Lou est planté là, devant lui, à presque le supplier de ne rien dire à son frère. Elle ne voulait pas qu'il sache. C'est peut-être égoïste, mais elle ne voulait pas lui faire de mal. Surtout qu'il ne se passera plus rien avec Elias, elle ne veut pas faire toute une histoire pour quelque chose qui n'a pas de suite. Elle lui sourit légèrement lorsqu'il lui assure qu'il ne dira rien, elle se sent comme soulagée un peu. Elle n'aurait pas voulu qu'il revienne en ville juste pour gâcher son couple. Elle ne lui pardonnerait pas. « Merci... »

Mais son visage se referme rapidement, aussitôt qu'elle entend sa question. Es-tu heureuse. Hum, question difficile. Et à laquelle elle n'a pas vraiment de réponse. Ca devrait être quelque chose de simple pourtant ; oui, ou non. Mais les relations amoureux ce n'est jamais tout blanc ou tout noir, c'est plutôt gris. Oui, elle a été heureuse. Mais elle a bien envie de lui répondre qu'elle ne l'est plus. Personne encore, dans son entourage, ne s'est soucié de ça. De son bonheur. Pourquoi s'en soucier hein, elle a tout ce dont quelqu'un rêve. Une grande maison, un boulot plutôt bien payé, et un homme qui est riche et beau, pour ne rien gâcher. T'en as de la chance. C'est ce qu'on n'arrête pas de lui dire. Et elle s'est habitué, elle sait comment garder la face devant les gens. Pourquoi elle ne serait pas heureuse hein.. Elle a la vie rêvée. Ou presque. Et pendant des années elle l'a cru, elle était heureuse. Mais ce n'est plus le cas. Kostas est distant, il fait plein de conneries, il boit, il ne s'occupe plus d'elle. Puis dans son travail elle est sous-estimée, parce que c'est une femme. Difficile d'être Laure-Lou Vasilis. Mais elle ne lui dira rien de tout ça, parce qu'elle sait comment il va réagir. Elle le connait. Il lâchera pas l'affaire et justement, elle ne veut pas qu'il aggrave les choses, et qu'il les complique.

Elle se mord la lèvre, pour gagner un peu de temps. Cherchant sa réponse. C'est difficile de prononcer un oui, alors que l'on voudrait dire non. Difficile de lui mentir juste pour qu'il ne s'en mêle pas. Mais elle n'a pas le choix. « Oui, je suis heureuse... », dit-elle avec la meilleure des volontés possibles. A ce moment là, elle ne le regarde plus. Elle fuit son regard. Parce qu'il la connait, il sait quand elle ment. Mais elle finit par relever sa tête vers lui, restant un moment silencieuse puis elle finit par soupir. Comme si elle ne pouvait plus se voiler la face, surtout pas devant lui. Comme si elle veut arrêter de jouer ce double jeu et lui révéler que sa vie est un enfer en ce moment. « S'il te plait Elias, t'en mêle pas..J'veux pas aggraver les choses. »