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 (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”

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MessageSujet: (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”   (Intrigue) “ Sunken Dreams. ” EmptyDim 11 Sep - 19:08

“Sunken dreams.”
Juliax.
“Under the water we can't breathe, we can't breathe.
Under the water we die.
Under the water there is no one watching
Under the water we are alone


Sérieuse et appliquée, Iulia avait décidé d'aller travailler, malgré les conditions météorologiques déplorables. Elle avait aidé Madalina à barricader le mobile-home pour prévenir de quelques inondations ou d'un vent trop puissant qui ferait éclater les vitres, puis, elle l'avait serrée fort dans ses bras et lui avait embrassé le front, lui promettant de revenir plus tôt si la météo se dégradait, pour veiller sur elle et la protéger en cas de besoin. Elle lui avait dit de rester à l'intérieur, elle y serait plus en sécurité que dehors, même si les arbres à proximité se cassent la figure. En plus, avec sa cheville en vrac, l'adolescente ne pourrait pas aller très loin, donc il valait mieux qu'elle reste au chaud. Puis, la maman sortit, la chienne s'était réfugiée sous la maison, à l'abri de la pluie.
« - 'Lina, tu rentreras le chien ! » Qu'elle lui crie depuis l'extérieur, en ouvrant son parapluie, avant de s'engouffrer sous le déluge. Le vent soufflait fort, si fort qu'il n'a pas fallut longtemps pour qu'il retourne le pauvre parapluie et qu'il se brise sous la puissance des bourrasques. Qu'importe, elle le laisse dans une poubelle et se blottit dans son ciré. Quelle idée d'être allée bosser. Si encore elle avait eu une voiture, mais rejoindre l'arrêt de bus et l'attendre sous un temps pareil, c'est une mauvaise idée. Pourtant, ça s'est bien passé. Elle est juste un peu -beaucoup- mouillée, mais le bus roule bien et elle arrive bientôt devant son travail… Pour trouver les bureaux déserts, la porte fermée. Visiblement, personne n'est venu travailler, sans doute par peur du temps. Elle hausse les épaules, la poisse. Il va falloir faire demi-tour et le prochain bus est dans super longtemps. Au début, elle se dit qu'elle va attendre, mais quitte à être trempée, autant rentrer à pieds. Mauvaise idée, encore une fois. Parce que Tybee Islands, en plus d'être loin, c'est au bord de la mer et… c'est là que c'est le pire. Plus elle avance, plus elle galère. L'eau monte à une vitesse et elle se retrouve vite les genoux dans l'eau. Elle peine à mettre un pied devant l'autre et le vent s'y met à son tour. Un type s'arrête à sa hauteur et lui conseille de se dépêcher de rentrer chez elle, il lui annonce que cette tempête n'est pas une petite passade, mais bien un gros ouragan qui risque de se maintenir quelques jours sur la côte. Panique à bord. Elle accélère le pas comme elle peut, téléphone en main, tentant d'appeler toute la fratrie et sa fille. Les appels passent mal, si ça sonne, ça ne répond pas. Alors, elle se contente d'envoyer des textos, pour s'enquérir de l'état de sa famille. Mais avant d'avoir pu en envoyer à tout le monde, elle trébuche dans l'eau et manque de s'étaler. Ce sera son téléphone qui s'envolera pour finir sa course sous l'eau. « Merde… » Elle peste, elle jure. Il fallait que ça lui arrive maintenant. Comment allait-elle savoir où sont les autres ? Elle n'a pas de nouvelle. Ça lui tord le ventre, lui perfore l'estomac. Elle se mord l'intérieur des joues, priant de ton son saoul pour que rien ne leur soit arrivé. Index et majeurs croisés dans ses paumes serrées tandis qu'elle bataille contre les éléments pour rejoindre sa fille. Encore, plusieurs fois, elle perd l'équilibre. En avant, en arrière. Le vent la pousse, la malmène. Mais plus elle avance, plus c'est compliqué. L'eau est montée et est vive comme si elle se trouvait dans le lit d'une rivière. Mais peut-être est-ce l'océan qui déborde. Elle en sait rien, elle flippe. Elle voit pas le bout de la rue, la pluie lui martèle beaucoup trop le visage et l'aveugle. Elle est pliée en deux, buste en avant, elle sait qu'elle a merdé. Si elle arrive en un seul morceau chez elle, c'est par le bon vouloir du Saint Esprit. Mais connaissant la chance et la fortune dont sont dotés les Popescu, elle sait bien que c'est pas gagné. Et comme pour lui donner raison, le vent la bouscule encore et elle n'arrive même plus à pousser son pied vers l'avant. Elle regarde autour d'elle et se laisse embarquer vers le poteau à quelques mètres d'elle. Elle s'y agrippe fermement, enroulant ses bras autour du métal, se servant de son diamètre pour essayer de couper brièvement le vent dans sa colère. Mais rien n'y fait. Il la malmène, se glissant entre ses doigts et sous ses avant-bras pour l'en décoller. Elle sait. Elle sait que si elle lâche, elle se fera emporter. Elle a la trouille, mais pourtant elle ne peut penser qu'à Madalina. A Ioan, à Anca, à Seven, à Constantin, à Elena, à Tereza et à Mihail. Sont-ils sains et saufs ? Au chaud et au sec ? Pour eux, elle ne veut pas lâcher. Parce qu'elle sait que se faire emporter par le vent, c'est risquer de s'empaler sur des débris ou s’assommer contre le premier truc qui passe, ou pire encore, se retrouver écrasée sous une voiture ou contre un mur. Elle veut pas. Pas mourir comme ça. Pas après tout ça. Et ce foutu poteau qui s'agite entre les mains du vent. Elle n'arrive même plus à ouvrir les yeux, mais elle sent le métal qui plie.

Puis d'un coup. Tout lâche. Elle se sent partir en arrière, même si toujours agrippée au poteau. Pensées en stand-by, c'est le mode survie qui s'enclenche et les sirènes se mettent à hurler dans son crâne, comme au loin, en ville. Le poteau déraciné ou brisé s'écroule sur elle, la fait plonger, son dos heurte le sol, puis le bourreau de métal ne bouge plus, bien installé là, bloquant la roumaine sous sa structure de métal. Le choc l'a fait tousser, l'air a quitté ses poumons. Mais sous l'eau. Sous l'eau. Elle avait ouvert grand les yeux et vu les bulles de son précieux oxygène rejoindre, elles, la surface. Elle s'agite, panique, tente de pousser cet immense barre de métal, de glisser hors de cette étreinte mortelle, mais rien n'y fait. Ses poumons brûlent, appellent à l'air et cet idiot d'un instinct lui ordonne de prendre une bouffée d'air. Mais c'est de l'eau qui vient pénétrer ses poumons. Elle ferme les yeux, tousse, expulse l'eau pour mieux la ravaler derrière.
C'est la fin.
C'est idiot. Mais c'est la fin. Ses pensées sont floues. Elle pense à Madalina, elle la voit jouer avec Artémis et sourire, rire aux éclats. Elle la voit heureuse, courir dans les bras de Mihail qui lui aussi paraît heureux. Iulia sourit. Elle pense à Seven. Elle se voit lui caresser le visage, l'embrasser, le serrer dans ses bras. Elle le voit serein, doux. Comme avant. Ursul. Il ne la repousse pas, au contraire. Puis Anca. Anca dans les bras d'un homme au visage brouillé, flou, et elle sourit, elle rit, le visage qui scintille, elle l'embrasse, elle lui caresse les bras. Heureuse, elle aussi. Puis, tous les autres, qui se confondent avec le noir. Tout qui se mélange, plus que des formes. Des ombres, des lumières qui dansent.

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Jax Roses

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halina 4ver, je ne t'oublierai jamais
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MessageSujet: Re: (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”   (Intrigue) “ Sunken Dreams. ” EmptyMar 13 Sep - 12:22

Il s'est abrité dans un bar, le temps que le déluge passe. Attablé, les yeux dans le vague, il fait tourner sa bière entre ses doigts, l'air ailleurs. Il ressasse les évènements de ces dernières semaines et ça le fout mal. Il se sent presque nauséeux, le bide retourné et le cœur broyé. Y a Max, déjà, qui lui revient sans cesse en mémoire. L'image de sa nuque brisé, tête désarticulée, yeux mi-clos. Ça le hante et l'empêche de dormir depuis des semaines. Tous les matins, il se réveille avec l'envie de vomir et de chialer. Et ça le renvoie à cette vieille image qui l'avait tout autant choqué : la mort de son oncle. La différence, c'est qu'avec Maximilien, tout était de sa faute. Il était mort à cause de lui. Et ça, il n'arrivait pas à l'accepter. Ça avait beau avoir été un accident, la culpabilité le ravageait de l'intérieur, sans qu'il ne puisse rien faire contre. Mais jusqu'à présent, Halina l'avait soutenu et aidé dans cette douloureuse étape. Hors, désormais, il n'avait plus Halina. Elle refusait de lui parler et même de le voir. Dès qu'ils se retrouvaient au même endroit, elle prenait la fuite. D'ailleurs, il ne l'avait quasiment plus vu depuis plusieurs jours. Elle passait tout son temps libre loin du cirque et Jax se sentait dépérir à petit feu. Incapable de survivre loin d'elle. Elle qu'il aimait depuis qu'il était gosse. Depuis toujours, finalement. Il cesse de faire tourner sa bière et sa main vient entourer violemment le verre, se mettant à le serrer de plus en plus fort, alors qu'une vague d'émotions sévit dans sa poitrine, le mettant dans tous ses états, au bord de l'implosion. Mais il se fait brutalement sortir de ses pensées sombres par la sirène d'alerte qui retentit soudainement en ville. Et d'un coup, tout le monde se lève et s'agite. Jusqu'à ce que le propriétaire du café leur hurle qu'ils viennent de parler d'ouragan a la radio et qu'il ne faut surtout pas sortir dehors, que c'est beaucoup trop dangereux. Et Jax, il se jette sur son portable. Il appelle ses parents, trois fois de suite, sans obtenir de réponse. Puis, sans hésiter, il appelle Halina. Mais ça sonne deux fois et ça coupe. Il fronce les sourcils, ne pouvant pas croire qu'elle lui ait raccroché au nez dans un moment pareil. Mais non, c'est bien pire que ça : il n'y a plus de réseau. Et là, il perd le contrôle. Il oublie tout. L'ouragan, le danger, sa vie qu'il va risquer. Il s'en fout. Il n'a plus qu'une seule idée en tête : rentrer au cirque. Pour ses parents, Halina, Panini et tout les autres. Parce qu'il sait que ça va être un carnage là-bas. Les caravanes et les chapiteaux vont se faire avaler par le vent. Tout va être balayé et les gens aussi. Et pour Jax, c'est inconcevable de rester ici, bien à l'abri, pendant que sa famille, le cirque, se fait broyer.

Alors il n'hésite pas, il s'élance dehors, ignorant la main qui tente de l'attraper et de le retenir à l'intérieur. Il s'en dégage d'un coup d'épaule et s'engouffre dans l'ouragan sans réfléchir plus que ça. Mais la réalité le rattrape bien vite. Le froid le saisit brutalement et en quelques secondes à peine, il se retrouve trempé de la tête aux pieds, frigorifié et aveuglé. Il pose sa main sur le mur et se sert de ça pour continuer à avancer, presque à l'aveugle. Bien vite, il se met à claquer des dents et abandonne l'idée de sortir son téléphone pour tenter à nouveau de joindre des gens. Inutile, l'appareil serait foutu en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, avec toute cette flotte. Mais Jax n'a pas peur. Pas pour lui, en tout cas. Il est tellement obnubilé par le fait de rentrer au cirque, qu'il s'oublie complètement. Alors il avance, luttant contre le déferlement des éléments contre lui, contre la ville. Et il prie, intérieurement. Il prie pour qu'Halina soit à l'abri, saine et sauve. Il prie pour qu'il n'y ait pas de blessés au cirque. Il prie de toutes ses forces. Parce qu'il ne peut rien faire de plus à cet instant et cette sensation le frustre et lui tord les entrailles. Il voudrait déjà être auprès d'eux. Mais le vent ralentit son avancée, et c'est avec une extrême difficulté qu'il pose un pied devant l'autre. Et les choses se compliquent encore plus quand l'eau se met à monter.

Quand il arrive enfin à Tybee Island, il a de l'eau jusqu'aux genoux et chaque pas est une souffrance. Il est sans cesse déséquilibré et il est complètement épuisé, les jambes engourdies, le visage gelé. Mais alors qu'il déboule à l'angle d'une rue, il la voit. Il tente de se protéger les yeux du mieux qu'il peut avec sa main gauche, pour mieux voir. Et d'un coup, son palpitant se froisse douloureusement dans sa poitrine alors qu'il voit le danger arriver. Il hurle, à travers la pluie. - ATTENTION ! LE POTEAU ! Mais sa voix se fait emporter par le vent et même lui ne s'entend pas. Alors il s'élance courageusement, déviant de sa route initiale, bifurquant sur la droite au lieu d'aller à gauche, en direction du cirque. Et là, un grand craquement retentit jusque dans sa poitrine, le tétanisant sur place, les yeux exorbités, qui suivent le poteau qui s'effondre sous l'eau, emportant avec lui l'inconnue. Et Jax, il a l'impression de revivre le même cauchemar, encore et encore. Y a le visage de Max qui refait surface et qui vient lui crever les yeux. Non, non. Pas encore, putain, pas encore.

Alors il s'approche à grands pas, soudainement animé par une violente décharge d'adrénaline. Il oublie le cirque et Halina, il oublie tout. Désormais, il ne veut plus qu'une chose : éviter un nouveau mort. Parce qu'il ne le supportera pas. Il plonge ses mains au hasard sous l'eau, ne voyant strictement rien tant l'eau est sale, faite de débris et de terre. Ses mains paniquent complètement, alors qu'il sait pertinemment que le temps de l'inconnue lui est compté. Il ne sent d'abord que le métal du poteau mais rapidement, il sent son corps. Et là, la terreur s'insinue dans ses veines et lui vrille le cerveau, alors qu'il réalise qu'elle est coincée en-dessous, prisonnière du poids du poteau. - Non, NON ! Qu'il s'égosille, complètement affolé. Il se met à tirer sur le poteau pour tenter de le soulever : en vain. Et il le sait, chaque seconde qui s'écoule est une véritable catastrophe. Il réitère un dernier essai, à court d'idée, désespéré. Il finit par relâcher le poteau et pose ses mains sur son crâne, le regard agité, terrifié.

Et puis, il change de tactique. Il s'assoit par terre, maintenant difficilement sa tête hors de l'eau, buvant la tasse à répétition. Puis, de toutes ses forces, avec ses deux jambes, il vient frapper le poteau pour tenter de le décaler sur le côté. Un coup. Deux coups. Trois coups. Quatre coups. Il n'en peut plus. Elle est peut-être déjà morte, putain. Cinq coups. IL A BOUGÉ ! L'espoir revient subitement. Et Jax puise dans ses dernières forces, refusant d'abandonner. Six coups. Il bouge. Sept coups. Il bouge. Huit coups, ça y est ! Le poteau semble baisser de niveau, comme s'il touchait le sol, libérant enfin sa victime. Jax se fout à genoux et replonge les mains dans l'eau, pour en sortir le plus rapidement la femme. Elle retrouve enfin l'air libre, mais aucune réaction de sa part. Elle est inconsciente. Et le visage de Jax se liquéfie à l'idée qu'il soit déjà trop tard. Il se redresse et résiste contre la tempête pour la tirer jusque sous le perron d'une entrée d'immeuble, à l'abri, plus ou moins au sec. Là, il l'allonge et vient prendre son pouls sur sa gorge. Quasiment inexistant. Quasiment. Alors sans plus attendre, Jax se place à côté d'elle et joint ses deux mains sur sa poitrine pour lui prodiguer les gestes de premier secours. Sauf qu'il ne sait pas vraiment faire, ses gestes sont maladroits et désordonnés, et son état psychologique du moment ne l'aide pas à se concentré. Il finit par libérer sa poitrine et vient lui pincer le nez pour lui faire du bouche-à-bouche avant de reprendre son massage cardiaque. Et comme une prière, il se met à murmurer. - Meurs pas steuplé, meurs pas. Pendant combien de temps s'évertua-t-il à tenter de la sauver ? Il ne saurait dire, mais ça lui semblait être une éternité.

Quand soudain.
Il l'entend tousser, s'étouffer. Aussitôt, il l'attrape et la tourne sur le côté, pour la faire évacuer toute l'eau avalée. Elle est vivante, putain. Elle est vivante. Mais dans quel état ? Le poteau qui s'est écrasé sur elle et son cerveau privé d'oxygène pendant trop longtemps. Jax redoute le pire. Dès qu'elle ne tousse plus, il perd le contrôle, incapable de se contenir une seconde de plus. Il la retourne vers lui et l'enlace de toutes ses forces, comme s'il s'agissait d'une personne de sa propre famille. Le soulagement est tellement immense qu'il en tremble. Il vient caresser ses cheveux trempés, gardant sa tête contre son torse. - Tout va bien, je suis là.. je suis là. Il a eu tellement peur. Et il a comme l'impression que Dieu lui a envoyé une seconde chance, pour se racheter. Cette femme, c'est comme un cadeau du ciel. Il se sent pris d'envie de la protéger envers et contre tout, quitte à en crever. Qu'importe.
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MessageSujet: Re: (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”   (Intrigue) “ Sunken Dreams. ” EmptyMer 14 Sep - 0:17

“Sunken dreams.”
Juliax.
“Under the water we can't breathe, we can't breathe.
Under the water we die.
Under the water there is no one watching
Under the water we are alone



Au loin, des bruits sourds, déformés. Mais la lumière qui se rapproche. Étrangement, Iulia se sent presque soulagée. Légère. Comme une impression de flotter. Mais plus elle avance, plus les voix se précisent. Elle baisse les yeux et voit ses mains, sa peau à peine hâlée contrairement à celle de ses frères et sœurs, mais intacte. Pas de bleus, pas de traces des doigts de Seven, pas les éraflures qui ne partiront jamais, pas les cicatrices qui la parsèment d'ordinaire. Elle cligne des yeux et dans ses bras un bébé. Elle lui caresse le visage, le nourrisson ne pleure pas, il dort. Ou plutôt, elle dort. Madalina. Iulia lève la tête et devant elle, Traian, un grand sourire sur les lèvres. Il tend la main vers elle, elle tressaute, mais il lui caresse la joue et l'attrape doucement par le bras pour l’emmener plus loin. Elle le regarde, lui qu'elle a aimé. Lui qui s'est séparé de son manteau de haine, de violence, brodé de négativité. Il sourit, il a l'air en paix. Encore, il la tient par le bras, mais sa main glisse et il saisit la sienne, qu'il vient embrasser. Des mots s'échappent d'entre ses lèvres. « Je suis heureux de te revoir, Iulia. » Un frisson parcoure son dos. Quelque chose ne va pas. Elle baisse les yeux, le bébé n'est plus dans ses bras, elle regarde autour d'elle, il y a juste Traian et elle. La roumaine fixe son mari, perdue. Lui, vient la serrer contre lui, glissant sa main dans ses cheveux et lui caresser. « Cette fois-ci, je te garde auprès de moi. » Elle reste immobile, se penchant vers lui, tête posée contre la sienne. Elle ne se sent plus apaisée. Quelque chose la travaille. Ça sonne faux. Mais elle ne bouge pas, elle se blottit contre lui, silencieuse. « Je t'avais interdit de partir, Iulia. Mais maintenant c'est fini. Je t'ai retrouvée.. » Elle se redresse vivement et recule, s'écartant de lui et le repoussant avec ses deux mains. Non. Il ne bouge pas. Il sourit juste. Un rire le secoue. « Tu ne me laisseras plus jamais seul. » Il se lève, elle se raidit, il marche autour d'elle. Lui tourne le dos. « Je n'aurais jamais imaginé que tu me laisserais gagner ainsi, Iulia. » Elle fronce les sourcils. Quoi ? Son visage se décompose quand lui se retourne vers elle, six trous béants dans la poitrine. Le sang colore peu à peu son t-shirt sale, comme si les plaies étaient toutes fraîches. Sur son visage, encore et toujours ce rictus malsain. « J'arrive pas à croire que tu aies eu le courage de me tirer dessus, Iulia. Ça devait pas se passer comme ça. » Il s'approche, elle est tétanisée. « Ça devait pas se passer comme ça. » Ses doigts s'enroulent à nouveau autour de la gorge de la roumaine et il se penche toujours plus vers elle. Même ses yeux semblent vides de vie. « Mais maintenant tu as échoué. Maintenant tu vas rester avec moi. Pour toujours. »
Et il rit. Il rit. Elle ne bouge pas. Elle peut pas. Sa poitrine est comme écrasée. Sa tête lui fait un mal de chien. Mais elle peut pas bouger. Elle aimerait pourtant ! Elle aimerait se lever et partir en courant. Mais elle sait qu'elle ne pourrait pas aller bien loin. Elle reconnaît vaguement leur ancien appartement, mais le reste de la pièce est flou. Trop flou. Elle a peur de comprendre. Son bourreau fait les cent pas. Elle ne le voit plus, mais elle le sent. Il marche, il rôde, il l'entoure, il l'enveloppe, il est partout. Il l'observe, la surveille. Scrute le moindre de ses battements de paupières. Elle est si terrorisée qu'elle se rend compte qu'elle ne parvient pas à respirer, que sa gorge est bloquée. C'est pour ça qu'elle ne parvenait pas à parler. Ses mains viennent tenir son cou, comme si ça allait changer quelque chose, elle cherche de l'air, panique. Un sursaut. Ses pieds sont dans l'eau. Ses pieds, bientôt ses chevilles. L'eau, limpide, monte à une vitesse, elle vient de partout à la fois, de la pénombre, de la fenêtre, par la porte, elle remplit bientôt la pièce, entièrement. Puis plus rien ne bouge. Le silence. Pendant un temps qui lui semble une éternité, il n'y a plus rien qui se passe.

Puis, un mouvement. La peur sans doute s'échappe de son ventre, elle ne sent plus ce poids qui l'écrase. Ça bouge. Dans l'eau, des ondes qui secouent tout à l'intérieur de la pièce. Elle est secouée, tout tremble. Et un remous. Un bruit lointain qu'elle essaye d'identifier. Elle tend l'oreille, cherche à se rapprocher de l'origine de ce son. « … Meurs pas. » Elle écarquille les yeux. D'un coup, elle comprend. Elle revoit Savannah, la tempête. L'eau qui monte et la pluie qui tombe. Le vent à qui rien ne résiste. Puis son poteau salvateur qui s'était avéré être sa guillotine. Elle écoute cette voix, elle se répète ses mots dans sa tête. Meurs pas. Meurs pas. Devant elle, une ombre. Un jeune homme. Brun. Seven. Seven. Seven ?! Son cœur fait un bond. Elle s'étouffe. Elle tousse. L'air passe à nouveau dans ses poumons, on l'y force. Et, soudain, elle est happée, propulsée en arrière, loin de la lumière, de cette fenêtre sur ses souvenirs transformés. De cette eau qui la hante. Son corps parcoure des années-lumières, des galaxies et des constellations toutes entières pour revenir en Amérique. A Savannah. Au bord d'une rue inondée où il pleut toujours et où le vent continue de maltraiter la côte. Quand elle ouvre les yeux, on la serre fort. Elle n'arrive pas à réagir. Elle a froid, ses lèvres sont bleues, elle tremble alors que dehors il fait chaud. Mais ses vêtements trempés, dans le vent la frigorifient. Mais c'est peut-être cela qui a prolongé son sursis. Elle n'a plus de forces, elle ne parvient pas à bouger. Seules ses lèvres esquissent un mot muet : « Seven. » Parce que ça ne peut être que lui. Lui qui la tient serrée contre son cœur, qui ne la lâche pas, qui l'a sauvée. «  Tout va bien, je suis là.. je suis là. » Cette voix. Ce n'est pas celle de son frère. Elle ferme les yeux. Elle ne bouge plus. Elle a du mal à respirer, l'air passe mal ou alors il passe, mais c'est l'oxygène qui lui manque, qui est trop rare dans les bouffées qu'elle prend lentement. Il lui faut du temps, le temps d'atterrir. Le temps de comprendre, de redescendre sur Terre. Elle commence déjà par reprendre ses repères. Que ce sur quoi repose sa tête est le torse d'un inconnu. Qu'il la tient dans ses bras. Que c'est probablement à cause de lui qu'elle est là. Il l'a sauvée. Sauvée. Un homme l'a sauvée. Ce n'est pas un de ses frères. Qui ? Qui donc aurait pu… ? Sauver une Popescu. S'il savait. Il ne sait pas. Forcément. On sauve pas un cafard de la noyade. Mais elle lui en est reconnaissante. Éternellement. Et d'un coup, ses pensées s'amoncellent. Une entame son chemin et bientôt les autres viennent s’agglutiner dans son cerveau, le temps que celui-ci réussisse à procéder normalement. La première pensée est pour Madalina. Second coup dans son cœur, un tremblement la parcourt. Où est-elle ? Va-t-elle bien ? Est-elle en sécurité ? Son cœur s'accélère, elle panique. L'air lui manque. Elle respire plus vite, de façon plus saccadée. Ses poings se resserrent et se relâchent. Elle tremble encore. Elle est épuisée, son corps se tend, mais pas longtemps. Elle a envie de fermer les yeux. De dormir. Mais elle tient le coup. Il fait trop froid pour qu'elle se permette de retourner… là-bas. Sa main bouge un peu, elle vient s'accrocher au vêtement trempé de son sauveur. Elle serre fort sa prise, ne lâche plus. Elle se calme. Elle parvient à bouger un peu plus, mais c'est épuisant. Elle n'a pas trop d'équilibre, heureusement qu'il la tient. Elle lève la tête. Elle le regarde en silence. Elle ne voit pas bien, tout n'est pas très net. Elle ne le discerne pas entièrement, impossible de dire si elle le connaît. Mais même si c'était le cas, elle ne serait sûrement pas capable de fouiller sa mémoire pour trouver son identité. Elle agite ses lèvres, essaye de formuler un mot. Mais aucun son ne sort. Elle ne trouve pas la force de pousser sur ses cordes vocales, pas encore. Mais même si le temps lui semble s'être arrêté, ce n'est pas le cas. Le vent redouble de puissance et de nombreux débris parcourent les airs à une vitesse folle, menaçant les deux paumés et le niveau de l'eau monte toujours. Il faut qu'ils se mettent à l'abri et vite.

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MessageSujet: Re: (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”   (Intrigue) “ Sunken Dreams. ” EmptyDim 18 Sep - 12:58

Le soulagement qu'il ressent lorsqu'elle revient à elle n'a pas d'égal. Tellement immense, tellement violent, que ça le frappe de plein fouet, encore plus fort que le vent et la pluie. Ça libère son cœur d'un terrible étau, ça fait péter les chaînes qui comprimait sa cage thoracique. C'est comme s'il s'était remit à respirer en même temps qu'elle. Comme si sa survie à lui avait dépendu entièrement de la sienne à elle. Après l'avoir aidé à se vider de l'eau qui devait probablement lui brûler les poumons, il la serre contre lui, comme si elle était la chose la plus précieuse qu'il ait. Il lui murmure quelques mots rassurants, apaisants, alors que ses mains masculines la maintiennent fermement contre lui, et pourtant, avec une douceur infinie. Il se met à se balancer délicatement d'avant en arrière, très légèrement, pour la bercer, la calmer, alors qu'il la sent passer par un millier d'états différents. Il la sent à bout de souffle et paniquée, il sent son cœur qui s'affole et qui vient heurter le sien. Il continue de caresser ses cheveux, avec une délicatesse qui ne lui ressemble pas. Lui d'ordinaire si pudique, si peu démonstratif. Mais là, il n'y a rien d'ordinaire. Là, il n'est plus lui-même. Malmené par des émotions contradictoires qui le plonge dans un état de trouble avancé. Et cette pauvre femme, meurtrie et à moitié gelée entre ses bras, c'est sa bouée de sauvetage, aussi paradoxal cela puisse paraître. Elle ne sait pas, l'inconnue, qu'elle vient d'apaiser une partie de ses tourments. Il a pris une vie et désormais, il en a sauvé une. Il a l'impression que les choses se remettent en place, que la balance de l'univers est remise à zéro. Et il se sent libéré d'un poids terrible, qui lui ravageait les épaules.

- Shhh, doucement, doucement.. Qu'il lui murmure, alors qu'il entend son souffle s'accélérer et qu'il la sent se contracter contre lui. Elle tremble de la tête aux pieds, mais il s'en rend à peine compte, car il tremble tout autant qu'elle, frigorifié lui aussi. Sauf qu'il ne réalise pas. Son corps réagit au froid, mais il le ressent à peine. Parce que tous ses sens sont tournés vers elle. Le reste semble comme anesthésié. Et lorsqu'elle relève la tête vers lui et que leurs regards se croisent enfin, Jax il sourit. Malgré la lividité de son visage et ses lèvres qui se teintent légèrement de bleu, il sourit. Il s'accroche à son regard, encore embrumé mais bien vivant, et ça le réchauffe à l'intérieur. Elle semble perdue, encore confuse et elle le dévisage sans comprendre. Alors il tente de la faire parler, pour voir s'il y a eu beaucoup de dégâts, ou si elle va bien. - Moi, c'est Jax. Et toi ? Il marque une pause avant d'ajouter. - T-tu peux parler ? Qu'il lui demande, un peu hésitant. Il la quitte des yeux un instant, pour parcourir le reste de son corps du regard. Son sourire disparaît alors qu'il reprend un air soucieux. De sa main gauche, il vient effleurer sa poitrine et l'interroge à nouveau. - Où est-ce que tu as mal ? Un poteau l'a écrasée et maintenue sous l'eau pendant plusieurs minutes, deux, peut-être plus même. Quoi qu'il en soit, il redoute qu'elle n'ait des dégâts au niveau des côtes. Et si c'était le cas, ça compliquerait beaucoup les choses. Pour elle, surtout. Parce qu'ils ne vont pas pouvoir rester là bien longtemps. Et s'il doit la déplacer, elle risque de souffrir atrocement. D'ailleurs, ils vont devoir bouger de là, et vite. Il relève la tête et constate avec désarroi que l'eau monte et qu'elle atteint déjà la seconde marche. Son cœur crépite dans sa poitrine, alors que la panique le gagne à son tour. Il pourrait prendre le risque d'attendre ici et de prier pour que l'eau cesse bientôt de monter. Mais si ce n'est pas le cas, ils seront foutus, parce qu'ensuite, l'eau sera trop profonde et Jax ne pourra plus marcher dedans. Ils se feront emporter tous les deux. Il passe une main anxieuse sur son front, où des gouttes de sueur se mélangent à l'eau de la pluie.

- On peut pas rester-là. Qu'il finit par dire. Il baisse la tête vers elle, elle est incapable de marcher. L'emmener avec lui, ce serait risquer d'y passer aussi. Mais son palpitant hurle dans sa poitrine et ça raisonne jusque dans sa tête. Il ne peut pas la laisser là. Il ne peut pas. Il retire sa veste trempée et aide la brune à se mouvoir. - Je vais essayer de te hisser sur mon dos et je nouerais ma veste autour de nous, pour te maintenir contre moi. Mais va falloir que tu t'accroches à moi quand même, d'accord ? Même si ça fait mal, faut que tu t'agrippes. Sous aucun prétexte tu ne devras me lâcher. Il la toise sérieusement, signe qu'il ne plaisante pas. Il s'accroupit sur la deuxième marche, afin d'être près du sol et après plusieurs manœuvres pénibles, il parvient à hisser Iulia sur son dos. Il attrape ses jambes et les place autour de sa taille, ses bras autour de son cou, puis il se saisit de sa veste, la passe comme il peut dans le dos de Iulia puis vient la nouer au niveau de son propre ventre. Il souffle, épuisé, effrayé, n'ayant aucune idée de si ça suffira ou non. Là, il attrape la rampe et se relève en serrant les dents, alors que ses jambes peinent à les soulever tous les deux. Il parvient malgré tout à se hisser debout et sans plus attendre, après avoir pris une grande inspiration, il quitte leur abri de fortune et s'élance à nouveau dans la rue, à la recherche d'un refuge plus sûr. Sa main droite appuyée contre les murs, il s'y appui tant bien que mal, mais ça lui sert surtout de repère. Sa main gauche, elle, est venue se saisir de la main de Iulia, pour la maintenir contre lui et éviter qu'elle parte en arrière. Penché en avant, à la fois pour lutter contre les éléments, mais aussi pour éviter que sa rescapée ne glisse de son dos, il avance difficilement, sans réellement savoir où il va, ralentit par le niveau de l'eau qui monte et qui désormais lui arrive en haut des cuisses. Il serre sa main et tourne un peu la tête, pour lui parler. - Reste avec moi d'accord ? surtout, t'endors pas, faut pas que tu t'endormes ! Ou elle risquerait de ne plus se réveiller.
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MessageSujet: Re: (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”   (Intrigue) “ Sunken Dreams. ” EmptyJeu 13 Oct - 19:34

“Sunken dreams.”
Juliax.
“Under the water we can't breathe, we can't breathe.
Under the water we die.
Under the water there is no one watching
Under the water we are alone

Le temps est bizarre. Étrange. Il coule à différentes allures. Tantôt rapide. Tantôt lent. Elle ne sait pas, Iulia. Elle ne sait pas combien de temps à pu glisser depuis. Depuis quand ? Depuis la chute ? Des minutes ? Des heures ? Ou bien de toutes petites secondes muées en éternité ? Elle ne sait pas… L'esprit dans le brouillard, elle se recalque, se replace, fait les mises au point, la balance des couleurs et des lignes. Elle échoue plusieurs fois, mais n'abandonne pas. Le flou devant ses yeux et dans ses oreilles parvient à disparaître petit à petit, tout de même. Les couleurs et les courbes se dessinent et se précisent. Ses yeux sont toujours rivés vers le visage de celui qui l'a sauvée, attendant de pouvoir sauvegarder ses traits dans sa mémoire. Qu'elle se souvienne. Qu'elle sache. Qui. Qui est cet ange qui lui a tendu la main pour l'extirper de celles de Traian qui, même de l'autre côté, tente encore de l'attirer à lui. Jamais seule. Jamais débarrassée. Il sera toujours là, dans le coin des yeux, dans ses zones d'ombres, caché dans ses moindres fissures. Il la hante. Comme un fantôme blessé accroché à son château, il en cogne les murs et ébranle les fondations, loin de s'imaginer qu'il a tout de même bien moins de pouvoir qu'antan. Qu'il n'est plus le maître ici-bas. Qu'une simple main tendue, une voix qui couvre ses murmures, suffisent à effacer sa présence. Bientôt, elle l'oubliera et il ne sera que souffle dans les branches, nuée qui manque d'air, pour venir s'éteindre. De la buée sur les carreaux. Il aura beau hurler, crier, frapper les murs et se griffer le visage, l'étau a déjà commencé à céder, ce, depuis bien plus longtemps qu'il n'a pu le penser. Et le sourire de cet ange y contribue encore, même maintenant. Elle ne le quitte pas des yeux, ses iris se posent sur ses lèvres et elle le mime. Sa bouche tremble, elle est gauche. Comme un petit animal qui vient de renaître, un faon, maladroite, fébrile, chétive. Elle, si longiligne, mais toute petite dans les bras de cet homme. Petit à petit, elle atterrit. Les crocs du froid se resserrent sur ses doigts, sa peau, la rongent. Ça picote. Ça brûle un peu. Mais l'ange parle. L'ange dit son nom. Jax. Et elle ? Elle hausse ses sourcils et bouge ses lèvres pour tenter de lui répondre. Encore, le son ne franchit la barrière de ses lèvres que sous la forme d'un murmure camouflé par le bruit du vent. Ses cordes vocales ne parviennent pas à vibrer suffisamment pour qu'elle soit comprise. Peut-elle parler ? Non. Pas tout de suite. Elle est bien trop épuisée. Elle ferme les yeux et prend une longue inspiration qui lui serre douloureusement la poitrine. Elle grimace. Le froid l'enveloppe doucement, au fur et à mesures, tandis que tout son être s'éveille, il galope, se glisse dans ses pores et la secoue dans un grand tremblement, ses nerfs, dérangés dans leur torpeur bondissent à leur tour et se défendent contre cette sensation qui doit tellement leur paraître insensée. C'est pas normal tant de froid. Puis la douleur. Bourgeonnante mais violente. Comme une fleur, qui se débarrasse de son manteau de glace pour finir d'éclore dans sa poitrine. Elle serre fort les paupières, la roumaine. Parce qu'elle sait pas d'où elle vient cette douleur, elle peut pas identifier, elle est encore trop dans le gaz pour ça. Mais ça fleurit, ça s'imprègne dans tout son torse et ça s'étend. Et son corps se tend dans les bras de l'ange. Un son, enfin, franchit la barrière de sa bouche, mais pas sous la forme de mots, plus un gémissement. Elle s'est éveillée. Tous ses nerfs savent dans quel état critique ils se trouvent et ils hurlent. Ils tirent les signaux d'alarme et l'agressent, tous en même temps, pour la presser afin qu'elle enclenche le mode ''survie''. Quand bien même elle saurait comment faire, elle n'en a pas la force. Elle ne peut faire plusieurs choses à la fois, résister au froid, à la douleur et se focaliser sur cet homme. Sur l'ange. Sur Jax qui avance une main vers elle, qui s'enquiert de la source de ses maux. Elle ne peut parler, mais son visage s'exprime pour elle, alors lorsque ses doigts glissent sur l'endroit de l'impact avec le poteau, ses traits se crispent et se serrent, expliquant la douleur au travers de mimiques et de ses couinements.
 
Mais, malgré son état, le temps presse. La météo les presse. L'ange, alerte, observe les alentours. Elle ne le voit pas paniquer, parce que lorsqu'elle le regarde, elle le voit serein, doux. Comme les anges dans les tableaux qui ornent les murs des églises qu'elle a pu fréquenter. Parce qu'elle se pose encore sûrement la question de savoir s'il existe réellement ou s'il est juste le fruit de son imagination. Comme Traian, quelques instants auparavant. - On peut pas rester-là.  Son visage glisse, son expression se défait. Elle le regarde, la peur qui s'allie au froid pour lui ronger l'estomac. L'ouragan. Le vent. La pluie. L'eau qui monte. Encore. Elle cligne des yeux, très vite et le regarde. Elle comprend. Elle comprend, mais elle a peur. Elle craint ses côtes qui la torturent et le froid qui la mange et l'anesthésie, l'endort presque, à nouveau. Mais, elle se redresse avec son aide, il le faut. Elle n'a pas le droit de reculer, ni même de hésiter. Qu'importe son état, il faut qu'elle parvienne à trouver sa famille. Sa fille. Ses frères et sœurs. Qu'elle s'assure de leur bien-portance. Ce ne serait qu'à ce moment-là qu'elle s'accorderait une pause. Pas avant. Du moins, c'est ce qu'elle essaye de se dire, mais ses grimaces quand ses côtes abîmées grincent les unes contre les autres l'inquiètent. Elle connaît son corps, elle sait ce qu'il est capable d'encaisser, elle sait qu'elle peut surmonter un certain seuil de douleur. Mais ses côtes fragiles, brisées plusieurs fois par les poings et les pieds de Traian se sont à nouveau rompues. Elle sait les risques qu'elle encourt, qu'elle doit voir un médecin au plus vite, qu'il tente d'empêcher ses os assassins de transpercer ses poumons. Chose qui n'est pas encore faite, puisqu'elle respire. Difficilement, mais pas à cause de ça.  Je vais essayer de te hisser sur mon dos et je nouerais ma veste autour de nous, pour te maintenir contre moi. Mais va falloir que tu t'accroches à moi quand même, d'accord ? Même si ça fait mal, faut que tu t'agrippes. Sous aucun prétexte tu ne devras me lâcher. Elle hoche la tête. Elle se sent enfant. Enfant et sans la moindre idée de comment réagir et agir comme il faut. De toutes manières, elle ne peut que se laisser guider. Elle ne voit pas ses jambes la porter, ni ses côtes la laisser en paix pour le trajet. Mais où aller, en plus ? L'ange semble plus décidé et il s'active pour la faire grimper sur son dos. Ses côtes s'écrasent sur les siennes et grincent encore, lui torturant le ventre et résonnant jusque dans ses épaules. Ils sont trempés tous les deux. Les vêtements de l'ange se collent à la peau de la roumaine et le vent les agressent, elle ferme les yeux et se blottit sur son dos, pour se protéger des rafales et surtout se reposer. Apprivoiser la douleur qui essaye sans arrêt de l'assommer. Mais l'ange entame sa marche et se redresse. Elle entrouvre les yeux et le regarde. Il est épuisé, lui aussi, il a les joues rouges, il souffle. Elle le fixe, pour se concentrer. Pour être sûre de rester éveillée et pour maintenir son attention ailleurs que sur le foyer de sa fracture. Sa main est venue saisir la sienne. Fermement. Elle sourit doucement. Cette main est pleine de douceur, de soutien, celle-là même qui l'a extirpée de sous l'eau. Elle s'y agrippe. Comme si elle était la seule et unique raison de rester éveillée. Mais la roumaine est épuisée. Son corps ne demande qu'une chose : dormir. Abandonner la douleur, le froid et le vent. Elle ferme les yeux et pose sa tête contre celle de l'ange. A peine les paupières closes qu'elle sent sa main presser la sienne. - Reste avec moi d'accord ? surtout, t'endors pas, faut pas que tu t'endormes ! Elle ouvre les yeux en grand et inspire lentement, mais profondément. Ses doigts gelés tiennent toujours ceux de Jax, désespérément. Comme s'ils étaient son seul lien avec le monde réel, celui qui l'empêche de retourner là où Traian l'attend pour la tourmenter. La douleur, elle finit par la trouver rassurante, si elle se concentre dessus, qu'elle la laisse agir et choisit de ne pas l'ignorer, elle la réveille. Comme un coup de fouet qui s'éternise. Elle serre fort ses doigts, sa main. Sa façon à elle de lui dire, je suis là. Je ne « ...dors pas », dans un murmure, qu'elle répète tout bas, parfois entrecoupé de gémissements quand l'ange trime contre les éléments. Elle ouvre encore les yeux et inspire. Expire. « Merci. » Les mots sortent de sa bouche, pas si forts. Mais suffisamment pour qu'il soupçonne ces paroles glissées à son oreille, malgré le vent.
« Merci. »
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MessageSujet: Re: (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”   (Intrigue) “ Sunken Dreams. ” EmptyJeu 3 Nov - 10:00

Il voit ses lèvres se mouvoir, alors qu'elle tente de lui donner son prénom. Mais il n'obtient qu'un souffle silencieux. Ses yeux se plisse doucement, accablés par la gravité de la situation. Il sait pertinemment que la vie de l'inconnue ne dépend plus que de lui. Et même s'il voit en elle une chance de se racheter, il soit tout le poids de la responsabilité qui lui incombe. Et il n'est pas certain d'avoir les épaules assez larges pour ça. Il tente de dompter la panique qui lui tord les boyaux, de rester calme et rassurant pour elle. En apparence, tout du moins. Elle est déjà suffisamment mal en point, il ne veut pas lui communiquer sa peur. Il craint trop que ça n'empire son état et qu'elle lui lâche entre les doigts. Et ça, il refuse. Plus jamais. Alors, il tente de faire le vide dans sa tête, de chasser son appréhension et ses inquiétudes. De chasser le cirque et Halina. Il déglutit péniblement, n'y parvenant qu'à moitié. S'il parvient à rassembler ses esprits pour se mettre à réfléchir à un plan de secours, son cœur lui reste fidèle aux siens. Il le sent qui se comprime dans sa poitrine, alors qu'il ne sait pas où est Halina. Si elle va bien. Si elle est en sécurité, où si elle a besoin de lui. Parce qu'il sait très bien, Jax, que s'il sauve l'inconnue mais qu'Halina ne survit pas, tout ça n'aura servit à rien. Qu'il ne s'en relèvera pas. Et pendant une seconde, ça lui traverse l'esprit. Abandonner la brune ici pour partir à la recherche de celle qui est à l'origine de tous ses maux. Mais ça ne dure pas. Il en est incapable. Alors, il se résigne et place Hali dans un coin de sa tête pour se concentrer réellement sur ce sauvetage désespéré. Il a l'impression que c'est foutu d'avance. Tout se déchaîne tellement autour d'eux, il ne voit pas comment ils pourraient s'en sortir. Et d'un coup, ça le heurte de plein fouet. Ils ne vont peut-être pas s'en sortir. Lui y compris. Depuis le départ, il a tellement peur pour les autres qu'il s'était oublié. Et là, il réalise que lui aussi n'est pas à l'abri de la tempête. Qu'il peut se faire emporter par le courant, bloqué quelque part, se noyer, se faire écraser. Ça tourne en boucle dans sa tête et il n'en peut plus. Il faut qu'ils bougent. Tout de suite. Ou il va devenir fou. Ou ils vont crever. Rester ici, c'est attendre la mort. La survie, c'est la fuite. Alors il s'active. Il lui explique ce qu'il va faire, et il se sent désolé pour elle. Il devine sans mal la douleur qu'elle va devoir endurer. Mais tant qu'elle souffre, c'est qu'elle est vivante et quelque part, c'est mieux ainsi. Il l'installe sur son dos tant bien que mal, tentant d'ignorer ses gémissements plaintif qui viennent le peiner un peu plus à chaque fois. Il sait qu'il lui fait mal et s'il pouvait, vraiment, il ferait autrement. Mais il ne peut pas. Alors il prend sur lui, il se concentre sur ce qu'il fait et il tente de mesurer ses gestes, d'être le plus doux et délicat possible pour l'épargner autant qu'il peut. Et quand tout est prêt, il s'élance enfin. Il la sent se crisper contre lui, à cause de la douleur qui doit la lancer de la tête aux pied. Il voudrait pouvoir la soulager, lui prendre un peu de sa souffrance. Mais tout ce qu'il peut faire, c'est la tirer de là. Et trouver une solution pour mettre fin à son calvaire. Alors il se concentre là-dessus.

Sa main gauche dans la sienne, il s'agrippe à tout ce qu'il trouve avec la droite. Gouttière, rebord de fenêtre, relief dans les murs. La tête baissée, il avance contre le vent, déjà à bout de souffle. Épuisé. Et il ne sait même pas où il va. Il entend à peine la voix de la brune qui lui souffle des merci reconnaissants. Mais ça suffit à lui redonner un peu de courage. Il ne va pas les abandonner là. Jax n'est pas du genre à baisser les bras. A s'avouer vaincu. Jamais. Alors, surtout, il ne s'arrête pas. Malgré ses membres qui craquent, son dos meurtrit, l'air qui lui manque et ses muscles qui agonisent sous sa peau. Il arrive à un coin de rue, cherchant désespérément une solution pour les tirer de là. Mais l'eau est si haute déjà, qu'il ne trouve aucun pied à terre. Il lâche le mur et tente de protéger ses yeux de la pluie pour essayer de comprendre où il est. Et là, il reconnaît ce vieux magasin de disques. Il sait que deux rues plus loin, il y a l'hôpital. Pris d'un regain d'énergie, il avance de plus belle, luttant contre le poids de l'eau qui se déchaîne et qui tente de l'entraîner. A nouveau, il tire sur la main de celle qu'il tente de sauver, pour attirer son attention. - HEY ! Je t'emmène à l'hôpital, d'accord ? T'es toujours là ? Mais le vent est si fort qu'il n'entend rien. Il ne la sent pas non plus réagir. Et il panique de plus belle. Si elle s'est endormie, c'est encore plus urgent. Alors, il ne ralentit pas. Au contraire. Il puise dans ses dernières forces pour continuer l'ascension de la rue. Il glisse et dérape de nombreuses fois, manquant de s'écrouler dans la flotte. Mais il tient bon. Toujours sur ses pieds, probablement grâce à la montée d'adrénaline qui vient battre contre ses tempes. Il n'a aucune idée du temps qu'il met, mais, enfin, il voit les lueurs de l'hôpital, qui survit grâce à son générateur de secours. Un soulagement immense le saisit et il franchit les derniers mètres qui les séparent de leur survie avec une lenteur pénible. Jax n'en peut plus. Plus il s'approche et plus ça lui semble interminable.

Mais enfin, il parvient à franchir les portes. Tout le rez-de-chaussée est inondé et les gens paniquent, courent dans tous les sens pour essayer de monter tout le monde et un maximum de matériel dans les étages. Et Jax finit par s'arrêter, planté au milieu de cette cohue, les jambes tremblantes, au bord de l'évanouissement. Son corps est gelé, ses dernières forces se sont envolées et alors qu'il allait s'effondrer, il sent quatre mains puissantes le retenir. Un infirmier et un autre homme le rattrapent in-extremis. Il entend leurs voix, au loin, mais ne saisit pas leurs mots. Il sent juste qu'on libère son dos et qu'on l'entraîne dans un escalier. Il se laisse traîner, peinant à soulever ses jambes dans les marches. On finit par l'asseoir quelque part et quelqu'un lui pose une couverture de survie sur les épaules. Aussitôt, une sensation de chaleur se répand dans ses muscles, dans ses veines et il échappe un soupire de bien-être. De soulagement. C'est là qu'il réalise qu'il n'est plus avec son inconnue. Qu'il est seul au milieu de tout ce foutoir. Des gens qui pleurent, qui s'agitent, qui vont et viennent dans tous les sens. Il finit par se relever, titubant et prend appui contre un mur. Personne ne fait attention à lui, son état n'est pas assez inquiétant. Il s'arrête près d'une fontaine à eau et prend le temps de boire, encore et encore et ça fait un bien fou. Puis, il se remet à déambuler dans les couloirs, trempé, le teint blafard, à la recherche de son binôme. Une heure plus tard, il ne l'a toujours pas trouvée. Il se laisse tomber dans les marches de l'escalier, la tête contre les barreaux de la rampe, quand il voit passer devant lui l'infirmier du départ. Dans un geste las, il parvient à lui attraper le pantalon et attirer ainsi son attention. L'infirmier s'accroupit à côté de lui. - La fille.. que j'ai amené.. elle est où ? Qu'il demande faiblement, les yeux mi-clos, le regard vitreux. - L'étage au-dessus, elle a été prise en urgence. Mais l'homme n'a pas le temps de s'apitoyer sur son sort car déjà il se fait happer par une de ses collègues pour une urgence. Péniblement, Jax parvient à se remettre sur ses pieds, férocement accroché à la rampe. Il monte les marches, toujours du pieds droit, et, enfin il arrive au troisième étage. Il l'a trouvé rapidement, dans une chambre contenant quatre lits au lieu des deux habituels. On entasse les gens partout, car il n'y a plus de place. Elle est endormie dans son lit, branchée de partout, ses plaies ont été soignées. Il attrape la première chaise qu'il trouve et vient l'installer à côté de son lit. Là, il attrape sa main entre les siennes et murmure. - t'es vivante, merci mon dieu, t'es vivante. Il pose sa tête sur le lit, au niveau de ses hanches, à bout de forces, sa main toujours dans les siennes. Désormais rassuré de la savoir tirée d'affaire, d'avoir réussi, il se laisse enfin aller et s'endort, ne tenant plus.
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MessageSujet: Re: (Intrigue) “ Sunken Dreams. ”   (Intrigue) “ Sunken Dreams. ” EmptyMar 8 Nov - 22:03

“Sunken dreams.”
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Under the water we die.
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Under the water we are alone


Dors pas, Iulia, t'endors pas. C'est la voix qui lui répète ça. Y a les yeux colères de Traian qui la fixent et qui lui hurlent ces mots, puis ceux, pleins de larmes de Madalina. Leurs voix se confondent. Puis y a celle de Ioan. Celle d'Anca. Celle d'Elena, lointaine. Celle de Sergheï et celle de Cezar. Iulia, elle lève la tête, comme elle peut, les yeux quasiment fermés, tentant de regarder devant elle. Comme s'il s'agissait de la chose la plus compliquée au monde à faire. Elle sent parfois la main sur la sienne, qui la presse, qui l'agrippe. Tout est confus, si flou. Elle sent même plus l'eau, ni le froid. Ses nerfs ont décidé de faire la grève et y a vraiment juste que sa main qui réagit. Elle se bat, elle force sur ses paupières pour qu'elles restent ouvertes et pour économiser ses forces, elle se laisse complètement aller sur le dos de l'ange. Elle essaie, elle couine quand il trébuche, mais elle a de plus en plus l'impression que ces ébauches de bruits se transforment en un long bourdonnement monotone. Et ses paupières sont si lourdes. Elle souffle.
Puis, plus rien. Elle s'éteint, son esprit, déconnecté. Même plus les images qui défilent dans sa tête. Du rien. Du noir. Apaisant. Elle respire encore. Difficilement, mais elle respire. Lentement. Iulia, toute petite, s'est recroquevillée au fond d'elle-même, comme la flamme d'une bougie dans une pièce qui manque d'oxygène. Son corps, mou, ne réagit plus. Évanouie, endormie, qu'importe, elle ne se réveillera pas de sitôt, elle n'en a plus la force, ni même de carburant. Et il s'en rend pas tout de suite compte, l'ange, il continue son périple, il défie les dieux en combattant les courants au péril de leurs vies. Parce qu'il suffirait qu'il faiblisse, qu'il fléchisse pour que ce soit pour eux deux. Mais c'est impossible. Ce garçon n'en est pas un. Ce garçon est un ange. Les anges, vous le savez si vous avez lu un minimum la Bible, c'est increvable. C'est pas le Déluge qui va éradiquer la vie d'un ange. Mais pourquoi est-ce qu'il ne déploie pas ses ailes, l'ange ? Pourquoi est-ce qu'il ne s'envole pas ? Est-ce que lui aussi s'est retrouvé prisonnier de cette terre en proie aux colères de Dieu. De cet enfoiré qui s'est dit que les gens d'ici avaient pas encore une vie assez merdique, non, il fallait encore plus y foutre le bordel. Vous m'direz que ceux qu'ont crevé laisseront peut-être leur place à ceux qui n'avaient pas de boulot jusque là. Oh un logement étudiant libéré, mdr, cimer Dieu. Ou même ceux qui triment pourront échanger quelques billets verts contre le nettoyage des rues de leurs débris et de la boue, qu'ils pourront aider leurs voisins à remettre leur maison en état contre quelques pièces. Putain, Dieu, mais t'es vraiment un sale con. T'es un crevard qui, plutôt que tendre la main une bonne fois pour toutes, faut qu'tu passes par des chemins douteux et foutes la merde. L'autre connard de prêcheur ira encore dire que les voies du Seigneur sont impénétrables et que personne connaît l'issue de son Grand Dessein, mais nique ta mère, Dieu. T'es un con. Un vrai. Un pur. Pire que Lucian Senior. Et là-haut, il doit bien se foutre de leur gueule, hein. Un peu comme ta sœur quand elle joue aux Sims, cette conne, et qui se marre en virant l'échelle de la piscine. Le grand LOL, c'est comme ça qu'on devrait l'appeler cette tempête à la con. Putain, c'est drôle, l'eau boueuse parfois jusqu'à la taille, le duo terrible qui se traîne difficilement jusqu'à l'hosto. Parce que l'ange, il fait son boulot, il récupère les âmes dont c'est pas encore l'heure et il les sort de leur merde, il leur sauve la peau et il demande rien en retour, parce qu'un ange, ça a beau être un putain de serviteur de Dieu, c'est bon. Juste bon. La bonté infinie. De l'amour pour cette race minable qu'est l'humain. Alors forcément, ça porte un poids mort sur son dos et ça panique quand la main froide ne bouge plus. Mais un ange, c'est censé s'effondrer comme ça sous la fatigue ? C'est censé déambuler, hagard, dans les couloirs, pendant que le corps inerte de la roumaine est pris en charge en urgence par des médecins qui tentent de la réanimer. Pas morte, le cafard. Popescu, cette bande d'irréductibles. Même l'autre, avec sa barre de fer dans le bide, elle résiste, alors pourquoi pas celle qui a tenté la vie aquatique ? Ils la branchent de partout, ils la scannent, l'analysent, lui plantent des perfusions dans les bras, l'intubent, la forcent à respirer et v'là que sa poitrine finit par se soulever à rythme régulier. Y a l'autre-là, ce salopard avec ses mouvements secs mais mesurés qui remet ses côtes en place pour qu'elles ne guérissent pas au mauvais endroit et déforment à jamais sa jolie cage thoracique ou risquent de perforer un poumon le jour où y aura un autre fils de pute qui voudra la cogner. Elle manque d'oxygène Ophelia qui a voulu rejoindre son marais et y crever. Sauf que c'est pas une connerie de Shakespeare ou j'sais pas quoi. Ici, c'est la vraie vie. Ici quand tu manques de t'noyer histoire d'enfin arrêter ces conneries du genre la vie, y a un héros qui te sauve et d'autres cons derrière qui font tout pour que la machine elle produise pas un biiiip constant et une ligne horriblement horizontale qui sonne la fin de tout, des temps.
Y a un moment donné, ils s'éloignent tous. C'est fini, my job here is done et ils disparaissent tous pour s'occuper du suivant. L'usine de la survie. C'sont les infirmières qui prennent le relais et qui traversent les couloirs bondés avec le lit à roulettes sur lequel, en paix, La Roumaine au Bois Dormant. Masque sur le visage, perf' dans les bras. Ils l'installent dans une piaule un peu moins bondée que les couloirs et ils la branchent à divers engins. Bip. Bip. Bip. Le schéma vert sur noir danse en rythme. Y a cet autre truc, là, comme un accordéon qui force l'air dans et hors de ses poumons et toutes ses choses qui maintiennent ce corps abîmé en vie. Puis, tout se calme. Y a plus que le bruit des engins médicaux qui clignotent et la lumière bleue au-dessus des lits qui baignent les patients dans une lumière froide. Puis, la porte, elle s'ouvre et une silhouette ailée se glisse à côté de Iulia. L'ange, toujours là pour veiller sur elle. L'ange qui, à nouveau, prend sa main, comme si c'était sa manière à lui de lui insuffler de l'énergie vitale. - t'es vivante, merci mon dieu, t'es vivante. C'est pas grâce à Dieu qu'elle est vivante, mon chaton. C'est grâce à toi, aux médecins. Grâce à ce fou qui est sorti de son itinéraire pour secourir une inconsciente. A ce même idiot qui a bravé vents et tempêtes, alors qu'il aurait pu la laisser se noyer et sauver sa peau sans problème. Mais non.
Y a peut-être encore de la bonté en ce monde ?
La réponse, c'est oui. C'est sûr et certain, maintenant.
Par contre, elle savait pas, Iulia, qu'il y avait un ange appelé Jax, elle l'a pas lu dans la Bible. Peut-être que c'est un nom d’emprunt pour se mêler aux Hommes. En tout cas, maintenant qu'elle a entendu sa voix et que sa main a trouvé sa juste place – dans la sienne – elle dort d'un sommeil doux. Il n'est pas agité par des visions déformées du passé. Ni même perturbé par des rêves intriguant. Un juste sommeil calme, comme elle n'avait pas eu depuis longtemps.
Traian est loin. Exorcisé.
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