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 éteindre la lumière (dairih)

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Samih Scully

Samih Scully
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MessageSujet: éteindre la lumière (dairih)   éteindre la lumière (dairih) EmptyDim 25 Mar - 1:50

Si tu cherches une explication à tout ça, dis-toi qu’il n’y en a pas. C’est l’histoire d’un château de cartes qui s’effondre. L’histoire d’un type qui se rend compte qu’il est fou, et d’un autre qui s’ignore. On ne sait plus très bien qui est qui dans cette histoire. C’est le genre qui finit mal. Le genre où on se dit qu’on aurait dû le voir venir. Que tout se dégrade depuis si longtemps, qu’on a eu le temps de sentir la catastrophe arriver, mais qu’on l’a tout simplement ignorée. Le sifflement du train crisse maintenant, il arrive à grande vitesse, c’est trop tard. Il ne reste plus qu’à le voir venir, attendre l’impact. Il n’est plus possible d’être dans le déni, parce que tout ça est réellement en train d’arriver.

JJ est réellement en prison.
Trixia est bien à l’hôpital.
Assia s’est bien faite violée par JJ.
Sam est bien schizophrène, toxicomane, et clairement dépressif.

C’est le constat qu’il faisait, affalé dans le canapé, les bras le long du corps, après avoir ingéré une dose trop importante d’oxycodone, sniffée à même la table en bois, abimée par le temps, par les pieds qui tapaient contre, les soirées de match de l’équipe d’Irlande, ou encore quand on s’affrontait aux jeux vidéo. Ca semblait dérisoire maintenant. Pour vous dire la vérité, quand on a ingéré 30 mg d’oxy, tout semble plutôt dérisoire. Sam ne sentait plus son corps. Il ne sentait plus rien du tout. L’analgésique faisait vraiment effet. Il n’était même pas sûr de pouvoir se mouvoir. Pour tester, il se concentra : soudain, son bras se leva en l’air. Un regard ému par la beauté de ce miracle se posa sur son avant-bras, même si ça lui avait demandé dix secondes -vraiment- pour juste, tendre le bras et attraper le briquet posé non loin. Une clope pendouillait déjà entre ses lèvres molles. Il l’alluma, enfin, tenta. La clope tomba sur son ventre dénudé. Ah oui, Sam était torse-nu sur le canapé, et il suait. Enormément. Il avait tellement chaud qu’il était presque sûr d’être en train de s’évaporer, littéralement. Mais ça, c’était pas l’oxy. Ca c’était la méthadone, celle d’Alice.

La méthadone, ce n’est pas aussi bien qu’on le dit. Ca ne fait pas grand chose, pour un type qui se défonce déjà clairement le crâne. Et puis de toute façon, Sam ne recherchait ni euphorie, ni blast, ni montée, ni transcendance, rien de tout ce qu’on attend généralement d’une prise d’opiacés récréative. La seule et unique chose qu’il cherchait c’était le silence.

Je peux pas partir Sam. Et même si c’était le cas, j’te laisserais pas. Pas maintenant.
S’il te plait. Qu’il s’étranglait, la voix pas nette, sans savoir s’il se contentait de le penser, ou de le dire à haute voix dans l’appartement désormais vide d’Historic District.
Je suis là pour toi, t’as toujours pas compris ça ?
Va-t-en, je t’en supplis.
Non, Sam. Pas tant que JJ n’aura pas payé.

Buter JJ, venger sa soeur, racheter sa santé mentale. Ca ressemblait presque à un deal. Et là, il se rendit compte qu’il était entrain de passer un pacte avec une voix dans sa tête. Clairement, la methadone ne faisait pas effet. D’où l’oxy. D’où le mélange. D’où la cigarette qui s’échappa d’entre ses lèvres tremblantes et sans vie pour rouler le long de son torse nu perlant de sueur jusqu’à se coincé dans le creux de son nombril. Sam la suivit des yeux, comme au ralenti. Il avait la bouche entrouverte, surtout parce qu’il ne pensait pas à la fermer et il attrapa d’un geste lent la cigarette, la laissa entre ses doigts sans trouver la force de la mener jusqu’à ses lèvres. Il se contentait de buguer. Ca faisait un moment que son système crashait. Un moment que plus rien ne tournait rond. Depuis qu’au fond de lui s’était insinué le doute, qu’il s’était propagé dans ses veines, pour qu’éclate enfin la vérité en pleine face. La déflagration avait tout rasé.

C’est pour ça que t’as besoin d’moi. Arrête d’essayer d’me faire taire. JJ a tort, j’suis pas en train de gagner, j’suis en train d’essayer de t’aider.

Gagner ? Quoi ? Le bonheur de pouvoir vivre dans cette vie misérable, avec ces miséreux que Sam avait sorti de la rue. Il avait vraiment l’impression de les avoir sauvé, à l’époque. Au final, quoi ? Il les avait transformé en mendiants pour les plus équilibrés. Rien n’avait tourné de la manière qu’il espérait. Vraiment rien. Et maintenant qu’il était seul ou presque dans ce grand appartement vide, il n’avait qu’une seule envie : mettre fin à tout ça. Faire cesser le vacarme une bonne fois pour toute. Débrouillez-vous sans moi. Sam n’aura jamais la force de faire payer JJ. Il n’aura jamais la force de vivre avec ce secret. Il était clairement dans une impasse. Et il repensa à tout ce qui l’avait conduit à ce moment précis de son existence. Le moment où il se penchait contre la table pour sniffer la dernière ligne d’oxy qui restait. La ligne de trop. Il repensa à ses derniers jours en coinça la paille dans sa narine. Il pensa à la prise de conscience, l’aveux, la confrontation, et ce moment, où il baissait les armes. Où y penser, juste ça, était devenu trop dur.

Glitch.

Sam reprit conscience, il était à l’autre bout de la pièce, en train de fumer. Sans savoir ce qu’il avait foutu pour atterrir là. Sans savoir où il avait trouvé la ressource, combien de temps s’était écoulé. Il bugua, et la cendre s’étala sur le sol. La ligne d’oxy était éparpillé sur la table basse, comme pour la faire disparaître. Comme pour le sauver. Sam laissa la clope tomber sur le parquet et noircir le bois, pendant qu’il rampait plus ou moins vers la table basse. Il tenta de se relever, fit deux pas, complètement stone, avant de s’écrouler sur le canapé et de rouler sur le dos pour observer le plafond. Fais pas ça Sam. Si. Il a incroyablement envie que tout s’éteigne. S’il te plait, tu peux comprendre. Non. Une dernière dose, une seule, juste pour sombrer dans un sommeil de plomb, dormi dix-huit heure d’affilée. Et quand on se réveillera, il n’y aura plus que 5 mois, moins 18 h à attendre. On se réveillera pas. Tant mieux. Tant pis. A quoi allait ressembler sa vie maintenant? C’était quoi les options ? Vivre avec un psychopathe dans sa tête ? Ou vivre en sachant que JJ était un psychopathe ? C’était quoi la suite ? Sam avait de plus en plus chaud. Et le plafond devenait de plus plus sombre. Et puis y avait la cigarette qui continuait de cramer le parquet, et cette sale odeur de brûlé qui chatouillait les narines de Sam. La sueur perlait encore sur son torse maigre, du freluquet sans envergure qui n’aurait pas dû en arriver là. Qui n’en serait pas arrivé là si Assia n’était pas partie. Sa soeur lui manquait, terriblement. Elle savait gérer les crises, elle. Enfin, c’était avant que la crise, ça devienne elle. Sam repensa donc à cet après-midi d’automne, quand Assia avait fait leurs affaires. Il n’avait que douze ans, treize peut-être. Sam ne s’en souvenait plus tellement. Elle l’avait emmené sous le bras, sans demander quoi que ce soit. Ils avaient sauté dans un avion directement Savannah. Direction cette ville, où, quelques années plus tard, Sam avait rencontré JJ. Cork, Sam ne s’en souvenait quasiment plus. Il n’avait pas refoutu les pieds en Irlande depuis cette date. Il pensa à sa mère, aussi, un peu. Sa si jolie maman. Et son nabot de père. Il pensa à tout ça, même s'il avait du mal à vraiment les visualiser, pendant que tout tournait autour de lui.

J’vais fermer les yeux deux minutes.
Sam. SAM !
Juste deux minutes.

C’était comme de plonger dans de l’eau glacée. Terrifiant, douloureux et puis tout s’arrête.
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Daire Méalóid

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MessageSujet: Re: éteindre la lumière (dairih)   éteindre la lumière (dairih) EmptySam 21 Avr - 22:44

À peine avait-elle ouvert les yeux après ses maigres heures de sommeil, qu’elle avait compris que ce serait une journée de merde. Plus que d’habitude, plus que ces derniers temps. Pas seulement en raison de cette énième insomnie ou de son tube de dentifrice vide. Pas seulement pour l’argent qu’elle avait oublié dans sa chambre, l’obligeant à faire demi-tour alors qu’elle était presque arrivée à la supérette. Pas seulement pour les courses ridicules qu’elle avait faites, ou les quelques paquets de sucreries glissés sous sa veste en cuir qu’on lui avait aussitôt repris en la jetant dehors. Pas seulement pour la pluie démentielle qu’elle s’était prise tout du long, entre le moment où elle était rentrée et celui où elle était repartie dans la précipitation après un appel d’urgence au garage. Non, tout ce tas de péripéties futiles n’étaient qu’une conspiration de plus dans la banalité de ces journées qui se succédaient, sans JJ, sans Eanna. Ce qui lui avait fait comprendre que ce jour serait maudit dans le calendrier, à le bannir de ses souvenirs alors qu’il resterait pourtant omniprésent, c’était les frémissements sur sa chair pendant que les heures qui se succédaient. Ces longues minutes à ressentir ses poils se hérisser et l’électricité statique se perdre autant dans son corps que ses cheveux. Les entrailles saisies d’un affreux pressentiment, de celui qui pouvait l’accabler sur place à lui retourner l’estomac. Du même qu’elle avait ressenti trop de fois à chaque drame familial, alors qu’il lui avait fait cruellement défaut le jour de la fusillade. C’était étrange, comment tous les jours de désastre se ressemblaient ; toujours ce ciel gris, surcharge de tension aussi bien dans l’air que dans tout son être. Elle avait redouté chaque instant, à se demander ce que chaque minute écoulée pouvait lui apprendre comme malheur, puis à se dire qu’elle déraillait complètement, que c’était la fatigue qui se faisait certainement ressentir et qu’à enchaîner les insomnies de cette manière, son corps capitulait et se détraquait complètement. Elle avait abandonné l’idée que le monde pouvait cesser de tourner en un battement de cils, même si elle avait toujours un nœud au fond de son âme. Ce qui engendra certainement sa précipitation dans les escaliers de l’immeuble, renversant ainsi la vieille dame du premier étage, et provoquant la chute de ses emplettes dans les escaliers. Peut-être que les quelques minutes qu’elle passa à rassembler ses affaires et lui porter à son appartement furent les minutes qu’il lui aurait suffi pour empêcher l’irrémédiable. Peut-être qu’en rentrant une poignée de secondes plus tôt, s’engouffrant ainsi dans le vestibule de l’immeuble avant que la vieille n’arrive, elle serait arrivée à temps. Peut-être qu’elle aurait dû écouter tous les présages que cette journée bancale lui avait envoyé, au lieu de vaquer à ses occupations quand tout son corps lui criait le danger. Peut-être que si elle avait passé une vraie nuit de sommeil, elle aurait été plus en éveil, et ainsi alerte à la moindre fluctuation. Peut-être que trop de choses – mais au final ce qu’elle avait toujours appris, c’était que ce qui devait arriver, se produisait indéniablement.

La première chose qui la frappa en passant la porte de leur loft en désordre, ce fut l’odeur du bois brûlé. Légère, mais tenace. Pas menaçante, accompagnée d’une odeur de tabac froid, comme si une cigarette avait été allumée avec une allumette. En s’avançant dans la pièce pour mieux observer le salon, ce fut comme si des chaînes enfonçaient ses pieds dans le plancher à chaque pas supplémentaire. « Sam ? Qu’est-ce tu fous ? » Tout se décomposait beaucoup trop lentement, comme si la scène prenait un plaisir insipide à se dévoiler avec minutie. D’abord la silhouette échouée de l’égyptien sur le canapé, et puis les détails qui s’assemblèrent successivement. « Sam ? » répétition fébrile dans la voix, teintée d’une once d’exaspération, déjà affligée par tout ce qu’elle allait ressentir dans les secondes suivantes. Dans le froncement des sourcils, ses yeux se posèrent d’abord sur la tâche sombre dans le parquet où git les restes d’une clope consumée, puis ils remontèrent sur le canapé, sur le corps dénudé de Samih et complètement poisseux. Pas besoin de le toucher pour se rendre compte de la sueur qui lui collait à la peau et qui inondait les traits de son visage … beaucoup trop détendu. Il y avait des insultes qui pulsaient entre ses lèvres mais elle ne les entendait pas, elle ne percevait que le sang qui battait trop fort dans ses veines contre ses tempes. Elle ne s’entendait pas parler, dans cette appartement pourtant trop calme ; ce cri de rage qui se percuta contre les murs à grand fracas sans ébranler personne. Elle ne se souvint pas, à quel moment elle tomba à genoux entre le canapé et la table basse, secouant le corps de Sam tout en dévisageant les vestiges de sa déchéance. La poudre éparpillée dans les jointures du bois usé, et puis tout le reste. Toutes les pièces accablant l’abandonné de son plus grand crime, aux yeux de celle qui n’avait pas fait le poids face à ses tourments.

Elle a treize, peut-être quatorze ans. L’un dans l’autre, elle est encore trop jeune. Déjà beaucoup trop vieille au fond de son regard, mais ça n’est jamais assez pour ce genre de choses. Pour cette première fois qui crève les cœurs et s’inscrit dans la chair d’une marque au fer rouge. La conscience brûlée vive pour toujours, déposant les premières cendres d’une existence qui en connaîtra beaucoup d’autres en vieillissant. Elle vient d’arriver aux Etats-Unis, enfin depuis quelques mois déjà. Mais bien assez pour sa mère, pour qu’elle laisse un étranger partager leur vie. Pour qu’elle laisse un inconnu lui détruire sa vie. Les cachets, d’abord. Pour la dépression, que maman lui répète tous les jours, même quand les cachets deviennent multiples, aux formes diverses, que les noms sur les boites se succèdent. Puis, l’herbe, la poudre, le liquide, les seringues, les flacons, l’aluminium, les cuillères, l’odeur de brûlé constante. Jusqu’à cette fin d’après-midi où elle retrouve le corps inanimé de sa mère sur le carrelage, en rentrant de l’école. Après ça, elle n’y est plus jamais retournée. Après ça, elle s’est retrouvée à la rue. Après ça, sa mère n’a jamais arrêté. Mais pour l’instant, elle a surtout l’impression de la perdre, alors qu’elle ne respire plus. Le massage cardiaque à l’arrache, les secours appelés dans la panique la plus totale. La patience et le calme qu’on lui demande, alors qu’elle insulte tout le monde – qu’est-ce qu’elle est vulgaire pour son âge, qu’elle les entend murmurer entre eux, alors que la vie de sa mère se déverse dans l’indifférence générale.

Elle avait la nausée au bord des lèvres, Daire, et la panique qui lui paralysait l’encéphale en dysfonctionnement complet. Elle avait pourtant appris les premiers réflexes rapidement, ou peut-être simplement ce jour où sa sœur aînée s’était éteinte dans ses bras. Elle se redressa pour basculer la tête de Samih en arrière, ses doigts effleurant son visage à la recherche du moindre signe de vie, jusqu’à lui soulever les paupières pour guetter les mouvements imperceptibles de ces pupilles qui, autant l’admettre, se trouvaient dans un état désastreux digne d’un grand toxicomane. C’était atroce, ce qui se tramait au cœur de ses entrailles. La panique face à la compréhension de cette malheureuse scène et ses conséquences, et la rage aveuglante pour tout, absolument tout. Il n’y avait pas de bon ou de mauvais jours pour se perdre dans une overdose, mais est-ce qu’il y avait un bon ou mauvais jour pour se permettre de laisser les autres derrière ? Alors qu’elle lui attrapa le poignet pour lui prendre le pouls, elle ne put s’empêcher de se dire que s’il avait voulu en finir, il avait qu’à lui demander, elle lui aurait fait avaler ses cachets jusqu’à l’étouffer, ça lui aurait éviter la mauvaise surprise en rentrant. Le battement de cœur suivant, elle se frapperait bien elle-même, à regretter d’être une laissée pour compte, une abandonnée dans son sillage, à le maudire d’avoir pensé une seule seconde à en finir de cette manière. Mais est-ce que c’était réellement son intention à Samih, de faire une overdose, de faire une tentative de suicide ? Battement suivant, à se rendre compte que ce sont les veines de Sam qui palpitaient sous ses doigts, d’abord le soulagement qui se bouscula dans ses veines parmi tout le reste, puis la colère qui lui vrilla une nouvelle fois les tympans, et enfin le désespoir qui lui accabla les épaules. « Putain putain putain » Litanie désespérée, elle aurait beau lui demander d’ouvrir les yeux, ce serait vain, elle le savait pertinemment. Si Sam avait voulu garder les yeux ouverts et la conscience en éveil, ils n’en seraient pas là maintenant. Dans un moment d’égarement, comme si sa raison s’était mise en suspend, son corps arpenta la pièce dans la précipitation. Machinerie ébranlée par l’instinct de survie, il n’avait plus le temps de perdre son temps. Tout s’enchaînait trop rapidement, dans la frénésie de ses gestes brutes. La porte du congélateur ouverte à la volée pour constater dans le dépit le plus profond qu’il était entièrement vide, elle remplit à la va vite les bacs de glaçons et même un bol d’eau pour les entasser dedans. Elle attrapa deux bières dans le frigo et revint vers Samih en manquant de peu de se prendre les pieds dans une chaise. Il y avait son prénom qu’elle scandait à intervalle régulier, pour essayer d’atteindre son attention, un bout de conscience, un bout de n’importe quoi qui pourrait le ramener en éveil. Elle constata qu’elle avait les mains qui tremblaient, au moment où elle bascula son corps sur le côté pour le mettre dans la fameuse position de sécurité, avant de glisser les bières fraîches contre sa nuque et son torse dans l’espoir de faire baisser sa température. C’était dingue, à quel point le cerveau pouvait occulter tout un environnement mais se focaliser sur les moindres détails insignifiants dans une situation aussi désespérée. Comme la goutte qui perla de son front à sa joue, dessinant la courbe de sa mâchoire. Comme les plis imperceptibles de son épiderme lorsqu’elle lui pinça la peau à plusieurs endroits, dans une veine tentative pour le ramener avec elle. Comme la contradiction détonante, également, entre son corps en surchauffe et sa chair de poule. « Allez Sam putain ouvre les yeux » Elle agissait par mécanisme de défense, sans se rendre compte qu’elle avait son propre corps au bord de la rupture – sans se rendre compte de ce qui pouvait arriver là, maintenant, dans ce salon de merde, si Samih n’ouvrait plus jamais les yeux. Elle chercha son portable en jurant avant de sa rappeler qu’elle l’avait mis en miette après l’appel avec JJ, puis en gueulant encore plus fort lorsqu’elle ne parvint pas non plus à mettre la main sur celui de l’égyptien. Putain c’était bien le moment – et puis, un souvenir fugace, celui de la règle d’or que sa mère lui avait appris à la rendre dingue.

Elle a quatorze ans et elle a déjà vu sa mère faire une overdose, être en état de manque, s’infliger des punitions corporelles, et lui hurler dessus qu’elle a toujours regretté d’avoir une fille pareille. Elle se dit qu’elle n’a jamais pensé ça, mais les mots sont toujours restés là, dans un coin de sa tête. C’est comme ça qu’elle a appris, Daire. Qu’on appelle pas les secours quand les camés se défoncent de manière hardcore, parce qu’ils ne veulent pas être sauvé. Tant pis pour les années perdues, c’est toujours mieux que le passage par l’hôpital qui envoie directement en cure de désintoxication sans passer par la case départ. Quand sa mère lui a dit qu’elle n’était qu’une empotée, qu’elle avait gâché sa vie, qu’elle n’aurait jamais dû venir avec elle aux Etats-Unis. Que son père aurait dû la garder, et même lui éclater la cervelle avec la sienne. C’est fou ce que le manque peut rendre une personne méchante, même la plus proche. C’est fou ce que la drogue peut rendre une mère négligente aussi, au point de ne pas se rendre compte que sa fille a déserté la maison, que son beau-fils lui a cassé la gueule pour lui faire peur et lui faire promettre de ne plus jamais remettre les pieds ici. C’est comme ça que Daire s’est sentie devenir une orpheline des rues, aux prémices de l’adolescence, lorsque sa mère tant aimée est devenue une toxicomane en puissance. C’est comme ça aussi, qu’elle est toujours revenue sans s’attarder, que les overdoses se sont multipliées, et qu’elle a appris à prendre soin de sa mère – à un âge où ça aurait dû être l’inverse.

Elle avait du mal à respirer, sans s’en rendre réellement compte. Pourtant c’était bien elle qui étouffait, dans ses bouffées de chaleur et son cœur qui battait à un rythme défiant les lois de la physique. Bien trop loin de ce lui Sam, alors qu’elle s’assurait une nouvelle fois qu’il continuait de bel et bien de battre, l’appelant désespérant. Ce n’était plus des appels, c’était des supplices. Des supplices entrechoqués dans des cris de rage, des insultes, des murmures, plusieurs secousses et quelques baffes perdues. Elle allait mettre la main sur son fournisseur et lui faire la peau, ce n’était pas une promesse, c’était une évidence. Elle allait s’assurer qu’il ne prendrait plus aucune place dans sa vie, qu’il ne lui prendrait plus jamais Samih. Personne n’avait le droit de lui prendre, personne n’avait le droit de l’éloigner d’elle. Personne personne personne. Samih n’avait pas le droit de prendre cette décision, pas le droit de se rendre malade à prendre toutes ces substances en pagaille, pas le droit d’oublier qu’elle était là pour lui, pour l’aider, pour l’épaule. Il n’avait pas le droit de l’oublier elle. Il n’avait pas le droit, pas le droit, pas le droit, putain pas le droit. Elle n’avait pas pleuré depuis des années, Daire. Pas même lorsqu’on avait déclaré son frère présumé mort, pas même lorsque la douleur était insoutenable après l’opération. Pourtant il y avait bien quelques larmes qui l’aveuglaient et la faisaient enrager et la rendaient désespérée. Elle cassa quelque chose, sans trop savoir quoi ni comment. Juste qu’elle avait soudainement les mains en sang tandis qu’elle remplissait une vielle bassine et un sceau d’eau froide dans la salle de bain. Ce que ça pouvait être long, de remplir ces merdes. Ce que ça pouvait être si rapide, de perdre quelqu’un. Est-ce qu’elle allait perdre Samih ? Le cœur qui dérailla, la poitrine qui s’affola dans l’absence d’air alors qu’elle avait simplement oublié de respirer. Ce qu’on pouvait être complètement stupide, à se rendre compte qu’on aimait une personne au moment le plus désastreux. Pourquoi est-ce qu’elle s’était voilée la face tout ce temps, à se perdre dans ses pensées ses tourments, à ne pas comprendre ce qu’elle ressentait ? Pourquoi est-ce que Sam avait décidé qu’elle n’avait pas sa place parmi ses démons lorsqu’il s’est défoncé comme un drogué au bord du précipice ? Pourquoi est-ce qu’elle avait du sang sur les mains et sur ses vêtements et des hoquets qui secouaient sa poitrine et des insultes qui ne finissaient pas et sa colère qui ne disparaissait plus ? Elle était déjà revenue dans le salon, dans un énième moment d’absence elle avait fichu tous les glaçons à peine formés dans les deux récipients posés au pied du canapé. À cet instant, la sécheresse de son âme avait desséché ses yeux. L’épisode n’avait duré que quelques secondes, tout au plus quelques larmes. Comme si quelque part une vanne de son cerveau s’était ouverte pour permettre à son corps de fonctionner naturellement, avant de se fermer à nouveau à double-tour. Parce que cette faiblesse n’avait pas sa place, chez une fille de la tempête. « ALLEZ SAM ARRÊTE TES CONNERIES » Elle s’ébranla en faisant basculer le poids du sceau d’eau entre ses bras, et balança tout son contenu sur le corps inanimé. « SAM PUTAIN JE .. J’TE DESTESTE D’FAIRE ÇA » Elle se pencha au-dessus de lui, désormais complètement trempé dans son eau froide avec des glaçons éparpillés partout autour de lui, d’eux. Il y avait toute la rage du désespoir, tout l’amour en perdition, toute la colère de l’impuissance, dans la force du geste qu’elle enchaîna – lorsqu’elle frappa son visage dans toute la violence qui lui restait. «TU M’ENTENDS CRETIN ? J’TE DETESTE !! »

Elle dévisageait Samih, comme une enfant regardait sa mère, comme une femme regardait son amant, les deux impuissantes face à l’être auquel elles tenaient le plus au monde, en train de disparaître.
Elle ne savait pas si ça allait fonctionner, si elle allait le ramener des limbes.
Daire était certaine d’une seule chose, elle ne pouvait pas perdre Sam. Elle ne s’en remettrait pas.
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MessageSujet: Re: éteindre la lumière (dairih)   éteindre la lumière (dairih) EmptyVen 4 Mai - 12:04

C’est comme se souvenir de quelque chose, sans vraiment s’en souvenir. Voir un visage sans en déceler les détails. Sans savoir dire à quoi la personne ressemble, ni la couleur de ses yeux. Et pourtant, c’est comme une ombre devant lui, un souvenir d’il y a trop longtemps. Un genre de songe. Prend soin de lui mon chéri. Il est tout petit. Elle parle arabe. Tu sais, en Égypte, les chats étaient vénérés. Celui-ci s’appelle Sphinx. Un petit chaton se loge en ronronnant dans des mains d’enfants, cinq ans tout au plus. Il est à toi. Tu peux lui parler, te confier à lui. Tu comprends Samih, si tu te sens seul. Les yeux du chat sont énormes, et tellement bleus. Bon anniversaire mon chéri, je t’aime plus que tout au monde. Ta soeur et toi vous êtes tout pour moi. Merci maman.

**

Son prénom à l’accent arabe laissa place dans son esprit aux intonations typiquements irlandaises. Samih, Samih, Samih. Quelqu’un criait son nom sans même qu’il ne sache d’où sa vie. Semi-conscience. Comme quand on entend, de très loin, sans vraiment entendre. On ne peut ni bouger, ni parler, ni rien faire. On est là sans être là. Pendu dans un esprit de néant rassurant, un cocon. Sam était inerte sur son canapé, et plus personne pour lui hurler de rester en vie, sauf cette voix qui claquait et qu’il ne reconnaissait pas. Il n’avait même pas assez de consistance pour tenter de reconnaître quoi que ce soit. Le but étant que dans son cerveau tout était calme, parsemé de doux souvenirs d’enfance, comme un rêve qu’on aimerait prolonger. Aïe. Un pincement sur sa peau, qui ne réagit même pas à l’impact. La fraîcheur de l'aluminium contre sa peau qui brûlait. Mais aucune réaction, nada. Anesthésié.

**

Vous comprenez ce qui s’est passé les enfants ? Demande l’agent de police, lui aussi sans visage, sans voix particulière, juste une ombre qui s’exprime, dont on ne se souvient que des mots. Une enfant au cheveux bouclé, aux yeux noyés de larmes. Cette fois on la distingue parfaitement. C’est Assia qui sert dans ses bras un coussin, recroquevillée dans un coin de canapé. Elle n’a que huit ans, peut être neuf. Elle comprend, elle est maligne mais elle refuse. Il baisse les yeux sur Sphinx qui ronronne encore sur ses genoux d’enfant. Il entend les pleurs saccadés qui proviennent de la cuisine. Son père, de mémoire. Elle est morte. Qu’il balance perdu. Il se souvient de la douleur de la gifle que lui envoie Assia à ce moment-là, sans qu’elle ne puisse se contrôler. Il se souvient du sourire triste du policier qui court rattraper sa grande soeur. Bientôt il est seul dans le salon, son chat sur les genoux. Pas vrai ? Qu’il demande comme confirmation avec pour seule réponse le regard perdu du chaton.

**

Chaque parcelle de son corps voulaient abandonner. Chaque micro particules voulaient s’endormir. Il n’avait plus envie de respirer, pas assez conscient pour en capter le besoin vital. Y avait qu’une personne qui voulait vivre, une seule. La première à se réveiller la première à entendre les cris désespérés qui résonnaient partout dans l’appartement. La première à tenter de réagir, par des microspasmes imperceptibles. Sauve-nous, j’t’en prie. Qu’elle sauve leur vieille carcasse débordant d’opiacés, qu’elle inverse le processus, les empêche de mourir. Difficile de vouloir vivre quand votre corps veut mourir. Difficile de réagir quand votre enveloppe charnelle se déconnecte. Les cris étaient trop lointain pour être entendus, dans une autre dimension où, l’un dans l’autre, Sam ne se trouvait plus vraiment. La vague glacée s’écrasa sur lui avec la violence d’un coup d’fouet. Soubresaut de vie, un grognement filtra entre ses lèvres bleues du manque d’oxygène.

**

L’air froid dévale sur ce large terrain vague, couvert de de mauvaises herbes. Au fond, la maison en préfabriqué se tord sous les bourrasque. Dans le froid, Sam reste droit. Il se souvient des joues qui tirent à cause des larmes qui sèche. Il grelotte. Une main s’appuie largement sur son épaule, donne une tape, serre ses os. Tu diras rien p’tit, hein ? Sam ne répond rien, ses yeux fixent le néant. J’te jure, j’savais pas moi qu’c’était ton chat. J’pensais c’était l’une de ces putains d’mouffettes qui rôdent et pourrissent ma plantation d’tabac. La voix embrumée d’alcool est vague, elle sort d’un lointain souvenir, d’une vie que Sam a presque oublié maintenant. La voix grasse de son oncle Pat. Le coup d’fusil qui a retentit plus tôt ce jour-là s’est logé en plein dans l’cul de ce pauvre Sphinx. Le voilà enterré dans ce terrain vague. Sam fixe la pierre tombale d’un air absent, sans répondre à son oncle. Tu diras rien Samih, hein ? Parce que j’ai pas l’droit d’avoir d’arme chez moi, j’pourrais avoir des emmerdes si t’ouvres ta gueule. T’comprend gamin ? Cette façon qu’il a de manger la moitié de ses mots agace Sam. Quand Pat finit par reprendre le chemin de la maison, balançant derrière lui la cannette de sa bière irlandaise qu’il vient de finir, reste plus que Sam, tout seul devant cette tombe. T’es pas tout seul Samih, j’suis là moi. C’est la première fois qu’il l’entend. Et bizarrement, c’est rassurant.

**

J’TE DETESTE !! Ça résonnait partout. Enfin, il entendait. Ils entendaient. Le son se propageait doucement, dans une gamme de grave ralenti. Cerveau encore bousillé par la défonce, le corps en souffrance qui émergeait contre son gré du sommeil de plomb dans lequel il avait sombré. Tout se réactivait, chaque signal se rallumait pendant que les premiers grognements rauques filtraient à travers ses lèvres. On ne comprenait rien à ses suppliques. Fous-moi la paix qu’il aurait aimé dire, sans pouvoir le formuler. Il ne comprenait rien, les connexions ne se faisaient pas encore. Pas vraiment. Il fronçait les sourcils, s’agitait soudainement. S’étouffa, toussota. Il se redressa d’un coup sec entre les bras de Daire pour vomir sur le parquet depuis le canapé. Il était là, sans pouvoir vraiment voir. Sans pouvoir vraiment comprendre ce qui s’était passé, affalé contre un corps plus robuste que le sien qui le tenait vaguement. Il sentait une peau contre la sienne, poisseuse et en surchauffe. Il sentait quelqu’un mais à peine eut-il fini de vomir ses tripes qu’il s’effondra à nouveau de tout son poids, les yeux blancs qui vrillaient.

Quelques tapes contre ses joues et quelques injures se fracassèrent contre son crâne. Tout résonnait. Tiré à nouveau de ses délires. Samih se réfugiait dans ses bras qu’il ne reconnaissait pas encore. Il se réfugiait dans n’importe quels bras qui voudraient bien le supporter, lui qui ne pouvait plus le faire. c’était lui… d’puis l’début. Qu’il articula d’une voix pâteuse, encore à moitié conscient. C’était JJ, c’était lui qui avait violé Assia. Ca s’était passé sous son nez. Il avait été incapable de faire quoi que ce soit. Incapable de voir. Incapable d’écouter cette putain de voix qui lui hurlait la réponse depuis le début. Alors enfin, il émergea un petit peu, ses membres tremblant se calmèrent peu à peu, il ouvrit un oeil, face à face au chaos de l’appartement, à son propre chaos, à celui qui se passait au fond des yeux de Daire qu’il fixa longuement, sans savoir quoi dire, sans pouvoir le faire de toute façon. J’y arriverais pas… Qu’il marmonna les yeux vagues, les yeux noyés, autant que son coeur. Elle pouvait pas comprendre, de toute façon Sam ne savait même pas s’il parlait dans la bonne langue, s’il parlait assez fort pour qu’elle entende, au-delà des battements douloureux de son coeur. Elle le fixait, elle était là, juste là, tremblante de colère. Tremblante tout court. Il ne se rendait pas compte, pas encore, de ce qui s’était passé. Il ne se rendait pas compte qu’il venait de prendre une ligne de trop et briser quelque chose chez elle. Qu’il venait de lui faire autant de mal. Il comprenait plus grand chose.

Enfin, il se redressa se pencha en avant, les bras croisés sur ses cuisses et bascula sans attendre son visage pour l’enfouir. Il avait encore la nausée. Et froid. Et chaud. Mais enfin ses battements de coeur reprenait un rythme normal. L’air entrait. Sortait. Entrait. Sortait. Comme si elle avait corrigé son bug, par sa simple présence, et quelques litres de flotte glacée envoyés sauvagement. J’suis à des années lumière de ce que j’aurais voulu être. Qu’il balança simplement avant de se redresser, même si ça faisait mal à son corps endoloris par l’effort fourni pour ne pas mourir. Rien ne s’était jamais passé comme prévu. Rien. Et tout ce qu’il avait fait dans sa vie avait été un lamentable échec. Le seul constat qu’il pouvait faire, c’est que Daire était là. Maintenant, ici. Avec lui. Et que si elle pouvait l’aimer maintenant, alors elle pourrait l’aimer toujours. Il ferma les yeux quelques seconde et puis affronta enfin son regard, celui de la rousse, maintenant qu’il voyait enfin en couleur.
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