En parlant de Mario Bros, Samih était en pleine partie depuis des heures. C'était sans doute de sa faute si Max avait posé un lapin à Daire. Faut dire qu'une fois qu'il était lancé, l'égyptien avait un peu du mal à s'arrêter. Max avait finit par lâché l'affaire au bout de trois heures et était sorti prendre l'air. Samih quant à lui, restait bloqué devant la console, et la petite musique si reconnaissable du plombier à moustache était désormais ancrée si profondément dans sa tête qu'elle ne partirait plus jamais. Ce n'était pas qu'il était obsessionnel (quoi que si) mais il ne se sentait simplement pas d'aller se coucher. Ces derniers jours il repoussait ce moment le plus loin possible. C'était ça ou s'assommer de médocs pour tomber comme une enclume dans son lit dans un sommeil sans rêve. Il avait choisi la première solution, celle qui le faisait veiller jusque tard dans la nuit, son visage blafard et tuméfié éclairé par la lumière bleue de l'écran, et dans ces oreilles, donc, cette insupportable musique électronique qui lui niquait les tympans. Il poussa un grognement quand il se fit dégommer par une connasse de tortue rouge pour la sixième fois de ce niveau. Il ne lui restait plus qu'une seule vie et cette pute de princesse était aussi loin d'être délivrée qu'on pouvait l'air. Histoire de souffler un peu, il appuya sur le bouton pause avant que son petit personnage ne se suicide dans un trou pour signifier sa défaite et envoya sa manette plus loin. Il soupira. Peut-être était-il temps de rendre les armes. Après tout, quelle heure était-il ? Pour se regonfler de courage (et aussi un peu pour calmer ses douleurs thoraciques que Seven lui avait gentiment prodigué en lui cassant trois côtes) il attrapa la pipe à eau de posée sur la table basse et laissa la flamme du briquet qu'il avait dans la main léger le bord pour le refaire fumer. Il tira une longue taffe et s'enfonça dans le canapé. C'est à ce moment-là qu'il entendit son portable vibrer bizarrement pour la première fois de la soirée. Il fronça les sourcils et jeta un coup d'oeil sans l'attraper à son téléphone qui s'était rétroéclairé. Daire. DAIRE ?

Ce n'était pas qu'il y avait un vrai problème entre eux. Car s'il y en avait un, il le saurait non ? Douce naïveté du type qui croit encore que Daire était ce genre de meuf raisonnable qui mettait ses émotions sur la table et expliquait ses espoirs et ses peines. Non, Daire, pendant la première semaine de sa passive-agressivté, il avait tout simplement cru qu'elle était dans sa "mauvaise période du mois" hein, comment dire ça élégamment ? Mais fallait se rendre à l'évidence, soit elle était la femme avec les menstruations les plus longues du monde, soit elle faisait la gueule. Pour dire la vérité, Daire faisait très régulièrement la gueule pour tout un tas de raison. C'était pas la fille la plus douce de l'univers et la plupart de ses phrases contenaient un juron. Ca lui donnait un certain charme, qu'on se le dise, mais quand ses attaques contre le monde entier était tout le temps destiné au pauvre Sam, ça commençait franchement à faire chier. Bon, il était pas totalement con le poisson, faut pas abusé. Il avait quand même dit deux semaines à se poser des questions, et une fois qu'il avait fait il n'avait pu que se demander ce qui s'était véritablement passé. Rien justement. Etait-ce ce "rien" qui avait suivit leur nuit ensemble qui la foutait dans tous ses états ? Il avait du mal à y croire. Pour ne rien changer, Sam était aussi loin de comprendre la psychologique féminine que de décrocher un post au gouvernement. En fait, ça lui semblait même plus simple de convaincre les américains d'élire un putain d'immigré clandestin à la maison blanche plutôt qu'iil devienne un jour l'un de ses gars qui sait parler aux femmes. Ma foi. Daire donc, lui avait envoyé un message.

Il crut, dans une premier temps, avoir consommé trop de cachets ou de weed parce que ça ressemblait à un message crypté tout droit sortie de la machine Enigma. Il fronça les sourcils. Euh, mais encore ? Et puis il avait compris que ce message codé détenait une adresse, un rendez-vous et une demande à l'aide. Ah, elle voulait qu'il vienne la chercher. Honnêtement, Sam hésita à faire celui qui dormait déjà. Ne serait-ce que pour lui apprendre à lui parler correctement. Mais cette pensée ne resta qu'une seconde dans sa tête. Pauvre homme, l'un de ses kids avait besoin de lui et il ne pouvait pas faire autrement que répondre favorablement à sa demande. Ca et le fait qu'il s'agissait de Daire précisément réussit à le convaincre de se bouger le cul, enfiler un pantalon et sortir dans la nuit noire et agitée.

Code:

T'es x'ou ? Sam, fais pas le crevard, viensff me chercher.

Tiens, elle avait fait des progrès en matière de communication. Y avait que deux mots sur 10 de bizarre. Ravi qu'elle ait un peu décuvé pendant que lui galérait dans les bus nocturnes, il réussit à se persuader que ce n'était pas une mauvaise choses qu'ils se parlent tous les deux. Loin de la coloc, dans la nuit.

Code:

Et thfur faijf chierrx , bordekf

BORLDE

BORDEL.

Ah bah non, en fait elle était toujours dans le même état. Génial. Sam secoua la tête comme un professeur déçu de son élève et lui répondit tout de même gentiment qu'il arrivait dans cinq minutes. Il entendait au loin le son des vagues. Il était enfin arrivé à Tybee Island. Apparemment elle était dans ce bar à cocktail ultra branché, ce qui en soit était vraiment une anomalie. Daire était pilier de bar au Madigan's , un bar irlandais du centre ville (Sam s'en était rendu compte quand il avait vu que son prénom avait été gravé sur l'une des chaises). Pourquoi lui faisait-elle des infidélités avec ce lounge ? Appel au secours ? A vérifier.

Merde, t'es venu à pied ou quoi ? La voix vaseuse de la rouquine perça la nuit, Sam était seulement à quelques mètres il s'arrêta de marcher pour la laisser le rejoindre d'elle-même. Non en bus. rectifia-t-il d'une voix endormie. Ce qui en soit, n'était pas tellement mieux, la nuit il n'y avait qu'un bus toutes les heures et demi pour ramener au centre ville, on avait effectivement souvent mieux fait de rentrer à pied. En tout cas ça ne semblait pas vraiment plaire à la Dark-Daire qui avait pris possession de son corps ces dernières semaines : Genre c'est utile peut être, si je dis viens me chercher, ça veut dire en caisse non ? En calèche ou à vélo, j'en sais rien à la limite. Mais j'fais quoi je monte sur ton dos. Sam soupira et croisa ses bras sur son torse, ce qui lui arracha une grimace douloureuse. Vu qu'elle ne semblait pas décidé à le rejoindre d'elle même, il reprit sa marche vers elle. Mauvaise idée, dès que le visage du chef de bande fut éclairé par un lampadaire, elle s'écria : Okay , je tenterais pas le diable parce que vu ta tronche, Mulder, on risque de finir tout les deux la gueule sur le sable chaud. C'est romantique tu m'diras, m'enfin bon. Regard surpris. Hein quoi ? Qu'est-ce qui était romantique ? Bonjour, Sam le gros teubé était de retour. Cela dit il décida de ne pas vraiment y prêter attention, Daire semblait bourrée. T'aurais pu demandé à l'un de tes copains friqués de te ramener en taxi. fit-il remarqué en indiquant du menton la devanture de ce bar à cocktail. Mais, ressentant le besoin de se justifier auprès d'elle, il ajouta : C'est Ailish qui a pris la caisse. J'y peux rien. L'inconvénient d'avoir une voiture pour six, c'est que Sam ne l'avait pas touché depuis 2014 (la voiture hein, pas Ailish. Ni Daire, soit dit en passant.)

A travers son khôl qui bavait sous ses yeux, Daire avait le regard d'une meuf qui a abusé des Mojitos mais qui veut quand même avoir la force mentale d'envoyer chier gratuitement Samih. Cela avait le don de le rendre mal à l'aise. Ca faisait des semaines qu'il ne savait plus comment agir avec elle. Avant, c'était pas comme ça. Avant, Daire était l'une des rares avec qui il pouvait parler librement, avec qui il ne murait pas dans son silence angoissant. Avant flottait autour d'elle une aura de confiance qui le mettait dans de bonnes dispositions. Peut-être qu'en couchant avec elle il avait fait s'évaporer toute forme de complicité. Et pourtant, il n'avait pas l'impression que leur relation c'était tant détérioré que ça après coup. Peut-être que c'était une bombe à retardement ? Peut-être qu'il aurait dû provoquer la discussion avant qu'elle ne se braque ? Peut-être aussi qu'il faudrait qu'il dise un truc, là, maintenant, parce qu'ils se regardaient comme deux cons et ça commençait à devenir gênant. Bon, c'est bon, t'as des affaires on peut y aller ? demanda-t-il en constatant qu'elle n'avait pas de sac sur elle. Il haussa les sourcils et soupira longuement. Elle l'avait sûrement perdu quelque part. Sérieusement, j'peux savoir poruquoi tu te bourres la gueule toute seule et sans raison ? Il ne savait pas quel droit il pensait posséder sur elle depuis qu'ils avaient couché ensemble. Daire faisait partie de ces meufs à qui on ne dit pas quoi faire. Cela dit, il espérait sincèrement que cela serait un premier pas dans l'explication du pourquoi du comment. Pourquoi t'es une chieuse Daire ? Vous avez quatre heures.

Mais putain, t'as vraiment pas l'air réveillé ? C'est Trixia qui t'as mis dans cet état ou quoi ? Mais.. MAIS QUEL RAPPORT ? Sam fronça les sourcils, il avait de plus en plus l'impression d'être encore plus stone qu'il n'était censé l'être. Il regarda la rousse avec son regard de magicarpe habituel et arqua un sourcil. Ouais, il était crevé, et franchement, il ne captait pas ce que le bus avait à voir avec son état actuel, et qu'il soit fatigué et... Oh fuck, il n'en savait rien. De toute façon, Daire ne s'arrêtait pas de parler, elle était bourrée et quand c'était le cas, elle adorait l'ouvrir. Encore plus. Parce que c'était une grande gueule Daire, qu'on se le dise. Là, elle s'approcha de lui d'un pas chancelant pour lui sortir des pseudo inquiétudes sur ses pratiques sexuelles. Autant vous dire que Sam aurait préféré vivre sous terre qu'être là où il était. et puis tu fais dans le sado-maso maintenant ? Non parce que t'a regardé ta tronche dans un miroir ? T'es un peu plus cassé que d'habitude et t'es franchement bancale. Il est t'es arrivé quoi, merde ? Il avala de travers et fronça les sourcils. hein... QUOI ? qu'il demanda, visiblement mal à l'aise. Une rapide pensée pour Trixia, à cheval sur lui entrain de lui donner des crochets du droit lui offrit une vision dont il se serait bien passé, d'ailleurs il en frissonna. Il se souvint rapidement de l'état de sa tronche, cabossée. Ah oui, ça ? Mais encore une fois quel rapport avec Trixia ? Ca faisait deux fois de suite que la rousse blaguait dessus. Si blague il y avait, et franchement, Sam n'était pas très doué pour décelé l'humour. Je.. Trix m'a pas... tapé dessus. fut la seule réponse qu'il servit à Daire, dans un fol espoir de conserver le peu de dignité qu'il avait encore -et ce n'était pas une certitude. Manquerait plus que Daire pense qu'il se faisait victimiser par la blonde et il pouvait dire adieu à toutes baises futures. Voulait-il vraiment qu'il y en ait d'autres ? Merde, c'était un débat dans lequel il n'avait vraiment pas envie de se lancer. Ca et sa baston avec Seven, soit dit en passant. Aussi, vous noterez que Sam et sa débilité légendaire n'était même pas capable de notifié que Daire savait visiblement qu'il avait revu Trixia. Il n'était pas capable de faire le rapprochement entre ça et sa mauvaise humeur. Il se contenta de rester planté là sans servir à quoi que ce soit. Comme un foutu arbre qui prenait racine dans le sable froid de la nuit. Ouais bah Ailish, elle conduit comme un pied. Alors merci du cadeau. Je préfère le bus. Enfin t'es là, c'est déjà bien. Enchaîna l'énervée. Sam, qui avait planté son regard injecté de sang sur l'océan tourna la tête vers elle, méfiant et étonné. Attendez, c'était un truc sympa qu'elle venait de lui sortir ? Miracle. MIRACLE. Il fronça cependant les sourcils et, avec beaucoup de prudence, il sortit un : Euh... De rien. parce que c'était ce qui se rapprochait le plus à des excuses.

Ca serait mentir de dire que Scully ne ressentit aucune jalousie quand elle avoua naturellement qu'elle avait prévu de se faire racompagner par un petit fils de bourge qui traînait dans le lounge. Du coup, quand il l'entendit plaisanter là dessus, Sam resta de marbre -comme souvent vous me direz. Il plongea une main dans une de ses poches pour sortir son paquet de cigarette et s'en alluma une avec des gestes d'humeur. Il n’était pas jaloux, du moins ne voulait pas l’être. Par pour elle, c’était précoce et inadapté. Il n’avait aucun droit de regard sur les types qu’elle ramenait. Et pourtant… Ca lui serra le cœur en l’imaginant, bourrée, au bras d’un idiot. Cool. fut sa seule réaction. Et après ça, il la pressa pour partir, histoire de l’éloigner le plus possible de ce prétendant potentiel. Du coup il tenta de lui faire comprendre qu'il fallait partir maintenant, et vite. Aller, go. C'était sans compter sur l'intelligence de Daire, qui normalement était carrément impressionnante mais qui quand elle était bourrée, était plus que limite. Huhhh, en fait j'ai pas mon putain de sac, tu veux pas qu'on.... Sam leva les yeux au ciel. Il allait lui emboîter le pas jusqu'au bar à cocktail, mais elle se stoppa rapidement en voyant un type (ridicule) qui se tenait devant l'entrée avec un sac de nana (en plus le type avait l'air tout petit) (et en plus, il avait l'air bête) (et en plus il avait un brushing ridicule). Nan, en fait t'as raison, on s'casse. Sam se stoppa d'un coup sec. C'était QUI ce mec ? Il tira longuement sur la clope et suivit du regard Daire qui le contournait pour prendre la direction opposée. Sérieusement ? Commenta-t-il, étonné. Elle n'était pas le genre de meuf qui s'écrasait devant un mec. Elle avait quasiment battu Joe la grosse brute, alors c'est vous dire. Et si elle n'était pas du genre à pleurer pour un sac à main, elle était capable d'aller embrouiller un type juste pour le plaisir. Alors, pourquoi elle voulait subitement se tirer loin d'ici tordit les pauvres entrailles de Sam. C'est lui ton date ? se moqua-t-il d'une voix lourde de sens. Si au tout au fond de lui, sa voix intérieur lui criait que ce gars friqué était mieux que lui sur tous les plans, le Sam de façade ne voulait pas se démonter. Il se contenta de le considérer longuement et sans attendre, il fonça droit vers le bar. On va le récupérer ton sac. marmonna-t-il dans sa barbe. Il fonçait, droit devant lui. T'essaies de prouver quoi, au juste ? Et merde, ah non, pas elle. Sam ferma momentanément les yeux en entendant cette voix intérieure, si clairement dans sa tête qu'il avait presque l'impression que c'était Daire qui avait parlé. Il l'ignora cependant, ou au moins fit comme si c'était le cas, et il accéléra le pas vers le bar. Il était un mètre ou deux devant Daire, (qu'il était justement entrain d'engueuler pour son comportement puéril) elle dut élever la voix pour se faire entendre. Oh ça va lâche moi , j'étais censé demandé la permission à qui ? À toi ? Bah j'sais pas , j'pensais que t'étais vachement occupé en ce moment, donc j'ai pas fait gaffe. Et t'en sais rien si j'étais seule. LOL. Touché. Sam s'arrêta d'un coup, à mi-parcours, et il se retourna à la volée vers Daire, la clope entre les lèvres. Bah, visiblement t'étais accompagnée ouais. Commenta-t-il d'un air de reproche, comme si elle avait fauté, comme s'il pouvait lui en vouloir pour ça. Il la regarda longuement dans les yeux. Ses yeux toujours cernés de noir. Elle se maquillait beaucoup trop Daire, mais Sam avait toujours aimé ça, sans trop savoir pourquoi. Il aimait et son style destroy de gamine toujours pas sortie de la crise d'adolescence. Il aimait sa personnalité, il aimait cette fille. Elle était son amie et pourtant, ces dernières semaines ils n'avaient échangé que trois mots, tout au plus. Elle lui manquait, terriblement. Mais voilà, il ne savait même plus comment le prendre, comment interpréter leur relation. Du coup, maladroit, il répliqua avec énervement : Ouais t'as pas fais gaffe. J'ai vu merci. Et si tu fais pas gaffe c'est peut-être parce que t'es trop occupée à m'en vouloir pour un truc que j'ignore complètement. Ca faisait du bien, vraiment, beaucoup de bien. Jusqu'à présent il s'était dit que tant qu'il n'y avait pas de confrontation, c'est qu'il n'y avait pas de vrai problème. Force et de constaté qu'il y en avait un malgré tout et qu'il ne s'arrangerait pas de lui-même. Alors certes, il pouvait attendre en espérant qu'elle abdique la première. Mais ça avait été plus fort que lui. Et il n'aurait pas deux occasions comme celle-ci pour s'expliquer avec elle, loin des autres. Il la regarda un moment, lui donnant l'occasion de s'expliquer avant de soupirer grandement. C'est quoi ton problème Daire ? J'croyais que ça roulait entre nous. J'veux dire... j'pensais qu'on était... Qu'on était quoi ? En réalité, il ne pensait rien, et la seule chose sur laquelle il avait eut l'impression d'être d'accord avec elle, c'était sur le fait de ne pas reparler de ce qui s'était passé entre eux. Tiraillé entre l'envie de clarifier les choses et la peur d'empirer la situation, il avait décidé de laisser flotter un doute, une ambiguïté entre eux. Ca lui convenait pour le moment, elle, on n'aurait pas dit. Fallait-il tout simplement oublier tout ce qui s'était passé ou remettre ça sur le tapis ? Il n'en savait rien, il était paumé, et l'attitude de Daire ne l'aidait nullement.