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 From the clock to the past ≈ (elena)

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MessageSujet: From the clock to the past ≈ (elena)   From the clock to the past ≈ (elena) EmptyJeu 22 Déc - 16:10

From the clock to the past
elena & mihail
and can you give me, everything everything, everything. 'Cause I can’t give you anything and if you wait, if you wait. I will trust in time that we will meet again... If you wait

Armé d’un chiffon, Mihail frotte les tables d’un restaurant de la ville qui avait prévu de rouvrir le restaurant le lendemain. Victime de l’ouragan comme beaucoup de personnes et d’établissements, le propriétaire s’est retrouvé avec une inondation sur les bras. Le prix des travaux pour remettre l’établissement aux normes avait été exorbitant et le pauvre homme n’avait plus de quoi s’offrir les services d’entretien. C’est là que Mihail était apparu, avec son dos encore douloureux et son arcade abimée. Il y a bien une chose qu’on ne peut pas retirer au dernier fils Popescu, il avait toujours trouvé les mots juste pour qu’on l’embauche. Il est une main d’œuvre moins chère que celle envoyé par les agences d’intérim, travailler au black revient moins cher au propriétaire et lui il est gagnant pour pouvoir enchainer plusieurs petits jobs de ce genre. L’ouragan ne l’avait pas épargné, ni lui ni sa famille, on a beau lui préconiser du repos, il croit devenir fou comme un lion en cage à passer ses journées à l’hôpital. Il sait bien Mimi, que ça fait plaisir à ses sœurs, et lui aussi ça lui plait de passer du temps avec elle, mais il faut se rendre à l’évidence qu’il est beaucoup plus utile à travailler pour quelques billets, pour payer des médicaments ou à manger, qu’à attendre avec elles qu’elles guérissent. En plus, elles ne guérissent pas assez vite à ses yeux. Ça lui évite de penser à Tereza aussi, du temps qu’elle met pour réponde aux messages, de penser à Madalina qui aurait pu mourir noyé s’il n’avait pas décidé d’affronter l’ouragan pour rechercher sa jumelle. Il travaille donc seul dans ce petit établissement, à frotter aussi bien les tables que le sol, le proprio a exigé que tout soit parfait pour demain.

Dos à la porte d’entrée, il entend la cloche retentir et il ne peut s’empêcher de dire d’une voix monocorde. « On est fermé. » Il n’y a que lui dans le restaurant, lui et ses chiffons, c’est pourtant écrit noir sur blanc qu’ils sont fermés, sans compté la banderole qu’il avait dû accrocher en début de soirée pour prévenir de l’ouverture le lendemain. Il avait bien failli chuter l’escabeau en l’accrochant. Il reconnait le bruit de pas singulier d’une personne marchant sur le parquet qu’il vient tout juste d’astiquer. « J’ai dit qu’on était …» Il se retourne pour faire face à la personne et les mots lui manquent. « … fermé… » Il bloque devant la silhouette. Elena, belle et bien présente en face de lui. Il la fixe, la surplombe d’une bonne tête désormais. C’est comme s’il voyait un fantôme. Un fantôme qu’il n’a pas revu depuis dix ans. Dix longues années sans nouvelles, pas un mot pour ses anniversaires, pas de félicitations pour l’obtention de son diplôme, rien. Comme si elle n’existait plus, comme si elle n’avait jamais existé. Prononcer son nom revenait à mentionner une personne imaginaire qui fait bien plus souffrir à son évocation qu’autre chose. Absente, disparue, pendant dix ans. Et voilà qu’en quelques jours il la voyait deux fois, deux fois elle a passé la porte pour eux, pas pour lui, mais pour eux, pour cette famille qu’elle a laissé en plan quand il avait 8 ans alors qu’il avait cruellement besoin d’elle, d’une sœur même s’il en a d’autre. C’est Elena qui lui manquait, personne n’aurait pu prendre sa place. « Deux fois en trois jours c’est ça ? Fait gaffe Lena, tu pourrais finir par faire une overdose. » Une overdose d’eux, de Popescu, comme si le simple fait d’appartenir à leur famille pouvait rendre allergique son ainé. Il ne sait pas Mihail, il ne sait plus, il ne la connait plus. C’est une étrangère et pourtant son visage lui est si familier. « Qu’est-ce tu veux Lena ? » Il n’arrive pas à être chaleureux, il est content de la voir, c’est sa sœur mais… il a souffert de son départ, de ce matin où tout a basculé, où il s’est réveillé seul dans ses draps, où il l’imaginait revenir le soir, puis le lendemain, puis le surlendemain et puis, il s’était fait une raison. Elena ne reviendra pas. Dix ans de trou, Dix ans d’absence, de vide qu’elle a laissé dans son cœur. Dix ans à entendre les autres lui répéter qu’elle n’avait pas eu tort de se barrer ou peut-être qu’elle crevait la gueule ouverte sous un pont. Après tout, c’est une Popescu, personne ne s’inquiète pour eux. Mais lui, il s’est inquiété, même à huit ans, même à dix-huit ans.




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MessageSujet: Re: From the clock to the past ≈ (elena)   From the clock to the past ≈ (elena) EmptyDim 1 Jan - 17:29

From the clock to the past
elena & mihail
and can you give me, everything everything, everything. 'Cause I can’t give you anything and if you wait, if you wait. I will trust in time that we will meet again... If you wait

Je suis désolée. Une nouvelle fois, elle teste les mots sur sa langue. Les lettres roulent aisément, un peu maladroites d'avoir trop été répétées. Maladroites, bancales, comme sa démarche. Et elle continue d'avancer tout droit sur les trottoirs déserts, la seule direction qu'elle peut pas foirer en théorie. Elle s'est entraînée, elle veut faire bien ; bien faire pour lui. C'est compliqué, d'imaginer Mihail. Dans sa tête traîne encore une version obsolète, un truc plus actuel depuis maintenant dix ans. Un gosse, un peu paumé, un peu confus. Un gosse qui la regarde de travers, qu'attend qu'on lui explique. Et elle peut pas, elle peut pas expliquer. Alors elle le prend dans ses bras, elle le console, et elle le laisse tomber. Jusqu'à la prochaine fois. La prochaine fois où c'est pas trop poignant de l'imaginer. C'est plus un gamin, tu peux plus l'envoyer valser parce que c'est plus simple pour toi. Mihail, il fait une tête de plus que toi. Mihail, c'est lui qui peut te regarder de haut désormais. Mihail qu'a dix huit années que tu veux pas enregistrer. Ton petit gosse, il est où. Dans la chambre d'hôpital, t'es restée conne, les yeux qu'arrêtaient pas de le chercher. Mihail qui tenait dans tes bras, Mihail qui tenait dans ta tête et dans ton cœur. Et les autres aussi. Étranges étrangers. Ta famille, mais pas celle que tu connais. Tu sais rien d'eux, ces géants qui ont poussé pendant la nuit et t'écrasent de remords sans faire exprès. C'est peut-être que justice, un coup bien placé de karma. L'ironie qui te donne l'impression de t'être réveillée d'un coma dont tu soupçonnais même pas l'existence. Souris un peu, belle au bois dormant. C'est pas en tirant cette tronche qu'on aura envie de venir te secouer dans ton sommeil.

Elle cherche l'enseigne du regard, pas trop sûre d'avoir correctement mémorisé l'itinéraire. Elle avait pas d'internet pour vérifier, elle avait pas de téléphone pour se renseigner, elle avait plus de maison pour se réfugier. Le foutu ouragan qu'avait emporté l'appartement dans sa poche, égoïste au point de ne laisser qu'une traînée de poussière dans son sillage. Elle a froid, elle a faim, elle a la fierté qui lui fait porter le menton plus haut que le reste des ses problèmes pour se concentrer sur une chose ; son frère. Mihail, le récent, le réel. Je suis désolée. Ça sonne presque naturel, encore un peu écorché. Elle mettrait ça sur le compte de l'émotion, celle qui l'avait assommée dans les bras de Iulia la dernière fois. Elle se revoit respirer, un putain de saladier d'oxygène frais dans la gueule pour la ramener à la réalité. Qu'est-ce que t'as grandi, Lena… Elle s'était jamais sentie aussi heureuse d'exister. Elle s'était jamais sentie aussi triste d'être aimée. Le pincement au cœur qui lâchait pas, les ongles qui tordaient encore et encore et encore. Les charpies d'organe éparpillées dans chacun des pas qu'elle martèle. Exténuée par les chimères qui continuent de danser derrière les rouages de sa tête, elle se prend le refus de la banderole sans vraiment comprendre. C'était simple. Fermeture exceptionnelle. C'est écrit de façon tellement claire qu'elle va forcément y chercher le sens caché. « J'suis pas désolée. » qu'elle marmonne, à peine audible, avant de pousser la porte. Le restaurant est vide ; tous les bons lecteurs avaient visiblement compris la leçon. Mais pas elle, jamais elle. Elle, elle continue d'avancer avec ses godasses alignées de boue sur le parquet immaculé, la sans-gêne intéressée par le jeune homme qui lui tourne le dos en répétant que l'endroit est fermé. Putain, un jeune homme. Et dans son délire de comateuse, elle se force à recompter les années perdues avant de parler. « T'as laissé la porte ouverte. » Vrai et faux. Elle a bien forcé dessus quand même. « J’ai dit qu’on était … » Il y a le mutisme traître qui le rattrape alors qu'il se retourne vers elle. Elle se sent pas plus fière. « … fermé… » Elle doit se forcer pour pas le dévisager curieusement. C'est les centimètres en plus, et la mâchoire qu'a forci. Les traits enfantins qu'ont pris la fuite, et l'air sérieux qui pince l'arrête du nez. Ils ont grandi, ils ont vieilli. Et elle se demande pourquoi la sagesse a pas suivi. « Salut, Mihail. » Mihail, pas Mimi. Il a plus l'air d'un Mihail maintenant, comme s'il s'était baladé avec un teeshirt trop grand pour lui depuis toujours et que, enfin, c'était devenu inutile de remonter les manches. Il ressemblait à un Mihail. Il ressemblait à un Popescu. « Deux fois en trois jours c’est ça ? Fait gaffe Lena, tu pourrais finir par faire une overdose. » C'est tellement froid, au choix, elle préférerait retourner se les cailler dehors. Je suis désolée. « Qu’est-ce tu veux Lena ? » Elle reste plantée là, les bras ballants. La pauvre excuse de grande sœur, la pauvre excuse de femme. Elle prend dix ans dans l'autre sens, elle sait pas comment agir en adulte avec lui. « Je voulais te voir. » L'évidence enfantine. Et elle revoit ses yeux de gamins, et elle sourit timidement en se perchant sur une des tables. « La dernière fois, t'étais pas plus haut que ça. » Elle trace dans le vide. La dernière fois. Je te jure, aujourd'hui, c'est pas la dernière fois. « J'ai failli pas te reconnaître. A l'hôpital. »



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MessageSujet: Re: From the clock to the past ≈ (elena)   From the clock to the past ≈ (elena) EmptyMar 14 Mar - 21:32

From the clock to the past
elena & mihail
and can you give me, everything everything, everything. 'Cause I can’t give you anything and if you wait, if you wait. I will trust in time that we will meet again... If you wait

Il ne comprend pas Mihail, le cœur et la tête en vrac. Non, il ne comprend pas Mimi. Il faut dire que dix ans c’est long, dix années durant lesquelles il a fallu se forger, se former, se préparer à affronter l’horreur de ce monde. Pourtant quand il avait pas plus que huit ans, il ne s’imaginait pas tout ça. Maintenant il sait. Putain, il se sent con avec son torchon dans la main. Il est dur avec elle, parce que c’est dur pour lui. Elena, t’es partie, dix ans, dix ans, c’est plus de la moitié de sa chienne de vie. Il s’en veut d’être comme ça, de lui cracher ainsi au visage parce qu’elle ne le mérite pas sa grande sœur. Il devrait pourtant le savoir ça, Mihail, qu’ils sont tous nés dans cette même merde, dans ce putain de tourbillon infernal qui les prend aux tripes. Mimi, il aimerait que ça s’arrête. Parfois, il aimerait sortir de cette spirale et se laisser tomber, de chuter. Il craint de l’overdose, qu’un peu trop de Popescu dans la vie de son aîné la fasse fuir… encore. Le refus d’un nouvel abandon, être sévère, intransigeant, la seule solution qu’il a trouvé pour éviter de souffrir d’avantage, de souffrir une fois de plus. Il ets devenu plus grand, pas plus solide et pourtant il sait qu’il pourrait la prendre dans ses bras pour la consoler si elle craquait parce qu’il pourrait la protéger. Il pourrait. Elena a perdu de sa superbe, de cette splendeur qui l’émerveillé quand il était gamin. Ses sœurs, il les a toujours imaginés fortes, puissante, solide et inébranlables. Une à une, il les a vu s’effriter et sombrer. Ça fait mal, ça crève le cœur et ça donne un Mihail en colère contre le monde entier.
Elle voulait le voir, c’est ce qu’elle dit, il lâche un rictus un peu mauvais. Il n’est pas contre, c’est juste pas le moment, c’est juste plus le moment. C’est elle qui est partie, pas lui, il est resté là, à cette même adresse pendant dix ans, il a espéré la voir franchir le seuil de la porte pendant au moins un an et demi avant de se dire que c’était fini. Il avait moins de la dizaine quand il a compris qu’elle ne reviendrait pas. C’est pas le plus con Mimi. Il irait pas jusqu’à dire qu’il est plus intelligent que ses frangins, parfois, il le pense, il se dit que c’est pour ça que tout fait d’avantage souffrir, parce qu’il a suffisamment de jugeote pour tenter de s’accrocher. Elena dessine la taille fictive qu’il avait à son départ affirmant ensuite dans le même ton, cette voix un peu tremblante qu’elle a eu du mal à le reconnaître. Il rit jaune. « Je t’aurais bien envoyé des photos mais j’avais pas d’adresse. » Cette répartie qui fait mal alors qu’il est pertinemment conscient de ce qu’il peut provoquer. C’est sûrement ce qu’il recherche, un déclic, lui dire que c’est mal, de faire prendre conscience qu’il était là, lui, que ce n’était pas juste pour lui, pour les autres. Les rôles s’inversent trop souvent. Mimi, il cherche jamais à être méchant, c’est juste qu’il n’est pas doué pour dire les choses. Il se protège maladroitement à sa façon. Il craque, malgré toute sa bonne volonté, il aurait voulu tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler, de faire abstraction de sa personne une fois de plus mais il est loin d’être un surhomme, loin d’être aussi solide et costaud qu’il veut faire croire. Finalement, il vient à hausser les épaules en reposant son torchon sur sa table. « Tu veux peut-être un truc à boire ? »  Il regarde vaguement autour de lui. « On a un peu de tout… » Mimi reste rarement bien longtemps en colère contre sa famille, puis il lui suffit de jeter un coup d’œil en direction de sa sœur, pour qu’il remarque l’effort qu’elle vient de fournir pour revenir vers lui après dix ans de vide. « Tu n’aurais quand même pas dû partir. » qu’il glisse tout de même une fois de plus, vraiment, elle n’aurait pas dû partir, c’est trop facile de partir.



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