Because you need to know.

Jacob & Sarah

Un cauchemar l’avait réveillée ce matin. Jacob était déjà parti au travail, il l’avait embrassée doucement mais elle s’était rendormie pour une petite heure. Elle aurait dû mieux savoir, dormir sans son homme à ses côtés et elle avait tendance à cauchemarder. Elle savait également que c’était peut-être bien dû au fait qu’elle pensait à tout lui avouer prochainement. Elle avait au début envisager de ne rien lui dire, mais elle ne pouvait pas garder tout cela pour elle… ils allaient se marier bientôt. Il devait le savoir. Un léger soupir lui échappa. La journée était maintenant bien avancée et elle stressait de plus en plus. Elle avait travaillé à la garderie mais elle n’avait pas vraiment eu la tête à gérer les enfants, sa patronne l’avait d’ailleurs prise à part à la fin de la journée afin de voir qu’est-ce qu’il se passait. Sarah n’avait que pu s’excuser platement et promettre que cela ne se reproduirait plus. Enfin arrivée à la maison, elle se mit à ranger et à nettoyer avant de se mettre aux fourneaux. Il fallait qu’elle garde ses idées noires pour elle pour le moment. Elle voulait passer une belle soirée en amoureux avant de lâcher la bombe. Pourquoi ? Parce qu’au fond d’elle, elle avait peur. Peur qu’il décide d’annuler les fiançailles une fois qu’il saurait tout. Se mordant la lèvre, elle faillit fondre en larmes à cette pensée. Elle savait qu’il l’aimait, mais était-il prêt à accepter tout son passé ? Toutes les casseroles qu’elle se trimballait malgré elle ? Elle n’en était pas certaine, et s’il se rendait enfin compte qu’elle n’était pas faite pour lui ?

Préparant son plat préféré, elle se perdit dans ses pensées. Elle avait parcouru tellement de chemin depuis que son ex l’avait abandonnée ici à Savannah. Au final, elle était heureuse d’avoir été forcée de le suivre ici, parce que cela lui avait permis de rencontrer Jacob avec qui elle voulait lier sa vie pour toujours. Mais le traumatisme restait présent quand même et sa peur devenait viscérale quand il s’agissait de Jacob. Malgré tout, elle savait qu’elle survivrait, qu’elle réussirait à se reconstruire, mais à quel prix ? Elle aurait tellement voulu pouvoir ne pas avoir cette peur au ventre… et pourtant elle lui collait à la peau depuis l’instant qu’il avait posé les yeux sur elle. Elle n’était pas assez bien pour lui, elle l’avait toujours pensé. Souvent, elle l’oubliait maintenant parce qu’ils étaient heureux ensemble. Mais parfois, cela lui revenait en pleine face. Déconcentrée et perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir et se refermer et lorsqu’elle sentit une présence proche d’elle, elle sursauta violemment et se retourna brandissant une cuillère en bois. De la terreur se lisait au fond de ses prunelles. Et puis elle figea son geste et baissa son bras, un léger sourire apparut sur son visage. C’était son fiancé, personne ne lui voulait plus aucun mal ! Elle était en sécurité. "Oh mon amour ! Tu m’as fait peur…" Elle se rapprocha de lui et se blottit dans ses bras. Serait-ce la dernière fois où elle pourrait le faire ? Cette constatation effrayante manqua de lui mettre les larmes aux yeux. Et puis l’odeur de brûler lui titilla les narines. Merde ! Elle se dégagea et puis alla tout de suite enlever la casserole des plaques. Elle jura en tchèque. "Oh non… j’ai brûlé ton plat préféré…" La tête basse, elle soupira. Elle ne se sentait pas au top de sa forme. Ses émotions avaient tendance à sauter du coq à l’âne depuis son cauchemar et depuis la décision qu’elle avait prise de tout lui dire le jour-même…

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Sarah & Jacob

Cette journée avait débuté comme toutes les autres, Jacob s’était levé tôt pour aller travailler, avant même que Sarah ne se réveille. Il l’embrassait toujours avant de partir, même quand elle dormait encore, et il l’enviait parfois. Traîner au lit plutôt que de se lever aux aurores pour soigner des patients, il aurait adoré ! Mais c’était ainsi et il aimait son boulot, il l’aimait de toute son âme. Durant toute la journée, il n’avait pensé qu’au moment où il pourrait enfin quitter le cabinet médical et rentrer chez lui, pour passer une bonne soirée aux côtés de la jeune femme. Il regrettait de ne pas la voir aussi souvent qu’il ne le voudrait, mais il ne pouvait se le permettre ; il débutait dans le milieu et il devait absolument prouver de quoi il était capable en travaillant d’arrache-pied. Il avait déjà trop sacrifié au cours de ses études pour en arriver à renoncer aujourd’hui. Plus tard, il se le promit, il prendrait de vraies vacances avec sa fiancée. Après sa journée pour le moins éreintante, il rentra à l’appartement qu’il partageait avec elle et discrètement, posa sa veste et sa sacoche. Il entendait Sarah s’activer dans la cuisine et décida de lui faire une surprise. Ainsi, tout joyeux, il s’avança vers elle, prêt à l’enlacer par surprise, mais au même moment, elle se retourna en brandissant la cuillère en bois qu’elle tenait telle une arme. Surpris, Jacob se figea, ne s’attendant pas à une telle réaction. Dans ses yeux, il lut une telle terreur qu’il resta immobile, abasourdi. Il ne s’attendait pas à une telle réaction de sa part et il demanda « Tu t’attendais à voir quelqu’un d’autre ? » elle se blottit contre lui et il l’accueillit avec plaisir, même s’il affichait toujours une moue suspicieuse. « Je suis désolé, je ne voulais pas t’effrayer » souffla-t-il en plaquant un baiser sur sa tempe. Il la connaissait, pourtant, mais ses réactions étaient imprévisibles.

Il sentit une odeur de brûlé en même temps que Sarah qui s’extirpa de l’étreinte pour se précipiter vers les plaques de cuisson, et constata avec frustration qu’elle venait de brûler son plat. « Ce n’est rien, t’inquiète pas pour ça... On peut commander quelque chose si tu préfères ? » il vit bien qu’elle n’avait pas l’air dans son assiette et il voulait la décharger de tout boulot. D’autorité, il lui prit les mains et plongea son regard dans le sien. Il commençait à être sérieusement inquiet de la voir dans cet état et il demanda « Sarah, qu’est-ce qui se passe ? » son prénom, il l’utilisait surtout dans ces moments-là, où il était très sérieux, quand quelque chose n’allait pas. Sinon, il la gratifiait de surnoms mignons, ou ma Sarah, parfois. Mais cette fois, c’était différent, Jacob était un peu angoissé, il plaisantait rarement avec ces choses-là. Pas quand ça concernait l’amour de sa vie, en tout cas. Et ce n’était pas simplement une question de plat brûlé, c’était forcément plus important que ça. « Il y a eu un problème aujourd’hui ? » il avait été absent toute la journée et très occupé, il n’avait pas eu l’occasion de lui parler, mais il commençait à s’interroger, à se dire qu’il y avait eu un truc, un truc grave. Comme toujours, il s’emballait un peu trop vite, mais maintenant, il espérait bien savoir, il détestait rester sur une incertitude.    

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Jacob & Sarah

Elle aurait tellement voulu qu’il fasse du bruit en arrivant ce jour-là pour qu’elle puisse se composer un visage acceptable et attendre que le repas soit passé pour discuter tranquillement de son passé avec lui. Mais son cauchemar l’avait mise sur les nerfs et puis d’autres souvenirs étaient venus se mêler à la fête alors qu’elle réfléchissait à comment elle allait pouvoir lui annoncer tout cela. Nerveuse et effrayée de la réaction que son fiancé pourrait avoir, elle s’était laissée happer par ses pensées et avait sursauter violemment, terrorisée lorsqu’elle avait finalement senti la présence de quelqu’un. Essayant de se reprendre et se jetant dans ses bras pour se rassurer un peu, elle savait qu’il se posait des questions et qu’il risquait maintenant de s’inquiéter. Elle secoua la tête négativement quand il lui demanda si elle s’attendait à voir quelqu’un d’autre. Il s’excusa de lui avoir fait peur. Un faible sourire aux lèvres, elle secoua à nouveau légèrement la tête. "C’est rien, j’étais juste nerveuse." Et puis l’odeur de brûlé. Il lui dit de ne pas s’en faire, qu’ils peuvent commander. Elle se mordit les lèvres. Presque les larmes aux yeux, il fallait absolument qu’elle se reprenne un minimum. Il la fit se tourner doucement en lui prenant les mains. Plongeant ses yeux dans les siens, il lui demande ce qu’il se passe, si quelque chose s’est passé aujourd’hui. Il stressait à son tour maintenant, s’inquiétait pour elle. Elle le regardant longuement tout en se concentrant sur sa respiration. Il fallait qu’elle se calme un peu. Sarah secoue la tête. "Non, rien. Tu veux bien me serrer fort dans tes bras un instant ? Après je t’expliquer tout." Elle se glissa dans ses bras et le laissa la serrer très fort contre lui. Fermant les yeux, elle se noya un moment dans son odeur et puis grimpa sur la pointe de ses pieds pour poser un baiser sur ses lèvres.

Il lui fallait un sacré courage pour lui dévoiler son passé. Elle le savait laid, elle savait qu’elle pouvait facilement être considérée comme faible à cause de ce qu’elle avait subi et ce qu’elle lui avait laissé faire. Mais ces gens ne connaissent rien de ce genre de situation et ont tendance à juger juste par rapport à ce qu’il ressente à ce moment-là. "Est-ce que tu veux bien t’asseoir ?" Elle savait pertinemment qu’elle ne faisait rien pour faire descendre son taux de stress mais elle ne pouvait que se concentrer sur ce qu’elle allait dire, elle ne pouvait se laisser distraire par le stress de son compagnon. "Avant qu’on se marie, il faut que je te raconte certaines choses…" Elle soupire doucement et lève les yeux pour le regarder après s’être installée à la petite table de leur cuisine. "Je… je te raconteur mon passé. Pour que tu saches à quoi tu t’attaches… pour que tu puisses choisir en toutes connaissances de causes." Ses yeux sont un peu plus sombres que d’habitude, elle a peur, elle est triste. Peut-être qu’il ne voudra plus d’elle. Mais c’est un risque qu’elle doit prendre, parce qu’il doit savoir dans quoi il s’embarque avec elle. "On devrait peut-être commander avant que je commence par contre… et je crois que je vais avoir besoin d’un grand verre de vin." Elle sait qu’elle va dire des choses qui vont certainement l’énerver, peut-être pas son absence de réaction mais s’il l’aime vraiment comme il le dit, ce qu’elle croit, il risque de souffrir de ce qu’elle a subi. Elle n’a pas vraiment envie de cela, mais en même temps, elle sait qu’elle doit le lui dire. Drôle de dilemme.

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Sarah & Jacob

Il ne comprenait pas ce qui se passait et cela l’angoissait cruellement. Dans son travail, quand il endossait sa blouse, il devenait un autre, un type professionnel au possible, qui laissait peu de place à la moindre émotion, il devenait médecin. Mais en dehors du travail, quand il s’agissait de son entourage proche, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter – il avait toujours peur que son bonheur s’effondre brutalement, persuadé que tout cela était trop beau pour être vrai. Comme s’il ne méritait pas tout cela. Bien sûr, il avait toujours été un bon croyant, il allait à l’église tous les dimanches, il croyait fermement en l’existence de Dieu, mais peut-être n’était-ce pas suffisant ? Peut-être était-il damné tout de même. Sarah lui demanda d’abord de la serrer dans ses bras, elle lui promit de lui expliquer tout ensuite et, le cœur battant, il s’exécuta, sans savoir ce qui l’attendait. Comme toujours, il s’imaginait le pire ; allait-elle rompre ? Etait-ce la fin de leur histoire ? Il l’étreignit avec passion, humant son parfum qu’il aimait tant, savourant chaque seconde en se disant que ce serait peut-être les dernières qu’il vivrait auprès d’elle. Ensuite, enfin, elle se recula et lui demanda de s’asseoir. C’est la fin, voilà, songea-t-il, le cœur brisé. « Je préfère rester debout » répondit-il doucement, les lèvres pincées. Il tâcha de garder le contrôle, de ne pas lui montrer qu’il était trop touché par ce qu’elle tenait tant à lui dire. Professionnel, toujours. Il avait passé la journée au cabinet médical, il n’avait pas encore totalement mis de côté son masque de médecin, même si c’était difficile de se contrôler alors qu’il ne comprenait pas un traître mot de ce qu’elle essayait de lui dire. Pourquoi tournait-elle autour du pot ? Etait-ce si compliqué à avouer ? Il ne comprenait pas, ou ne voulait pas comprendre.

Finalement, elle ne parla pas de rupture, et Jacob sentit une vague de soulagement le submerger. Peut-être n’était-ce pas totalement fini, peut-être y avait-il encore un espoir qu’ils s’en sortent. Néanmoins, ce n’était pas totalement gagné puisqu’elle semblait avoir quelque chose d’important à lui dire. Il l’écouta attentivement puis lâcha « A quoi je m’attache ? A toi, évidemment. Je t’ai déjà choisi, parce que je t’aime. Peu importe le passé, il est enterré » ou peut-être pas. Peut-être ce même passé pouvait changer la donne, même si Jacob n’y croyait pas, son amour pour Sarah était bien trop fort. Et on courait toujours le risque que le passé refasse surface, qu’il explose à nouveau, Jacob le savait. « Attendons avant de commander quoi que ce soit, je ne suis pas certain d’avoir très faim... » en arrivant, il était affamé, mais maintenant, son estomac était trop noué pour avaler quoi que ce soit. En revanche, il alla chercher une bouteille de vin et remplit deux grands verres, conscient que lui aussi allait en avoir besoin. Enfin, il releva les yeux vers Sarah, tentant d’anticiper ce qu’elle allait lui dire, mais il ne pouvait pas prévoir. « Tu... Tu ne vas pas m’annoncer que tu as tué quelqu’un, hein ? » il voulait détendre l’atmosphère, en vain. Il ignorait ce qu’elle avait bien pu faire, ce qui s’était passé, mais maintenant, il voulait à tout prix savoir. Il était même frustré qu’elle ne lui ait rien dit plus tôt, alors qu’ils se connaissaient depuis bientôt deux années... Mais comme il ne savait pas encore ce qu’elle souhaitait lui dire, il ne pouvait pas encore se plaindre. Alors, les doigts crispés sur son verre, il attendit, impatient.    

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Jacob & Sarah

Elle était consciente qu’elle le faisait stresser, elle était assez sensible pour s’en rendre compte malgré son propre stresse, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher… tourner autour du pot… L’étreinte forte de son compagnon l’aide un peu à retrouver un certain focus. Elle a pris la décision de tout lui dire aujourd’hui et elle le fera. Elle lui demanda de s’asseoir et s’installa elle-même à la table de leur cuisine tandis qu’il annonçait préférer rester debout. N’allant toujours pas dans le vif du sujet, elle lui explique qu’il faut qu’elle lui raconte son passé pour qu’il sache à quoi il s’attache. Il lui répond tout de suite, il sait à quoi il s’attache, c’est à elle. Il lui dit l’avoir choisi par amour, que le passé importe peu. Elle aimerait tellement qu’il ait raison… Mais son passé à elle est moche, teinté d’horreur et elle sait qu’elle doit le lui raconter parce qu’il fait partie d’elle et puis aussi… au cas où son ex débarque un jour à nouveau dans le coin. Et puis elle dit qu’il faudrait commandé, mais il ne veut pas, il n’a plus faim pour le moment. Mais elle avait parlé d’une bouteille de vin et il alla en chercher une qu’il ouvrit et il leur servit un grand verre à chacun. Et puis il la regarde et lui demande si elle ne va pas au moins lui annoncer qu’elle a tué quelqu’un. Un rire bizarre lui échappe, nerveux. Elle secoue la tête. "Non, j’ai tué personne promis."

Elle prend son verre de vin et en boit une longue gorgée et puis elle prend une grande inspiration. "Je t’aime Jacob, plus que tout. Et c’est pour ça que tu dois tout savoir. C’est important que tu saches qui je suis et ce que j’ai vécu. Pour faire ton choix. Ne me coupe pas s’il te plaît." Elle l’observe un moment. "Tu sais que je suis orpheline déjà. Ça, c’est passé alors que j’avais tout juste dix-huit ans, je me suis retrouvée seule au monde la nuit où la police est venue m’annoncer l’accident qui avait pris la vie de mes parents. À cette époque, j’étais plus ou moins en couple avec un gars plutôt gentil mais pas mal bad boy aussi. Cette nuit-là, j’ai fait l’erreur fatale de l’appeler pour qu’il vienne me soutenir." Elle se mord doucement la lèvre. "Tu te rappelles comment j’étais quand tu m’as rencontrée ? Plus renfermée sauf avec les enfants… et puis la marque que tu as remarqué sur ma joue un jour ?" Elle boit encore un peu de vin. "Cet homme que j’avais fait entrer dans ma vie a profité de ma vulnérabilité et m’a pris sous son aile, c’est ce que j’ai cru au début. Mais ce n’était pas ça. Il m’a en fait dressée, comme un chien." Elle baisse les yeux, honteuse malgré tout. "Je crois pas que tu ais besoin de tous les détails sordides de cette relation. Mais il alliait les menaces aux mots gentils et aux récompenses et avant que je puisse m’en rendre compte… j’étais passée d’une jeune femme indépendante et promise à un bel avenir… à un tapis sur lequel on s’essuie les pieds." Une larme coule sur sa joue tandis qu’elle continue. "On a quitté la République Tchèque de nuit, en urgence, parce qu’il y avait un mandat d’arrêt contre lui. Et il m’a emmenée ici. Enfin d’abord à Orlando où il m’a menacé, soit je trouvais un boulot, soit il me mettait sur le trottoir. Il me terrorisait. Et puis on est venu ici. C’était mieux, j’ai trouvé un boulot avec les enfants, je souriais plus. Je t’ai rencontré toi. Mais ça a empiré avec lui. Il me frappait." Elle soupire doucement. Elle sait qu’elle donne beaucoup de détails. "Mais il a fini par disparaître. Avec mon argent, avec tout ce qu’il y avait de la valeur. Mais il était parti." Malgré le fait qu’elle se soit reconstruit depuis qu’il était parti… elle se sentait à nouveau faible et effrayée. Elle tremblait doucement. Elle savait que c’était beaucoup d’information, qu’elle ne l’avait pas laissé en placer une mais elle ne pouvait pas… si elle s’était arrêtée, elle n’était pas sûre qu’elle aurait pu continuer… Mais reparler de tout cela, repenser à ces années, elle se sentait minuscule, comme si elle ne valait à nouveau rien. Elle gardait maintenant le silence. Elle avait une peur bleue de sa réaction. Elle ne voulait pas de pitié de sa part… elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait. Peut-être simplement de la compréhension…

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Sarah & Jacob

Même si c’était inutile, Jacob préféra quand même lui demander si elle avait tué quelqu’un, si c’était ça qu’elle souhaitait lui dire, mais elle le rassura bien vite. Jacob sourit, même si sa tentative de plaisanterie avait échoué. La gorge serrée, il attendit qu’elle lui avoue enfin ce qu’elle avait sur le cœur, redoutant plus que jamais que ces révélations ne brisent leur couple, quand bien même elle semblait ne pas vouloir rompre. Jacob était complètement perdu et il espérait obtenir enfin des réponses même si, après avoir entendu tout ce qu’elle avait à lui dire, il savait encore moins où il en était. Il garda le silence de longues minutes après qu’elle ait finit d’expliquer son passé, un passé qui, jusqu’à ce soir, avait été très flou. Il savait le minimum, qu’elle était orpheline, qu’elle venait de République Tchèque, mais le reste... il n’en savait rien. « Je... Je ne sais pas quoi dire » dit-il enfin, du bout des lèvres. Tout se mélangeait dans son esprit. Il n’avait jamais eu l’idée de lui demander ce qu’elle avait fait après le décès de ses parents, ce qu’elle était devenue, se disant que ça viendrait bien un jour dans la conversation, mais jamais il n’aurait imaginé quelque chose dans ce genre-là, jamais il n’aurait pensé qu’elle puisse avoir été en couple avec un homme pareil, violent, une pourriture en somme – rien que le fait d’y penser, cela lui donnait des frissons. Quel drame avait-elle dû vivre ! Il ferma les yeux, s’imaginant tout ce qu’elle venait de lui avouer. Une horreur sans nom. Il avait grandi dans un univers privilégié, une sorte de cocon, il n’avait jamais connu la violence et la méfiance, il n’avait jamais rien vu du monde extérieur. Pas avant le début de ses études de médecine, en tout cas.

« Pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ? Pourquoi avoir attendu deux ans ? » ce n’était pas un reproche, Jacob ne se le permettrait pas, même si ça pouvait le paraître. Il était seulement curieux, peut-être un peu déçu qu’elle ne lui ai pas dit plus tôt, comme si elle ne lui faisait pas confiance. C’était largement compréhensible, bien sûr, vu son passé, et il ne lui en tiendrait pas rigueur, mais il aurait simplement voulu comprendre. Il posa son verre sur la table et s’avança vers elle, doucement, pour ne pas la brusquer, comme s’il avait à faire à un animal sauvage. Pourtant, il n’osa pas l’étreindre, comme s’il craignait qu’elle ne recule. « Je ne comprends pas... En quoi est-ce qui est arrivé empêcherait qu’on soit ensemble ? Pourquoi est-ce que tu penses que je me détournerais de toi en apprenant tout ça ? Je veux dire... Rien ne change. Nous sommes toujours les mêmes qu’il y a cinq minutes, nous sommes toujours heureux ensemble. Non ? » il releva les yeux vers elle, sans comprendre. Peut-être était-il naïf, mais il ne parvenait à saisir ce qu’elle essayait de lui faire comprendre. Jacob savait que le monde réel était dur, il n’était pas stupide et le déni, ça n’avait jamais été son truc, il se doutait pertinemment que ce serait complexe, difficile d’accepter cette révélation car elle venait aussi tard, après deux années de relation – il pensait la connaître, il s’était peut-être trompé. Mais ça ne changeait pas certaines choses, ça ne changeait pas son amour à son égard, ça ne changeait pas qu’il voulait l’épouser.  Et pas même une ordure comme son précédent compagnon ne pourrait changer ça.

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Jacob & Sarah

Elle avait finalement craché le morceau. Elle venait de presque tout lui raconter. Certes, elle avait laissé de côté certains détails sordides, mais il savait maintenant l’essentiel. Elle était morte de peur. Sarah avait peur de sa réaction sans savoir vraiment pourquoi. Elle avait peur de voir de la honte dans ses yeux, de la déception… de la pitié. Il avoue ne pas savoir quoi dire. Elle le comprend. S’il doit rompre, qu’il le fasse vite, qu’il le fasse maintenant. Elle ne supporte pas l’attente. Le doute. Quand elle relève les yeux vers lui, elle voit ses yeux fermés. Et puis il lui demande pourquoi elle ne le lui a pas dit plus tôt. Elle baisse la tête. C’est vrai qu’elle aurait dû. Attendre deux ans n’était pas la solution et elle l’avait toujours su. Mais cet épisode de sa vie n’était pas quelque chose dont elle aimait parler, elle le refoulait autant qu’elle le pouvait, l’enfouissait au plus profond d’elle-même. Très peu de gens était au courant, personne en fait à part Jacob maintenant. Certains se doutaient de certaines choses mais ne pouvaient certainement pas imaginer l’ampleur de ce qu’elle avait vécu. Elle ne répond pas tout de suite et puis relève les yeux pour le voir se lever. Il ne s’éloigne pas comme elle en avait peur. Il se rapproche d’elle doucement. Il dit ne pas comprendre. Ne pas comprendre quoi ? Certainement le fait qu’elle ne lui ait rien dit. Ses yeux papillonnent chassant les larmes qui cherchent à s’y installer. Il veut savoir en quoi tou cela les empêcherait d’être ensemble. Pourquoi elle pense qu’il se détournerait d’elle. Rien ne change selon lui. Ils restent les mêmes, sont toujours heureux ensemble. Le soulagement lui gonfle le cœur. Les larmes ne sont plus retenues et coulent silencieusement sur ses joues qui rosissent lentement. Il l’aime encore.

Elle prend une longue inspiration et puis saisit ses mains qu’elle serre doucement. "Je n’ai rien dit parce que j’ai honte. Honte de ces années où j’étais une simple carpette sur laquelle il essuyait ses pieds." Elle se mord la lèvre et baisse les yeux. "Oui, on est heureux ensemble. Je… je n’ai jamais compris pourquoi tu m’as choisi moi…" Elle le regarde à nouveau. "Je sais que tu m’aimes. Mais au début je pensais que tu allais te rendre compte que j’étais pas faite pour toi et que tu sortirais de ma vie rapidement. Mais tu as insisté et je suis tombée amoureuse de toi. Peut-être même avant toi finalement…" Les larmes ne cessent de couler. "Je veux passer ma vie avec toi. J’aurais voulu avoir la force de t’en parler avant… pardonne-moi." Elle le regarde longuement. "J’ai juste enfoui ça tellement loin en moi, je voudrais pouvoir oublier parfois… et puis soudain, tous ces souvenirs se rappellent à moi. Il m’arrive de faire des cauchemars. Mais tu les tiens loin quand tu es là." C’était la vérité, tout simplement. "Je sais que j’ai un passé lourd et sordide. Et c’est pas forcément évident. Mais tu devais savoir. Parce que j’ai trop retardé ce moment et puis avec le mariage qui s’en vient, il était important que tu saches. Je suis tellement désolée…" Elle s’en veut d’avoir attendu si longtemps pour le lui dire, mais elle s’en veut aussi de le lui avoir dit à quelque part. Elle a peur que le regard qu’il porte sur elle change. "Tu as été mon refuge. Puis mon roc. Et maintenant, tu es simplement mon foyer." Elle hausse doucement les épaules. Elle a tout dit. S’il a des questions, elle y répondra. Mais elle aimerait juste se noyer dans ses bras.

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Sarah & Jacob

Jacob restait figé, abasourdi par toutes ces révélations. En revenant à l’appartement ce soir-là, il ne s’attendait pas à en apprendre autant, il n’aurait jamais pensé que durant tous ces mois, Sarah puisse lui cacher des éléments si importants de son passé, qu’elle ait pu ne pas lui faire aussi confiance qu’il le croyait. Elle lui expliqua que c’était simplement par honte, honte de cette terrible époque où cet homme avait fait d’elle ce qu’il voulait et doucement, en silence, elle commença à pleurer. Jacob comprenait combien ce devait être douloureux, et même s’il était assommé par la nouvelle, il ne lui en voulait pas. Comment aurait-il pu lui en vouloir ? Avait-elle fait quelque chose de mal ? Bien sûr que non. D’abord, parce que le jeune homme n’était pas rancunier, ensuite, parce qu’il n’y avait pas de raison, ce n’était pas comme si elle avait commis un acte terrible. « Tu n’as pas à avoir honte, de rien. Ce qui s’est passé, tu n’en étais pas responsable, tu es juste tombée sur... sur quelqu’un de mauvais, c’est tout. Ce n’est pas de ta faute. Viens-là » il l’attira vers lui, plongea ses mains dans les siennes et leva enfin les yeux vers son visage. Qu’elle était belle, bon sang. Et même en cet instant, il la trouva si jolie qu’il aurait aimé le lui dire, l’embrasser encore et encore, à n’en plus finir, mais ce n’était pas ce qu’il fallait. Il avait encore des choses à lui dire et des questions à lui poser, alors ça attendrait. Il laissa échapper un léger rire et répondit « Pourquoi je t’ai choisi ? Enfin, je t’en prie... Tu as été le meilleur imprévu qui ne me soit jamais tombé dessus. Jusque-là, ma vie était réglée comme du papier à musique, ça en devenait presque agaçant, cette routine dans laquelle j’étais plongé depuis vingt-quatre ans... Et puis tu es arrivée, juste toi, avec ton sourire, ta simplicité, ta beauté. Tu veux que je te dise ? Tu as révolutionné ma vie, Sarah Novàk » et il ponctua sa tirade d’un sourire sincère, d’une bienveillance rare, parce que c’était tout ce qu’il ressentait en cet instant précis.

« Et ça tombe bien, c’est ce que je veux aussi. On va le faire, on va passer le reste de notre vie ensemble, ce sera beau, tu verras » il effleura son visage, glissa une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille, l’observa avec attention. En dépit de son sourire, il était terriblement sérieux, ensemble, ils seraient heureux, plus heureux que n’importe qui. Dans l’esprit de Jacob, tout était tellement facile ! Lui, il n’avait jamais connu de malheur dans sa vie, il avait toujours vécu dans le cocon privilégié des Whisper, alors il ne pouvait imaginer ce qu’avait vécu Sarah, mais ce dont il était certain, c’était qu’elle ne le vivrait plus jamais. Comme elle s’excusait de ne lui avoir rien dit, il haussa les épaules « Ce n’est rien, tu avais tes raisons, c’est du passé maintenant. Tu n’as plus rien à craindre » ce serait mentir que de dire qu’il ne ressentait quand même pas une légère déception de savoir qu’il ne l’apprenait que maintenant, mais ce sentiment disparaîtrait bien vite, dès le lendemain sans doute. Comme il le disait, Sarah avait ses raisons et son silence était légitime. Jacob avait été élevé ainsi, à toujours trouver du bon en toute situation, à pardonner sans mal, et cela pouvait agacer autant qu’amuser. Enfin, il l’étreignit pour de bon, cette fois, la laissant pleurer dans ses bras et il attendit, patient, que ça passe. Quelques minutes plus tard, il lui demanda tout de même « Et cet homme, tu ne sais pas où il est à l’heure actuelle ? Il ne risque pas de revenir à l’improviste pour te récupérer ? » sa question était abrupte, mais Jacob ne pouvait pas tourner autour du pot, pas maintenant, il était trop inquiet. Bien sûr, il ne laisserait jamais une telle chose se produire, mais il devait au moins savoir s’il devait s’y préparer ou non.  

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Jacob & Sarah

On pouvait facilement dire la jeune femme traumatisée après tout ce qu'elle avait vécu. Et pourtant, elle s'est reconstruite, elle a continué à vivre... plutôt recommencer à vivre en fait. Elle est fière du chemin parcouru, mais elle se dit qu'elle va devoir affronter son passé un jour ou l'autre, peut-être pour réussir à fermer définitivement ce volet de sa vie et ne plus avoir peur. Les mots de son homme sont comme un baume sur son cœur effrayé et meurtri. Il l’attire à lui et elle le regarde longuement. Son affirmation sur le fait qu’elle ne sait toujours pas pourquoi il la choisit le fait rire. Il le lui expliquer à sa manière et elle ne peut s’empêcher de sourire doucement. Elle est heureuse de pouvoir lui offrir cet imprévu dans sa vie, c’est sûr qu’avec ses drôles d’idées, ce n’était pas toujours de tout repos. Elle a révolutionné sa vie. C’est ses mots à lui. Il arrivait toujours à la rassurer. C’était fou. Elle lui a aussi dit ce qu’elle voulait, passer sa vie avec lui. À vrai dire, c’était une des rares choses qui avaient toujours du sens pour la jeune femme. Elle l’aimait d’un amour absolu et elle ne voulait pas que ça se termine, elle sait qu’ils seront heureux tous les deux. Il veut cela aussi et son cœur se sent un peu plus léger. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Jacob, le fils de bonne famille était tombé amoureux de Sarah, la jeune orpheline au passé sombre. Il glisse une mèche de cheveux derrière son oreille et lui dit qu’ils seront heureux. Et il lui pardonne. Elle trouve cela incroyable, elle aurait pensé que pour une fois il lui en voudrait un peu, mais non. Il lui dit de ne plus avoir peur. Elle n’osait pas se jeter dans ses bras, elle voulait qu’il puisse prendre en compte la situation par lui-même. Il était important pour elle qu’il le fasse… Elle ne voulait pas qu’il l’enlace par pitié en fait. Ce qui ne fut pas le cas. Il finit par la prendre dans ses bras et la serrer fort contre. Elle ne se fit pas prier pour lui rendre son étreinte. Un sanglot lui échappe tandis qu’elle se blottit contre lui. Elle doit bien avouer que ça a été bien moins pire que ce à quoi elle s’était attendue. Enfin… elle n’avait pas vraiment eu d’idée de la manière dont il réagirait, mais elle avait eu peur, c’est certain… imaginant les pires scénarios dans sa tête.

Après de longues minutes blotties contre lui, il posa l’une des questions à laquelle elle s’attendait. Sarah savait qu’ils en parleraient encore, que Jacob ne pourrait pas simplement les choses comme cela. Il veut savoir si elle sait où il est et s’il y a des risques pour qu’il revienne. Elle retient un instant sa respiration. C’est l’une de ses plus grandes peurs. Elle inspire longuement et puis se lance, parce qu’il le faut bien et parce que son Jacob mérite des réponses à toutes ces questions. "Non, je ne sais pas où il est. Il a quitté l’appartement où on vivait du jour au lendemain. Je suis rentrée un jour du travail et l’appartement avait été presque entièrement vidé. J’ai d’abord cru à un cambriolage et puis j’ai compris que j’étais libre. Tout ce qui avait un brin de valeurs a été pris, même ce qui m’appartenait." Elle se mord doucement la lèvre. Risque-t-il de revenir ? Elle ne peut pas le savoir, mais elle le redoute. Les premiers mois, elle s’endormait tous les soirs en se disant qu’il allait revenir pour l’emmener ou la tuer… ça dépendait des nuits. "Je peux pas non plus répondre à cette question. C’est une possibilité je pense…" Un frisson la pourcoure des pieds à la tête. "Il me considérait comme une propriété, donc c’est une possibilité… une de celle qui m’effraie…" Elle se demande ce qu’elle ferait dans ce cas-là. Serait-elle capable de lui tenir tête ? Se retrouverait-elle dans l’état de peur qu’elle ressentait quand elle vivait avec lui et serait donc incapable de faire quelque chose ? Elle est consciente aussi qu’il n’aurait aucun scrupule à s’en prendre à Jacob… Elle se mord la lèvre encore une fois puis prend le visage de son amour entre ses mains. "J’ai pas beaucoup de réponse… presque que des questions en plus en fait… Mais si tu veux son nom et les informations sur lui, je te les donnerais. Je te raconterais tout ce que tu veux savoir." Ça, ça lui faisait mal de le dire. Elle aurait voulu dans un sens caché cette partie de sa vie dont elle a si honte. Même si Jacob dit que ce n’est pas sa faute et même si elle est en consciente, la honte la ronge quand même. La plupart des gens imaginent que les femmes battues viennent d’un milieu difficile, qu’elles ont été témoin de violence par leur père ou la figure paternelle ou fraternelle de la maison. Ce n’est pas son cas. Elle a été élevée dans l’idée qu’une femme était forte et qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Comment cet homme s’y était pris pour la saper comme ça ? Intelligemment. Elle le savait. Elle était en deuil et il en a profité. Des remarques ici et là d’abord. Et puis des reproches, des mots durs sur ce qu’elle faisait, ce qu’elle ne faisait pas, ce qu’elle portait… et puis ça avait été l’escalade. Et au premier coup qu’elle avait reçu, choquée, elle avait à peine été capable de réagir. Mais elle dirait à Jacob tout ce qu’il voudrait savoir.

Because you need to know.

Sarah & Jacob

Jacob étreignit Sarah qui se laissa faire. D’abord crispée, elle sembla se détendre peu à peu entre ses bras et c’était tout ce que le jeune homme souhaitait, si bien qu’il attendit patiemment qu’elle se sente un peu mieux pour reprendre la douloureuse conversation, notamment au sujet de cet homme, l’ancien compagnon de Sarah, source de nombreux de ses problèmes. Il était inquiet, craignant qu’il ne refasse surface un jour ou l’autre, même si c’était de l’histoire ancienne. Jacob était de ceux qui croyaient que le passé n’était jamais véritablement enfoui, même quand on le souhaitait de tout cœur. Néanmoins, il ne voulait pas effrayer Sarah plus que de raison et il lui sourit avec bienveillance. « Il ne reviendra, j’en suis certain, sinon il l’aurait déjà fait. Ne pense plus à lui, d’accord ? Parce que, maintenant qu’on est ensemble, il ne t’arrivera plus rien. Jamais » et il était sincère, à moitié en tout cas. Il ne lui arriverait rien, parce qu’il ne laisserait rien lui arriver. Et puis, même s’il était stressé de nature, craignant toujours que quelque chose de regrettable ne survienne, il ne laisserait pas la peur le dominer, pas plus qu’il ne la laisserait dominer Sarah. Cet homme était parti et eux, ils étaient restés, et Savannah était une grande ville, suffisamment grande pour qu’ils soient des anonymes parmi les anonymes. Sarah lui assura que s’il le souhaitait, elle pouvait lui donner son nom et des informations sur lui, mais il balaya ces propos d’un geste de la main. Peut-être était-ce simplement parce qu’il craignait, en en apprenant davantage, que tout cela lui apparaisse comme trop réel, trop dangereux, mais toujours est-il qu’il lâcha « Non, ce n’est pas important. Qu’est-ce que je ferais avec son nom ? Je te l’ai dit, il ne reviendra pas » Jacob préférait ne pas savoir, en réalité, c’était mieux ainsi.

Il s’assit sur le fauteuil le plus proche, entraînant la jeune femme avec lui, sans cesser de l’étreindre. Il aurait voulu lui dire que tout irait bien, qu’elle n’avait plus à avoir peur, mais il en était incapable. Parce qu’il ne pouvait prévoir ce qui arriverait, ne pouvait prévoir l’avenir et ne maîtrisait pas toujours tout, contrairement à l’impression qu’il voulait donner. Lui, il était juste médecin. Un médecin qui n’avait jamais commis le moindre mal dans sa vie, pieux et dévoué, un médecin qui élevait rarement la voix, qui se mettait pour ainsi dire jamais en colère, un médecin qui avait grandi dans un univers privilégié, une sorte de cocon, si bien qu’il ne savait rien de la violence. Et encore moins de la violence qu’avait pu vivre la jeune femme. « J’aurais juste une question. Est-ce que... tu me fais confiance ? Je veux dire, suffisamment confiance pour vouloir toujours te marier avec moi ? Parce que je pourrais comprendre que ça soit difficile pour toi, avec tout ce que tu as vécu, si l’idée du mariage te rebute, on peut toujours... je ne sais pas. Repousser, peut-être. On est pas pressé » même si dans le fond, il l’était, parce que Jacob souhaitait ardemment l’épouser, d’autant plus que selon les valeurs inculquées par ses parents, il devait attendre le mariage pour succomber à l’appel charnel. Alors quelque part, oui, il était pressé. Mais si Sarah souhaitait attendre d’être prête, il attendrait, lui aussi.

Because you need to know.

Jacob & Sarah

Un peu tendue d’abord, elle se détendait de manière significative entre les bras de Jacob, il avait le don d’apaiser ses peurs set ses doutes. Elle avait avoué ne pas avoir beaucoup de réponses et surtout ne pas savoir s’il reviendrait ou pas, c’était une peur qu’elle avait mais qu’elle essayait d’oublier. Les mots de son amour la firent se détendre encore un peu, il était certain que cet homme monstrueux ne reviendrait pas. Il lui faisait une promesse, celle que plus rien ne lui arriverait parce qu’ils étaient ensemble. Quelques larmes coulèrent encore sur ses joues, humidifiant les vêtements de Jacob. C’était une belle promesse et même si elle était consciente qu’il ne pouvait pas vraiment, de manière objective, la faire, elle était sensible à l’attention et elle pouvait presque y croire. Elle savait une chose c’est que sa promesse était sincère, il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il ne lui arrive vraiment plus rien de mal. Consciente de ne pas avoir beaucoup de réponses, elle lui dit qu’elle peut lui donner toutes les informations le concernant. Mais il n’en veut pas, cela ne servirait à rien et puis vu qu’il ne reviendra pas, ce n’était pas nécessaire. La gardant dans ses bras, il l’emmène sur le fauteuil et elle est installée sur ses genoux. Toujours blottie contre son torse, elle se sent mieux. En sécurité. Aimée. Quand son ex était parti, elle avait eu peur de ne plus jamais être capable de se sentir en sécurité. Et puis ce sentiment était lentement revenu. Elle avait eu peur de ne plus jamais pouvoir s’attacher à un homme, et la voilà aujourd’hui avec Jacob. Rien ne s’était déroulé comme elle l’avait craint et imaginé… elle en était heureuse mais parfois elle se réveillait le matin en se demandant si tout cela n’était pas un mirage.

Elle leva doucement le visage pour le regarder quand il avoua avoir une seule question. Il voulait savoir si elle lui faisait confiance. Si elle voulait encore l’épouser. Il propose de repousser éventuellement si elle ne peut pas. Elle le regarde longuement, presque les larmes aux yeux une nouvelle fois. Elle prend doucement son visage entre ses mains et vient poser un baiser sur ses lèvres. "Oui, j’ai confiance en toi. Une confiance absolue." Elle lui sourit doucement. "J’ai pas envie de repousser. Je t’aime Jacob et j’ai hâte que le mariage ait lieu, que je sois entièrement tienne." Elle pose la joue sur son épaule et ferme les yeux, profite de ces instants de tendresse infinie qu’il lui offre. Jacob est un homme bon, généreux et il l’aime. "La seule chose qui me stresse un peu, c’est la nuit de noce…" Elle ferme les yeux. "Mais sans trop me stresser non plus. Je sais que tout se passera bien, parce que ce sera avec toi, j’ai confiance en toi mon amour. L’idée du mariage ne me rebute pas, elle me comble de bonheur." Elle se redresse un peu pour plonger ses yeux dans les siens. "Tout ça ne change rien à ce que je voulais. J’avais peur que ça change quelque chose en ce que tu voulais toi. Je suis sûre de moi."

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Sarah & Jacob

C’était une soirée particulièrement riche en émotions qu’ils venaient de vivre et si, Jacob ne s’attendait pas à vivre un tel ascenseur émotionnel, il était plutôt heureux qu’elle lui ait fait part de ce qu’elle avait sur le cœur, même s’il aurait préféré que ça vienne plus tôt, il comprenait qu’elle avait ses raisons et il avait conscience que ça devait être terriblement douloureux à vivre, à supporter. Si elle lui avait avoué toute la vérité – ou ce qu’il estimait être toute la vérité – alors cela signifiait qu’elle lui faisait confiance, et c’était tout ce qui lui importait. Il avait enfin rencontré une femme avec qui il pourrait être lui-même, même si cela signifiait ne pas être tout à fait comme les autres, avec toutes les bizarreries qu’impliquaient son caractère et sa religion. Il n’avait plus à se cacher et à avoir honte d’être celui qu’il était, puis Sarah était heureuse à ses côtés, elle lui avait même dit. Les mots qu’elle prononça le touchèrent profondément et il sourit, les yeux brillants, se disant que tout serait facile par la suite, puisqu’ils étaient ensemble. Dans son esprit, leur avenir était tout tracé, ils vivraient encore quelques mois en tant que fiancés, puis ils se marieraient selon la tradition, ils achèteraient une maison et ils fonderaient une famille, voilà. C’était sans doute terriblement cliché, mais Jacob avait été élevé dans cette optique et s’en détacher n’était pas vraiment évident. Il avait tant baigné dans cette philosophie qu’il ne pouvait imaginer une seconde que ce soit différent.

Elle lui avoua stresser un peu au sujet de la nuit de noces et il tâcha de la rassurer par un sourire. On ne pouvait pas dire que lui non plus était très à l’aise sur cette question, d’autant plus que ce n’était pas l’expérience qui l’animait, mais comme il avait confiance en Sarah, il se disait que ça se passerait bien – là encore, ça ne pouvait que bien se passer. « Ne t’inquiète pas, s’il n’y a que ça, alors tu n’as pas à t’en faire, on se débrouillera » il ne put s’empêcher de rire, on se débrouillera, comme s’il parlait de quelque chose de l’ordre du matériel, comme payer le loyer à la fin du mois ou faire les courses, mais non, c’était complètement différent. Après tant d’émotions, tant de révélations, il avait juste besoin de détendre l’atmosphère et de changer de sujet, et il lui assura « Non, ça ne change absolument rien, je te le jure. Je ne t’aime pas moins après ce que tu m’as dit, je n’ai pas moins envie de t’épouser... » évidemment, il devrait maintenant prendre en compte le fait qu’un homme puisse un jour revenir dans la vie de sa jeune fiancée, qu’il pourrait venir semer le trouble et les empêcher d’être heureux, mais il était prêt à courir le risque, d’autant plus que s’il était parti, cela signifiait qu’il ne reviendrait pas de sitôt. Et peut-être même s’était-il déjà remis en couple avec une autre femme, ou même était-il mort – même si Jacob se trouvait odieux pour avoir ne serait-ce qu’un instant songé à cette possibilité ! – mais il ne voulait se montrer trop optimiste, de peur d’être déçu. Non, il se contenterait d’apprendre à vivre avec cette possibilité et, de ce fait, de savourer chaque jour son bonheur, sans se soucier du lendemain, même si pour Jacob, c’était difficile, voire impossible. Il se promit de faire des efforts. « Bon, et sinon, je n’ai pas pu m’asseoir depuis midi, qu’est-ce que tu dirais de manger un peu ? » il l’entraîna en direction de la cuisine, en se disant que peut-être, si on en parlait pas, le problème disparaîtrait de lui-même.