Elle était particulièrement joyeuse ses derniers jours Riley. C’est vrai, elle avait une relation officiellement exclusive avec Ace, rien que ça lui suffisait à lui coller la banane sur le visage pour les prochains jours, mais en plus de ça, en plus d’avoir un début de relation épanouie avec Ace, elle avait Jason, son grand-frère pas bien plus vieux qu’elle qui venait de ramener ses cartons à Savannah. Il avait pris la décision de s’installer ici, près d’elle et ça ne pouvait pas rendre Riley plus heureuse. Alors, elle avait été la première à se porter volontaire pour débarrasser les cartons de son aîné, histoire d’en savoir un peu plus sur sa présence ici, le pourquoi du comment, s’assurer aussi que tout le monde va bien aussi à la maison. Disons que Riley aimerait remonter plus souvent chez ses parents mais elle a cette crainte qui lui bouffe l’intérieure de l’estomac, cette peur panique de recroiser son ex, d’être seule dans le Tennessee à ce moment-là, donc Riley limite les visites aux fêtes de famille et parfois aux vacances, elle évite les sorties, ce n’est jamais très évident mais avec Jason à Savannah, elle peut mener sa petite enquête sur le reste de la famille Miller, mais aussi sur son état à lui. Jason, c’est un peu l’inverse de Riley, lui rien ne transparait sur son visage alors que Riley est une boite d’expression faciale, très mauvaise menteuse. Elle a réalisé un exploit à cacher les violences dont elle a été victime pendant plus ou moins un an. Bref, Riley ne pense pas vraiment à cela quand elle rejoint le lieu de rendez-vous que lui a indiqué Jason. Elle a mis ses vieilles converse rouges, celles de son adolescence qui lui rappellent sans cesse au combien elle est minuscule sans ses talons, un jean et un tee shirt blanc uni. Riley avait dû se faire violence pour ne pas enfiler l’un des maillots de basket d’Ace, ceux qu’elle affectionne tant parce qu’après quelques jours de relation seulement, elle ne se sent pas encore le courage de le dire à son frangin. C’est pas évident de dire qu’elle couche avec le garçon qu’il lui a présenté il y a trois ans en pensant simplement la protéger des autres hommes. Même ça, Riley ne sait pas comment le prendre, cette relation nouvelle qui lui donne ce sourire qu’elle a perdu il y a de ça des années. Ce n’est plus son sourire de façade, celui qu’elle portait au quotidien, celui qui évince les questions gênantes, non maintenant elle souriait franchement et Riley espère que Jason mette ça sur le compte de sa présence en ville.

Au coin de la rue, elle aperçoit sa voiture, elle pourrait la retrouver parmi un tas d’autres voitures similaires, puis son frère adossé à la portière côté passager l’oblige à accélérer le pas en sa direction, c’est limite si elle ne se met pas à courir pour arriver un peu plus vite à sa hauteur. À noter que faire courir la plus jeune des Miller relève d’un exploit. Elle se plante devant Jason et ne lui laisse pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit qu’elle saute à son cou. Riley, cette petite boule d’amour qui a toujours eu un penchant pour se montrer affectueuse partout, tout le temps, sous n’importe quel prétexte. Sur la pointe des pieds pour atteindre sa joue, elle plus claque un bisou laissant volontairement une jolie marque de rouge à lèvre, ça faisait longtemps. Les talons de nouveau au sol, sa main gauche attrape son menton et fait tourner le visage de son frère sous tous les angles. « Tu aurais pu te raser ! T’as maigri ? Je suis sûre que tu as maigri ! Mamma le sait ? C’est quand la dernière fois que tu as mangé pour de vrai ? Je savais que j’aurais dû te faire des lasagnes ! Puis… t’as dormi ses dernières nuits ? » Un flot de questions continu, c’est du Riley tout craché, finalement elle reprend un peu plus posément. « Je suis contente de te voir. »

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En soit Riley n’a rien contre la barbe, Ace, c’est le premier à la garder sa barbe de plusieurs jours, elle aime ce petit style que ça lui donne, mais sur son frère… C’est différent. Elle aime bien le voir raser de près simplement parce qu’elle l’a connu imberbe et sans masse musculaire. Jason lui dit que la barbe lui donne un côté sexy, que maintenant qu’il est célibataire, il a besoin de ce petit capital sexy. Son frère est beau, à l’écouter, Riley avouerait qu’elle les trouve tous plus magnifique les uns que les autres, ils sont géniaux ses frangins, mais jamais elle dira les trouver sexy, c’est bizarre à ses yeux de les trouver sexy. Alors, faussement exaspérée, elle lève les yeux au ciel, il répond à toutes ses interrogations, les unes après les autres avec soin, Riley n’est pas simple à suivre mais il a grandi à ses côtés alors le train Riley Miller, il a pris l’habitude de le suivre. Ainsi dont, il n’aurait pas maigri , ça elle a du mal à le croire, elle est presque sûr qu’il avait un ou deux kilos de plus la dernière fois qu’elle l’a vu, même si ça remonte à un petit peu de temps maintenant, Riley n’a jamais loupé les fêtes de famille. Cependant, il n’est pas contre l’idée des lasagnes quand il sera installé. Riley toujours là pour apporter à manger à ses frangins quand il le faut, c’est ce qu’elle aime en même temps cuisiner, comme sa maman. Il lui tend un café, mais avant qu’elle s’en empare, il lui dit que ce n’est peut-être pas une si bonne idée que ça, mais elle s’empare du gobelet et le porte à ses lèvres. « Je suis juste contente de te voir. » Bon… Riley est naturellement une pile électrique, même si elle aime bien trainasser en pyjama dans l’appartement, elle ne tient pas en place pour autant, un vraie petit paradoxe.

Elle suit les indications de Jason en grimpant dans la voiture, café toujours en main, elle pose comme à son habitude ses pieds sur le tableau de bord, l’un des avantages à être toute petite. C’est à son tour d’interroger sa cadette sur son état. Il se justifie en affirmant qu’il n’a pas eu le temps, qu’il a été pas mal occupé, Riley ne lui en veut pas du tout, au contraire, elle comprend qu’il a sa vie de son côté que ça a dû être dur pour lui aussi, l’échec des fiançailles tout ça. « Moi ? Bah ça va écouter. Ça va toujours. » C’est ça le souci de Riley, elle est d’humeur constante. Du moins, c’est ce qu’elle montre, ce qu’elle fait croire, parce qu’elle n’aime pas embêter les autres avec ses soucis, elle n’est pas du genre à se plaindre, même quand c’est grave et pour le coup, elle doit une fière chandelle à Jason. « C’est vrai, ça va vraiment bien en ce moment. » Et ce n’est pas un mensonge, déjà parce que Riley ne sait pas mentir et qu’ensuite, tout se goupille bien ces derniers jours. « On prépare la rentrée, les classes, on va avoir les réunions bientôt pour en savoir plus sur le programme de l’année. Je sais que je vais avoir les tout petits. » Les gosses, elle adore ça. Une petite passion pour elle, peut-être parce qu’elle a gardé une âme d’enfant. Elle se laisse conduire jusqu’au dit appartement, pas vraiment plus loin que leur lieu de rendez-vous mais elle aime bien être en voiture en compagnie de son frangin, puis c’est la bonne excuse pour finir son café, de laisser une jolie marque de rouge à lèvres sur le couvercle blanc, d’ailleurs, Jason a toujours sa jolie marque sur la joue. Pour le coup, elle aimerait lui dire pour Ace, mais elle ne veut pas que son grand-frère s’inquiète à cause de son passé amoureux désastreux. Elle le laisse garer la voiture avant de sortir. Elle vire son gobelet désormais vide dans la première poubelle qu’elle croise, puis elle frotte les mains prête à porter les premiers cartons. « Bon, rien de trop lourd… et de fragile… » Riley on ne peut pas dire qu’elle a deux mains gauche en tant que gauchère… mais sa maladresse n’est pas inconnue aux bataillons. Elle lui sourit en tendant ses petits bras pour que Jase puisse les charger.

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Non vraiment, elle ne devait rien porter de fragile. Riley et la maladresse, on pourrait s’amuser à dire qu’elle a deux mains gauches si seulement elle n’était pas gauchère. Jason lui indique un carton pas trop lourd et qui ne craint rien. Il le décrit comme contenant des babioles. Au moins pour sûre, elle peut tomber avec sans prendre le risque de devoir par la suite d’excuser plus que de raison. Jason, c’est pas un gars qui apporte une valeur sentimentale aux objets, c’est bien tout le contraire pour Riley, même les choses les plus ridicules lui tiennent à cœur. Elle est juste tout bonnement incapable de jeter quoi que ce soit. Alors que son aîné saisi un carton dont elle pense même pas pouvoir être capable de le soulever, elle le suit dans l’immeuble sans relever le fait qu’elle allait devoir l’aider à monter des meubles. La bonne blague. Elle adore les loisirs créatifs, elle aime ficher, lister, décorer et colorer mais certainement pas monter et bricoler. Premièrement, elle juge inutile de poser des étagères avec sa taille de naine, ensuite, elle considère qu’il s’agit d’une véritable prise de tête que d’assembler trois planche pour en faire un meuble, ça la dépasse, en plus de ça elle est mauvaise mais reste fière quand elle y parvient. Il la guide donc dans l’immeuble, elle trépigne littéralement d’impatience quand il se stoppe sur le palier pour ouvrir la porte et si elle avait pu, elle l’aurait poussé pour entrer en premier. Un rien la rend enthousiaste. Elle n’a que trop rarement connu les appartements vide, celui d’Ace était déjà meublé à son arrivée, elle a grandi dans la même maison depuis sa naissance, et le seul et unique endroit qu’elle a partagé de A à Z avec quelqu’un que ce soit dans l’emménagement, c’est avec cet ex donc elle ne préfère pas y penser. Elle pose le carton à ses pieds avant de se déplacer dans l’appartement. Ça l’émerveille de voir que rien n’est encore réellement installé, elle se dit que dans quelques temps, elle en oublierait le vide et les cartons. Riley se promène, enjambe certains cartons en manquant de tomber mais parvient à rester sur ses deux pieds. Curieuse, elle ouvre un peu toute les portes pour visiter alors que la voix de son frère la rappelle dans la pièce centrale pour avoir son avis. « J’aime ! » Elle lève le pouce dans sa direction en guise d’approbation. « Non vraiment j’aime bien, genre j’aime la cuisine ouverte. » Pour en posséder une, elle trouve ça vraiment pratique, ça évite de s’enfermer dans une pièce quand il y a du monde. « T’as même une chambre pour moi ! » C’est un plus, elle aime son frère, elle aime aussi son chez elle, mais au moins elle sait qu’elle peut débarquer chez lui et qu’il ne finira pas dans le canapé. Oui, parce que si ça avait été le cas, elle aurait pris la chambre et Jason le canapé c’est indéniable. « Je me vois déjà laisser trainer des affaires ! » Riley ? S’imposer ? pas du tout.