ALEXIS WOOD, "WOODY"✧ Woody, c'est son tout. C'est son meilleur ami, son meilleur amant. Woody elle l'aimera toute sa vie. On ne peut pas effacer leur histoire. Elle est trop forte, trop violente pour qu'elle cicatrise. Elle est marquée au fer rouge par Woody. Elle l'a connu quand elle n'avait que quinze ans. Elle était sa première copine, et il était son premier copain. Petits anarchistes en plein désir d'émancipation qu'ils étaient à l'époque, Holly a remis son coeur dans les mains de Woody, elle l'a laissé en faire ce qu'il voulait, les mettre en pièce s'il le voulait. Car à partir de la seconde où elle l'a entendu chanter pour la première fois, elle est tombée entièrement sous son charme, son influence. Elle l'a aimé trop fort, et trop vite. Et Alexis l'aimait aussi, il l'aimait comme il pouvait, lui qui n'avait jamais été foutu d'aimer correctement. Woody et Holly, ils étaient légendaires, ils étaient un mythe. Ils s'aimaient tellement fort que ça débordait toujours de partout.
Leur idylle n'était pas de celle qu'on voit dans les films, dans les livres ou dans les contes. Woody était un connard, un queutard. Dès qu'il eut un minimum de succès, les nanas commencèrent à lui tourner autour et il commença à tromper Holly très rapidement. Mais elle ne s'en occupait pas. Parce que Woody était à elle, et elle le savait parfaitement, lui aussi le savait. Holly, petite protégée du groupe, elle avait cette place privilégiée. Tout le monde savait qu'aucune autre ne ferait le poids face à elle.
Holly et Woody, c'étaient que des gosses, ils étaient immatures. Ils ne faisaient que jouer tous les deux. Vraiment jouer, genre à chat perché, à la bataille navale, au monopoly. Ils adoraient le monopoly. Ils buvaient des shooters chaque fois qu'ils tombaient sur un hôtel, et quand ils étaient envoyés en prison, ils en buvaient trois d'affilés. Holly, elle suivait Woody partout, parce qu'il était paumé sans elle. Elle l'aidait dans les répets, elle est dans tous les clips, dans tous les reportages, dans tous les films des concerts, dans un coin, elle le regarde jouer, admirative. Elle ne l'aime vraiment que quand il devient fou sur scène. La musique, c'est bien la seule maîtresse qu'il avait sans qu'elle ne lui en veuille. Normal, elle avait la même. La musique, c'était leur truc, à tous les deux. Ils adoraient chanter Me and Bobby McGee de Joplin tous les deux. Ils adoraient ça. Il a voulu lui écrire des chansons, il a voulu la rendre célèbre, mais elle a toujours refusé.
Ils n'étaient que des gosses quand elle est tombée enceinte trop tard. Elle a tout sacrifié pour lui. Lui n'a jamais rien sacrifié pour elle. Woody était un égocentrique, un nombriliste, une rock star vous savez, il était tous les clichés d'une rock star. L'héroïne qu'ils partageaient autrefois, les rails, les médocs, l'anti-toussif, le LSD, tout ça, elle a su arrêté et lui non. Il était parti plus loin qu'elle. Elle a su dire stop pour eux, et leur famille. Lui non. C'est là qu'un fossé s'est creusé.
Et puis, un jour, elle l'a largué. Elle n'en pouvait plus. Ryan avait six ans, Wood Broccoli of Shapely Herd cartonnait toujours, il était en tournée en Europe, et elle a dit stop. Elle lui a téléphoné en disant qu'il ne pourrait pas revenir à la maison, que c'était finit et puis voilà. Elle ne pouvait plus respirer pour lui, elle ne pouvait plus le tenir à bout de bras, elle ne pouvait plus élevé deux gosses Holly. Elle était crevé d'être celle qui a la tête sur les épaules. Elle était crevée de vivre avec un mec qui voulait se flinguer en permanence.
Et aujourd'hui, quoi ? Elle vit à Savannah avec Ryan, Woody ne veut plus être le cliché de la rock star qu'il est, ça fait un an et demi qu'il vit dans ce manoir bizarre au fond des bois en suppliant pour pouvoir voir son fils plus souvent. Woody n'a pas grandit, il est toujours le gosse insupportable qu'elle a connu et c'est peut-être pour ça qu'elle l'aime encore autant. Mais qu'elle ne pourra plus jamais être avec lui aussi.