Aujourd’hui, mes élèves étaient en sortie scolaire. Je ne leur en voulais pas, bien au contraire, j’étais plus que content pour eux, mais malgré tout, cela me rendait triste, puisque vu ma mobilité encore réduite, je ne pouvais pas me permettre de les accompagner. Pour la journée, l’école avait fait appel à un remplaçant tandis que de mon côté, on m’avait proposé de rester à la maison, histoire de me reposer, compte tenu qu’une partie de l’entente était que si jamais je pouvais prendre du temps pour ma convalescence, il fallait que je le saisisse, qu’importe les circonstances. Lors des après-midis de congé et tout ce qui venait avec, clairement, ce n’était pas ce qui me gênait, mais là, alors que j’étais seul à la maison, puisque Maia avait ses propres choses à faire, je devais avouer que j’étais quelque peu embêté. Malgré tout, histoire de ne pas tourner en rond comme un chacal, après avoir pris du temps pour moi dans la matinée, je décidai de travailler un peu à ma façon. Dans la salle à manger, puisque c’était là que je pouvais avoir la meilleure posture en position assise, j’avais installé sur la table divers documents regroupant des activités diverses destinées à mes élèves. Tantôt, c’était des exercices que j’avais faits par le passé qui fonctionnaient plutôt bien, tantôt des choses nouvelles que j’avais trouvées et que j’étais curieux d’essayer. Mon but ? Essayer de mettre de l’ordre dans tout cela et planifier mes cours suivants, histoire de m’assurer d’avoir tout le nécessaire une fois le moment venu. Bref, j’avais de quoi m’occuper pendant un bon moment, parce que je ne pensais pas avoir de visite ou quoi que ce soit du genre. C’était un jour de semaine après tout, tout le monde était occupé d’une façon ou d’une autre, que ce soit au boulot ou autre part. Moi-même, si ça n’avait pas été de cette sortie, je serais à l’école en ce moment, même si là, mon cas était un peu différent de la normale. Cela ne m’embêtait pas, bien au contraire, et encore moins maintenant que j’étais plongé dans quelque chose qui me plaisait, parce que pour sûr, je voulais m’assurer de faire quelque chose de bien pour mes élèves avec qui, j’avais l’impression, j’avais beaucoup à rattraper. Cependant, alors que je ne m’y en attendais pas, j’entendis frapper à la porte. Fronçant les sourcils, puisque justement, je n’attendais personne, je me levai, puis j’attrapai mes béquilles, déjà prêt à mentionner à mon visiteur que j’étais en route, parce que me déplacer vers la porte me prenait plus de temps que la normale. Avant que je ne puisse le faire, la personne s’invita dans la demeure, mais quand je vis de qui il s’agissait, je compris que je n’avais pas à avoir peur de cette intrusion soudaine, et que plus encore, je pouvais amplement m’en réjouir. Sitôt que je vis ma soeur aînée, j’eus un large sourire, puis tandis que je me rendais à sa rencontre, je dis:  « Hey ! » Je fis encore quelques pas un peu lents, mais quand même beaucoup plus adroits qu’il y a quelques semaines, voire quelques jours, puis lorsque je fus à sa hauteur, je lâchai une béquille pour l’entourer de mon bras, et je dis:  « Je ne m’attendais pas à te voir aujourd’hui, comment tu vas ? » , me disant que c’était tout simple, certes, mais quand même efficace pour le coup. Puis, parce que clairement, je ne laisserais pas Maisie partir alors qu’elle venait d’arriver, je me décalai, puis je lui désignai le salon d’un signe de main en disant:  « Viens, entre ! », espérant quand même qu’elle allait accepter de s’installer au salon un petit moment, histoire que je ne reste pas debout trop longtemps et qu’éventuellement, je devienne de plus ou moins bonne compagnie.

Après avoir légèrement ri du commentaire de ma soeur sur mes béquilles qui avait précédé le  « Un jour, on va y arriver ! », je ne pus m’empêcher d’être quelque peu surpris du fait d’apprendre que Maia avait visiblement prévenu ma soeur que je serais seul pour la journée. Ce n’était pas quelque chose qui arrivait rarement depuis mon retour à la maison de l’hôpital, puisque bien souvent, j’y étais confiné. Et pour tout dire, je m’y faisais, même si évidemment, avoir des visiteurs ne me déplaisait pas non plus. Alors pourquoi mon épouse avait jugé nécessaire de le mentionner à mon aînée ? Parce qu’elle voulait s’assurer que je ne m’ennuie pas alors que je trouvais cela difficile d’être loin de mes élèves alors que j’aurais dû être là ? Ou bien c’était Maisie qui lui avait demandé, en quelques sortes, la permission, avant de venir me voir, histoire que la surprise soit complète ? Jugeant la seconde option plus plausible, je me confortai avec celle-ci, préférant sourire au fait que ma soeur disait aller bien. Pour le coup, je ne relevai pas son regard un peu trop fuyant pour ce genre de propos, me disant que peut-être que je n’avais pas à m’en faire et que visiblement, si quelque chose n’allait pas, alors certainement, je le saurais plus tard, je l’espérais en tout cas. Enfin, tout me portait à croire que j’aurais du temps pour discuter avec mon aînée aujourd’hui, d’abord parce qu’elle ne s’était pas gênée pour entrer dans la demeure, et maintenant, compte tenu du panier qu’elle brandit devant moi. Soudainement, mon regard s’illumina, comme celui d’un gamin à qui on apporte sa friandise préférée. Bon, dans le cas présent, c’était un peu ce que c’était, parce que pour sûr, les macarons de ma soeur étaient tout simplement irrésistibles. Puis, reprenant un peu mon sérieux, même si cela n’eut pas grand-chose de crédible, je ne pus m’empêcher de dire à ma soeur, pour l’embêter un peu:  « Hum… C’est dur ! » Cependant, puisque je n’étais pas le plus grand plaisantin du monde, très loin de là, je ne tardai pas à rire pour signifier que c’était une blague, puis me pencher légèrement pour l’embrasser sur la joue afin de la remercier de cette attention avant de la laisser s’installer au salon comme je le lui avais proposé. De mon côté, je ne me fis pas prier pour me diriger vers le canapé pour m’y installer, me disant que Maisie ne m’en voudrait pas de m’y poser plutôt rapidement, compte tenu de ma condition. Par contre, avoir su ce qu’elle dirait par la suite, pour sûr j’aurais fait un effort pour rester debout et ainsi, faire un hôte un peu plus décent. Grimaçant quelque peu, je décidai toutefois de ne pas m’embêter avec ça, quitte à me rattraper plus tard, et je dis:  « Moi je me contenterais d’un verre d’eau, mais si jamais tu veux autre chose, fais comme chez toi ! Les sachets de thé sont dans l’armoire au-dessus du frigo. » Parce que oui, je connaissais assez ma soeur pour savoir ses goûts. Moi aussi j’aimais le thé en temps normal, mais puisque je ne me faisais pas encore totalement confiance au niveau de la dextérité, je préférais éviter les boissons chaudes, pour le moment. Puis, quelques instants après, j’ajoutai:  « D’ailleurs, comment va Charlie ? Ça fait un moment que je ne l’ai pas vu. », me disant que c’était tout à fait normal que je prenne des nouvelles de mon beau-frère pour le coup, d’autant plus que mon accident et ce qui s’était ensuivi ne m’avait pas vraiment permis de le faire par moi-même.