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Asher Bloomberg

Asher Bloomberg
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MessageSujet: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyVen 27 Avr - 20:39

Lever de rideau. Le carrousel tourne trop vite, gerbe des couleurs à deux-cent à l’heure, donne l’impression de ne pas pouvoir s’arrêter. Il aimerait, Asher, demander à ce qu’on stoppe tout, quitte à ne pas choper le pompon. À ce qu’il paraît de toute façon, il s’est fait la malle, le pompon, s’est entiché d’un autre élément du décor. Une barbe-à-papa, mieux que la pomme d’amour, plus douce, moins écœurante, moins étouffante, qui ne colle pas aux dents, fond sur la langue. Même si la mini montagne de sucre pue la fraise à plein nez, qu’elle en donnerait envie de s’en décoller les muqueuses pour ne plus avoir à respirer. C’aurait pu être simple, une sortie banale en fête foraine, le cœur bien accroché au gré des attractions, a valdinguer au bout de bras de fers tous plus géants les uns que les autres, à se tamponner en auto sur des sons un peu techno. C’aurait pu être simple, en somme, être bon et doux et parfaitement adapté, la petite friandise pour entamer un pas dans l’âge adulte. C’aurait pu, sans le raz-de-marée de catastrophes, d’abord Toad et son mari, puis Ezra disparu, et enfin Elena et un petit bout de lui enturbanné dans un chiffon. Une famille en or, sûrement, à en écrire des poème, des romans. À se pâmer devant la magnificence de la fresque qu’ils dessinent tous ensemble lorsque leurs dessins s’emmêlent. Une roumaine qui revient en ville, fout le bordel dans un sac de nœuds déjà bien remué. Ça en trouerait le bide, pour un peu. Pour pas grand-chose. Merle se tient à distance depuis quelque temps, sourit parfois, évite souvent. Parce qu’Asher ne sait rien faire comme il faut, sûrement. Trop habitué à se prendre des balles perdues qu’il en est devenu un obus, le flic raté, le musicien minable, le fiancé désavoué, l’amoureux éconduit. Trop de merdes et trop de bagages et trop de raisons qu’il aurait de se tirer une balle dans la caboche. Heureusement qu’y a Matei. C’est ce qu’il se dit quand il rouvre lentement les paupières, s’extirpe de sa léthargie pour voir qu’il est déjà neuf heures du soir. Un coup d’œil vers le bas, le bébé ronflote tranquillement à plat ventre sur son torse. Merle a sûrement pris une photo, il le suspecte de les collectionner. Bon, il ne lui en veut pas, évidemment, c’est quasi impossible pour lui de cacher le sourire niais qui lui barre la face quand il examine leurs frasques en spectateur silencieux. Beaucoup trop adorables.
Caïn. Pourquoi ça fait tilt, pourquoi ça revient. Pourquoi ça colle des trucs au creux de son cœur. Caïn, une éternité qu’il ne l’a pas vu. Le seul truc qu’il a pu faire c’est tirer deux trois ficelles pour le sortir du merdier dans lequel on l’avait foutu malgré lui. Une tête pas assez honnête, faut croire, alors qu’il suffi de lui causer deux secondes pour savoir qu’il ne ferait de mal à personne. Putain de monde. Ezra. Caïn. Les destins qui se collisionnent, il aurait aimé trouver le responsable. Tout ce qu’il peut faire, c’est disculper l’innocent. Caïn. Semblant de frémissement au creux des artères, les muscles qui se tendent alors qu’il se redresse lentement, prenant soin de ne pas réveiller Matei. À peine le portable attrapé qu’il pianote déjà, lui annonce qu’il se pointe ce soir sans demander si ça lui va, s’il a autre chose de prévu, s’il a envie ou non. L’autre fois, il lui a posé un lapin, il en est conscient. L’autre fois, il avait dit qu’il passerait puis y a eu les échanges de messages avec Toad et l’overdose. L’autre fois, y a eu une semi demande en mariage passée comme une flèche à côté de sa caboche trop vite, des mots lâchés sans peine, un putain de poids sur les épaules mais l’enclume dégagée du cœur. On s’habitue vite à ne pas être aimé, à ne pas être choisi, à retrouver les ailes qu’on s’était soi-même coupé. L’autre fois, y a eu des heures avant de penser à autre chose. C’est sûrement pour ça qu’il s’est raccroché à Matei comme à un putain de matelas gonflable en plein milieu de la mer, le seul élément décor de son environnement qui puisse vraiment le sauver. Matei et Caïn. « On va voir quelqu’un », il souffle à son fils avant de le mettre dans le couffin, d’attraper une bouteille de vin et refermer discrètement la porte derrière lui, la clé dans la serrure et deux tours avant de s’échapper.

Berceau sur le siège passager, il arrive sûrement trop vite pour un papa qui voudrait rouler prudemment, toujours un œil sur le petit qui dort à côté de lui. Mauvaise idée, vraie mauvaise idée, pas de celles qui t’annoncent de fausses promesses qu’elles ne vont certainement pas tenir. Le carrosse se gare devant le Troisième Œil. Boule dans le bide à l’idée d’en sortir, Cendrillon qui n’a pas enlevé sa tenue de souillon, il attendrait presque l’approbation de Matei pour peu que ce dernier se mette à babiller un semblant de casse-toi. Pas le cas, il fait même route toute berzingue vers l’entrée, accorde un salut aux pensionnaires et se fraye un chemin jusqu’à l’antre du cartomancien. Quatre coups à la porte, il pousse tout doucement, passe un peu sa tête dans l’ouverture. « J’te dérange pas ? » Un murmure, petit sourire aux lèvres alors que la peur lui tord le bide. Peur qu’il lui en veuille, peur qu’il ne comprenne pas. Matei est encore caché, dans son angle mort, impossible à voir à moins de se tordre. « Juste. Promets-moi de ne pas hurler. S’il te plait. » Le sourire qui s’évanouit un peu, son cœur qui tambourine dans des basses presque absurdes tant elles sont graves. Et il ouvre un peu plus, entre dans la pièce avec le couffin toujours dans une main, le dépose délicatement sur une chaise à l’entrée avant de refermer derrière lui. T’sais on s’aime plus mais on a fait un joli truc, là. T’sais c’est pas grave, il s’en remettra, vaut mieux deux parents esquintés et pas amoureux qu’aucun parent du tout. T’sais, j’aimerais bien que tu m’aides un peu à le faire grandir. T’sais, j’ai toujours le cœur qui pulse à vive allure quand je te regarde, bizarre pour un truc qui s’est pété trop de fois, dont la dernière il y a quelques jours à peine. « Je sais même pas par où commencer », il souffle juste alors qu’il se laisse tomber sur le sol contre le mur, la bouteille qui claque quand son cul rencontre le parquet. Peut-être commencer par Caïn. À lui de parler.
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Caïn Devaux

Caïn Devaux
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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyDim 3 Juin - 20:12

Faire des cartons ça n’a jamais été très compliqué. Pas attaché pour deux sous aux endroits où il s’est toujours posé, habitué à bouger, nomade dans le sang. Ouais. Faire les cartons ça n’a jamais été très compliqué pour Caïn, ou ne pas en faire du tout, tant que l’essentiel tient dans ses poches. Mais faire les cartons des autres ? Toute une histoire. Y a comme un goût d’amertume quand il empile les affaires de Bambi, chambre devenue trop vide, elle a laissé des miettes d’elle un peu partout : un livre sur l’astronomie, un foulard encore teinté de son odeur, un bijoux qui traine sur un bord de table de nuit. Bambi Bambi Bambi ça le hurle de partout dans la pièce, alors que l’intéressée n’est plus là. Disparue, envolée, la biche qui a quitté le nid, plus un faon à protéger. C’était qu’une question de temps et pourtant égoïstement il pensait pouvoir la garder à jamais, gamine miniature qui tenait dans ses fameuses poches.
On lui a d’abord mis la disparition de la blonde sur son dos, récidive il aurait fallut tuer les deux sœurs pour être satisfait. D’abord Swann à New York puis Magdalena à Savannah. Tu parles. Des heures en garde à vue, les allées et venues incessantes de la police, les questions sans réponses et l’impression de retomber dans un cauchemar. Puis l’enquête a avancé, ils ont fini par comprendre qu’il n’y était pour rien et ont accepté de le relâcher, sans le menacer bien entendu comme d’habitude. Foutus policiers. Ca n’a jamais été sa tasse de thé. Sauf Asher paradoxalement. Sacré tasse de thé. Ptêtre pas celle qu’il lui faut en ce moment. Il n’en sait rien. Il ne sait plus grand-chose Caïn, dans son vide envahissant, comme perdu dans une autre dimension, ne réagissant aux stimuli extérieur que par de vagues grognements.
Alors on lui a dit qu’il serait peut être temps, tourner la page, souvenir de ces deux jours passés dans la Caravane, mots de sa mère accroché à son cerveau, comme une vague hallucination temporelle. L’accent cajun qui roule au creux de ses oreilles, la carte qui tourne encore et encore chaque matin, chaque soir, chaque tirage, sans cesse. Ca le nargue. Il faut tourner la page Caïn. Maintenant. Nouveau cycle, nouvelle vie, nouveau XIII. Et il essaye. En faisait ces foutus cartons de babioles diverses, cadeaux amassés au cours des années passés ensemble, des gribouillés accrochés à même le mur, de mots laissés le matin ou le soir, des blagues entre eux, morceaux de journaux découpé. Il arrache tout. Pas brutalement. Non. Délicatement, empile le tout bien précieusement, ferme les cartons avec le scotch et y grave le nom de la disparue à l’encre noir sur le dessus. Pour pas oublier. Quand il a finit Chief passe les chercher, les emporter dans un endroit où Caïn n’aura pas la clé, simple mesure de sécurité. Pour essayer de s’empêcher de fouiner il finit par s’enfermer dans son cabinet, pas de client, juste des vagues feuilles de papier à dessiner, des idées qui valsent dans son crâne, besoin d’expirer.
Il dessine Caïn. Encore, encore, frénétiquement. Il dessine des formes incompréhensibles, visages qui se perdent dans les spirales, trainées de rouges et de bleues sur le papier, des traits sans queue ni tête pour quiconque ne partage pas la moitié de cerveau avec lui. Il perd la notion du temps, musique en fond pour le faire voyager, volets fermés comme à son habitude il n’entend pas Asher arriver. Il n’entend pas les coups contre le bois, il n’entend pas la porte s’entrouvrir, sourcils froncés perdus dans la contemplation de son marasme plaqué sur papier. J’te dérange pas ? Ca le fait sursauter, lâcher sa plume qui déverse de l’encre de façon incorrecte sur ce que son cerveau vient de vomir. « Putain » ça lui échappe quand il relève la tête, le cœur qui bat fort, les yeux qui papillonnent avant de dévisager Asher. Putain Asher. Il avait oublié avec tout ça. Les sms envoyés, sans vraiment d’explication ni rien, répondu entre deux allez retour à l’étage, avant de ranger le téléphone dans la poche de son blouson. « Non non pardon rentre t’en fais pas » un tu dérange jamais implicite et le pâle sourire qui s’étend sur ses lèvres, il ramasse sa plume et la repose dans l’encrier avant d’essuyer ses mains tâchées sur son jean déglingué.
Juste. Promets-moi de ne pas hurler. S’il te plait. Y a quelque chose d’étrange sur le regard d’Asher, prémonition qu’un truc a bougé, qu’est pas à sa place vraiment, mais Caïn ne sait pas encore quoi. « Depuis quand je hurle moi ? » qu’il marmonne avant de soupirer. Trop fatigué pour quoi que ce soit de toute façon, il dévisage Asher entrer, les yeux qui vont de ses yeux jusqu’à ses mains, le couffin en évidence qu’il pose sur une chaise.
Il comprend pas Caïn. Là il comprend vraiment pas.
Je sais même pas par où commencer souffle Asher avant de se laisser tomber au sol, l’air vraisemblablement aussi épuisé que lui. Et pendant un instant il n’y a plus un bruit. Plus rien. Puis les babillements du bébé qui emplissent l’air doucement et qui semblent ramener Caïn à la raison. Il pensait avoir tout vu. Mais là, ça dépasse son imagination. « T’as volé un gosse ? » qu’il demande, incrédule, persuadé qu’Asher est totalement entrain de déraper. « Rassure moi c’est pas le cas hein ? Parce que si oui, je pense que j’ai tous les droits de hurler » qu’il balance, avant de s’enfoncer un peu plus dans son siège, les bras croisés sur sa poitrine, regard rivé sur Asher pour qu’il lui explique qu’est-ce que c’est que tout ce bordel qu’il est entrain de lui amener.
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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyMer 13 Juin - 19:38

La peur se greffe au moindre bout de peau. On ne croirait pas comme ça mais c’est beaucoup, de venir ici ce soir avec son gosse dans les bras et son cœur sur les lèvres, à ne pas savoir par quel morceau commencer pour que ça semble moins indigeste. Ça lui fait quelque chose d’entendre Caïn, même quand il incendie le ciel parce qu’il a fait un mouvement trop brusque et que son encre s’est renversée sur le papier. Il a l’impression que ça fait une éternité qu’il ne s’est pas retrouvé seul avec lui, mini poignard dans la poitrine, l’impression d’être un ami en carton aussi, le genre de pote qui n’est bon qu’à se plaindre mais jamais à aider. Ce n’est pas le cas pourtant et il le sait, à force d’avoir tiré beaucoup trop de ficelles et joué des coudes pour qu’on lui foute la paix. Ça s’était terminé en verre chez Fred, à se prendre des geysers de souvenirs en pleine gueule, un soir de printemps avec son meilleur pote à taper sur des fachos et s’embrasser dans une cabine de toilettes. Il ferme les paupières, laisse sa tête basculer en arrière pour frapper contre le mur, petits coups réguliers, il pourrait en crever tellement ça lui fait mal. Tout. Ses parents, Maxine, New-York, son boulot, Scarlett, Samuel, Toad, Elena, Caïn. La vie. Ça lui creuse un genre de foyer dans la poitrine, une planque sale où germent les bactéries, où l’infection prend naissance pour se propager lentement. Un mal de chien à s’amputer le membre gangréné avec un couteau rouillé pour ne pas repenser à une certaine soirée et à eux deux sur la banquette qui prend la poussière dans un coin de la pièce. C’est toujours comme ça avec Caïn, depuis. Depuis ça, depuis eux, depuis le matin dans les bras l’un de l’autre qui n’avait même pas semblé inopportun, depuis les mots doux murmurés au creux de l’oreille et les baisers décimés sur la nuque. Respire, le crâne qui repose contre le mur, respire, c’est ce qu’il se répète comme une rengaine maladive alors que Caïn reprend la parole et que quelque chose se brise. Il aimerait qu’ils soient ensemble, là, tout de suite. Vraiment ensemble. Pas comme deux potes qui s’échangent des banalités ni même deux inconnus qui se sont croisés dans un bar, un jour, pour ne plus jamais se quitter. Comme davantage. Tout ce qu’il veut depuis un peu trop longtemps et que Caïn ne lui a jamais donné, à cause de Swann, de Bambi, de plein d’interférences à s’en faire péter des acouphènes dans les oreilles. « T’auras peut-être envie d’hurler même si j’l’ai pas volé, note », sourire au bout des lèvres alors qu’il plante ses yeux dans ceux du cajun. Ça lui pique les dents, l’envie de tout déballer mais de ne rien dire, un joli foutoir qu’il n’essaie même pas de mettre en ordre ni de comprendre. Maintenant qu’il est là, il a fait un trop gros bout de chemin pour laisser tomber, ne pas donner à son ami la vérité qu’il lui doit amplement. « C’est le mien », il murmure. Comme une évidence. C’est le sien et il a ses yeux noirs, ses jolies lèvres, il a sa fossette au menton et son caractère de cochon. C’est le sien et ça pourrait être le leur, si seulement Caïn pouvait passer outre, oublier, ne pas s’offusquer que ce soit le sien et celui d’une nana qu’il connaît un peu trop bien. « Elena est revenue en ville. Avec lui. J’étais pas au courant qu’elle était enceinte quand elle est partie. »  Sinon quoi, au juste ? Est-ce qu’il aurait vraiment pris la peine de la retenir, tenter de lui faire comprendre qu’elle pouvait rester ? Ou est-ce qu’il aurait fait exactement la même chose, l’enchaînement vaseux de ses actes et de ses paroles pour finir frissonnant au petit matin dans les bras de Caïn ? Il l’aime, mais pas assez, mais mal, mais trop, y a un nombre incalculable d’adjectifs qui se greffent pour essayer de décrire ce qui bat dans sa cage thoracique. Une chose de sûre, c’est qu’il aime Matei. Et Elena… « On s’déteste toujours, je suppose. » Ils ne se sont jamais détestés, pourtant. Ils ont fait beaucoup de choses ensemble mais s’il y a bien un truc qu’ils ne connaissent pas, c’est la haine. D’eux, de l’autre. Un pieu mensonge ne fera pas de mal, cette fois. Autant simplifier l’histoire, si possible. Soupir las, il tapote le sol du bout des doigts. « Donc, voilà. » Le point final est moche, sonne mal, comme si la gaucherie d’Asher transpirait de ses mots, sa peur de mal faire, sa peur de faire tout court. De vivre. Le frisson toujours sur l’eau dormante, pas avide de beaucoup plus pour sillonner des tornades dans l’azur. « J’avais besoin de te voir, j’sais pas. » Sa voix se casse un peu alors qu’il ferme les paupières, repose de nouveau sa tête contre le mur. Il sait pas, c’est ce qui résume le mieux sa vie actuellement. Elena il sait pas, Toad il sait pas, Merle non plus, Caïn putain il sait encore moins. Comme il en est arrivé à enchaîner les équations à plusieurs inconnues, comment il est parvenu à un tel niveau de catastrophisme ? Y a qu’avec son chien qu’il se sente bien, pas étonnant qu’il ait toujours envie de percer un trou entre ses deux yeux. « J’t’ai ramené une bouteille. » Du coq à l’âne, la bouteille qui racle le sol alors qu’il la pousse vers le cajun, même s’il est toujours perché derrière son bureau. Il ne peut pas dire qu’il n’a aucune idée derrière la tête, en réalité. Il sait que Swann est partie, il sait que Bambi aussi. Et il a lu le message de Caïn une bonne centaine de fois, les choses changent, ça ferait tilt s’il n’avait pas foutu ses espoirs à la poubelle depuis longtemps. C’est même plus une possibilité. C’est même plus quoi que ce soit. Même si c’est tout ce qu’il lui reste. Il garde les yeux fermés, les genoux repliés et les mains croisées sur son ventre. Être juste là avec lui, c’est déjà bien. Personne pour les briser à part eux-mêmes, ils savent si bien faire. « Ça va toi, love ? » Il souffle, rouvre un œil taquin sur lui, esquisse l’ombre d’un sourire. Love.
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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyDim 15 Juil - 23:42

Asher c’est compliqué, quelque chose de différent, bordé de et si d’un avenir qu’on pourrait lui offrir, quelque chose de calme, de posé. Quelque chose où la culpabilité s’effacerait avec le temps, sans violence ni haine, pas de coup de dents, de coups de griffes. Asher il a du mal à cerner le tout, l’impression que ça ferme une porte pour en ouvrir une autre. Cycle après cycle. Il sait pas s’il est prêt pour ce genre de chose, tirer un trait sur des années de dévotion, d’oubli total, un monde à trois qui n’est plus que cendres aujourd’hui.
Mais il y a Asher. Asher qui va et qui vient. Asher si fragile, plus fragile que lui, un peu comme du cristal, à vibrer au son de la vie. Ca lui fait peur Caïn, parfois, de se dire qu’il pourra se briser pour une note lancée un peu trop fort. Il l’imagine souvent, comme cette fois où il a reçut son message avant qu’il ne se passe la corde au cou, éclaté par terre, mille morceaux de lui. Ca fait peur. Il sait pas s’il est prêt pour des choses pareilles, une telle responsabilité, l’impression d’être Atlas un peu plus chaque jour, de porter sur ses épaules un fardeau qu’il préférait parfois abandonner. Mais il ne le fait pas. Même maintenant alors que son regard se pose sur le gamin, que son cerveau calcul dix milles possibilités, la fatigue soudain trop présente de ce que ça peut signifier. T’auras peut-être envie d’hurler même si j’l’ai pas volé, note. Peut-être oui. Mais c’est pas son genre. Celle qui hurlait c’était Swann, l’ouragan, la tempête. Lui il était le roseau, à plier doucement, attendre la fin de la crise, se redresser lentement quand tout était finit pour la prendre dans ses bras, embrasser son front, son nez, ses lèvres pour la calmer. Alors il se contente de secouer la tête, dévisager Asher, attendant la suite de son histoire même s’il devine sans doute déjà la chute.
C’est le mien
Bien sur que c’est le sien. Bien sur. C’est évident. Pourquoi est-ce que ça ne l’étonne même plus ? Qu’est-ce qui pourrait l’étonner maintenant hein ? Plus grand-chose, l’impression d’avoir tout vu, tout entendu. Elena est revenue en ville. Avec lui. J’étais pas au courant qu’elle était enceinte quand elle est partie.
Ca par contre il s’y attendait pas.
S’il avait un verre entre les doigts surement qu’il aurait tout lâché. Ila envie de tout lâcher. Il doit prendre sur lui, vraiment sur tout ce qu’il possède de sang froid pour pas laisser paraitre sa surprise. « Ha. » Parce qu’Elena c’est autre chose. Elena c’est plus compliqué. Elena c’est le goût de la culpabilité qui revient comme une vague dévastatrice, c’est un autre trou dans le cœur. Elena Elena Elena comme il a pu lui faire ça ? Il avait oublié, égoïstement, avec tout le reste, profité d’un abandon de plus pour tout ranger dans un morceau de cerveau. Elena et Asher. Leur gosse. Leur putain de gosse. Le regard rivé sur le gamin dans son berceau, essayer de chercher la ressemblance, pas oser dire qu’il ne voit pas la chose, juste une tête un peu écrasée, similaire à tous les autres bambins de son âge.
On s’déteste toujours, je suppose. « La moyenne nationale parentale » qu’il répond un peu du tac au tac, les yeux dans le vide, incapable de regarder Asher vraiment, tenter d’avaler la pilule. Mais elle passe pas. Rien qui passe. Il comprend pas. L’impression que la vie vient de lui foutre un coup dans les dents pour lui faire regarder les choses en face : mec t’as trente ans, pourquoi tu grandis pas comme les gens.
Donc, voilà. Ouais. Voilà. Voilà. Les mots qui manquent, l’air aussi un peu, il se sens las, usé, fatigué. Il voudrait tourner le dos, refermer la porte et que tout ça ne soit jamais arrivé. Il voudrait aussi féliciter Asher, sourire comme l’ami qu’il est, fier de sa réussite. Réussite. Tu parles. Allez. Tu peux le faire. Il prend de l’élan, inspire un grand coup, étire les lèvres, c’est sincère, ou presque. « Félicitation alors ? Où désolé pour toi ? Faut dire quoi dans ce cas-là ? » parce qu’il sait pas Caïn. Y a que Darja qu’il a félicité pour ça. Pour Lenny. Alors il le regarde, cherche les réponses comme il peut dans les yeux d’Asher. Pincement dans la poitrine.

J’avais besoin de te voir, j’sais pas. Il sait pas plus Caïn. Paradoxal pour un gars qui se vante d’être devin. Mais il sait pas plus non, encore moins quand ça le concerne aussi, aveugle comme Œdipe quand ça touche à sa vie. J’t’ai ramené une bouteille. Les doigts qui attrapent la bouteille par réflexe, alcool, alcool, alcool. Encore. L’envie de se la descendre là tout de suite, effacer le trop pleins de sentiments dans son corps fatiguer pour oublier, se reposer, ne serait-ce qu’une soirée. Mais y a ses yeux qui se posent sur l’enfant, l’impression soudain qu’il faut se tenir un peu plus droit. C’est bizarre. « Merci » qu’il finit par articuler, avant de la reposer sur le bureau, les doigts qui se croisent entre eux, essayer de faire quelque chose d’eux, ne pas les laisser ballant. Contrôle.
Ça va toi, love ?
Contrôle.
« Asher… » Love Et ça fait mal. Mal. Mal. Et ça fait tellement mal. Love. Puis Elena qu’est là. De retour. Elena. Ca résonne.
Comme un rire qui transperce sa gorge alors qu’il se laisse retomber en arrière, main sur son visage, pour cacher la détresse. « Fais pas ça Asher tu peux pas » il tremble, un peu trop, craque, surement trop. Atlas qui perd le monde, ça dégringole de ses épaule, ça l’écrase sur la route, plus rien que de la bouillie d’os et de sentiments. « Tu peux pas débarquer avec ton gosse. Avec le gosse d’Elena, m’appeler Love comme ça. » parce que ça remue trop de truc en lui, des trucs qu’il comprend pas. Des truc qu’il aime pas ou qu’il aime un peu trop. « Je fais quoi avec tout ça moi ? » avec ces mots, les sentiments, la peur, la colère, la culpabilité. Putain de culpabilité. Au diable la culpabilité c’était ce qu’il avait dit la dernière fois. Tu parles, ça revient comme un boomerang dans la tronche, il a jamais eu aussi faux de sa vie.
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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyLun 16 Juil - 1:09

Il est une boule de cristal à lui tout seul, Caïn, capable de laisser entrevoir les moindres recoins de son âme rien qu’en clignant des yeux, peut-être parce qu’Asher le connaît trop ou simplement parce qu’il lui a permis de le connaître à ce point-là, de percer les secrets de son âme. Pas de carte de tarot, pas de tour de passe-passe. Pas cette fois. Juste eux deux, le flic sur un bout de parquet et le tatoueur derrière son office, à regarder le vide comme si ça le captivait, peut-être bien que c’est ça. Peut-être bien aussi que c’est la pilule qui a un peu de mal à passer, le fait qu’il ait mélangé son ADN avec celui d’Elena pour créer cet être minuscule qui s’agite un peu à quelques mètres d’eux. Dire qu’il aurait aimé que Caïn le prenne bien est un euphémisme. Y a plus que Merle et lui pour ratisser les jolies choses, pour qu’il n’ait pas que des pommes pourries à piétiner. Plus qu’eux deux et c’est trop mince, trop rien, trop insignifiant, plus qu’eux deux et c’est trop important, beaucoup, beaucoup trop important. Il ne sait pas Caïn, sans doute, il ne sait pas à quel point il a manqué et à quel point il manque encore cruellement, trop souvent, quand les nuits se font semaines avec les insomnies, quand il aimerait juste agiter un drapeau blanc, qu’on lui accorde un temps-mort, qu’on le déleste de tous ses fardeaux qu’il se coltine de façon permanente, il ne sait pas, il ne peut pas savoir, à quel point il a eu envie de toquer à sa porte et se laisser couler contre son corps jusqu’à fusionner, à quel point il a crevé de rêver à lui pour ne plus penser à autre chose. Plus de Toad, plus d’Elena, plus de Matei. Juste Caïn, Caïn, ses cartes et son encre, un bout de soleil même s’il resterait sûrement sous le parasol, Caïn à l’autre bout du monde, Caïn même après des dizaines d’années quand ils seront vieux et décrépis et qu’ils n’auront plus vraiment personne pour les aimer.
Il ne sait pas.
Comment pourrait-il savoir.
« M’félicite pas », c’est un soupir fatigué qui s’extirpe de ses lèvres, il ne mérite pas de compliments pour avoir juste joui au bon moment. Ou au mauvais, s’entend. De quelque point de vue que ce soit, il n’est pas celui qui a fait le plus d’efforts dans le processus. Même si quatre kilos n’ont jamais pesé aussi lourd. Amer, si les mots pouvaient tuer, Elena serait déjà enterrée pour avoir pondu le gosse sans qu’il ne le sache. Mais à dire vrai, il sait parfaitement qu’il a sa part de responsabilité : il ne peut pas lui en vouloir d’avoir simplement gardé le silence. Et c’est peut-être le point qui blesse, le fait de ne pas avoir de coupable à montrer du doigt. Juste deux adultes qui ont couché ensemble en connaissant pertinemment les risques. Le joli risque. Il ne sait pas s’il lui dira un jour qu’il était un loupé, une erreur de calcul, un bug dans le programme, un plan Z derrière tous les autres qu’il aurait pu prévoir. Ou plutôt, il sait qu’il ne le fera pas, qu’il préfèrera lui dire qu’il était une chance, qu’il lui a changé la vie, qu’il l’a bouleversé sans même le vouloir. Parce que c’est vrai, putain. Aussi vrai qu’y a Caïn à deux mètres de là et que déjà, le cœur d’Asher se met à tambouriner.

Aussi vrai qu’il a tout fait foirer.

Slalom. Putain regarde le, Caïn. Putain l’accuse pas sans plonger tes yeux dans les siens et tenter de comprendre ses raisons. Il sait qu’il fait tout de travers, Asher, qu’il n’a jamais les mots qu’il faut et qu’il déraille trop souvent, qu’il devrait faire attention, tenter de choisir un peu mieux ses mots, de prendre les bonnes décisions, juste une fois. Il le sait, mais il n’est pas désolé. Ça sonne trop juste, love, ça sonne comme une promesse, des demains et des toujours, ça ressemble à un futur dont il aime étrangement la couleur et il ne compte pas s’excuser une fois de plus, se planter devant Caïn avec l’air penaud d’il y a quelques mois pour simplement lui annoncer qu’il est amoureux de lui. Y a que la panique du cajun qui lui fait un peu céder du terrain, le pousse dans des retranchements trop familiers, les paumes qui s’appuient contre le sol pour le pousser vers le haut et le faire accoster en un millième de secondes à côté de son ami, bientôt agenouillé près de sa chaise. « Caïn », il commence doucement, cherche un point de repère quelque part sur son visage même s’il se cache les yeux, même s’il ne semble pas vouloir l’affronter. Ses paumes se posent sur le cajun, à l’épaule, au bras, love, incapable de savoir si Caïn s’aperçoit de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font, de ce qui battra toujours aussi cruellement entre eux même s’ils laissent des années entre leurs différentes entrevues. Peur de boire la tasse, il avale une trop grande inspiration. C’est le moment ou jamais pour tout déballer, tout donner, tout avouer, le moment pour se comporter comme un ami digne de ce nom en étant simplement honnête. « J’suis sorti avec Toad. Le pasteur. J’sais qu’tu l’connais, il a tes dessins tatoués partout sur lui. J’suis plus avec depuis… chais pas, six mois ? Ça s’est mal fini, ça m’a plombé. Puis y a quelques semaines, j’ai croisé Elena par hasard. J’savais pas qu’elle était là, j’savais pas qu’on avait un enfant. On n’est pas ensemble. J’suis avec personne. » Il sait qu’il lâche tous ces aveux sans qu’ils ne s’articulent vraiment, sans qu’il y ait de logique entre eux. Il sait aussi que Caïn s’en moque peut-être complètement. « J’ai cru comprendre qu’c’avait pas été génial pour toi non plus. Et j’suis désolé. Vraiment. » Pour Bambi, pour Swann. Pour tous les actes manqués auxquels il n’aura plus jamais le droit. S’il est une personne sur terre qui aurait dû avoir droit à son happy ending, c’est bien lui. « Mais j’vais pas m’excuser de t’avoir appelé love. Mes sentiments pour toi n’ont pas bougé d’un millimètre, Caïn. » Après tout ce temps, putain. Quoi, un an. Une éternité, merde. Doucement, il laisse sa paume s’attarder sur son épaule, s’agripper un peu à la manche de son t-shirt. « J’prendrai c’que tu m’laisseras. J’suis pas difficile. » Y a un sourire au bout de la confession, et il écrase un baiser contre son bras. Pleure pas pour lui, Caïn. Il détesterait ça.
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Caïn Devaux

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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyDim 12 Aoû - 23:23

M’félicite pas. Pourtant c’est ce que font les amis dans ce cas-là. Ils félicitent le futur père, donnent des grandes tapes dans le dos, offrent des coups à boire – sans doutes les derniers avant quelques années – . Mais les mots ne viennent pas, sans doute le choc, ou juste la lassitude qui s’empare un peu de lui, mauvais jouer, mauvais perdant, mauvais tricheur aussi. Lassitude d’un jeu qui ne veut pas de lui, 16 ans qu’il joue selon les règles et qu’il se fait entuber en beauté. 16 ans qu’il ne fait que foirer.
Ce soir c’est un nouvel exemple à inscrire à l’historique des échecs.
Au fond il s’attendait à quoi. Surement pas à ça non, mais à quelque chose de pas trop différent, pas si loin. Alors il ne le félicite pas. Pas plus que ce qu’il a déjà réussi à sortir. Il ne le félicite pas, il ne l’insulte pas non plus, ne lui fait pas la morale pour avoir merdé aussi royalement. Il sait plus trop Caïn. Peut être qu’il n’a jamais su au fond.
Tout qui craque, qui claque, les mots, les aveux teintés de peine. Tout qui claque, il voudrait partir, tout fermer, fermer son cœur pour des années, le temps de se reposer. Il sait pas. Encore une fois, on en revient là-dessus. Il ne sait pas ce qu’il veut Caïn, dans ce mic mac d’émotions, de sentiments dégueulés avec pour seul témoin un bébé qu’a rien demandé. Caïn. Il veut pas, il ne regarde pas. Trop perdu, trop loin, vague de brouillard dans les yeux et les oreilles.
J’suis sorti avec Toad. Le pasteur. J’sais qu’tu l’connais, il a tes dessins tatoués partout sur lui. J’suis plus avec depuis… chais pas, six mois ? Ça s’est mal fini, ça m’a plombé. Puis y a quelques semaines, j’ai croisé Elena par hasard. J’savais pas qu’elle était là, j’savais pas qu’on avait un enfant. On n’est pas ensemble. J’suis avec personne. Les informations qui viennent quand même de force, qui s’enchainent, s’entassent dans son cerveau fatigué. Ca parle de Toad, il fronce les sourcils, se rappelle de l’homme, des heures passées sur sa peau tatouée. Ca parle d’Elena aussi, de mélanges, de liberté. Ca parle de choses compliquées, et pourtant il commence à comprendre un peu. Je suis avec personne. Surement que dans une autre situation ça l’aurait fait rigoler. J’ai cru comprendre qu’c’avait pas été génial pour toi non plus. Et j’suis désolé. Vraiment. Là il rigole. Ca lui arrache un truc pas beau, un rire mauvais, blasé, lassé. Non. Clairement. Ca n’a pas été génial. Les heures passées au commissariat, comme une putain de blague qu’on refait chaque année, quand on lui a foutu des disparitions inexpliquées sur les bras. Faut croire qu’avec sa gueule de marginal, il n’aura jamais vraiment la paix. Ouais. Donc non. Ca n’a pas été génial. Cœur cassé, cœur brisé, cœur volé. Les deux qui se sont cassées avec chacune une moitié, ça mettra toute une vie surement à cicatriser. Il se demande si Asher le sait. Mais j’vais pas m’excuser de t’avoir appelé love. Mes sentiments pour toi n’ont pas bougé d’un millimètre, Caïn. peut être pas. Putain. Putain. Ca grimpe dans sa gorge, ça lui serre les tripes, les entrailles. Il lève la tête pour dévisager le gamin dans son berceau encore une fois, claque de la réalité, il sent ses mains qui tremblent, se retient de se verser un verre d’alcool trop grand pour compenser. J’prendrai c’que tu m’laisseras. J’suis pas difficile. le contact prolongé, baiser sur son bras qui le fait frissonner, à croire que les rôles sont inversés, à cette fois dans les toilettes du bar, c’est lui qu’hésite, c’est lui qui tangue, c’est lui qui chute. « J’ai pas grand-chose j’en ai bien peur » qu’il arrive à articuler, solide, statue, il ne bouge pas. « T’es pas difficile mais t’es humain, un peu trop, plus que beaucoup de gens » parce qu’Asher a cette putain de sensibilité aussi aiguisée qu’un rasoir quand il s’agit des autres, ça a finit par lui passer la corde au cou, lui croquer un tronçon de vie, ça fait flipper. « Tu pourrais ? Te contenter d’un bout ? De restes ? de miettes ? » les yeux qui se perdent dans ceux du flic, il cherche des réponses à ses questions, il sait plus, encore une fois. Inconscient. « Y a plus rien de moi Asher. Plus rien. De la poussière. C’est pas agréable comme sensation tu sais ? » Il a jamais su aimer Caïn, ou alors peut être un peu trop fort, peut être qu’il a déjà tout épuisé, que Swann et Bambi on sucé ce qui coulait dans son cœur jusqu’à le déshydrater ces dernières années. « Toad ? » qu’il finit par demander, un brin de curiosité quand même, qui lui tire les traits. « Ca y est tu les aime tatoués ? » comme une blague pour essaye de détendre une atmosphère saturée.
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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyLun 13 Aoû - 0:56

C’est doux, d’être dans le bureau de Caïn, même si c’est pour se faire du mal, poupée vaudou entre ses paumes. C’est doux parce qu’il y a un parfum trop familier de sauge et de mystique, parce qu’il y a les vieux murs jaunis qu’ont l’air de raconter des choses, parce qu’il y a la banquette défoncée dans un coin, dernier témoin des miettes de leur amour. C’est rassurant aussi, comme rentrer à la maison après trop de temps passé à l’extérieur, comme accepter qu’on fait partie de quelque chose qui nous dépasse et qu’on a une place quelque part entre les bouquins d’époque et les dessins gribouillés à l’encre de Chine, c’est chaud et paisible et réconfortant, un bout de lui qui se remet au bon endroit sans qu’on ait eu à l’y contraindre, naturellement. Les deux pieds dedans, comme on saute dans des flaques quand on est gosse. Il aurait aimé connaître Caïn à l’époque où il n’était pas encore Caïn, pour peut-être le façonner un peu autrement, peut-être s’en garder un bout d’argile au bout des doigts, histoire de le retrouver des années plus tard. Intact. Il a envie de le serrer contre lui, et ça n’arrive pas souvent, ce besoin urgent de toucher une autre peau et pas parce qu’il a besoin d’un contact mais parce qu’il hurle viscéralement pour celui-là, parce qu’il y a au creux de ses tripes l’intime conviction qu’y a que lui qui pourrait lui faire peut-être oublier Toad un jour, qui pourrait l’empêcher de penser à Elena comme ça, qui pourrait lui donner une porte de sortie et une envie de prendre le large, la clé des champs, à deux sur une embarcation minuscule qui gigoterait à tous les vents. Mais ils seraient bien. Il a envie de le serrer contre lui mais il se retient, pas sûr que la coquille de noix se soit déjà changée en navire. Faut encore hisser la voile. Faut encore s’écarter de la rive. Et composer avec tout ça. Avec Toad, avec Elena, avec ce qui claque des ouragans dans son ciel de vacances, qui manque de ternir l’itinéraire, tâche grise au milieu du cyan. Radeau au milieu de l’océan. Pas celui de la Méduse, il ne résisterait pas à un nouveau naufrage, pas un nouveau pasteur. Ironique quand on sait que sa phrase de rupture consistait à dire qu’il ne voulait pas d’un nouveau Caïn. Peut-être parce qu’il veut l’ancien.
Peut-être parce qu’il a toujours su qu’il était fêlé, fissuré, que la coque prenait l’eau et qu’ils risquaient de ne pas faire cent mètres avant de couler, peut-être parce qu’il a toujours pensé qu’il pourrait le raccommoder sans jamais baisser les bras, sans jamais désespérer, pas à l’abri qu’un miracle se produise et sinon. Sinon y aurait toujours eux. Eux deux et rien d’autres. Eux deux, un bout d’Amérique et le reste de la vie. Bien sûr qu’il n’a pas grand-chose. Il n’a jamais demandé un troc équitable, Asher, un bout de sa vie contre un bout de celle de Caïn, c’est peut-être ce qu’il a compris avec un an de retard. Et y a sûrement qu’avec lui qu’il accepterait des bouts, des fragments, qu’avec lui qu’il s’en contenterait. Qu’il dirait oui aux silences et se tairait face à l’absurde. Et il pourrait lui dire, immédiatement. Interrompre sa litanie parce que ça ne sert à rien d’argumenter davantage, parce que rien de ce que pourra dire Caïn ne surpassera la façon absolue qu’il a de consentir à n’importe quoi venant de lui tant que ça les rend heureux, tant que ça les maintient en vie. Il pourrait, mais il le laisse parler, se redresse sur ses pieds pour finalement s’appuyer contre le rebord du bureau, juste en face de son ami, et l’écoute, l’écoute, l’écoute, comme pour percevoir la moindre trace de doute, de rejet, comme y a un an, comme quand il lui avait dit qu’il ne l’aimait pas autant. Mais y a rien. C’est peut-être de ça qu’il parlait quand il disait que les choses changeaient. Asher pourrait le croire qu’il ne doutait pas autant, constamment. Si ça ne réveillait pas en lui des souvenirs, les chiottes du bar et le réveil au Troisième Œil, les baisers soufflés dans l’intimité de la nuit et le rien du lendemain. Il pourrait. Il hésite. C’est la question sur Toad qui le tire de sa léthargie, le laisse échapper un rire du bout de ses lèvres. « Faut croire que j’ai un genre de mec, ouais. »  Ses dents agacent sa lèvre inférieure alors qu’il baisse les yeux vers le tatoué. Y a rien qu’a bougé, ouais. Même avec Toad, même avec Merle, même avec Elena. Ils ont toujours su s’aimer, tous les deux. Toujours su se trouver quand personne d’autre ne pouvait le faire, quand le reste du monde se contentait de cramer juste à côté. « J’pourrai. » Et c’est dit tout doucement, la voix basse. Il pourrait. Il pourrait n’espérer rien d’autre que de l’illusoire, n’obtenir que des fragments, prier pour davantage mais ne jamais l’avoir. S’il n’y a pas de mensonge, pas de mari, pas de terrible secret à ne jamais divulguer. S’il n’y a qu’eux deux pour cinq secondes, dix minutes, une heure ou une vie. « Y a plus grand-chose de moi non plus, Caïn. Et j’doute en permanence du reste du monde, et de mes sentiments, et de ma vie, mais j’ai jamais douté de toi et de c’que j’ressens pour toi. » Jamais. Y a sa paume qui s’écrase sur la joue du cartomancien, le pouce qui la caresse. « J’sais qu’ça t’fait peur parce que tu penses que j’ai un cœur trop fragile mais j’suis pas en train d’te faire une grande déclaration, et j’suis pas en train d’te dire que j’veux une histoire d’amour de film romantique, parce que j’en suis pas encore là, j’suis pas encore prêt, et j’suis sûr qu’tu l’es pas non plus. J’te dis juste que j’ai envie de vivre des choses avec toi. J’me sens bien avec toi. » Il secoue la tête, ose un sourire. Il sait qu’il ne pourrait pas, pas tout de suite, Toad trop présent sous son épiderme et Elena qui le charge de signaux contraires, mais il veut quelque chose, pour lui, pour Caïn, quelque chose de beau, sucré, tendre. « J’peux me contenter de bouts de toi, Caïn. »
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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyLun 10 Sep - 0:17

Faut croire que j’ai un genre de mec, ouais. plus que faut croire. Ca le fait sourire un peu, la façon dont Asher le regarde, le dévore. Ca fait combien de temps qu’on l’a pas regardé comme ça ? ou ptêtre qu’il n’a jamais fait vraiment attention, trop obnubilé par la biche à ses côtés, par le cygne déjà loin devant, par son cœur en miettes, complètement fracturé. Ca remue un truc dans sa poitrine, un bout de fatigue, de lassitude mais aussi de surprise. Alors il dit rien Caïn, juste ce fameux sourire moqueur plaqué sur les lèvres, celui qui sait déjà tout à l’avance, comme une façade, faire semblant.
J’pourrai. de quoi Asher. De quoi ? Le sourire qui s’effrite un peu, l’impression qu’ils tournent en rond depuis déjà trop longtemps, qu’ils ont franchit une limite qu’ils n’auraient peut être pas du. Putain de boite de pandore ouverte un peu trop rapidement. « Y a plus grand-chose de moi non plus, Caïn. Et j’doute en permanence du reste du monde, et de mes sentiments, et de ma vie, mais j’ai jamais douté de toi et de c’que j’ressens pour toi. Les mots d’Asher qui le transpercent de part en part, ça lui vrille le cœur une honnêté pareille. Il en est pas capable lui. Il n’en est plus capable. Parce qu’il ne sait plus comment on fait, pour aimer aussi fort, pour croire en l’autre, pour avoir confiance. Il ne sait plus comment faire pour donner un bout de cœur, même une miette, partager autre chose que son corps le temps d’un soir. Il les admire les gens comme Asher, de ceux qui fonctionnent encore, malgré leurs défauts, les échecs, leurs désastres. Il les admire terriblement.
J’sais qu’ça t’fait peur parce que tu penses que j’ai un cœur trop fragile mais j’suis pas en train d’te faire une grande déclaration, et j’suis pas en train d’te dire que j’veux une histoire d’amour de film romantique, parce que j’en suis pas encore là, j’suis pas encore prêt, et j’suis sûr qu’tu l’es pas non plus. J’te dis juste que j’ai envie de vivre des choses avec toi. J’me sens bien avec toi. Des mots, des mots, des mots, encore des mots. Des déclarations un peu trop sincère, entre deux adultes, les yeux dans les yeux. Ca lui brule la gorge, le cœur aussi, il sait pas trop quoi faire devant tout ça, devant ce qu’Asher étale devant lui alors qu’à quelques mètres y a son gosse qui dors dans un berceau. Il sait pas s’il peut, s’il pourrait.
J’peux me contenter de bouts de toi, Caïn.
Et lui ? Est-ce qu’il pourrait se contenter de bout d’Asher ? Y a ses lèvres qui se tordent en un sourire un peu contrit, le trop plein d’information, ça lui coupe la parole, le souffle aussi un peu. Surement. Beaucoup. Respirer. Vite. Par reflexe y a sa main qui va chercher son deck de tarot sur le bureau, les cartes entre ses doigts, comme une présence rassurante. Tu vois mon beau. Comme un souvenir de ce passage halluciné, les mots de sa mère imaginés. « J’ai besoin de temps » qu’il finit par réussir à lâcher. Sourcils froncés il retourne les cartes entre ses doigts, les yeux rivés sur le dos abimé des morceaux de cartons élimés.  « C’est pas un non » qu’il reprend doucement, cherche ses mots, le sens qu’il veut donner. « Tu l’as dis toi-même je suis pas prêt. Je sais pas si je le serais un jour. » parce qu’il y a des choses qu’on ne vit qu’une fois, c’est comme ça, et quand ça disparait ça vous arrache une moitié de vous avec. C’est douloureux. Terriblement douloureux. « Faut le temps » de voir, d’essayer, de se comprendre. Il repose ses cartes, ça bat trop fort dans sa poitrine, l’impression de sauter du haut d’une falaise. Nouveau cycle. « Tu me le donnes ? » ce temps, autant qu’il en a besoin. Est-ce que tu peux faire ça Asher ? t’en es capable ? Y a les yeux de Caïn qui viennent se perdre dans ceux d’Asher, sérieux. Terriblement sérieux.
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MessageSujet: Re: now all my friends are gone (casher)   now all my friends are gone (casher) EmptyLun 10 Sep - 17:38

Tout qui se fissure, les sourires qui s’égratignent, peut-être qu’il y a trop de vrai dans ce qu’ils disent, peut-être qu’il y a trop de sincérité dans leur façon de s’aimer, peut-être qu’ils veulent conjuguer au présent ce qui se prononce à l’imparfait. Ce n’est pas un hasard s’ils se trouvés, pas une fois, pas deux mais dix, cent, les poings jamais bien loin de piliers de comptoir avinés, l’esprit à divaguer vers les femmes de leurs vies, l’homme de la sienne. Ce n’est pas un hasard s’il est le premier homme à l’avoir fait vibrer après Samuel, pas un hasard s’ils en reviennent toujours à cette pièce, là où convergent tous leurs rendez-vous, tous leurs points de mire et leurs comètes qui se collisionnent, ce n’est pas un hasard si Asher aime autant la chute que l’entrée dans l’eau à se fracasser sur les vagues du passé de Caïn, à s’effriter sur deux rochers en bas de la descente, Swann et Bambi à la réception pour éviter qu’il ne s’en sorte indemne.
Pourtant, il tente toujours le plongeon.
« Je sais », il souffle quand Caïn lui dit que ce n’est pas un non. Il sait, il a toujours su. Même quand il lui avait dit qu’il ne pourrait jamais l’aimer comme lui. Il sait parce qu’il le comprend parfaitement, parce qu’il lit dans ses yeux comme dans un livre, parce qu’il le comprend et parce qu’il ne connaît, fondamentalement, de long en large, il le connaît et il sait parfaitement où va son cœur. Il sait, aussi, parce qu’il a pris suffisamment de temps pour interpréter ses écrits, pour lire entre les lignes, comprendre ce qu’il voulait dire quand il avouait que les choses allaient changer. Sûrement qu’il ne se doutait pas qu’il y aurait un bébé dans l’équation, et l’oreille d’Asher se tend soudain pour écouter Matei qui babille à quelques mètres d’eux, bien loin de se douter de tout ce que son père a vécu dans ce bureau, de tout ce qu’il voudrait encore vivre. Si ce n’est que du temps que Caïn demande, il en a. Il lui donnerait toute sa vie, pour ce que ça vaut. « A condition que tu me le donnes aussi. » Les yeux dans les yeux, plus sérieux que jamais, ses mains ont attrapé celles du cartomancien pour les serrer doucement. Se donner du temps, à tous les deux. Compter les heures jusqu’à ce que ça aille, jusqu’à ce que ça aille mieux, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent. Il a le temps de faire un paquet d’erreurs jusque là, de tout regretter au point de ne plus pouvoir se regarder dans une glace.
Ils restent là dix secondes, deux minutes, une heure à se regarder, les mains jointes et les battements de leurs cœurs qui résonnent un peu trop fort, à se demander qui fera le premier pas pour arrêter, pour les séparer. Faut dire après trois ans, personne n’y est arrivé. Même pas leurs conneries d’adolescents attardés. C’est Asher qui finit par soupirer, décoller son cul du bureau. Se pencher pour embrasser la tempe du cajun. « Tu m’appelles ? » C’est taquin, un sourire à l’appui. Quand il sort du bureau avec l’anse du berceau dans une main, il lui adresse un petit clin d’œil. Suspend les battements de son palpitant dans l’air. Respire douloureusement une fois la porte fermée, privé de son air. Privé de lui.
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