Curieux personnage || Uzvael

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Dernier rendez-vous de la journée. Le psychiatre réserve souvent cet horaire aux nouveaux potentiels patients. Les premiers rendez-vous qui peut-être déboucheront sur une relation de confiance à construire. Pour ne pas être stressé par la personne à venir ensuite, pour être totalement libéré dans ses pensées, pour se permettre d'être légèrement plus détendu aussi. Personne ne voulait d'un psychiatre tendu tel un string brésilien lors du carnaval de Rio. Ainsi, l'heure avait été réservée à un certain Uzvael Landry. Prénom original, qu'il n'avait jamais encore croisé auparavant. Pas d'informations particulières en dehors de ça, si ce n'est le numéro de téléphone qui était demandé avec, pour appeler la veille et rappeler l'horaire fixé. Ainsi, le soleil pointerait bientôt ses rayons vers le bas et doucement, dans le bureau, des teintes ocres commençaient à se laisser voir. Cela allait plutôt bien à l'ensemble, déjà fort chaleureux. Il aimait les teintes qui se dégageaient, ces tons rouges et puissants. Les fauteuils beiges se mariant à merveille avec l'ensemble, pointe de légèreté parmi le reste. Et la carnation de peau, dans l'ensemble, qui semblait se fondre sans faire nullement tache. Il était bel et bien à sa place, ici.

Le regard perdu sur les deux tortues d'eau salée qui s'ébatte tranquillement dans leur eau, Abraham est quelque peu dans ses pensées, à faire le compte-rendu de sa journée. Cochant ou non ses petites cases mentales, selon ce qui avait été accompli ou non, avant qu'un petit toc discret se fasse entendre. Juste ce qu'il faut pour qu'un semblant de vie ne revienne habiter les prunelles sombres et qu'il se redresse doucement, lissant rapidement la chemise, plus par habitude que nécessité, avant d'enfiler sa veste de costume, sans fermer toutefois les boutons. Semi à l'aise, semi professionnel. Selon l'entretien, il pourrait déterminer si la prochaine fois, elle sera nécessaire ou si, au contraire, il faudra le fermer, ce fameux bouton. Quelques pas et la porte est ouverte, faisant face à la secrétaire du cabinet. Un bref sourire plein de remerciement silencieux, tandis qu'elle l'informe que monsieur Landry est arrivé. Un bref signe de tête, un mot glissé à son encontre et elle repart dans la salle d'attente, appelle après l'homme. Et quand il apparaît dans le champ de vision du psychiatre, ce dernier se dit, vaguement, qu'il connaît sa tête. Peut-être ? Une vague sensation de déjà-vu, en tout cas. Il tend une pogne en tout cas, quand l'autre est à portée.

Bonsoir. Abraham Mora, enchanté.

Sourire habituel, qui agite à peine le coin des lèvres. Et selon si la poignée de main est rendue ou non, l'attitude pourrait changer. Légèrement plus marquée ou quelque peu plus détendu. Il l'invite d'un signe à rentrer et prendre place, refermant la porte derrière eux, avant de venir prendre place en face du possible futur patient. Les deux mains sur les accoudoirs, avant de se laisser tomber dans le moelleux d'un coussin, croisant les jambes rapidement pour apposer ses doigts croisés sur la cuisse élevée.

Est-ce quelqu'un qui vous a recommandé notre adresse, monsieur Landry, ou bien plutôt le hasard de google peut-être ?

Première question, plutôt anodine de prime abord, mais qui pourrait déterminer bien des choses pour la suite, si elle devait avoir lieu. Déjà attentifs aux gestes et l'attitude de son interlocuteur, les yeux du professionnel n'ont de cesse de papillonner sur la silhouette face à lui. Prunelles qui, à la lumière du soleil qui doucement va aller se noyer avec le rivage à l'horizon, semblent plus claires qu'à l'ordinaire. Serres qui ne ratent rien.

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Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Une crise, une envie, pour le coup j'ai battu une partie de ma peur, mais qu'est-ce que c'était idiot. Hier on m'appelait pour me rappeler que je devais passer pour mon rendez-vous avec monsieur Mora, ou était -il ce matin, je n'ai plus aucune notion du temps qui passe depuis cet appel. C'était ce moment, où tu te rends compte que tu as peut-être fait une connerie. La nuit m'a paru si longue, interminable, à regarder le plafond, je n'ai même plus conscience de quand je me suis endormi. La seule chose que je ressens, c'est la douleur d'un réveil sûrement trop rapide pour mon corps. Il est huit heures, on m'amène un chien dans mon petit appartement, je sais que de toute façon là, il va dormir avec moi, mais faudra que je le sorte d'ici quelques heures. Ne pas oublier le rendez-vous, je n'ai pas envie de payer pour rien, enfin, pour vraiment rien. Une petite heure de sommeil en plus et on se prépare pour une journée à jouer avec ce gros toutou, un beau petit bouvier. On part pour courir dans le parc, jouet à la balle et se reposer un peu au soleil pendant que les gens ignoreront tout ce qui les entourent, ça m'arrange, on me prend moins pour un fou.

Une bonne journée, des heures de jeu et de plaisir , un peu de sport, faut dire qu'il ne se fatigue pas vite le gros toutou. Un peu de bave sur le visage et les mains, manque plus qu'à le rendre à son propriétaire qui doit sûrement avoir fini sa journée. Le temps me pousse à me presser, prendre une douche plus que rapide et sans réfléchir, je m'habille un peu classe, ce n'est pas non plus un entretien d'embauche, alors j'abandonne la chemise pour juste prendre un léger pull. On va dire que ça suffira pour ce genre de rendez-vous, je n'en sais foutrement rien. J'avais si peur d'être en retard que j'ai attendu dehors tellement j'étais en avance, quelques minutes avant de rencontrer monsieur le psy je me décide enfin à aller à l'accueil pour dire que je suis là, bien à l'heure. J'ai un grand sourire, qui montre ma fierté d'être à l'heure, propre et bien habillé comparé à quand je sors les chiens. Je laisse la jeune femme aller voir s'il est prêt et me voilà qui passe la porte, je me retrouve dans une salle qui ne me plaît pas forcement, je mettais assez battu comme ça pour ne pas aller au psy et m'y voilà, de mon propre chef. Une main tendue, mes deux mains viennent encercler celle de l'homme que j'ai déjà vu, ou plutôt aperçu, un court instant. Une poignée de main vive avec un grand sourire, j'ai l'air à l'aise, mais ce qui va suivre me rends bien plus inquiet.

« Enchanté monsieur Mora, je suis Uzvael Landry, enfin cela vous le savez sûrement, puisque j'ai pris rendez-vous. »

Un léger rire, je quitte ta main pour ne pas trop prolonger ce moment, le rendre anxiogène comme pas possible. Mon regard continue de se perdre dans la pièce, avant de se perdre sur deux petites choses, j'approche un peu pour regarder les tortues en souriant. J'ai juste l'air d'un enfant devant un stand de bonbon à fixer l'objet du délit puis la personne avec moi, pour le coup, c'est vous monsieur Mora, appréciez mon moment de dissidence face à ce qui pourrait ressembler à un début de séance.

« Je suis venu pour récupérer le chien d'un de vos patient, mais actuellement je ne suis pas vraiment venu pour une consultation. Je sais que c'est idiot, mais je vous ai vu, j'ai voulu vous inviter à boire un verre, mais je n'ai pas réussi. Alors me voilà. Vous accepterez de boire un verre avec moi ? »

Je suis tourné vers toi gardant mon sourire totalement naturel pour le coup, j'ai dit ce que j'avais à dire, alors le stress est parti, la réponse ne me stresse pas plus que ça, je ne suis pas du genre à abandonner facilement, enfin, j'espère très souvent pour rien. Je ne m'approche pas des sièges, je sais que ça ressemblerait beaucoup trop à une séance sinon, ce n'est vraiment pas ce que j'ai envie de donner comme impression alors je reste là debout, à sourire comme un idiot et à jeter de petits coups d’œil aux tortues.

« Désolé de vous prendre de court. »

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Il y avait eu ses deux mains, le garçon avait une attitude aussi détendue que faire se peut, il évoluait dans l'environnement plutôt que de s'asseoir, interagit avec l'environnement plutôt que de rester statique - léger signe de stress. Ainsi, Abraham l'étudie à sa manière, de cet oeil qui découvre une pièce de puzzle neuve. Dont il doit déterminer les contours pour savoir s'il peut à la fois le prendre ici et envisager la thérapie sous le bon angle. La question avait pu sembler anodine mais elle était importante à sa manière donc, savoir s'il avait déjà été suivi par un autre et si oui, pourquoi les consultations s'étaient arrêtées. S'il y avait un risque d'attachement malsain, il devait le déterminer dès le départ, savoir l'éviter. Bref, une question qui cache bien des interrogations.

Et une première déjà est réglée, quand il lui laisse comprendre comment il a connu l'adresse. La sensation de déjà-vu s'explique, sans doute qu'il l'a croisé à ce moment-là. Se connaissant, il avait dû sourire brièvement, avant de s'éclipser. Il hoche simplement, avant d'écouter la suite et, pour le coup, ne plus bouger. Pardon ? Les yeux s'ouvrent dans une expression de réelle surprise, les sourcils élevés dans le même temps, les plis du front qui se forment plus amplement, la bouche qui s'entrouvre légèrement. Ai-je bien entendu ? Le doute s'installe dans l'esprit du psychiatre, tandis qu'il semble prêt à happer l'air tel un poisson à la mer. Grand silence qui s'installer, alors qu'il tente de mettre bout à bout l'ensemble. Le garçon s'excuse de la démarche soudaine et Abraham revient un peu dans ce monde, à cet instant. Comment devait-il prendre cette... Invitation ?

... Pardon ?

Il n'avait pas dû bien entendre. C'était forcément cela. Il sépare ses doigts, se redresse légèrement dans son fauteuil, prêt à entendre la réelle phrase. Mais la demande reste la même et il reste de nouveau interdit, avisant l'homme face à lui. Devait-il le prendre au sérieux ? Ou était-ce une blague d'un très mauvais goût ? Devait-il le rejeter immédiatement, l'air de lui dire qu'ils n'étaient pas du tout là pour ça. Ou creuser, tenter de débusquer la vérité derrière les mots ?

... Vous êtes en train de me dire que.... Vous avez pris un rendez-vous pour... M'inviter à sortir boire un verre... ?

Long à la détente, il semblerait qu'il devînt sourd avant l'heure, le pauvre homme. Psychiatre mis au pied d'un mur qu'il n'avait jamais encore vu ou même frôler. Que des patients s'attachent plus que de raison, veulent devenir amis ou intimes, c'était déjà arrivé et parfois, c'est inévitable avec certaines psychés, d'où le fait de les renvoyer vers un collègue... Mais là, c'était bien différent.

Est-ce... Est-ce une blague ?

Si oui, elle était réellement très mauvaise et il n'était pas sûr de savoir en apprécier les contours. Si ça ne l'était pas, c'était sans doute pire encore. Parce qu'il y a ce petit coeur qui s'agite, face à l'inconnu qu'il regarde d'un autre oeil à cet instant. Comme d'un homme à un autre, le psychiatre mit un peu au placard. Comme si l'instinct était plus à même de répondre à la question sous-jacente de l'esprit analytique. Déterminer cette base, avant de donner le moindre crédit aux propos entendus.

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Cette surprise sur ton visage, j'ai réussi à surprendre un psy, pourtant ça me semblait presque impossible avec tout ce que tu dois entendre ici. Je me retourne pour regarder les tortues un moment, elles ont l'air d'aimer leur environnement, deux tortues ensemble, dans un lieu presque improbable pour elle. Je repose doucement ma question quand tu sembles réellement ne pas vouloir comprendre, je ne pensais pas t'avoir choqué autant. Tu arrives même à douter de tes facultées auditive, mes dames et messieurs, il semblerait que nous ayons perdu notre magnifique monsieur Mora. La question me rend compte que la situation est complètement folle. Je lui donne de l'argent, sûrement pour me prendre un mur, je ne suis clairement pas un génie. Je m'approche doucement de toi en haussant simplement les épaules. De toute façon dans la rue, je n'aurais jamais osé non plus, là on est en tête à tête, personne pour écouter, regarder où nous pointer du doigt.

« Je sais que c'est totalement idiot, mais c'est votre zone de confort et il n'y a personne pour changer votre point de vue. Alors votre réponse sera plus simple je suppose. Après j'ai sûrement l'air complètement taré, mais je n'ai pas vraiment réfléchi, l'impulsion du moment m'a fait penser que c'était une bonne idée. »

Je n'ai pas dans l'idée que tu vas dire oui, simplement par le fait que tu n'as même pas conscience que je suis sérieux. J'ai sûrement l'air d'un jeune idiot qui fait des blagues idiote, malheureusement ce genre de type, ça fait ça par téléphone ou en groupe. Je me laisse tomber sur le sol pour me poser en tailleur, autant me mettre plus bas que toi, vu que tu risques de fuir mon regard assez souvent. Je fais un léger signe de main pour que tu me regardes dans les yeux.

« C'est une blague. Enfin, ça c'est ce que j'aimerais vous dire, mais malheureusement non. Je vous ai vu, j'ai eu envie de le faire et je n'ai pas réussi à me retirer ça de la tête. Je ne voudrais pas regretter de ne jamais avoir tenté ma chance. Juste pour un verre, qui ne vous engage à rien. Je préfère vous préciser ça, parce que je ne sais pas si vous flippez ou si c'est la surprise qui vous empêche de voir que je suis totalement honnête. »

Je parle beaucoup, j'agis peu, mais en même temps regarde toi à essayer de trouver n'importe quelle explication logique pour cette invitation. Tu n'as pas mal entendu et tu n'es pas victime d'une blague, ça à vraiment l'ai difficile à croire, pourtant je suis là. Je claque doucement mes cuisses avant de sortir une petite carte de ma poche pour la glisser sur ton genoux. Un léger contact entre toi et moi, j'ai l'air totalement de m'en moquer, en même temps pas de quoi s'exciter, ce n'est qu'un genoux, mais c'est un contact, il n'y a plus qu'à voir ta réaction face à celui-ci. Je vais finir chassé avec les flics qui vont m'attendre en bas ? Rajouter à mon dossier harceleur, je n'ai pas envie de retourner en prison, surtout que je suis juste là pour un verre, pas pour une demande en mariage, mais comme on est dans un monde totalement pourri, ça ne m'étonne même plus qu'on ait tous peur des autres.

« Au cas où vous décidez de supprimer ce que j'ai pu donner à votre secrétaire. Gardez là, juste... au cas ou ? »

L'espoir dans le regard, je n'ai clairement pas l'air d'avoir envie d'abandonner si facilement, sans une chance d'un simple verre, amicale ou non. De toute façon, la seule chose que tu refuses, c'est un verre gratuit. Je continue de sourire autant que je peux, j'ai juste peur de faire peur. Un léger rire gêné glisse de mes lèvres.

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Changer son point de vue... Abraham tente de suivre la logique du jeune homme, tente de comprendre ce qu'il peut bien dire. Qu'ici, il agirait plus naturellement qu'en dehors, par peur des jugements et ce genre de choses ? Tout endroit confiné et privé aurait pu suffire, en soi. Mais ici, c'est son lien de travail, qui le pousse à être sérieux, à penser sans cesse à la déontologie, quand bien même il a été expulsé de son carcan en moins de temps qu'il faut pour le dire. Il garde ses prunelles fixées sur l'autre qui évolue dans l'espace, qui lui rétorque que c'est une blague, mais en fait non. Larguant ainsi davantage le psychiatre qui, finalement, se laisse secouer par un bref rire qui pue la gêne à des kilomètres à la ronde. Une pogne qui vient à s'écraser devant la bouche, barrant ainsi la moitié de ses expressions, signe distinctif qu'il est en train de réfléchir. Assis par terre à présent, Uzvael le prend encore de court, avec ce contact, fort fugace mais qui est l'équivalent d'un coup de taser sur l'instant. Tout un tas de choses qui se jouent en Mora dans le moment présent et il tente, fortement, de faire la part des choses. Son regard qui se pose sur la carte.

Hum...

Nom, prénom, numéro de téléphone, métier inscrit. Dog-sitteur. Vrai qu'il a parlé de chiens, auparavant. Donc, il n'avait pas un lien amical ou familial avec son fameux client. Juste une question de prestation. Bien, c'était déjà ça de pris s'il... Tout de même, il n'allait pas accepter cette offre incongrue ? Il relève derechef ses prunelles sur l'autre, tente encore de ne plus pédaler dans la semoule.

Mais... Je... C'est... Il se laisse retomber dans le siège au final, sa main libre qui vient prendre la carte pour la regarder plus en détails. Pardonnez ma réaction. Vous conviendrez que c'est plutôt... Inhabituel.

Lettrine simple, pas de fioritures, la carte allait plutôt bien avec ce qu'il pouvait voir de l'autre. Il la repose finalement sur la petite table à côté de lui, dardant de nouveau son regard sur l'intéressé. Une profonde inspiration, une tentative de reprise de contenance. Il inspire, tente de faire revenir le psychiatre légèrement, histoire de voir s'il n'a pas affaire à un détraqué ou pire encore.

Vous savez que d'un point de vue purement déontologique déjà, je devrais vous envoyer sur les roses et vous proposer de reprendre normalement la séance ? Pourquoi ne pas avoir attendu que je termine mon travail et faire comme si c'était le hasard, plutôt... ?

À l’affût des moindres gestes, des réactions, des expressions qui s'échapperaient du trentenaire qui avait décidé de se mettre en contre-bas.

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« Adorable. »

Ta gêne en devient presque adorable, surtout pour un homme qui semble avoir bien entamé ses quarante ans. Ça monter que pas beaucoup de gens on du vous demander très sérieusement de venir prendre un verre avec eux. Je doute que je sois le premier, mais je suis sûrement le plus atypique de tous. Je glisse ma main dans mes cheveux pour les ébouriffer un peu réfléchissant au pourquoi j'ai fait ça, pourquoi je n'ai pas joué la carte de la rencontre dans la rue. Je pensais sûrement que ça allait être plus facile pour moi, plus simple dans un endroit renfermé et sans parasite, mais malheureusement, rien n'est jamais simple. Je me redresse, prend un air bien plus sérieux pendant quelques mots.

« Arrêtez de me rappeler que c'était complètement idiot. » Mon sourire reprend très rapidement le dessus. « Je pensais sincèrement me prendre un non directement. Plus vous faites durée la réponse, plus je vais espérer qu'on ira boire un verre après, mais discuter ça donne soif, alors par pitié, discutez beaucoup. »

Je me tiens bien droit prêt à répondre à chaque question que tu me poseras. Que ce soit sur ma famille, ce que je fais, ce que j'ai pu faire. J'espère juste que tu ne remonteras pas trop loin, parce que si je te dis que j'ai fait de la prison, je doute que tu acceptes notre rendez-vous. Je prends déjà ça pour un rencard alors que tu as l'air de déjà me juger, quel idiot. Je frotte doucement mes mains contre mes cuisses, le stress en imaginant que tu vas forcement me poser la question qui fâche et qui te fera me dire non. Je n'aime pas mentir, je ne veux pas mentir, j'espère sincèrement que le fait que je sois honnête soit un atout pour ce verre.

« Acceptez un verre avec un inconnu, je répondrais à toutes les questions que vous voulez. Si ça peut vous rassurer. »

Nouveau rire, cette fois bien plus naturelle. Je me sens un peu plus à l'aise, mais en même temps je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur d'être jugé, je sais ce que ça fait quand on vous juge. Toute ma famille me juge, même mes grands-parents qui m'aimaient tant avant que je sois un abruti naïf. Je n'ai pas envie que des inconnus me jugent, encore moins quand en un regard, un sourire, j'ai pu avoir envie de faire connaissance. Je ne demande rien de plus, apprendre à connaître cet homme qui semble être si différent de ce qu'il peut montrer. Quand tu passes des heures à rire avec des inconnus, toujours à tous se forcer, car le rire soigne, on finit peut-être par comprendre qu'un sourire peut cacher des choses. J'aimerais bien voir ce que cache le tien, un sourire attirant, mais à la fois plein d'intrigue. Je me lève pour venir me mettre bien devant toi, je repose mon regard sur ma carte l'air ailleurs.

« Je ne suis pas un patient. Je n'en serais jamais un. La déontologie n'est pas une véritable raison. Vous ne voulez pas... oublier un peu le sérieux des choses et foncer ? Parce qu'on va dans un bar, y aura toujours des gens pour m'arrêter si je suis un taré psychopathe. »

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Totalement décontenancé. Bien loin de sa zone de confort. Finalement, dans les teintes orangées, il n'avait plus rien de naturel, plus à sa place l'homme qui se sentait vieillard à cet instant. Les générations venant après lui avaient, visiblement, de l'audace à revendre, par camion entier. Il en était presque admiratif. Presque, s'il n'était pas la cible de ce courage terrible. Et il faut avouer qu'Uzvael marque un point quand il parle de l’assoiffer, arrachant un rire plus sincère au psychiatre qui, réellement, ne s'attendait pas à une telle répartie ou argumentation.

C'est la bouteille que vous voulez me faire boire à force ?

Petit sourire, semi caché par cette main toujours présente. Mais il ne perd pas de sa superbe, l'homme en face, insiste à sa manière, lui donne d'autres arguments. Jamais patient, ça sera possiblement la seule fois où ils se verront de leur vie respective. Enfin, seconde visiblement, même si Abraham n'en garde pas de souvenirs particuliers. Ses doigts reviennent chercher la carte, jouant avec, tandis qu'une posture plus adulte semble être finalement prise, en face de lui. Il fait glisser le papier entre ses doigts, réfléchissant.

Vous m'invitez pour quoi ? Quelle en est la possible finalité pour vous ?

Autant être clair dans les intentions présentes. Bien que cela l'affole quelque peu qu'une réponse précise puisse tomber. Il n'aura alors qu'à refuser. Oui, voilà. Se rassurant encore et toujours, avant de changer de posture, décroisant les jambes finalement, posant les coudes sur les accoudoirs et laissant revoir la totalité de ses traits, les mains jointent via le papier, qu'il continue d'examiner sous ses empreintes.

Pourquoi moi, par ailleurs ? Je suis clairement bien plus âgé que vous, nos centres d'intérêt peuvent être terriblement différents.

Une tentative d'analyse via un autre moyen que le cabinet ? Il suffirait de lui demander directement. Il se permet quelques oeillades encore, avant de finalement se relever, allant vers ses tortues à son tour, après avoir délaissé une nouvelle fois la carte sur la table. Vérifiant la température et l'heure, avant d'aller pour les nourrir un peu, se donnant un air nonchalant alors qu'il est à l'affût des sons derrière lui.

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« Au minimum une bouteille en effet. On partagera. »

Je n'ai pas besoin de voir ce sourire, tes yeux parlent pour toi. Le regard, la porte vers l'âme, plus facile de ressentir les sentiments de quelqu'un par ses yeux que par ses mimiques. Je ne peux que te regarder en souriant un peu plus tendrement, presque attendrit, avant de me reprendre. Tu vas peut-être croire que j'essaie de te saouler, que je vais profiter de toi quand t'auras trop bu. Ce n'est pas du tout mon genre, tu as beau avoir un charme certain je n'ai pas non plus envie d'avoir des problèmes, bien que je ne suis pas sûr que je pourrais en avoir comme ça. Mes yeux se pose sur cette petite carte que j'ai pu te donner, je la regarde gigoter entre tes doigts, comme hypnotisé par son mouvement.

« Je n'en sais rien moi. Juste boire un verre avec vous. Je n'ai pas pensé à ce qui pourrait arriver après, juste au fait que j'avais envie de le faire. Je n'attends rien de vous. Il se passera ce qu'il se passera. »

Tu as vraiment l'air de croire que j'ai fait tout un plan pour te mettre le grappin dessus ou t'arnaquer. Je n'ai pas assez réfléchi pour avoir quoi que ce soit d'autre qu'une envie de passer du bon temps avec un bel homme.Je ne dirais clairement pas que tu es bel homme à voix haute, sinon dans dix secondes tu me diras que la séance est terminée. Ma carte ne va pas finir la séance à force de la tripoter de cette façon, mais tant pis j'en ai toujours pleins les poches pour les accrocher un peu partout. Doigts qui glissent sur ma mâchoire, le frottifrotta des poils contre ma main m'aide à réfléchir. Comment dire ça, sans gêner ou faire paniquer Abra. Abra, c'est un surnom sympa, j'y pense peut-être un peu trop en avance, je le vouvoie encore.

« Je ne sais pas... vous dégagez un truc... puis vous êtes bel homme. » Léger rire. « Sérieusement, l'âge ne change rien. Je n'ai pas forcement les mêmes centres d'intérêt que les gens de mon âge. Ce n'est pas une question d'âge. Vous aimez les animaux, c'est déjà un point commun. »

Tel un félin je me faufile dans ton dos pour venir regarder par-dessus ton épaule les petites tortues. Je regarde ce que tu fais comme admiratif d'apprendre à m'occuper de ses petites bestioles. Je me demande si elles bougent leurs fesses quand on les met sous un jet d'eau, comme sur internet. Si c'est le cas c'est encore plus adorable que je l'imagine. Je me mets à tes côtés pour arrêter de te stresser et je me baisse même pour admirer les petites.

« Pourquoi prendre cet air sévère ? Dites... je peux en toucher une ? »

C'est un peu, une question étrange que de demander à toucher une tortue, mais ça reste si étrange pour moi. Elles sont si petite et elles ont l'air si froide. Je pourrais presque te comparer à elles, tu n'es pas beaucoup plus petit que moi, mais assez pour me faire penser que tu leur ressembles, petit et froid. Sauf quand tu souris, tu dégages une chaleur inconnue encore, quelques choses de presque sincère, mais qui semble si brouillé. Ma main se glisse dans ma barbe et je frotte doucement ceux-ci contre elle.

« Vous êtes en couple ? Non, parce que... je ne l'ai même pas demandé et c'est vrai que vu comme ça je comprends que vous trouviez ça si bizarre et dangereux. »

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Vous êtes un curieux personnage.

Telle avait été la conclusion de Mora, face à ce discours qui ne contenait finalement aucun sous entendu. Simplement une envie de partager un moment. Peu habitué à ce genre d'invitation, surtout aussi cavalière. Il se relève donc, tout en demandant le pourquoi du comment. Bien malgré lui, les habitudes qui reprennent, l'analyse qui suit son cours et bien loin de savoir se détendre pour le moment. La première réponse le perturbe, vient colorer légèrement les joues de quelques chaleurs supplémentaires. Comme quoi, même à son âge, on pouvait rougir d'un bête compliment. Il se reprend, s'occupe des tortues pour tenter de s'aider à réfléchir, avant de sentir que l'autre s'est relevé, posté dans son dos, à observer. Mal à l'aise au possible, jusqu'à le sentir se mettre à côté et expirer discrètement plus d'air qu'il n'aurait dû. Regard sur le côté.

C'est ma tête au naturel. Serait-il déçu, Uzvael ? Soyez doux.

Une autorisation donnée à demi-mot, en soi. L'habitude de dire cela aux enfants qui voulaient caresser la carapace d'une de ses pensionnaires. Tant qu'il n'essayait pas de tester la dureté de ses tortues, ça irait. Puis une nouvelle question et sans doute est-elle induite par l'alliance qu'il n'a jamais quitté, celle qui pare un de ses doigts autant que comme un bouclier qu'une prison efficace. Il ne répond pas immédiatement, en proie à une hésitation rare. Entre dire la vérité ou non.

C'est bizarre même sans être en couple.

Vérité. Coup de poker.

Je n'irais pas boire de verre avec vous. Il plisse le regard, ramène ses mains vers lui, caresse l'alliance. Je préfère boire un café en premier lieu, avec les inconnus.

Il croise finalement les bras, avise la réaction du jeune homme face à cette nuance. Un café, c'est plus sûr. Ça insinue plutôt une matinée ou une après-midi. Ainsi, il faudrait attendre pour ce premier. Il se retrouve curieux de voir ce qu'en pensera Uzvael.

Non négociable.

Et un fin sourire qui pointe à l'orée des lèvres.

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Un curieux personnage, c'est vrai, je suis un peu étrange à ma manière, ce n'est pas plus mal. J'hoche la tête sans montrer aucune contrariété face à ses mots qui auraient pu déplaire à beaucoup de personnes. En même temps, c'est un peu comme entendre qu'on est bizarre, on ne sait jamais si c'est bon ou mauvais signe, moi je le prend bien, toujours voir le bon côté des choses, pour garder un sourire heureux. Mon regard détaille chaque parti de ton visage, chaque petite ride, petite marque atypique que je pourrais retenir. Une couleur de peau chaleureuse, un sourire plutôt sympathique même si tu sembles préférer le cacher derrière tes mains. Le plus surprenant c'est la légère teinte rouge qu'on prit tes joues, il semblerait que les compliments te touchent plus que tu veux l'afficher. Mon regarde se pose sur les petites tortues et je m'approche doucement pour simplement venir caresser du bout des doigts l'une d'elle. Sensation étrange, une carapace froide et dure, mais l'animal en lui-même semble si adorable et si fragile, mon regard se pose sur toi comme pour comparer. Es-tu adorable et fragile au fond ? Derrière ta carapace d'homme fermé. Je cligne des yeux à plusieurs reprise, perdu dans mes pensées, le regard plein de questions. De nouveaux mots, presque surprenant que tu sois célibataire, mais je pourrais y voir un mensonge, avec ta bague autour du doigt, où est ce simplement une protection, pour ne pas qu'on s'intéresse à toi ? Menteur ou Peur, j'aurais plus qu'à le découvrir plus tard.

Les premiers mots qui blessent, mon regard se baisse d'un coup avant que simplement j'hoche la tête, puis-je me fige. Mon monde s'arrête, j'avais perdu totalement mon sourire, alors j'ai juste l'air totalement choqué et perdu à ce moment-là. Contenance, je ne dois pas sauter de joie. Je reprends un simple sourire avec de te tendre la main comme pour accepter de deale.

« Un café. Quand vous voulez. Vous pouvez me tutoyer et surtout appelez-moi Uzvael. Cela fera moins... Psy et son patient, non? »

Mes joues sont rouges légèrement, mais j'ai l'air beaucoup trop content. Un verre ou un café peu importe, tu as accepté, on aurait même pu ne rien faire hors d'ici, j'aurais été heureux d'avoir au moins pu parler un peu et d'avoir osé demander à quelqu'un d'aussi charmant de prendre un verre. Tout au fond de moi, j'ai envie de danser me tortiller dans tous les sens pour libérer un peu ma joie, mais j'attendrais d'être dehors pour ça. Pour le moment je viens juste caresser de nouveau la tortue et lui murmurer.

« Il a dit oui.. t'es pas jalouse, hein ma belle ? »

Je remets mon regard sur toi en riant un peu gêné. Autant dire que parler à un animal devant un psy, j'aurais sûrement juste l'air d'un enfant ou d'un grand taré, fallait que tu sois psychologue. Une partie de moi ne peut s'empêcher de penser que tu me juges dans ta petite tête, je me pose tellement de questions. Pourquoi ne pas te les poser directement ? Peut-être plus tard.

« Faudra vous y faire. Je vais sûrement vous surprendre et pas qu'une fois. » Je m'approche pour vous serrer fort dans mes bras, une envie, une impulsion. « Hop ! Pardon. Je vais... m'éloigner. J'essaie de contenir ma joie, mais c'est pas si simple, j'avais jamais fait ça. Alors, un café, c'est mieux que ce que j'imaginais. »

Trop de proximité entre nous, un inconnu, je ne suis qu'un inconnu alors faut que je me comporte comme tel, pas comme un hippie. Surtout que ce n'est pas comme si j'avais envie d'enlacer tout le monde, c'est juste que je suis fier de ce que j'ai fait aujourd'hui, mais tu n'as pas à payer le prix de ma joie. Je pose mes mains sur mes joues pour appuyer légèrement dessus, essayer de faire disparaître mon sourire qui commence à me faire mal aux joues.

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Sourire perdu, puis presque instantanément retrouvé. Face à lui, la vie s'était éteinte pour renaître aussi vite.

On verra, pour le tutoiement, Uzvael.

Il en rirait presque, Abraham, s'il n'était pas tout occupé à se contenir lui-même, face au sourire qui vient de poindre le bout de sa nacre. Une explosion de joie, sur les traits, si peu commune dans le quotidien du psychiatre que, quelque part, il en apprécie l'apparition. Comme si finalement dire à moitié oui avait été la bonne chose à faire. Une main sur une hanche, l'autre qui pend, il regarde l'homme parler à une tortue, le laissant se perdre légèrement dans ses pensées, à réfléchir à cette entrevue quelque peu particulière déjà qu'avait été la leur. Il repose pleinement ses yeux sur Uzvael quand il l'entend rire bêtement, les coins des lèvres élevées juste ce qu'il faut, comme pour balayer la gêne. Il lui arrive aussi souvent de parler à ses tortues, quand l'envie lui prend, à les regarder vivre à leur propre rythme.

Oh, vous n'êtes pas le premier à leur parler !

Et il allait pour sortir une boutade, lorsque l'autre devint soudainement trop proche et percute de plein fouet l'espace vital de Mora. Il se fige au rapprochement, regrette immédiatement d'avoir finalement accepté, avant de le sentir s'éloigner. La rosée qui dévore ses joues, alors qu'il se détourne immédiatement, pour ne rien laisser voir, toussotant à peine, fuyant la situation et la gêne, faisant mine de revenir prendre la carte, restant dos à Uzvael, quand bien même ses oreilles puissent le trahir aussi, d'une certaine manière. La peau réchauffée, il inspecte une nouvelle fois le numéro, soufflant discrètement.

Évitez la proximité soudaine la prochaine fois que vous inviterez quelqu'un... Cela peut prêter quelque peu à confusion...

Il inspire, fait mine de savoir gérer, file vers son bureau pour ouvrir son agenda, inspecter les quelques pages. Avant de refermer, refaire face à l'autre.

Vendredi qui vient, je suis libre pour quinze heures pendant une heure. Cela vous conviendrait ? Donner une date, une qui ne nécessiterait pas de devoir user du numéro de téléphone encore. Un point fixe. Autrement, Dimanche, je serais libre tout l'après-midi.

Il hausse les épaules, ne se rend pas forcément compte de ce qu'il peut venir de dire. Comme une porte ouverte trop facilement, avec trop de candeur. Celle dont on use, pour fuir une gêne passagère. Un coup d'oeil sur l'horloge, rapidement, pour se faire rendre compte qu'il sera libéré bien trop tôt de ses obligations. Il en revient à son interlocuteur.

Invité Invité ☽ ☾

Pas de tutoiement pour le moment, je comprends un peu ton appréhension,c 'est un peu trop intime pour deux inconnus.Je continuerais avec vous, plutôt que tu, mais ça veux aussi dire que on verra plus tard, plus tard veux bien dire qu'on se reverra, j'espère que ça sera pour d'autre café, puisque l'alcool semble un pas trop important pour monsieur Mora. Rassurant, ou peut-être pas, après tout on est dans un bureau de psychologue, j'ai aucun doute que je ne suis pas le seul à leur faire la conversation, la vrai question est surtout qui le fait. Si c'est un taré comme j'ai pu en croiser à la prison autant dire que je me raviserais de leur parler de nouveau, bien que je passe mon temps à discuter avec les chiens, enfin eux, au moins ils me regardent.Le contact fut clairement brutal, mon regard se perds sur toi, sur ton dos qui s'éloigne pour retourner tripoter du bout des doigts ma carte. Nouvelle bourde, je perds quelques peut le sourire inquiet, je ne suis pas sûr que je pourrais supporter si au final tu disais non, parce que je suis un idiot. Je tire un peu sur mon col, j’étouffe un peu, j'ai chaud, mais j'ai surtout peur.

« Excusez-moi. Je ne veux pas vous donner une mauvaise image de moi, monsieur Mora. Ne vous inquiétez pas, même si vous me plaisez, je comprendrais très bien que vous me repoussiez. Je suis juste venu... faire connaissance. »

Même si ce café sonne pour moi comme un rencard, je ne veux pas te voir fuir. Pas maintenant que tu as accepté. Je détaille chaque partie de ton corps que je peux voir, tes oreilles rougit, sûrement par mon câlin trop rapide. J'ai très envie de juste glisser le bout de mon doigt sur tes oreilles torturaient par la gêne, je sais que je ne devrais pas le faire, mais c'est comme hypnotisant. Tu retournes à ton bureau, qui se dresse comme une muraille entre toi et moi. Te voilà bien caché, loin de ma proximité pour risquer de perturber tes sens et tes couleurs. Tu retrouves ton retranchement et moi je me retrouve face à ton regard qui ne me retirera pas mon sourire et mes yeux qui pétillent un peu plus à chaque mot. J'allais d'abord accepté pour vendredi, c'était déjà bien une heure, mais j'ai totalement déconnecté quand tu me parles d'une après-midi entière.

Mes yeux qui s'affolent, qui clignent avec un peu trop de rapidité, signe que je ne suis pas sûr d'avoir compris. Oserais-je m'avancer dans l'idée que c'est réellement un rencard, pour proposer tout un après-midi, pour boire un simple café ? Je baisse les yeux pour fixer le sol, mes lèvres s'ouvrent légèrement pour ne laisser s'échapper qu'un gémissement plaintif. Normalement, c'est moi qui surprend les gens, je n'ai pas signé pour l'inverse.

« Dimanche après-midi, ça me va. Je peux venir vous chercher si vous voulez... où on se retrouve là-bas, ou bien.. vous venez me chercher ? Je ne sais pas comment ça marche quand on sort avec quelqu'un. » je tousse légèrement avant de reprendre. « Pour un simple café je veux dire. Enfin ! Je ne veux pas dire que je sors beaucoup pour autre chose ! Je dis juste que vous êtes le premier à qui j'ai demandé. »

Mentalement je me tape sur le front, pour me dire que je suis un abruti, mon regard se pose dans le tien et j'ai un air presque désolé. Je m'excuse clairement de ma maladresse, je n'ai aucune idée de comment faire par la suite, j'avais décroché à partir du moment ou tu ne m'as pas jeté dehors de toute façon. Je m'en suis pris des claques ou des coups de poings parce que je souriais trop comme un idiot, alors autant dire que je m'attendais à quelques choses de violent physiquement, pas mentalement. C'est plus difficile à gérer, mais je suis heureux même si toi tu ne sembles vraiment pas sûr de toi.

« Donc, un café dimanche après-midi, avec promesse de ne pas vous toucher plus de nécessaire? Oui j'essaie clairement de vous rassurer avec une promesse que je tiendrais réellement. »

Invité Invité ☽ ☾

Diantre, Uzvael a pour but de l'achever ? Te plaire... ? Oeillade en arrière, rapide, à se demander s'il est sérieux, ce qu'il entend par là. Une nouvelle inspiration, la machine des réflexions de nouveau totalement en place.

Monsieur Mora, hein... ?

Difficile de suivre l'homme derrière lui, qui lui propose de s'appeler par les prénoms mais qui use encore du nom de famille. L'impression de danser sur des charbons ardents sans savoir lequel le laissera enfin un peu tranquille. La brûlure est ardente et l'agenda ne semble pas suffisant pour apaiser le tout ? Deux dates proposées, bien loin de sonner comme des 'rencards' pour Mora. L'heure du vendredi ou une après-midi plus libre. Abraham n'entendait pas passer l’entièreté avec lui. Mais plutôt que l'heure serait la sienne durant celle-ci. Il avise Uzvael pour connaître son choix, haussant un sourcil face à ses propos. Réellement perplexe, le pauvre psychiatre qui se dit être dépassé depuis un moment. Il serait temps de refaire un stage pour me remettre dans les rails du détachement... Il se penche pour prendre un stylo et rouvrir finalement à la bonne page l'agenda, notant le rendez-vous qui n'en est pas un.

Plutôt vers quatorze heures, alors... ?

Il évoque un horaire, pour se donner une idée de quand l'autre serait libre aussi. Il se redresse derechef, avise le pauvre homme qui pédale dans la semoule, à la recherche d'un semblant de dignité sans doute.

On évite d'énoncer le fait qu'on tente de rassurer une autre personne ainsi, ça appuie sur le propos et ça peut donner l'impression contraire. Il occupe ses doigts avec le stylo rebouché, tapotant le bout de ses doigts avec. Vous voyez le parc, dans le quartier ? On peut se retrouver là-bas. Et on ira au café le plus proche et... Voilà.

Un haussement d'épaules d'un homme qui procède souvent ainsi, recevant peu chez lui, allant tout aussi rarement chez les autres. Enfin bref. Convenir du rendez-vous et retrouver sa chère solitude dans laquelle il ne cesserait de repenser en boucle le tout.

Je peux vous poser une question ?

Il repose le stylo, croisant de nouveau les bras, habitude d'un corps qui monte souvent les défenses, murs de plomb difficiles à bouger.

Qu'attendez-vous de votre avenir ?

Question particulière, piquante à souhait. Le genre qu'on garderait largement pour le café, voir pour encore une autre fois. Confrontation frontale, coup risqué encore une fois, mais il n'avait rien à perdre pour sa part.

Invité Invité ☽ ☾

Le revoilà qui prend note dans son agenda, je n'ai plus l'impression que c'est un rencard, mais un nouveau rendez-vous avec le psy, ou alors qu'il a une mauvaise mémoire, parce que ce'est pas important comme rendez-vous. Mauvaise pensée, mais mon sourire ne changera pas. J'accepte de me prendre une petite baffe qui n'en est peut-être pas une, personne ne fait attention à ça, ou alors il veut juste ne pas oublier. Mouvement de tête pour acquiescer l'heure. C'est une heure potable, j'aurais le temps de bien me reposer et bien entendu de me faire beau, mais pas trop sinon tu vas encore te sentir gêné parce qu'il ne faut pas que j'ai l'air intéressé, ce qui n'est pas le cas, enfin, j'en sais rien, c'était qu'une demande, je ne pensais pas que ça arriverait. J'aplatis un peu mes cheveux comme pour me recoiffer, à vrai dire je réfléchis à comment tu fonctionnes et pourquoi je suis autant un idiot. Mes mains se glissent dans mes poches et je décide enfin de me poser dans la chaise face à ce grand bureau qui nous sépare, puisque de toute façon, on a bien compris que ce n'était pas un rendez-vous.

« On voit bien que je ne suis pas doué avec les gens. » Petit soupire, mes yeux qui se ferment. « On se retrouve là-bas à quatorze heures. Je ne serais pas en retard. »

C'est certain, je n'ai jamais rien manqué, je ne suis jamais en retard encore moins pour quelques choses d'aussi important à mes yeux. Quand tu essaies de jouer les petits courageux et que tu te retrouves à devoir trouver comment continuer la suite de l'histoire, autant dire que je suis mauvais pour l'improvisation. Je ne sais pas rassurer les gens donc, j'ai donc l'air encore plus louche à tes yeux. Super, j'avais vraiment besoin de ça, la prochaine fois je tourne sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Aussitôt dit aussitôt fait. Me voilà qui tourne sept fois ma langue dans ma bouche avant de répondre doucement et normalement à la question, c'est presque naturel, mais la gueule que je tire en tournant cette foutu langue rend ça moins normal.

« Juste, être heureux. Ma vie actuelle me convient, j'aimerais juste rencontrer des gens. Je ne cherche pas l'amour et la richesse si ça vous intéresse... J'aime bien ma vie simple. »

Simple, c'est sûr qu'il n'y a pas plus ennuyant, la seule animation de mes journées s'est sûrement faire sortir les chiens. Le fun est clairement mort sinon, entre les séries, sortir avec mes amis pour être le plus silencieux du groupe et sûrement être toujours le seul qui rentre avec personne, y'a pas à dire que ma vie n'a rien d'amusante, mais elle me convient, pas besoin de raconter ma vie, juste besoin de la vivre et d'être heureux comme ça.

« Vous attendez quoi vous ? De votre avenir ? Monsieur Mora. »

Chaque fois que je dis ton nom, mon ton est chaleureux, peut-être un peu trop, j'appuie sur ton nom comme pour attirer ton attention, ça sonne presque pervers, mais ce n'est pas vraiment ce que j'ai en tête. Je réfléchis plus à quelle origine peut avoir ce nom, Mora Abraham, avec une couleur de peau si chaleureuse, si intrigante. Mon regard se perd sur ton visage, mon air se fait neutre, mais je t'écoute totalement, je retiens tout ce que tu me dis et j'essaie de lire entre les lignes, on ne sait jamais.

« Je répondrais à chaque question. Aucun tabou. J'ai une question moi aussi, enfin ... j'aimerais savoir si je vous fais peur ou si je vous dérange. je ne suis pas habitué à ce qu'on accepte de me revoir. Alors j'aimerais savoir, si je dois arrêter de faire quelques choses. »

Invité Invité ☽ ☾

Pas d'amour, pas de richesse. Juste une vie simple, loin de l’oisiveté. On ne peut puisse pas dire que cela tombe dans l'oreille d'un sourd, loin de là. Il hoche simplement, l'air de se demander si elle lui convient parce qu'il est déjà heureux dans sa vie, ou si c'est parce qu'il ne l'est pas encore ? Finalement, il ne sait pas à quoi aspire Uzvael et reste ainsi sur sa faim, d'une certaine manière. Question renvoyée à l'envoyeur qui réfléchit un instant, avant de répondre.

Rien pour ma part. Simplement. Une vie vécue au jour le jour. Apporter du repos à des esprits agités ou souffrants, jusqu'à ne plus savoir exercer.

Et ensuite ? Ensuite, la paix. Ou plutôt le calme, tant est bien que d'autres appellent ça plus communément la mort. Dame froide à souhait mais qui de ses baisers peut calmer bien des souffrances. La sienne s'éteindra ce même jour. Il prend encore un instant pour réfléchir à la suite, avant de balayer son espace de travail, revenant poser ses prunelles sur l'autre après ce tour d'horizon.

Si vous me faisiez peur, je ne serais pas là à accepter de passer un moment avec vous en dehors du cabinet. Je vous aurais renvoyé simplement vers un autre psychiatre en vous disant que je ne pouvais rien faire pour vous. Quant à me déranger, il y a de ça mais c'est simplement que vous bousculez des habitudes prises avec l'âge et qu'il est parfois difficile de dépasser tant elles sont ancrées. Est-ce une mauvaise chose ? Il attrape son agenda, le secouant légèrement, donnant déjà la réponse à cette question. Visiblement, non.

Il le repose, revient croiser les bras finalement après sa petite démonstration, réfléchissant à plein régime aux questions qu'il pourrait poser, jusqu'à donner celle qui lui semblait la plus adapté à cet instant.

Le fait que vous me trouviez froid vous donne ces impressions-là ou est-ce habituel pour vous de vous poser ces questions ?

Pourquoi creuser maintenant ? Sans doute que sa curiosité était déjà piquée sans qu'il pouvait se l'avouer. Que sous couvert de bien des choses, il acceptait d'apprendre à connaître un peu l'inconnu, le décortiquer sous des angles peu communs pour en faire quelqu'un avec qui il pourrait un jour accepter de prendre un verre, le soir. Un fameux, alors qu'il en boit parfois avec des gens qu'il ne connaît pas du tout. Mais il fait une nette différence, entre se rencontrer au hasard d'un comptoir et une personne qui vient jusqu'à prendre un rendez-vous pour lui demander.

Les notions de hasard ou de destin existent-elles, pour vous ?

Invité Invité ☽ ☾

Je souris un peu plus en hochant la tête. Un type bien ce monsieur Mora enfin, c'est ce que je pense pour le moment, dans l'espoir que ça ne change pas, de toute façon j'ai jamais su reconnaître les mauvaises personnes. Il inspire donc à la même vie qu'il a actuellement, même s'il semble bien seul, du moins, assez pour garder une alliance en défense. Il porte son alliance comme on pourrait porter une croix face à un vampire. Pas envie qu'on l'approche, mais il y aura toujours des idiots comme moi pour essayer, des gens comme moi qui espère toujours un peu trop. Je me pose vers l'avant pour venir poser mes coudes sur le bureau et ainsi me rapprocher de toi, je ne contrôle pas mes mots, mais tu sembles ne jamais remarquer que tu ouvres des portes tout seul. Je dépose délicatement mon visage sur mes mains pour le maintenir et plonger mon regard dans le tien.

« Faites attention avec vos mots. Je vous effleure peut-être trop corporellement, mais vous le faites avec moi mentalement, Abra..Monsieur Mora. »

Ne pas savoir si j'ai le droit de dire Abraham, me punir du tutoiement, j'ai comme l'impression que tu veux garder une distance, alors monsieur reste de la partie, après je pourrais opter pour monsieur Abraham, mais ça sonne vieux. J'ai un petit air rassuré sur le visage, bien qu'avec mon honnêteté je t'ai peut-être fait comprendre des choses que je ne voulais pas, c'était juste pour dire que je suis touché par tes mots. Je cache un peu mon visage derrière ma main avant de répondre l'air un peu gêné.

« C'est parce que j'ai peur de mal faire, pour éviter de faire n'importe quoi Dimanche, vous voulez bien boire un café avec un type louche qui prend un rendez-vous pour vous inviter. Alors non, ce n'est pas parce que vous êtes froid, je trouve ça charmant. »

Voilà que je parle trop, que ma bouche balance des mots qui sont beaucoup trop gênants et qui vont encore attirer tes rougeurs. Les miennes je les cache comme je peux derrière ma main,enfin avec une peau aussi blanche et des oreilles comme les miennes, autant dire qu'aucune discrétion n'est possible. Je rentre un peu le cou pour essayer de me cacher dans mon haut, mais rien à faire je suis là et je ne vais pas pouvoir me cacher bien loin. Puis contrairement à toi, moi je reste en face à face. Le hasard, le destin, deux notions un peu étrange à mes oreilles, est-ce que je dois croire que ce que je fais là c'est quelque-chose qui est écrit, le destin est la chose la plus difficile à croire pour moi, pourtant ça serait sympa, parce qu'il y aurait une raison qui m'aurait poussé à venir ici, mais je peux donc oublier ma notion d'avoir eu le courage de le faire, j'ai juste suivi une ligne.

« Je n'aime pas le destin. » Je viens de le décider. « Sinon, où est mon courage pour avoir invité un bel homme à boire un verre ? Je n'ai pas envie d'être une ligne de texte. Le hasard... Je ne sais pas, est-ce le hasard que je sois arrivé pile au moment où vous êtes descendu ce jour là ? Je n'en ai aucune idée et je m'en moque... le moment présent compte plus que tout. Vous croyez au destin ? Monsieur Abra. »

Le destin pourrait aussi vouloir dire que je suis une ligne de sa vie, c'est peut-être précieux au fond, mais aussi flippant, car je doute que le destin nous fasse faire des rencontres qui n'ont aucun sens.

Invité Invité ☽ ☾

Joues-tu avec moi ? Difficile à dire. Testes-tu déjà mes limites, à ta manière ? De manière instinctive ou contrôlée ? Tu me laisses peu d'échappatoire et j'ai de plus en plus de mal à me dire que c'était une bonne idée. Je me sens... Mis en danger d'une certaine manière. Sans doute à cause de ton regard qui semble prêt à me transpercer. Proposer de jour plutôt était une bonne idée.

Vous accepter un café avec un psychiatre. Bien entendu que je le fais, monsieur Landry.

Oublié, le prénom. Il en revient à ce nom de famille impersonnel, puisque l'autre semble décidé à garder le sien aussi. Un froncement de sourcil - encore - plus loin, il l'avise encore avant de daigner lever une main pour lisser un sourcil qui l'est déjà, signe qu'il continue de cogiter.

Vous vous considérez comme louche ?

Jouer avec les mots, pour savoir lesquels sont les plus à même de décrire l'autre. Décortiquer, morceau par morceau, afin de ne garder que l'essence et constater ce qu'il en est, là-dessous. Ne plus prêt attention aux petites remarques qui ponctuent parfois le reste. Abraham se dit qu'il ne mesure pas le poids de ses mots, qu'il balance à la légère le tout et que ça ne lui est pas particulièrement destiné au final. Il pose une nouvelle question, écoute avec attention la réponse donnée et se figure celle-ci sous des formes concrètes, dans sa tête. Le surnom avec le "monsieur" le fait tiquer, expression lisible sur son visage. Il n'apprécie visiblement pas.

Non, je n'y crois pas.

Uzvael a dit ne pas aimer. Ainsi, le doute semble exister dans l'esprit de l'homme, comme s'il avait encore bien des choses à construire dans celui-ci. Et lui, il ne peut y croire. Il ne peut décemment pas y croire, pas après son propre vécu, pas après tout ce qu'il peut voir, au quotidien. Ne peut supporter l'idée que tout puisse être déjà induits, qu'une force mystique prévoir les malheurs de chacun. Ce n'est pas possible pour son esprit, pour le peu qui tient encore en place, parmi les breloques ci-et-là.

Je n'ai pas d'autres questions sur l'instant. Vous-même ?

Conclusion de cet échange à venir. Avait-il apprécié ? Aucune idée. Une inspiration plus profonde que les autres, alors qu'il lorgne du côté de la ville, se perdant quelques instants dans la contemplation de ce ciel qui ploie sous les injections de la nuit, face à cette soirée qui a chassé le jour et qui noie les rayons vers quelque chose de plus pénible. Encore deux dizaines de minutes et l'orangé laisserait place à quelque chose de plus sombre.

Gardez votre argent. Il en revient à lui, après cet égarement visuel. Pour ce soir. Cela n'avait rien d'une séance, je ne souhaite pas être rémunéré pour cette entrevue avec vous.

Et cela sonne comme quelque chose d'autre qui n'est pas négociable.

Invité Invité ☽ ☾

« C'est vrai que c'est connu. Les psychiatres nous torturent l'esprit, mais le seul psychiatre que j'ai connu n'avait rien de comparable à vous. » Petit couinement face à mon nom. On dirait que je parle à mon avocat. « J'ai du mal avec votre prénom... Comme vous voulez que je vous vouvoie je n'ai aucune idée de si je peux l'utiliser ou non. »

Mon nez qui se niche contre ma main, celle qui me sert à cacher mes rougeurs. Une question qui me tire un léger rire. Je n'ai pas l'impression d'être louche, mais les autres me voient comme un type louche. Les seules personnes qui me trouvent normal ce sont mes amis et ceux à qui je garde le chien, même si j'arrive par moment à mettre tout le monde mal à l'aise. Des mots mal choisis, un sourire trop long, ou un regard un peu perdu quand mon innocence daigne réapparaître, ou du moins faire semblant. Mon regard se perd dans la pièce détaillant chaque objet comme pour trouver un truc spécifique que tu pourrais aimer.

« Je ne sais pas. C'est ce que les gens disent. Moi j'essaie de faire de mon mieux pour comprendre ce qui cloche avec moi. »

Pas de destin pour toi non plus. Tu sembles me reprocher ce surnom, je baisse la tête comme pour fuir la confrontation de ton air mécontent. Voilà que je te laisse refermer les portes en utilisant des mots qui te déplaisent. Reste à savoir ce qui te déplaît le plus. Monsieur ou Abra, est ce le coté trop formelle ou justement trop libéré, je vais devoir me débrouiller pour le savoir. Je prends tellement mon temps à répondre que tu sembles me chasser. Parlant déjà de la fin de ce qui était sensé être un rendez-vous chez le psy. Pourtant, à la sortie il y aura juste un peu trop de joie d'un côté, de l'autre, je ne sais pas tu n'as pas l'air très heureux, mais tu n'aurais pas proposé de café si tu trouvais la situation peu intéressante.

« Je vais vous appeler Abra. Vous n'allez sûrement pas comprendre pourquoi, mais je vous explique si ça vous intéresse. »

Croisement de jambe, le dos qui retrouve le dossier de la chaise, je prends une posture aussi sérieuse que la tienne. Je sors de mes poches mon porte feuille avec un petit reçu de la secrétaire, signé et daté. On peut donc lire que la séance est déjà payé depuis un moment. Quoi de mieux que de se motiver à venir pour se dire que même si je n'arrive pas à demander un verre, il faut quand même venir car je ne payerais pas pour rien et j'espérais ne pas te faire perdre ton temps et en plus ton argent. Je n'ai pas à te punir pour combler mes envies, mes besoins, mon attirance.

« Je ne voulais pas vous faire perdre plus que du temps Abra. Puis c'était une autre bonne raison de venir. J'ai juste une question. Je suppose que ce n'est pas un rencard? J'ai aucune idée de pourquoi je demande ça, la réponse va sûrement juste nous mettre mal à l'aise, comme la question en elle même. Oubliez ça. Ce n'est pas un rencard. »

En effet. Même si je sais que ce n'en est sûrement pas un ou que de toute façon tu ne le diras clairement pas. Tu n'as pas l'air d'être le genre d'homme intéressé par les hommes de mon âge. Je dois sûrement être un gamin à tes yeux, un gosse paumé. Alors que je ne contrôle pas forcement cette attirance ressentie, aucune idée de si c'est juste physique ou juste de la curiosité, j'ai jamais dit que j'allais essayer de te draguer. De toute façon tu le remarqueras si j'essaie.

Invité Invité ☽ ☾

Il le regarde, cet homme qui s'était posé face à lui, perdu dans des méandres particulières. Torturer l'esprit... Il n'aurait jamais décrit son métier comme cela. Ça l'affecte, même s'il n'en montre rien, garde sa posture droite. Il creuse encore, avant de se décider à dire qu'il n'avait plus de question à poser. Une manière de se protéger, de mettre le ola et se concentrer sur autre chose pour repenser à tout cela plus tard.

Pourquoi ?

Allez savoir, si ça l'intéresse réellement. Il attend simplement la réponse à ce choix, les charbons s'intensifiant sous chacun de ses pas. Peut-être qu'en restant immobile, cela serait moins étrangement brûlant. Il attends les explications, avant de décréter qu'il ne voulait pas de paiement pour ce moment. Pour différentes raisons, mais lorsque le bon est de sorti, il soupire, se penchant encore pour récupérer son sac, fouillant dedans, à la recherche de son porte-feuille. Il se fige en entendant Uzvael, le regard qui retourne se darder immédiatement sur le jeune homme. Un rencard ? Sérieusement ?

Ravi que vous ayez su trouver la réponse.

Défense activée, revenue totalement. Murs hérissés à une vitesse folle, alors que ses doigts terminent de s'agiter pour piocher les dollars qu'il repose sur le bureau, près de l'autre. Quelques billets, pour l'équivalent de la séance, deux dollars de trop dans le tas.

Séance remboursée. Non négociable.

Note mentale : dire à ma secrétaire d'arrêter d'accepter les paiements en avance pour une première séance. Il range le porte-feuille, laisse le sac revenir à sa place, se redressant ensuite derechef. On ne pourrait plus rien tirer de lui, en ce jour.

Bien. À Dimanche, donc.

Une hésitation, avant de tendre une pogne, comme pour signer cet accord tacite que chacun se retrouvera en lieu et en heure ce fameux week-end à venir. Il le raccompagne à la porte ensuite, finalement épuisé par tout ce petit manège. Vivement un terrain neutre.

Bonne soirée.

Plus de nom, plus de prénom. Juste les mots. Parce qu'il ne savait plus quel pied est le plus brûlé, dans toute cette affaire.

Invité Invité ☽ ☾

« C'est un pokemon. Un truc pour les enfants, il est mignon, mais il prend très souvent la fuite. Je ne dis pas que vous fuyez, mais... vous mettez une sacré distance. Que je comprends complètement. Je ne sais pas comment j'aurais pu réagir face à un type comme moi. »

Une muraille qui se construit bien plus vite que j'aurais pu l'imaginer, me voilà au pied d'un mur bien trop haut pour pouvoir l'escalader. Ce n'est pas réellement de la fuite quand on se construit un mur de cette ampleur, mais on va dire que c'est tout comme. Mes yeux se posent sur mes mains, mes doigts se joignent pour que je puisse jouer un peu avec eux. La réponse était déjà assez claire pour moi, tu n'avais pas vraiment besoin d'en rajouter, ton regard suffisait à brûler le peu d'espoir qu'il pouvait y avoir. Je prends quand même ça à la rigolade, léger rire face à des mots qui semblent me fouetter. Aucun rencard, un simple café entre inconnu, est-ce qu'inconnu n'est même pas déjà trop. Un petit tas de billet, juste de quoi e rembourser la séance, j'aurais bien refusé, mais il semblerait que tu ne me laisses pas le choix et que je me soumets totalement au tien. Le non-négociable ne me donne pas envie de refuser, aucune envie de te froisser encore plus. je le prends et le glisse dans mes poches, mon regard montrant un peu de tristesse face à ça. Moi? Me sentir mal de t'avoir gâché une heure de boulot? Totalement.

« Je n'ai pas du tout envie d'accepter cet argent, mais j'ai encore moins envie de vous froisser. »

Une nouvelle vérité, des mots lancés comme si c'était vraiment important à mes yeux. Peut-être que ça l'est, mais qu'est-ce que ça pourrait bien te faire. Ce n'est pas comme si ça te changeait quelques choses, autres que de savoir que pour ne pas te froisser j'accepte quelque chose qui ne me plaît pas. J'ai encore sûrement dit un truc à la con. J'ai plus qu'à apprendre par coeur de petites fiches et à te les réciter dimanche comme ça je serais sûr de ne pas parler trop vite. Voilà , c'est ce moment ou tu sais que t'en à trop fait. Plus rien à dire simplement dire bonne soirée et partir, je regarde la main tendue vers moi avant de venir la prendre, un peu plus mollement qu'à l'arrivée. Plus de stress, simplement de la fatigue et un peu de déception. Mon pouce caresse maladroitement le dessus de ta main, je le fais sans vraiment y faire attention.

« Bonne soirée. Excusez-moi. »

Je ferme moi-même la porte derrière moi, un dernier sourire avant de couper tout contact et de perdre chaque petit trait de joie que mon visage pouvait offrir. Je sais que la vie n'est pas simple, mais j'ai dans l'idée qu'un refus aurait peut-être été moins douloureux et moins difficile à gérer. Je pose mon dos contre la porte un instant, laisse ma tête cogner contre celle-ci en soupirant. La secrétaire qui me regarde, je m'enfuis totalement sous son regard intrigué.

« Au revoir. »

Je n'ai plus qu'à me débrouiller pour ne pas fuir, éviter de me dire qu'il y a quatre-vingt-dix-neuf pourcent de chance que tu ne viennes pas. Pour autant je pourrais clairement te le pardonner. Je n'étais pas trop mal parti puis j'ai décidé de faire demi tour et de devenir complètement idiot, je n'avais tellement pas prévue que tu acceptes. Mon cœur a paniqué, mon cerveau ne savait plus quoi faire de tous ses sentiments. Mes pas me guident jusqu'à chez moi, je n'aurais même pas de petit compagnon à quatre pattes pour me réconforter ce soir.

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