre dans mon rôle. Pense Marc Darcy. Je referme la porte derrière moi et m'avance dans la chambre, un grand sourire aux lèvres. - ton présent est làààà ! Que je lance avec enthousiasme, brandissant fièrement un paquet de Schokobons dans la main droite. Je m'approche d'elle et constate quand même avec étonnement qu'elle a une sacrée sale gueule. Elle est pâle, genre, comme si elle venait de mourir. C'est assez flippant. Ça me rappelle la couleur qu'avait ma mère quand elle avait fait son overdose. Mon sourire s'estompe et je grimace. - La vache, c'te tronche. Je me penche au-dessus d'elle et viens tranquillement déposer un baiser sur ses lèvres, avant de poser sur son ventre le paquet de chocolats. - J'suis désolé, j'avais faim, j'l'ai entamé. Je me marre sans la moindre gêne et attrape la chaise la plus proche avant de m'installer dessus. Je glisse mes doigts entre les siens et ajoute. - Prends en un, dans Harry Potter le prof loup-garou dit que ça fait du bien de manger du chocolat quand on est faible. Et si c'est la télé qui le dit, c'est que ça doit être vrai.

Elle a déjà oublié Anca, que y a Jemmy qui doit passer, les yeux papillonnants et l’esprit qui dérive, elle est sur le point de tomber dans les bras de Morphée quand soudain sa porte s’ouvre en grand. Surprise elle se redresse tant bien que mal, les yeux maintenant grands ouverts, fixés sur Jemmy. ton présent est làààà ! qu’il annonce, et Anca lui offre un pâle sourire. Si elle pouvait elle se serait levée et se serait jeté à son cou, mais elle est clouée à son lit, alors elle se contente d’un . « Jemmy ! » qu’elle balbutie, mâchonne, la bouche pâteuse à cause des médicaments dans son intraveineuse.  Son regard se porte ensuite sur le paquet de chocolats qu’il tient dans la main, fier comme s’il avait inventé l’électricité. Et soudain Anca sent son cœur se serrer, parce qu’elle se rend compte à quel point il lui a manqué. Elle pensait plus le revoir. La vache, c'te tronche. . « t’as vu, pas besoin de maquillage pour halloween »  les mots sortent de sa bouche sans passer par son cerveau et ça la fait rire comme une gamine. Rire qui meurt bientôt dans sa bouche quand Jemmy se baisse pour l’embrasser. Elle ferme les yeux, profite de l’instant, de la proximiteé posant un instant sa main sur la joue de Jemmy. Elle saisit ensuite le paquet de chocolat et regarde dedans. J'suis désolé, j'avais faim, j'l'ai entamé. . « Pas grave pour moi c’est toi mon présent » qu’elle lui répond le plus sérieusement du monde serrant doucement la main de l’irlandais. Parce qu’au fond elle s’en fout qu’il lui ramène des chocolats ou des diamants, elle le veut juste avec elle, là maintenant.   Prends en un, dans Harry Potter le prof loup-garou dit que ça fait du bien de manger du chocolat quand on est faible. Anca n’ose pas avouer qu’elle n’a jamais vu Harry Potter, alors sans un mot elle sort un chocolat du paquet, le déballe et le met dans sa bouche. Elle est pas censée manger autre chose que la nourriture de l’hopital mais qu’importe, la purée elle en a ras le bol. . « Ca va déjà mieux, c’est fou ça » qu’elle répond en rigolant, reprenant la main de Jemmy dans la sienne, et dans sa bouche y a un gout sucré qui lui donne l’impression d’avoir cinq ans. «alors parait que t’as failli être noyé. Tu me raconte tes exploits ? » Parce que d’après les sms échangés, elle n’était pas la seule a avoir eu des aventures pendant l’ouragan.

Il parle Jemmy, et Anca a l’impression qu’il réchauffe la pièce avec sa voix, avec ses gestes, avec son âme. Ptin, elle est totalement défoncée, la voilà qui se met à avoir des pensées philosophiques, c’est grave. Blague sur son teint, blague sur halloween, Anca ne lui dit pas qu’elle espère être vivante pour le 31 octobre, pas besoin de rendre les choses plus dramatiques qu’elles ne le sont. Anca laisse son regard dériver sur le jeune homme, sur ses paupières, sur ses lèvres. Il parle encore. Elle rigole. Pourquoi elle rigole ? - J'aime bien les filles pas difficiles comme ça ! Ah ça pour être pas compliqué, elle ne l’est pas. « tant mieux pour moi encore une fois » qu’elle murmure doucement, sourire lointain aux lèvres. Parce que comme ça il la quittera pas. Du moins, pas tout de suite.
Amusée Anca regarde Jemmy prendre un chocolat, puis deux, puis trois. Elle aimerait bien elle aussi, l’imiter, mais rien que le sucre restant sur ses lèvres finit par lui donner la nausée, parait qu’elle supporte mal la morphine. Dommage. Mais elle a pas le temps d’être triste que déjà Jemmy s’active et soudain la chambre d’hôpital devient un véritable théâtre. - Ouais non mais alors, truc de MALADE ! - - J'étais dans un bar et quand l'alerte a été déclenchée, j'ai vu une dame courir vers la cave. Là direct je me suis dit : MAIS ELLE FOUT QUOI ? C'est un ouragan, faut surtout pas aller dans une cave ! Anca ne le quitte plus des yeux, il est lumineux Jemmy, avec sa vie qui coule dans ses veines. « Oh mon dieu… » Main sur sa bouche pour cacher un sourire elle l’écoute avec attention, plaçant un petit oh ou ah de temps en temps quand il faut. Ou légèrement en décalé, à cause de son esprit à côté de la plaque. Du coup, j'réfléchis pas et je fonce la rejoindre pour la prévenir. Sauf qu'on s'est fait coincer dans la cave... Elle pourrait presque fermer les yeux et se laisser bercer par le son de sa voix, qu’elle serait au paradis. Mais soudain le monologue s’arrête et il se rapproche d’elle, le regard soucieux. - T'es sûre que ça va ? Non. Ça va pas vraiment. Mais elle a pas envie de l’embêter. Pourtant Anca soulève sa couverture pour dévoiler son torse, puis c’est son débardeur qu’elle soulève tant bien que mal, pour dévoiler l’énorme pansement qui entour son abdomen, légèrement rougit par le sang qui ne coagule pas encore parfaitement. « j’ai été empalé. La classe pas vrai » elle veut faire genre que c’est cool, d’ailleurs elle rigole à nouveau un peu, avant de recouvrir son ventre. « Et finalement tu l’as sauvé la femme de la cave Jemmy ? Parce qu’elle préfère parler de lui que d’elle, ça lui change les idées et il est bien plus intéressant.

Le fait de montrer sa blessure la ramène arrière, dans le gymnase, avec Seven, et tous les sentiments qui sont venu l’envahir. Anca trésaille, Anca dérive, mais ne dit rien, offrant juste un pâle sourire à Jemmy pour lui assurer que tout va bien. Pourtant il fait la tête, grimace, s’exclame Putain d'sa mère. C'est encore douloureux ? Oui ça l’est mais elle ne le dira pas. Il a pas besoin de savoir et surtout elle a pas envie de parler de ça. « La morphine qu’ils m’ont donnée fonctionne plutôt bien. » Trop. Ou pas assez. Ca la shoot complètement sans pourtant faire disparaitre la douleur, ça reste comme un murmure, un fantôme toujours présent à la hanter. Pourtant la grimace sur le visage de Jemmy disparait bien vite, remplacée par un de ces sourires dont il a le secret. Dis toi que maintenant, quand tu regarderas un film ou un mec se fait empaler, tu pourras te la raconter en expliquant aux gens ce qu'on ressent ! Elle rigole Anca à ses mots, à ses phrases. Et elle se met à tousser, un peu, réveillant les nerfs à vif de son abdomen. Y a que Jemmy pour dire ça, pour s’en foutre royalement des convenances et de la réalité, pour toujours trouver un bon côté à une situation désespérée. Ptêtre pour ça qu’elle a finit par l’apprécier autant, ce côté décalé qui lui soulage la conscience, qui lui fait penser que y a rien de vraiment grave dans la vie. « Hm jpourrais faire peur aux gamins comme ça à halloween. Ca sera marrant » Même si non, c’est pas du tout son genre, ils le savent tous les deux. Mais faut bien essayer de temps en temps de changer non ?
La tête lourde et le cœur gros, elle relance le sujet de la cave, parce que cette histoire l’intrigue et que Jemmy aussi a frôlé le drame. Elle aurait pu le perdre. Non. Pas une deuxième fois. Il parle Jemmy, encore et encore, les mains, les bras, les jambes et le visage. Tout prend vie une nouvelle fois et Anca se demande comment il fait. J'ai totalement flippé. Et j'ai vraiment faillit mourir. Horrible. Pire journée d'ma vie. Anca soupire, lui tend le paquet et quand il s’est servi elle attrape sa main libre dans la sienne, nouant leurs doigts ensemble. « Mais tu t’en es sorti. Et t’as sauvé la femme. T’es un héros Jemmy » Ouais, un putain de héros qui en a pas l’air, avec sa dégaine de voyou et son regard glacial. Un héros caché sous la poussière, qu’elle aurait du jamais rencontrer. « Comment tu fais pour être si brillant ? » Les mots et ses pensées se mélangent, elle balbutie une question qu’elle aurait préféré resté secrète. A croire que la drogue la rend soudain plus honnête. Mais c’est pas sa faute si elle ne voit plus que lui dans la nuit, dressé au milieu de la route et brillant. Si brillant. Comme une étoile tombée du ciel.

Il parle, il parle, il parle. Ses mots se mélangent dans l’air et Anca essaye de suivre le fil de la conversation. Elle s’accroche à la femme, à Jemmy, à son histoire incroyable d’eau et de cave. Les mots sortent de sa bouche un peu mâchouillés, pourtant le jeune homme ne semble pas s’en formaliser. Tant mieux. Il redresse les épaules, bombe le torse, fier comme s’il avait décroché la lune et Anca applaudit faiblement. C’est même pas un clap. Juste ses deux paumes qui se rencontrent et s’éloignent.
Puis y a la phrase qui lui échappe, une constatation qu’elle aurait voulu garder pour elle afin qu’il ne la prenne pas pour une illuminée. Mais trop tard pas vrai ? Quand elle croise son regard elle ferme les yeux un instant pour se cacher de l’intensité du bleu de ses pupilles. Un bleu acier qui la découpe de part en part. Et puis y a ses doigts dans les siens, elle serre un peu plus avant d’essayer de formuler ses pensées de façon plus cohérente « J’veux dire que, t’es génial. Enfin, t’es différent. Quand tu parles je vois les choses. C’est rare. C’est bien. On a envie de t’écouter. » Ou quelque chose comme ça. « Désolé je dis n’importe quoi. » Enfin non, elle dit la vérité, juste qu’elle assume pas ce qu’elle raconte mais que la morphine a eu le malheur de lever sa barrière d’inhibition.
Les yeux rivés sur la main de Jemmy, Anca s’amuse doucement à ouvrir et refermer les doigts du jeune homme autour des siens, à comparer sa paume avec la sienne, comme une gamine. Y a cette chaleur dans sa poitrine à chaque fois qu’elle le touche, comme si elle avait enfin trouvé la paix. - Ta famille ne doit pas venir te voir dans les prochaines minutes, hein ? Il la sort de ses pensées et elle relève la tête pour le regarder. Il a l’air anxieux de croiser sa famille. En même temps, vu la tronche de cette dernière, qui ne le serait pas…. « Hmm non. A cette heure-ci personne. Ou peut être mon père qui sait, s’il a pas un combat ce soir » elle filtre pas Anca. Elle filtre plus. « Mais vaut mieux pas qu’il arrive…. » Non. Vaut mieux pas. Parce que de Jemmy il en ferait qu’une bouché, le Lucian. Elle se redresse doucement pour murmurer à l’oreille du jeune homme, comme un secret : «J’ai pas le droit de tomber amoureuse » Anca dépose un léger baiser sur le creux de sa joue et se laisse retomber dans son lit, satisfaite de sa phrase, pour une fois cohérente.

Mais non, t'as parfaitement raison, j'suis génial Oui. Génial. C’est vraiment le mot. Et tellement différent d’elle pour pouvoir le clamer aussi haut. Ca la fait rire, un peu, beaucoup, elle dévisage Jemmy qui prend l’espace d’un instant le visage d’un enfant. Et ça fissure quelque chose dans son cœur, ce sourire joyeux, ce regard pétillant, quoi qu’aujourd’hui un peu troublé. Mais Anca n’en tient pas compte. Elle ne remarque pas, faut dire qu’elle est entrain de partir un peu loin dans les nuages, les veines brulantes de morphine, elle lutte depuis un petit moment pour pas se laisser happer. Elle voudrait profiter de Jemmy le plus possible, de son aura chaleureuse qui lui fait dire que tout va bien se passer.
Puis les mots s’enchainent, il parle de sa famille à elle, elle parle de son père, et des idées traversent sa tête, de ce que Lucian ferait s’il trouvait Jemmy ici. Au fond elle n’a jamais parlé garçons avec son père, elle sait juste qu’il y a prescription, et concernant le paternel ça finira surement en bain de sang, ce qu’elle veut à tout prix éviter. Elle se dit que c’est parce que son père l’aime, qu’il ne veut pas qu’elle souffre de nouveau inutilement, comme avec Brandon. Mais pour ça faudrait qu’elle soit amoureuse. Est-ce qu’elle l’est ? Sans doute. Un peu. C’est l’ouragan qui le lui a fait comprendre, quand elle a cru qu’elle allait crever et qu’elle s’est imaginée ne plus jamais revoir Jemmy. Alors les mots lui échappent à Anca, elle avoue quelque chose qu’elle aurait peut être du garder pour elle. Ya que du silence qu’elle reçoit en réponse, et Anca se dit que c’est foutu, qu’il doit la prendre pour une folle de balancer ses sentiments aussi rapidement. Puis y a ses doigts qui se serrent un peu plus autour de sa main à elle. Encore, et encore, c’est presque douloureux mais Anca ne bronche pas. Elle se contente de lever la tête et de fixer Jemmy. C'est une façon détournée pour essayer de me faire passer un message ou bien ? y a cette lueur espiègle dans son regard qui fait fleurir un sourire sur les lèvres de la jeune fille et elle se raccroche à ça, aux doigts de Jemmy dans sa chaire qui lui disent que c’est bien la réalité. « Peut être. » qu’elle avoue à demi-mot. [color=crimson] « J’étais à deux doigts de crever tu sais ? Sur ce matelas dégueu dans le gymnase. » Anca ne le quitte pas du regard, pesant ses mots du mieux qu’elle peut. [b] « Et j’me suis dis que si je crevais, je te reverrais jamais.Et ça m’a rendue triste. Incroyablement triste Jemmy. » Elle porte la main à son front, se couvre les yeux un instant, respire, essaye de chasser les visions de l’ouragan de sa mémoire. « je peux pas dire à cent pour cent que je suis amoureuse de toi Jemmy, parce que l’amour c’est quelque chose en quoi je crois plus depuis longtemps. » L’amour, les contes de fées, toutes ces conneries. « Mais je sais que t’as débarqué comme ça dans ma vie sans prévenir et t’as tout bousculé, là dedans » De sa main libre elle attrape la main du jeune homme pour la poser sur sa poitrine, sur son cœur, là où ça bat à cent à l’heure. « Tu prends trop de place là dedans Jemmy, et ça fait mal. » Anca caresse doucement du bout des doigts le dessus de la main du jeune homme, avant de s’éloigner. « Mais pour rien au monde je voudrais que ça s’arrête. » Du moins pour le moment, tant que ses sentiments à elle sont encore intactes, encore préservés de ta réalité Jemmy.