Cincinnati, Décembre 2015.

Leurs mains se lient et leurs épaules se heurtent.
« Merci, frère. »
Les deux jeunes hommes se séparent, entre leurs mains qui se quittent, un bout de papier qui passe de l'une à l'autre.
« Hésite pas si t'as besoin d'autre chose, hein, Curl. »
« Merci. »

Le blond le salue d'un nouveau geste de la main et vient glisser cette petite note dans la poche arrière de son jean. Une cigarette entre les lèvres et le briquet qui claque sa flamme. Grande inspiration. Enfin. Il avait commencé avec presque rien, se servant de ses économies pour payer des mômes à travers tout l'état de l'Ohio pour qu'ils se renseignent pour lui. Il avait rien. Rien qu'un nom de ville, Cincinnati et un nom de famille. Le sien. Vaughn. C'est ridicule, c'est insensé. Un nom pareil dans une ville si grande, c'est chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais y a pas cent Vaughn a avoir pondu un gosse y a 17 ans, encore moins de Vaughn a avoir laissé ce même gamin dans un foyer parce qu'ils étaient pas fichus de s'en occuper. Ça a été compliqué. Il avait fait tous les foyers dans lesquels il avait été, s'est fait jeter d'un peu partout. Personne voulait parler, personne ne le laissait explorer ses origines. Tout le monde l'empêchait de retrouver ses racines, de savoir d'où il venait et pourquoi il s'était retrouvé là où il était aujourd'hui. Ça faisait plusieurs mois maintenant, qu'il cherchait. Qu'il enquêtait. Il avait fini par obtenir le nom de l'hôpital dans lequel il était né, mais encore une fois, il s'y est cassé le nez. Ils n'avaient pas pu lui donner d'informations, ils avaient besoin d'une personne majeure, pas d'un gamin qui pourraient venir se venger ou j'sais pas quoi. Ils lui ont sorti de la merde. Personne. Y a personne qui a pu l'aider. Tous des enfoirés. Y a personne qui a compris pourquoi il faisait ça. P't'être parce que lui au début ne le savait pas vraiment. Il avait cette rage des enfants qui veulent savoir la vérité. Il avait la colère au ventre, mais au fur et à mesures, elle s'est tue. Elle a fini par se taire, mais il a continué. Il l'a domptée. Il a continué ses recherches sans jamais le dire à personne. Il prenait la route dans son vieux truck et traversait le pays en direction de l'Ohio, au moins une fois par mois. Quand il a vu que les instances officielles n'étaient pas disposées à l'aider, il s'est servi de ses contacts dans le monde du dessous, celui dans lequel il a grandi et dans lequel il baigne tous les jours. Il avait voulu faire bien, on ne le lui a pas permis. De camés à dealers locaux, il échangeait infos contre herbe ou cachetons, parfois contre quelques billets ou d'autres services et étrangement, ces mômes-là étaient terriblement doués. Ça leur a pris deux mois pour trouver le nom complet et l'adresse d'un Vaughn qui répondait au signalement de Curl.  
Alors forcément, le Curl, il a foncé. Il a garé son truck bruyant devant cette maison bien propre sur elle, située dans une chouette banlieue pavillonnaire de Cincinnati. Tout le trajet, il l'a passé à répéter comment il ferait pour se présenter à ce type qui pourrait être son père. Sur le siège passager, à côté de lui, se chevauchaient de multiples paperasses, des papelards qu'il avait des foyers, ses papiers d'identité, tout ça, avec son nom, sa ville de naissance et d'autres infos qu'il avait sur lui – jamais sur ses parents – pour pouvoir prouver qui il était. Parce qu'il avait la trouille. Il avait les jetons qu'on puisse lui claquer la porte au nez en lui disant qu'il était un imposteur. Il avait pas fait tout ça pour un «  non » et un silence radio.

Il se tenait devant la porte, la main levée, prête à frapper à la porte. Longuement, il inspire, prenant son courage par les cornes. Ou le taureau par les deux mains, un truc du genre. Un temps. Il toque. Rien. Pas de bruit. Il recommence. Toujours pas de réponse. Défaitiste, prêt à abandonner, il relâche les épaules et tourne les talons, quand cette foutue porte blanche en plastique s'ouvre. Il sursaute presque et se retourne pour se retrouver face à une femme. Sur son visage, il cherche la ressemblance. Elle a un nez qui ressemble au sien ou alors c'est la forme des yeux ? Il sourit, brièvement.

« Je cherche Monsieur Christopher Vaughn, s'il vous plaît. »
« Et vous êtes ? »
« … Son... fils ? »
Elle fronce les sourcils, visiblement irritée, blessée.
« Y a rien de drôle, barrez-vous, c'est pas le moment. »
Elle referme la porte, mais Curl l'en empêche.
« Non. Non. J'ai les papiers. 17 juin 1998. Hôpital de Cincinnati. Christopher Vaughn et Megan Lemoine. Je suis Lachlan Vaughn. »
« Merde… Vous les avez eu où ces infos ? Y a rien de drôle. Cassez-vous, je vous ai dis, j'appelle les flics. »
« Non non attendez ! J'ai les papiers des foyers. J'ai… »
« Non. »
Elle claque la porte.
« Merde… »
Il soupire et repart. Merde. Merde. MERDE. Assis sur le bord du trottoir, il se prend la tête dans les mains. Faut qu'il parte. Mais il reviendra. Faut juste qu'il ne tombe pas sur cette peau de vache. Il va l'attendre ! C'est ça, il va l'attendre. D'ailleurs, c'est qui elle ? Il jette un coup d’œil vers la maison et la voit le regarder depuis la fenêtre du salon. C'est pas sa mère, hein ? Puis merde. Il se lève, il retourne dans son truck et il se casse. Les pneus crissent sur le béton. Il rentre à Savannah. Il reviendra. Pas tout de suite, mais il reviendra. Il est pas du genre à abandonner, Curl.

Cincinnati, Février 2016.

Il est revenu. Il est de nouveau planté devant la porte de cette foutue maison. Il y a toujours la même voiture garée devant. Y a rien qu'a bougé. Mais il est décidé. Il frappe à la porte avec force. Toujours la même conne qui répond.
« J'appelle les flics, c'est même pas la peine d'essayer de parler. Cassez-vous. »
« Non, je reste. Je veux parler à Christopher Vaughn. »
« Il est pas là. Il reviendra pas. »
«… Il n'habite plus ici ? »
« C'est ça. »
« Il est où maintenant ? J'aimerai lui parler… S'il vous plaît. »
« Je crois pas que ce soit possible. Allez-vous en, maintenant. »
«… Comment ça ? Il est pas … mort, quand même ? »
Il voit la carapace de ce géant se fissurer, elle baisse la tête.
« Ça aurait été plus simple… »
« … quoi ? Il s'est passé quoi ? Il est où ???? »
Elle redresse la tête et le fusille du regard.
« Je sais même pas qui vous êtes. Pourquoi je devrais vous le dire ??? »
« Je vous ai dit qui j'étais. Lachlan Vaughn. »
Elle soupire, lui, il lui tend les papiers qu'il voulait lui donner deux mois plus tôt.
« Regardez ça. Ça vous prouvera qui je suis, si vous me croyez pas. »
Encore, elle hésite, puis elle prend le dossier et l'ouvre, feuilletant vite fait le contenu. Elle est blême.
« C'est pas possible. C'est impossible. Tu peux pas être Lachlan. »
« Pourtant… »
« Merde. Entre. »

Yes. Première victoire.
Il entre. La maison, elle a pas l'air aussi rangée et bien sous tous rapports que ce qu'elle semble, depuis l'extérieur. C'est le bazar. Y a des bouteilles d'alcool vides sur la table du salon, c'est pas super propre, des boîtes de pizza ou de nouilles traînent partout et la télé est allumée, devant une émission à la con. Sur les étagères poussiéreuses, y a des photos dans des cadres. Pleins. Un bébé, un couple. Puis un homme seul et quelques fois, cette femme et lui, des personnes âgées. Il s'arrête, il prend la photo du couple dans ses mains pour la regarder d'un peu plus près.
« Christopher et Megan. Ton père… et ta mère. Tu peux garder la photo si tu veux. » Elle lui prend le cadre des mains, ouvre l'arrière et en sort le cliché pour le lui tendre. Il les regarde encore un instant et met la photo dans son porte-feuille.  
« Pardon, mais… ils sont où ? »
Elle le regarde, mais se défile et ne répond pas.
« Tu veux quelques chose à boire ? Thé, café, bière ? »
« Bière, merci. »

Elle ouvre le frigo dans une cuisine tout aussi en désordre que le salon pour en sortir deux bouteilles, puis elle lui fait signe de la suivre jusqu'au canapé.
Elle s'installe et trinque avant d'aller engloutir une grande lampée d'alcool.
« Au fait. Je suis Lara. La sœur de Christopher, ta tante, quoi. »
Il hoche la tête. Elle gagne du temps et elle s'enfile cette foutue bière à vitesse grand V.
« Mon pèr… »
« Ton père. Ton père… » Elle renifle. « Il est pas en grande forme. » Finit sa bière. « Il est à l'hôpital. »
Il se fige.
« Comment ça, à l'hôpital ??? »
Elle le fusille du regard, comme s'il avait dit quelque chose qui ne fallait pas.
« Oui, à l’hôpital. Il a fait un AVC. »
Lachlan tombe des nues.
« Quoi ??? Et ça va ??? Il va bien ??? »
« Non. C'est un légume. »

A ce moment précis, y a plus rien qui existe autour d'eux. Tout ça. Tout ce chemin. Pour quoi ? Pour ça. Pour rien. Fin de parcours.
Mais non. Non. Il est parti, ce jour-là, paumé. Quand il est rentré à Savannah, il s'est mis la misère. Il a bu et fumé jusqu'au bout de la nuit, mais il n'a rien dit. Il a enfermé ses aventures dans un coin de sa tête et n'a rien dit, rien partagé. Pas même à Wendy, encore moins à Nibs. Il a chassé ça très loin et s'est armé de son sourire pour elles, pour n'inquiéter personne.
Pour autant, ce n'est pas la dernière fois qu'il alla à Cincinnati. Il y est retourné, il est retourné voir cette Lara qui s'est installée dans la maison de son père, il l'a accompagnée le voir, dans son lit d'hôpital. Il est resté avec lui. Il lui a parlé, longuement. Il a vu ses yeux se remplir de larmes. Puis, elle les a laissés. Et ce petit manège s'est répété, plusieurs fois par mois ou bien une seule. Avec ou sans sa guitare. A raconter sa vie ou plutôt, une fausse vie. Une vie rêvée. Des études, un travail. Il explique que sa voiture a cassé, donc il se balade en vieux truck, il invente des mensonges. Il parle de sa fiancée qui travaille beaucoup et qui ne peut pas venir, même si elle aimerait beaucoup. Puis, quand il ne sait plus quoi dire, il chante, il joue de la guitare. Dialogue dont il est le seul interlocuteur. Monologue sans fin. Au fond, ça le soulage. Il vide ce qu'il a sur le cœur, il expie sa haine et sa rancœur. Il a abandonné toute colère, c'en est presque thérapeutique ces rencontres, ces réunions. Il ne ment plus à Nibs ni à Jael. Il est à nouveau heureux ou presque, son sourire, le soleil, il n'est plus faux comme celui des mois précédents. Pourtant, il leur cache toujours la destination de ses escapades mystérieuses.  Peut-être, peut-être qu'un jour il leur dira…

Si c'est bon pour Jaja c'est bon pour moi :D Bon courage avec ce nouveau compte, je te valide avec plaisir :)

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tu as réussi la difficile épreuve de la fiche de présentation et nous t'en félicitons tous. tu fais partie maintenant et à jamais de we are broken et tu peux en être fière, tout comme nous (a) tous d'abord, tu iras créer ta fiche de liens pour te faire une tonne d'amis, si cela n'est pas déjà fait. cette partie est obligatoire tout comme tu vas devoir te trouver un métier. tu peux bien entendu passer par la partie détente où tu pourras sans modération, flooder à tout va et te faire une tonne de friends, ouais ouais, c'est top ! ne pas oublier la partie rp, parce que c'est ce qui compte le plus par ici. le principal, c'est que tu t'amuses et que ton séjour parmi nous soit des plus agréable. n'oublie pas aussi de remplir entièrement ton profil sous risque de recevoir un petit mp de notre part te le rappelant. amuse toi bien !