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 (flashback) when i wake up i'm afraid

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MessageSujet: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyMer 30 Nov - 16:39


MIHAIL

when i wake up i'm afraid.


Un, deux, trois, quatre, cinq, six...
La nuit tombée, inlassablement, elle compte les secondes sur le cadran. L'obscurité voile lourdement ses paupières, écrasées en camaïeu de bleu par la fatigue, celle qu'elle a laissé se décomposer dans un coin jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus ignorer le cadavre immonde de l'insomnie, avachi dans l'angle des murs de la maison familiale. C'était compliqué parfois, de distinguer un cadavre de l'autre. Ça traînait dans tous les placards, les tiroirs des tables de chevet, sous les lits de ses frères et sœurs, dans les yeux sévères de son père, dans le souvenir lointain du sourire de sa mère. Mort. Le frisson qui parcoure son échine. Alors les yeux fermés à en voir des constellations inconnues, elle compte les secondes dans leur course folle vers la lueur du matin. Elle imagine les rayons sur sa peau ; brûlants, réconfortants. Et elle se baigne dans leur chaleur, elle se noie dedans. Amoureuse transie de la lumière qu'elle s'use à contempler entre deux barreaux de prison. Elle la sent presque, émaner de sous sa peau, la supplier de se casser de ce cauchemar ambulant. Elle la sent presque, la bouffer de l'intérieur, la supplier de se rendre à l'évidence. Elle les avait foutu là, les barreaux. En travers de sa gorge, de son équilibre mental. Itinéraire fermé, dévié dans un décor de dégénérés. L'ombre qui s'était détachée du reste avant de l'avaler toute entière. Iulia, Iulia, Iulia. Inlassablement, elle compte. Elle répète pour pas oublier.
Crac. Elle reconnaît le bruit des lattes du parquet, martelées de pas maladroits qu'elle entend se rapprocher. La respiration se bloque, alarmée par l'instinct. Un, deux, trois, quatre, cinq, six ... Elle se redresse sur le matelas de mauvaise qualité. La nuit distingue à peine les formes autour d'elle, étirées sur chaque pan de mur dans des contrastes inquiétants. Ombres en dents de scie. Elle s'extirpe des draps, un bas de pyjama devenu trop lâche pour son absence de volupté. Elle avait pas le temps. Pas le temps de s'inquiéter du nœud dans son estomac, des rejets maladifs systématiques à ses fins de repas. Le temps ; elle lui courrait après. Elle pouvait pas. Elle pouvait pas s'arrêter de penser. C'était ça ou crever. Elle pouvait pas dormir, elle pouvait pas manger, elle pouvait pas tant qu'elle avait rien solutionné. Iulia, Iulia, Iulia. Elle sort de la chambre et s'engouffre dans le couloir, happée par la curiosité des bruits étranges qui viennent de s'arrêter. « Mihail ? » C'était à peine possible d'apercevoir sa bouille de gosse dans le noir mais d'une façon incompréhensible, il contrastait quand même. Il tranchait de tout le reste. Dans un soupir rassuré, elle se laisse tomber genoux à terre à sa hauteur. « Qu'est-ce que tu fais encore debout ? Tu sais que papa aimerait pas ... » Presque maternelle, elle passe une main dans ses cheveux ébouriffés par l'oreiller. Doucement. Elle avait tout le temps peur de le casser.

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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyMer 30 Nov - 21:38

when i wake up i'm afraid
elena & mihail
There is a little boy inside the man who is my brother... Oh, how I hated that little boy. And how I love him too.

Mihail se réveille en pleine nuit en sentant les pieds froids de Tereza contre ses côtes. Ça lui arrache un frisson et en se dégageant un peu trop violemment il tombe du vulgaire lit une place qu’ils partagent. Un bruit sourd qui résonne et il se tétanise en entendant ses frères se retourner dans la pièce qu’ils partagent. Mimi se relève, retourne dans les couvertures, du moins il essaye, mais sa jumelle a tout pris. Il soupire. Huit ans. Il a huit ans, un vulgaire gosse qui a connu, qui a vu l’horreur et à un page om il ne devrait pas avoir à s’inquiéter des choses de la vie, l’une de ses sœurs lui manque terriblement. Iulia. Quand il voit Madalina, elle ne fait que lui rappeler sa sœur, le manque qu’il a dans sa vie même s’il n’a pas encore les mots pour l’expliquer. Il tourne, se retourne et tourne encore dans en essayant de succomber à Morphée. Il y a trop de chose dans sa tête, trop de trucs qu’il ne comprend pas et l’empêchent de retrouver le sommeil. « Mimi…» c’est la voix encore douce de Tereza qui le sort de ses pensées, sa voix pleine de sommeille, pleine de remontrance en dépit de son jeune âge. Il comprend qu’il gêne. Comme bien souvent dans cette famille, il est de trop, le huitième gosse. Il n’a pas sa place, il est personne, un gosse de plus, une bouche de plus à nourrir, à élever dans le manque, dans la violence, avec des méthodes archaïques. Quand sa jumelle le repousse une énième fois, il se tire des draps et quitte la petite pièce.
Mihail erre d’abord dans les coins de la maison, il se rend dans la plus grande des prudences jusqu’à la cuisine. Il sait bien que si on le trouve ici, il n’en sortira pas indemne, mais après avoir joué l’équilibriste pour se servir un verre de lait, il est fier de lui. Fier d’avoir bravé l’interdit, de profiter du calme dans la maison qui est pourtant toujours bruyante, les cris, les pleurs, la télé qui braille. Enfin, il retourne en direction des chambres. Mimi pose son pied sur une des lattes du parquet qui grince, il se fige en entendant le bruit qui résonne dans le couloir. Il n’ose plus bouger, il attend, il compte les secondes avant de s’autoriser à bouger. C’est un autre bruit qui attire son attention, celui d’une poignée de porte qu’on ouvre et dans un ultime réflexe, il se plaque contre un mur. Le dos à plat, il essaye de ne faire qu’un avec les cloisons, il retient même sa respiration jusqu’à reconnaître la silhouette qui s’approche de lui ; Elena. Elle se met à sa hauteur, elle aussi semble soulagée de le voir lui plutôt que n’importe qui d’autres. Elle passe une main dans ses cheveux, il grimace légèrement en sentant les doigts de sa sœur résister à un moment. « Mais Rez elle… » il sait bien qu’il ne soit pas être debout, et il tente de se défendre comme il peut devant sa sœur, comme le gamin qu’il est. « Rez, elle m’a réveillé et foutu par terre et… » Il ne veut pas désobéir Mimi, ce n’est pas un vilain garçon, il est même plutôt doux et docile, juste dans la mauvaise famille, il se plie à tout, à toutes les règles et exigence. « Je voulais pas réveiller les garçons… » qu’il conclut en enroulant ses doigts honteusement autour de son tee-shirt trop grand et délavé à l’effigie d’un dessin animé plus vieux que lui. S’il réveillait les garçons, ça aurait fini en bagarre, en coup de coude dans le bide et coup de poing, juste pour lui faire comprendre qu’il faut dormir la nuit.


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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyJeu 1 Déc - 10:54

Elle reconnait la lueur apeurée dans le reflet des yeux de son petit frère ; ses yeux trois fois trop grands pour les traits fins de son visage, trois fois trop noyés d'une innocence miraculeusement sauvée des débris en plein milieu du champ de bataille. Elle n'arrive pas à comprendre comment c'est possible, rescapé de gamin. Elle n'arrive pas à saisir comment il a fait pour garder ça malgré les frissons évidents qui parcourent ses bras gringalets. Peut-être si elle prenait le temps de l'observer un peu plus. Peut-être qu'elle verrait la réponse. Mais pour l'instant, la pénombre est trop opaque pour y distinguer autre chose que leur respirations respectives, à demie retenues dans le vide du silence, suspendues dans l'attente de la tempête qui ne les frapperait peut-être pas cette nuit. « Mais Rez elle… » C'est un deuxième soupir qui s'échappe de ses lèvres gercées, parce qu'elle connait déjà les arguments de Mihail. Un soupir, un sourire désolé. Il grandit tellement vite ; déjà, les effets de la croissance lui écartèle les bras sans prévenir. Huit ans. Trop élancé pour la pauvre excuse de lit qu'il partage avec sa jumelle, trop petit pour le tee shirt délavé dans lequel il flotte lâchement. Le tee shirt qu'il tord douloureusement entre ses doigts, le tee shirt qu'elle dénoue avec douceur avant de s'emparer de ses mains. « C'est avec Rez que tu dois voir ça, je peux pas toujours t'aider Mimi. » La vérité lui écorche la bouche, et le sourire se transforme en une ligne fine pour qu'il ne sente pas l'arrière goût qui empeste le sang. Je peux pas t'aider, je peux aider personne. La fatalité de sa ridicule condition d'humaine, la désillusion de s'être crue messie pendant des mois, des années. Personne n'était né pour les aider, eux et leur nom de famille infâme. Personne n'en écrirait des bouquins sur plusieurs tomes pour leur accorder un semblant de rédemption. C'était eux, le reste du monde, et le foutu océan de possibilités qui les séparait. Il suffisait d'un rien pour traverser les continents et se retrouver de l'autre côté. Elle se surprenait parfois à rêvasser sous la lune, les pieds nus piétinant la rive. Il suffisait de traverser. Seulement de traverser. « Rez, elle m’a réveillé et foutu par terre et… » Elle reporte son attention sur Mihail, loin de la houle et des vagues. Elle sait pas trop quoi lui répondre, elle oserait pas entrer dans la chambre des gars pour demander à Tereza de céder un bout de matelas. Elle n'en était encore qu'à répéter son rôle de grande sœur, passée de souffleuse à personnage principal. C'était bancal, la plupart du temps. Iulia. Iulia elle jouait bien, elle jouait mieux. « Je voulais pas réveiller les garçons… » « On va essayer de réveiller personne, d'accord ? » Les garçons hésiteraient pas à cogner, Mihail s'en prenait toujours une au passage. Elle fait pression de ses mains une fois, pour le rassurer. Personne ne te fera de mal ce soir, promis. Elle lui dit pas à haute voix, ça sonnerait presque vrai, son mensonge éhonté. Elle peut rien lui promettre lorsque le jour se lèvera. Alors la nuit, elle embellit la chose, elle balance des étoiles par poignées grossières. Elle en balance un peu trop juste pour s'assurer. Pour le préserver un peu.  « T'as faim ? Reste là, et surtout fait pas de bruit. Je reviens. » Elle dépose un baiser rapide sur son crâne, pour mieux le repousser discrètement contre le mur du couloir. Vite, vite, vite. Elle veut pas qu'il se fasse engueuler par sa faute. Elle détale jusqu'à la cuisine, pas fantômes sur le sol glacial. « Mimi ... » elle soupire en remarquant qu'il a mal rangé la bouteille de lait. Il avait pas du faire attention, c'était pas son genre de semer des indices pour se prendre une raclée après. Pas comme elle et sa joue constamment tendue dans l'attente. D'un geste rapide, elle ouvre le placard pour attraper les céréales. Elle hésite un moment avant de finalement replier les coins de son tee shirt et foutre une poignée généreuse dedans. Puis elle remet tout en place comme si personne était passé par là. Invisible. Dans le couloir, Mihail est encore enfoncé dans le décor, silencieux. Elle lui tend la main, l'autre trop occupée à pas envoyer valser son butin. « Ça peut pas devenir une habitude, Mimi. »
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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyJeu 1 Déc - 17:31

when i wake up i'm afraid
elena & mihail
There is a little boy inside the man who is my brother... Oh, how I hated that little boy. And how I love him too.

Il sait bien Mihail qu’Elena ne sera pas toujours là. C’est le genre de chose qu’il ne devrait pourtant pas deviner du haut de ses huit ans. À son âge, il devrait se concentrer sur d’autres choses que sur l’état de sa famille et malgré tout, il sait. Même s’il n’a pas les mots pour l’exprimer, il sait qu’on ne pourra pas le sauver, qu’on ne pourra rien faire pour libérer sa famille du poids de leur nom, de leurs origines. Il sait qu’ils sont la mauvaise graine, la mauvaise herbe qu’il faut terrasser du jardin. Il voit bien le regard des gens quand il prononce Popescu, quand à l’école il est déjà catalogué comme le fils de… le frère de… Ils sont trop nombreux dans cette famille, trop usés, trop brisés, il le voit dans leur regard que les choses ont changé, surtout depuis l’incarcération de Iulia. Il est jeune, mais loin d’être stupide. Il a encore cette innocence qui le préserve des pires craintes, une sorte de naïveté qui le pousse à garder espoir. Mais les choses sont différentes désormais, ils sont tous un peu plus perdu. Il explique ses malheurs à son aîné, Tereza qui prend toute la place, les frangins et leurs mains lestes si jamais il venait à les réveiller. Grandir comme un Popescu, c’est grandir avec l’angoisse d’en prendre une sans raison, c’est grandir dans le bruit, dans les cris et les pleurs, les coups qui pleuvent. Elena se veut rassurante, c’est rare, elle est ailleurs depuis un certain temps, ça il ne le remarque pas, trop obnubilé par ses propres maux. Elle lui demande s’il a faim, il hoche timidement la tête, ce n’est pas une heure pour manger, mais ce soir il n’a pas eu grand-chose dans son assiette. C’est le ventre de Rez qui a gargouillé toute la journée alors il lui a donné ce qu’il a pu sans que ça se voit, sans s’attirer les foudres des autres. Rez, il la protège comme il peut. Il protègerait tout le monde s’il était juste un peu plus grand. Un bisou sur le front, rare signe d’affection dans leur famille, et Elena le remet dans son coin, dans l’ombre. Il se plaque comme précédemment, retient sa respiration. Les minutes lui semblent longues, très longues. Une chose le rassure, tant qu’il n’y a pas de cri, sa sœur n’a pas été repérée.

Elena finit par revenir, ses bras tenant le bord de son tee shirt, il ne comprend pas bien pourquoi, pas tout de suite, pas avant qu’elle ne libère une main pour le sortir de sa cachette. Il reconnait les céréales qui bordent le creux de son tee-shirt. C’est plus fort que lui, il en prend une poignée qu’il fourre dans sa bouche. L’air un peu désespérée, elle le prévient que cela ne peut pas durer, que ça ne peut pas devenir une habitude. Il hoche la tête la bouche pleine. Elle a raison, s’il continue, ils vont se faire prendre un jour. Si Mimi est capable de s’attirer les foudres de leur paternel à la place de Madalina ou Tereza, Elena ne le laissera probablement jamais porter le chapeau. « Mais je vais pas dormir par terre. » Il parle avec sa petite voix, la bouche encore pleine. Elena lui fait toujours une place, elle ne le réveille pas non plus la nuit, elle ne le met pas par terre non plus et ses pieds ne se collent jamais dans son dos. C’est de dormir avec elle qu’avec Rez. Mais ils ne sont pas encore assez grands pour avoir un lit séparé. Enfin, ils l’avaient jusqu’à l’arrivé de Madalina, il avait bien fallu la faire dormir quelque part, alors on a regroupé les jumeaux. C’était plus simple, plus logique même si cela doit coûter des heures de sommeil à Mihail. « Promis, demain je me lève pas. » C’est une promesse d’enfant qu’il fait. Il tente même de sourire et il sait bien Mimi, qu’elle ne le renverra pas dans sa chambre, mais pour faire passer la pilule, il lui sourit. Ce sourire de gosse, celui qu’il peut encore se permettre de faire car il n’a pas suffisamment grandir pour s’en passer, il n’a pas encore ce côté petit merdeux qu’il aura dans quelque temps, le sourire fracassé des Popescu, celui de Ioan, Seven, Constantin et Cezar, celui de leur père, celui dont ils ont tous hérité malheureusement. « S'te plait Lena. »



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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyDim 4 Déc - 15:20

« Ça peut pas devenir une habitude, Mimi. » Non, ça pouvait pas ; et il avait beau la fixer avec ses grands yeux, elle pouvait rien changer à ça. C'était injuste, c'était dégueulasse. C'était le lot commun des réalités, la constante qu'on pouvait tordre un peu quand on avait de la chance mais jamais casser. Et la chance, elle n'en avait pas. Elle aurait pas été là sinon, à moitié accroupie dans un couloir sombre avec des miettes de céréales qui profitaient des plis pour se faufiler sous le tee shirt. Elle aurait pas été là, à prier que Mihail fasse pas trop de bruit en mangeant pour pas réveiller le reste de leur bande de malheureux. Qu'ils dorment tous, c'était peut-être le seul moment calme de la journée. Elle sait pas où elle aurait pu être, dans une autre vie où le mot justice servait pas seulement à faire joli, inscrit en lettres dorées dans une constitution. De l'autre côté de l'océan, peut-être. Un autre pays, un autre continent. Une autre Elena, un peu plus jolie. Un peu plus ambitieuse, un peu moins conne. Plus courageuse. C'était facile de rester. Le vrai courage, c'était d'ouvrir la porte et se barrer. Casse toi, casse toi, casse toi. « Mais je vais pas dormir par terre. » que Mihail rétorque du haut de sa voix pas imposante. Il est tellement jeune, Mimi, elle s'en rend jamais assez compte. Tous autant qu'ils sont, des siècles dans les cernes et dans le dos. Ils ont tous milles ans de fatigue au compteur. C'était facile d'oublier. C'était dangereux, d'oublier. « Promis, demain je me lève pas. » Oublier. Elle venait encore d'oublier où elle était. Merde. Ramenée au présent par les arguments de son frère, elle repasse une seconde fois la main dans ses cheveux. Du concret entre les doigts ; il fallait qu'elle se raccroche ou elle allait trébucher. Il a le sourire au visage et elle l'imite sans le vouloir. C'était trop beau pour qu'on l'oublie, ce sourire timide. « Mihail ... » qu'elle essaie de le raisonner sans grande conviction. Il allait pas retourner au lit, et elle pouvait pas le laisser traîner ici plus longtemps. C'était même pas un choix, en soit. T'es trop intelligent, gamin. « S'te plait Lena. » Elle souffle tout l'air de ses poumons, la bataille perdue d'avance qui la pousse à quitter le front, les armes posées au loin. « Une nuit. C'est la dernière fois, d'accord ? » Casse toi, casse toi, casse toi. Ouvre la porte et barre toi. Elle laisse Mimi finir tranquillement ses céréales avant de secouer vivement son haut de pyjama. Il dormirait pas si les draps piquaient à cause des miettes. « Allez viens. » Elle hésite une seconde à le porter dans ses bras, mais leur poids combinés feraient sûrement plus de bruit que leur pas respectifs. Gentiment, elle le tire par la manche pour le guider à travers le couloir, puis la chambre des filles. Dans le noir, les lits paraissent foutus dans tous les sens et elle manque de se prendre les pieds dans le matelas d'Anca. « Attention. » qu'elle murmure avant de repérer son propre lit au fond de la pièce. A défaut d'aimer ce dernier, elle était plutôt satisfaite de l'emplacement. Dans l'angle, accolé au mur. C'était un semblant d'intimité si elle faisait face au papier peint. C'était un semblant de calme si elle le fixait jusqu'à ce que les motifs dansent devant ses yeux. Puis c'était parfait pour que Mihail ne tombe pas pendant la nuit. « Vas-y, grimpe. » Elle lui laisse le temps de s'installer sous la couverture, avant de se glisser elle-même dans la chaleur des draps. Pendant une seconde, c'est presque réconfortant. Elle va pleurer. « Ça va, t'as assez de place ? » qu'elle lui chuchote pour pas embêter les autres. Elle a les genoux repliés sous elle, et les frissons sur ses épaules qu'elle a préféré laisser en dehors de leur pèle-mêle pour que Mimi récupère plus de couette. Les secondes passent, ponctuées des quelques fois où Mihail réajuste sa position. Les respirations finissent par se caler dans un rythme presque apaisant. Elle incline la tête, les yeux fixés sur la silhouette frêle de Mimi. « Mihail ? » elle lance dans le vide. « Je suis désolée. Tu sais, d'être un peu à côté de mes pompes en ce moment. » Ça lui arrache la gorge de déglutir, mais elle le fait quand même. Les mots sont trop rêches.  « Je vais arranger ça, d'accord ? Tu iras bien, je vais arranger ça. »

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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyDim 4 Déc - 20:51

when i wake up i'm afraid
elena & mihail
There is a little boy inside the man who is my brother... Oh, how I hated that little boy. And how I love him too.

Ptit bonhomme, il ne sait pas encore ce qui va lui tomber sur le haut du crâne demain. La bouche pleine de céréales qu’il tente de mâcher discrètement, sans grand succès Son regard ne quitte pas celui de sa sœur. Elle semble ailleurs, loin, déjà trop loin pour qu’il soit capable de la ramener parmi eux. Il ne sait pas Mihail, trop jeune pour comprendre, pour savoir, pour deviner, si seulement il avait quatre ans de plus…  Il a ce côté intouchable, l’espièglerie de la jeunesse, le genre de gamin qui croit encore qu’un sourire peut soigner tous les maux. Il négocie une nuit avec ce sourire, une nuit de répit avant de retourner dans le lit qu’il partage avec sa jumelle. Il l’aime Tereza, il se sent seul sans elle, comme si une partie de son âme manque à l’appel. Pour son bien à elle et pour le sien aussi, il se doit de dormir sans son double, Mimi, il s’est toujours tu quand elle parle, il la laisse faire la fière, la forte. On lui donnerait le monde à Tereza. Il ne se rend pas bien compte qu’il a le même pouvoir de persuasion qu’elle, si seulement il essayait un peu plus. Pour le coup, il s’expérimente sous le regard attendri, du moins qui croit, d’Elena. Il tente une dernière supplication qui la fait rompre. Une nuit, une dernière fois, comme pour le prévenir qu’elle n’acceptera plus. C’est ce qu’il croit comprendre, sans savoir que demain soir, elle ne serait plus là, comme les nuits suivantes, qu’elle ne sera plus jamais là, le temps de sa jeunesse. Dix putains d’années de vide. Mihail, il pense qu’elle dit ça pour se montrer forte et autoritaire, que de toute manière, elle cèdera devant lui si jamais elle le retrouve à errer dans le couloir en pleine nuit. C’est toujours mieux d’être trouvé par Elena ou Anca que par leur père. Ils se sauvent les uns les autres quand ils peuvent, cette solidarité bancale. Ils ne sont jamais vraiment seuls malgré ce qu’ils peuvent penser. Neuf gosses, ils pourraient retourner le rapport de force s’ils le voulaient vraiment, s’ils y croient un peu plus fort. Elena referme ses doigts autour de son poignet, est-ce qu’elle sait que quand elle le reverra, ses doigts ne pourront plus se refermer totalement sur lui ? Il la suit, un lâche un léger rire espiègle, fier d’avoir gagné. Ce n’est pas un Popescu pour rien.

Il essaie d’être silencieux, de ne pas cogner le lit des filles, comme pour s’en assurer, Elena lui dit de faire attention, et il essaye. Vraiment, de tout son corps il essaye. Il veut bien faire Mihail, il a toujours voulu bien faire. Il grimpe sur le lit, se colle contre le mur un maximum en se glissant dans les draps, suivit de près par son aîné. Au début il lui tourne le dos, contemple me papier peint qu’il juge immonde. C’est bien un chambre de filles… Un murmure se fait entendre, la voix de sa sœur qui lui demande s’il est bien là. Il hoche positivement la tête, bien qu’il continue de gesticuler pour trouve la place la plus adéquate pour lui comme pour elle. Quand il dort avec Lena, il ne veut pas la gêner, il ne veut pas être égoïste, loin de là, il veut se faire petit, tout petit, minuscule, parfois ça lui manque d’être un bébé. C’est encore qu’un gosse mais… il a compris Mihail, que ça sera compliqué de grandir. Quand Elena l’interpelle, il se retourne pour lui faire face, son visage pas bien loin du sien. Elle s’excuse alors qu’il fronce les sourcils. Elle est désolée d’être à l’ouest, qu’elle va arranger ça et qu’il ira bien. « Je vais bien. » Enfin, il croit, mieux qu’elle de toute évidence, mieux que beaucoup d’entre eux. « Tsais, t’as le droit d’être triste hein. Papa, il engueule que les garçons quand on pleurs, toi il dira rien. T’es une fille. » Comme si ça justifiait tout, comme si c’était suffisant. Il pose sa petite main sur sa joue comme un signe de réconfort, il est pas très bon avec les gestes. Dix ans après, il sera toujours maladroit. « Tsais Rez, bah elle fait la maline mais elle pleurs aussi des fois. » Elle craque pas devant les autres, enfin il croit pas. « Tsais, moi aussi des fois… je pleurs. » Il le reconnait honteusement. « Tu le dis pas hein… »



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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyMer 7 Déc - 17:54


« Je vais arranger ça, d'accord ? Tu iras bien, je vais arranger ça. » Elle ment si bien que pendant un moment, un tout petit moment, elle commence à se croire. A y croire. Mythomane dans le sang. Et elle croit presque au lendemain et au soleil qui viendraient les sauver de Morphée. Elle croit à tout l'Olympe, aux Aphrodites et aux Hadès. Elle croit presque au matin, aussi, qui accourrait comme un vieil ami pour l'extirper de ses bras constricteurs qui l'étranglent et l'étouffent et la font suffoquer. Elle a du mal à respirer, écrasée entre la nuit et son frère. Elle se demande s'il arrive à sentir qu'elle est en train de crever à petit feu. Elle se demande s'il soupçonne un peu ce qui aller lui tomber dessus demain. Demain. Casse toi, casse toi, casse toi. Le cœur en fuite et la fuite dans le cœur. Plop. La grande évasion qui s'écoule en elle. Elle a hâte. Elle a peur. Elle s'en veut pas encore, et ça l’écœure profond. Elle ose plus regarder Mihail dans les yeux, peut-être qu'il devinerait. Est-ce que tu devines, gamin, qu'elle partira sans regarder une seconde fois derrière elle ? Qu'elle te laissera seul dans son lit, seul dans cette baraque, seul pour dix ans - ceux que t'as même pas encore ? Est-ce que tu devines seulement qu'elle t'aime, mais qu'elle peut pas, qu'elle peut plus ? Mihail, elle peut plus, elle a déjà échoué une fois dans le passé. Elle s'en voudrait tellement d'être celle qui te fait tomber. « Tsais, t’as le droit d’être triste hein. Papa, il engueule que les garçons quand on pleurs, toi il dira rien. T’es une fille. » Elle a beau s'être juré de ne pas le faire devant lui, lorsqu'il dépose doucement sa menotte sur sa joue, elle craque. Et la peine dégouline, crachée à travers les nervures qui viennent d'ébranler sa façade soigneusement montée au titane. Elle sanglote en silence, à demie dissimulée sous le drap qu'elle vient de remonter sur son visage. Et ça la tue, de savoir la moitié de sa fratrie dans la même pièce alors qu'elle pleure à s'en dessécher l'âme. Elle se sent trop vide, elle se sent trop aimée. Elle a envie d'être seule, elle a besoin de s'éloigner. Elle se décolle presque brutalement de Mihail et de son maudit geste d'affection, celui qu'est en train de lui faire perdre pied. Elle pourrait se casser maintenant si elle le voulait. Oh bon sang, elle le voulait. Elle voulait que ça. Mais il continue de parler comme si de rien n'était, parce que c'est qu'un gosse et qu'il a besoin de s'exprimer. « Tsais, moi aussi des fois… je pleurs. Tu le dis pas hein… » Reprends toi en main. Tu veux vraiment que ça soit la dernière image qu'il ait de toi ? Elle ravale les larmes comme elle peut, même si elle arrive pas à arrêter les quelques rebelles qui continuent leur chemin jusque son cou. Têtues comme une mule, les foutues larmes. Têtues comme elle qui se redresse un peu, toujours sans le regarder en face. « T'inquiète pas, bonhomme, je te dénoncerai pas. » elle murmure en lui attrapant timidement la main. Tu lui dois bien ça, Lena. T'as l'impression de lui devoir le monde, et de lui refiler les restes à la place. Tiens, Mihail. Attrape. Tu voulais une grande sœur prête à tout pour toi ? Désolé, celle qu'on t'a refilée est défectueuse et on échange pas. T'auras peut-être plus de chance la prochaine fois, dans une prochaine vie. Tranquillement, elle fait pression sur ses doigts minuscules. Elle a vieux un flashback en sépia qui défile derrière les paupières, un souvenir à moitié effacé par le temps. Elle sait même pas si le bébé qu'elle revoit c'est lui. Elle sait qu'elle s'est remise à sourire, c'est tout. Alors elle resserre la main un peu plus fort contre elle. « T'es un gamin génial, tu le sais ça ? » Le meilleur, sûrement. Ça aussi elle y croit de toutes ses forces. « Qui sait, pt'être un jour tu sauveras le monde. Ou tu deviendras chirurgien, ceux qui sont payés une fortune. Tu mangeras du homard à tous les repas, jamais plus des biscottes. » Son estomac à jeun gronde de colère, mais elle continue dans son délire heureux. « Puis t'auras même une maison en Uruguay, quand t'en auras marre de Savannah. Ou tu finiras psychologue -  ils sont bien payés aussi. Ils ouvrent pas des gens, d'accord, mais ils peuvent utiliser des mots cool comme ichthyophobie. C'est cool aussi. » A bout de souffle, elle s'arrête, juste le temps de hausser les épaules. « Tu feras ce que tu voudras. Laisse personne te dire que c'est une mauvaise idée, surtout pas moi. D'accord ? »
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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyJeu 8 Déc - 18:38

when i wake up i'm afraid
elena & mihail
There is a little boy inside the man who is my brother... Oh, how I hated that little boy. And how I love him too.

Quand il pose sa petite main sur sa joue de sa sœur, elle craque, il y a comme un torrent de larmes qui commence à se déverser. Dans ce genre de situation, il aimerait être plus grand, plus fort et plus adroit avec les mots. Il aimerait vraiment prendre Elena dans ses bras, lui qu’elle aussi ira bien, que tout va s’arranger pour eux, pour elle aussi. Mais il est trop petit Mihail, trop jeune, ce qu’un gosse un peu paumé, un Popescu parmi tant d’autre et il se retrouve avec sa main trempée des larmes de son ainée. Alors, il se confie comme rarement, ouais, il dit qu’elle peut pleurer, que lui aussi il pleure parfois, bien plus souvent qu’il n’ose le avouer. Il sait ce que c’est que d’avoir honte de ça, de ce qu’il peut bien ressentir, de ce qui se produirait si jamais son père venait à le voir avec les yeux rougis. Les hommes ne pleurent pas. Les hommes sont forts et insensibles, les sentiments sont réservés aux femmes. C’est ce qu’on lui a appris, rabâché depuis sa naissance. Mais Elena est déjà loin, lui, en parlant, il essuie vigoureusement sa paume sur son tee-shirt comme pour faire disparaître ce vilain souvenir qu’il va trainer pendant des années.

Il soupire de soulagement en affirmant que son secret sera sain et sauf avec elle. Mimi lui fait confiance là-dessus, ils sont doués pour garder les secrets des uns et des autres à défaut d’avoir une famille unie et bien sous toutes les coutures, ils se serrent les coudes, se couvrent et se dissimulent tant que possible. C’est une force que du haut de ses huit ans, il néglige pensant pouvoir compter sur lui avec cette impression grandissante qu’il se doit de garder une minimum d’unité entre sa fratrie que pour ça, il s’interdit d’échouer, pas le droit à l’erreur. Trop de pression pour ses petites épaules. Même quand Elena vient à dire qu’il est un môme génial. Ouais… Il hausse les épaules en étant peu convaincu, il ne se qualifierait pas de génial, c’est un Popescu, ils sont réduit à devoir en baver dans la vie. Non, il ne sauvera pas le monde. Même si quand sa sœur l’annonce, ça lui décroche un sourire un peu fier. Fier, qu’elle puisse penser ça de lui. Il a perdu ses rêves de gosse, ceux où il s’imaginait roi, pompier ou médecin. Il a trop vite compris que ce n’était pas pour lui, pas pour eux, qu’il n’y a que dans les films que les gens comme eux s’en sortent. Huit ans, et ça il l’a déjà compris. Sa sœur commence à divaguer, à utiliser des mots qu’il ne connait pas, qu’il serait incapable de prononcer, elle parle d’un pays, il croit qu’il ne sait même pas situer sur une carte. Elle a cessé de pleurer et rien que pour ça il la laisse continuer, à présenter la vie qu’elle lui imagine. Elena semble presque heureuse de cette chimère qu’elle invente. Le souffle court, elle conclut qu’il peut faire ce qu’il veut dans la vie et qu’il ne doit jamais laisser personne lui dire le contraire, pas même elle. « Mais tsais moi, je veux pas sauver le monde et je veux pas partir dans l’Uru je sais pas où. » Ce n’est pas la vie à laquelle il aspire, il ne veut pas être grandiose, encore moins reconnu. « Tsais… ailleurs il y a rien. » Ils ont beau s’entredéchirer, les Popescu sont la seule chose qu’il connait et Savannah, la seule ville dans laquelle il a mis les pieds. Il sait bien qu’il y a d’autres choses à voir, à connaître, mais il a peur de dehors, peur de ce que le reste du monde peut lui faire subir. « C’est moche quand on part, regarde Iulia. » La prison, elle avait quitté la maison et maintenant elle était en prison, c’est une réflexion d’enfant, il ne sait pas tout, parce qu’ils ont essayé de le préserver, ils ont essayé de dissimuler l’horreur. « Je crois que c’est pour ça que Madalina est là. Parce que c’est moche ailleurs. » Il veut s’en persuader, que c’est pareil, voir pire ailleurs, ça rend les choses plus faciles à digérer, à accepter. Quand il pense que tout le monde est aussi malheureux que soi, c’est plus simple de supporter son propre malheur.

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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyMer 14 Déc - 15:21


Tu feras ce que tu voudras. Et toi, Lena, qu'est-ce que tu veux, t'aspires à quoi ? Qu'est-ce qui te pousse à te lever le matin, qu'est-ce qui te fait tenir éveillée jusqu'au soir ? Tu regardes Mihail, et tu penses que tu tiens peut-être la réponse près de toi. Mais non, Lena. Tu te trompes. Si ça tenait qu'à tes frères et sœurs tu serais encore là demain. Et tu te réveillerais avec Mimi, avant tout le monde, les bras entremêlés avec les jambes dans un bazar sans nom. Tu serais bonne à dégager les miettes qui traînent encore, parce que t'es persuadée qu'il en a foutu partout. Et tu te dépêcherais de le ramener dans son propre lit, avec Tereza et les gars, pour pas qu'on puisse lui reprocher quoique ce soit. Tu serais une sœur modèle, un peu une Iulia. Tu te prends pour qui, jamais tu seras comme Iulia. T'es tarée, t'es cassée, t'es ridicule. Mihail, il est  intact. Mihail, il est beau, avec ses cils interminables et son regard qui comprend pas la moitié de ce qu'elle lui raconte. Elle veut lui raconter, tout lui raconter. Des histoires loufoques, des contes impensables, des personnages pour qui ça finit bien. Ça finira bien, Mihail, dans les dernières pages. Ça finira bien pour toi. « Mais tsais moi, je veux pas sauver le monde et je veux pas partir dans l’Uru je sais pas où. » qu'il répond dans un souffle. On dirait qu'il a peur, peur qu'on l'envoie loin. Alors elle flingue la distance entre eux, la balle entre les deux yeux. « Tsais… ailleurs il y a rien. » Ailleurs il y a tout, il y a le foutu monde qu'attend de tomber que sur des gens comme lui. Des gens qui changent, des gens bons au fond, bons au cœur. Des Mihails qui mangent des céréales à trois heures du matin, des Mihails qui viennent dormir dans son lit et qui posent leurs pieds glacés contre ses mollets. Il y a tout un monde, un monde qui connaît pas les Popescu. Un monde qui les jugerait pas pour ce qu'ils sont, qui les jugerait pas pour ce qu'ils pourraient être. « C’est moche quand on part, regarde Iulia. » Non. Il y a tout un monde, un monde qu'a pas su la soutenir, un foutu monde qu'attend de tomber sur tout sauf sur elle. Il y a la gravité qui la hait et l'écrase. Et les regrets, plus lourds que toutes les planètes réunies, assis sur sa poitrine, ses poumons. C'est moche. Putain. C'est tellement hideux. C'est triste à en pleurer et injuste à en crever. A en fuguer. Elle ressert Mihail contre elle, presque étouffante. Il a la clarté d'un adulte dans l’innocence d'un gamin, et c'est aussi moche que tout le reste. Elle en garde les yeux fermés. C'est moche quand on part. Si tu savais, Mihail, si tu savais. Ça va être encore plus moche de la voir revenir une autre personne. Une autre Lena, une Lena qu'a peur de serrer les gens dans ses bras. Une Lena que tu connais plus et qui te reconnait pas. Une Lena qui sourit par accident et qu'a les yeux morts. « Je crois que c’est pour ça que Madalina est là. Parce que c’est moche ailleurs. » Madalina, petite Madalina, balancée comme les autres dans la danse. La chorégraphie qui faisait tourner la tête et qui donnait la gerbe. Il en fallait encore combien, combien d'âmes prises au hasard pour commencer à comprendre que ça n'allait pas, qu'il fallait tout revoir. « C'est pas plus beau par ici ... » C'est beau où tu veux que ça soit beau. Là, maintenant, c'est beau. C'est superbe. C'est trop magnifique pour être autre chose qu'éphémère. Elle se racle la gorge. « Si je faisais un truc stupide, est-ce que tu me détesterais ? » qu'elle demande sans s'en rendre compte. Un truc stupide, pas comme manger le petit-déjeuner à la place du dîner. Un vrai truc stupide, comme se barrer et revenir que dix ans après. Est-ce que tu la détesterais, Mihail ? Est-ce que tu lui pardonnerais ?
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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptySam 17 Déc - 13:01

when i wake up i'm afraid
elena & mihail
There is a little boy inside the man who is my brother... Oh, how I hated that little boy. And how I love him too.

Mihail est trop petit pour comprendre, ou alors il ne veut pas comprendre. Il préfère s’enfermer dans sa bulle, se persuader que ailleurs ce n’est pas mieux et qu’ils ont besoin de lui ici. Elle ferait quoi Tereza sans lui ? Et Madalina ? C’est à lui que incombe le rôle du frère protecteur parce que les autres ne sont plus là ou pas à la hauteur. Du haut de ses huit ans, il a l’impression qu’il est le seul à se sentir concerné par l’unité familiale, il a un rôle à tenir, il aurait aimé se contenter d’être le petit dernier qu’on chouchoute. La vérité, chez les Popescu, c’est qu’on n’est jamais épargné par rien. On découvre la vie à nos dépends, c’est se battre au quotidien, lutter contre les autres et leur venin. C’est être brisé dès la naissance, c’est en prendre conscience gamin. Mihail réfute cette fatalité, même en étant gosse, il est loin d’être stupide, il faut qu’on lui explique toujours, il faut qu’il comprenne mais personne ne prend le temps de lui parler comme on pourrait parler des choses de la vie à un enfant, c’est pire de grandir dans l’ignorance. Il ne sait pat bien pourquoi, alors qu’il parlait à voix basse, Elena est venue le serrer dans ses bras. C’est rare qu’ils dégoulinent d’amour dans la famille, ça le rendra maladroit ce manque d’affection, l’absence de geste tendre dans sa famille, car les échanges sont souvent violents, explosifs et se terminent en cocard et points sutures. Ouais, apprendre à aimer en cognant, drôle de méthode. Même quand Elena l’enlace, il y a quelque chose de violent, elle le serre tellement fort qu’elle l’étouffe. Il n’a pas mal, mais le geste est dur, viscéral et incontrôlé. C’est moche ailleurs, c’est pas aussi beau qu’on l’imagine, il aimerait pouvoir s’y attacher à cette pensée stupide que l’herbe est plus verte chez le voisin. La vérité, c’est que ce qu’il a vu du monde extérieur le terrorise encore plus que son père. L’ailleurs, c’est la prison, la violence des autres envers lui, envers sa famille, parce qu’il sait Mimi que aucun Popescu irait jusqu’à l’irréparable avec lui, qu’ils se déchirent mais qu’ils s’aiment suffisamment pour ne pas s’entretuer. Les étrangers le détestent, lui et sa famille, les autres sont immondes et infâmes. Dehors, c’est moche, c’est une pièce aseptisée d’hôpital, des murs blancs et la lumière blanche qui l’aveuglent.

S’il savait ce qui l’attendait, il supplierait Lena de ne pas partir, il lui dirait avec ce qu’il a appris du monde que ce n’est vraiment pas mieux ailleurs et qu’ils ont besoin d’elle. Ô Dieu qu’ils ont eu besoin d’elle, qu’elle pourrait toujours renier cet héritage qui est le leur, tu ne peux pas oublier qui tu es, d’où tu viens et ce que tu as laissé, et c’est lui qu’elle allait laisser au même titre que Cezar, Iulia, Serghei, Ioan, Anca, Seven, Tereaza et Madalina. C’est eux qu’elle allait abandonner dans plusieurs heures et pour dix ans. Elle lui demande s’il la détesterait si elle venait à faire un truc stupide. C’est à ce moment qu’il sort la tête de son étreinte, la tête qu’elle avait enfoui dans son tee shirt. « Non pourquoi ? » Mihail ne peut pas être plus sincère que maintenant, il ne peut tout bonnement pas en vouloir à sa famille. Il ne peut pas la détester, pas elle, pas ses sœurs. Toutefois, il peut lui en vouloir et il lui en voudra plus qu’il n’osera jamais l’admettre parce qu’elle va partir Elena, qu’elle le laissera seul dans ce lit au petit matin. Dix ans, il imagine pas encore ce qui va lui tomber dessus. « T’es ma sœur. Je pourrais jamais te détester. » Est-ce que tu sais Lena, que tu feras plus de mal en partant qu’en restant ? Est-ce que tu as conscience, que Mihail se repassera en boucle le film de cette soirée pendant dix ans ? En s’imaginant que peut-être, il aurait pu changer le court des choses s’il avait trouvé les bons mots. Est-ce que toi tu as imaginé une seconde qu’il se sentirait coupable de ton départ ? Non… bien sûr que non, sinon tu serais restée. Hein que tu serais restée ?

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MessageSujet: Re: (flashback) when i wake up i'm afraid    (flashback) when i wake up i'm afraid  EmptyMer 21 Déc - 12:16


Peut-être qu'elles étaient deux dans sa tête ; ça tenait comme explication. Peut-être qu'il y avait une Lena pas trop mal constituée, une Lena qui tenait la route, quelque part. Une route qui filait droit devant elle sur des milliers de kilomètres, une ligne continue sans embouteillages. Le trafic tranquille et les bras balancés par les fenêtres ouvertes. Peut-être même qu'elle gueulait sur la vitesse, les cordes vocales explosées à l'adrénaline de la liberté. Libre, libre, libre. Puis il y avait la deuxième, l'autre, perchée sur l'épaule à côté. La Lena qui haïssait les bagnoles au point de balancer elle-même les clous sous les roues pour provoquer le carambolage. Les clous, c'était les décisions qu'elle prenait à la place des autres. Les décisions qu'elle pensait bêtement prendre pour le bien commun. La décision qu'elle prenait à la place de Mihail, le mur de béton dans lequel elle les envoyait tous les deux, le pied vissé à l'accélérateur. Est-ce que tu me détesterais ? Est-ce que tu m'en voudrais d'avoir verrouillé les portes pour pas que je sois la seule défigurée ? Reste avec elle, Mimi. Encore quelques heures ; le matin est pas encore là. Il arrivera bien assez vite. « Non pourquoi ? » Tu mens pas, gamin, pourquoi tu mens pas. Elle attend que ça, elle attend seulement qu'on lui donne une bonne raison de rester. Dis lui que tu lui en voudras, dis lui que ça sera compliqué de renouer. Dis lui que tu lui feras le gueule quand elle voudra essayer. Donne lui la meilleure excuse de se battre pour toi parce qu'elle le ferait. Oh, elle le ferait. Tu mens pas, Mihail, c'est pas ta faute. C'est la faute à l'autre, j'crois qu'elle s'est jamais aimée. Mais toi elle t'aime, elle t'aime tellement. Faut qu'elle se retourne maintenant, qu'elle aperçoive dans le rétroviseur ce qu'elle est en train de laisser tomber. « T’es ma sœur. Je pourrais jamais te détester. » qu'il ajoute. Elle le ressert tout contre sa poitrine, près du cœur qui va exploser de trop pleurer. Donne lui une raison de se baffer, une vérité qu'elle pourrait pas réfuter. Prouve lui qu'elle a tort, qu'elle ferait mieux de t'écouter. Attend pas dix ans pour te décider. Gueule, Mihail, fait toi entendre. Y a l'autre qui s'en fout de devoir te bouffer. « J'suis vraiment désolée ... » qu'elle murmure dans ses cheveux. Inconsciemment, elle commence à le bercer. Un peu comme avant, un peu comme quand il était assez petit pour tenir dans le berceau de ses bras. C'est leurs respirations qui rythment la cadence, et la résignation qui marque lourdement le contre-temps. Elle s'accroche comme une noyée, ballottée par les vagues de regrets qui s'écrasent contre son flan. Ne me déteste pas, ne me déteste pas. C'est beau où tu veux que ça soit beau, Mihail. Là, maintenant, c'est beau. C'est beau à en couper le souffle, celui qu'elle arrive pas à reprendre. On s'en fout d'ailleurs, on a qu'à rester là un moment. Juste un moment. « Allez, faut qu'on dorme maintenant. » qu'elle chuchote. Elle continue de le bercer tranquillement, parfois elle se met à chantonner. Elle attend d'être sûre qu'il a fermé les yeux pour se remettre à pleurer, et fermer les siens. 
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