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 Look at shit through each other's eyes || Jordan

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Anca Popescu

Anca Popescu
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▹ posts envoyés : 2027
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▹ pseudo : zoé (baalsamine)
▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign)
▹ avatar : Taylor Lashae
▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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MessageSujet: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyMar 26 Juil - 0:21

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4h, son réveil se met à sonner et les premières notes de Beautiful d’Eminem résonnent dans la chambre. La mélodie s’insinue dans ses oreilles, la forçant à ouvrir complètement les yeux. En 23 ans de vie Poppy ne s’était jamais habituée au réveil le matin.
Bon sang ce qu’elle détestait ça.
Elle avait l’habitude pourtant, 4h ça avait toujours été son heure, descendre les yeux encore embués des larmes de sommeil aider sa mère, finir ses devoirs, partir pour l’école bien trop tôt. Aujourd’hui c’était un autre rythme, mais toujours aussi éreintant.
Musique sur le bout des lèvres, elle se prépare et c’est tout un rituel. D’après Olliver, c’est bien de placer des repères dans la journée, ça l’aide à se raccrocher, comme pour les moments comme aujourd’hui par exemple. D’abord la douche, puis les crèmes, discipliner les cheveux et enfin se maquiller. Légèrement, juste assez pour cacher les cernes tenaces et le blanc de ses joues. Elle aime bien ça, la magie du blush et du rouge sur la bouche. Elle a l’impression d’être enfin grande, d’avoir laissé la gamine qu’elle était derrière elle.

4h30 c’est l’heure de descendre aider sa mère. Le pas léger elle passe devant la chambre de son père, étalé sur le lit, ronflant comme un moteur d’avion. L’aspirine qu’elle lui adonné hier soir quand il est rentré la gueule explosée semble avoir fait son effet. Tant mieux. Elle a beau le détester, Lucian est quand même son père : sângele lui, son sang.
Soupire, elle détourne le regard et descend l’escalier sans un bruit.
Dans la cuisine sa mère est déjà installée aux fourneaux, pas de repos pour les Popescu, y a bien trop de choses à faire. Comme on dit, tu dormira quand tu crèvera. Rapide baiser sur la tempe de sa mère, Poppy se met au travail tout en discutant avec cette dernière, de ses cours, de son travail, de tout ce qui s’est passé. De Iulia aussi et de sa fille Madalina. Elle évoque le nom de Seven mais sans plus, continue de cuisiner.

5h30, c’est le réveil du paternel mais aussi le signal pour Poppy qu’il est grand temps de décamper, elle attrape son sac y glisse son déjeuner et file dehors sans attendre que son père descende.
Casque sur les oreilles, Anca lance à nouveau sa musique pour rythmer sa marche, après tout elle a plus d’une bonne heure de route avant d’arriver à son lieu de travail. Aujourd’hui c’est hopital, ça l’a faite grincer des dents quand son supérieur lui avait annoncé qu’elle était affecté là bas. Faut dire qu’elle avait pas spécialement envie d’y retourner, ce lieux lui rappelait beaucoup trop de mauvaises choses. Mais bon, parfois dans la vie faut faire des choix et Poppy avait fait celui de survivre.
Et puis finalement c’était pas un si mauvais endroit. On l’avait intégrée dans l’équipe s’occupant de l’aile de la rééducation ainsi que des chambres les plus proches de ce lieux.

7h, Poppy a juste le temps de se changer dans les vestiaires et d’enfiler sa blouse qu’il faut déjà y aller. Parfois elle se dit qu’elle a l’impression d’être à l’armée, tout est tellement stricte, encadré, pas une minute à perdre en broutilles. Alors elle se met au travail sans réfléchir, la musique pulsant toujours dans ses oreilles, ça la maintient éveillée.
Poppy passe le balais, nettoie les toilettes, astique les vitres. Pendant sa pause elle revoit ses cours tout en grignotant un reste de Cozonac que sa mère avait préparé la veille.
Le temps passe vite, trop vite, et c’est déjà l’heure de reprendre. Alors Poppy se dirige vers la sale de rééducation, entrant le plus discrètement possible pour ne pas déranger les patients.
Ils sont peu nombreux à vrai dire, deux seulement. Une femme qu’elle n’a jamais vu ici et un homme. Le même que les deux dernières semaines. Poppy sent sa bouche s’étirer doucement en sourire et commence à vider les poubelles, jetant de temps en temps des regards à ce dernier.
La dernière fois qu’elle l’avait vu, il était presque incapable de se déplacer. Son histoire ? Un accident de la route apparemment, comme quoi on était en sécurité nulle part. Mais aujourd’hui il avait l’air de bien mieux se débrouiller, c’est fou ce qu’une semaine pouvait faire comme différence.

Le temps continuer de passer et c’est bientôt l’heure de sa deuxième pause. Pourtant au lieu de retourner dans les vestiaires ou dehors pour fumer, Poppy s'assoit dans un coin et l’observe. Elle se revoit à sa place, luttant non pas pour marcher mais pour accepter de vivre. Un coeur aussi ça a besoin de rééducation.
Quelques instant après, le médecin s’occupant de lui s’arrête et quitte la salle, apparemment sa séance est terminée ? Alors sans vraiment réfléchir, Poppy se lève va chercher un verre d’eau et l’apporte au patient, un sourire timide aux lèvres.

“Tenez, vous devez avoir soif non ?”

Elle a envie de lui parler, d’en apprendre un peu plus, de savoir ce qui l’a motivé à autant se dépasser pour réapprendre à marcher. Ca l’intrigue un peu, et puis surtout elle a envie de l’encourager, lui dire que c’est bientôt finit, qu’il est bientôt arrivé.
T’as un coeur beaucoup trop gros Poppy, il rentre plus dans ta poitrine tellement t’as envie d’aimer.

“Vous vous en sortez bien mieux que la semaine dernière ! C’est fantastique. C’est pas donné à tout le monde vous savez.”

Ouai. Elle avait mis plus de 5 mois à sortir d’ici. 5 putain de longs mois…. Alors elle en savait quelque chose.
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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyMar 2 Aoû - 0:55



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 « Jordan, c’est l’heure de la rééducation. » Depuis une semaine, le personnel ne m’appelait même plus « Monsieur Oakley » ou juste « Monsieur » comme le protocole l’exigeait. Maintenant, c’était mon prénom, avec le vouvoiement pour garder une certaine normale, mais je me doutais bien que si c’était possible pour ces gens, ils me tutoieraient. Peut-être que limite, je me sentirais plus à l’aise, je savais bien que ces gens avaient un boulot à faire, des règles à respecter, alors je ne m’imposais pas plus que ça. Plus que ça, je savais que leur travail devait pas être des plus simples, alors quand venait le temps de faire quelque chose, d’avoir un rendez-vous quelque part, je ne jouais pas les patients difficiles. Pour cette raison, à ce moment, compte tenu que j’avais terminé mon petit-déjeuner qui n’eut rien de bien consistant - comme à chaque matin, sauf quand quelqu’un avait l’amabilité de m’apporter quelque chose de plus mangeable - et que clairement, je n’avais pas plus intéressant à faire, je me contentai d’acquiescer sans rien dire, m’installant dans mon fauteuil roulant avec visiblement un peu plus d’aisance qu’il y a une semaine, voire quelques jours. Était-ce là un signe de progrès ? Malheureusement, je ne saurais le dire, et je ne voulais pas m’avancer sur quoi que ce soit sur le moment, parce que je n’étais pas un expert, parce que chaque jour était différent, parce que je ne savais pas ce qui se passerait pendant la rééducation. Je faisais mon possible, je tentais de progresser autant que possible, et je voyais ce qu’on me disait par la suite. Aujourd’hui ne ferait pas exception à la règle, et je le prouvai dès que j’arrivai dans cette section de l’hôpital où il y avait les salles de rééducation pour les blessés, victimes de traumatisme, plein de choses, plein d’histoires différentes, de gens qui devaient apprendre à marcher, utiliser un bras. Bref, tous ces gens qui viennent d’endroit différents, mais qui sont au final tout aussi vulnérables que je l’étais, à leur façon, à leur niveau. Sur place, on me conduisit immédiatement dans la salle d’exercices. Premier exercice; marcher entre deux barres parallèles. Ce n’était pas la première fois que je le faisais, alors sans même qu’on me donne de consignes, je posai mes mains sur les poutres de bois, et je me relevai de mon fauteuil. Une fois que celui-ci fut hors de portée, je pris appui sur les barres, marchant comme je le pouvais entre ces deux barres. Au bout, je tournais, puis je revenais sur mes pas. Je fis cet exercice plusieurs fois, sans qu’on me demande d’arrêter et surtout, sans que je me fatigue autant que je le faisais précédemment. La semaine dernière, au bout de trois allers-retours, je ne sentais plus mes bras, je n’arrivais plus à faire quoi que ce soit. Maintenant, j’avais l’impression que mes bras me soutenaient moins que précédemment, parce que mes jambes commençaient à m’apporter un appui un peu plus convenable. Enfin, moi je ne m’en rendis pas compte immédiatement, ce fut plutôt la kinésithérapeute qui me félicita pour le coup, me faisant passer à l’exercice suivant. Au bout d’une heure et demie et un massage pour que mes muscles ne soient pas totalement endoloris, je pus finalement quitter la salle. Dans mon fauteuil, je m’installai dans la salle d’attente pour qu’on me donne un suivi de mes progrès et tout ce qui venait avec. Par contre, ce ne fut pas la kinésithérapeute qui m’aborda en premier, comme je l’aurais cru. Surpris dans un premier temps, j’appréciai quand même l’intention, parce que même si je me sentais pas mal mieux que précédemment, il n’en demeurait pas moins que j’étais légèrement fatigué. Avec un sourire ainsi qu’un petit:  « Merci… » en prenant le gobelet qu’elle me tendit, puis en le posant sur la table basse à côté de moi, sans même boire une gorgée. Non pas que je ne voulais pas, mais quand j’eus refermé les doigts sur le verre, je ne m’étais pas senti suffisamment en contrôle de mes mouvements pour le porter à ma bouche sans prendre le risque de m’en mettre partout et clairement, je ne voulais pas faire ça. Je savais que j’étais infirme, que j’étais à l’hôpital et que c’était normal, mais je pensais que je pouvais permettre de garder ne serait-ce qu’un peu d’amour propre, quand même. Puis, cela me permit aussi de ne pas me concentrer que sur le verre, puis reporter mon attention sur la demoiselle qui me surprit encore une fois par ses propos. Je savais bien que certaines gens circulaient toujours dans l’enceinte, mais je ne pensais pas que ça valait le coup de s’attarder à ma personne. Fronçant les sourcils, je tentai malgré tout de ne pas me montrer trop tendu, puis de dire:  « Je me doute… Dois-je comprendre que vous m’espionnez ? » Être drôle n’était pas donné à tout le monde non plus, et j’en étais la preuve vivante, parce que mon ton de voix avait été maladroit, peut-être pas suffisamment plaisantin. J’espérais juste que pour le coup, la demoiselle ne le prendrait pas mal, parce que je ne voulais certainement pas me l’aliéner, alors que pour le moment, pour les quelques secondes que je la connaissais, elle avait été tout simplement adorable avec moi, sans que je n’aie rien demandé qui plus est.
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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyVen 5 Aoû - 22:54

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Elle n’aurait peut être pas du lui offrir un verre d’eau. Stupide Anca, là tout de suite, elle a envie de se frapper la tête contre le mur pour se punir de sa bêtise. Ptêtre qu’il pouvait pas encore se servir correctement de ses doigts non ? Après tout c’était pas ça qu’il était là et pas entrains de gambader dehors sur la plage.
Stupide, stupide, stupide Anca.
Mais l’homme en face d’elle ne semble pas s’en formaliser plus que ça. Non. En fait il fait peut être pire. Il la regarde, les sourcils froncés. Elle avait dit une connerie pas vrai ?
Merde. Bravo Anca, bravo. Et elle serre les dents, prête à recevoir la réprimande qui lui est due.
« Je me doute… Dois-je comprendre que vous m’espionnez ? »
Ha mon dieu, non. Bon sang, voilà qu’elle passait pour la stalkeuse flippante, celle qui vous observe du coin de la fenêtre pour savoir la couleur de votre caleçon ou bien ce que vous mettez comme déodorant.
Le rouge aux joues, Anca secoue sa tête en signe de negation.

“Non. Non. Je. Oh mon dieu. Je suis désolé, c’est pas comme ça que je voulais le dire.”

Elle s’emmêle les pinceaux, bafouille, s'étouffe à moitié dans sa gêne. Faut dire qu’Anca n’est pas douée avec les gens, avec les paroles avec les sentiments. Elle préfère tout étouffer en elle, au risque de craquer plus tard. Et quand elle craque ce n’est jamais vraiment joli. Alors ouai, face à cet homme qui n’a rien demandé, elle se retrouve entrain de rigoler pour cacher son malaise. Elle se sent réellement stupide.

Inspire, expire. Tu peux le faire Poppy. Tu peux le faire. rattraper les choses pour qu’il ne pense pas qu’une folle dingue de femme de ménage le suit de près. Parce que c’est pas du tout le cas, non. Elle est juste une fan. Ouai. Une fan. Admirative du travail qu’il a fourni en si peu de temps. On parle de quoi là ? Quelques semaines. Oui, c’était incroyable.

“Ecoutez, je suis désolé si je vous ai choqué. Je. Enfin je viens faire le ménage ici tous les matins depuis quelques semaines et j’ai pu m’empêcher de vous remarquer.”

Petite pause, elle essaye de chercher les bons mots, les bonnes formules, pour que ça ne sonne pas plus étrange que ça ne l’est déjà. Pour qu’il ne prenne pas la fuite, qu’il n’appelle pas la sécurité et qu’elle finisse virée. Parce que mine de rien, elle a vraiment besoin de ce boulot. Entre les études de Mihail, l’argent mis de côté pour Tereza, Madalina et Junior et puis son diplome à elle, ses comptes sont bien trop à sec. Elle hésite même à prendre un nouveau job, le dimanche peut être. Pour compenser.

“Je dis pas ça de façon flippante, pardon… Juste que, je suis passée par la rééducation moi aussi. Enfin pas la même que vous mais bref. Et je trouve que c’est formidable que vous vous en sortiez si bien. On a beau avoir tous les meilleurs médecins du monde, si on a pas la volonté on va pas bien loin.”


Petit sourire, Anca rigole à nouveau. Plus sereinement maintenant. Il fallait que ça sorte, qu’elle lui explique le pourquoi du comment. Pourquoi elle se tenait là devant lui comme ça, à lui parler de trucs inutiles qu’il n’a peut être pas envie de savoir. Alors se lance pour une dernière question, qui sait peut être qu’il ne l’enverra pas promener. Il a l’air plutôt gentil ce gars là.

“Vous pensez sortir bientôt d’ici ? “
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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyMer 10 Aoû - 1:49



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Sitôt mes mots prononcés, ou plutôt, sitôt que j’entendis le ton de voix que j’avais utilisé pour prononcer ma question, je regrettai de l’avoir laissée franchir volontairement la barrière de mes lèvres, carrément. Peut-être que j’aurais pu juste regretter de l’avoir laissée passer ainsi, mais non, c’était plus fort que cela. Pire encore, je ne comprenais même pas pourquoi j’avais cru bon tenter de faire une blague, alors que ce n’était pas mon truc, bien loin de là. Voulais-je me donner une certaine contenance pour masquer le fait que cette séance de rééducation m’avait, comme les autres, quelque peu épuisé, ou bien ne pas devoir être obligé de dire que boire l’eau de ce gobelet ne serait clairement pas une partie de plaisir ? Était-ce pour ne pas dire que je préférerais une paille ou un truc du genre pour me désaltérer ? Je n’en savais rien et pour être franc, je ne savais pas ce que j’aurais pu dire d’autre, en venant rapidement à la conclusion que peut-être, j’aurais mieux fait de carrément me taire, parce que malheureusement, la réaction de la demoiselle ne se fit pas attendre et me donna encore plus envie de me gifler intérieurement, vu le malaise que, visiblement, j’étais en train de causer. Clairement, je ne lui en voulais pas, alors la voir se fondre en excuses ne me mettait pas confortable, si bien que je tentai de me rattraper en affirmant:  « Oh non ce… », sauf que je n’arrivai pas au bout de mon propos, laissant alors la demoiselle poursuivre son discours en expliquant le pourquoi du comment ses intentions n’étaient pas méchantes, allant même jusqu’à dire qu’elle aussi, elle avait fait de la rééducation précédemment. Tout ça me fit sentir encore plus mal à l’aise d’avoir dit une chose pareille, parce que non seulement, j’avais vraiment rendu la demoiselle inconfortable alors qu’elle ne voulait que bien faire, mais de plus, j’étais limite en train de m’aliéner ce qui aurait pu être une alliée en ces lieux. Non pas que je me sentais en guerre ou un truc du genre, mais disons que du soutien, qu’importe d’où il provenait, était toujours le bienvenu pour le coup. Une fois qu’elle eut terminé son propos, histoire de ne justement pas tout gâché, je pris l’air le plus humble et je lui répondis avec humilité:  « Vous n’avez pas à vous excuser, c’est ma faute. J’ai tenté de faire une blague et puisque je ne suis pas des plus doués à ce genre de chose… » Un rire nerveux s’échappa de ma gorge comme pour venir appuyer mon propos, propos qui, sommes toutes, était plutôt maigre par rapport aux excuses de la demoiselle qui n’avaient pas raison d’être. Par contre, que pouvais-je ajouter de plus ? Mes propos prouvaient clairement que j’avais été idiot pour le coup, je ne pensais pas que c’était nécessaire de l’expliquer de long en large, surtout que si je le faisais, je prenais le risque de m’enfoncer un peu plus et c’était probablement la dernière chose que je voulais. La seule chose que j’ajoutai, ce fut:  « Et, merci… » par rapport au fait qu’elle avait commenté mes progrès de façon positive, ce qui n’était clairement pas de refus non plus. Par la suite, je me contentai de simplement esquisser un sourire timide, puis prendre la chance qui m’était donnée de rattraper le coup en répondant à la question de la demoiselle dans un haussement d'épaules:  « Je ne sais pas encore. » J'aurais pu dire, encore une fois pour détendre l’atmosphère, que j’espérais sortir bientôt, puisque cela faisait presque trois mois que j’étais à l’hôpital, mais puisque bien des choses étaient complexes dans l’immédiat, je choisis de ne pas m'aventurer sur cette pente glissante. Après, la jeune femme ne me connaissait pas, alors peut-être pourrait-elle ne pas se poser de questions si je restais vague, mais bon, maladroit comme je pouvais l'être - comme je l'avais prouvé d'ailleurs - je décidai de ne rien ajouter, outre faire à mon tour un effort vers la bonne entente en disant, tout banalement:  « Je m'appelle Jordan, au fait. », sachant que mon propos était là fort banal, mais bon, peut-être que cela pourrait montrer que clairement je ne lui en voulais pas, et que je voulais passer par-dessus ce malheureux quiproquo ?
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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyMer 17 Aoû - 1:45

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Anca avait l’impression de s’empêtrer dans des excuses sans queues ni têtes, et que son interlocuteur allait l’envoyer bouler d’un moment à l’autre. Bon sang, on repassera pour la médaille d’intégration dans la société. Jedediah se foutrait royalement de sa gueule s’il la voyait dans cette situation. Oui. Il rigolerait. Salement. Et parfois Anca se demandait si ce gars était vraiment un psy. Vous n’avez pas à vous excuser, c’est ma faute. J’ai tenté de faire une blague et puisque je ne suis pas des plus doués à ce genre de chose… Oh. Une blague. Oui. Une blague. C’était tout à faire logique. Mais elle avait été tellement nerveuse rien qu’en osant lui adresser la parole, qu’elle s’était bloquée à toute trace d’humour. Et Anca se met à rigoler à son tour, passant une main sur son visage. Elle est soulagée. Tellement soulagée. « Oh… Non…Enfin. Et moi je ne suis pas douée pour les comprendre… » La jeune femme fixa ses pieds un instant, le rouge aux joues, et le rire toujours présent. Une inspiration, une expiration. Elle relève la tête pour plonger son regard dans celui du jeune homme. « On est pas très doué pour tout ça…. Tout le… Social ? J’ai l’impression. » Non. Pas vraiment doué, ça c’était le moins qu’on puisse dire. Mais une fois les choses mises au claire, Anca senti un poids s’enlever de sa poitrine.

Et, merci… Non merci à toi. D’avoir accepté de l’écouter, de pas l’avoir envoyé bouler. « De rien. Je suis sincère. » Anca lui adressa un sourire encourageant, y avait rien de condescendant dedans, juste de la gentillesse. Parce qu’elle ne connaissait pas vraiment d’autre façons de se comporter avec les gens. Beaucoup trop gentille. Et d’après les autres, ça finirait par lui jouer des tours. « Chui désolé pour tout le blabla tout à l’heure. Quand je panique, je me mets à raconter n’importe quoi… » Enfin, pas n’importe quoi. Sa vie, en édulcorée. Pas sûr que ça intéresse le jeune homme en face d’elle. Pas sûr que ça intéresse qui que ce soit. Mais qu’importe.
Il lui offrit un sourire timide, haussant les épaules quant à la date de sa sortie d’hôpital. Et Anca sent ses lèvres s’affaisser légèrement. Il n’y avait rien de plus frustrant que d’être loin de chez soi, surtout à l’hôpital en fait. Parce que tant qu’on est dans sa maison, bien au chaud, on peut prétendre un semblant de normalité, se mentir et se dire que tout va bien, qu’on est pas malade ni rien. Mais dès qu’on se retrouve enfermé dans une de ces chambres aseptisées…. La vérité revient vous frapper en plein fouet. Et c’est douloureux. « Je vois… Eh bien j’espère pour vous que ça sera bientôt ! C’est vrai que la nourriture de la cafet ici est vraiment infect… Ça vous donne des ailes ce genre de chose ! » A son tour d’essayer de blaguer, comme pour lui montrer qu’elle le soutient, qu’elle le comprend, ne serait-ce qu’un tout petit peu.

Je m'appelle Jordan, au fait. Pas de poignée de main. Mais c’est logique après tout. Alors Anca se contente d’hocher la tête avant de se présenter à son tour : « Anca, je travaille ici tous les matins pour faire le ménage. » Même si depuis quelques minutes maintenant elle n’était plus vraiment productive et que les gens devaient se demander ce qu’une femme avec son balais faisait là, et pourquoi elle embêtait ce pauvre patient.
« Est-ce que ça serait impoli de vous demander comment vous en êtes arrivé là Jordan ? »
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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyJeu 18 Aoû - 23:25



≈ ≈ ≈
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Je n’étais pas doué pour faire des blagues et selon ses dires, cette demoiselle n’était pas des plus douées pour comprendre les blagues. Décidément, nous faisons un duo que je jugeais plutôt intéressant, visiblement destiné à avoir une conversation de sourds si jamais on se décidait à continuer dans cette trajectoire. Clairement, ce n’était pas mon intention. Je n'avais pas un seul instant envie de continuer à parler comme ça, à me sentir inconfortable si jamais mon propos était mal pris. Parce que bien sûr, jamais je ne serais capable de blâmer la jeune femme pour ne pas me comprendre, parce que je me connaissais, je savais que je n’étais pas toujours le plus clair dans mes dires. Mais heureusement pour moi, mon interlocutrice semblait ressentir la même chose que moi. Plus encore, elle se permit de le dire à voix haute, m’arrachant ainsi un petit rire, comme pour lui montrer que je ne pouvais qu’approuver son propos. Je ne ressentais pas la nécessité de répondre, histoire de ne pas prendre le risque de m’empêtrer dans mes mots une nouvelle fois. Cette même logique s’appliqua au moment où elle s’excusa de ce discours qu’elle avait tenu précédemment. Évidemment, pour cette fois-ci, je n’éclatai pas de rire, me contentant de simplement sourire doucement, pour lui montrer que bien sûr, je ne lui en voulais pas. Ce serait complètement idiot de ma part de lui blâmer quoi que ce soit alors que j’étais à la base de tout ce quiproquo. En somme, je repris la parole seulement lorsqu’elle souhaita ma sortie prochaine - comme bien des gens d’ailleurs mais ça, je ne le mentionnai pas non plus - en parlant de la nourriture de la cantine. Avec un air légèrement amusé, je lui dis dans un haussement d’épaules:  « Merci. » Pendant un instant, l’envie me prit de dire que niveau nourriture, j’avais vu pire, par exemple à la cantine de l’école, avant que la direction ne décide de changer de traiteur parce que ce n’était tout simplement pas mangeable. Mais ne sachant pas trop si ce serait chose encourageante ou bien au contraire, je décidai de m’abstenir pour le coup. Les mots suivants qui sortirent de ma bouche vinrent au moment où la jeune femme me rassura indirectement quant au fait que j’avais pris l’initiative de me présenter, m’arrachant alors un sourire encore plus satisfait tandis que je lui disais:  « Enchanté, Anca. », comprenant par la même occasion pourquoi elle m’avait vue avant aujourd’hui. Non pas parce que j’avais gardé dans la tête qu’elle était là pour m’espionner, surtout qu’en mon sens, il n’y avait rien à voir, mais quand même, c’était bien de savoir le pourquoi du comment malgré tout. Visiblement, je n’étais pas le seul à penser ainsi, puisqu’Anca, par la suite, me demanda à mon tour le pourquoi du comment je m’étais retrouvé à avoir des séances de rééducation. Considérant que c’était, dans le cas présent, une question parfaitement légitime, sans parler du fait qu’on me l’avait posée si souvent que j’en avais l’habitude, je n’hésitai pas bien longtemps avant de secouer la tête négativement en précisant:  « Non, pas du tout. » Je marquai une petite pause, puis je répondis:  « Accident de voiture. J’ai eu les jambes écrasées sous la force de l’impact, donc je dois apprendre à les utiliser de nouveau. » Au bout du compte, ce n’était pas vraiment difficile, tant et aussi longtemps que je m’en tenais à ce bref résumé, donc un résumé qui ne parlait pas vraiment de ce que j’avais pu vivre avant, les circonstances de l’accident et tout ce qui venait avec. Et puis, je me doutais bien qu’il serait embêtant de ma part pour la jeune femme d’étaler ma vie, pour la simple et bonne raison que:  « Mais bon, je suppose que je ne dois pas être le premier cas du genre que vous voyez, je me trompe ? » De plus, il me semblait qu’elle aussi, elle avait passé par la rééducation, si j’avais bien compris. Pourquoi l’avait-elle fait ? Je devais admettre que dans l’immédiat, je n’osais pas lui demander, à moins qu’elle veuille bien me le dire d’elle-même, ce que je ne saurais refuser non plus, bien au contraire.
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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyMer 31 Aoû - 16:37

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Il rigole à sa remarque, et Anca finit par se détendre complêtement. Il semble être de son avis sur leur handicape sociale et leur incapacité à commencer une conversation normale, comme les gens normaux, dans une situation normale. Mais c’est ptêtre parce qu’au final ils ne sont pas normaux… Pas comme les autres dans leur petite vie parfaite. Lui il est là, à réapprendre à marcher, à faire fonctionner ses membres pour pouvoir survivre. Et elle, elle est là, à trimer comme une dingue pour offrir à son frère des études dignes de ce nom, pour s’ouvrir une porte de sortie.
Alors oui, quand Jordan se contente de sourire, de ne pas répondre à ses propos, Anca le comprend. Au final elle aurait pareil à sa place. Enfin, peut-être pas à une certaine période de sa vie, mais maintenant oui. Tout comme lui elle aurait gardé ses lèvres scellées, les étirant dans un petit sourire qui veut tout dire. Parce qu’ils sont de ces gens qui peuvent dire des centaines de mots en un regard. Des rêveurs.
;
Merci De rien Jordan. Mais elle se contente d’hocher la tête pour ne pas enchainer une nouvelle tirade stupide qui lui vaudrait surement la palme du monologue le plus débile. Seven lui dit souvent qu’elle parle trop, qu’elle est chiante, qu’elle devrait se la fermer. Peut-être ouais. Peut-être. Mais au fond, elle préfère agir comme elle le fait que comme son frère le fait, avec sa mine grincheuse et ses sourires boudeurs. On a vite fait de le détester. Et ça, Anca ne veut pas. Qu’on la déteste. Parce qu’avec la haine vient la violence, et avec la violence vient la tristesse. L’inévitable tristesse. Celle qui vous bouffe petit à petit de l’intérieur, rampant silencieusement. Enchanté Anca et la douce voix de Jordan vient la tirer de ses pensées. Y a encore ce sourire sur son visage, quelque chose de vraiment chaud, calme, apaisant. Du genre force tranquille, plutôt que de vivre à cent à l’heure. Et en lui rendant son sourire, Anca se dit qu’il doit être vraiment très bon avec les enfants. Mais là n’est pas le sujet.

Il ne s’offusque pas de sa question, et Jordan lui répond calmement la raison de sa présence à l’hôpital, de l’état de ses jambes. Un accident de voiture hein ? Anca ne peut s’empêcher de laisser son regard vagabonder vers les jambes de Jordan. Ca a dû être terriblement douloureux, de sentir ses os se briser, écrasés par la carrosserie. « ….Oh… Je vois. » Bravo Anca, super dialogue. Mais faut dire qu’elle sait pas trop quoi répondre à tout ça, parce qu’elle imagine l’accident, la douleur de Jordan, et que ça la rend triste. Terriblement triste de savoir que y a des gens qui morflent tous les jours. « Eh bien en tout cas vous maitrisez de mieux en mieux vos jambes alors c’est encourageant non ? » elle lève le pouce en signe d’encouragement.
Mais bon, je suppose que je ne dois pas être le premier cas du genre que vous voyez, je me trompe ? Hm. Non. Pas le premier, ni le dernier si elle obtient son diplôme l’année prochaine. Elle sera infirmière et aidera les gens comme Jordan. C’était Blake qui lui avait conseillé de se réorienter vers des études d’infirmières après son échec scolaire quand elle avait été hospitalisée. Certes elle ne serait pas la grande chirurgienne qu’elle avait toujours rêvé d’être mais au moins elle pourrait aider les gens.
« Yep. Pas le premier mais c’est toujours aussi touchant d’entendre les histoires des gens, je pense qu’on ne s’y habitue jamais. » Non. Jamais. Y a toujours cette même tristesse qui l’envahit quand elle met les pieds dans cet hopital. Y a toujours des foutus souvenirs qui reviennent la hanter. Encore et encore, lui rappelant les visages qu’elle avait croisé au cours des longs mois d’hospitalisation.
« Y a sept ans j’ai été aussi hospitalisée ici. Pas à cause d’un accident, mais j’ai quand même passé plus de 5 mois….Alors oui j’en ai vu passer des vertes et des pas mûres… Mais bon les gens finissent toujours par s’en sortir quand ils ont la volonté. Et vous vous avez l’air de l’avoir pas vrai ? » Car Jordan n’a pas l’apparence d’un fantôme, de ceux qui hantent les couloirs de l’hopital sans vraiment savoir quoi faire de leur vie, hésitant entre sauter par la fenêtre ou se piquer avec l’aiguille de la perfusion. Non. Il a l’air vivant Jordan. Bien trop pour se laisser trainer ici.

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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyVen 2 Sep - 18:23



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Un sourire légèrement amusé et rassuré à la réaction de la demoiselle et ses encouragements, je ne sus faire autrement que de hocher la tête positivement pour lui donner raison pour le coup. Je ne savais pas si en termes médicaux, c’était vraiment un encouragement, si ma progression était vraiment à une bonne vitesse, ou plus lente, parce que personne n’avais jamais cru bon de me le dire clairement, mais si jamais cette jeune femme, qui devait voir passer plusieurs personnes comme moi, pires que moi, mieux que moi, à chaque jour le disait, c’était peut-être parce qu’au fond, il y avait quelque chose de vrai dans cela. Enfin, moi, j’avais envie d’y croire dans l’immédiat, d’où le fait que je n’avais pas cherché à la contredire de quelconque façon, surtout que mine de rien, cela était confortant d’entendre ce genre de choses. Les médecins avaient beau le dire parfois, sans jamais s’écarter dans les détails, et surtout sans jamais montrer quelconque enthousiasme, laissant toujours un doute planer, à savoir si c’est sincère ou bien une simple formalité. Mais là, on dirait que venant d’une personne un peu plus simple, c’était un peu plus vrai, un peu plus confortant. Après, peut-être que je me faisais des idées, je ne niais pas cette éventualité, mais au fil de la conversation, qui devenait beaucoup plus simple et beaucoup plus aisée, j’avais l’impression que mes idées n’étaient pas si utopiques que ça. Parce que si jamais je m’en tenais aux propos d’Anca, celle-ci ne faisait pas partie de ces gens qui regardaient les patients défiler, s’intéressant à leur histoire qu’en lisant leur dossier afin de savoir quoi faire avec eux, sans vraiment se soucier de quoi que ce soit d’autre que leur boulot et de la paie qu’ils en tiraient à la fin du mois. Enfin, je ne disais pas que tout le monde était comme ça, mon point étant que c’était confortant, d’en parler avec quelqu’un qui s’y connaissait, mais qui ne ressentait pas le besoin d’utiliser des termes extra complexes ou quelque chose dans le genre et qui semblait s’y intéresser, vraiment. Enfin, c’était ce que je supposais, et ce que je continuai à supposer lorsque sans que je demande quoi que ce soit - ce que je n’aurais pas fait dans l’immédiat au risque de paraître trop indiscret - Anca choisit de me raconter brièvement son histoire. Je ne pus m’empêcher d’écarquiller les yeux quand elle m’avoua le temps qu’elle avait passé en ces lieux, pensant inévitablement à ma propre condition. Est-ce que je resterais ici pendant cinq mois, moi aussi ? En avais-je encore pour autant de temps ? Je n’espérais pas, mais ça, je ne le laissai pas paraître, ou du moins, j’essayai tant bien que mal, préférant adopter un air un peu plus désolé pour elle, me doutant bien que ça n’avait pas dû être simple, être enfermée dans ces murs pendant tout ce temps. De mon côté, cela ne faisait pas deux mois, et je jugeais que j’en avais assez, donc rester encore trois mois de plus, alors que la rentrée scolaire serait déjà passée… Je ne savais pas si je saurais le supporter. Mais au moins, son discours ne fut pas pessimiste du début à la fin. Déjà, je tentai de me conforter en me rappelant que je ne savais pas ce qui s’était passé la concernant, que peut-être justement, il lui avait fallu plus de temps, parce que ce qu’elle avait vécu était plus grave. Bien sûr, je ne le demandai pas, laissant cette idée au stade d’hypothèse dans ma tête, préférant me concentrer sur la question qu’elle me posa qui termina mes craintes et suppositions peut-être mal placées pour mon cas. Reprenant un petit sourire, je vins à lui dire:  « Ouais… Je suppose. » Il fallait que j’admette que parfois, ce n’était pas chose simple, se dire qu’il fallait que je réapprenne à marcher, ce que je savais faire depuis bien longtemps maintenant, mais au moins, j’avais de quoi m’encourage, en quelques sortes, à ne pas croupir en ces lieux, qui dépassait le simple fait que j’en avais marre. Et là, sans trop m’expliquer pourquoi, je ressentis le besoin d’avouer cette raison, ce que je fis sans réfléchir en affirmant:  « Je ne sais pas si c’est possible, mais j’aimerais retourner au boulot à temps pour le mois de septembre… Même si ce n’est qu’à mi-temps ou quelque chose du genre… Je n’ai même pas besoin d’être pleinement sur mes pieds, juste assez bien pour qu’on me laisse reprendre du service. » Mon sourire s’élargit légèrement à l’idée que si tout allait bien, peut-être je saurais retrouver mes élèves, mais ne sachant trop peu si cela était possible, soudainement, je crus bon d’aller chercher réponse à mes doutes en regardant de nouveau Anca et en demandant, dans un semblant de rire nerveux:  « C’est… Un peu trop demandé, vous croyez ? » 
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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyMar 13 Sep - 23:13

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Y a eu cette lueur dans le regard de Jordan qui n’échappe pas à Anca, quand cette dernière évoque son hospitalisation. Est-ce qu’il s’identifie à elle ? Est-ce qu’il se demande s’il va vraiment devoir rester cinq mois ou plus dans ce trou, à attendre qu’une personne en blouse blanche déclare qu’il était guéri et apte à retrouver sa petite vie normale ? Conneries. Une fois sorti d’ici, on ne retrouvait jamais sa vie d’avant. Jamais. Au mieux, on améliorait son traintrain quotidien, au pire, on plongeait. Encore plus. Inévitablement. Anca essayait de ne pas se faire aspirer par la deuxième option depuis 7 ans maintenant, mais les efforts à fournir pour garder la tête hors de l’eau étaient immenses, et parfois la jeune femme se disait qu’elle n’y arriverait tout simplement pas. Mais il fallait continuer à essayer, c’était ce que Jedediah lui rabattait à chaque séance, lui donnant un grand coup de pied aux fesses pour l’envoyer vers la surface.
Merci Jedediah. Non, sans blague. Merci.

« Eh oui… Cinq mois. Mais moi c’était un cas un peu spécial. Pas du tout comme vous, c’était pas un accident. » Non. Tout sauf un accident. Anca avait voulu crever, alors elle s’était ouvert les veines sans aucune pitié sur le carrelage et avait attendu avec impatience que la mort vienne la chercher. Echec. Ioan l’avait sauvé, et elle avait fini enfermée dans cet univers aseptisé pendant cinq mois, jusqu’à ce qu’elle capitule enfin avec Jedediah et accepte d’essayer d’aller mieux. Cinq mois où elle avait coupé presque tout contact avec sa famille, et pour la première fois elle avait pris conscience qu’il y avait une vie en dehors des Popescu. Pourtant elle n’avait pas jugé utile de garder cette information dans sa tête et avait préférée retourner à sa misère quotidienne plutôt que de s’évader. C’était ridicule. Ridicule. Pourtant ça lui permettait quand même d’avoir des surprises, des rencontres, comme Jordan aujourd’hui. Jordan et son sourire compatissant alors qu’il ne la connaissait encore que trop peu. Jordan et son regard qui calmait son cœur, car ce dernier était encore tout bouleversé d’avoir évoqué son hospitalisation. Justement, il retrouve son sourire qui avait disparu un peu plus tôt et ça fait plaisir à Anca, ça montre qu’il est motivé, qu’il ne va pas se laisser abattre. Du moins, elle espère. Car il n’y a rien de pire pour retarder sa sortie de « prison » que de la mauvaise foi.
Je ne sais pas si c’est possible, mais j’aimerais retourner au boulot à temps pour le mois de septembre… Même si ce n’est qu’à mi-temps ou quelque chose du genre… Je n’ai même pas besoin d’être pleinement sur mes pieds, juste assez bien pour qu’on me laisse reprendre du service. Elle hoche doucement de la tête, compréhensive. Normal, y a rien de pire que de rester bloqué dans son lit alors que le monde continue de tourner. C’est… Un peu trop demandé, vous croyez ? Non. Non. C’est jamais trop demandé. Il faut toujours essayer. Sinon on reste bloqué en chemin pendant que les autres continuent d’avancer. Et c’est triste. Terriblement triste comme situation.
« Bien sur que non c’est pas trop demandé ! Vous avez tous les droits de vouloir sortir ! Recommencer à vivre ! C’est humain. » Anca hausse un peu la voix, comme embarquée par ses émotions. Elle agite les mains pour accompagner ses paroles, vive, elle encourage Jordan de ne pas abandonner.
« Je suis sur que c’est négociable, normalement si vous n’avez plus de problèmes de santé et que tout ce qu’il vous reste à faire, c’est la rééducation, il n’y aucune raison qu’on vous refuse la sortie. » Elle rigole doucement, calmant ses ardeurs, ses passions. Car on s’était retourné sur eux deux quand la jeune femme avait répondu avec un peu trop de bruit à la dernière question de Jordan. Elle porte la main à sa bouche pour cacher son embarras avant de murmurer
« pardon. Je crois que je m’emporte un peu. Mais quand un sujet me touche, je n’arrive pas à me contrôler. »
Anca regarde un peu atour d’elle, pour vérifier qu’elle encore un peu de temps devant elle, qu’elle ne risque pas de se faire engueuler par son manager. Non, la voie est libre. Tant mieux. Parce qu’elle n’a pas envie de retourner jouer les cendrillons à récurer le sol et les toilettes. Elle avait besoin d’une pause dans sa vie merdique, et Jordan lui en offrait une bien agréable, même si les sujets de leurs discussions n’étaient pas vraiment joyeux.
« Je peux encore être curieuse ? » OuI. Bon. Au point où on en est, pose ta question Anca, ça sera mieux pour tout le monde.
« Vous faites quoi exactement dans la vie ? Vous parlez de la rentrée de septembre…. Donc vous travaillez dans le scolaire ? » Si c’est vraiment le cas, elle mérite une médaille en devinette. Merde à la fin, qu’on la récompense au moins une fois dans sa vie pour quelque chose.
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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyVen 16 Sep - 15:06



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 « Oh.. » fut tout ce que je trouvai à répondre à la jeune femme lorsque celle-ci m’expliqua que ce qui l’avait mise à l’hôpital, puis en rééducation, ce n’était pas un accident comme moi, sans toutefois s’étaler sur le sujet. Enfin, peut-être que si, au fond, elle voulait le faire, je n’en savais rien, je ne pouvais faire qu’avec ce que je déduisais de la situation présente et là, j’en déduisais qu’elle avait coupé court pour justement, ne pas en parler, ce que je respectais parfaitement. Après tout, moi-même, l’accident de voiture n’était pas le sujet qui me faisait le plus envie, bien loin de là. Enfin, il fallait dire qu’il y avait toute une histoire derrière cet accident, une histoire encore plus douloureuse que le résultat de l’accident en soi, une histoire qui avait encore des répercussions sur ma vie outre que mon hospitalisation et ma rééducation. Je savais que ne pas en parler faisait en sorte que je ne faisais que fuir le problème, mais pour le moment, je ne me sentais pas prêt à affronter tout cela, surtout que la principale concernée dans toute cette histoire, en l’occurence mon épouse, ne semblait pas d’attaque à le faire non plus. Ce n’était pas l’idéal, j’en étais parfaitement conscient, mais d’un autre côté, cela me permettait de me concentrer sur ma remise sur pied, et être un peu plus optimiste concernant l’après, après l’hôpital, après la convalescence, après tout. Et pour ça, ne pas m’attarder sur mes problèmes était quelque chose de bénéfique, parce que si jamais je n’avais pas ça, je doutais fort que je me démènerais de la sorte pour parvenir à aller mieux. Bien sûr, souvent, je craignais que cela ne mène à rien, mais vu les progrès que j’avais fait pendant cette séance, j’avais envie de croire que cela avait servi à quelque chose. Puis, à mon grand soulagement, la demoiselle parvint à m’en assurer davantage, me disant avec une vivacité que je ne l’avais pas vue avoir depuis le début de la discussion que c’était fort possible, voire même négociable dans le cas où je voulais vraiment retourner au boulot. Devant son enthousiasme qui me surprit dans un premier temps, je ne sus toutefois faire autrement, au bout de quelques secondes, que sourire, comme si elle m’avait transmis soudainement cet enthousiasme. En fait, c’était ce qui s’était passé, pour tout dire. En remarquant que peut-être que mes espoirs n’étaient pas vains, je me sentais soudainement un peu plus rassuré, un peu plus confiant, si bien conforté dans cette idée pendant un moment que je ne me rendis pas compte que les regards commençaient à se tourner dans notre direction en raison du vif discours d’Anca. Je le réalisai que lorsqu’elle s’excusa de s’être emportée de la sorte. Là, naturellement, sans reproche, mon sourire s’atténua quelque peu, mais certainement pas triste ou quoi que ce soit, je ne mis pas de temps à lui répondre:  « Ce n’est pas grave, il m’arrive de faire de même. », ce qui était on ne peut plus sincère. Il était vrai que depuis le début de la discussion, j’étais légèrement renfermé, mais quand on me parlait de choses qui m’intéressaient vraiment, ce n’était pas pareil, bien loin de là. Et ça, je le prouvai peu de temps après, lorsque la demoiselle se montra de nouveau curieuse. Ne voyant pas pourquoi je m’opposerais à une nouvelle question, je hochai la tête pour lui montrer qu’elle pouvait demander ce qui lui trottait dans la tête. Au final, je ne le regrettai pas, et je le montrai en souriant une nouvelle fois, non seulement parce que j’étais encore une fois amusé de sa capacité de déduction, mais aussi parce que clairement, parler de mon boulot n’était pas ce qui me gênait le plus, au contraire, c’était un des sujets avec lequel j’étais le plus à l’aise. Ne voyant pas la nécessité d’attendre bien longtemps avant de répondre, je dis, sans imposer de silence à la discussion:  « C’est exact, je travaille dans le milieu scolaire. » J’aurais pu faire de ce simple propos ma réponse pour le coup, mais puisque je jugeais que ce n’était pas suffisant, pas pour ce sujet de conversation qui me plaisait et que je souhaitais entretenir, ne serait-ce qu’un peu - pas trop quand même, je ne voulais pas la saouler non plus - j’ajoutai:  « Je suis enseignant spécialisé. Je travaille avec des élèves en difficulté. » Cela me sembla être une réponse assez complète, mais comme pour moi, ce ne l’était pas assez, qu’il manquait un petit bout, je finis par conclure en affirmant:  « Cette année j’ai travaillé avec des enfants autistes. Normalement, ça devrait être la même chose l’an prochain… Enfin, je l’espère. » Mon sourire se fit alors un peu plus nerveux, non pas parce que je craignais de perdre mon boulot, ça, ça n’arriverait pas. Mais c’était surtout parce que oui, j’espérais ravoir la même classe, les mêmes élèves que j’avais l’impression d’avoir laissé tomber avec cet accident, et avec qui je voulais, bien évidemment, me racheter dès le mois de septembre, en ne les lâchant pas à quelques semaines de la fin de l’année la prochaine fois, bien évidemment.
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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyMer 12 Oct - 0:00

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Oh.. Oui, Oh. La vie ne faisait pas toujours de cadeau, encore moins quand on s’appelait Popescu. Fallait toujours s’attendre à ce qu’une merde vous tombe dessus, à trébucher, glisser sur une peau de banane astucieusement dissimulée. Anca n’avait pas eu de chance, elle avait eu droit à un allez simple pour l’hôpital, section psychiatrie, celle où on vous endort à coup de sédatifs et où vos poignets sont enfermés dans ses bracelets aseptisés, pour mieux vous protéger. « Hm… Mais le principal c’est où on se trouvera demain pas vrai ? Vous hors de ce fauteuil, moi sans balais dans les mains. » Parce que même si la vie est dégueulasse, même si la vie est une pure connasse, faut pas oublier de se relever après s’être fait bousculer. C’est ce qu’elle a appris tout au long de sa jeunesse Anca, quand le paternel rentrait un peu trop bourré, quand un de ses frères revenait amoché, quand elle se faisait plaquer contre les murs à la récrée, le souffle coupé par la violence de l’impact. « Qu’on passe 3 mois ou viens 5 ans, l’important c’est de sortir de là plus complet que jamais. Prêt à affronter le reste. » La réalité. Parce qu’on avait beau maudire l’hôpital, l’isolement qu’il provoquait, ça restait néanmoins une bulle pour se protéger de la réalité. A l’hopital y avait pas à réfléchir au lendemain, à la nourriture, aux courses, aux devoirs à rendre ou aux amours de jeunesse de retour. On se concentrait juste sur soi, sur la guérison, faire un pas après l’autre, retrouver le contrôle de son corps. Réapprendre à le connaitre. A la perfection. Malgré ses défauts, ses aspérités, les cicatrices nouvelles et les imprévus : jambes fauchées, incapacité à coordonner ses doigts, putain de cerveau à la ramasse.
S’ensuit ensuite une conversation un peu mouvementé, et Anca s’emporte, comme à son habitude, trop de sentiments dans le cœur pour les étouffer, elle a besoin de tout étaler, de tout sortir. C’est rare qu’elle puisse s’exprimer, très rare, alors pour une fois qu’elle trouve quelqu’un pour l’écouter, elle ferme plus la bouche. On est pas très loin de la Anca habituelle, timide, silencieuse, qui s’écrase dans son coin, mais avec Jordan elle a ouvert une nouvelle porte. Elle a envie d’en savoir plus sur lui, qu’il en sache plus sur elle. Qui sait, c’est peut être le début d’une amitié ? Elle avait le droit d’espérer non ? Elle qui avait toujours exclut les hommes de sa vie, elle avait l’impression de faire un grand pas en avant. Et puis y avait dans le regard de Jordan une certaine chaleur qui lui connait envie de se poser, de sourire avec lui, de lui tendre la main pour l’aider à se relever. A avancer.
Ce n’est pas grave, il m’arrive de faire de même. « On se ressemble beaucoup trop je crois, avec nos deux pieds gauches, notre maladresse et cette façon de s’emporter. » Elle rigole doucement Anca, comme amusée par cette découverte. Elle a rarement eu affaire à des gens jouant dans la même catégorie et découvrir que Jordan lui ressemblait ne serait-ce qu’un peu, ça la rendait heureuse. Ce n’étaient que quelques minutes dans une vie, mais ça mettait déjà un peu de baume au cœur. « Pardon je suis étrange. » Toujours. T’es dans ta bulle Anca, dans ton univers. Décalée par rapport au reste des gens. Eternelle rêveuse. Eternelle utopiste. Menteuse.
La discussion dérive ensuite sur le métier de Jordan, elle pose la question et il répond dans le plus grand des calmes, tant mieux, il a pas l’air d’être dérangé par le fait qu’elle soit pleines d’interrogation et répondre ne semble pas l’embêter. C’est exact, je travaille dans le milieu scolaire. Hehe, elle avait vu juste. En même temps il avait l’aura de quelqu’un de bon, de patient, de gentil. Je suis enseignant spécialisé. Je travaille avec des élèves en difficulté. Bon sang, si elle avait pu avoir un prof comme lui peut être que les choses auraient été différentes pour elle ou sa famille. « Chui sur que vous faites un très bon prof. Enfin vous avez ce quelque chose qui donne envie de vous faire confiance. C’est important pour un enseignant pas vrai ? » Oui. C’était important de se sentir soutenu. Anca n’avait jamais vraiment connu ça. Elle avait vu cependant l’effet qu’avait Blake sur Madalina et ça c’était important.
Cette année j’ai travaillé avec des enfants autistes. Normalement, ça devrait être la même chose l’an prochain… Enfin, je l’espère. Instinctivement elle posa sa main sur l’épaule de Jordan et la pressa doucement. « Moi je suis certaine que ça sera la même chose l’an prochain. Faut pas partir dans des j’espères ou dans des peut être. C’est sur que vous ferez la même chose et que vous aiderez pleins de gamins à devenir encore plus géniaux. » Elle est optimiste Anca, trop enthousiaste, elle sourit un peu trop fort pour faire fuir la mélancolie. C’est mieux comme ça. Bien mieux que de pleurer le soir dans son lit à se demande comment on en est arrivé là. « Vous avez de la chance de faire un métier fantastique. » Contrairement à elle. « Moi je nettoie les chiottes et je sers des cafés à des trop pressés. Mais bon, on fait du mieux qu’on peut pour survivre pas vrai ? » On fait pas toujours ce qu’on veut, parfois faut faire des compromis. Même si on n’a pas envie.
Lentement elle se redresse et reprend son balais en main. « D’ailleurs je vais devoir retourner, ma pause est terminée…Mais si vous voulez je pourrais repasser vous voir, pour parler de tout, de rien. Enfin je comprendrais si vous voulez pas mais je propose au cas ou. » [/b][/color] Elle tourne les talons, avant d’ajouter : « Moi en tout cas j’aimerais beaucoup parler de nouveau avec vous Jordan. »

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MessageSujet: Re: Look at shit through each other's eyes || Jordan   Look at shit through each other's eyes || Jordan EmptyLun 17 Oct - 21:35



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La jeune femme avait raison; l’essentiel n’était pas ce qui s’était passé précédemment ou ce qui se passait en ce moment dans ce genre de situation, mais ce qui se passerait le lendemain. À cela, je n’avais rien à ajouter, ne pouvant qu’être d’accord. La preuve de cela était le simple fait que si je m’accrochais trop à ce qui s’était passé, et à mon état présent, pour sûr, je ne serais pas en rééducation, à me battre, à avoir mal, à m’épuiser afin de pouvoir marcher de nouveau et avoir un semblant de vie normale, c’est-à-dire, entre autres, retrouver mes élèves et être en mesure de leur enseigner comme je prenais tant plaisir à le faire. Cependant, ce n’était pas pour autant que je pensais naïvement que tout était aussi simple dans la vie. J’étais parfaitement conscient que ce n’était pas en allant de l’avant en oubliant le passé que j’arrangerais certaines choses, le premier exemple me venant en tête étant ma relation avec Maia. Ce qui s’était passé venait affecter cet avenir, devenu soudainement des plus flous sans que nous puissions, ni elle comme moi, être en mesure de savoir quoi faire pour régler nos problèmes, voir ce qui serait le mieux pour nous deux, pour notre mariage. Mais ça, je ne me voyais pas en parler dans le cas présent, préférant de loin profiter du fait que j’avais un petit éclat de bonne humeur dans ma journée qui me permettait de parler de mon métier et de mes élèves qui me manquaient plus que je ne pouvais l’admettre parfois. Parce que bien souvent, quand je pensais à eux, au fait que je les avais laissés sans crier gare, je m’en voulais, je me sentais inconfortable. Je ne saurais pas dire ce qui avait changé dans le cas présent, ce qui m’avait fait retrouver mon enthousiasme, mais pour sûr, je n’allais pas laisser passer cette occasion. Peut-être était-ce le fait que la jeune femme semblait me comprendre, paraissait être remplie de positivisme ? C’était fort possible, et inutile de mentionner que dans le cas présent, ce n’était clairement pas de refus. Après, clairement, je ne voulais pas en abuser, me vanter ou quoi que ce soit, comme je le montrai au moment où Anca supposa que je devais faire un bon enseignant, capable de mettre les élèves en confiance. Pour sûr, j’appréciais le propos, mais puisque je me voyais bien mal commencer à me définir alors que je préférais de loin garder un certain doute, une possibilité de me remettre en question, je jugeai plus approprié de répondre par un haussement d’épaules accompagné d’un:  « Je suppose. », prenant soin toutefois de sourire légèrement pour montrer que j’étais bien content d’avoir ce que je considérais être un avis sur ma présentation, présentation sur laquelle je travaillais très fort avec mes élèves pour leur faire comprendre qu’ils n’avaient rien à craindre en ma présence et que j’étais là pour les aider. J’étais parvenu à établir ce lien de confiance avec eux, sauf que là, je craignais fortement que celui-ci soit brisé à mon retour. Me voyant bien mal avoir de nouveaux élèves et avoir cette idée sur la conscience, j’espérais pouvoir accompagner le même groupe, d’où mon affirmation, bien que celle-ci pouvait être interprétée différemment. Je m’en rendis compte que trop tard, soit au moment où Anca y répondit, mais puisque je ne pouvais pas lui en vouloir, je me contentai d’encore une fois apprécier le mot d’encouragement avec un air ravi, qui disparut progressivement lorsqu’elle en vint à parler de sa propre situation comparativement à la mienne. En mon sens, il aurait été particulièrement méchant de ma part de garder un sourire alors qu’elle semblait parler de son métier d’un air un peu pessimiste. Jugeant que là, c’était à mon tour de l’encourager, je me prêtai au jeu, tentant de lui dire, un peu plus maladroitement que je ne l’aurais voulu:  « Mais le principal est où on se trouvera demain, n’est-ce pas ? » Évidemment, j’avais fait exprès pour le coup de reprendre ses propos, d’où le fait qu’un sourire apparut au coin de mes lèvres. Puis, mon ton de voix fut plus assuré, plus sincère au moment où j’ajoutai, quelques secondes après:  « Et puis vous semblez être une bonne personne, vous trouverez quelque chose de bien. » Et là, je me rendis compte que j’aurais bien voulu lui parler un peu plus, tenter de voir si elle avait des projets, des idées, mais malheureusement, le temps manqua. Elle ne vint à me dire que sa pause se terminait, et de mon côté, pour sûr, il me faudrait retourner dans ma chambre, ou à un autre rendez-vous quelconque, je ne savais pas trop. Une chose était certaine, c’était que maintenant, je regrettais quelque peu que ce soit terminé, mais sans faire complètement mon deuil de cette situation, vu les dires de la demoiselle. Voyant le bien que cette simple conversation m’avait apporté, pour sûr je voulais lui reparler également. Voilà pourquoi j’en vins à lui répondre:  « Et bien, si jamais cela vous convient à un moment ou un autre, cela me ferait plaisir de vous revoir également, Anca. » Puis, suite à ces mots, j’ajoutai:  « Je ne crois pas sortir de si tôt, donc il vous suffira de demander pour la chambre de Jordan Oakley. » Malheureusement, je me voyais bien mal prendre un crayon pour le lui écrire, sachant que je ne serais bon qu’à faire un gribouillis, fort probablement. Pour moi, clairement, c’était plus simple ainsi. Une fois que ce fut réglé, je finis par conclure en disant:  « Bon allez, je vous laisse retourner au boulot. Ce fut un plaisir, vraiment. », la gratifiant d’un dernier sourire avant de reprendre la route pour l’aile de l’hôpital où je résidais pour le moment, le coeur beaucoup plus léger que je ne l’aurais cru dans un premier temps lorsque j’étais entré pour ce qui devait être une simple séance de rééducation.


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