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 crash irl (boon)

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MessageSujet: crash irl (boon)   crash irl (boon) EmptyMer 2 Aoû - 23:48

Aujourd’hui, le geek store avait reçu une livraison assez importante. Theo et toi aviez donc comme mission de tout comptabiliser, étiqueter et mettre en rayon. Autant dire que la journée allait être longue. D’autant plus que Theo ne venait travailler que le matin. Faut dire que d’ordinaire ce jour-là tu travaillais seul mais quand il y avait des grosses livraisons, le mot d’ordre c’était l’entraide. Esprit familial avant tout au geek store. C’était en partie ce qui faisait qu’on s’y sentait si bien au geek store. La matinée avait été joyeuse. Theo et toi aviez passé votre temps à faire des blagues au milieu des piles de comics, figurines et autres. Elle était donc passée en un éclair et déjà Theo était parti te laissant pour seule compagnie ton sandwich jambon, salade, emmental. Très bon ce sandwich mais pas franchement bavard. T’as pourtant essayé de taper la discut avec lui mais ça reste jusqu’à présent un échec total… et malheureusement à l’heure où nous parlons, il ne fait plus parti de ce monde. RIP. Bref, t’avais donc repris ta mission de réception – étiquetage au sérieux sans bonne blague à se mettre sous la dent. Impossible de mettre de la musique puisqu’étant dans l’arrière-boutique, il te serait impossible d’entendre la cloche à l’entrée. Tout simplement pas imaginable si tu voulais garder ton emploi. La big boss était en dehors des murs pour le moment mais elle pouvait revenir à tout moment. Elle adorait d’ailleurs faire des apparitions en mode furtif pour te surprendre. Heureusement que t’étais pas cardiaque comme type. Enfin, tu crois… Faire quelques examens serait peut-être pas une mauvaise idée.

Soudain la cloche retentit, ce qui signifie nouveau client. Tu sais pas si c’est un habitué ou un nouveau mais en tant que bon vendeur, tu te dois être là. « Une petite seconde j’arrive. » Tu poses une pile de comics – que t’as pas du tout commencé à feuilleter –. Pas de ta faute si tu te dois de connaître les nouvelles aventures de batman pour anticiper les questions et débats amenés par Theo ou les clients. Et puis l’avantage c’est qu’au moins tu payes pas. Bref, tu te dépêches mais dans la précipitation tu manques de t’étaler au sol à cause d’un carton pile dans ta trajectoire pour rejoindre ton précieux comptoir. Arrivé, tu vois une silhouette blonde qui te tourne le dos. « Bonjour. Désolé on a reçu une importante livrai… » Elle vient de se retourner c’est le choc. « son. » Y a un truc qui se casse en toi. Tu pourrais pas dire quoi juste que c’est brisé en pleins de morceaux. C’est au sol et ça veut pas se recoller. Parce que la fille devant toi tu la reconnaitrais entre mille même si tu l’as jamais vu en vrai. Tu l’as vu qu’une fois par Skype, y a pas si longtemps et c’était déjà beaucoup alors que ça fait des années que vous parlez tout le temps, qu’elle fait partie de ta vie. C’est étrange dit comme ça mais faut comprendre qu’en face de toi, t’as une des personnes (voir la personne) qui te connait le plus au monde. « Boo. » Mais tu te sens mal et t’as de quoi parce que tu lui mens depuis presque deux mois, parce que tu lui as pas dit que tu vivais à Savannah alors qu’elle y est et tu sais que c’est que des galères pour elle depuis qu’elle est là. Pourquoi au juste ? Parce que… tu sais pourquoi mais tu veux pas le dire parce que c’est nul, parce que c’est du grand n’importe quoi mais t’as paniqué. Tu paniques souvent mais ça avait jamais atteint ce stade-là, ça avait jamais eu autant de conséquences. Et maintenant que tu la vois en face de toi, tu prends un peu conscience de ta connerie même si c’est une cascade de conneries en fait depuis le moment où tu as omis le fait que tu vives ici. Si t’es resté immobile depuis que tu l’as vu, dans tes yeux défile l’affolement, il prend toute la place. Dis quelque chose putain ou fais un truc. Mais quoi ? C’est tellement la panique en toi que t’aimerais être réduit à la taille d’une fourmi comme ant-man ou bien revenir dans le temps. Pourquoi au juste ? Pour continuer à mentir. C’est le moment d’y faire face sauf que t’as jamais été très courageux dans la vie. Non, t’es plus un expert de la fuite, toi. Looser. « Je, j’peux tout t’expliquer. » C’est ça gagne du temps, retiens-là, fais tout pour pas qu’elle part. Parce que tu sais que si elle part maintenant, c’est la fin. Y aura pas que toi qui sera mal et tu refuses que ça se répercute sur Boo. Tu t’es promis de jamais la faire souffrir… pour ça il aurait peut-être été judicieux de jamais mentir.
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MessageSujet: Re: crash irl (boon)   crash irl (boon) EmptyDim 6 Aoû - 17:39

Tes doigts glissent sur les bd, les faisant défiler une à une dans l’espoir d’en trouver une, cachée quelque part, que tu n’aurais pas lu. Tu aimerais tellement en commander des nouvelles, mais tu sais parfaitement que tu les lis plus vites qu’elles ne sont vendus. Les gens ne vont plus tellement dans les librairies. Les gens n’achètent plus vraiment de livres. Ni même de bd. Ca te rend un peu triste. De voir que le papier se perd. Parce que toi, tu aimes cette odeur. Tu aimes sentir le grain du papier sous tes doigts. Lire, ce n’est pas juste les mots qui défilent dans ta tête. C’est l’expérience associée. Tu soupires doucement avant de penser à la petite boutique geek de l’autre coté de la ville. Tu étais passée devant peu de temps après ton arrivée. Mais trop préoccupée par tes recherches, tu n’avais pas pris le temps de rentrer à l’intérieur. Mais maintenant … Maintenant que tes recherches se perdent. Que les pistes s’égarent. Tu pourrais aller y fouiller pour trouver quelques merveilles cachées.

Derrière toi, la porte s’ouvre, faisant raisonner la petite sonnette. Tu te retournes pour observer le client, espérant au fond voir de nouveau le visage de Junior. Mais non. Ce n’est pas lui. Lui et sa petite fossette. Lui et son air maladroit. Ton coeur bat un peu fort à ces pensées. Petite gamine qui tombe amoureuse comme on tombe d’une chaise. Petite idiote qui imagine le monde sans écouter la réalité. Tu esquisses un petit sourire pour le client. De ces sourires sans bonheur qui dissimulent ton âme blessée. Tu le laisses chercher son bonheur, retournant derrière la caisse jusqu’à ce qu’il revienne avec son due. Tu souris encore. Tu le fais payer. Puis il s’en va. Aussi simple que ça. Tu finis par fermer la petite boutique, montant ensuite dans l’appartement du dessus pour saluer le propriétaire. Ce vieux monsieur qui t’a donné ta chance en te proposant de reprendre son business. Pas d’enfant. Plus de famille. Il était trop vieux pour continuer. Et tu as débarqué sur sa route. Tu frappes à la porte avant de t’installer sur son vieux canapé pour boire un thé avec lui. Il parle. Et tu écoutes. Comme toujours. Il te raconte ses aventures, et toi tu rêves. Il dit que tu es sa bouffée d’air frais. Son colibri silencieux. Ca te fait doucement sourire. Et puis finalement, tu l’abandonnes encore. Comme tous les autres. Tu sors du magasin pour te diriger vers l’autre bout de la ville, marchant sans vraiment te presser. Tu espères simplement que le geek store ne sera pas fermé. Et puis, même s’il l’était, il te suffirait simplement de revenir un autre jour.

Tu arrives finalement en face de la boutique. Toujours ouverte. Tu esquisses un léger sourire avant de pousser la porte. Il y a personne à l’intérieur. C’est pas plus mal, tu préfères être seule. Alors tu te diriges vers les comics particulièrement mis en évidence. Comme dans ta librairie. Tu te retournes brusquement lorsque tu entends quelqu’un arriver. Tu esquisses un vague sourire, pour le saluer, avant de t’apprêter à te retourner pour retourner à ta recherche. Tu n’as pas regardé son visage. Ou juste à peine. Tu n’aimes pas tellement ça. Regarder les gens. Tes yeux glissent toujours sur les visages, ne s’y arrêtant que rarement. Mais ton prénom s’échappe de ses lèvres, attirant de nouveau ton attention. Cette fois ci, ton regard se pose sur lui. Vraiment. Et tu reconnais ses traits. Tu bloques. C’est comme si l’information ne pouvait pas être intégrée. Tu comprends pas. Non. Tu t’es surement trompé. Pourquoi Ben serait là ? Hein ? Pourquoi est-ce qu’il n’aurait rien dit ? Pourtant, sa façon de prononcer ton nom. Sa voix. Oui, tu aurais du la reconnaitre plus tôt sa voix. Parce que tu l’as entendu des milliers de fois. Tu t’es endormie bercée par sa voix. Tu as ris en écoutant ses bêtises. Tu as pleuré en le laissant te réconforter. Tu t’approches de lui, plongeant un instant tes yeux dans les siens. Il semble paniqué. Et toi tu frissonnes entièrement. « Qu’est ce que tu fais là … ? » Tu cliques les yeux en posant ton regard sur son petit insigne marqué de son prénom accroché sur son torse. « … Tu travailles ici ? » Tu fronces les sourcils. S’il travaille ici, c’est qu’il est là depuis quelque temps. Le temps de s’installer. De se poser. Tu comprends pas. Pourquoi il t’a rien dit hein ? Puis ça te frappe. Ca te frappe comme un coup de couteau. Sa gueule paniquée. Son insigne. Tout. Ben, il voulait juste pas te voir. Pas en vrai. « Oh … » Ton regard s’éteint. Lui qui s’était allumé à sa vue. « … Tu voulais pas me voir … Pardon … Je m’en vais … » C’est comme si ton coeur explosait. Là. Comme une bombe dans la poitrine. Ta gorge se serre et tu sens déjà une petite boule se former. Tu pensais pas ça. Tu pensais pas que même lui ne voudrait pas de toi. Même lui. Lui qui te connait par coeur. A croire que tu es mieux loin. Tu te retournes pour te diriger de nouveau vers la porte et partir avant d’éclater. Bon dieu, pourquoi ça fait si mal ? Ca devrait pas être si important ….
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MessageSujet: Re: crash irl (boon)   crash irl (boon) EmptyMar 8 Aoû - 23:00

Un oh qui annonce la couleur. A son regard, tu sais que t’as tout fichu en l’air en même pas trente secondes. T’as un talent, une maladresse légendaire si on veut, pour ruiner les trucs comme ça. Boo, elle est en sucre en plus de cela, y a pas une once de méchanceté dans son regard, dans sa bouche, non tu peux lire seulement la tristesse, la déception aussi sans aucun doute et franchement c’est pire. Ça fait davantage mal parce que ça te renvoie à ton comportement. L’humiliation n’en n’est que plus douloureuse parce que t’es le seul responsable et qu’elle a même pas besoin de dire ou faire quoique ce soit pour que ça transparaisse. Et pourtant ce n’est pas fini car elle finit par parler et la lame tombe, tranchante. « … Tu voulais pas me voir … Pardon … Je m’en vais … » Verdict implacable. Tu peux la blâmer de te dire ça, tu l’as provoqué. Et si t’étais paniqué avant là, ça n’est rien à la vague – que dis-je – au tsunami de panique qui te ravage. T’as tout fait foiré et maintenant elle va se tirer, vous ne parlerez plus, tu ne la verrais plus et… non il ne pouvait en être ainsi. Tu ne peux pouvais pas imaginer une vie sans la voir au bout du clavier, ne plus avoir sa présence rassurante même si elle était virtuelle te paraissait être une véritable punition. Elle se retourne, te faisant dos à nouveau et tu réagis. « Non. » Tu peux mieux faire. « Ne pars pas. » Et ça te semble encore insuffisant. Si t’avais été bon en sport t’aurais sauté au-dessus du comptoir qui vous sépare mais là tu préfères le contourner pour te retrouver à côté d’elle. Tu lui attrapes doucement le poignet pour l’empêcher de partir. T’as pas beaucoup de force mais tu as quand même le dessus sur Boo. « Je t’en prie, je… » T’as du mal à trouver les mots. Ça t’arrivait jamais avec Boo normalement. Tu pouvais parler librement, tu lui avais confié des choses que t’avais jamais osé formuler à haute voix. Aujourd’hui, chaque mot te semblait brulant. T’étais pas bon pour les interactions humaines, ça ne faisait vraiment aucun doute. « Je voulais, je veux te voir vraiment. Mais… c’est… euh… que. » De ta main valide tu te grattes les cheveux visiblement mal à l’aise. Ces mots, foutus mots, pourquoi c’est autant difficile ? Tu te sens lourd de pas réussir à exprimer ce que tu veux lui dire et t’as cette horrible impression d’être terriblement mauvais. Tu ne vas faire que la faire fuir encore plus vite. A coup sûr, elle avait une image de toi que t’es en train de torpiller. « Je… euh… regarde j’arrive plus à parler. » Comme si ça expliquait tout.

Pour toi ça fait sens, t’es dans ta tête mais elle, elle ne l’est pas. Faut que tu sois plus clair Ben, explicite. « J’avais peur. » Tu te sens un peu moins lourd même si c’est pas encore ça mais tu sens que ça vient un peu plus. « J’étais terrifié même. » T’es en train de mettre ton cœur à nu. C’est pas facile mais t’es prêt à le faire pour garder Boo. Qu’est-ce que t’as à perdre ? « J’étais terrifié que ça gâche tout. » Tu lâches son poignet doucement, tu veux pas la forcer à rester maintenant que t’as commencé même si ça briserait ton cœur qu’elle parte en plein milieu de ta tirade. « Pas que j’avais peur que tu gâches tout non, c’est pas ça. J’avais peur que ça soit bizarre, que y est pas ce qu’il y a derrière l’ordi en vrai et je pouvais pas prendre ce risque, je… » Et tu réalises que ça n’explique toujours pas pourquoi t’étais à Savannah et peut-être qu’elle croirait pas que t’étais à Boston, fallait que t’explique ça aussi. « J’étais vraiment à Boston mais ma grand-mère est de Savannah et elle est malade et il fallait que je vienne mais tu m’as annoncé que t’allais chercher ta sœur et j’ai paniqué. Je t’ai rien dit, je… J’te jure que j’voulais te le dire Boo mais j’y arrivais pas alors j’ai laissé traîné et… si tu savais comme j’men veux. » Elle peut le lire dans tes yeux. Tu mens pas. Tu t’en veux terriblement et t’as conscience que tes propos sont sûrement pas très clairs mais ils sont ceux d’un homme quelque peu désespéré qui fait ce qu’il peut peur pour rattraper ses conneries. Y a tellement à dire mais tu veux pas non plus la noyer sous un monologue. Tu veux juste qu’elle te pardonne ou qu’elle fasse un signe qui montre qu’elle tend vers ce chemin. Elle peut pas te laisser, pas maintenant. Ces sept années peuvent pas se finir comme ça, impossible.
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MessageSujet: Re: crash irl (boon)   crash irl (boon) EmptyMar 15 Aoû - 18:31

Tu t’sens mal. Foutrement mal. Sa réaction te broie le coeur malgré toi. Tu voudrais tellement t’en foutre. Te dire que c’est rien. Rien qu’un pixel mort. Ou un sentiment qu’on peut mettre à la corbeille. Mais la vraie vie est tellement plus compliquée. Tu peux pas juste appuyer sur ‘quitter la partie’ et fermer l’ordinateur. Non. Cette fois ci, c’est en face de toi. Tu peux pas juste t’effondrer sans que personne ne s’en rende compte. Bon dieu, pourquoi ça fait si mal ?

Tu fais demi tour, les jambes déjà tremblantes. Tu observes la porte qui te parait si loin. Ne pas pleurer avant d’être hors de portée. Ne pas penser au fait que ton seul ami ne veut pas te voir. La seule personne qui te connaisse vraiment. Mieux que personne. Mieux que tes parents. Mieux que toute les personnes que tu as pu, un jour, croiser. Physiquement ou virtuellement. Même mieux que Bee. Quelle blague. Si même lui ne veut pas te voir, tu te demandes bien qui voudrait. Mais sa main attrape ton poignet avant que tu n’ai pu t’échapper. Tu restes encore dos à lui, pour ne pas craquer. T’es qu’une gamine Boo. Qu’une gamine trop sensible. Tu restes là, à écouter ses balbutiements. Et tu finis par te retourner quand il avoue avoir eu peur. Ton coeur se desserre un peu. Parce que tu le connais ce sentiment. Cette peur de tout briser. Ton regard brillant se perd un instant dans ses yeux. Ses yeux bourrés de sincérité. Benjamin. Ce prénom clignote sur l’écran de ton ordinateur depuis des années.

Tu restes là. Plantée devant lui. Infoutu d’ouvrir la bouche. Tu éclaterais en sanglot à coup sur sinon. Et sans que tu ne comprennes comment, tu te retrouves contre lui, tes bras autour de son cou et ta tête posée sur son torse. Chose que tu n’as jamais faite à un autre garçon. Jamais. Mais c’est lui. C’est Benjamin. Et le voir ici fait remonter tout. Tout ce qui va pas depuis que t’es arrivée. Cette solitude encore plus pesante que d’habitude. Cette peur constante qu’il te retrouve. La douleur de ne pas la retrouver. La peur de ne jamais le faire. La confusion de toutes ces nouvelles rencontres. Tout. Trop pour toi. Trop pour ton petit coeur fatigué. Benji, ça a toujours été ta béquille. Celui qui séchait tes larmes avec quelques mots idiots. Alors t’as pas peur de lui. Jamais. Même s’il t’a blessé. Quelque part, tu comprends. Alors tu te laisses simplement aller. Comme avant. Comme sur internet. Tu poses ta tête contre lui, le serrant fort. Tu trembles doucement, retenant encore les larmes. Mais la vague vient te frapper. Brutalement. Tu te mets à sangloter comme un idiote. Tu relâches la pression. La pression de tout.
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MessageSujet: Re: crash irl (boon)   crash irl (boon) EmptyDim 20 Aoû - 15:10

Le cœur au bord des lèvres, au bord du gouffre à cause de l’attente. Restera ou restera pas, telle est la question, tel est l’enjeu. Elle te regarde droit dans les yeux et t’aimerais qu’elle puisse lire à quel point t’es sincère, à quel point tu t’en veux et que tu souhaites qu’une chose en ce moment : qu’elle reste ! Mais tu peux pas t’empêcher de te dire que tes yeux ne doivent exprimer que le quart de ça et ça t’énerve, ça te frustre. Qu’est-ce que tu peux faire ? Rien juste attendre et c’est franchement frustrant l’impuissance. Tout ne dépend que d’elle alors t’attend. Le seul truc que tu peux faire. Les secondes semblent des heures, c’est marrant la perception des choses comment elle peut différer de la réalité. Et puis c’est la délivrance tant attendue. Voilà qu’elle vient te prendre dans ses bras, ses mains autour de ton coup, ta tête sur ton torse. Automatiquement tu viens poser tes mains dans le bas de son dos, comme pour t’assurer qu’elle va bien rester. Et tu la sens trembler comme une feuille, pauvre petite créature. Tu comprends pas tout. Tu comprends pas trop pourquoi elle tremble et voilà qu’elle se met à sangloter. Tu dis rien, tu la laisse faire parce que tu comprends qu’elle en a besoin. Tu te doutes que c’est pas juste ta vision qui provoque ça, qu’il y a autre chose mais tu mesures pas l’ampleur. Tu fais ce que tu sais faire de mieux au final : être là. Tu continues de la prendre dans tes bras et sans vraiment t’en rendre compte, tu commences à bouger un peu, comme si tu la berçais pour sécher ses larmes et lui apporter du réconfort comme on ferait avec un enfant. Tu déposes un baiser sur le haut de sa tête avant de dire : « Ca va aller. » Et tu le penses vraiment. Tu vois pas comment ça pourrait pas aller. Vous, ensemble, que pourrait-il se passer de mal ? « Je suis là. » Cette petite phrase toute banale est tellement pleine de sens, comme écho de tous ces moments partagés derrière l’écran, toutes ces heures passées à parler de tout, de rien jusqu’à en oublier le jeu qui les réunit au départ. Et puis t’essayes de te rattraper pour toutes les conneries que t’as fait dernièrement à pas dire la vérité. Le chemin pour te faire pardonner sera long même si elle te pardonne rapidement. Faudra que toi, tu te pardonnes aussi parce que maintenant qu’elle est là, dans tes bras, tu réalises vraiment à quel point t’as été stupide. T’as envie de dire quelque chose mais ça bloque, tu sais pas pourquoi. C’est pas tellement le contenu de la phrase mais c’est bête des fois les gens et les réactions qu’on peut avoir. T’es pas non plus un garçon très courageux, t’es du style à choisir toujours l’option la plus rassurante et sure et qui t’apportes le moins de souci et de complication. Tes instants de grande bravoure, de mise en vulnérabilité, tu peux les compter sur les doigts d’une seule main. Mais là, tu te dois te faire violence. Ca doit aussi être ça murir, grandir, « gagner en expérience ». T’inspires et enfin tu lâches : « Je suis désolé Boo. » Même si c’était fortement insinué, que tu l’as un peu dit avec d’autres mots il fallait que ça sorte tel quel, ne serait-ce que pour que Boo l’entende. Tu veux pas qu’elle pense que tu la considère comme acquise, que tu fais pas d’effort ou quoi parce que c’est pas vrai et que ça le sera jamais. Alors voilà c’est dit, ça fait tout drôle parce que ce genre de désolé est rempli de sens, il est pas juste dit comme ça. Et en même temps tu te sens un peu plus léger. C’est bien ce que tu dis, ça fait tout drôle.
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MessageSujet: Re: crash irl (boon)   crash irl (boon) EmptyDim 10 Sep - 16:10

C’est si bête. De te laisser aller comme ça entre ses bras. Mais c’est comme si toutes les émotions te frappaient brutalement. Cette impression de solitude omniprésente. Ce sentiment d’échec cuisant. Cette peur foutrement oppressante. Ca te heurte salement. Parce que tu lui en avais pas vraiment parlé. Pour pas trop l’inquiéter. Mais t’es si seule. Là. Coincée dans cette ville qui porte encore les couleurs de Bee. Tu pensais que ça serait simple. Que tu la retrouverais. Que tu lui pardonnerais. Et que tu pourrais avancer. Mettre ce passé de coté. Mais t’es là. Une nouvelle fois prisonnière. A plus savoir où aller. A pas oser partir. A pas savoir rester. Coincée. Sans pouvoir avancer. Sans pouvoir reculer. Le coeur prisonnier, bien incapable de t’échapper et d’abandonner.

Sa voix résonne tout contre toi. Comme une ancienne camarade. Tu l’as tellement écouté, sa voix. A travers l’ordinateur. Elle n’a pas changé. Il te rassure doucement. Te dit que ça va aller. T’es pas certaines de ça toi. Mais tu n’as pas vraiment d’autres choix que de te laisser convaincre. Parce que tu t’écroulerais par terre si t’arrêtais vraiment d’y croire. Tu finis par te séparer de lui. Mal à l’aise d’avoir été si proche. Pourtant, tout était si naturel. Pour la première fois depuis des années, tu n’as pas eu peur. Mieux encore. Sa présence tout contre toi t’a rassuré. Son odeur, pourtant inconnue, est venue te bercer doucement, créant un sentiment de sécurité. Tu renifles doucement, passant ta main sur tes yeux pour effacer les larmes qui se sont formées au creux de ton regard. « … C’est moi … » C’est toi qui a craqué au beau milieu du magasin. « … J’étais tellement concentrée sur Bee » Tu t’en veux. De n’avoir même pas réaliser qu’il pouvait se passer des choses dans sa vie à lui. Qu’il pouvait être triste. Qu’il n’était pas simplement un avatar qui t’écoute et te comprend. Qu’il avait aussi une vie. Là. Derrière l’ordinateur. « … Elle a quoi ta grand mère … ? » Tu joues doucement avec tes mains, cherchant à détourner la discussion. T’es pas certaine d’être capable de parler de tes échecs sans pleurer encore. Surtout à lui. Lui qui sait absolument tout. Enfin presque. Il ne connait pas les dernières choses. Tu lui as parlé de Michael, mais pas de Junior. Ni du mensonge de Michael. T’as rien dit sur les fleurs que Junior t’a offerte. Sur la question qu’il t’a posé. Pourquoi elle est partie Bee ? Hein ?
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MessageSujet: Re: crash irl (boon)   crash irl (boon) EmptyDim 24 Sep - 14:16

Elle vient essuyer ses larmes et tu te dis que ça marche. Ça commence à mieux aller, tout va s’arranger. Le mauvais moment est quasiment terminé, il va faire place à la joie des (re)trouvailles. Peut-on parler de retrouvailles quand on voit quelqu’un qu’on n’a vu qu’à travers une webcam ? Et pourtant, si tu ne l’as pas vu physiquement, tu lui as tellement parlée que trouvailles semble bien trop faible. Il ne s’agit pas d’une rencontre, en tout cas pas dans le sens stricte du terme. Internet transforme les frontières et rend complexe des mots qui semblaient pourtant si simple. Les relations ont pris un tout autre aspect et les distances sont renégociées. Des milliers de kilomètres peuvent nous séparer et pourtant, nous pouvons considérer que l’on se connait plus que la personne que tu vois tous les jours et à qui tu parles. Toi tu sais qu’avec Boo il s’agit de cela. Vous vous connaissez tellement, pas trop mais bien plus que quiconque. Le fait de la voir ça change pas grand-chose, enfin… si, il y a ce contact, cette étreinte mais tu ne peux même pas dire si ça fera que vous soyez plus proche. Il est sûrement trop tôt pour le dire et puis une part de toi se demande si t’arriveras à te confier aussi facilement à elle quand ses jolis yeux seront braqués sur toi à, à peine quelques centimètres. C’est con au final quand, face à face, on pense à toutes ses choses. Derrière l’écran, tu n’y pensais même pas une seule seconde. « C’est moi… J’étais tellement concentrée sur Bee » Non, non tu ne veux pas qu’elle s’en veuille. C’est pas sa faute, jamais, pas sur ça. T’as déjà tellement de mal à te faire à l’idée que ta grand-mère est malade, c’est surréaliste alors en parler, c’est encore pire. Sûrement qu’au fond, t’espères que si t’en parles pas, ça soit pas réel et qu’elle va rester avec toi. L’être logique et raisonnable que tu es c’est très bien que c’est des conneries mais bon, l’enfant qui sommeillera toujours en toi est prêt à croire à n’importe quoi si ça peut te permettre de garder Francine. « Elle a quoi ta grand mère … ? » Forcément la question qui devait arriver… la cause. T’inspires un bon coup comme pour te donner du courage, pourtant les mots sont pas si compliqués, t’as bien compris le médecin quand il t’a expliqué mais encore une fois pas envie d’en parler mais puisque c’est Boo qui demande, tu vas faire un effort. « Un cancer… en phase terminale. » Tu déglutines pour finir ce que t’as à dire, parce que c’est le point culminant, celui qui fait mal, celui qui détruit tout. « Il lui reste six mois. » Quatre et demi, maintenant s’il fallait être précis mais tu bloques sur six moi. A chaque fois tu dis six comme quand le médecin te l’a expliqué et à jamais ça restera six pour les autres même si trop souvent dans ta tête tu fais le décompte. Tu connais limite le nombre d’heures, c’est terrifiant. « Y a rien faire, juste être là, c’est pour ça que je suis revenu. » T’ajoutes ça comme pour boucler la boucle, qu’elle ait tous les éléments pour comprendre, enfin ceux indispensables mais tu peux pas t’empêcher de conclure par : « J’aime pas vraiment en parler. » Tu développes pas plus. Tu juges que c’est suffisant.
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