Certains pourraient croire que le travail d’un architecte prenait fin quand les propriétaires d’une demeure ou d’un immeuble s’installaient et y vivaient tranquillement leur vie, mais en vérité, ce n’était pas tout à fait ça. En effet, il y avait toujours des chances qu’un suivi soit nécessaire, que ce soit pour une raison ou une autre. Évidemment, c’était mieux quand cela n’arrivait pas, mais dans certains cas, c’était tout simplement inévitable. Puisque c’était du boulot, clairement, je n’allais pas m’en plaindre, mais je dus admettre que lorsqu’on m’annonça que j’avais rendez-vous pour visiter une demeure qui éprouvait certains problèmes, une demeure pour laquelle j’avais fait des croquis pour des rénovations, je ne fus pas le plus heureux du monde à l’idée d’avoir ce contrat. Pourquoi ? Parce que cette maison, bien que mon travail sur celle-ci datait d’il y a un bon moment maintenant, en l’occurence de mes premiers mois en tant qu’architecte-associé dans ce cabinet, je m’en souvenais très bien. Enfin, je me souvenais surtout du fait qu’après l’avoir observée, j’avais remarqué que la cave n’était pas dans l’état le plus convenable qui soit. J’avais bien évidemment proposé que celle-ci soit retravaillée également, mais on m’avait fait savoir que ce n’était pas dans les plans, alors plutôt que d’insister, puisque j’étais jeune, je manquais encore un peu d’expérience et m’affirmer, ce n’était pas ce qui me venait le plus naturellement au vu de ce que je venais de traverser avec ma première femme, je n’avais pas insisté. Je me rappelais aussi être parti en sachant qu’à un moment ou un autre, quelque chose allait clocher. Bien sûr, j’avais espéré que ce ne soit rien de grave, et ce espoir resurgit quand j’avais commencé à me préparer pour ce rendez-vous. En effet, je me disais qu’il valait mieux, pour mes clients et moi-même, de penser à leur bien-être plutôt qu’au moment où j’allais dire « je vous l’avais dit ». Bien décidé à ne pas en faire tout un cas une fois sur place, je réfléchis longuement à ce que je pourrais dire sur la route de la dite maison, route que j’avais prise après avoir rangé mes affaires au bureau dans l’intention de rentrer directement chez moi par la suite. Sur place, je n’avais pas attendu plus longtemps toutefois pour me diriger vers la porte et y frapper. Quelques instants plus tard, ce fut un visage reconnaissable qui vint m’ouvrir la porte, visage qui, lui aussi visiblement, m’avait reconnu, au vu de l’air chaleureux, mais poli, qu’il adopta. Tout en lui serrant la main, je lui répondis:  « Mais de rien, c’est mon boulot, après tout. » sans prétention ou quoi que ce soit du genre, considérant que mes propos, je les avais tenus avec humilité, non pas pour lui faire savoir que cela me gênait ou un truc du genre, parce que malgré les circonstances, ce n’était pas le cas. Plus encore, une fois que je fus entré dans la maison, ce fut sans trop de gêne que je ris légèrement aux propos de mon interlocuteur avant de lui répondre:  « Je crois que ça va aller, merci. » Je choisis de ne pas m’étaler sur le fait que depuis que je pratiquais mon métier, j’avais vu plusieurs cas qui auraient nécessité quelque chose de fort au préalable, donc que j’allais sûrement survivre et que de plus, je ne me voyais pas boire au boulot, et encore moins sentir l’alcool au retour à la maison, sachant très bien que mon épouse ne serait pas des plus heureuses, elle qui n’avait plus le droit d’y toucher pour encore quelques mois. Considérant ensuite les lieux d’un coup d’oeil, je pointai une porte au détour d’un couloir, et je dis:  « C’est par là, si je me souviens bien ? » Sachant très bien que je pourrais très bien l’oublier vu le temps, compte tenu de toutes les demeures que j’avais pu voir passer depuis le temps.