Savannah. Un endroit dont Éli gardait toutes sortes de souvenirs, majoritairement pas des plus heureux malheureusement. Il se souvenait de sa famille, des moments de déceptions, de nostalgie qu'il y avait vécus. Il se souvenait de gens qu'il avait laissé, de bons moments également qu'il avait eut. Cependant, surtout étrangement, il éprouvait un certain plaisir de parcourir à nouveau les rues de cette ville. Il faut dire que cela faisait des années qu'il n'était pas revenu ici…

En effet, lors de ses permissions, Éli n'avait jamais voulu revenir ici. Il ne voulait pas risquer de croiser un membre de sa famille, surtout pas dans l'état qu'il était jadis. Éli n'avait jamais accepté le fait que son père l'ait forcé à aller dans l'armée. Bien qu'aujourd'hui sa colère s'était dissipée, elle était tout de même présente et le jeune homme ne savait pas s'il allait pouvoir la contrôler si elle devait resurgir…

M'enfin bref, il en avait profité pour voyager. Il avait visité beaucoup d'endroit et à chaque fois, il était émerveillé. Toujours éblouie de voir les cultures des autres êtres humains, transporter dans un univers autre que celui qu'il avait toujours connu. De plus, c'était une bonne façon de lui permettre de se détendre un peu. Être militaire n'était pas de tout repos et la plupart du temps, Éli vivait beaucoup de stress.

Mais bon, assez parler de cela ! Cette fois-ci, Éli était de retour au pays. À la suite d'une vilaine blessure qui prenait du temps à guérir (une fracture au tibia), le jeune homme était en congé forcé. Il boitait un peu, mais rien qui ne puisse l'empêcher de vaguer à ses activités quotidiennes.

D'ailleurs, aujourd'hui, il avait décidé de sortir un peu. La température était idéale pour une belle et longue promenade sur le bord de la mer. Cela faisait des lustre qu'Éli n'avait pas profité d'une aussi belle vue. Le vent léger caressait doucement sa peau, lui rappelant qu'il était bien en vie malgré son accident. Il longeait la mer, laissant l'eau toucher ses pieds. Il frissonnait toujours un peu, l'eau était légèrement un peu trop froide pour lui. Ses lunettes de soleil lui protégeaient la vue des rayons éclatants du soleil sans pour autant nuire à sa vue. Des shorts foncés ainsi qu'une camisole blanche lui permettait de respirer un peu, sans suffoquer avec cette chaleur.

Peut être était-il trop absorbé par la vu qu'il avait, ou peut être était seulement perdu dans ses pensées, mais Éli ne remarqua pas la jeune femme devant et lui fonça dessus. Il s'empressa de s'excuser et c'est alors qu'il l'a reconnu…

Elle…

De toutes les personnes qu'il pouvait croiser aujourd'hui…

C'était elle…

Son cœur se serra, un choc si fort qu'il plaça sa main sur son torse, comme si cela allait aider à quelque chose. Il resta sans mot, le souffle coupé, incapable de prononcer le moindre mot. Il resta là, assit sur le sable, l'air complètement abasourdi. Il détourna rapidement son regard, rougit un peu et tenta de se relever, mais retomba. Il faut dire que sa jambe et la nervosité de voir Laure-Lou n'aida pas sa cause…Néanmoins, il réussit à se relever, mais perdu l'équilibre avant de poser ses deux jambes au sol, son pied droit légèrement surélevé dû à sa blessure.

« Désolé… » finit-il par dire, sans même la regarder dans les yeux. « J'espère que je ne t'ai pas fait mal... »

Imbécile, pensa-t-il.

Une journée comme les autres à Savannah, ou peut-être pas finalement. La jolie Laure-Lou avant bossé toute la matinée sur une affaire qui lui prenait énormément la tête. Mais heureusement pour elle, elle avait ensuite la journée de libre. Alors que faire ?! Il faut beau, chaud, et ça fait longtemps qu'elle n'a pas fait de sport. Elle aime ça, prendre soin d'elle et de son corps. Elle fait donc du sport tous les jours, dès qu'elle le peut et pendant 1h. Cela l'aide à décompresser, surtout avec ses problèmes de couple en ce moment et son boulot qui devient de plus en plus compliqué. Elle aime avoir ne serait-ce qu'un petit moment dans la journée pour elle, et rien qu'elle. Sans penser aux autres, sans devoir s'occuper de sa maison parce que son fiancé ne fait rien du tout..

Elle est donc bien partie dans l'idée de s'occuper un peu d'elle pendant l'après-midi. Elle retourne chez elle pour enfiler un jogging, un haut de sport assez serré au niveau de la poitrine pour ne pas qu'elle bouge trop et direction la plage! Elle allait courir aujourd'hui. Puis y-aurait-il un plus beau paysage que la mer à l'horizon ? Elle arrive donc sur le sable, et regarde vite fait autour avant qu'un sourire se dessine sur son visage.. Il n'y a presque personne.

Elle met alors ses écouteurs dans les oreilles pour se retrouver enfin seule avec elle même et commence à courir le long du rivage, laissant la mer mouiller ses baskets. Mais elle doit être bien trop dans son monde pour ne pas voir qu'elle fonce tout droit sur quelqu'un. Après l'impact elle se recule doucement, en enlevant ses écouteurs pour s'excuser aussi. Son regard se pose sur lui. Elias, l'unique. Lui, ici ? Mais comment ?! Sur le coup elle ne sait pas non plus quoi lui dire et ils restaient donc un moment l'un en face de l'autre à se regarder sans dire quoi que ce soir. Et c'est finalement lui qui brise la glace.  

« Euh non, je.. » Elle se stoppe. "J'espère que je ne t'ai pas fait mal", euh vraiment ?! Après tout ce temps éloignés l'un de l'autre, c'est tout ce qu'il trouve à lui dire ? Sur le coup, elle ne peut s'empêcher de rester légèrement sur la défensive. Même si ce n'était pas du tout de sa faute, elle lui en veut d'être parti pendant tout ce temps. Sans jamais revenir. Elle lui en veut de l'avoir mise enceinte, et de l'avoir laissé seule. Voyant qu'il n'arrive pas à garder l'équilibre, surtout à cause de sa jambe blessée, elle prend doucement son bras pour l'aider à se relever. « Toi, ici.. » Non, elle n'arrive pas à y croire. « Mais, comment ?! Enfin.. T'es revenu ?? »

 Le jeune homme était sous le choc. Sans exagérer ses mots, le jeune homme était sans voix, incapable de parler, le souffle coupé. En y repensant bien, une seule chose, ou plutôt une seule personne l'avait poussé à revenir ici. Il gardait tellement de mauvais souvenir de cet endroit et pourtant, cette seule personne le faisait revenir. Tout plein de personnes qu'il voulait éviter ne valait pas Laure-Lou. Il n'avait pas du tout envie de croiser sa famille, ses vieilles fréquentations. Il avait tiré un trait sur son passé, il n'avait pas envie de revenir en arrière, mais cette jeune femme était la seule exception…

Même s'il savait qu'il n'avait aucune chance, car son cœur appartenait à quelqu'un d'autre, Éli ne pouvait s'en empêcher. C'était plus fort que lui, il devait et voulait la revoir. Il tenterait tout pour l'avoir, car il ne pouvait vivre sans elle. Elle était l'une des seules raisons qui le maintenait en vie, car avec toutes les souffrances qu'il avait vécues, l'idée lui avait souvent tourné en tête… Il suffisait d'imaginer son sourire, de repenser à leurs moments passer ensemble, à ses lèvres d'anges, à ses yeux réconfortants pour qu'il parvienne à chasser ses idées noires.  Elle était l'une des seules personnes qui ne le jugeait pas, qui lui montrait du respect. Quant à Éli, elle était la seule personne en qui il avait confiance. Il n'avait pas peur de se montrer tel qu'il était, car il ne se sentait pas comme un moins que rien avec elle.

C'était très difficile de la voir devant lui, après toutes ces années, surtout en sachant qu'il ne pouvait la serrer contre lui, de l'embrasser ou encore de lui dire ces petits mots si doux, mais si fort à la fois. Ce serait déplacé de sa part surtout qu'elle était la fiancée de son frère… Imaginé le scandale que cela causerait? Le frère marginal amoureux de la fiancée du fiston modèle?

…

Elle l'aida alors à se relever. Normalement, Éli se serait dégagé. En effet, orgueilleux comme il était, il n'aurait jamais accepté de recevoir de l'aide de quelqu'un. Cependant, parce que c'était elle, il se laissa faire. Même qu'il ressentit un léger frisson qu'il tenta de camoufler par une perte d'équilibre. Il finit par poser ses deux pieds au sol et écouta ce qu'elle avait à dire. Impossible de la regarder dans les yeux, il toussota légèrement, lui laissant le temps de reprendre son souffle avant de finalement croiser son regard. Perdu dans ce regard foncé, toujours aussi éblouie par un tel regard, il reprit ses esprits en disant :

« Oui, je viens tout juste de revenir… » » Il baissa les yeux vers sa jambe et ajouta à sa réponse « C’est à cause de cette blessure... »

Il releva ensuite les yeux et laissa un petit silence s’installer. Très court comme silence, car il s’empressa de le briser en disant :

« Et toi? … Ça va? »

Si aujourd'hui en se levant elle avait imaginer tomber sur Elias.. Ca faisait tellement d'années qu'elle ne l'avait pas revu. Tellement, que même son souvenir disparaissait peu à peu de sa mémoire. Non pas parce qu'elle tait énervée contre lui. Fin, un peu c'est vrai. Mais repenser à cet homme, à leurs souvenirs ensemble lui faisait plus de mal qu'autre chose. Elle était persuadé qu'il n'allait plus revenir à Savannah. Alors pourquoi s'accrocher à quelqu'un qui ne reviendra pas ?!

Mais le voilà, devant elle. La jolie brune n'arrive toujours pas à y croire; Est ce que Kostas sait qu'il est en ville ?! Et ses parents ? Tout plein de questions s'accumulaient dans sa tête, mais ça faisait quand même du bien de le revoir. Après tout ce temps, c'est que 10 ans c'est long... Elle prend doucement sa main pour l'aider à se relever, afin de le garder droit devant elle. Elle le regarde parler, ne pouvant pas trop le lâcher du regard pour sa part. Tout en l'écoutant, elle ne peut s'empêcher de le toucher ; passant ses doigts sur ses bras, puis sur ses épaules, sa nuque, pour finir sur sa joue. Elle fait surtout cela pour se convaincre qu'il est bel et bien là, que ce n'est pas une illusion.

Lou jette ensuite un oeil vers sa jambe blessée, grimaçant légèrement. Elle relève sa tête à nouveau, hochant juste sa bouille à ce qu'il lui demande. Est ce que ça va.. Bien bien, à part qu'elle te revoir après 10 ans. Ca fait un choc quand même. « Mmh oui, ça va.. C'est dingue, je.. Enfin. T'es bien là. » Elle avait longtemps pensé à ce moment. Comment elle réagirait quand elle va le revoir.. Mais plus les années passaient, plus elle n'était plus du tout sûre de le revoir un jour. Dans un premier temps, elle était partie pour lui en vouloir.. De ne l'avoir plus appelé, de lui avoir tourné le dos, à elle et à sa famille, de n'avoir donné aucune nouvelles. Mais maintenant qu'il est en face d'elle, elle a juste envie de savoir ce qu'il a fait pendant tout ce temps et de le prendre dans ses bras. C'est ce qu'elle fait d'ailleurs, elle s'approche doucement afin de passer ses bras autour de son cou et le serrer contre elle. Lou reste comme ça quelques secondes avant de se reculer, soufflant doucement. « Euh désolée. Je suis toute trempée. » Elle essuie un peu son visage, sa nuque, le haut de sa poitrine, puis son ventre qui étaient trempé de sueur comme elle était entrain de faire son jogging. Elle ne peut s'empêcher de rigoler un peu, comme elle a l'habitude de faire quand elle est gênée ou stressée. Ca fait clairement bizarre de se retrouver devant lui après autant de temps.

Éli ne pouvait s'empêcher de sourire. C'était ce genre d'émotions, de réactions qu'elle provoquait chez lui. Il était sincèrement et réellement heureux de la revoir. C'était toute une coïncidence, une drôle de coïncidence même, mais il était content d'avoir choisi cet endroit aujourd'hui pour se balader…

Elle posa alors ses mains sur son bras, sur ses épaules, sa nuque et finalement sa joue. Du regard, il suivait ses doigts et des frissons se faisaient voir au contact de son doigt. Mon dieu, une simple parcelle de peau, un bout de doigt le faisait fondre. Ce petit bout de peau lui apportait tellement de chaleur, c'était si agréable qu'il ne pouvait contenir un second sourire, mais cette fois-ci, rempli d'amour et de sincérité.  « Mmh oui, ça va.. C'est dingue, je.. Enfin. T'es bien là. ». Il reprit alors ses esprits.

Stupide question, évidemment ! Après toutes ces années, c'était tout ce qu'il avait trouvé à dire? Mais bon, il fallait dire qu'il ne s'était pas préparé à la revoir aussi rapidement. Malgré ses dix années de séparations, il n'avait réussi à se l'ôter de la tête. Il n'était même pas capable de gérer ses émotions face à elle, pourtant il avait essayé ! Dix ans à tenter de se convaincre, à oublier sans y parvenir. De toute manière, Éli le savait. Même s'il avait réussi, il n'aurait jamais pu résister à ce regard et à ce si joli sourire.

Elle le serra alors dans ses bras. Une étreinte remplie de réconfort, de beaux souvenirs. Il glissa alors ses bras dans le bas de son dos pour la serrer contre lui, si content mais triste à la fois de l'avoir si près de lui, tout en étant si loin… Il ferma les yeux, comme si cela allait l'aider à mieux apprécier le moment (comme s'il avait besoin de ça). Il la relâcha rapidement lorsqu'il la sentit se dégager, comme s'il revenait à la réalité et qu'il se disait : Bordel, c'est la fiancée à ton frère.

D'ailleurs.

Pourquoi devait-il toujours se rappeler de cela? Un détail, tout de même assez important, mais quand même ? Cela ne l'avait pas empêché d'aller plus loin il y a dix ans, avant son départ? Il n'avait pas pensé à cela lors de cette soirée, pourquoi présentement cette réalité le frappait au visage? Des remords? Des regrets ? Ou tout simplement de l'envie? …

Elle s'excusa d'être trempée et Éli ne pu empêcher de rigoler à sa remarquer. Comme si cela le dérangeait, comme si cela l'empêcherait de la serrer dans ses bras.

Il baissa à nouveau le regard, gêné par la situation et finit par croiser à nouveau son regard. Il lui sourit un instant avant d'ajouter :

« Ça te dirait un café?… »

La jolie Lou ne pouvait pas croire qu'il était bien là, planté en face d'elle, après dix ans. Alors afin de s'en convaincre, elle commence à le toucher avec ses doigts. Un léger sourire se dessine sur son visage lorsqu'elle sent ses frissons, puis elle finit par lui caresser la joue, tout en le regardant. Bizarrement, elle ne s'est plus quoi dire devant lui. Alors qu'elle n'a pas arrêté de penser à ces fameuses retrouvailles. Ce qu'elle pourrait lui dire, si ils allaient parler d'eux deux, de leur relation et peut-être même de la nuit avant son départ. Mais là, elle ne savait plus rien lui dire et plus comment lui parler.

Alors au lieu de lui poser plein de questions, elle se contente de le prendre dans ses bras.. Les gestes sont parfois mieux que les mots. Elle reste quelques secondes dans ses bras avant de se reculer, prétextant d'être trempée. Certes il y a une part de cela, mais c'est surtout que cette étreinte lui a rappelé tout un tas de souvenirs. Des souvenirs qu'elle tentait d'oublier. Elle a eu comme des flashbacks de cette fameuse nuit.. La façon dont il la prenait lorsqu'il était au dessus d'elle, à lui enlever ses vêtements, son souffle plutôt rapide contre sa peau, ses mains qui caressait tout son corps... Des souvenirs qu'elle avait enfouis profondément dans sa mémoires. Mais rien que de l'avoir devant elle, les a fait tout de suite remonter.

Elle se recule finalement pour garder quand même un légère distance entre eux, et hoche sa tête à sa question. « Oui, allons-y.. » Elle sort de son petit sac à dos un gilet pour se l'enfiler avant de commencer à marcher avec lui vers le bar de la plage. Une fois arrivés, elle se pose sur une chaise et Elias en face. Elle le regarde un moment sans rien dire, elle commence à peine à réaliser qu'il est bel et bien revenu. Elle se mord la lèvre, parcourant la carte des boissons du regard, puis la referme doucement. « Est ce que quelqu'un d'autre sait que tu es revenu ?! Tu as vu Kostas..? »

Maintenant que les retrouvailles étaient passées, elle avait quand même pas mal de questions qui restaient sans réponse. Sans réponse parce que jamais elle pensait le revoir. Alors vu qu'il est là, elle ne peut pas agir comme si ils s'étaient vu la semaine dernière. Ca fait quand même dix ans. Dix ans sans aucun coup de fil, sans nouvelles de sa part. « Mmh et dis moi. Si tu n'avais pas eu cette blessure à faire soigner, est ce que tu seras revenu ? » Elle marque une pose, tout en le regardant droit dans les yeux. « ... Est ce que t'auras continué à faire le mort avec moi.. ? Est-ce qu'au moins tu as pensé, ne serait-ce qu'un jour, à m'appeler ?! »

C'était troublant de voir dans quel état Éli était. En effet, cela faisait des années qu'il s'était préparé à la revoir. Il avait imaginé leurs retrouvailles, penser à tout ce qu'il avait envie de lui dire. Tout lui venait en tête à ce moment-là. Il se souvenait que lorsqu'il était à l'armée et qu'il pensait à elle, un monologue se formait dans tête. Chaque mot avait du sens, chaque mot avaient sa place. Il s'était même retrouvé debout, pendant plusieurs nuits, à penser à cette conversation. Où il déballait tous ses sentiments, ses regrets, ses désirs surtout. Il s'était regardé à maintes reprises dans le miroir, pour savoir quelles  expressions faciales faire. Il avait pratiqué son non-verbal, pour être sur et certain de ne pas envoyer de mauvais signaux. Oh oui, Éli s'était préparé pour ces retrouvailles…

Pourtant.

Une fois devant elle, il perdait ses moyens. Il n'avait rien à dire, il ne savait que faire. Des années de préparations et pourtant, c'est comme si elles n'avaient jamais existée. Toutes ces années à apprendre, à savoir quoi dire s'étaient envolées en fumée. Dès l'instant où son regard avait croisé le sien, il avait tout perdu. Plus aucun souvenirs, à l'exception de cette dernière nuit.

Tout lui était revenu.

Comme un flashback. Il s'en souvenait de chaque instant, de chaque seconde qu'il avait savouré comme si cela s'était passé la veille. Ces images défilaient dans sa tête et le perturbait, car il ne savait pas comment vivre avec ce souvenir. Un bon et beau souvenir pour lui, mais tout de même…

Ils se mirent donc à marcher en direction du bar non loin de là. Éli suivait sans rien dire,  ne sachant pas trop quoi dire d'ailleurs. Comment maintenir une conversation avec une personne que vous n'avez pas vue depuis dix ans? Quels genres de questions l'ont pouvait  posées? Quels genres de regards l'on pouvait échanger? Quels genres de gestes étaient acceptés? Surtout lorsque deux personnes avaient vécus un passé comme le leurs, qu'est-ce qui était acceptable de faire entre eux?

Assit à table, Éli détourna son regard de sur elle afin de pouvoir commander. Il n'avait pas envie d'être sans voix devant le serveur aussi, il devait choisir. Cependant, il voulait faire attention. Il buvait beaucoup à l'époque et Éli a toujours eu de la difficulté à trouver sa limite. Il ne voulait pas avoir l'air ridicule devant elle…

Elle posa une question, une question à laquelle Éli fronça les sourcils, sans détourner son regard de sur le menu. Il hésita un moment avant de répondre :

« Non, je viens tout juste de rentrer… Je… Je voulais revoir ma ville natale avant de retrouver ma famille… Les retrouvailles avec eux ne risquent pas d’être superbes… »

Et il arrêta ça là. Il n'avait rien d'autre à dire sur le sujet. Il n'avait tout simplement pas envie de les revoir, car il savait que cela tournerait au vinaigre. Elle parla à nouveau, mais cette fois-ci, Éli releva directement la tête pour la regarder. Choqué un peu par ce commentaire, il ne pouvait se retenir de balancer :

« Quoi? Je venais d’être expulser de chez moi, on m’envoyer à l’autre bout du monde, ma vie allait changer sans mon consentement… Je suis désolé de ne pas avoir pensé à toi alors que ma vie basculait… », termina-t-il de manière très sarcastique et arrogante. C’était plus fort que lui, mais il remarqua qu’il avait exagérer, alors, il se reprit en soupirant : « Je… Je suis désolé… Je… C’est juste que… Je ne savais pas quoi dire… »

Elle avait longtemps attendu ce moment.. Ce qu'il allait lui dire, si il allait s'excuser pour la dernière nuit qu'ils avaient passés ensemble, si il regrettait, si il avait pensé à elle. Et pourtant lorsqu'il se retrouve en face d'elle, c'est comme si il avait perdu sa langue. Ce qui la fait sourire, il est plutôt mignon comme ça.. Comme un petit enfant intimidée par la maitresse d'école. Mais elle cherche quand même à le faire parler, à le détendre un peu parce qu'il a l'air tout stressé. Et c'est lorsqu'elle le prit dans ses bras, qu'elle toucha à nouveau son corps de ses mains que tous leurs souvenirs lui revenaient en pleine face. Et surtout un très fort et intense qu'elle avait vécu avec lui la veille de son départ. Mais ce souvenir là, elle essayait de l'oublier. Elle l'avait enfouit bien au fond de sa mémoire, mais l'avoir devant lui a tout fait remonter.

Elle se recule après quelques instants pour commencer à marcher en direction du bar. Lou ne pouvait s'empêcher de lui lancer quelques regards, évitant de le toucher à nouveau.. Elle se pose finalement en face de lui, sa bouille posée sur sa main, et ils commandent leurs deux boissons. Puis elle regarde Elias. Cela peut en effet paraitre intimidant, mais quand on n'a pas vu une personne pendant dix ans on a envie d'analyser tout ce qui avait changé. Il a grandit, normal. Il a un visage plus marqué, plus dur qu'autrefois. Ca doit être sans doute l'armée qui lui a fait prendre cet air de p'tit mec que t'as pas envie d'embêter. Elle cherche ses yeux, pour voir si ils ont changés aux aussi. Ses beaux yeux qu'elle n'a pas revu depuis dix ans. Mais on dirait qu'il fuit, qu'il la fuis.

Son regard se pose ensuite sur son corps, sur son beau corps qui n'a plus l'allure de sale gosse comme elle l'avait connu. Non, maintenant c'était un homme, un vrai. Elle se mord discrètement la lèvre, observant ses bras qui ont prit du muscle.. Et il a plus de tatouages qu'avant. Elle se redresse doucement finalement pour lui poser la fameuse question sur sa famille. La jolie brune se doute bien que les relations entre eux n'ont jamais été simples. Elle l'écoute, attentive à ce qu'il a à lui dire après dix ans. « D'accord.. Mais je suis sûre qu'ils seront quand même contents de te revoir Eli, après tout ce temps... »

Sa deuxième question à l'air de ne pas être prise comme elle le voulait. Ce n'était pas un reproche, enfin peut-être que si en fin de compte. Mais il lui avait manqué. Et elle a beaucoup souffert de n'avoir plus aucune nouvelle de lui comme ça, du jour au lendemain. Elle fronce légèrement les sourcils en le voyant lui répondre de cette façon, il n'avait pratiquement jamais haussé le ton avec elle alors ça la surprend d'autant plus. Elle se mordille sa lèvre, comme pour se retenir de lui répondre avec la même intonation. Elle ne voulait pas créer plus de tension entre eux, qu'il y en a déjà. « Mmh c'est bon je voulais pas t'énerver.. » Elle s'arrête de parler, détournant légèrement son regard. Cette question avait posée un froid, elle ne savait pas trop quoi lui dire après ça.

« C'est juste que.. On n'a jamais vraiment eu l'occasion de parler après hum, tu sais.. » Elle baisse son regard vers ses doigts, jouant un peu avec ceux-ci. « Non pas que j'ai envie de reparler de ce qu'il s'est passé entre nous la dernière fois, mais.. enfin bref!! Oublie, c'était stupide de ma part, c'est du passé. On a tous les deux oubliés.. » Elle relève doucement sa tête vers lui afin de lui sourire. Elle se sent vraiment débile de reparler de cette fameuse nuit. Comme si ça avait compté, comme si il s'en souvenait, après plus de dix ans. Surtout qu'elle est toujours fiancée à son frère, et qu'elle l'aime, malgré tout.

Éli ne s’était jamais senti aussi vulnérable qu’à cet instant précis. C’était comme s’il allait au front, sans armes, sans coéquipiers pour l’aider au besoin. Il était seul, face à cette beauté naturelle,  ne sachant que faire ni que dire pour la voir. Il se sentait minuscule, alors que physiquement, il était plutôt imposant. Il se sentait tout petit, tout faible, incapable de réagir à ce qu’elle faisait ou disait.

Assit face à elle, jamais Éli n'avait éprouvé un désir aussi fort. Un simple geste, juste se lever et être à ses côtés. Juste la toucher, sentir sa peau contre la sienne. Être près l'un de l'autre, collés, à discuter normalement sans avoir de froid entre eux, sans avoir de limites, sans avoir peur. Ce désir ardent qui brulait en lui, tellement qu'il avait envie de pousser cette table et qu'ainsi, rien ne les séparerait. Cela prenait toute son énergie, toute sa force, toute sa concentration pour pouvoir rester ainsi face à elle. Si ce n'était que de lui, il lui prendrait la main, lui sourirait, la complimenterait sans arrêt. Plus jamais il ne détournait son regard du sien, plus jamais ses mains ne voudraient serrés autres choses que ses mains et plus jamais ses lèvres ne voudraient touchées autres choses que ses lèvres. Pourtant, tout cela lui était impossible. Et comme il avait déjà eu la chance de connaître cette sensation par le passé, cela rendait les choses encore plus difficiles, car il savait ce qu'il manquait. Il enviait encore plus son frère d'avoir la chance de vivre cette sensation au quotidien. Cette sensation même qu'Éli éprouvait uniquement lorsqu'il était sous substance. Cependant, avec elle, rien de cela était nécessaire pour qu'il se sente bien…

Il était incapable de la regarder plus que quelques secondes, sans quoi il craquerait. Alors, souvent, il détournait le regard pour regarder autour. N’importe quoi, juste assez pour lui permettre de reprendre des forces et de ne pas succomber. Mais toujours, il finissait par la regarder à nouveau et, à chaque regard, c’est comme s’il retombait à nouveau en amour avec elle.

« D'accord.. Mais je suis sûre qu'ils seront quand même contents de te revoir Eli, après tout ce temps... » , dit-elle.

Il reprit ses esprits et soupira. Si seulement cela pouvait être vrai… Ses aprents l’avaient envoyés, l’avait retirés du nid familial, car Éli leur faisait trop honte. Alors, seraient-ils vraiemnt heureux de le revoir? …
Éli ne préféra pas réponre, car il savait qu’il finirait par s’emporter et il voulait éviter cela.  Elle passa ensuite une remarque à propos de cette fameuse nuit.
Éli rougit un peu et tenta de le dissimuler en baissant la tête. Il était aussi gêné qu’elle, peut-être même plus encore. Cependant, il ne pu s’empêcher de répondre :


« Moi je n’ai pas oublié… »

Il n’osa pas lever les yeux et croiser son regard après cet aveu.

Lou ne comprenait pas vraiment pourquoi ils n'arrivaient plus à communiquer ensemble. Enfin si, c'est surtout depuis la fameuse nuit où elle a fini dans ses bras. Et depuis, tout a changé. Elle le voit différemment. Avant c'était surtout le frère de son homme, avec qui elle s'entendait bien parce qu'elle le voyait assez souvent. Maintenant elle avait du mal à lui parler comme si de rien n'était, comme si tout était totalement normal entre eux. Mais son absence a aussi joué beaucoup sur leur relation aujourd'hui. Un soir il débarque chez elle, il lui balance qu'il est fou amoureux, ils couchent ensemble, il la fou en cloque puis se casse. Depuis, plus rien n'est comme avant et ils ne peuvent rien y changer. Elias ne sait toujours pas pour le bébé et il ne le saura probablement jamais.. Parce que pour Lou c'est du passé, et elle n'en parlera plus.

Ils se retrouvent assis l'un en face de l'autre, à se regarder puis s'éviter, détourner leur tête, se parler, se chercher. Et il y avait une sorte de tension entre eux qui devenait de plus en plus grandissante. Tandis qu'Elias évite son regard, elle, elle commence à l'observer. Observer chacune des parcelles de son putain de corps qu'elle n'avait plus revu depuis dix ans. Elle devait se rappeler comment il était, et à quelle point il a changé. Car ce n'était plus le jeune homme qu'elle avait connu, et ce nouveau Elias l'intriguait beaucoup. Ils commencent à parler de sa famille, la jolie brune essayait tant bien que mal de le rassurer. Parce qu'elle a toujours été comme ça, la p'tite Lou. Toujours a essayer de trouver les bon mots, essayer de le rassurer comme elle pouvait. Sur ce point de vue, leur relation n'avait pas changé. Elle était et est toujours là quand il en a besoin. Il ne fallu ensuite pas plus de quelques minutes avant que Lou lui reparle de la veille de son départ.. Voulait savoir si ce n'était qu'un jeu pour lui. Parce qu'elle a beaucoup souffert. Non seulement elle s'est envoyer en l'air avec le frère de son fiancé, mais elle est tombée enceinte. Ce n'est pas trop l'avenir qu'elle espérait pour une jeune femme de 18 ans, pleine d'ambitions.

Mais elle se reprit très vite, ne voulant pas créer de moment encore plus gênant entre eux. Seulement c'était trop tard, elle avait déjà abordé le sujet tabou. A cet instant précis, elle voulait s'enfoncer sous terre. Comment elle peut être aussi stupide, pourquoi lui reparler de ça... Faisant la fille qui ne l'avait pas oublié, alors qu'elle est fiancé à Kostas. C'est pourquoi elle essaye de clore le sujet en lui faisait comprendre qu'il n'était pas obligé de répondre parce que c'était du passé, qu'ils ont tourné la page. Mais sa réponse la surprend d'autant plus. Sur le coup, elle perd tous ses moyens. Elle qui d'habitude a réponse à tout, là elle ne savait plus quoi dire. Un léger blanc s'installe alors, ses yeux étaient toujours rivés sur ses mains. Elle se décide finalement de relever sa tête pour le regarder, se mordillant la lèvre.

« Quoi..? Euh, j'veux dire que.. Moi non plus tu sais. » Il est clair que même si elle a essayé de zappé ce petit moment de ça, ce n'était pas possible. Après tout, elle a avorté suite à ce petit moment d'égarement, ce qui a totalement laissé une trace en elle. Mais elle ne pouvait clairement pas assumer ce bébé. « Mais je crois qu'on a laissé l'alcool parler à notre place. Enfin, tu vois c'que je veux dire. J'étais triste à l'idée que tu partes, et toi tu venais de te faire rejeter par ta famille alors t'as picolé... Et on s'est un peu trop laissé aller quoi. » Elle se doit de remettre les choses en place, maintenant qu'il est revenu. Elle est avec son frère, et malheureusement c'est comme ça.

C'était très difficile et gênant pour eux de se rappeler de cette fameuse nuit. En effet, après avoir partagé un moment de tendresse, un moment précieux, ils ne s'étaient pas revus. Dix ans c'étaient écoulés et ils ne s'étaient jamais revus, jamais parlé avant cela. Éli était très mal à l'aise, car pour lui, ce moment fût le moment le plus joyeux qu'il n'a jamais vécu.

En effet, alors qu'il vivait des moments difficiles, c'est comme si ces quelques instants passés avec elle lui faisait tout oublier. Il avait été heureux lors de ce moment, il s'était sentie bien, il s'était sentie aimé. Il ne regrettait pas ce moment partagé avec elle, il regrettait simplement de ne pas pouvoir le refaire. Aucune fille ne l'avait fait sentir ainsi. Éli était du genre à fuir l'engagement, à vivre une journée à la fois et de ne pas penser aux conséquences. Pourtant, Laure-Lou était la seule et unique fille avec qui il envisageait un avenir. Il se voyait vivre avec elle, la marier peut-être même, si elle le voulait. Habituellement, Éli ne se voyait pas vivre le quotidien avec une même personne. Habituellement, avec les filles, c'était histoire de sexe et une fois que c'était fait, il passait à autre chose. Pendant, avec Laure-Lou, il voulait plus. En effet, il ne voulait pas que du sexe, il voulait de l'amour, il voulait une vie. C'était tout bizarre pour le jeune, c'était un sentiment, une réalité nouvelle pour le jeune homme. Même s'il n'était pas habitué à ça, c'était un sentiment qu'il ne trouvait pas désagréable. La seule chose qui le dérangeait dans cette histoire, c'était que son cœur appartenait à quelqu'un d'autre. Si seulement cet homme la rendait heureuse, qu'il l'aimait comme elle devrait être aimée, comme elle y avait droit. Mais non, elle était tombée sur un mec qui se foutait complètement d'elle et qu'il ne réalisait pas la chance qu'il avait…

Enfin bref, alors qu'un certain malaise s'était installé entre eux, Laure-Lou rajouta à ce que le jeune homme avait dit.

…

Éli fut blessé par ses propos. Comme si l'alcool et les circonstances étaient la seule raison de pourquoi ils avaient couché ensemble. Peut-être était-ce le cas de Laure-Lou, mais ce n'était pas réciproque. Non, pour Éli, il n'y avait pas eu que ça.

Il y avait eu de l'amour, de la tendresse, de la sincérité, de la douceur. Ce n'était pas l'alcool qui l'avait poussé à faire ce geste, mais plutôt l'envie. Oui, il en avait envie. Peut-être que l'alcool lui avait enlevé toute barrière, peut-être que grâce à cela, la barrière s'était levé entre eux. Mais pour Éli, c'était bien plus que ça. Bien plus qu'une simple histoire de couchette.

Il baissa alors les yeux lorsqu'elle termina de parler. Déçu par sa réponse, il ne pouvait cependant pas rester silencieux. Cela faisait dix ans qu'il était resté silencieux, à présent, il devait parler :


« Ce n’est pas l’alcool qui m’a poussé à faire ça… Ma famille, ma tristesse… Tout ça, ça n’a aucun lien avec ce qui s’est passé ce soir-là… Du moins, pas pour moi… »

Il se tût, ne sachant plus trop quoi dire. Était-ce correct? Allait-il la blesser? Allait-il l’effrayer?

La jolie brune aurait préférée ne pas devoir aborder ce sujet avec lui. Tout simplement parce que depuis, leur relation n'est plus comme avant. Elle est gênée d'être en face de lui, alors qu'il l'a vue nue. Et que c'est en plus de cela le frère de son fiancé. Lou ne l'avait jamais vu autrement qu'un ami, elle n'avait même jamais pensé à lui en tant qu'homme. Pour elle, c'était un gamin qui enchainait les conneries et qui se faisait rejeter par sa famille.. Elle se devait donc d'être sympa avec lui. Mais depuis cette fameuse nuit, elle a découvert l'homme. Le vrai. Le beau. Alors encore aujourd'hui, même après dix ans, elle ne peut pas faire comme si il n'y avait rien eu.

En lui disant tout ça, elle ne pense pas du tout qu'elle le blesse. En fait, elle croit que tout ce qu'il lui a dit le soir même c'était justement pour la faire craquer plus facile et qu'il n'a jamais réellement été amoureux d'elle. Puis, ils avaient tous les deux bu pas mal d'alcool. Et on sait tous que l'alcool peut faire perdre la tête et dire des choses qui ne sont pas totalement vraies. Elle pense, elle en est presque persuadée d'ailleurs, que tout ça n'était qu'une simple connerie de leur part. Une erreur, mais avec une lourde conséquence : elle est tombée enceinte. Mais ça, elle ne lui dira pas. Car elle n'a pas envie de donner d'importance à cette soirée. Même si elle a aimé, il faut qu'elle oublie tout cela. Elle relève un peu les yeux à sa réponse, et elle ne peut pas cacher sa surprise. Alors il était sincère ? Tout ce qu'il a pu lui dire ce soir là était vrai ?! Elle tombe de très haut là. Pendant toutes ces années elle a juste pensé qu'il s'est servi de ses sentiments pour coucher avec elle. Sur le coup elle reste sans voix.

« Quoi..? Elias, je.. » Elle se tait, le serveur arriver avec les boissons. Elle prend la sienne, et boit doucement. Histoire de ses remettre de ses émotions. Parce que ça fait beaucoup pour elle, en même pas dix minutes. Son regard se repose sur lui, essayant de trouver les bons mots. Elle ne veut absolument pas le blesser, mais elle n'a pas envie de lui donner de faux espoirs non plus. Après tout, elle aime Kostas. Même si il la traite n'importe comment et qu'il la trompe. Mais elle a quand même besoin d'en être sûre, alors elle ose demander.. « Et qu'est ce qui t'as poussé à coucher avec moi ce soir là..? Tout ce que tu m'as avoué, c'était vrai ? » Elle se mord la lèvre en le regardant, besoin de savoir vraiment ce qu'elle représente pour lui.

HJ: Désolée du retard :( J'ai eu une semaine de fou!

Et voilà, tout était dit. Éli s'était vidé le cœur d'une certaine façon, lui avouant certaines émotions. Depuis toujours, dès l'instant où il l'avait vu, ce fût le coup de foudre. Cependant, en discutant avec elle, en apprenant à la connaître, il savait que c'était la femme de sa vie. Elle avait attitré son regard, effectivement et Éli ne pourra jamais le nier. Elle était le genre de fille qu'il aurait tenté de mettre dans son lit, car physiquement, elle lui plait bien. Mais, en discutant avec elle, la manière qu'elle avait de l'écouter lui fit découvrir de nouvelles émotions. Pendant longtemps, Éli n'avait jamais su quels genres de sentiments il avait pour elle. Du désir? De l'affection?  Ce ne fût jamais clair dans sa tête. L'incompréhension totale. Des sentiments et émotions inconnus pour lui. Puis, cette fameuse nuit, en l'espace de quelques instants, tout s'éclaircit. Tous les doutes, les questions s'étaient envolées. À cet instant là, lors de son départ, il comprit ce qu'il ressentait pour elle. Depuis dix, cette même émotion n'avait jamais disparu. Malgré le temps, la distance, les obstacles qui les séparaient, jamais l'amour qu'il avait pour elle n'avait diminué.

Un malaise s’installa, mais le serveur arriva juste à temps. Éli s’empressa de prendre une gorgée pour ainsi repoussa l’Instant fatidique où il devrait répondre à la fameuse question. Il poussa son verre et figea.
Oui, répondit-il dans sa tête.
Oui, je t’ai aimé. Oui, je t’aime à cet instant précis. Oui, cette nuit-là fût mémorable et agréable. Non, ce n’était pas qu’une histoire de sexe. Non, je ne regrette pas. Oui, j’envie mon frère. Non, je ne pourrais passer à autre chose. C‘était tellement simple et clair dans sa tête, pourtant, il était incapable d’en glisser un mot. Tout se bousculait lorsqu’il tentait d’ouvrir la bouche. Aucun son ne sortait, comme si toute sa vie dépendait de ces simples petits mots. Comme si tout son avenir reposait sur la réponse de Laure-Lou.

Il hésita longuement, pendant plusieurs minutes. Il prenait des gorgées de sa boisson et une fois celle-ci terminée, il fuyait son regard. Il riait bêtement, gêné par cette question, mais il savait qu’il ne pouvait plus repousser sa réponse. Elle le fixait d’un regard… Bordel… Comment résister?
Il plongea son regard dans le sien, comme si cela allait lui permettre d’aller chercher la force nécessaire pour avouer ce qu’il s’apprêtait à avouer. Il soupira un instant et souffla dans un murmure :

« Oui… »

Il baissa les yeux, incapable de soutenir son regard plus longtemps. Mais, il devait aller au bout de sa pensée :

« Oui, tout ce que je t’ai dit… Tout ce qui ‘est passé entre nous… C’était vrai pour moi… »

HJ: y'a vraiment pas de soucis, maintenant tu es là 

Elle reste planée comme une débile en face de lui, sans mots. Que dire après tout ça. Sérieusement il doit vraiment la prendre pour une conne parce qu'elle reste pendant un long moment à le regarder, ses yeux écarquillés. Comme si elle avait perdue sa langue. Alors il l'aimait.. Et pas comme de simple frères et soeurs comme ils sont supposés l'être, maintenant qu'elle va épouser Kostas. Elle reçoit d'un coup trop d'émotion en pleine face là. Elle essaye de trouver les mots pour lui répondre. D'un côté, elle est soulagée et presque contente qu'il ne s'est pas servit d'elle juste pour blesser son frère ou parce qu'il avait juste envie de se taper la fiancée de Gus. Mais de l'autre, elle ne veut pas lui faire espérer quelque chose qui n'arrivera sans doute pas. Elle ne peut pas dire jamais parce qu'elle ne connait pas l'avenir mais pour l'instant elle est amoureuse d'un autre homme.

Un malaise, oui. Un très gros même. Et l'atmosphère se refroidit entre eux. Puis ses mots qui résonnent en elle, et la p'tite Lou qui les répètent juste pour que ça ait l'air plus réel. Pour se les ancrer dans sa tête. Non, ce n'est pas une blague. A plusieurs reprises elle ouvre la bouche pour parler mais aucun son ne sort. Elle souffle finalement, reprenant plusieurs gorgées de sa boisson. Elle continue de le regarder, et se penche un peu vers lui. « Eli.. Pendant dix ans j'ai cru que.. Que c'était qu'un jeu pour toi, qu'on avait passé la nuit ensemble juste parce que t'allais partir le lendemain.. » Maintenant elle se sent vraiment conne de n'avoir pas vu ses sentiments plus tôt. Elle baisse un moment son regard comme pour se reprendre. Elle se pince la lèvre, son petit tic lorsqu'elle est nerveuse. Comme à cet instant précis. Cette situation, le fait qu'il soit en face à elle, la met trop sous pression.

« Tu sais que je suis toujours avec Kostas.. » Juste un petit rappel. Pour qu'il n'oublie pas qu'elle va accessoirement épouser son frère bientôt. Au cas où il aurait espéré quoi que ce soit avec elle. Et maintenant elle se met à jouer avec sa bague de fiançailles accrochée à son doigt, un autre tic de nervosité. « Je.. Je sais pas quoi te dire. C'est trop tard, maintenant. T'es arrivé au mauvais moment. » Au tout début de sa relation amoureuse avec Gus, elle doit avouer qu'Elias lui plaisait bien aussi. Mais c'était un peu le mec pas sérieux du tout, qui foutait que des conneries et qui n'avait presqu'aucun avenir. Elle était jeune, insouciante, rêvait de grandes choses et surtout d'avoir de l'argent. Alors c'est logique qu'elle s'est plus tourné vers Kostas, qui était l'homme parfait.

HJ: Je suis là, me voilàààààà

« Eli.. Pendant dix ans j'ai cru que.. Que c'était qu'un jeu pour toi, qu'on avait passé la nuit ensemble juste parce que t'allais partir le lendemain.. »

Éli fut blessé par ces quelques mots. Honnêtement, cela le décevait. Il ne pouvait pas croire qu'à ses yeux, à elle, c'était cette image qu'elle avait de lui. Bon, il fallait qu'Éli se l'avoue, il était ce genre de gars. Mais cela, ça fait bien des années ! Il n'était plus le même aujourd'hui et il était déçu de voir que c'était cette image qu'elle gardait de lui, surtout pendant dix ans… Après tout ce temps, cela serait très difficile de lui montrer le contraire. Son idée était faite, son opinion était clair, il n'était qu'un coureur de jupons…

Il baissa les yeux en souriant, préférant ne rien ajouter de plus. Il sentait une légère fissure dans son cœur, comme si cette remarque l'avait affaiblit.

« Tu sais que je suis toujours avec Kostas.. »

Certainement qu'il le savait. S'il avait bien une chose qu'il enviait le plus à son frère, c'était bien cela. S'il voulait être Kostas, c'était uniquement pour elle. Les remarques désobligeantes de son père et le désespoir de sa famille, il avait appris à vivre avec cela. Il ne voulait plus souffrir à cause d'eux. Mais… Laure-Lou… C'était quelque chose qu'il ne pouvait se retirer de la tête et du cœur. C'était bien la seule personne de son passé qu'il voulait garder dans son entourage. Pendant dix ans, il n'avait jamais arrêté de l'aimer, et pour Éli, cela signifiait quelque chose. Il n'avait jamais éprouvé des sentiments pour une fille plus qu'une nuit, alors imaginer la surprise qu'il eu quand il comprit que cela durait depuis dix ans… et même plus…

Il resta immobile et silencieux, comme s'il appréhendait le pire, comme s'il savait que quelque chose de pire allait arriver…

« … C'est trop tard, maintenant. T'es arrivé au mauvais moment. »

À cet instant, tout s'assombrit. C'était comme si le monde avait arrêté de tourner, tout était silencieux. Il n'entendait plus rien, il ne voyait rien d'autre que Laure-Lou face à lui. La fissure de son cœur se déchira dans une telle violence qu'il en crispa les yeux. Il fronça les sourcils, comme s'il tentait de tenir le coup.

P*tain…

C'était douloureux. Ces quelques mots l'avaient anéanti. Pourtant, Éli avait subi plusieurs coups dans la vie. Aucune drogue ne l'avait détruit ainsi. Ni même toute l'alcool qu'il avait consommé. Les bagarres n'étaient rien comparé à cette douleur et même les remarques désagréables de son père ne le faisaient pas souffrir autant que ces onze mots…Ses yeux s'embrouillèrent, mais il ne voulait plus cacher ses émotions, du moins, pas à elle. Avec la dernière force qu'il lui resta, il releva les yeux et la regarda un instant. Il ressentit un autre pincement au cœur, mais cette fois-ci, il avait mal, car il savait qu'il ne pouvait plus espérer rien en retour. Il hocha la tête et soupira à nouveau, ne sachant pas trop quoi dire ni faire. Pourtant, il ne voulait pas terminer la conversation ainsi. Il devait aller au bout de ses pensées. Pendant trop longtemps, Éli n'avait jamais osé avouer ses sentiments, parler de ce qu'il ressentait, mais c'était assez. Il devait continuer, même s'il savait qu'il tournait le couteau dans la plaie, il devait le faire :

« [bJe… Je sais tout ça… T’es avec Kostas…Et c’est un bon gars][/b]… ». Ces mots sortirent de sa bouche comme de l’acide. Sa gorge brulait, mais il poursuivit: « Mais cette nuit-là… C’était… magique… Je… Je peux pas croire que… C’était… juste… une histoire d’un soir… »

HJ: ouuiiii    

Leurs retrouvailles étaient devenues désormais très amères. Comme si ils se devaient de tout se dire et d'ouvrir leur coeur. Et c'est Laure-Lou qui commence, lui avouant que pendant plus de dix ans elle a cru qu'il avait jouer avec elle. Que tout ça ne signifiait rien. Sur le coup, elle remarque bien qu'elle a touché un point sensible là. Sa façon de réagir la touche, la fait réfléchir et tout d'un coup elle se remet en question. Alors il m'aime... C'est ce qu'elle n'arrête pas de se dire, comme pour que ça ait l'air plus réel. Parce que vraiment elle n'aurait jamais cru cela possible. Les deux frères Yannakakis ont toujours eu des problèmes à communiquer et s'entendre, elle pensait juste qu'il avait couché avec elle pour faire du mal à son frère. Alors maintenant elle se sent bien conne, devant lui. Parce qu'elle lui fait mal. Elle le sent, elle le sait. Mais après tout, c'était presque prévisible qu'elle pense cela - direct le lendemain il part, et ne donne plus aucune nouvelle. Plus jamais. A quoi elle devait penser hein..

Elle fait quelques pauses dans ses phrases, le sent qu'il rajoute quelque chose si il avait envie de commenter. Mais il n'a pas l'air décider à parler. Bon. Autant aller au bout et qu'il réagisse après. Elle lui rappelle donc qu'elle est toujours avec Kostas. Enfin, c'est pas vraiment un rappel vu qu'il doit bien s'en souvenir. En tout cas, elle essaye d'être la plus douce possible pour ne pas le blesser. Mais on dirait qu'à chacun de ses mots, il s'enfonce un peu plus, son visage se décompose et son coeur se brise. Elle a mal, aussi. Parce qu'elle tient beaucoup à lui et ne veut pas le perdre. Alors elle a peur qu'après ça, plus rien ne sera comme avant. C'est même sûr, d'ailleurs. Et elle finit finalement par le coup de grâce. La phrase de trop. Et on dirait que tout autour d'eux s'assombrit avec Elias. Le soleil disparait pour faire place à des nuages. C'est comme si tout était devenu triste, sombre.

Elle termine sa boisson, évitant de le regarder à présent. Elle attend. Mais elle ne sait pas très bien quoi. Peut-être un signe de sa part, une phrase, un mot, n'importe quoi mais ce silence la pèse. Elle aimerait le briser sauf qu'elle ne sait plus quoi lui dire. Alors elle attend qu'il parler, cette fois. Et c'est d'ailleurs ce qu'il fait, après plusieurs secondes. Elle s'oblige à le regarder, et elle se mord la lèvre. Puis un petit sourire se dessine sur son visage. Malgré tout, ce qu'il lui dit la touche, et en vient même à la troubler. Elle allait répondre, et à ce moment là son portable, qui était posé sur la table en face d'eux, sonne. Elle jette un oeil à l'écran et voit le nom de Kostas. Son Fiancé. Elle soupire doucement, ses yeux se reposent sur Elias un moment avant de se décider à raccrocher direct l'appel de son mec.

« Bien sur que non, ce n'était pas juste une histoire d'un soir.. » Voilà, c'est dit. Elle a toujours ressentit un truc bizarre lorsqu'il était à côté d'elle, et encore plus depuis cette fameuse nuit. Il la rend toute chose, la stress, la rend nerveuse. Mais ce n'est pas comme si ça allait changer quelques choses. Leur histoire ne peut pas voir le jour. Il a été pendant dix ans absent, il a loupé sa chance.  Elle le regarde un moment, et se penche légèrement vers lui. « Tu sais.. Tu m'as troublé ce soir là, j'ai connu des sensations que je n'avais encore jamais connu. » Un p'tit rire s'échappe de ses lèvres. Elle se sent conne, débile, voir même infidèle d'avouer tout ça au frère de son fiancé. Mais elle se reprend vite, sachant déjà qu'elle a été trop loin dans ses propos. Elle était pratiquement entrain de lui dire que pour elle aussi c'était magique. Elle ne peut pas ressentir quoi que ce soit pour lui. « On peut pas Eli, je.. C'est pas possible. » Elle se recule, détournant sa bouille pour ne plus devoir à le regarder.

Éli n'avait jamais été aussi honnête avec quelqu'un, surtout avec les femmes. Il avait toujours menti aux gens, caché son vrai visage et montrer celui qu'il croyait qui allait plaire aux autres. C'était sa façon à lui de se protéger, de ne pas être blessé et surtout de ne pas laisser les gens connaître ses faiblesses. Il ne voulait pas montrer ses émotions, car il se méfiait que les gens pourraient s'en servir contre lui. Éli avait toujours été le genre de garçon qui ne semblait pas affecté par rien, que rien ne l'effrayait… Et pourtant…

Juste être assit devant elle le terrorisait. IL se sentait faible, mais fort à la fois. Il avait peur, mais se sentait bien également. Il avait envie de pleurer, mais elle le faisait sourire également. C’était tellement contradictoire qu’il ne savait pas du tout comment gérer cela. D’autant plus que c’était la première fois, il ne voulait pas tout gâcher, car déjà que la situation n’était pas facile… La femme de sa vie allait se marier avec son frère et…

Tiens.

En parlant du loup.

Éli remarqua que le portable de Laure-Lou vibra et, ce fut plus fort que lui, il jeta un coup d'œil. Normalement, Éli n'était pas du genre curieux, il se foutait un peu même à qui ses amis peuvent bien parler. Mais pas cette fois-là. Voir le nom de son frère le choqua, mais il resta très calme. IL n'avait pas envie de s'énerver contre elle, surtout qu'elle n'était pas à blâmer là-dedans. Peu importe ce qui c'était passer entre eux, Kostas restait son fiancé et jusqu'au contraire, il allait bien continuer de lui envoyer des texto…

Cependant, Éli fut content, éprouva un certain soulagement lorsque Laure-Lou ignora le message de son frère. Il savait que, au moins à cet instant, Laure-Lou avait préféré Éli que Kostas, car elle l'avait ignoré. D'habitude, c'était le contraire, mais pas cette fois. Bien sûr, il ne devait pas trop s'emballer de ça, ce n'était rien, ce n'était pas comme si elle lui avait fait une promesse. Cependant, il sourit légèrement, content de savoir que parfois, il pouvait être le premier choix de Laure-Lou…

Elle parla et Éli écouta attentivement, comme si cela allait l'aider à mieux comprendre la situation, de mieux comprendre ce qu'elle ressentait. Il ne détourna pas son regard cette fois-ci, mais pris un instant avant de lui répondre sur un ton très doux :

« Pourquoi? Je veux dire… Si tu es mélangé ou… si tu ne sais pas quoi faire… Y’a rien qui t’empêche de prendre du temps pour toi… Si tu dois réfléchir, ne t’empêche pas le faire à cause de mon frère… ». Il fit une pause avant de « [b]Je… refuse… de croire que toi et moi… ça n’ira pas plus loin que ça…»/b]… »

La p'tite Lou, qui d'habitude était très à l'aise avec les gens, est devenue soudainement nerveuse. Comme si elle ne savait pas du tout quoi lui dire, ou de quoi lui parler. Leur relation était devenu très bizarre, et rien que de l'avoir en face d'elle la rendait gênée. Et maintenant encore plus. Maintenant qu'il lui a enfin avouer qu'il était sincère, qu'il n'a jamais joué avec elle. Elle reste un instant figé, avant de ramener sur le tapis Kostas. Quand même, elle s'apprête à passer le reste de sa vie avec son frère. Il ne doit pas l'oublier. Et à ce moment là son portable sonne, telle une sonnerie. Une sonnerie pour lui rappeler qu'elle joue un jeu un peu trop dangereux avec Elias et qu'elle va trop loin. Et c'est Kostas, sa sonnerie. A croire qu'il a eu une intuition et qu'il est toujours dans les parages à la surveiller. Mais pour une fois, et c'est bien la première fois, elle ne lui prêt pas attention. C'est Elias qui compte, en ce moment.

Elle range d'ailleurs son portable pour ne peut être dérangée, et continue de lui parler. Toujours de plus en plus proche de lui, de son corps. Mais elle se stoppe. Quand même. Elle a bien conscience qu'elle va trop loin et elle ne peut pas faire ça à son fiancé. Elle se recule alors, détournant sa bouille en lui disant que ce n'était pas possible. Eux deux là. Leur relation qui devient de plus en plus compliquée. Elle joue nerveusement avec son verre, tout en jetant un oeil à sa montre. Elle ne va pas tarder. Non pas qu'elle est en retard pour rentrer à la maison, mais elle se dit qu'il est peut-être préférable de ne pas rester une minute de plus avec lui. Sinon elle va le regretter.

Lou lève ses yeux vers lui en l'entendant parler et ne peut s'empêcher de froncer les sourcils à sa dernière phrase. Il est sérieux, lui. « Mais tu t'attendais à quoi ?! Ya dix ans tu débarques chez moi, tu fou le bordel dans ma vie puis tu te casses. Et aujourd'hui t'es devant moi à me dire que tu as envie qu'on aille plus loin tous les deux ?! » Oui, elle s'énerve. Elle s'énerve parce qu'il est légèrement en retard. Il a laisse passer sa chance, c'était y'a dix ans qu'il aurait du lui dire tout ça. Pas aujourd'hui. Mais y'a dix ans il a préféré la foutre en cloque et se casser. Automatiquement elle passe une main sur son ventre, histoire de se rappeler ce qu'elle a eu à vivre. « Tu.. Tu sais rien de ma vie Elias. Tu sais pas ce qu'il s'est passé juste après que tu sois parti, tu sais pas ce que j'ai vécu... » Depuis son avortement, elle n'est plus du tout la même. Certes, ils étaient jeunes, puis le bébé était surtout du frère de son copain, mais jamais elle aurait pensé vivre ça un jour. Elle souffle, essayant de se calmer tout doucement. « Alors oui, peut-être que cette nuit là était magique, mais c'était il y a dix ans... C'est trop tard maintenant. J'te dis pas ça seulement vas-à-vis de Kostas. Juste.. T'es parti d'accord ? Pendant des années j'avais plus de nouvelles de toi.. »

Éli ne savait comment réagir face à Laure-Lou. Il ne voulait pas la brusquer, ni même heurter ses sentiments à cause de ce qu'il disait, amis il n'avait d'autres choix. Il en avait marre de se cacher, de toujours tout garder en lui sous prétexte que cela pourrait déranger les autres. Bien honnêtement, Éli s'en foutait littéralement de ce que les autres pouvaient penser.

Non mais c'est vrai.

Pourquoi deux personnes, qui vivent des situations difficiles, que l'un d'eux préféraient aller voir ailleurs s'empêcherait pour faire plaisir à des gens qui ne se soucient pas de leur bonheur? Pour vivre en fonction des autres? Est-ce qu'EUX s'intéressent à leurs plaisirs? À leur bonheur? Non, alors pourquoi Éli devait el faire? Pourquoi Laure-Lou devait le faire?

Décidement, Éli ne comprendrait jamais rien à rien. Lorsque tout semble facile, simple à comprendre, il fallait qu'il arrive quelque chose pour tout bousiller.

Éli ne mentirait plus sur ses émotions et, même si cela devait détruire sa famille, il s'en fichait. De toute manière, cette famille était détruite. Elle semblait soudée uniquement pour les apparences. Toute cette belle relation était basée uniquement sur l'hypocrisie, encore une fois pour plaire aux autres. Ses parents étaient déjà déçus de lui, la relation avec son frère était déjà très tendue, alors pourquoi continuer de tenter de recoller les pots casées alors que c'était trop tard?

Il écouta Laure-Lou parler, sans l'interrompre, sans même s'emporter. Il ne faisait que l'écouter, absorbant chaque parole, chaque geste étaient gavés dans sa mémoire pour ainsi tenter de tout comprendre et, de cette manière, respecter sa personne. Encore une fois, il ne voulait pas la brusquer, il voulait comprendre.

…

Il baissa les yeux.

Il analysa.

Bordel!

Ce qu'elle en avait dit des trucs !

Il réfléchissait. Il le devait bien s'il ne voulait pas tout gâcher. Elle lui faisait beaucoup de reproches, et Éli n'avait pas d'excuses à tous ces commentaires.

Dix ans, c’est vrai, dix années complètes où il n’avait pas donner de nouvelles. Il avait sincèrement cru qu’il aurait pu l’oublier, refouler ses sentiments et passer à autre chose comme avec toutes les autres. Mais non. Dix ans n’avaient pas suffit. Une décennie, c’était long, assez long pour comprendre qu’il ne pourrait jamais passer à autre chose.
Il réfléchit encore un instant. IL pensait à ce qu’il allait dire. Cherchait-il à s’excuser ou à s’expliquer? Il laissa donc son cœur parler…



« Lou... Je… ». Il releva les yeux pour la regarder, sincèrement cette fois-ci et poursuivit « Les mots me manquent pour te dire tout ce que j’ai envie de te dire… C’est vrai… Dix ans… c’est long… Mais… J’ai vraiment essayé de t’oublier… T’oublier cette nuit-là… Je ne voulais pas te faire du mal… Je voulais juste… Disparaître de ta vie et… comme ça… t’aurai une meilleure vie? Je voulais pas tout faire chambouler…»… »

Il était sincère, il disait la vérité. Pendant des années, Éli s’était fait dire qu’il était moins bon que son frère. Il ne souhaitait que le meilleur pour elle et, avant, il croyait que c’était uniquement Kostas qui pouvait le lui offrir. Mais en dix, il comprit plusieurs choses…

« Si je suis revenu c’est… Parce que je sais que  Kostas te mérite pas. Tu mérites un gars qui va te regarder, sans jamais vouloir détourner son attention de sur toi… Un gars qui voudra toujours être là, avec toi ! Un gars qui va te voir dans sa souper bordel… »

Lou était planté là, devant à lui, à boire littéralement ses paroles. Elle l'écoute, mais ne peut s'empêcher de rester un peu sur la défensive. Non, elle n'arrive pas à croire que pendant dix ans il s'est tût et la laissé vivre sa vie, sans lui. Puis maintenant qu'il est revenu il lui balance qu'il a envie de plus. Mais elle a changé. Elle n'est plus la même, celle qui boit trop au point de passer la nuit dans les bras du frère de son mec. Alors elle tient ses distances. Elle reste loin de lui pour ne pas être tenter, pour ne pas faire quelque chose qu'elle regretterait par la suite. Et là elle lui balance enfin tout ce qu'elle a sur le coeur. Il est parti. Et dix ans, c'est long. Trop long. Tant pis si il est si mignon à lui déballer ses sentiments, mais elle ça ne change rien pour elle. C'est trop tard.

Elle le regarde après avoir enfin finit de parler. Mais elle pourrait reprendre à tout moment. Elle a attendu cela pendant dix ans, elle a encore des choses à lui dire. Mais elle se tait pour reprendre sa respiration, et surtout ses esprits. Puis c'est là qu'il parle. Elle l'écoute alors. « Les mots me manquent pour te dire tout ce que j’ai envie de te dire… » Alors ne dis rien, s'il te plait. Si c'est pour encore plus lui embrouiller l'esprit, elle ne veut pas l'entendre. Parce que c'est le seul qui a ce pouvoir là. Le pouvoir de la faire hésiter, de la faire douter de ses sentiments. Mais dès qu'il commence à parler, elle est complètement incapable de l'arrêter, elle le laisse donc aller au bout. Elle ne le lâche pas du regard, absorbant chacun de ses moindres mots.

Un moment elle baisse ses yeux. Une vie meilleure.. Elle se demande bien quelle vie elle aurait eu si elle avait choisit de partir avec Elias. De le suivre, loin. Mais c'est du passé maintenant. Puis elle entend un « Kostas ne te mérite pas ». Elle relève sa tête pour le regard et hausse ses sourcils en entendant ce qu'il a à lui dire sur son frère. Et elle ne peut pas le supporter. « Elias arrête!! Tais toi. » Elle souffle, pour ne pas s'énerver d'avantage. Elle n'est pas resté ici pour entendre que l'homme qu'elle va bientôt épouser et avec qui elle s'apprête à vivre sa vie, ne la mérite pas. « Alors quoi, je mérite qui ? Quelqu'un comme toi ? Un mec qui ne peut pas garder une fille plus de trois mois et qui s'en vas pendant dix ans sans plus donner de nouvelles ?! »

Elle le regarde, n'arrivant pas à croire ce qu'il vient de lui dire. Lui non plus n'est pas quelqu'un pour elle. Il l'a abandonné au moment où elle avait le plus besoin de lui, quand elle était enceinte. Et Kostas était là. Il ne lui a pas lâché la main et l'a emmené avorté. C'est ce genre de mec qu'elle veut avoir à côté d'elle pendant toute sa vie. Pas celui qui part, pas un lâche. « T'as pas le droit de débarquer aujourd'hui pour me dire que l'homme avec qui je suis depuis plus de dix ans n'est pas quelqu'un pour moi... Et puis, pourquoi tu dis ça ?! T'as une bonne raison pour penser que Kostas.. Que ton frère ne soit pas quelqu'un de bien ? Pourquoi tu gâches tout comme ça ?! » Elle a les larmes aux yeux, ça y est. Quand je dis qu'Elias est le seul à pouvoir tout chambouler dans sa vie, à pouvoir l'atteindre. Puis même si il lui dit tout ça pour avoir une chance avec elle, ça lui fait mal. Et elle commence à douter de Kostas, peut-être sans raison, mais juste parce que c'est lui qui le lui a dit. Seulement parce que c'est Elias.

Élias était sans voix. Décidément, elle ne changera jamais d’opinion à son égard. Elle ne le verra jamais plus de ce qu’il y était il y a de cela dix ans. Et ça, ça lui faisait mal.

Il avait l’impression d’avoir reçu un coup de poignard dans le cœur. C’était douloureux, il le sentait se déchiré. Son souffle était coupé, il n’arrivait plus à respirer, il n’arrivait plus à parler. Il était silencieux, mais il écoutait. Il ne disait rien, mais il avait tant de choses pourtant à lui dire. Il tenta d’analyser ce qu’elle lui disait…

Kostas…
Toujours lui.
Il fallait toujours que cet homme vienne chambouler la vie d’Éli. Il se fâcha en pensant à lui, mais il perdit le contrôle lorsqu’elle prit la défense de Kostas. Il n’en revenait pas. Comment pouvait-elle le défendre, alors que Kostas se foutait littéralement d’elle? Ok, d’accord, elle aurait pu tomber sur pire, mais il méritait beaucoup mieux que lui! Un homme qui n’était pas foutu de la regarder comme elle le méritait, que ses yeux étaient rivés sur une autre alors qu’il ne devrait jamais la quitter du regard ! Oh non, Éli était insulté.

Elle continuait de parler et Éli rageait encore plus. Oui, il espérait qu'elle s'intéresse à lui. Éli l'aimait comme elle le méritait. Il avait beaucoup d'amour à lui offrir, il lui donnerait toute son attention, il l'écouterait parler et serait toujours captivé par la moindre de ses paroles, il ne se lasserait jamais de la regarder et de passer du temps avec elle. Cependant, si elle ne voulait absolument pas de lui, et bien, qu'elle aille voir ailleurs ! Tout, mais pas Kostas ! Éli ne pouvait le digérer, malgré les nombreuses années qu'ils ont partagées ensemble, à être en couple, jamais Éli ne l'accepterait. Jamais il ne pourrait les regarder et se dire : Voilà un couple qui s'aime, voilà un couple heureux, voilà un couple honnête.

Là, il éclata. Il haussa légèrement le ton, amis pas assez pour déranger les gens autour. Les sourcils froncés, il se pencha légèrement vers Lou et lui lança :

« Comment te regarde-t-il? Comme te parle-t-il? Quelle importance il accorde à ta journée? Est-ce qu’il t’écoute réellement quand tu parles? ». Il fit une pause, sentant qu’il s’emportait un peu trop, mais reprit rapidement sur un ton plus doux : « Tu veux pas de moi, parfait. Tu me vois encore comme cet abruti d’il y a dix ans? Parfait, tu ne veux pas me laisser une chance de te montrer que j’ai changé? Parfait ! Mais, je t’en supplie, ne reste pas avec un gars qui se fou littéralement de toi! »

C'est vrai qu'elle a beaucoup de mal de le voir d'une autre manière. Pour elle, il a toujours été le mec pas sérieux qui enchainait les filles comme il changeait de chemises. Alors même si c'est l'image qu'elle avait de lui ça fait dix ans, ils n'ont passés que quelques minutes ensemble pour le moment. Elle ne peut s'empêcher de le voir toujours de cette façon. Peut-être qu'il lui prouvera qu'elle se trompe, qui sait. En tout cas il est bien parti pour. Parce qu'il a l'air sérieux et très honnête. Dans ses sentiments envers elle, dans ses paroles. Elle découvre un tout autre Elias. Un Elias qui lui plait d'avantage que l'ancien.

Mais elle commence à retrouver le même petit mec qu'avant. Celui qui serait prêt à inventer n'importe quoi pour essayer d'avoir une fille dans son lit. Et elle a l'impression qu'il est entrain de faire pareil avec elle. Elle a l'impression qu'il est entrain d'essayer de la faire douter de son homme, et elle ne le supporte pas. Alors elle s'emporte, un peu trop certes, mais c'est plus fort qu'elle. Lou se met à défendre Kostas. Parce qu'elle l'aime, malgré tout. Malgré ses conneries, malgré ses paroles parfois blessantes, et on ne quitte pas une personne qu'on aime juste comme ça. Elle sursaute légèrement quand il commence à s'énerver sur elle. Comme si le fait qu'elle ait pris la défense de son frère l'a mit hors de lui. Elle se mord la lèvre en écoutant ce qu'il lui balance comme bêtises encore. Des bêtises vraies. Et c'est ce qui lui fait mal. Il a raison Kostas ne s'intéresse pas à elle comme il le devrait. « Eli je.. Arrête. J'veux pas entendre ça, s'il te plait.. » Elle en vient presqu'à le supplier de ne pas continuer. Parce qu'elle se voile la face. Elle ne veut pas entendre la vérité et ne veut pas faire face aux problèmes de son couple. Mais Elias est là, à l'embrouiller et lui rappeler que Kostas se fou d'elle.

Elle le regarde. La discussion prend une tournure qu'elle n'aime pas trop. Mais autant se dire tout une fois pour toute. « Mais qu'est ce que tu voulais que je fasse ?! T'attendre pendant dix ans ? Espérer que tu reviennes un jour alors que je n'avais plus aucune nouvelle de toi ? » Elle passe ses mains sur son visage histoire de se reprendre un peu et de s'obliger à ne pas pleurer. Pas devant lui, en tout cas. « Peut-être que si t'étais resté, les choses seraient différentes aujourd'hui.. Alors ne m'en veux pas d'avoir continuer à faire ma vie. T'es parti Elias. » Elle le lui rappelle, juste au cas où il s'attendait à ce qu'elle plaque tout pour se mettre avec lui. Les choses ne sont pas si simples, malheureusement. Elle a une vie toute construite à présent et elle ne se voit pas tout lâché pour un revenant.

Il la vit sursauté et se calma aussitôt. Jamais, au plus grand jamais, il ne voulait l'effrayer. Pendant des années, Éli avait toujours eu de la difficulté à se contrôler. Il perdait rapidement le cap et pouvait devenir très violent. Bien que l'armée lui avait permis de se calmer un peu, il restait tout même qu'Éli devait utiliser de beaucoup de volonté et de concentration pour parvenir à garder son sang froid. De plus, il n'arrivait jamais à rester vraiment calme lorsqu'il parlait de son frère…

Il l'enviait beaucoup, n'appréciait pas beaucoup sa présence et le tenait responsable de bien de ses malheurs. Peut-être pas la meilleure attitude à avoir, surtout qu'Éli n'était pas intéressé à prendre contact avec lui et de régler ses différents. Mais bon, il ne voulait pas et n'y parvenais pas non plus. C'était comme s'il était intimidé par lui, comme si toute son assurance qu'il semblait avoir s'envolait en fumée en présence de son frère. À présent, il n'avait même plus peur de ses propres parents, il n'avait aucune crainte de leur dire sa façon de penser. Mais pour Kostas, il n'était même pas rendu à l'étape de le regarder dans les yeux sans quitter son regard…

Lou le ramena alors à lui en poursuivant la conversation. Il l'écouta attentivement, en plongeant le regard dans le sien. S'il était resté, cela aurait pu être différent…

C'était ces quelques mots qui raisonnèrent dans sa tête…

Vraiment?

S'il était resté, cela aurait-il vraiment changé quelque chose?

Oui.

Peut-être.

Qui sait?

Il aurait pu lui montrer quel genre d'homme il était vraiment. Quoi que, le fait d'avoir été à l'armée, apprendre les disciplines, respecter ses engagements l'avaient changé. Serait-il le même homme aujourd'hui s'il n'avait pas été là-bas? Il savait que Lou était la femme de sa vie, mais aurait-il pu lui prouver ? Éli était, il y a de cela dix ans, un garçon irresponsable, qui couchait avec toutes les filles, aurait-il vraiment changé? Même s'il était prêt à renoncer à tout pour Lou, y serait-il parvenu?

De toute manière, même s'il avait voulu rester, il n'aurait pu. Il était tenu par la gorge, ou l'armée, ou la prison. Et la prison l'aurait-elle changée comme l'armée l'avait fait?

Il baissa alors les yeux et relâcha dans un soupir :

« Tu sais que ce n’est pas moi qui a choisit de partir… Je n’avais pas le choix… C’était ça… ou… la prison? ». Il ferma les yeux, honteux d’avoir été un jour aussi irresponsable et risquer d’avoir passer un séjour derrière les barreaux. Toujours la tête baissée, il ajouta :: « Je suis revenu maintenant… Et j’ai pas l’intention de repartir! »

Dès que la discussion tournait autour de Kostas, son frère, Elias perdait son sang froid. C'est comme si on remuait un peu plus le couteau dans la plaie. Une plaie qu'il voulait guérir à tout prix. Mais avec elle, ce n'est pas chose facile. La jolie Lou ne peut s'empêcher de parler de son fiancé, après tout, elle fait sa vie avec un autre homme. Elias ne peut pas lui en vouloir d'avoir choisi quelqu'un d'autre. Il n'était plus là. Elle sursaute alors quand il s'énerve un peu mais il devient vite très calme. Et c'est alors que la p'tite brune ose prononcer ces mots. Une phrase toute banale mais qui veut dire beaucoup. Peut-être que si t'étais resté, les choses seraient différentes aujourd'hui.. Peut-être qu'elle serait avec lui, qui sait. Peut-être qu'elle serait amoureuse de lui.

Elle en vient à présent à se demander si elle aurait vraiment choisi Elias pour la vie. Mais elle en doute. Après tout, c'était pas le genre de gars à avoir une relation sérieuse à l'époque. Et Kostas était plus le type de mec qui l'attirait, qui lui faisait perdre la tête. Eli était le bad boy qui faisait craquer toutes les filles, et qui la faisait craquer. Mais elle ne se voyait pas faire toute sa vie avec lui, sachant qu'il ne pouvait s'empêcher de regarder les autres et de faire des conneries. Puis sa réponse la ramène très vite sur terre. Si il était resté, il aurait fait de la prison. Et elle prend vite conscience de la raison pourquoi elle n'aurait pas pu le choisir. C'était un p'tit con irresponsable, vraiment pas le genre d'homme pour elle.

Elle le regarde un moment, en se mordillant la lèvre. Elle finit par souffler, essayant d'assimiler ce qu'il est entrain de lui dire. Il est revenu et ne repart plus. Les choses s'annoncent compliqués pour le trio. « T'attends quoi de moi, au juste..? Que je lâche toute ma vie pour me mettre avec toi ?! Ou bien, maintenant que t'es là, t'as peut-être envie que j'avoue à Kostas que je l'ai trompé avec son frère pour qu'il rompt avec moi, c'est ça ? » Lou ne sait pas exactement ce qu'il attend en lui avouant tout ça. Parce que si il espère qu'elle se mette avec lui, il a de l'espoir. Elle peut clairement pas tout lâcher comme ça, sur un coup de tête, simplement parce qu'il est revenu après dix ans. Elle a construit sa vie, une vie stable, elle ne peut pas tout plaquer comme ça. Elle baisse finalement les yeux, passant ses mains sur son visage. « S'il te plait, lui dit rien Elias. J'ai pas envie qu'il sache pour nous deux. » C'est une demande qu'elle lui fait, presque une imploration. Elle n'est pour le moment pas prêt à ce qu'il connaissent la vérité. Parce qu'après, il fera très vite le rapprochement entre l'avortement et le moment où elle a couché avec son frère. Si il n'est pas stupide, il saura tout.

Effectivement, que voulais Éli? Voulait-il être en couple avec elle? Oui. Se voyait-il faire sa vie avec elle? Oui, et avec personne. Était-il sérieux dans ses émotions, dans ses sentiments? Oui. Voulait-il que Lou laisse tout tomber pour être avec lui? Non, il ne voulait pas qu’elle renonce à sa vie, à ce qu’elle aimait pour lui. Voulait-il qu’elle renonce à Kostas? Oui évidemment ! Cependant, était-ce pour les bonnes raisons? Voulait-il simplement qu’elle renonce à Kostas, car c’était son frère et qu’il l’enviait ou parce qu’il voulait Laure-Lou juste pour lui? Est-ce que tout cela aurait été différent si Kostas était un autre homme? Si ce n’était pas son frère, aurait-il mieux tolérer le fait qu’elle ne le choisisse pas? Qu’est-ce qui faisait qu’il était autant en colère de la voir avec Kostas et qu’il préférait la voir avec une autre? Oui, Éli aimait Laure-Lou, mais l’aimait-il assez pour la laisser être heureuse avec un autre, ou détestait-il trop son frère pour lui accorder le bonheur d’être en couple avec une femme aussi extraordinaire?

Non, pour ça, Éli n’était pas sûr.

En fait,

Il était sûr de rien.

C'était la première fois qu'il vivait quelque chose d'aussi intense, d'aussi sincère alors qu'il avait vécu dans le mensonge toute sa vie.

Il ne savait pas quoi lui répondre, car il ne savait pas ce qu'l voulait. Il ne fit que baisser les yeux et soupirer. Puis, elle parla de nouveau et Éli redressa la tête.

Bien que ce n'était pas l'envie qui lui manquait, il ne dirait rien. Il donnerait tout pour voir son frère s'écrouler, le voir échouer dans au moins une chose ! IL ferait tout pour qu'enfin, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, Éli soit en avance sur son frère et non l'inverse. Mais bon, il savait très bien que s'il faisait ça, il blesserait davantage Laure-Lou. Il lui avait déjà causé assez de tort et de peine…

Il leva alors doucement les yeux pour croiser son regard et il dit :

« T’en fais pas Lou… Je ne veux pas te nuire davantage? ». Il baissa à nouveau le regard et termina sa boisson. Il soupira un instant et lui dit, après un long moment de silence : « Dis-moi, Lou… Es-tu heureuse? »

Si elle l’était, il disparaitrait de sa vie. Il ne voulait pas détruire son bonheur et gâché sa vie. Il ne la dérangerait plus, ne la regardait plus et ferait comme si de rien ne s’était passé entre eux. Par contre, si elle ne l’était pas, alors il ferait tout pour lui donner le sourire.