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 CRYBABY || Betsan

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Anca Popescu

Anca Popescu
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▹ pseudo : zoé (baalsamine)
▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign)
▹ avatar : Taylor Lashae
▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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MessageSujet: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyLun 25 Juil - 21:09

You seem to replace your brain with your heart,
You take things so hard and then you fall apart.

C’est toujours la même rengaine, toujours la même histoire, à se faire balader dans tous les sens, Poppy a l’impression que sa vie est une course contre la montre. De chez elle au taff numéro 1, du taff numéro 1 au taff numéro 2, du taff numéro 2 au taff numéro 3, du taff numéro 3 à l’école, de l’école à chez elle. Et on recommence. Ca ressemble à une vilaine comptine, le genre qu’on retient trop facilement et qui nous lasse au bout d’un moment.
Ouai, voila, c’est sa vie ça : une mauvaise comptine. Pourtant Poppy ne s’en formalise pas, elle attache ses cheveux, enfile ses baskets, rajuste son rouge sur les lèvres et file comme le vent. Pas question de s’arrêter, pas même pour respirer. Non, non, non. Car si jamais elle se stop, la réalité la frappe en plein fouet. Et ça fait mal. Ca lui donne envie de chialer. Alors elle court encore et toujours Poppy, elle pourrait gagner des médailles avec son endurance acquise, elle en a une, toujours autour du cou d’ailleurs. Celle de Saint Mathurin, patron des demeurés comme elle aime si bien l’appeler. Si ça mère entendait ça, elle lui foutrait une tarte fissa. Mais elle n’est pas là, alors Poppy dit ce qu’elle veut.

Elle à peine le temps d’avaler un déjeuner : une brique de lait de soja et deux gâteaux piqué sur la table du petit déjeuner. Ca suffira pour le moment, car encore une fois, elle n’a pas le temps.
Les rues sont bondées, trop de monde, elle étouffe. Parfois Poppy se dit qu’elle devrait investir dans une voiture, tout serait plus simple, bien plus rapide, mais les factures qui s'amoncellent dans la cuisine lui rappellent que cela n’est pas près d’arriver. Foutus Popescu, pas une thune dans la poche depuis qu’elle est née.
On la bouscule de partout, trop mince, trop faible, invisible. Elle a l’impression d’étouffer. C’est en apnée qu’elle finit sa traversée, et lorsqu’elle atteint enfin son objectif, Poppy a presque envie de crier de bonheur.
Dis Poppy c’est quoi ton régime pour perdre du poids ? Etre une Popescu, c’est ça le secret, ça vous force à tout bruler, jusqu’aux dernières réserves au fond de votre être.

“Ah Anca juste à l’heure, plus ponctuelle que toi je connais pas”


Léger rire, Poppy salue son manager et file se changer. Ouai, en même temps si elle était pas à l’heure elle se serait faite virer. Et vu sa situation, pas question de perdre du temps à chercher un autre boulot, celui ci était parfait, idéalement placé, il lui permettait d’arriver à l’école pour ses cours du soir à temps. Alors bon, on allait pas cracher dessus pas vrai ?

“Allez Poppy, c’est parti…”


Baiser rapide à sa médaille, et c’est la danse des services qui commence : sourire, toujours sourire, tu peux le faire Poppy, tu sais le faire. Même si aujourd’hui t’as pas envie.
La journée passe, le rythme s’apaise un peu. C’est là qu’elle le voit, toujours à sa table, toujours au même endroit. Pas besoin de deviner ce qu’il va commander cette fois ci. Anca fait un signe à sa collègue pour lui indiquer qu’elle s’en occupe et revient quelques instant plus tard avec un café bien chaud pour son client le plus régulier.

“Un espresso pour vous, comme d’habitude.”

C’est avec un sourire rayonnant qu’elle lui sert la boisson. Faut dire que ça lui fait plaisir à Poppy, de le voir là, toujours là. C’est comme une ancre dans sa vie, une prise à laquelle s retenir pour ne pas dériver.
Elle ne connaît pas son nom, elle ne connaît pas son âge, elle sait juste qu’il vient prendre un café, ici, à cette table.
Derrière le comptoir ça rigole, on lui dit qu’il vient juste pour la draguer, des conneries du genres. Tu parles, ils se sont à peine adressé trois mots, toujours les mêmes banalités. Mais ça semble leur convenir comme ça.

Mais aujourd’hui c’est différent. Peut être que c’est son engueulade avec Seven qui a refusé de lui parler, ou bien la fatigue cumulée, qui sait. Poppy ne peut juste s’empêcher de remarquer cet air maussade qu’il a sur le visage. A chaque allez retour en salle, ça se confirme un peu plus. Et étrangement elle se sent concerné. C’est con pas vrai ? S’inquiéter pour quelqu’un dont elle ne connaît rien du tout si ce n’est le timbre de sa voix et son sourire effacé. Mais ça la ronge, petit à petit. Appelez ça le syndrome du chevalier, ce besoin de tout sauver, de tout soigner. Son psy, Olliver, lui en parle souvent, lui dit qu’elle devrait arrêter d’essayer. Mais tant pis, aujourd’hui elle elle craquera.

Inspire, expire, Poppy annonce au manager qu’elle prend sa pause et se dirige vers la table occupée. Bon sang, pourquoi elle fait ça déjà ? Il va la prendre pour une folle. Ouai, définitivement. Après tout c’est ce qu’elle est non ? Une folle à lier. Et ça la fait rire car elle entend Olliver se foutre de sa gueule.

“Ca vous dérange si je m’assoie avec vous ? Je prends ma pause et y a pas vraiment d’autres tables de libre.”

Tu parle d’un excuse. Bravo Poppy, toi et la sociabilisation ça fait bien 10000. Enfin au moins toi t’es polie. Ca aurait été Iulia ou Seven ils se seraient assis, auraient foutu les pieds sur la table et lui aurait piqué son café. Ou quelque chose dans le genre.
Sans vraiment attendre la réponse elle tire la chaise et s’y installe, posant devant elle sa citronnade. Pas trop sucrée, pas trop amère, juste assez acide pour de bien lui piquer le palais.
Poppy attend en silence, cherchant ses mots, le courage de parler de nouveau. Elle a jamais vraiment su faire ami ami avec les gens. Non. Pas vraiment…

“Au fait moi c’est Anca. Enfin, bref. Je me disais que depuis le temps que vous veniez, ça aurait été bien de parler un peu….Ah. Promis c’est pas une technique de drague toute pourrie.”

Elle s’affole, se mélange dans les mots, à l’impression de croasser et sent le rouge monter aux joues. Idiote, idiote, idiote de Popescu.

“Désolé, ça sonnait un peu mieux dans ma tête tout ça.”

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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyLun 25 Juil - 22:11



Depuis quelques mois déjà, le temps ne lui manquait pas, bien au contraire. Il pouvait faire tout ce qu'il voulait, quand il voulait et peu importe l'heure à laquelle ses envies le prenaient soudainement. Il n'avait de comptes à rendre à personne Betsan, parce qu'il était seul, extrêmement seul. En fait, on ne pouvait pas faire plus seul que lui. Il n'avait pas d'amis -et n'en cherchait pas-, et encore moins de famille -parce que sa mère avait décidé de mourir à sa naissance et son père était parti à l'autre bout du monde lorsqu'il avait atteint un âge où il pouvait se débrouiller tout seul. Alors il avait appris à vivre ainsi, laissant les choses venir, ne provoquant pas le destin en essayant de faire la conversation avec quelqu'un. Non, Betsan cherchait sa solitude, il la désirait plus que tout au monde, et ainsi, il épargnait les blessures, les pleurs, et il ne se les infligeait qu'à lui même. Ça pouvait paraitre un peu sadique de penser ainsi, ou même égoïste, mais sa vie avait été rythmé comme ceci depuis le jour où il avait appris qu'il était gravement malade. Il allait mourir tôt ou tard, c'était certain, seulement ces temps-ci, il ne parvenait pas à l'accepter. Il avait tenté le tout pour le tout, en essayant de mettre fin à ses jours, en laissant l'eau emporter son corps au loin, mais il n'y était pas parvenu, parce que quelqu'un avait eu l'idée de le secourir, parce que quelqu'un avait pensé que sa vie valait la peine d'être vécue. Elle ne le connaissait pas.

Personne ne le connaissait Betsan, il faisait tout pour être le plus discret possible, essayant de sortir à des heures où il ne risquait pas de croiser grand monde. Et quand bien même il avait essayé de communiquer -via son emploi de professeur à l'université-, on l'avait mis à la porte, on l'avait congédié pour qu'il puisse se reposer. Mais à quoi cela servait ? Avait-il vraiment besoin de repos ? Était-ce inscrit sur son front ? Il avait bien eu le temps de se reposer ces derniers mois, il avait même pu voir toutes les rediffusions à la télévision parce qu'il était incapable de se lever, ça faisait trop mal, c'était bien trop d'efforts pour lui. Il refusait même de manger -et personne ne pouvait le forcer-, sachant très bien que c'était mauvais pour sa santé. Mais qu'en avait-il à foutre de sa santé ? Elle était bien atteinte, elle le privait de tout bonheur qu'il aurait pu ressentir, alors peu importe les dégâts que cela causait, il s'en fichait totalement.

L'idéal était de sortir en plein après midi, la plupart des gens était au travail ou bien les autres en cours. Parce qu'il avait croisé un bon nombre d'étudiants à Savannah, allez savoir pourquoi. Betsan n'avait rien d'un grand timide, il était réservé, et il ne voulait certainement pas se rendre dans un endroit un peu trop fréquenté à son goût. Alors depuis un certain temps, il se rendait dans un café, non loin de sa grande villa, -puis il pouvait y aller à pieds, s'évitant de sortir son vélo. Là bas, c'était toujours assez calme, il n'y avait pas de racailles ou de gens brayant un peu trop fort pour ses pauvres petites oreilles. Non, on pouvait juste entendre le bruit des machines à café et parfois celui des tasses que les clients déposaient sur la table de manière assez radicale. Et c'était tout, presque un paradis pour lui. Toujours dans le but de renvoyer une image classe, Betsan avait enfilé un jean noir ainsi qu'une chemise blanche à manches longues, le tout avec des chaussures élégantes. Il ne voulait certainement pas passé pour un type sans goûts, l'apparence était bien plus importante que tout le reste, la plupart du temps.

Il entra dans le café et vint s'installer à une table. Sa table. Il prenait toujours la même, parce qu'elle se trouvait au fond de la salle, un peu reculé des autres, et puis surtout, elle était toujours inoccupée, comme si personne ne voulait s'installer ici. Pourtant, c'était certainement la meilleure place de cet endroit, on avait une vue imprenable sur tout l'établissement, et parfois, il se risquait à imaginer la vie des autres en voyant leur tête. Triste jeu. Parce que si quelqu'un avait voulu essayer de faire la même chose avec lui, il aurait certainement perdu, parce que derrière ses faux airs joyeux, se cachait tout autre chose. Avant même qu'il ne puisse demander quoi que ce soit à la serveuse, elle lui apporta un expresso, comme à son habitude, le lui signalant comme pour lui signifier qu'elle le surveillait de près. Betsan commença à se poser des questions, elle l'observait depuis combien de temps ? C'était totalement stupide, parce que tous les après midi, il n'y avait que deux serveuses, et la plupart du temps, c'était une petite demoiselle brune et l'air enjoué qui venait le servir. Il n'avait pas à être parano, elle faisait simplement son boulot. Mais cela devint étrange lorsqu'elle lui demanda si elle pouvait s'assoir à sa table -tandis qu'il rêvassait-, lui disant qu'il n'y avait pas d'autres tables de libre. Betsan leva doucement les yeux de son café et regarda autour de lui, surpris, parce qu'il n'y avait pas foule. Peut-être était-ce une excuse pour s'assoir près de lui ? Non, là il devenait complètement parano. Il resta figé un instant, affichant une petite moue sur ses lèvres puis approuva d'un signe de tête. Sauf qu'elle était déjà assise face à lui.

Il bu une gorgée de son café en silence, cette situation devenait de plus en plus étrange. Pourquoi une fille viendrait-elle s'assoir à côté de lui ? Si elle voulait être en mauvaise compagnie, elle était bien tombée. Il se forçait à afficher un sourire, essayant de paraitre le plus naturel possible, mais ça semblait encore plus suspect vu comme ça. Elle se présenta, lui assurant que son geste n'était pas une technique de drague pourrie. Il faillit s'étouffer avec son café, le liquide voulant presque sortir par ses narines.
- Betsan Whedon, lâcha-t-il en plongeant son regard dans le sien.
Puis d'un seul coup, il tourna les yeux. C'était peut être poli de regarder les gens dans les yeux, mais lui, ça avait le don de le déstabiliser, et il ne désirait pas devenir rouge pivoine à cause d'un regard trop appuyé.
- Je ne pense pas que ça soit une technique de drague pourrie, ou si c'était le cas, tu t'y prend vraiment mal.
Ça y est, il avait été désagréable sans le vouloir, mais il ne se rattrapa pas, parce que si elle voulait discuter, il fallait qu'elle se contente de sa personnalité, du fait qu'il soit froid et réservé, mais surtout peu aimable ces temps-ci, la joie avait totalement disparu de son corps.
- Tu veux parler de quoi ? Demanda-t-il par le plus grand des hasards. Parce que quand il fallait parler, il n'était pas très à l'aise, pas très sociable en fait. Et c'était difficile pour lui de paraitre ouvert alors qu'il n'avait qu'une seule envie : qu'elle ne pose pas trop de questions. Il n'était pas apte à répondre à des questions.

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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyMer 27 Juil - 0:48

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Il ne la contredit pas, ne l’empêche pas de s’installer, à la place il se contente de la fixer. Son regard glacé accrochant le sien, Poppy sent le rouge à nouveau lui monter aux joues. Les deux mots qui s’ensuivent l’empêchent de se lever et de partir en courant, trop embarrassée parce qu’elle vient d’oser faire. S’asseoir avec un étranger ? Un homme ? Bon sang. Incapable de détourner les yeux, elle se sent s’enfoncer un peu plus dans son siège. Il a l’air important, bien habillé, le phrasé posé, le genre de gars qui ne traîne pas près de chez elle, pas une de ces petites frappes quelle croise quand elle revient de chez Seven. Elle se sent un peu loin de son monde, alors Poppy évite de préciser son nom à son tour. Manquerait plus qu’il connaisse un Popescu et il partira en courant. C’était toujours pareil de toute façon, une vrai malédiction qui vous colle à la peau cette famille. Pourtant, pour rien au monde Poppy ne voudrait en changer.

Il détourne le regard, et Poppy sent l’air rentrer de nouveau dans ses poumons. Ouf. Les garçons l’ont toujours mise mal à l’aise, surtout les blonds, allez savoir pourquoi. Mais lui à quelque chose de différent, quelque chose qui fait qu’Anca a envie de s’approcher, abaisser ses barrières à elle, à lui, toucher son âme du bout des doigts pour la juger. Pourrie ? Peut être, qui sait, mais elle ne le voit pas comme ça. Toujours prompte à voir le meilleur chez chacun, Poppy espère. C’est comme une intuition, et il faut toujours se fier à son instinct.
Betsan enchaine alors sur sa seconde phrase et Poppy fixe le fond de son verre pour qu’il ne voit pas à quel point elle se sent gênée. C’est vrai que vu comme ça, on pourrait croire qu’elle veut son numéro, le pécho, faire ce que font les jeunes quoi, ce jeu amoureux. Mais non, elle n’est pas comme ça. Elle aurait pu, qui sait, les enchaîner, danser entre les doigts des hommes.

“Hm… Non, promis, si j’avais voulu vous draguer je ne vous aurais même pas approché, pour vous dire à quel point je suis douée dans ce domaine”

Elle rigole doucement, jouant avec sa paille, incapable de lever les yeux. Ouais, la drague avait toujours été un sujet sensible pour elle. Faut dire que l’amour elle ne connaissait pas vraiment ça, ses rêves avaient vite écrasés dans l’oeuf, la laissant pleine de désillusions et de de regrets. Amère. C’était pas à ça qu’elle pensait actuellement, non loin de là.
Prenant son courage à deux main Poppy relève la tête pour observer Betsan, ce dernier enchaîne déjà en lui demandant de quoi elle voulait parler. Peut être qu’il se forçait, peut être qu’il prenait sur lui pour ne pas la faire dégager, ou peut être qu’il avait tout simplement envie de discuter. Sans penser à chercher plus loin Poppy réfléchit quelques instant, sirotant sa limonade.

“Hmmm je me demandais, ça fait un moment que vous venez ici, enfin j’ai pas de client plus régulier que vous. Et c’est toujours la même chaise, toujours au fond, et toujours la même commande : un espresso. Ça vous lasse pas au bout d’un moment ? Enfin, pourquoi ici ? Cette question me trotte dans la tête depuis un petit bout de temps… Fallait que je la pose.”


C’est à son tour de chercher son regard, pour lui offrir un de ses sourires qu’elle maîtrise si bien. Ne t’en fais pas Betsan, elle vais pas t’embêter, pas te demander ton âge ou ta profession, si t’es marié ou divorcé. Elle veux pas savoir si le soir tu pleure ou si tu ris, si t’as envie de tout arracher tellement la colère et la rancoeur te ronge. Elle veux juste être là, quelques instants, avec toi. Profiter d’un peu de ta chaleur humaine. C’est égoïste elle sait, mais elle n’a jamais promis de jouer selon les règles de la vie. Parce qu’au fond, elle se sent seule Poppy. Tellement seule. Dans son monde édulcoré, dans son univers plein de frontières. Elle a juste envie de toutes les dépasser. Pas de chance Betsan, t’étais là, solitaire, broyant du noir avec ton café. Elle a juste pas pu résister.

“En même temps. L’espresso du patron est vraiment bon. C’est vrai que c’est un point positif pour rester ici.”

Ouai, vas y Poppy, continue de parler pour ne rien dire. Tu vas aller loin comme ça.
Soudain deux pings sonores se font entendre, la faisant sursauter. Foutue sonnerie de téléphone, elle s’y habituera jamais. Rapidement elle le sort de sa poche pour vérifier ses messages. Super. Un message du paternel. Encore et toujours. Pour lui rappeler que ce soir, pas question pour elle d’aller à l’école. Il a besoin d’elle a la maison pour faire à manger, y a soirée poker ou un truc de merde comme ça. Mais après tout, comme il signe si bien à la fin de son message, ça te sert à quoi Poppy ? D’apprendre toutes ces conneries. Tu finiras mariée, 6 gosses minimum et une éternité en lessive et ragoûts à mijoter.

“Si on vous donnait la possibilité de changer de vie. Vous le feriez ? Effacer les défauts, construire des qualités ?”

C’est une question qu’elle se pose de plus en plus souvent ce moment. Et toi Betsan alors ? Si en claquement de tout tu pouvais tout effacer, tu le ferais ? T’oserais ? Tout perdre pour mieux recommencer ?
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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyMer 27 Juil - 22:39



Il s'était permis de la tutoyer alors qu'il ne la connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, mais au fond, il avait vu qu'elle n'était pas très apte à rechigner alors qu'il prenait ses aises avec elle. Betsan n'était pas comme ça d'ordinaire, il ne savait même pas pourquoi il avait fait une chose pareille, parce que c'était de l'impolitesse. Mais il s'en fichait, il avait commencé ainsi et il n'avait pas d'autres choix que de continuer sur sa lancée. Les personnes l'approchant étaient rares, comme s'il faisait fuir les gens -et au fond c'est ce qu'il voulait. Sa solitude ne lui pesait pas, contrairement à ce qu'on pouvait penser, il avait appris à vivre ainsi sans se soucier des autres, puisque de toute façon, personne ne se souciait de lui. Alors il leur rendait la pareille, sa timidité était peut être aussi une barrière, mais avec son sourire charmeur et son allure toujours parfaite, il aurait du en attirer des gens, seulement voilà, peut être qu'il les effrayait à être bien trop parfait. En apparence seulement, parce que sa perfection s'arrêtait à son physique qui n'avait rien d'avantageux en réalité. Il était mince, pâle -peut être un peu trop-, et ses abdominaux étaient dû au fait que son traitement l'amaigrissait tandis qu'il continuait à faire du vélo. Classe.

Anca se justifiait, elle ne voulait en aucun cas le draguer vu ce qu'elle disait, et pour être tout à fait honnête, ça l'arrangeait bien. Parce qu'il allait être mal à l'aise, il allait se sentir mal si on lui faisait un quelconque compliment. Heureusement pour lui, elle ne s'était pas lancée dans cette aventure, elle parlait normalement, -peut être était-elle un peu agitée mais il n'en connaissait pas la raison. En fait, lui n'avait pas besoin de parler, mais elle, elle avait envie de se confier à un inconnu, de ne pas recevoir de jugements, de se laisser aller un petit bout de temps. Du moins, c'est ce qu'il pensait, c'est l'impression qu'elle donnait tant elle avait l'air hyperactive.
- J'aurais bien aimé voir ça, lâcha-t-il sur un ton sarcastique.
Bien sur, il se moquait gentiment d'elle, parce qu'il n'attendait pas du tout qu'elle le fasse, mais vu qu'elle avait l'air embarrassé, il voulait l'enfermer dans son propre jeu. Ça paraissait quelques peu sadique en y pensant, pourtant, il ne pensait pas à mal Betsan, il voulait juste mettre un peu de piment dans sa triste vie. Et Dieu sait qu'il en avait besoin.

Elle se posait bien trop de questions, et Betsan n'avait pas l'habitude qu'on lui parle aussi longtemps. Il pensait qu'elle s'en irait après qu'il lui ait dit son nom. Mais non, elle n'avait pas fuit, elle était resté collé à son siège comme si elle recherchait activement de la compagnie, ou alors comme si elle voulait des détails sur lui. Pour voir ce qui ne tournait pas rond dans sa tête, et vu l'état de son esprit, il ne valait mieux pas qu'elle en sache trop, elle se serait fait trop de peine. Parce qu'elle avait l'air douce et sensible, pas du genre à trainer dans des bars, du genre à être fille à papa, qui fait les choses dans les règles pour ne pas avoir d'ennuis par la suite. Elle devait sans doute avoir un peu plus de la vingtaine, et son travail ici ne devait être qu'un passage pour pouvoir prouver à ses parents qu'elle était indépendante. En tout cas, c'est ce qu'elle renvoyait avec son allure de petite fille sage. Il la laissa débiter ses paroles, poser ses questions, et il joignit ses deux mains autour de sa tasse en essayant de chercher son regard. Elle avait du mal à garder les yeux dans les siens, comme s'il l'intimidait. C'était étrange comme situation, vraiment étrange.
- C'est vrai, le café est très bon ici, dit-il en attrapant sa tasse pour y boire une gorgée, la dernière.
Il fit une petite moue, le café était très bon mais assez amer, parce qu'il avait pour habitude de ne pas y mettre de sucre. En réalité, il s'entretenait bien plus qu'il ne pouvait le prétendre.
- Cette chaise est confortable. Et cette table me convient très bien. On a une vue panoramique sur toute la salle, répondit-il en détournant les yeux pour regarder les quelques personnes présentes ici. Mais non, ça ne me lasse pas, c'est certainement le seul endroit où je peux respirer sans qu'il n'y ait trop de bruits. Je déteste le bruit.
Je déteste les autres. Betsan se gratta nerveusement le menton, elle avait fini par le mettre mal à l'aise avec ses questions, si bien qu'il ne savait plus où donner de la tête.

Il la vit attraper son portable tandis que la sonnerie avait retentit. Et en lisant le message, elle n'avait pas l'air très ravi. Peut être son petit copain qui l'avait plaqué ? Ou son père qui la privait de sortie pour la semaine ? Il n'en savait rien Betsan, mais le message ne devait pas être très réjouissant, parce que la question suivante semblant on ne peut plus bizarre. Comme si ça avait un rapport direct avec ce qu'elle ressentait en cet instant présent. Peut être avait-elle envie de tout recommencer, de changer complètement de vie, de nom, ou de façon de faire les choses. Sa question lui arracha un sourire, parce que c'était ridicule puisque ce n'était pas possible. Dans son cas, même s'il changeait de vie, il posséderait toujours la maladie parce que la poisse le suivait quoi qu'il fasse. Il serait toujours condamné, il mourrait toujours à trente cinq ans, peut être plus, peut être moins. Ça ne changerait strictement rien, on a sûrement que ce qu'on mérite, et lui se contentait de cette foutue maladie.
- J'aurais toujours une vie de merde, dans un monde de merde, souffla-t-il, se mordant nerveusement la lèvre, parce qu'il avait fait un aveu, il en avait certainement dit trop et maintenant il n'avait aucune chance de se rattraper.
Elle allait rapidement comprendre qu'il n'était pas très net, ni même joyeux -ce n'était pas difficile à voir.
- On peut malheureusement pas changer de vie, on ne choisit pas son destin.
Son destin a lui était tout tracé, et il avait voulu le changer en le provoquant, mais ça n'avait pas fonctionner, il se retrouvait toujours au point de départ, comme si on lui infligeait une punition permanente.
- Je sens que c'est ton cas. Tu détestes ta vie, t'as envie d'aventures, de rebondissements. Et finalement, tu bosses ici en sachant pertinemment que tu n'y finiras pas ta vie. Parce que ça a beau te plaire pour le moment, quelqu'un a d'autres projets pour toi, et t'as envie de hurler aux autres comme la vie est injuste.
Il failli renverser sa tasse tant il était agité. Le sujet l'exaspérait, parce qu'elle ne comprenait pas ce que lui ressentait, et peut être que sa vie n'était pas mieux, certes, mais en la voyant, on remarquait une demoiselle heureuse.
- La vie est vraiment injuste, je l'ai appris à mes dépens, à ma naissance. Alors profite de ce que tu as, on n'a pas le droit à une deuxième chance.
Pourtant, quand cette fille l'avait sauvé, il avait cru à une seconde chance, mais ce n'était que désillusions, tout était identique lorsqu'il était retourné chez lui, rien n'avait changé, il était toujours malade.

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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyVen 29 Juil - 1:28

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Il dit qu’il aimerait bien voir ça. Voir quoi ? La voir le draguer ? Haha. Quelle bonne blague, vraiment. Poppy ne peut s’empêcher de rigoler nerveusement à sa remarque. A vrai dire, elle n’avait tout simplement jamais essayé de draguer qui que ce soit. C’était Brandon qui était venu la trouver la première fois, c’était lui qui l’avait retenu par le bras pour l’empêcher de se sauver.

“Croyez moi Betsan, vous n’avez pas envie de me voir vous draguer, ça bien trop pathétique, et quelque chose me dit qu’on en serait tous les deux très embarrassés.”

Léger haussement d’épaules, Anca baisse à nouveau le regard. C’est étrange, même si elle ne peut s’empêcher de le vouvoyer - car après tout il a l’air plus vieux qu’elle, plus important - Poppy ne se sent pas si mal à l’aise que ça en face du jeune homme. Juste impressionnée. Oui, très impressionnée. Mais ça c’est toujours le cas à chaque fois qu’elle rencontre quelqu’un qui peut aligner trois mots sans insultes dedans. Alors elle ne se formalise pas sur la familiarité de ce dernier, sur ses mots légèrement piquants, après tout elle a appris à tout laisser passer, tout laisser couleur.
Discrètement Anca continue d’observer son interlocuteur, elle essaye de deviner son métier, sa vie, est-il marié ou fiancé ? Aucune alliance, aucune valise, rien pour le distinguer. Juste un homme assis en face de son café, vidant les dernières gouttes dans son gosier.
Ca la fait sourire, de l’entendre vanter les bienfaits des lieux, des produits. Elle se sent rayonner Anca, comme si c’était elle qu’on complimentait. C’était idiot, car elle se contentait de servir les tasses et de nettoyer. mais quand même.
Sa remarque sur le bruit la fait néanmoins tiquer. Essaye-t-il de lui dire par moyens détournés qu’elle est une nuisance en lui parlant comme elle le fait actuellement ? Ou exprime-t-il seulement un des raisons de sa présence récurrente ? Anca n’essaye pas de s’en formaliser.

“Hm. C’est vrai, que le café est calme, ce genre d’ambiance est profitable pour tout le monde, enfin, jusqu’à ce quelqu’un comme moi décide de venir vous embêter. Je peux partir vous savez, je comprendrais si vous vouliez plus de calme, de silence.”

C’est ce qu’elle lui dit Poppy, avec sa petite voix étranglée par la gêne. Elle espère seulement qu’il lui dira que non, elle peut rester là, qu’elle a le droit, qu’après tout sa compagnie est charmante, qu’elle est bien élevée, polie. Un truc du genre quoi. Et en face d’elle Betsan a l’air moins sur de lui, comme s’il venait d’avouer quelque chose de honteux. T’en fais Betsan, jamais elle te jugera, elle est bien placée pour comprendre qu’on a besoin de s’isoler. Vivre à 11 dans une maison, les uns sur les autres à toujours s’engueuler, se bouffer le nez pour des bêtises, ça te donne des envies de silence, ouai, de liberté. Alors t’en fait pas Betsan, elle le comprends ton besoin d’isolation.

Sa question a l’air de le chambouler, comme si elle venait de demander la mauvaise chose. Avait-il prononcé des mots qu’il ne fallait pas sans le savoir ? Tout d’un coup le Betsan calme quelle venait de rencontrer laisse place à un homme plein d’animosité, d’une voix pleine de rancoeur et de douleur. Ca la surprend Anca et ses paroles la touche droit au coeur. Et c’est à son tour de s’emporter. Comme ça. Pour la première fois depuis longtemps Poppy n’a pas envie de se taire, parce qu’en face d’elle ce n’est plus Betsan qu’elle voit, mais elle même, la Anca d’il y a 7 ans.

“Je ne suis pas d’accord....”


C’est une petite voix qui s’élève, elle lutte pour trouver un sens à ses mots, formuler un phrase correcte, tant sa poitrine est sur le point d’imploser. Parce que les mots de Betsan sont comme des flèches de négativité, contre lesquelles elle a apprit à s'immuniser.

“Non. Je ne suis pas d’accord.”

Cette fois c’est une affirmation, plus ferme. Elle se lève de son siège pour se rapprocher de Betsan par dessus la table, verrouillant son regard dans la glace des yeux de ce dernier.

“On a toujours le droit à une seconde chance. Sinon je ne serais pas là pour vous parler. Peut être que oui j’ai envie de hurler que la vie est injuste. Mais ça ne m’empêche pas de donner tout ce que j’ai pour la changer. Non je ne finirais pas vie serveuse, non je ne finirais pas ma vie à nettoyer des chiottes. Oui j’ai des rêves. Comme tout le monde. Et je compte bien y arriver”

Pause, elle reprend sa respiration, et elle sent les premières larmes arriver. Oh. Non. Pas encore. pas maintenant. Crybaby qu’on la surnommait, toujours à pleurer quand le ton montait. Pourtant elle avait apprit à se contrôler. Alors elle inspire un bon coup, se rasseoit sur sa chaise et vide d’un trait le fond de sa limonade et c’est comme une légère libération, une piqûre de rappelle grâce à l’acidité.

“Si j’avais une gomme magique, peut être que j’aimerais tout effacer pour tout recommencer, c’est vrai. Peut être que ça changerait quelque chose, peut être que je serais toujours aussi misérable qu’aujourd’hui. Peut être qu’on serait ici, à cette table entrain de parler. Qui sait.”

Doucement, elle ferme les yeux un instant pour reprendre le contrôle de ses émotions. Si elle avait su qu’il aborderait un sujet qui la toucherait autant, elle ne se serait peut être pas assise. Peut être. Encore et toujours des peut être.

“Qu’est-ce qu’elle vous a fait la vie, pour que vous lui en vouliez autant ?”

Instinctivement elle vient caresser le relief d’une de ses longues cicatrices sur son avant bras. Ca la ramène à cette époque là.

“Moi elle m’a piétinée. Mais je suis encore là aujourd’hui. Et je l’emmerde profondément la vie parce que c’est pas elle qui va me noyer”

Ah ça non. Quand on est une Popescu, on ne se laisse pas dominer.
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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyDim 31 Juil - 16:52



Vrai qu'il serait embarrassé si elle se mettait à le draguer, parce que jamais personne ne l'avait dragué, et lui non plus ne l'avait pas fait. En fait, les femmes qu'il avait fréquenté ne passait pas par un jeu de séduction, ça se faisait comme ça, comme une partie de cartes, au feeling, et il finissait au lit avec elles. Chacune leur tour évidemment, ce n'était pas comme si il s'en tapait une chaque soir. De toute façon, il n'avait pas eu de relations avec quiconque depuis si longtemps, que même s'il connaissait une technique de drague, il n'aurait pas su comment faire. C'était tellement lointain cette époque où il était plein d'assurance, plein de vie. Il n'était plus le même, il avait changé, il ne se reconnaissait plus. Parfois, dans ses agissements, il se donnait envie de vomir. Il était pitoyable Betsan, et ce n'était pas pour lui remonter le moral, qui de toute façon était au plus bas depuis bien trop longtemps à son goût. Il se contenta de hocher la tête, il ne voulait pas s'étaler sur le sujet, il voulait garder cette part de mystère, ou même tout simplement éviter de se dévoiler.

Betsan continua de jouer avec la anse de sa tasse, ça ne l'amusait pas réellement, mais ça occupait ses doigts. Allez savoir pourquoi, ses mains avaient toujours besoin de toucher quelque chose, il ne pouvait s'en empêcher, et certains diront que c'est un toc. Lui trouve que c'est simplement une habitude, ça n'a rien de maladif. Anca avait l'air heureuse de bosser ici, elle complimentait le café sans s'en rendre compte peut être, ça lui plaisait, c'était un endroit attirant pour elle. Mais d'un côté, Betsan avait l'impression de lui faire l'éloge tant elle était ravie qu'il lui dise toutes ces choses. Clairement, on pouvait voir que ça la touchait qu'on dise du bien sur l'endroit dans lequel elle bossait. Il n'avait rien à redire lui, il aimait le calme et la solitude et c'était certainement le seul endroit au monde qu'il avait pu trouver. La décoration n'était pas exceptionnelle, ni même le cadre, ni même la rue, mais ça lui suffisait pour lui apporter un peu de joie dans ce monde de brutes.
- Je ne vous ai pas demandé de partir, lâcha-t-il en arquant un sourcil.
Il ne lui avait pas demandé de s'installer, pas même de partir. Elle ne le dérangeait pas en réalité, contrairement à ce qu'elle pouvait ressentir vu la froideur qu'il renvoyait. Il n'était pas méchant et un peu de conversation ne pouvait que lui faire du bien. Le silence était brisé par sa douce voix, elle avait l'air d'une enfant dans sa façon de faire, et pour la première fois depuis un moment, il trouvait ça mignon. C'était rare.

La réponse à sa question fût sans appel, elle gigotait, elle répéta deux fois qu'elle n'était pas d'accord, et dans un geste brusque, elle se leva pour le contredire. Sous ses airs doux, elle cachait une toute autre personnalité, celle d'une femme blessée, d'une femme qui en avait bavé mais qui se cachait derrière des sourires. Betsan fût étonné de sa réaction, si bien qu'il écarquilla les yeux. Elle avait réussit à s'attirer les regards des personnes présentes, et il détestait par dessus tout qu'on le fasse remarqué. La discrétion restait son credo. Sa seconde chance, elle y croyait dure comme fer, comme si c'était écrit dans son destin, comme si on l'avait bercé d'illusions. Et c'était peut être le cas, elle avait du entendre des histoires où tout le monde finit bien, et maintenant elle se persuadait qu'elle aurait une vie de princesse, dans un monde de bisounours. Foutue connerie. Betsan leva les yeux au ciel instinctivement et replanta son regard dans le sien.
- J'espère sincèrement que tu ne finiras pas ta vie à nettoyer des chiottes, ni même ici. Seulement, il faut que tu te fasses à l'idée que même si tu persévères, tu n'auras jamais tout ce que tu souhaites. Ce n'est pas un conte de fée ici, ta vie est toute tracée, tu ne peux pas chambouler les choses.
Il attrapa son bras pour la faire assoir. La voir au dessus de lui le perturbait un peu trop, et ça se révélait assez gênant. Dans ses yeux, il pouvait voir qu'elle allait finir par fondre en larmes. Ses yeux étaient tout brillants, elle se retenait de pleurer devant lui, mais ça se révélait assez difficile finalement.
- Dis moi à quoi tu rêves Anca...
Il lui demanda d'une voix plus douce, plus posée, pour essayer de la calmer, pour ne pas qu'elle s'agite comme elle venait de le faire. Il avait appris à appréhender la vie, il savait à quoi s'attendre et en la voyant, il la trouvait insouciante, elle semblait si fragile, avec une envie puissante de changer les choses.

- Et tu n'es pas ravie de discuter avec moi ?
Peu importe si on pouvait changer les choses, il restait dans son monde. Lui était pessimiste, ça ne changerait pas d'un claquement de doigts. Il ne voulait pas recommencer à zéro, il avait suffisamment souffert pour dire qu'il voulait que ça s'arrête là, et ce n'était pas une jeune fille qui allait le faire changer d'avis. Il soupira Betsan, ça l'agaçait de voir tant d'optimisme, mais d'un côté, ça l'embêtait parce qu'il avait réussit à la blesser. Dans le mille. Il resta muet un long moment, la laissant finir sa tirade, histoire de ne pas la couper dans son envie de s'en prendre au monde entier. Sa question le transperça, il n'avait aucune envie de s'exposer, aucune envie de dire ce qui le rendait aussi immonde avec les autres. Que lui avait fait la vie ? La pire surprise qu'on puisse avoir. Elle l'avait détruit, un peu plus chaque jour, elle l'avait forcé à faire des choix, peut être mauvais, et maintenant, elle le condamnait à rester ici, avec les autres, avec ceux qu'il ne considérait aucunement.
- Bien trop de mal, tu apprendras en grandissant.
C'était assez clair, elle n'avait pas à en savoir plus. Betsan cherchait à rester discret, il ne voulait pas étaler sa vie, ni sa maladie, il ne voulait pas qu'elle le prenne en pitié, la faire pleurer. Parce que même avec tous les efforts du monde, ça ne changerait rien. On nait malchanceux, et ça se poursuit au fil des années.
- A trop vouloir te contenir, tu finiras par abandonner, crois moi. La vie n'est pas facile, et au bout d'un moment, tu n'as plus envie de continuer.
Il n'avait plus eu l'envie lui, et malheureusement, il était encore là, elle avait réussit à le retenir cette vie.

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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyMar 2 Aoû - 16:17

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Je ne vous ai pas demandé de partir. Ça sonne comme une réprimande. Pourtant, ça la soulage de l’entendre dire ça. Ça la calme un peu, apaise ses angoisses, sa peur de parler aux autres. De sociabiliser. Faut dire que ses années de lycées lui avaient sapé toute sa confiance en soi, et malgré la thérapie suivit avec Jedediah depuis plusieurs années maintenant, Anca avait toujours du mal à faire le premier pas. Alors si Betsan lui avait demandé de partir, elle n’aurait sans doute plus jamais essayer de discuter avec qui que ce soit de son propre chef, de peur de déranger et de se faire envoyer promener.

“Alors je vais rester.”

Oui, elle va rester avec toi Betsan. Encore un peu, profiter de ta compagnie qui l’intrigue plus que tout. Parce que t’es indéchiffrable pour elle, un véritable mur de glace, qu’elle n’arrive pas à percer. Cela la change de sa famille, où il lui suffit d’un simple coup d’oeil pour deviner ce que machin ou machine est entrain de penser. Ça met un peu de challenge dans sa vie, et faut dire que c’est pas désagréable comme sentiment.
Mais au fur et à mesure que les secondes passent, le ton de la discussion devient un peu plus houleux. Faut dire qu’elle aurait peut être pas du aborder le sujet de la vie. Et si actuellement Anca était dans un tel état, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle même. Si elle avait fermé sa jolie petite bouche, ils auraient pu continuer à débattre sur le café ou même le beau temps pour la journée. Mais ce qui était fait, était fait, et voila.
Anca vit la surprise dans les yeux de Betsan, la surprise, puis un léger agacement ? Peut être. Faut dire qu’avec sa petite explosion les regards s’étaient vite retournés sur eux, et la jeune femme senti le rouge lui monter aux joues une nouvelle fois. Alors quand Betsan lui attrapa le bras pour la faire se rasseoir tranquillement, Anca se laissa faire. Elle aurait bien aimé baisser les yeux, fixer le bois de la table. Mais elle était incapable de détourner le regard de celui de son interlocuteur. Y avait quelque chose d’hypnotisant là dedans. D’autoritaire. Elle se sentait un peu comme un rongeur face à un serpent.

“Je sais que la vie n’est pas un conte de fée. Croyez moi, ça je le sais. Sinon je serais cette foutue cendrillon et mon prince charmant de merde viendrait me chercher.”

Ouai. Elle l’attendait plus depuis longtemps son foutu prince charmant, surtout depuis qu’il l’avait séduite, utilisée et jetée comme une vieille chaussette. A vrai dire elle attendait plus personne. Poppy n’avait besoin de personne. Elle s’en sortirait très bien tout seule comme ça. On comparait souvent les Popescu à de la vermine roumaine, et comme tout le monde le sait, la vermine on s’en débarrasse pas aussi facilement que ça.
Lentement elle inspire un grand coup, pour renvoyer les larmes qui commencent à perler. Elle voit bien que ça le dérange Betsan, qu’elle soit à deux doigts de pleurer. Alors elle lui fera l’offense, ouais. Elle pleurera pas. Promis. De toute façon Anca préfère faire ça dans la salle de bain, le soir quand tout le monde dort, le poing entre les dents pour étouffer les sanglots.

Dis moi à quoi tu rêve Anca, pour elle ou pour les autres ? Elle rêve d’une vie meilleur pour Iulia, de la débarrasser de ce stigmate de meurtrière, elle rêve d’un avenir brillant pour Madalina et Mihail, quitte à dépenser des centaines pour leurs études, elle rêve de stabilité pour Ioan et Seven, qu’ils arrêtent de s’enfermer dans leur bulle, dans leur monde, elle rêve de bonheur pour Constantin et Tereza, qu’ils continuent à croquer la vie à pleine dent comme ils le font déjà.
Et toi Anca ? Hein ? A quoi tu rêve pour toi ? Voir ton paternel clamser, bon sang, ce serait les plus belles funérailles de ta vie, et avec tous les gamins vous ferez un grand feu de joie pour fêter ça. Tu rêve d’acheter cette jolie robe un peu trop chère pour toi, ptêtre qu’un jour tu craquera qui sait. Tu rêve de manger dans un restaurant français pour la première fois. Tu rêve de voyager, te casser d’ici, visiter la Terre pour voir si c’est pas mieux ailleurs. Tu rêve de devenir chirurgienne, sauver des vies de tes petites mains de fées. Tu rêve tellement Anca que ça te crève.
Mais tu fais juste ta modeste. Tu blague. Incapable de cracher la vérité.

“J’aimerais juste avoir mon diplome d’infirmière pour pouvoir me poser. Ah et dormir plus de trois heures par nuit, ça serait super haha, j’économiserais de l’anti-cernes comme ça.”

Silence, elle passe une main gênée dans ses cheveux. Elle a pas l’habitude qu’on lui demande ce qu’elle veut, en dehors de Jedediah. Ça fait bizarre. Mais la voix douce de Betsan l’apaise étrangement. Elle a l’impression qu’elle peut parler sans être jugée. Qu’il comprend un peu, ce qui se passe, sans qu’elle ai besoin de tout préciser.
Surprise par sa deuxième remarque, Anca se met à rigoler doucement et baisse les yeux, encore plus embarrassée, un sourire plaqué sur les lèvres.

“Si. J’aime bien ça. J’ai du mal à parler aux gens, aux hommes surtout. Mais vous y a quelque chose de réconfortant dans tout ça. Vous me jugez pas pour ce que je peux dire.”

Mais quand elle relève les yeux, c’est pour tomber sur le regard dur et froid du jeune homme. encore. Ya définitivement quelque chose qui va pas. Et pour une fois, Anca a la certitude que ce n’est pas elle. Mais quelque chose d’autre.La vie.
Ses mots la frappe, bam bam bam, trois balles plantées en plein dans le ventre, dans les tripes. Ah ouai, toi aussi tu as bien vite compris à quel point la vie était une pute ? Hein Betsan ? Toi aussi elle t’as écrasé, roulé dessus sans pitié ? Mais quelle connasse cette vie pas vrai ?
Il continue à parler. Encore. Et cette fois ci Anca sent une larme couler sur sa joue. Alors elle l’efface rageusement, les cils papillonnants pour lutter contre le reste de la compagnie. Foutue hypersensibilité, elle jamais vraiment bien su gérer ses sentiments Poppy. Ils se bousculent dans sa tête, dans sa gorge, luttent pour sortir.

“Je vous crois Betsan. Je vous crois. Bon si vous saviez comme je vous crois.”


Alors doucement elle remonte sa manche droite, tendant son avant bras pour le montrer à Betsan. 16/02, une date gravée à jamais dans sa peau, tout comme les restes de ce moment où elle a voulu arrêter d’essayer.
C’est la première fois qu’elle montre ça à quelqu’un, sauf à Constantin quand elle lui a demandé de la tatouer. Mais elle sait pas pourquoi Anca, elle sent que Betsan comprendra, qu’il est peut être déjà passé par là.

“Chui ptêtre encore jeune vous savez, mais vous avez pas besoin de prendre des pincettes avec moi. Je pense pouvoir comprendre.”

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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptyMar 2 Aoû - 22:05



Au fond, il n'avait certainement pas envie qu'elle parte Anca, elle était réconfortante. Et la vérité, c'est que personne ne lui avait parlé depuis si longtemps que c'en était presque un miracle. C'était agréable, il aurait voulu que ça continue encore et encore cette conversation. En plus d'être plutôt jolie, elle avait des choses à dire, elle ne restait pas là à le fixer alors que quand elle s'était installée, il avait presque espéré qu'elle s'en aille aussi qu'elle était venue. Mais il avait changé d'avis Betsan, elle était gentille cette demoiselle et en tout honnêteté, il ne se voyait pas la chasser alors qu'elle était simplement polie. Parce que c'était peut être par politesse qu'elle l'avait abordé, il n'en savait rien, après tout, il n'était pas du genre à attirer les autres, plutôt le contraire, alors il se persuadait que c'était aussi de la pitié. Il en avait ressenti tellement de pitié venant des autres qu'il ne voyait plus que ça désormais.

Anca n'apprécia pas vraiment le sujet de la vie qu'elle avait elle même abordé. Surtout en voyant la mine de Betsan, qui faisait tout pour lui mettre dans la tête qu'elle ne faisait pas de cadeaux. C'était la vérité, elle le verrait avec le temps, mais ça lui avait fait comme l'effet d'une bombe. La jeune demoiselle était complètement sortie de ses gonds et il avait presque regretté ce qu'il avait dit. Il ne voulait pas la vexer, il ne voulait pas la blesser. Elle était encore fragile, mais c'était certain qu'elle avait vécu des choses difficiles elle aussi, qu'elle trainait un lourd passé -et présent ?- derrière elle. Il pouvait sentir qu'elle n'allait pas bien, mais qu'elle faisait tout son possible pour être positive et joyeuse en toutes circonstances. Cela lui faisait du bien de discuter avec quelqu'un d'aussi positif, parce que son médecin ne l'était pas, il lui répétait sans cesse qu'il allait crever, qu'il allait finir seul et mourir seul. Mais ça, il le savait déjà, il ne lui apprenait rien. Sauf qu'il essayait toujours de prendre des pincettes, de dire les choses correctement alors que ça revenait totalement au même. En plus poli. En entendant qu'elle pensait au prince charmant, il eut un petit rire, c'était ridicule et pourtant, attendrissant. Elle avait espéré.
- Tu n'es pas Cendrillon, et ton prince charmant ne viendra pas. Il faut se rendre à l'évidence, on nous a bercé d'illusions et regarde où ça nous mène.
Lui n'avait jamais compris comment on pouvait croire à des conneries pareilles. Heureusement, ses galères lui avaient appris à avoir la tête sur les épaules et prendre du recul en voyant ces films complètement pourris.


Elle ne lui disait pas tout, c'était certain, elle n'était pas totalement honnête. En réalité, elle voulait juste être modeste, ne pas en demander trop pour éviter de perdre espoir au moment venu. Elle en voulait des choses, elle lui en disait, mais il y avait d'autres rêves qu'elle n'avait pas cité, bien trop. Il afficha une petite moue déçu, il voulait en savoir plus, il voulait savoir à quoi elle rêvait, si elle était trop exigeante, si elle en demandait trop par rapport à ce qu'elle renvoyait. Parce qu'en la voyant, on remarquait une jeune femme simple, cherchant simplement à avoir une vie correcte.
- Et tu vas l'avoir ce diplôme, j'en suis certain, dit-il, un léger sourire sur les lèvres, un sourire rassurant. Quant à dormir plus de trois heures par nuit, je pense que tu devrais lâcher un peu de leste, sinon tu finiras par mourir avant même d'avoir réaliser tous tes rêves.
Il ne voulait pas que ça arrive, elle méritait très certainement de pouvoir vivre ses rêves et pas seulement se contenter du minimum. Mais si elle ne se reposait pas un peu plus, elle allait mal finir, et même sans la connaitre vraiment, il ne voulait pas que ça arrive.
- Maintenant, si tu me disais tes autres rêves, ceux que tu caches au fond de toi. Dis moi tout ce qui te passe par la tête, je suis certain qu'il n'y a pas que ça.
Lui avait réalisé ses rêves en bravant la maladie pour devenir professeur de droit à l'université. Il avait accompli tout le travail. Pourtant, il lui en restait d'autres en suspend, comme avoir des enfants, faire le tour du monde à vélo. Des choses auxquelles il avait renoncé, parce que ce n'était plus possible. Il ne se voyait pas faire des enfants pour ne pas les voir grandir, ça paraissait totalement stupide et très égoïste de sa part. Quant à faire le tour du monde, il aurait eu besoin d'une ambulance derrière lui, et il n'avait franchement pas envie de visiter tous les hôpitaux de la Terre. Maladie, ça se dit comment en chinois ?

- Je ne peux pas te juger Anca, pas à mon niveau.
Qui était-il pour se permettre de juger qui que ce soit ? Il n'avait rien accompli d'extraordinaire, il n'était pas une célébrité, ni même un homme politique, et encore moins un dieu. Non, Betsan n'était rien tout simplement, et à force de persévérance, il était parvenu à s'en convaincre. Ce n'était pas si compliqué pourtant. Pourtant il en avait connu des hommes qui se prenaient pour on-ne-sait-qui, et ça l'avait toujours dérangé. Il s'était promis de ne pas devenir comme eux, de ne pas devenir un connard, un homme détestable. Pourtant, il l'avait souvent été, autant sentimentalement qu'amicalement. Mais maintenant, il était devenu un autre homme, et plus besoin de se convaincre de quoi que ce soit.

A mesure que la conversation continuait, Betsan voyait bien que dans l'esprit d'Anca, tout était confus. Et il la vit verser une larme en lui exposant son ressenti. Une larme qu'elle effaça d'un vilain coup de main ce qui fit frissonner l'homme. Il n'avait aucune envie de la faire pleurer, et c'est peut être pour cette raison qu'il ne lui racontait pas son histoire, qu'il préférait la laisser parler. Il n'avait aucunement envie qu'elle soit triste ou même prise de pitié. Mais ça ne le concernait pas uniquement lui, elle souffrait d'un autre mal, le même que lui en réalité. La date gravée sur sa peau. Cela lui fit comme un couteau planté en plein cœur. Elle le comprenait mieux que personne, et maintenant il fallait tâché de la réconforté plutôt que de se plaindre à son tour.
- Je ne suis pas si vieux non plus, lâcha-t-il, essayant tant bien que mal de faire de l'humour, sans succès.
Ça n'avait jamais été son fort, en même temps, il n'excellait dans rien, et encore moins désormais.
- Pourquoi est-ce que tu as fais ça ? Et pourquoi est-ce que tu l'as gravé sur ta peau ? Tu ne veux pas oublier cette triste période ?
Elle lui avait glacé le sang avec ses révélations, elle l'avait rendu tout autre, encore plus froid, et son palpitant ne répondait plus de rien, ses mains tremblaient.

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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: CRYBABY || Betsan   CRYBABY || Betsan EmptySam 6 Aoû - 22:43

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Non. Elle n’était pas cendrillon. Ou alors juste pour côté femme de ménage. Mais elle allait pas faire la fête le soir, laissant sa chaussure de verre pour le premier gosse de riche la ramasse et vienne la sauver. Non merci, les princes elle avait déjà donné et c’était pas vraiment ce qui la branchait. Tous des connards dans leurs costumes blancs, leurs sourires factices et leurs promesses dans le vent. Il semblait comprendre Betsan, ce qu’elle ressentait vis à vis de ces foutus contes de fée. Et ça la fait rire, alors Anca fait tinter son verre contre la tasse de Betsan, comme pour trinquer à l’évènement
“Aux désillusionnés des contes de fées, après tout on s’en sort bien mieux sans nos princes et princesses pas vrai ? Parce que c’est pas eux qui vont nous aider….”
Yep. C’était un peu leur moto dans la famille des Popescu. Faut dire que personne leur avait jamais montré tous les films disneys et autres bêtises.

Il l’encourage pour son diplôme. Et ça fait sourire doucement Anca. C’est gentil de sa part d’y croire, il aurait pu ne rien dire, juste se taire. Car après tout ils viennent seulement de se rencontrer pas vrai ? Mais non, Betsan lui assure qu’elle l’aura ce foutu diplôme. Et ça lui fait chaud au coeur, une personne de plus derrière elle pour la pousser vers l’avant.
“Merci ! J’espère bien ! Je fais tout pour l’avoir ce diplôme hehe ! Quant au sommeil, c’est plus compliqué vous savez, quand on a 5 personnes dont on doit s’occuper à la maison… C’est jamais de tout repos !”
Ouai. Pas vraiment; Et encore, depuis que la plupart étaient partis, c’était quand même bien plus calme. Y avait toujours le vieux pour rentrer la gueule défoncée, poser ses pieds sur la table du salon et râler car rien n’était prêt pour le dîner. Alors oui, Anca enchaînait les nuits sans sommeils, elle avait l’habitude maintenant.
“Et vous savez comme on dit, on dormira quand on crèvera. Pas de repos pour les braves…..”
C’est l’impression que lui donne sa vie en ce moment.

Anca pensait que Betsan serait satisfait de sa réponse concernant ses rêves. mais il l’avait bien cerné le bougre. Et elle ne peut s’empêcher de rigoler. Elle a l’impression d’avoir à nouveau 5 ans quand il lui parle si calmement, elle arrive plus à mentir, à éviter la vérité.
“Hm. C’est vrai. Mais c’est pas très intéressant vous savez. Peut être aller en Europe… En Roumanie, chez moi. Enfin je suis pas née là bas mais mes parents oui, et j’ai ma famille….Ca me plairait beaucoup d’y aller je crois.”
Ca avait toujours été un sujet de dispute lors des repas de famille, les parents refusant de parler du pays qu’ils avaient quitté y a plus de 30 ans de cela. Pourtant tous les gamins parlaient roumain parfaitement et Anca cuisinait bien mieux les plats traditionnels de là bas que ceux des états unis. Alors ouai, elle espérait peut un jour pouvoir aller là bas, entre autre.
“Et vous Betsan alors ? Vous avez des rêves particulier ? C’est pas vraiment très fair-play que soit la seule à parler pas vrai ?”
Car depuis tout à l’heure elle ne fait que se dévoiler tandis que lui se contente de glisser des allusions discrète.

Elle l’écoute parler, se justifier. Non, il ne peut pas la juger. Et il l’admet. Et ça c’est fantastique. Parce que le nombre de personnes qui osent porter un jugement sur votre situation sans vraiment avoir le droit de le faire, Anca ne pouvait plus les compter sur les doigts de sa main tant ils étaient nombreux.
“Justement, pour ça que c’est agréable de vous parler. Vous allez pas vous foutre de moi à cause de mes origines, de mon accent ou je ne sais quoi. C’est rare, les bonnes personnes comme vous.”
Ouais, si elle en avait rencontré plus souvent dans sa vie, elle ne serait peut être pas là à galérer autant qu’elle le pouvait pour garder la tête hors de l’eau.
C’est peut être pour ça qu’elle accepte de se dévoiler, de lui offrir une partie d’elle qu’elle préfère garder cacher. Parce qu’il la touche profondément, avant ses grands yeux bleus et son sourire désabusé. Il est pas mesquin, non. Pas mesquin du tout.
“Non c’est vrai vous êtes pas vieux du tout. Vous êtes juste...Impressionnant je pense. Et je suis impressionnable. Ca joue beaucoup.”
A son tour d’essayer de plaisanter sur le sujet, sans réel succès. Mais au moins ça l’empêche de pleurer, de se sentir beaucoup trop concerné par cet homme qui est apparu comme sa dans sa vie, sans prévenir. Cet homme qui semblait partager ses sentiments, ses peines. Cet homme bien trop abimé par la vie, alors qu’il n’avait rien demandé.
Doucement Anca pose sa paume sur la main tremblante de Betsan, les yeux dans les yeux, elle essaye de lui offrir son son sourire rassurant, celui qu’elle offre à Ioan quand ça va pas.
“J’en pouvais plus. J'étouffais. J’arrivais plus à me dire qu’il fallait que je continue à avancer, à vivre.”
Sa voix se brise, et ses souvenirs reviennent. Mais Anca est forte, Anca ne se laissera pas avoir.
“J’ai demandé à mon frère de me tatouer la date du jour où j’ai essayé de crever. Pour rappeller de plus jamais recommencer. C’est ptêtre glauque, bizarre, j’en sais rien. Mais moi ça me permet de continuer, de respirer. C’est un peu comme un rappel pour me forcer à ne plus jamais baisser les bras.”
Elle retire sa main, baisse les yeux, pour fixer son poignet scarifié. Les cicatrices ont presque disparues maintenant, laissant de fines lignes blanches, à peine visible sur sa peau de porcelaine.
“A votre tour Betsan. Pourquoi avoir essayé ? Chui pas la non plus pour vous juger….”
Parce que vu sa réaction, vu ses question, c’est sur qu’il a déjà tenté de s’oter la vie. C’est presque évident.
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