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 «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»

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MessageSujet: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptyMer 13 Juil - 15:24

«When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»
Iulia & Ursul
“People use drugs, legal and illegal, because their lives are intolerably painful or dull. They hate their work and find no rest in their leisure. They are estranged from their families and their neighbors. It should tell us something that in healthy societies drug use is celebrative, convivial, and occasional, whereas among us it is lonely, shameful, and addictive.
We need drugs, apparently, because we have lost each other.” 

Le cliquetis de la clé dans la serrure, puis la moustiquaire refermée. Elle ferme les yeux, le dos tourné à la porte, visage levé vers le ciel, laissant les rayons du soleil caresser son visage et le vent lui embrasser les joues. Sa main serre la laisse contre sa paume et elle siffle. Le pitbull aboie et arrive en galopant pour sauter dans les bras de sa môman et lui lécher les joues ' bonjour '. Caresses et câlins, puis la laisse qui vient trouver sa place, accrochée au collier de la belle à quatre pattes. Iulia se redresse et claque de la langue, la chienne, trop heureuse de pouvoir aller se balader, se précipite vers le portail du jardin grillagé. Elle claque à nouveau de la langue et appelle l'animal à se calmer. Celle-ci pose son royal fessier au sol et attend que la Popescu ouvre la porte et passe la première pour la suivre plus calmement. Elle enroule la laisse autour de son poignet et sort une cigarette de son paquet, tranquillement, elle l'allume et reprend sa marche. L'air du bord de mer vient jouer dans ses cheveux et avec les pans légers de sa robe, mais il ne fait pas si frais, au contraire. Le soleil est déjà haut et il est quasiment 14h, Madalina est à l'école, Seven, lui doit être levé, du moins c'est ce qu'elle espère. Car il est la raison pour laquelle elle a sorti son nez de sa tanière et qu'elle affronte le monde extérieur. Son frère, son petit frère, son Ursul, qu'elle n'a plus vu depuis… longtemps. Trop longtemps. Petit chat qui a grandit. Qui s'est éloigné. Avec qui l’aînée des filles Popescu aimerait bien renouer des liens qu'elle pensait forts quand il n'avait encore que dix ans. Il lui manque. Énormément. Elle s'est renseignée. Elle a demandé par-ci, par-là où est-ce qu'elle pourrait le trouver, à quelle heure, sous quelles conditions. On lui avait donné des indications sur les coins où il deale, elle n'aurait qu'à atteindre qu'il pointe son nez.
Mais pour ça, il lui faut quasiment traverser Savannah, mais elle a le temps et elle n'est pas seule. On vient rarement emmerder une nana qui se promène avec un pitbull, en général. Elle profiterait sûrement de son trajet pour aller jeter un œil aux vitrines des magasins, pour voir s'ils n'ont pas afficher qu'ils recherchent un employé. Parce qu'une des raisons pour lesquelles elle ne prend pas le bus… C'est tout simplement qu'elle ne peut pas se permettre de jeter le moindre centime par la fenêtre. Il est largement temps qu'elle trouve quelque chose pour qu'un minimum d'argent arrive sur son compte. Ça lui briserait le cœur qu'on lui enlève sa fille. Qu'elle se retrouve à la rue encore, mais que sa fille la lui soit arrachée, jamais. Elle a loupé dix ans de sa vie, elle ne continuera pas sur cette lancée.

Arrivés au quartier de City Market, elle se pose un instant et lance un regard sur les alentours, elle repère. A tel coin de rue, il a été vu. Au détour de celle-ci, il a l'habitude de croiser quelques clients et au fond de cette ruelle, il se glisse suivi d'un ou deux camés. Elle fait le tour du quartier, imprimant dans son esprit les emplacements et sans doute le trajet que pourrait avoir l'habitude de faire – si ses infos s'avèrent être justes -  son frère. Puis, elle finit par se poser sur un banc, attacher son chien au pied de celui-ci et sortir quelque chose à grignoter pour le pitbull de son sac. Elle attendrait. Elle observerait. Le chien jappe et agite la queue, d'un geste du doigt, elle lui ordonne de s'asseoir. Artémis s'exécute et attend patiemment, dévorant la friandise du regard. Iulia la pose au sol, juste devant elle et elle frémit. Mais la Popescu a toujours le doigt tendu, le temps de se redresser. Enfin, elle lâche un « C'est bon. Tu peux manger. » et le chien se précipite et gobe le bonbon pour clébard. Le temps de grignoter ce bout qui lui donne du fil à retordre, Iulia est tranquille. Elle croise ses jambes et regarde au loin, surveillant la foule, à la recherche du visage si caractéristique du frate. Elle aurait pu aller chez lui, frapper à la porte de son appartement, mais… Mais elle craignait qu'il la fuit, qu'il ne réponde pas ou pire, qu'il lui ferme la porte au nez. Pourquoi ne voudrait-il pas la voir ? Par dés-amour de la famille Popescu, sans doute. Parce qu'à cause d'elle, le père à sans doute resserré la vis plus fort encore et a du être encore plus insupportable qu'il ne l'était. Qu'il a du rabattre les oreilles de la fratrie d'immondice au sujet de sa fille. Peut-être y croyaient-ils ? Peut-être avaient-ils gobé ses horreurs ? Tous vivent encore dans cette ville, mais la famille est éclatée. Il n'y a plus de cohésion et on ne se retrouve pas le soir pour parler autour d'un verre et d'une clope dans l'appartement sombre des părinți. Mais, même si ça se fait sans les parents, Iulia aimerait au moins pouvoir tenter de réconcilier les électrons libres de la famille avec le reste. Ou juste tenter de retrouver ce qui était avant…
Elle lève la tête soudainement et se redresse d'un coup. Il est là. Mains enfoncées dans les poches, traversant la foule, suivant l'itinéraire qu'elle avait inscrit dans sa mémoire. Elle détache alors son chien du banc et s'engouffre dans la masse de gens à la suite de son frère, attendant le bon moment pour lui tomber dessus '' par hasard ''.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptyJeu 21 Juil - 15:23

Ça sonne. Une fois. Deux. Trois. Putain. Y a un grognement qui résonne et Sev met un moment à comprendre que l'bruit n'a pas émané de lui. Il s'asseoit dans un sursaut, essayant d'ouvrir les yeux sans trop y arriver à cause de la lumière qui illumine la pièce. Il est obligé de frotter, cligner, forcer. Et quand il retrouve la vue, il s'dit que c'était p't'être mieux avant. Étalé sur son pieu à côté d'lui, un type dont il ignore l'identité. À cheval entre le matelas et le sol, une nana avec qui il a l'habitude de traîner en soirée. Merde, il a foutu quoi hier soir ? Il en sait rien. Il est pas sûr de vouloir l'savoir, en vérité. Parfois le mystère ça fait pas d'mal et au vu de l'état d'son studio, c'est sûrement mieux de pas chercher à comprendre. Et ça sonne, encore. Quand il pige que c'est son portable, il s'met à le chercher frénétiquement, incapable de dire d'où provient la sonnerie. P't'être qu'il est encore high de la veille, ou juste pas assez bien réveillé, ou un peu des deux. Du coup il arrive trop tard et voit les quinze appels manqués qui trônent fièrement sur l'écran, comme pour le narguer, comme pour lui dire que tous ces gens vont l'faire chier parce qu'il répond jamais. Tant pis. Qu'ils aillent s'faire foutre, il a pas qu'ça à faire, il est pas secrétaire. Planté en plein milieu d'la pièce, il se tourne vers les deux loques qui comatent encore, visiblement partis pour squatter là toute la journée. No. Fucking. Way. « Allez on s'lève les gars, prenez vos trucs et cassez-vous ! » Merci, c'était sympa, maintenant on dégage parce qu'on est pas chez mère Teresa. Sauf qu'il récolte rien d'autres que plus de grognements, et il voit l'gars se foutre le drap sur la tête. Oui, non, mais non. Il a des trucs à faire putain, il a pas l'temps de s'occuper de deux nazes pas encore redescendus. Il soupire, commence à ramasser les fringues qui leur appartiennent – enfin, il croit – et à leur balancer dessus. Et puis il chope une casserole et une cuillère qui trônent dans l'évier sale, avant de s'mettre à cogner dessus comme sur sa batterie. Même à lui, ça lui file mal au crâne. Faut c'qui faut. « DEBOUT BANDE DE BITCHES, J'VEUX VOIR VOS P'TITS CULS SORTIR D'ICI. FISSA. » Il continue de frapper. Ça fait l'effet d'un marteau-piqueur dans sa boîte crânienne, c'est juste abominable, merde. Mais il continue quand même. Il s'arrête pas. Il persévère jusqu'à les voir se lever en râlant, se rhabiller un peu n'importe comment en l'insultant. Ils lui passent devant et il récolte deux beaux majeurs levés, auxquels il répond en mimant des baisers dans le vent. Puis il claque la porte derrière eux, avant de foncer sous la douche en ignorant le chat qui miaule à sa fenêtre. Il est bien dehors ce con, au moins il l'emmerde pas. Une fois qu'il est propre, il s'regarde dans le miroir et il s'dit qu'il aurait peut-être dû éviter. Il a une sale gueule de déterré. Encore marqué de son altercation avec JJ, égratignures et bleus un peu partout, des traces violacées de la taille d'une main autour de son cou, un coquard, un pansement sur le nez. Et les restes de la soirée d'hier, avec des valises sous les yeux, un teint blafard et des suçons sur le torse. Une chance que pour les derniers, ça s'verra pas. Il s'habille à la va-vite, chope son stock et son fric à la volée, puis il sort en trombe. Pressé d'aller au grand air, de s'en mettre plein les fouilles, de rejoindre des acolytes. Pressé de s'tenir occupé, pour pas vriller.

Les mains enfoncées dans les poches, il arpente les rues comme il le fait toujours, l'insolence au fond des yeux et la clope au coin des lèvres. Il rejoint l'un de ses spots habituels, salue ses collègues qui sont déjà postés là et se campe à leurs côtés. On le chambre sur la tronche qu'il se paie, sur la soirée qu'il a dû passer. On lui demande d'où viennent les blessures de guerre qui creusent ses traits mais il s'contente de sourire, sans daigner octroyer une réponse. Déjà parce qu'il préfère encore crever qu'expliquer le conflit qui s'est déroulé entre lui et JJ, et surtout la façon dont ça s'est fini. Mais aussi parce que t'façon, ça sert à rien de lui poser la question. C'est pas nouveau. Ça fait des années qu'il se balade toujours avec la figure aussi amochée qu'ses poings, comme si ça pouvait l'aider à oublier l'état dans lequel il est à l'intérieur. Comme si attirer l'attention sur des plaies à l'épiderme ferait oublier celles qui restent béantes au creux d'sa poitrine. Gueule cassée, cœur fissuré ; c'est plus facile de jouer au p'tit con bagarreur que d'assumer tout c'qui cloche chez lui. « Yo, Sev ! » Il relève le nez, observant celui qui l'a interpellé en arquant un sourcil. L'autre fait un mouvement de menton, comme pour désigner un truc derrière Seven. « J'crois qu't'as une touche avec la MILF, elle te mate depuis tout à l'heure. » La remarque est accueillie par des rires et des vannes, alors que Sev affiche un grand sourire en s'marrant autant qu'eux, l'humeur soudainement plus légère. Mais c'est de courte durée. Parce qu'il se tourne, pour voir la fameuse MILF, la fameuse donzelle avec qui il aurait une touche. Donzelle qu'il reconnaît parmi les badauds et qui efface toute trace d'amusement sur son visage. Iulia. Elle est là, un chien à ses côtés, plantée à l'regarder. Y a son cœur qui s'arrête et sa gorge qui se noue, ses poings qui se crispent et ses dents qui grincent. Il sait bien qu'elle est sortie de taule, mais ça lui fait trop bizarre de la voir là, dans la rue, à quelques mètres seulement. Lui qui fait tout pour l'éviter depuis qu'elle est revenue à la vie normale, la v'là qui vient carrément le chercher. C'est à s'demander comment elle a fait pour savoir où il traînait mais ça lui effleure même pas l'esprit, la seule chose qui tourne en boucle dans sa tête c'est son désir de fuir. Mais il peut pas. Il peut pas s'tirer en courant alors qu'on l'regarde, alors que tous ces cons sont encore en train d'lui dire qu'il devrait y aller et l'emmener dans un coin discret. Il fait volte-face d'un coup, chopant le premier qu'il voit au col pour le plaquer au mur avec toute la force dont il est capable. « FERME TA GUEULE. » C'est valable pour tous et visiblement, ça marche. Y a un silence de mort qui s'installe pendant une seconde, sûrement l'effet d'la surprise. Il s'est énervé sans prévenir et personne a pigé pourquoi. Ils savent pas qu'c'est sa sœur, et il a aucune envie d'leur dire. « Wow, c'est quoi ton problème ? » Il saurait même pas quoi répondre, la liste est trop longue.

Abandonnant finalement cette belle brochette d'abrutis sans rien leur expliquer, il s'avance jusqu'à Iulia d'un pas décidé. La colère palpable de sa démarche jusqu'à la manière dont il la regarde. Une fois qu'il est arrivé à sa hauteur, il s'arrête, la dévisageant une seconde. C'est trop étrange de la voir là, fringuée avec autre chose que l'horrible tenue des détenues, libre de ses faits et gestes. Libre d'être là. Dans sa vie. Trop près de lui. Il veut pas la voir. Il veut plus voir aucun des Popescu, putain. Et tant pis si Iulia mérite pas son silence radio, tant pis si elle a sûrement pas compris. Il a tiré un trait sur chacun d'entre eux parce que c'est plus facile comme ça. Plus facile de faire comme s'il les connaissait pas. Plus facile de prétendre les avoir tous oubliés et remplacés. « Qu'est-c'tu fous là ? » Bonjour, salut, c'est cool de t'revoir, comment ça va la vie depuis qu't'es sortie ? Il aurait pu être poli. Dire tout ça. Mais non. Tout c'qui sort, c'est son agressivité dégueulasse. Son regard est noir quand il le plonge dans le sien, une teinte de méfiance dans le plissement de ses yeux et l'amertume du mépris dans l'angle de ses lèvres. « Comment t'as fait pour m'trouver ? » Si elle s'était pointée chez lui, il aurait compris. Son adresse est pas dure à trouver, elle aurait eu qu'à demander aux autres membres de la famille et y en aurait toujours eu un pour l'informer. Mais non. Elle vient à son spot, sur son lieu de travail – si on peut appeler ça comme ça. Au point d'rendez-vous des drogués, là où il s'adonne à l'illégalité. Ça l'fait chier qu'elle soit là. Qu'elle voit sa tronche de zombie, qu'elle le voit à l'œuvre. Bien sûr qu'elle sait qu'il est pas un enfant de chœur, mais y a une différence entre savoir et constater en live. « Tu m'suis ? » C'est con, comme question. Elle a même pas besoin de le suivre pour l'trouver, en vrai. Tous les drogués savent où trouver Seven. Il fait partie des dealers les plus populaires d'la ville, difficile de passer à côté. « Tu veux quoi, Iulia ? » Pourquoi elle est venue là ? Pourquoi elle a pas pu faire comme tout l'monde et se contenter de téléphoner ? Il aurait pas répondu, certes, mais il aurait préféré. Là, ça lui plaît pas. Il sent le regard des autres peser sur eux, puis n'importe quel client peut se pointer à tout moment – y en a un paquet qui seraient suffisamment cons pour venir l'interrompre en demandant d'la came. Il veut pas qu'elle soit là. Il veut s'tirer. Il veut qu'elle se tire. Il veut qu'elle soit loin, aussi loin que possible. Il veut qu'on lui foute la paix ; y a assez de trucs qui merdent dans sa vie comme ça. Pas besoin de venir en rajouter.
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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptySam 23 Juil - 19:48

«When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»
Iulia & Ursul
“People use drugs, legal and illegal, because their lives are intolerably painful or dull. They hate their work and find no rest in their leisure. They are estranged from their families and their neighbors. It should tell us something that in healthy societies drug use is celebrative, convivial, and occasional, whereas among us it is lonely, shameful, and addictive.
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Dans la foule, les rires, les discussions des gens qui s'entrelacent. Le silence des uns et les pas de tous qui martèlent le bitume. Seven se tient là où on avait confié à Iulia où le trouver, accompagné de sa bande de dealers, de petits délinquants, drogués comme elle a pu croiser pendant ces dix années d'incarcération. Contrairement à la foule qui les ignore ou les évite soigneusement, elle se tient là, elle les fixe, elle le fixe, jusqu'à ce que son cadet se retourne vers elle et il n'a pas vraiment l'air ravi de la voir. Elle ne sourit pas non plus, écarquillant les yeux et dans son cœur, un pincement. Son visage… Abîmé, violacé, portant les stigmates d'une bagarre récente. Elle serre la mâchoire et cette voix dans sa tête qui acquiesce avec elle en susurrant que si la route du type qui lui a fait ça croise la sienne, il risque d'être dépouillé de quelques dents et de beaucoup de dignité. Ou alors elle le donnerait à bouffer à son chien. On ne touche pas aux membres de sa famille, pour elle, la famille, c'est sacré. Sans doute plus que pour Seven. Malgré sa gueule défoncée et ses traits creusés, elle voit toujours en lui ce petit garçon de dix ans à peine, ce petit garçon, son Ursul, qui se tient loin, bien loin des autres Popescu, qui ne veut plus rien avoir à faire avec eux. Qui n'est même pas venu la voir à sa sortie de prison et qu'elle n'avait pas revu avant… Maintenant. A croire qu'il l'évite. C'est sûrement vrai au final. D'après Cezar, il évite sa fratrie et encore plus les parents. Bien que pour ces derniers, elle ne puisse le blâmer…

Elle aurait simplement aimé qu'il ne fasse pas de raccourcis faciles comme ceux-là… C'était peut-être égoïste, elle ne sait rien de ce qui a pu se passer dans le monde '' réel '' pendant qu'elle croupissait dans l'ombre, mais elle aimerait bien retrouver sa famille, ses cadets… comme avant. Les sourires et les discussions légères au parloir cachaient forcément la galère et les problèmes qui les attendaient de l'autre côté des murs épais et des grilles de son purgatoire. Elle ne sait pas ce qui aurait pu provoquer cette scission et on se gardait bien d'en énoncer les détails, on lui avait juste lâché qu'il s'était éloigné petit à petit et qu'il avait fait son choix, son chemin de son côté, qu'il s'était trouvé une toute autre famille, ailleurs. Mais pour elle, c'est hors de question. Hors de question de laisser son Ursul s'éloigner autant. Hors de question qu'il l'évite, elle. Parce que c'est injuste. Quoiqu'il soit arrivé, elle ne devait pas être concernée, puisque confinée entre de foutus murs sales pendant dix ans, n'est-ce pas ? Elle s'en voulait suffisamment d'avoir loupé dix ans de sa vie, de ne pas l'avoir vu grandir, de ne pas avoir pu l'accompagner durant ces années compliquées de l'adolescence et le voilà maintenant adulte…

Elle resserre sa main sur la laisse d'Artémis et sursaute légèrement quand Seven saisit un de ses gars pour le plaquer contre un mur. Les gamins, hilares, ont tôt fait de se calmer. Puis, il se dirige vers elle. Elle hausse les sourcils. Visiblement, il n'est vraiment, mais vraiment pas ravi de la voir. Mais malgré son regard noir et son pas vif, elle lève la tête. Après tout, elle préférerait qu'il l'engueule, qu'il l'incendie plutôt qu'il l'ignore. Mais, il se contente de l'observer, son regard la parcourt de haut en bas, il la dévisage. Depuis combien de temps ne se sont-ils pas tenus l'un face à l'autre ? Trop longtemps.

« Qu'est-c'tu fous là ? »

Incisif. Mais elle sourit, elle s'adoucit. Ou plutôt, elle résiste, elle ne joue pas son jeu d’agressivité, parce qu'elle n'est pas venue là pour l'attaquer. Juste pour le revoir. Raccrocher les wagons. Et voir son visage aussi abîmé, ça lui brise le cœur et ça lui fait remonter des mauvais souvenirs. Des images. Comme son propre visage dans le miroir, après avoir violemment embrassé le lavabo à plusieurs reprises. Images qu'elle se force à chasser bien vite de son esprit.

« - Je voulais te voir, Ursul. »

Mais il est méfiant, sur la défensive, il essaye de lire dans son regard. Peut-être même aimerait-il se dérober à elle et qu'elle disparaisse de sa vue. « Comment t'as fait pour m'trouver ? »  Comme si c'était compliqué. Elle a beau sortir de prison, elle n'est pas idiote non plus et elle connaît du monde, un peu, suffisamment. Des gens pas fréquentables, des gamins et d'autres un peu moins, qui se sont retrouvés derrière les barreaux comme elle, pour avoir voulu arrondir des fins de mois avec de l'herbe ou de la poudre. Elle lui aurait suffit de demander untel ou unetelle, échanger quelques infos contre un service et elle l'aurait trouvé. Mais elle n'avait pas eu besoin, même 'Lina savait où trouver son oncle, elle espère simplement que sa fille ne vient pas lui acheter de quoi fumer, que c'est vraiment pour la grande sœur d'une de ses amies. « - Même ta nièce sait où tu ''travailles'', c'est pas bien compliqué de te trouver. » Encore une fois, elle lui sourit, espérant que ça aide à l'apaiser un peu. C'était maladroit de venir le voir sans prévenir, mais n'aurait-il pas esquivé toute autre tentative d'approche si elle avait appelé ou envoyé un texto ? Elle s'en fiche d'avoir du venir le voir ici, de le voir à l’œuvre, elle mesure la dangerosité et surtout l'illégalité de la chose, mais ce n'est franchement pas le pire endroit où elle a pu se trouver. « Tu m'suis ? » Elle acquiesce et lui emboîte le pas, le pitbull trottinant derrière eux, sage comme image.
 «Tu veux quoi, Iulia ? » « T'as pas une idée, Seven ?, elle marque une pause et reprend, tu sais depuis combien de temps je suis sortie de prison ?  J'pensais que tu serais au moins passé me voir. Mais non. Rien. Silence radio.  Elle soupire et tend la main pour lui toucher l'épaule, Tu me manques, Ursul. J'ai passé trop de temps loin de toi, des autres. Mais même si on vit dans la même ville, t'as quand même l'air à dix mille lieues d'ici.  »

Elle soupire encore et baisse les yeux. Elle a envie de le serrer dans ses bras, son Ursul. Comme il y a dix ans. Mais elle ne le fera pas. C'est un adulte, maintenant. Ce n'est plus ce gamin de deux ans qui courait dehors, complètement défroqué et qui riait aux éclats. Ce n'est plus cet enfant de dix ans aux grands yeux qui voulait cogner son beau-frère quand il voyait les bleus qui s'étalaient sur la peau de sa grande sœur. Et ses gars le surveillent, tels une meute de loups attendant leur alpha. Mais loin d'être silencieux, ils ricanent ou plutôt croassent en observant les deux Popescu, pariant sûrement sur le fait que Seven reviendra avec un numéro et un rendez-vous. S'ils savaient…  En soi, elle espère aussi avoir un ''rendez-vous'', le revoir, être sûre de pouvoir le revoir et que la porte de son appartement ne reste pas fermée et que son téléphone ne soit pas muet. « Tu sais, Ursul. Si t'as envie de ne plus avoir à faire avec cette famille, s'il te plaît ne me met pas dans le même sac qu'eux. Tu sais à quel point je porte le géniteur dans mon cœur. Si je pouvais foutre de la ciguë dans sa bière, je le ferai Mais me tient pas éloignée parce que mon nom est aussi Popescu.. »

Artémis grogne un peu et vient se coller aux jambes de sa maîtresse, fixant le brun de ses grands yeux humides, comme si elle essayait de faire passer ce message : «  Fais gaffe à c'que tu vas répondre toi. ». Elle se dresse, tendue, ses grandes oreilles levées, attentive.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptySam 30 Juil - 20:06

« Je voulais te voir, Ursul. » Elle dit ça comme si c'était une évidence, comme si ça coulait de source et qu'il serait bête de n'pas comprendre. Pourtant, c'est le cas. Il comprend pas. Ça le dépasse complètement, cet acharnement qu'ont certains des Popescu à vouloir lui courir après – comme le fait Anca en lui rendant visite les mains chargées sans jamais être remerciée, comme Iulia semble déterminée à l'faire désormais. À vouloir être là, tout près, quelque part dans sa vie comme si c'était pas possible de se séparer. Comme s'ils y étaient obligés. Seven, il est complètement dépassé. Il arrive pas à saisir leurs motivations, et même s'il sait que dans sa famille on est tenace de génération en génération, il s'demande encore pourquoi ils ont pas tous laissé tomber. Ce serait tellement plus simple, de lâcher l'affaire. De le laisser faire sa vie dans son coin, sans continuellement avoir à venir le chercher. Pourquoi ils persistent ? Pourquoi ils s'épuisent à la tâche ? Ça n'en vaut même pas la peine. Il leur apportera rien d'plus. Il a jamais été un membre exemplaire d'la fratrie, se comportant comme une pièce rapportée, comme un truc qui est là sans trop savoir pourquoi. À fuir, gueuler, cogner, tout envoyer chier. À s'rebeller contre le monde entier mais surtout contre ceux qui partagent son ADN dans tout c'merdier. Se battre avec ses frères à défaut d'avoir les couilles de le faire avec son père, gueuler sur ses sœurs à défaut d'avoir le cœur de le faire sur sa mère. Pour lui, c'est réglé. L'histoire est pliée, c'est terminé. Il leur servira à rien, il sera jamais quelque chose de bien dans leur vie – et il est convaincu que ça va dans les deux sens. Qu'ils sont tous trop massacrés pour avoir quoi que ce soit de bon en stock. Pourtant, c'est con comme réflexion ; ceux qu'il considère désormais comme sa meute sont pas beaucoup mieux, tous déglingués. Mais c'est plus facile à gérer. Parce qu'ils sont liés par une guerre à deux balles, parce que c'est l'alliance face à un ennemi – qui n'était pourtant pas le sien à la base. Parce qu'il a des excuses pour rester dans ce gros bordel, parce qu'il s'dit que ça lui apporte encore plus de fric facile, parce que ça lui donne plein d'occasions de s'bagarrer, parce qu'il a rien d'mieux à faire et parce qu'ils sont tous aussi cinglés que lui. Mais jamais ô grand jamais il accepterait de dire qu'il est attaché à chacun d'entre eux – même les pires, même les plus pathétiques, même les plus détestables. Non. Plutôt passer sous un foutu camion. Non, il les aime pas, c'est bien pour ça qu'c'est plus facile de se contenter de ça. Parce qu'il a des raisons pratiques pour rester. Pas comme avec sa famille. Ils ont rien d'plus que le sang et ça fait des années qu'il se répète que c'est rien, que ça représente que dalle, qu'il peut cracher dessus sans ressentir quoi qu'ce soit d'autre qu'une intense satisfaction. Et tant pis si ses tripes se tordent quand il y pense parfois, tant pis s'il sent son cœur se serrer dès qu'il aperçoit l'un des siens, tant pis si ça lui donne envie d'crever. Tout c'qu'il trouve à dire, c'est : « M'appelle pas comme ça, p'tain. Seven. C'est Seven, pigé ? » Entendre ursul résonner dans la bouche de sa grande sœur, ça fait remonter trop d'trucs et il supporte pas. Il a les poings qui se serrent, les mâchoires crispées. Et d'un regard, il lui fait comprendre qu'il veut plus jamais entendre ça. Ni Lucian Jr. Ni Ursul. Ni rien du tout. Seven, l'enfant numéro sept qui croit s'être échappé. Seven, un point c'est tout.

Incapable de contrôler son agressivité, il lui aboie dessus sans qu'elle ne se braque. Elle est là, à lui sourire comme s'il l'attendrissait, comme si elle voulait lui faire croire que ça va aller. Mais y a rien qui va et il est tellement en colère de la voir là, comme ça. Tellement en colère d'avoir honte face à son aînée – honte d'être un fuyard, honte d'être un pauvre con. Honte de se savoir observé par toute une brochette de voyous en carton. « Même ta nièce sait où tu ''travailles'', c'est pas bien compliqué de te trouver. » Ah, Madalina. Alors c'est elle, qui a vendu la géographie exacte de ses spots favoris ? Il sait pas. Il veut pas poser la question. Mais ça l'emmerde d'y penser ; déjà que c'est pas l'harmonie parfaite avec cette sale gosse, si en plus elle se croit tout permis, va falloir qu'il aille lui remonter les bretelles. Quelle sale chieuse, c'est pas une Popescu pour rien. Alors il se renfrogne, comme un gamin vexé, comme un p'tit garçon à qui on aurait piqué son goûter. « Ouais bah si elle pouvait apprendre à la fermer, ça m'arrangerait. » Il sait bien que c'est pas près d'arriver. En même temps, elle a de qui tirer, la p'tite. Sa mère, c'est une lionne. Et pourtant elle montre patte blanche, d'une douceur qui contraste tellement avec toute la fureur contenue de Seven, toute cette tension qui charge l'air et qui pue comme la poudre. Comme une caisse de dynamite dont la mèche aurait été allumée par inadvertance. Tendu de la tête aux pieds, il finit par lui demander la raison d'sa venue, entre ses dents serrées. « T'as pas une idée, Seven ? » Elle a retenu la leçon pour le Seven, mais il est même pas satisfait. Il a envie d'lui gueuler que non, il sait pas, et qu'il a pas envie de savoir. Il voudrait lui hurler de dégager, lui cracher qu'il s'en fout et qu'il aucune envie d'la voir, qu'elle devrait lui lâcher la grappe sinon ça va mal se terminer. Il a l'impression qu'il va exploser. Mais y a rien qui sort.  « Tu sais depuis combien de temps je suis sortie de prison ?  J'pensais que tu serais au moins passé me voir. Mais non. Rien. Silence radio. » Alors quoi ? C'était pas assez clair, de plus venir au parloir ? Elle avait pas compris l'message ? Il lui fallait quoi de plus, pour piger qu'il se soustrayait à sa vie, et à celle des autres ? Il arrive même pas à croire qu'elle avait encore de l'espoir. P't'être bien qu'elle le surestime. Qu'elle l'imagine plus respectable qu'il ne l'est vraiment. P't'être bien qu'elle l'idéalise, figée sur l'image du pauvre gosse de dix ans, dont l'innocence a été encrassée trop vite. Elle a sûrement pas compris qu'il a maintenant le double d'années et d'obscurité, trop de mochetés à son actif pour les citer. Elle ferait quoi, si elle savait ? Lui, il parie qu'elle laisserait tomber, sans s'retourner. Il préfère y croire dur comme fer : ça lui donne une excuse pour la repousser avant que ce n'soit elle, qui le fasse. La mauvaise foi incarnée. Et quand il sent sa main se poser sur son épaule, il se fige complètement. On dirait presque qu'il a mal, et c'est pas totalement faux. Mais il préférerait tellement que la douleur soit juste physique. Ça, il y est habitué. Ça, il sait gérer. « Tu me manques, Ursul. » Il fronce les sourcils, marmonne d'une voix étouffée, pour rectifier. « C'est Seven, putain d'merde. » Mais Iulia, elle s'en fout. Elle continue. « J'ai passé trop de temps loin de toi, des autres. Mais même si on vit dans la même ville, t'as quand même l'air à dix mille lieues d'ici.  » Le pire, c'est qu'elle mesure probablement pas à quel point elle est dans le vrai. À quel point il est loin, alors même qu'il est coincé ici. Comme prisonnier, sans que personne ne l'retienne pourtant. Juste piégé par lui-même.

« Tu sais, Ursul. Si t'as envie de ne plus avoir à faire avec cette famille, s'il te plaît ne me met pas dans le même sac qu'eux. Tu sais à quel point je porte le géniteur dans mon cœur. Si je pouvais foutre de la ciguë dans sa bière, je le ferais. Mais me tiens pas éloignée parce que mon nom est aussi Popescu.. » C'est trop. Il tient plus. Y a un truc qui vrille à l'intérieur, et il se dégage soudainement de la main de Iulia, lui donnant un violent coup dans le bras pour la forcer à stopper tout contact physique. Il réalise à peine ce qu'il fait, la rage qu'il met dans son geste et tout ce que ça peut entraîner chez sa sœur. « C'EST SEVEN BORDEL, FAUT QUE J'TE LE DISE EN QUELLE LANGUE ? T'ES DÉBILE OU QUOI ? ILS T'ONT GRILLÉ LES NEURONES EN TAULE ? » Y a des gens qui s'retournent en l'entendant gueuler comme un con, mais il s'en fout. Il essaie d'emmagasiner et d'la fermer, en s'disant qu'il s'en fout, que ça l'atteint pas, qu'il est blindé et qu'il en a rien à battre de ce qu'elle lui raconte. La preuve que non, puisqu'il a perdu son self control en un claquement de doigts. C'est son seul moyen d'expression, la seule chose qu'il puisse faire pour tout évacuer. Quand y a trop d'émotions en même temps, il passe automatiquement sur la rage et ça devient trop noir, trop moche, trop dégueulasse. « J'm'en fous, putain ! Tu me saoules avec tes histoires, t'as qu'à t'la garder ta ciguë, t'es pas mieux qu'les autres ! Si j'venais plus au parloir, c'est que j'voulais plus te voir, ok ? » Il sait pas c'qui est pire. La violence physique qu'il a eu envers elle y a même pas trente secondes, ou celle qui tremble dans chacun de ses mots. C'est comme s'il lui crachait de l'acide à la gueule, et il est même plus capable de s'arrêter. « Qu'est-c'qui t'fait croire que c'est différent maintenant ? T'es sortie, ouais, c'est cool. J'm'en bats les couilles. » Il ment, putain. Il ment comme un arracheur de dents, mais il essaie tellement de se convaincre que ça sonne vrai dans sa bouche. « Fais ta vie Iulia, j'ai pas besoin d'toi. Va t'occuper d'ta fille et lâche-moi. » Elle a qu'à s'trouver un riche à épouser, pour s'acheter des manteaux de fourrure et des bijoux scandaleux, s'acheter une baraque gigantesque entourée de rosiers et traîner en pantoufles sur la terrasse en sirotant de la limonade bio, avec des jumelles pour observer les mainates et tous les trucs qui traînent dans les arbres. Merde à la fin. Qu'elle oublie c'te famille merdique, qu'elle oublie Seven, qu'elle reparte à zéro et qu'elle fasse tout pour rattraper ses années gâchées. Avant qu'ce soit trop tard.
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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptyDim 31 Juil - 5:08

«When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»
Iulia & Ursul
“People use drugs, legal and illegal, because their lives are intolerably painful or dull. They hate their work and find no rest in their leisure. They are estranged from their families and their neighbors. It should tell us something that in healthy societies drug use is celebrative, convivial, and occasional, whereas among us it is lonely, shameful, and addictive.
We need drugs, apparently, because we have lost each other.” 



Seven, c'est celui qui se prend pour un paria. C'est l'atome qui n'accrochait à aucun autre ion de la famille. C'est celui qui s'est envolé et qui s'est enfui au loin. Pas si loin. Toujours dans la même ville, mais insaisissable. Comme le vent. Il avait échappé au contrôle de la famille et personne, pas même ses aînés et encore moins ses cadets n'avaient réussi à l'empêcher de fuir. Mais qu'est-ce qu'il fuyait ? La famille ? Le sang Popescu ? Parce qu'Ursul, la façon dont ton corps se tend et dont ta mâchoire se crispe et ton regard, tes yeux… Aussi enragé sois-tu, ton sang se rappelle à toi et tu ressembles plus au Lucian senior que tu ne le voudrais. Mais peut-être est-ce que tu fuis au final ? Tu fuis le fait de le retrouver dans tes gestes, tes montées de colère. Oh, Ursul, tu auras beau pousser ta chair et ton sang loin de toi, tout en toi aura tôt fait de te rappeler que tu es un Popescu, comme si c'était inscrit au fer rouge sur ton front.
Ursul. Lui qui adorait que Iulia l'appelle comme ça quand il était petit, le voilà qui frémit de rage en l'entendant. Il mord, sort les crocs et gronde. Comme si ce tout petit mot roumain, ce surnom depuis toujours, l'avait piqué, attaqué. Il se débat. Comme un animal prit au piège, acculé, qui n'a plus de porte de sortie et qui ne peut plus se résoudre qu'à attaquer pour ouvrir une faille. Mais Iulia ne faiblit pas, on la lui fait pas à elle. Surtout pas à elle. Ce roc qui a survécu à bien pire. Et Seven n'est pas ''pire'', il est dur, il est versatile, il est imprévisible, mais pas dangereux, pas dangereux pour elle. Elle le sait. Ou plutôt, elle s'en convainc. Alors, elle se tient droite face à lui, pas perturbée par ses excès. Après tout, il doit certainement chercher à la sortir de ses gonds, pour se donner raison. Pour que le conflit lui donne un prétexte suffisant pour assurer sa retraite, pour qu'il puisse remettre ça sur le tapis et dire que c'est de sa faute à elle, pas de son comportement à lui. «  - Ouais bah si elle pouvait apprendre à la fermer, ça m'arrangerait. » Elle hausse un sourcil et soupire. Sa fille et son frère ne s'entende pour ainsi dire pas du tout. L'un, pour les raisons qui le regardent, fait sa vie, flirtant avec l'illégalité, s'acoquinant avec les raclures de fonds de tiroirs de cette ville, s'adonnant à des activités plus ou moins saines, rien que l'état de son visage en témoigne. L'autre ? La plus jeune de tous ceux qui portent ce patronyme, mais loin d'être la plus déglinguée, celle qui a la tête sur les épaules et qui est fatiguée de voir ce nom traîné dans la boue. Elle a un bagage énorme sur les épaules, toutes les affres de ses oncles et ses tantes, leur historique peu glorieux. Mais elle avance, elle lève la tête et elle existe, faisant son bonhomme de chemin avec un boulet gigantesque accroché à la cheville. Pourtant, elle réussit là où d'autres ont échoué, où d'autres ont abandonné leur sort à la tristesse, à la lâcheté. Mais elle est pleine de rage et elle en veut. Elle en veut à Seven de tirer le nom qu'elle tente de laver vers le bas. Elle lui en veut parce qu'elle le voit à la sortie du lycée, glissant des sachets dans les mains de ses camarades, échanger une quelconque substance illicite contre des billets verts. Elle lui en veut parce qu'on la bouscule dans les couloirs ou que Mihail revient la gueule en sang parce qu'on l'a encore confondu avec son frère. Parfaitement compréhensible.
Mais le frangin, le cadet, cette bombe à retardement. Non content d'être déjà relativement agressif et plus que sec dans sa façon de se tenir et de s'exprimer, finit par lui demander ce qu'elle peut bien foutre là. Mais la réponse qu'elle lui donne ne semble pas le satisfaire. Loin de là. Sa mâchoire qui se serre, cette veine qui gonfle, ses poings qui tournent blancs à force de se resserrer sur eux-mêmes. Il va exploser. Alors, elle est prend son rôle de tampon à cœur, espérant pouvoir aspirer un peu de cette rage et le soulager de ce  poids. Sa main qui vient le toucher, briser la barrière physique qui s'était transformée en mur épais ces dix dernières années. Elle l'a senti. Son corps tout entier, tout tendu qui se fige dans ses tremblements. Oh, Seven. Que se passe-t-il dans ta tête ? Que t'est-il arrivé pour qu'un geste simple d'affection te brûle autant ? Iulia, elle use de toute la douceur qu'elle a en elle, dans le ton de sa voix, le rythme de ses paroles et dans ses mots pour tenter de calmer cette furie qui gronde toujours. Encore une fois, il la corrige quand elle l'appelle Ursul, comme s'il n'avait entendu que ça. Comme si son ouïe glissait sur les expressions d'affection, sur ces mots qui ne sont qu'une autre façon de lui dire « Je t'aime ». Mais elle rebondit, elle continue, elle lui dira ce qu'elle a à lui dire, libre à lui d'accepter ou non. Même si elle préférerait que ça se règle doucement. Mais douceur n'est pas Seven, pas tant qu'il bouillonne autant. Il se dégage de l'emprise pourtant légère de son aînée et la frappe. Outre la puissance du geste, la douleur à l'impact qui se répand dans tout son bras et le mouvement de recul qu'elle a pu avoir, c'est la nature du geste en lui-même qui lui fait perdre son sourire, qui la blesse plus profondément que le bleu qui fleurira sûrement sur son épiderme. Et la voix d'Ursul qui éclate comme une détonation, un obus qui s'écrase à ses pieds. Il a explosé. Toute cette rage, cette fureur. Comme une allumette craquée dans un bâtiment rempli de gaz. Boum. Artémis, vibre, elle aussi, bien trop contaminée par cette tension ambiante et elle se jette sur ses quatre pattes, aboyant rageusement contre Seven. Mais il ne s'arrête pas, il sort des mots qui font mal. « Si j'venais plus au parloir, c'est que j'voulais plus te voir, ok ? » Pan. Comme un glaire craché dans sa sale gueule de roumaine. « Qu'est-c'qui t'fait croire que c'est différent maintenant ? T'es sortie, ouais, c'est cool. J'm'en bats les couilles. » Mange ça. Dans son cœur, ça se sert. D'un mouvement de poignet, elle tire sur la laisse et rappelle son chien à l'ordre, réduisant partiellement le débit de ce foutu tintamarre blessant. De cette avalanches de gestes et mots assassins. « Fais ta vie Iulia, j'ai pas besoin d'toi. Va t'occuper d'ta fille et lâche-moi. » A son tour de serrer les mâchoires. Elle ferme les paupières doucement et inspire profondément. Artémis s'agite encore et d'un claquement de langue, elle lui impose de s'asseoir et de la fermer. Puis, elle relève la tête, dure. Les excès de mégalomanie de son frère l'agacent. Qui est-il pour se croire au-dessus de tout cela ? Oh, bien sûr, elle ne sait pas ce qu'il se passe dans sa tête, mais ses réactions ne sont pas celles de quelqu'un en paix avec ce qu'il ressent. Elle ne sait pourtant pas si elle a touché juste. Simplement, certains de ses mots l'ont touché suffisamment pour remuer quelque chose de déplaisant. A se croire au-dessus de tout ce qu'il ressent, il ne va que tomber de plus haut.
Mais il faut l'arrêter avant que les choses ne tournent pire que ce qu'elles peuvent être en ce moment présent. Comme si c'était possible ??? Elle grimace, puis, d'un bref mais ferme mouvement de poignet, elle le gifle. Qu'importe qu'il y ait du public, yeux braqués sur la scène, comme des piafs fascinés, des mots même glissent dans la foule, des mots que les badauds répètent tels des mainates apprivoisés. Stupide attroupement.

« - C'est bon, t'as fini ? T'as tout lâché ou t'en as encore en réserve ? » Son geste qui pouvait sans doute paraître contradictoire avec l'attitude qu'elle a pu avoir depuis le début de cette entrevue – parce que l'on ne peut pas vraiment appeler ça une conversation – mais qui n'était qu'une tentative pour le ramener sur Terre, qu'il atterrisse. Qu'il se rende compte. « Tu te mens à toi-même, Seven. Pourquoi ? C'est plus facile pour toi de n'avoir personne qui tienne à toi ? Que t'essaies à ce point-là de te convaincre qu'on serait mieux sans toi ? En me disant quoi ? Que t'as pas besoin de moi ? Mais, Ursul, tu as besoin de moi, tu as besoin d'Anca, de Mihail, de Ioan, de Tereza, de tous les autres. Arrête de te fourrer le doigt dans l’œil jusqu'au coude. T'as pas compris que si on s'accroche autant à toi, c'est parce qu'on t'aime ?! Merde à la fin, Seven. Secoue-toi un peu. Bien sûr que t'as besoin de nous. T'as vu dans quel état tu es ? Et je ne parle pas uniquement des hématomes sur ton visage.Elle croise les bras et le fixe encore durement. Et si tu t'imagines que personne ne sait ce que tu fais. Que je ne sais pas ce que tu fais, tu te trompes. La ville entière est au courant que tu ne trafiques pas des devoirs de géographie ou des cultures de zooplanctons. Et tu sais quoi ? On s'en fout. On s'en contrefiche de ça. C'est pas important. Par contre, ce qui est important, c'est toi. Qu'importe qui tu es, tu es toi. Et c'est de toi dont on a besoin. Dont j'ai besoin. »

Puis merde à la fin. Si avec ça, il comprend pas… Elle se tend, elle aussi, elle gronde. Son corps réagit façon Popescu, dans la colère, parce qu'il n'y a que par là qu'ils arrivent à évacuer, à s'exprimer. A croire qu'ils sont condamnés à communiquer par la violence, sans moyen d'évacuer la pression. Puis, c'est pas franchement le genre de la maison d'aller relâcher le tout dans un putain de cours de yoga, avec des connasses en justaucorps.


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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptyMer 3 Aoû - 21:47

Le contraste est tellement fort que Seven s'demande s'ils ont vraiment le même sang. Si c'est elle qui a été changée par la prison, qui en est ressortie grandie, plus forte, devenue cette femme qui lui fait face comme un roc. Ou si c'est lui qui s'est métamorphosé pendant tout c'temps sans même s'en rendre compte, jusqu'à finir comme ça, ce sale type qui crache et qui crache jusqu'à en faire une soupe de glaires dégueulasse balancée à la gueule des gens comme une rafale de balles. Pourtant, il la reconnaît, sa sœur. L'aînée des filles Popescu, elle a beau avoir changé, elle reste celle qu'il a toujours connu, celle à qui il a rendu visite au parloir pendant des années. La flamme qui danse dans ses yeux, discrète mais bien là, reflet de sa fierté, cette fermeté qui la caractérise quand elle s'transforme en main de fer dans un gant de velours. La douceur qu'elle essaie de mettre dans chacun de ses mots, chacun de ses gestes ; alors même que Seven ne la mérite pas le moins du monde. Elle prend des airs de démineur qui tente de désamorcer une bombe, de funambule qui tangue sur une ligne bien trop fine et trop fragile, perchée au-dessus d'un trou bouillonnant d'lave. Mais même toutes les précautions du monde ne suffisent pas. Même elle, elle peut pas stopper le brasier qui prend le contrôle de Sev, ce truc innommable qui lui atrophie le cœur et l'empêche de respirer, chaque fois qu'il s'met en colère, chaque fois qu'il sent le chagrin et la douleur tenter de prendre le contrôle. Et c'est là qu'il se demande si elle, elle le reconnaît. Si elle l'appelle Ursul parce qu'elle le voit toujours comme ce p'tit frère un peu en décalé du monde entier, ou si c'est juste pour chercher celui qu'elle a connu, comme un appel aux résidus du gamin blessé qui s'est éparpillé quelque part dans la noirceur de Seven. Comme si elle se prenait pour la lumière du phare qui lui montre la voie à prendre pour revenir au rivage, alors même qu'il préfère rester paumé au milieu d'un océan déchaîné. Et plus ça va, plus le sel lui brûle la gorge et les plaies, plus ça fout le feu à sa cage thoracique et le creux d'ses veines, plus ça le rend amer. Il s'met à tanguer, trembler au fil des mots qu'elle pose comme des pansements sans voir que ça suffit pas à reboucher les trous qui l'ont transformé en passoire. Tout lui passe au travers – l'amour qu'elle glisse à travers son discours, la tendresse de sa main qui se pose sur son épaule. Ça l'touche, ça rentre et puis ça sort, ça le traverse de part en part comme des poignards et il saigne, saigne, saigne. Jusqu'à se sentir cadavre, fantôme, rien d'plus qu'une enveloppe bonne à exploser. Imploser. L'entraîner avec lui dans sa chute. Et ça finit par arriver alors qu'il la repousse violemment, de ce geste incontrôlé, déplacé. Sa main qui cogne son bras comme un boulet d'canon, la forçant à reculer – et il saurait pas dire si c'est à cause de la force de l'impact, ou si c'est juste le choc que ça cause à Iulia, qu'il ait osé faire ça. Il a même pas l'temps de s'interroger, déjà occupé à s'remettre à lui cracher son venin, avec plus de hargne que jamais. Tellement qu'on dirait qu'il va plus s'arrêter, qu'il en a tellement en stock que ça pourrait durer toute une éternité. Ça l'fait un peu flipper, parce qu'il sait que c'est la vérité.

Clac. La gifle résonne dans l'air alors qu'il l'a pas vue venir, sa tête se retrouvant brusquement tournée sur le côté. Il contemple le bitume, la surprise bien palpable dans l'fond de ses yeux. Pourtant, il a l'habitude, de s'faire frapper. Les coups, c'est son lot quotidien depuis des années et c'est pas près de s'arrêter, c'est tout c'qu'il connaît, tout c'qu'il sait faire, tout c'qu'il sait gérer. Mais y a une différence entre un coup de poing et une gifle ; à choisir, il optera toujours pour le premier, même lorsqu'il est celui qui reçoit. Même les claques, il y est plus ou moins habitué, parce qu'il est pas tendre avec les donzelles et qu'elles sont nombreuses à le punir comme ça. D'habitude, ça l'fait marrer. Ou au pire des cas, ça l'fout en colère et il s'assure de foutre la trouille à l'insolente qui a osé lever la main sur lui, sans tenir compte des conséquences que ça pourrait engendrer. Mais là... Là, c'est encore autre chose. Là, c'est pas juste une nana bafouée par son comportement de goujat, une fille qui se laisse pas marcher sur les pieds par les p'tits cons dans son genre. C'est pas n'importe qui. C'est Iulia. C'est sa sœur. C'est une Popescu. C'est comme s'faire engueuler par sa mère devant tous ses copains quand on est le roi d'la récré, c'est comme se prendre le pire des savons sans oser riposter. Ça cuit. Dans sa joue, à cause de cette main qui a tapé fermement, sans la moindre hésitation. Dans son cœur, à cause de tout c'que ça fait remonter à la surface, des trucs enfouis depuis l'enfance. Dans ses veines, à cause de l'humiliation qui vibre dans sa carcasse, grondant comme un orage qui se lève. Il pose les yeux sur ses acolytes de tout à l'heure, qui se délectent de la scène en se donnant des coups de coudes, en s'marrant devant le regard noir que Seven leur lance. Ils se taisent pas, ils arrêtent pas. Ils respectent rien puisque leur cible vient d'être dépouillée de toute crédibilité, à s'faire gifler en pleine rue comme un p'tit garçon qui a fauté. Et ça l'fout encore plus en rogne, alors qu'il se met à respirer de plus en plus fort, comme un taureau prêt à charger. Lentement, son visage se tourne à nouveau vers Iulia, qui semble imperturbable quand elle reprend la parole. « C'est bon, t'as fini ? T'as tout lâché ou t'en as encore en réserve ? » Si elle savait, putain. Si elle savait tout c'qui reste, tout ce dont il arrive pas à se débarrasser. C'est pas faute d'essayer, en enchaînant les travers, en détruisant tout c'qui se trouve sur son passage – y compris lui-même. « Tu te mens à toi-même, Seven. Pourquoi ? C'est plus facile pour toi de n'avoir personne qui tienne à toi ? Que t'essaies à ce point-là de te convaincre qu'on serait mieux sans toi ? En me disant quoi ? Que t'as pas besoin de moi ? Mais, Ursul, tu as besoin de moi, tu as besoin d'Anca, de Mihail, de Ioan, de Tereza, de tous les autres. Arrête de te fourrer le doigt dans l’œil jusqu'au coude. T'as pas compris que si on s'accroche autant à toi, c'est parce qu'on t'aime ?! » Sûrement que ça devrait lui faire du bien, d'entendre ça. Qu'on lui dise qu'on tient à lui, qu'on l'aime, qu'il a une importance à leurs yeux. Mais il en veut pas, d'tout ça. Cet amour est malade, noir, dégueulasse, l'amour Popescu il crache dessus. Il veut pas le recevoir, il veut pas le donner. Il sait comment ça s'finit : dans les larmes et dans le sang. Elle devrait le savoir, elle. « Merde à la fin, Seven. Secoue-toi un peu. Bien sûr que t'as besoin de nous. T'as vu dans quel état tu es ? Et je ne parle pas uniquement des hématomes sur ton visage. » Il peut pas retenir un ricanement écœurant, comme si de pauvres bleus faisaient d'lui une brebis égarée. Comme si ça voulait dire qu'il a besoin qu'on l'aide. Qu'est-c'que ça peut bien leur foutre, son état ? Ils en ont tous eu des hématomes, et il est loin d'être le seul à se pointer avec une sale gueule régulièrement parce qu'il s'est bagarré. C'est monnaie courante chez eux, ça étonne plus personne. Et ça devrait être encore plus banal quand c'est lui, parce qu'il est celui qui cogne le plus, celui qui prend le plus de raclées, celui qui a le plus d'ennemis, celui qui est embrigadé dans une guerre de pseudos gangs à la con. « Ta gueule. » Il veut plus rien entendre, il veut pas l'écouter, il veut pas qu'elle continue de faire comme s'il était une demoiselle en détresse. Trop persuadé qu'il gère tout parfaitement, et qu'ses habitudes sont tout à fait normales pour une vermine comme lui.

« Et si tu t'imagines que personne ne sait ce que tu fais. Que je ne sais pas ce que tu fais, tu te trompes. La ville entière est au courant que tu ne trafiques pas des devoirs de géographie ou des cultures de zooplanctons. Et tu sais quoi ? On s'en fout. On s'en contrefiche de ça. C'est pas important. Par contre, ce qui est important, c'est toi. Qu'importe qui tu es, tu es toi. Et c'est de toi dont on a besoin. Dont j'ai besoin. » Il a l'impression qu'elle a définitivement rien compris et il est perdu entre le rire et la fureur ; ça déforme ses traits dans un rictus effrayant, qui laisse rien présager de bon. « Mais je m'en tape, putain. » Mauvais, les babines retroussées, il s'approche d'elle sans se soucier du chien qui grogne en le voyant faire. Il la surplombe de sa taille, menaçant, même s'il voit bien qu'elle pliera jamais face à lui. « Vous pouvez penser c'que vous voulez de moi, t'es vraiment conne si tu crois que ça m'fait quelque chose. » Il bout, de rage, de la honte qui lui chauffe encore la joue, de celle qui lui pince les entrailles quand il parle comme ça à Iulia. Celle qu'il a longtemps considéré comme une deuxième figure maternelle, comme celle qui était sûrement plus digne que leur mère à tous les deux. « J'vais te l'dire moi, faut pas qu't'aies peur des mots. » Elle a même pas osé dire ce qu'il fout exactement, avec ses jolies métaphores et ses mots compliqués. Alors il veut enfoncer le clou, et comme pour se donner un point d'ancrage, comme pour lui donner une raison de plus de l'détester, il lui attrape les poignets. Il serre et il serre, tellement fort qu'elle a forcément mal, tellement que s'il continue trop longtemps elle en gardera la trace. « Ouais, je deale. J'vends d'la came à des minables, à des riches coincés du cul, à des paumés, à des filles désespérées, à des gamins qui sont même pas majeurs. J'frappe les vieux, les p'tits, les filles. J'leur crache dessus, j'pisse sur les cons et j'me marre en achevant des types déjà par terre. Ça t'suffit ou j'continue ? » Et pourquoi il dit tout ça ? Et pourquoi il s'acharne à dépeindre le pire des tableaux, quand il a l'habitude de taire tout ça même s'il s'est jamais emmerdé à le cacher ? C'est comme s'il voulait lui prouver qu'elle l'a perdu, son putain d'Ursul. Lui montrer qu'elle s'bat pour une cause perdue, et qu'elle ferait mieux d'se tirer tant qu'elle le peut. Parce qu'il est pas quelqu'un de bien, qu'il le sera sûrement jamais, et qu'il porte toute la crasse des Popescu dans le myocarde. Il est déjà foutu. « J'ai pas peur d'faire pareil avec toi, Iulia. Touche moi encore une fois. Vas-y. Essaie, pour voir. » C'est une menace mais il est même pas sûr d'être capable d'aller jusqu'au bout. Pourtant il essaie de s'en convaincre pour qu'elle y croit aussi, pour qu'elle ait envie de reculer quand il se penche au-dessus d'elle comme ça, comme un oiseau de proie. Comme un putain de charognard prêt à lui ronger les os.
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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptyJeu 4 Aoû - 14:45

«When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»
Iulia & Ursul
“People use drugs, legal and illegal, because their lives are intolerably painful or dull. They hate their work and find no rest in their leisure. They are estranged from their families and their neighbors. It should tell us something that in healthy societies drug use is celebrative, convivial, and occasional, whereas among us it is lonely, shameful, and addictive.
We need drugs, apparently, because we have lost each other.” 


C'est parti tout seul. Elle le regrette, forcément. Elle regrette d'en être arrivée là, mais cette gifle a au moins eu le mérite de l'interrompre quelques temps. Temps pendant lequel Iulia a pu déverser sa verve et tenter d'atteindre le cœur de Seven planqué sous toute cette colère. Mais sitôt que sa paume a heurté la joue de son petit frère, elle s'est tendue. Elle a eu honte. Honte de se rabaisser à ce geste si Popescu-ien. La violence. Encore. Toujours. Pourquoi ? Elle fronce les sourcils et se maudit, mais elle ne plie pas. Comme toujours, Iulia, elle reste droite, digne, forte. Il est choqué, choqué ou du moins si surpris que lorsque sa tête s'est tournée sous le coup, il n'a plus bougé pendant quelques secondes. Elle, elle tourne les yeux vers ce qu'il regarde. Ses potes. Sa bande de crétins qui se tord de rire. Ils se donnent des coups et se marrent, sans s'arrêter. Doigts tendus, joues qui rougissent sous l'hilarité, alors que celle de Seven rougit sous la rage et la claque. Elle a honte, elle regarde à nouveau son frère et croise ses bras devant elle. Cette fois, elle fronce les sourcils, une expression de culpabilité dans le regard et pendant qu'elle déclame ce qu'elle a à lui dire, sa voix crisse, elle craque sur certains mots parce qu'elle s'emporte, parce qu'elle est blessée mais qu'elle a besoin de dire ces choses. Mais elle est ferme. Elle ne plie pas, même si les remous dans sa voix pourraient trahir ses états d'âme. Elle a juste besoin d'essayer de le rattraper, de tenir sa main pour éviter qu'il ne se fasse happer complètement par sa propre noirceur. Pour elle, c'est pas possible qu'il les déteste autant. C'est pas possible, impossible qu'il tire un trait sur eux. Elle ne veut pas le croire quand il se dit qu'il ne les aime pas. Mais même en tentant de secouer ce qui reste du petit frère en lui, tout ce qu'elle récolte, c'est un ricanement et un « Ta gueule. » craché au visage. Encore dans son cœur, cette pointe qui la picore, creusant un trou parmi les autres que le cadet lui inflige depuis qu'elle a eu la merveilleuse (non) idée de le retrouver. Mais elle ne s'arrête pas. Elle parle. Elle parle. Elle lui dit même qu'elle sait. Qu'elle connaît son trafic parallèle, comme si c'était surprenant et comme si ça allait la choquer ? Traian n'avait jamais été blanc, en prison, elle en avait croisé des tonnes des gamins paumés qui dealent et se cassent la mâchoire dans des bastons parce que c'est comme ça qu'ils se sentent exister : dans la douleur. Et n'est pas Popescu celui qui a son cœur au repos. Ou alors c't'un dixième gamin de la fratrie qui a du avoir la chance de ne pas grandir parmi eux, qui a été adopté et élevé dans un monde aseptisé et entouré de barrières protectrices. Quelqu'un qui n'a pas dû faire son chemin dans le sang et les coups. Ces gamins qu'elle côtoyait dans cet univers parallèle qu'est la prison, lorsqu'ils se retrouvaient coupés du reste du monde, ils étaient perdus. Vraiment. Il n'y avait plus leur garde-fou pour les confiner dans leur bulle. Le manque leur niquait le cerveau et ils se battaient dans les couloirs comme des chiots qui ont perdu leur maman. Se cogner la tête contre les murs, frapper les murs de leurs poings qui se défaisaient de leur peau. Faire sortir de la douleur par tous les pores de la peau, elle a vu tout ça, Iulia. Elle reconnaît cette douleur sur le visage de son frère, elle les voit les barreaux autour de lui et elle veut l'en faire sortir. Elle, sa prison était physique. Et les véritables barreaux de métal n'étaient rien comparés à la toile acide qu'avait tissé Traian autour d'elle. Mais elle ne veut pas, elle refuse de voir son frère s'enfermer à son tour. Se perdre là-dedans. Alors elle lui tendra la main, même s'il la griffe, lui arrache la peau à coups d'ongles dans les paumes, qu'il lui brise les doigts entre les siens désespérés. Elle tiendra bon. Parce qu'elle ne le lâchera pas.

P't'être bien qu'elle se trompe sur son compte. P't'être bien qu'il est impossible à sauver. Mais elle veut essayer, même si elle sait pas s'y prendre. Sauver est sans doute pas vraiment le bon mot, en plus. Elle veut pas le sauver, elle veut lui ouvrir les yeux. Et son discours pique. Là où il faut ? Pas sûr, elle ne sait pas, puisqu'il se débat comme il peut, elle sait qu'elle ne l'atteint pas comme il faut, ou plutôt, elle ne sait pas si elle l'atteint vraiment. Il réagit vraiment comme un animal en souffrance, touche-t-elle du doigt ce qu'il faut ? Il mimique Artémis qui grogne toujours plus fort, qui montre les crocs, le rose de ses gencives apparent, elle n'attaquera pas cependant. Pas tant que sa maîtresse ne lui en aura pas donné l'ordre. Par contre, au contraire, aboie. Il vient mordre sa sœur avec les mots. « Mais je m'en tape, putain. » Elle avale sa salive, difficilement, mais elle tend ses muscles pour rester digne. Et droite. Popescu dans la tenue. Orgueil, fierté et force. Il s'approche d'elle, mais elle ne bouge pas. Elle laisse le fauve rôder autour d'elle, pas craintive de ce qu'il pourrait faire. Après tout, c'est son frère ? S'il y a bien du monde en qui elle sait qu'elle peut avoir confiance, même dans ces conditions, ce sont ses frères, ses sœurs aussi. Mais Seven est-il encore vraiment son frère ? « Vous pouvez penser c'que vous voulez de moi, t'es vraiment conne si tu crois que ça m'fait quelque chose. » Elle ravale, encore. Parce que ça ne te fait rien, Seven ? Vraiment ? Une allumette ne s'embrase pas pour rien. Il faut quelque chose pour la provoquer et c'est pas n'importe quoi qui en a le pouvoir. Alors dis-lui calmement que tu t'en fous. Ta colère, ta rage, tout ce qui bout en toi, c'est rien d'autre que ta douleur. C'est pour ça qu'elle ne plie pas. Elle ne pliera plus. Elle a déjà affronté Traian, autrement plus effrayant que son cadet. Non pas qu'elle se sente puissante, elle sait juste qu'elle a la force en elle de ne pas plier devant les effusions de violence. Son corps a été brisé plus d'une fois, mais elle est encore entière, en un seul morceau. Mais Seven est radioactif. Sa colère le fait trembler et s'il en avait le pouvoir, il est certain que son corps se serait couvert d'électricité, de petits éclairs prêts à électrocuter celui ou celle qui sera bien trop proche de lui ou qui le touchera. « J'vais te l'dire moi, faut pas qu't'aies peur des mots. » Elle tressaille. Il y a un écho. Fugace, un souvenir. Traian qui la secoue pour qu'elle lui dise ce qu'il y a. Traian qui lui écrase les doigts dans l'épaule pour qu'elle lui explique ce qu'elle a glissé à sa mère. Mais les mots restaient crever dans sa gorge. Immobile et tremblante, elle laissait sa poigne écraser son épaule sans rien dire. Même quand il l'avait poussée contre le mur et qu'elle s'était cognée la tête, elle n'avait rien dit. Parce que ça aurait été pire si elle l'avait ouverte. Elle sait. Elle ne craint pas les mots. Elle craint leurs conséquences. Elle en avait trop dit aujourd'hui. Elle en avait encore trop dit. Elle lève les yeux vers Seven et quand il s'approche d'elle, il lui attrape les poignets. Et y a son sang qui ne fait qu'un tour. Elle se tend d'un coup, se fige. Comme un roc, dure, forte, mais surtout incapable de bouger. Les échos du passé viennent frapper son esprit. Elle aimerait l'ouvrir. Elle aimerait réussir à bouger et dégager ses mains, mais tandis qu'il parle, tandis qu'il lui avoue tout ce qu'il fait ou a pu faire, elle n'est plus là. Elle le regarde, regarde ses poignets entre ses mains aux jointures blanches à force de serrer. Son corps ne tremble même pas. Mais quand elle lève les yeux vers son frère, elle ne le voit plus. Et des éclats de mémoires d'il y a plus de dix ans flashent maintenant devant elle. Elle voit encore les poings serrés à blanc de Traian et elle sent encore ses doigts s'enrouler autour de sa gorge. Ceux de Seven autour de son poignet la terrorisent. Elle est terrifiée. Elle est pâle. « Lâche-moi. » Mais elle se bat contre les retours des flashs du cauchemar qu'elle a vécu quand lui n'était encore qu'un enfant. Elle se bat pour ne pas voir le visage de Traian calqué sur celui de Seven. Même si leurs yeux sont les mêmes. Si la pression des doigts sur les poignets fins de Iulia est la même. Si le rouge de rage à ses joues est le même. Ces sourcils froncés, les mêmes. « Ça t'suffit ou j'continue ? » Elle aurait jamais osé élever la voix sur Traian. « Lâche-moi, Seven. » Pourquoi s'est-elle permis de le faire sur Seven ? Elle avait rarement levé la voix sur Lucian Senior non plus, alors pourquoi sur celui qui lui ressemble tant ? Le père lui avait toujours sifflé une baigne tellement forte qu'elle pensait que sa nuque se briserait à la prochaine. Pourquoi celui qui porte ce prénom maudit échapperait au lourd fardeau qu'est l'héritage familial ? « J'ai pas peur d'faire pareil avec toi, Iulia. Touche moi encore une fois. Vas-y. Essaie, pour voir. »
Sa voix à elle s'est envolée, elle n'est plus si ferme. Elle s'échappe d'entre ses lèvres dans un souffle. « - Je sais que tu n'as pas peur de faire pareil. Elle laisse un grand frisson lui secouer le corps et elle se replace sur ses deux jambes, tendue. Elle plante son regard dans le sien, sourcils froncés. Mais vas-y. Frappe-moi. Toi aussi. » A-t-elle peur ? Oui. Ses yeux le disent à sa place. Mais elle ne veut pas perdre la face. Le pousser dans ses retranchements ? Pas forcément. Oserait-il la frapper, lui aussi ? Pleurera-t-elle ?Elle ne pleurera pas. Elle ne veut pas pleurer, même si les réactions de Seven l'avaient jetée dans une arène, sans défense face à des fauves et à des gladiateurs au visage de Traian, armés de souvenirs douloureux. Elle se mord l'intérieur de la joue et se dégage enfin de son emprise. La laisse d'Artémis traîne piteusement au sol, mais la chienne ne bouge pas, toujours pressée contre les jambes de sa maîtresse, pour la protéger. Iulia, elle, recule, s'éloigne de quelques pas de Seven. Elle le regarde, l'observe, le détaille. Tentant de chasser la vision de Traian. Mais c'est dur. C'est terriblement dur. Artémis s'est mise entre eux, grognant, tous crocs dehors, elle s'est aplatie au sol, prête à bondir sur le cadet et Iulia ne peut pas la rattraper puisque la laisse gît au sol.
L'aînée se masse les poignets et fixe toujours Seven. Elle détaille du regard ce visage abîmé pour l'intégrer en tant que « visage d'Ursul » et oublier vite ces visions de Traian. Elle a mal. Mais ce n'est pas tant la douleur physique qui la fait souffrir, c'est le fait qu'elle ait été infligée par une des personnes qui compte le plus pour elle, son frère. « - Seven… »
Elle fronce les sourcils encore une fois, mais pas de colère cette fois, pas de rage, elle fronce les sourcils et ferme les yeux longuement pour empêcher ces saloperies de larmes lui monter aux yeux. C'est trop. C'en est trop. Y a tout dans sa tête qui lui dit de chialer, mais Iulia, c'est une Popescu. Et une Popescu, ça pleure pas. Même quand ça a mal. Traian riait tant quand elle chialait sous ses coups. Il crachait sur son nom et sur elle. Mais personne d'autre que des Popescu n'a le droit de cracher sur ce nom. Ils peuvent insulter le père autant qu'ils veulent, mais pas les autres et encore moins sur ceux de la fratrie. « - Regarde-toi, Seven… » Elle secoue la tête et finit par se passer les mains sur le visage, essuyant le dessous de ses yeux du bout des doigts, comme pour effacer des larmes qui n'ont pas coulé. Elle en a perdu ses mots. Ouais, p't'être bien qu'elle a peur des mots. Elle ne sait plus quoi dire pour rattraper tout ce foutoir. C'est pas une héroïne qui vient sauver un quelconque personnage de son histoire. C'est une grande-sœur qui se ronge les sangs pour son cadet qui la repousse plus qu'il ne la laisse s'approcher. Et comme c'est pas une héroïne, elle est pas inébranlable, au contraire. Les mots du frère ont eu pour effet de craqueler son armure de porcelaine et ses mots se sont échappés par les creux, la laissant muette et tremblante. P't'être bien qu'elle aimerait qu'il la frappe pour pouvoir le détester au final. Qu'elle puisse le mettre dans le panier de ceux qu'elle hait et qu'elle raye de sa vie. Mais elle l'aime trop pour ça. Même si elle parvenait à le détester, elle l'aimerait. Trop. Pourquoi ceux qu'elle aime trop finissent par être ceux qui lui font le plus de mal ?
S'il vous plait, Cezar, Ioan, Anca, Rez, Mihail et Madalina, ne devenez pas acides et ne laissez pas vos mots devenir meurtriers comme ceux de Seven. S'il vous plaît.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptyJeu 25 Aoû - 2:09

« Lâche-moi. » Figée entre ses doigts, elle lâche l'ordre du bout des lèvres, mais Sev ne l'entend pas. Il perçoit même pas le changement dans la posture de son aînée. Il voit pas à quel point elle est paralysée, devenue statue de pierre sous sa poigne, la roche du volcan qui subit les coulées de lave sans broncher. Et bien sûr qu'elle s'fait cramer au passage, bien sûr qu'elle s'en retrouve fissurée et craquelée et fragilisée, des sillons rouges ancrés dans sa chair, des traces indélébiles qui resteront même quand l'éruption sera terminée. Même dans des milliers d'années. Il lui fait mal mais c'est à peine s'il s'en rend compte, trop rongé par sa propre douleur, emporté dans ce tourbillon trop sombre qui lui fait tourner la tête. Le chien aboie. Ses potes se marrent. Les gens accélèrent le pas. Les voitures défilent. Les voix se font écho les unes aux autres. Tous les bruits prennent soudain une ampleur qui lui file mal au crâne, l'agressant autant qu'il agresse sa propre sœur, le faisant resserrer sa prise sur elle. Plutôt que d'lui obéir. Plutôt que d'la lâcher, comme elle le lui a demandé. Et là, ses yeux plantés dans les siens, son venin coincé sur la langue, ses crocs dehors – il le capte. Cet éclat, dans l'fond de ses prunelles. Ce truc qui clignote, qui semble appeler à l'aide, qui la met en alerte. Elle a peur. Non, c'est même pire que ça. Elle est terrorisée. C'est quelque chose qu'il a tendance à rechercher, habituellement. Quand il arrive à l'ériger chez ses victimes, ça l'fait jubiler, ça lui donne envie de hurler victoire, ça lui fait pousser des ailes. Il se sent puissant, invincible. Il connaît rien qui soit plus jouissif que ça, cette illusion fugace du pouvoir quand il domine, cette sensation qui lui emplit les veines avec plus de force que n'importe quelle drogue, qui lui donne l'impression d'être en vie. Y a rien d'mieux, putain. Et pendant une seconde, il revoit tous ces visages ancrés dans sa mémoire, tous ces regards apeurés face à lui et ses coups de sang, ses coups de colère, ses coups de folie. Des inconnus, ses ennemis, parfois même ses amis. Tous ces gens qu'il a surplombés de toute sa hauteur, de toute sa carcasse gangrenée. Il les voit se superposer dans sa tête, et il est désarçonné. Parce que ça fait pas comme d'habitude. Ça lui rappelle pas cette soif de pouvoir qui s'éveille dès qu'il écoute un peu trop l'orage qui gronde continuellement dans sa cage thoracique. Ça lui hurle juste qu'il peut pas ajouter Iulia à cette liste. Il a pas le droit. Pas elle, pas là, pas comme ça. Il supporte mal l'idée de la terrifier. L'idée qu'elle ait peur de lui, au point d'avoir ce regard, celui qui l'excite chez n'importe qui d'autre, mais qui lui donne juste envie de crever à cet instant précis. Et c'est pire que tout, c'est la preuve qu'il se plante sur toute la ligne, qu'il est pas encore assez blindé, pas assez mauvais. Que son cœur a beau s'être atrophié, il est toujours là, perdu quelque part dans son néant intérieur. Et maintenant, c'est lui qui a peur. « Lâche-moi, Seven. » Cette fois, il lâche prise soudainement, comme brûlé, électrocuté. Comme si ce contact était devenu insupportable. Mais il peut pas céder, il peut pas s'démonter. Il peut pas paraître faible. Alors il continue sur sa lancée malgré tout, prenant un air menaçant. Ne pas perdre la face, ne rien montrer, ne rien donner. C'est tout c'qui compte. Tout c'qui le fait tenir, alors même qu'il déteste ce qui est en train de se passer. Ce qu'il fait. Ce qu'il est. Ce qu'il devient.

Il la menace et y a un instant de silence – l'instant de trop. Il sait pas s'il devrait partir en courant, ou juste espérer que l'sol finisse par se dérober sous ses pieds, pour l'avaler tout entier. Il sait pas comment elle fait, Iulia. Même effrayée, même malmenée, elle a quand même l'air forte. Et c'est p't'être ça, qui le fait le plus culpabiliser. « Je sais que tu n'as pas peur de faire pareil. » Ah ouais ? Et elle en sait quoi, au juste ? Elle le connaît pas. Il a passé tellement de temps à s'convaincre qu'aucun Popescu ne le connaît qu'il a fini par le croire. Il les a abandonnés sans un regard en arrière ; ils sont rien d'plus que des étrangers. Ouais, ils savent ce qu'il fait, comme les deux tiers d'la ville. Ça veut pas dire qu'ils savent qui il est. Y a qu'à voir Iulia, qui s'évertue à chercher son Ursul à la con dans une coquille vide, persuadée qu'il reste du bon à lui alors qu'il a passé trop d'années à tout éradiquer. Y a qu'à voir Anca, qui continue d'venir le voir encore et encore, comme s'il le méritait, comme s'il était ce frère dont on a envie de prendre soin ; alors qu'il est juste ce voyou qui lui prend tout et n'lui donne jamais rien. Et Ioan, qui vient lui acheter sa came comme s'il lui faisait plus confiance qu'aux autres dealers, comme si leur lien de sang changeait quoi qu'ce soit alors que Sev le traite comme n'importe quel client, sans la moindre pitié. Et Mihail, qui fait encore les frais de leurs ressemblances, qui paie pour les conneries de son aîné, qui s'fait fracasser sans que Seven n'exprime le moindre regret. Et Madalina, et Constantin, et Tereza, et Elena, et Cezar. Et tous les Popescu, qui vont et viennent, sans qu'il ne puisse leur offrir plus que son mépris et sa rage, son sarcasme et sa désinvolture. Ils savent quoi sur lui, au final ? Rien de plus que ce qu'il accepte de montrer. Rien de plus que ses pires côtés, qu'ils choisissent trop souvent d'ignorer. Putain, même certains d'ses ennemis le connaissent mieux que sa propre famille – il sait pas si c'est hilarant ou juste triste à en pleurer. Alors ça l'énerve, d'entendre ça. Ça lui fout les nerfs en pelote et les tripes en vrac, d'la voir lutter depuis le début, à croire qu'elle sait à qui elle a affaire alors qu'il s'efforce de lui prouver le contraire. Il sait plus quoi faire, pour qu'elle daigne enfin lâcher prise. Même la menacer, ça a pas l'air de franchement fonctionner. « Mais vas-y. Frappe-moi. Toi aussi. » Ça l'tue, bordel. Le toi aussi qui veut tout dire, qui en dit trop. Qui fait écho au paternel qui s'est senti obligé d'la bousculer y a des années pour la faire rentrer dans le rang, sans jamais y arriver si vous voulez l'avis de Sev. Et puis à l'autre, le connard, le mort. Traian et les coups qu'il faisait pleuvoir sur Iulia, que même Seven pouvait voir alors qu'il était trop jeune pour ces conneries. Y a tout ça qui se mélange et qui se superpose, et il arrive pas à croire qu'elle le fout dans l'même panier. C'est bien ça, pas vrai ? C'est bien ça, qu'elle lui dit ? Il sait même pas quoi faire, quoi répliquer. Y a ses yeux qui se vrillent sur les poignets de sa sœur et c'est à son tour de se figer en voyant ce qu'il a fait. La trace de ses doigts est visible, marquée au fer rouge, imprimée dans son épiderme comme dans son cœur. Il le sait. Il la connaît. Et soudain, il regrette. Il voudrait revenir en arrière, ne pas l'approcher, ne pas la toucher. Ni lui frapper le bras pour qu'elle le lâche, ni la faire reculer, ni lui emprisonner les poignets. S'tenir loin d'elle, aussi loin qu'il le peut, pour pas la tacher comme ça. Pour pas l'encrasser. Il voit l'étendue des dégâts d'un coup et il s'dit qu'au fond, elle a raison. Toi aussi. Il vaut pas mieux. Il est comme eux. Une raclure d'la même trempe et c'est tout. « Ferme-la Iulia. J'te jure, ferme ta gueule. » Ça sonne comme une menace et pourtant, sa voix se brise sur les dernières syllabes. Parce que lui aussi, il est terrifié. « Me cherche pas. » Il a peur de ce dont il est capable, mais la vérité c'est qu'il fera rien de plus, là. Il a réalisé l'ampleur de ses actes et ça l'a coupé dans son élan, même si ça suffit pas à calmer sa colère. Elle est juste différente, moins acide, plus amère, dirigée vers lui-même plus que vers le reste du monde. Une rage teintée de désespoir, qui lui donne cet air de gosse paumé, d'enfant qui s'réveille au milieu d'un champ de bataille sans savoir comment il a atterri au milieu des cadavres. Y a d'la vulnérabilité dans le creux d'ses yeux, dans le fond d'sa gorge. Et pourtant, même comme ça, il en reste pas moins une bombe prête à exploser. Parce qu'être avec Seven, c'est comme jouer à la roulette russe. Y a toujours le risque d'y rester.

« Seven... » Elle le regarde et il supporte pas ce qu'il lit dans ses prunelles, tellement qu'il se sent forcé de détourner les yeux, les posant sur le chien qui est resté tapi entre eux. Et y a une part de lui qui le maudit, ce foutu clébard. Il aurait dû attaquer avant qu'ses phalanges ne laissent une marque indélébile sur Iulia. « Regarde-toi, Seven... » Il sait, putain. Il sait la dégaine qu'il a, avec sa tronche cassée, ses yeux cernés de noir, sa mine défraîchie. Ses travers imprimés sur la gueule, qu'il s'agisse de la violence qu'il sème et qu'il récolte, ou des substances qui lui pourrissent l'organisme. Les nuits passées dehors, à la recherche du chaos, du réconfort, du répit, parfois cloué dans un lit, qu'il s'agisse du sien ou de celui d'inconnus. Les insomnies, les illusions, le bonheur factice, les trips bons ou mauvais, le sang, le sexe, les bars, les bras, le désespoir et la colère. Y a tout qui s'incruste dans sa peau, dans son cœur, dans l'fond de ses yeux qui ont trop souvent une lueur qui colle pas. Qu'elle soit furie, qu'elle soit folie, qu'elle soit agonie. Ce truc qui lui donne un air détraqué malgré lui. Il sait. Il sait de quoi il a l'air. Il sait ce qu'elle veut dire, aussi. Il sait à qui il ressemble. Il sait à quoi elle pense. Il en crève, putain. Son myocarde loupe un battement et puis se serre, ses poumons se replient, sa gorge s'atrophie. Il suffoque sur place, incapable de respirer, son souffle s'accélérant pour trahir sa détresse alors qu'il lutte depuis le début pour garder son masque de roi du monde, roi des bas-fonds, roi d'la crasse qu'il laisse dans son sillage. Il sent ses mains s'mettre à trembler, essayant de réguler sa respiration sans le moindre succès. La rage s'infiltre à nouveau dans ses veines, mais c'est encore autre chose. C'est celle qu'il déteste le plus, celle qui lui donne une monstrueuse envie de chialer même si ses yeux sont trop secs pour ça, faits de papier de verre, aussi corrosifs qu'le poison qu'il crache à la Terre entière. « Non, toi regarde-moi. » La gorge nouée, la voix étouffée, ça sort dans un murmure étranglé et il s'reprend, ses tremblements s'étalant finalement à son squelette tout entier. « HEIN, REGARDE-MOI IULIA. DIS-LE. DIS C'QUE TU PENSES DEPUIS TOUT À L'HEURE. J'VEUX T'ENTENDRE PUTAIN ! » Il s'est rapproché pour lui gueuler tout ça en pleine figure et il se paralyse quand il s'en rend compte, reculant de lui-même. Mais ça l'arrête pas. Ça le calme pas. « ÇA TE DÉMANGE, J'LE SAIS. DIS-LE. DIS-LE QUE J'SUIS COMME EUX. COMME LUI. » Pas besoin de préciser, elle comprendra toute seule de qui il parle. Celui dont on n'doit pas prononcer le nom, ces six lettres maudites qu'il a remplacées par un putain de chiffre, comme si ça pouvait le libérer. Comme s'il pouvait y échapper. Faut croire que c'est trop imprimé dans ses gènes, dans son ADN, jusque dans son foutu prénom. Sûrement qu'il était condamné dès l'instant où il est né. « Vas-y Iulia, t'attends quoi ? » La voix brisée de trop s'être égosillé, il éclate d'un rire qui pue le désespoir en écartant les bras sur le côté, comme un espèce de dingue qu'on aurait laissé en liberté par erreur. « T'aurais jamais dû v'nir. » Y a qu'à voir le résultat. Les hématomes qu'elle gardera aux poignets, et ceux qui s'étendront au creux de leurs cœurs. Il s'est toujours su égoïste de les fuir comme ça, mais en cet instant, il s'dit qu'il l'est peut-être pas tant que ça. C'est peut-être ça, le plus beau cadeau qu'il pouvait leur faire.
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MessageSujet: Re: «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»   «When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.» EmptyMer 14 Sep - 0:11

«When a Gypsy becomes Emperor, he begins by hanging his father.»
Iulia & Ursul
“People use drugs, legal and illegal, because their lives are intolerably painful or dull. They hate their work and find no rest in their leisure. They are estranged from their families and their neighbors. It should tell us something that in healthy societies drug use is celebrative, convivial, and occasional, whereas among us it is lonely, shameful, and addictive.
We need drugs, apparently, because we have lost each other.” 

Il y a des choses dans ce monde qui n'ont pas lieu d'être, des choses dont on ne comprend pas l'existence. La raison de leur présence ici bas. Des histoires et des personnages qui s'entremêlent, qui se croisent, mais qui n'ont pas de raison bien précise d'exister. Popescu. Cette famille, c'en est l'exemple même. Quand on les regarde, dans leur généralité, on voit le chaos, la douleur, le drame. Quand on les regarde un par un, on a un aperçu du purgatoire. L'Enfer, c'est pas les autres. L'Enfer, c'est eux. C'est le feu des entrailles de la Terre qui gronde. C'est la torture, lente, silencieuse, cet étau qui se resserre sur eux, qui leur brise les doigts, les os, les côtes, le cœur. Popescu, c'est pas juste le crime, le cœur noirci des gens qui ne savent pas aimer ou être aimés, c'est aussi des perles de rosée le matin. La petite lueur d'espoir que certains entretiennent jalousement, espérant en contaminer le jardin de leurs frères et sœurs. Des boutons d'or ont fleuri pour quelques-uns, mais les autres… Un autre surtout, s'acharne à détruire ce qui y pousse, balayant du revers de la main tout ce qu'il pourrait avoir en commun avec ses aînés et ses cadets. Cet autre, c'est Seven. Seven qui tremble. Seven qui bout. Qui est plus sensible qu'une ogive nucléaire, prêt à éclater au moindre tremblement. Une grenade dont on a retiré la goupille, qui ne tardera pas à exploser. Ravageant tout sur son passage. Causant des maux sans pareil. Marquant le paysage alentour d'une manière indélébile, que seul le temps, surtout les années seraient potentiellement à même de guérir. Et encore. On ne parle pas des effets secondaires, des séquelles. De ce que ces poings serrés sur les poignets de son aînée vont provoquer chez elle, de ce qu'ils réveillent. Les palpitations dans son cœur, annonciatrices d'une crise de panique. Ces foutus flashs qui la ramènent onze ans en arrière. Happée. Comme emportée par un ouragan d'une violence inouïe. Mais Iulia est un roc. Puissante. Solide. Énormément de choses la fragilisent, mais rien, rien ne la ferait plier. Encore moins la violence. Elle courbe l'échine pour mieux ruer. Elle tremble pour mieux reprendre son élan et lever la tête. Fière. Les cicatrices qui courent sur sa peau et dans son cerveau ne sont que les vestiges de toutes les batailles qu'elle a remporté. Seven ne peut pas être une défaite. Mais même si elle échoue, la guerre n'est pas finie. Malgré tous les coups qu'il pourrait porter à son cœur, elle tiendrait bon. Elle sera toujours là pour lui tendre la main, à tenter de la glisser dans la sienne, pour l'aider à se relever, même s'il préférerait se démerder tout seul. Elle aimerait l'atteindre, qu'il l'autorise à se glisser entre lui et son armure, ce mur qu'il s'empresse de dresser en la présence de sa grande sœur et de tous les autres. Et ses mots, finalement y parviennent. Toi aussi. Parce qu'il est Popescu, c'en est sûr et certain. Mais il n'est pas ordure. Pas encore. Pas complètement. Ni Traian, ni Lucian le père. Les menaces qu'il a lancé à la brune ne sont pas tant dangereuses pour elle. Mais plus pour lui. Sera-t-il capable de descendre aussi bas ? Fera-t-il ce geste fatidique qui le rangera dans le même panier que les deux ordures qui ne parlent que dans les cris et ne caressent qu'avec leurs poings. Il a des travers, mais il peut encore changer. S'arranger. Hein ? N'est-ce pas ? C'est possible, hein ? C'est ce que son regard, qui glisse vers les poignets qu'il a finit par lâcher, murmure. C'est son corps qui s'anime d'un dernier tremblement pour se tendre. Rigide. Il fuit. Un animal en panique que le courage a abandonné, la queue entre les jambes.  « Ferme-la Iulia. J'te jure, ferme ta gueule. » Vestige de sa fierté. Les mots durs qu'il veut utiliser, mais sa voix qui sonne faux, qui gratte, se casse, se brise dans le fond de sa gorge. Vulnérable. Touché. Coulé. Un instant, Iulia entrevoit une lueur. Une lueur d'espoir, comme une luciole dans la nuit noire que les ténèbres tentent d'avaler à tout prix.  « Me cherche pas. » Éteint. Son regard, Iulia le reconnaît. Ce sont les yeux d'Ursul. C'est le regard de ce gamin de neuf ans qui la voit disparaître dans la voiture de police, poussée par des officiers amers, avalée par ce véhicule qui crache ces rayons de lumière bleue et rouge qui balayent la rue et la façade du motel. Il s'écroule. Son armure se fissure. Le regard de Iulia se fait plus doux, elle l'attend son Ursul, elle attend ce moment où elle le retrouvera. Parce qu'elle y croit, qu'elle s'agrippe désespérément à cet infime espoir de retrouver son petit frère. Malgré les hématomes et ses poignets douloureux. Elle ouvre les mains, prête à lui tendre les bras pour le serrer fort contre son cœur. Qu'il laisse sa fierté de caïd sur le bord de ce trottoir dégueulasse, qu'il l'oublie le temps d'une étreinte dans les bras chauds de sa sœur. Parce qu'elle lui pardonnerait tout.
« Non, toi regarde-moi. »
Sa voix se casse encore un peu dans le fond de sa gorge, mais il se rebiffe. Il n'abandonnera pas. C'est pas son genre. Il combat ce que Iulia l'a forcé à ressentir et s'en débarrasse. Lui aussi est fort. On ne le répétera jamais assez. C'est un Popescu. Lui aussi est solide, bien campé sur ses idées, protégeant sa fierté comme un dragon son trésor de pièces d'or et de diamants. Sa fierté, sa foutue fierté. Un frisson le secoue et il se redresse. Prends les coups mais jamais ne plie. Ça devrait être l'épitaphe sur leur tombe. Il lui bondit à la gorge, comme un pantin désarticulé qui sort de sa boite, d'un coup, propulsé par son ressort. « HEIN, REGARDE-MOI IULIA. DIS-LE. DIS C'QUE TU PENSES DEPUIS TOUT À L'HEURE. J'VEUX T'ENTENDRE PUTAIN ! » Elle se casse en dedans. Encore. C'est faux de la croire forte. Elle peut pas. Elle peut pas faire face à ça. Elle a pas la force de batailler. Parce qu'il la détruit avec ses phrases. Avec ses mots hurlés au visage. Elle recule aussi. Posture défensive, tendue vers l'arrière. Artémis aboie, se tapissant contre le sol, prête à bondir. Elle aussi doit fulminer, bouillonner, lasse de cet être qui lui est inconnu et qui est aussi infecte, abjecte avec sa gardienne. Elle ne lui sautera dessus que si Iulia le lui ordonne. Mais tous ses muscles qui roulent sous son pelage court promettent une morsure sans pitié. Qu'elle fasse son boulot de protectrice, que celle qui la nourrit, la loge et la couvre de câlins ne voit pas sa peau se couvrir de nouveaux hématomes. Que ce type recule encore et s'éloigne. Elle claque des dents, les babines si retroussées qu'elle bave. « ÇA TE DÉMANGE, J'LE SAIS. DIS-LE. DIS-LE QUE J'SUIS COMME EUX. COMME LUI. » Iulia baisse les yeux. Elle est prête à abandonner. Parce qu'Ursul est mort. Et s'il ne l'est pas, il est comme une lueur rougeoyante sur une braise étouffée sous les cendres de sa rage, prêt à s'éteindre. Il l'a laissé entrevoir, Ursul. Mais il a disparu. Au revoir Ursul, au revoir Lucian. Elle ne te saluera pas Seven. Elle déglutit lentement, les yeux rivés vers le sol, les épaules basses. Elle est fatiguée, épuisée. « Vas-y Iulia, t'attends quoi ? » Elle lève les yeux vers lui encore. Dans son regard, il n'y a pas de larmes, mais ça n'empêche pas la tristesse de faire briller ses orbes oculaires. Elle le fixe. Elle le regarde péter un énième plomb. Rire. Mais ce rire qui hurle son désespoir. Il s'acharne avec la rage des désespérés, des condamnés. Mais par qui ? Par lui-même. Il se condamne lui-même. A quoi ? A pire que tout ce qui attend déjà un Popescu, flirtant avec des risques inutiles parce que sa gueule et son nom lui garantissaient déjà un avenir plein de remous et de tempêtes. Mais elle ne répondra pas. Elle restera silencieuse. Parce qu'elle ne sait plus quoi lui dire. Parce qu'elle aussi refuse qu'il lui ressemble, qu'il leur ressemble. Qu'est-ce qu'elle lui dirait ? Que justement. NON. Non. Elle refuse. Elle veut pas. Elle veut pas qu'il leur ressemble. Elle aimerait lui dire qu'elle veut l'aider. Qu'elle veut lui donner ce que ces deux autres salopards n'ont pas eu. L'aider à se détourner de cette pente glissante qu'il dévale à toutes allures. C'est con. Elle aimerait trouver les mots pour lui dire que justement : Il serait moins Popescu s'il arrêtait de se débattre autant. Cesse de repousser les tiens. Personne ne le forcera à supporter la présence du paternel, mais au moins les autres et Iulia…  « T'aurais jamais dû v'nir. »  Peut-être. Ou peut-être pas. Elle baisse encore les yeux et soupire longuement, concentrée sur sa respiration et ses pensées pour que des larmes ne viennent pas troubler la fête. « J.. J'aurais essayé... » Elle déglutit et tourne la tête, regardant le sol, à l'opposé des pseudo-caïds de Seven. « Tu sais pas, Seven. Tu sais pas. Tu sais pas ce que je pense de toi. » Elle renifle un peu, puis se penche pour récupérer la laisse de son chien. Elle a abandonné. Elle n'est plus ferme.  Elle tremble. Mais elle se redresse. Vidée. Les yeux perdus dans le vague, elle ne le regarde plus. Elle regarde son chien qui a levé les oreilles dans sa direction, un regard interrogateur sur sa face toute mignonne. Iulia inspire profondément, puisant dans ses dernières ressources, les morceaux de son cœur brisé entre les doigts, elle regarde Seven. « En fait, t'as raison. J'aurais jamais du venir. J'aurais juste dû me contenter de t'attendre. Même si tu s'rais jamais venu. J'aurais du me contenter de t'avoir perdu une fois. Pas deux. » Elle serre la laisse entre ses doigts. Elle regarde Seven comme s'il était loin. Comme s'il n'était déjà plus là. Il lui fait mal. Elle a cru qu'elle pouvait résister, se battre, contre lui, pour lui. Mais elle est épuisée, cœur brisé. Elle a perdu beaucoup de batailles dans sa vie, Iulia. Jusque là cependant, elle avait gagné plusieurs guerres. Mais celle-ci, elle ne la sentait pas. La défaite serait de le perdre, définitivement. Elle refuse cette idée. Aujourd'hui n'est pas un bon jour. Aujourd'hui est le commencement d'un nouveau chapitre dans leur vie.
La reconquête.
Parce que c'est différent. C'est compliqué déjà de conquérir un homme, encore plus d'en reconquérir un. Mais autrement plus difficile lorsqu'il s'agit de son frère. Comment on fait ? C'est quoi l'astuce ? C'est pas un jeu vidéo, y a pas un manuel qui dit quelle manœuvre effectuer pour passer au chapitre suivant et réussir le puzzle. Elle le regarde une dernière fois, puis baisse la tête. Elle inspire, expire longuement, muselant ses yeux, les empêchant d'exprimer ce qui lui serre l'estomac. « Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver, Seven. » Sa voix craque en prononçant son nom. Inspire. Expire. Elle fronce les sourcils, plus par douleur. Puis, elle s'éloigne. Mais avant de disparaître, elle se retourne. Le regarde. « Te iubesc, Ursul. » Ce sont la douleur et la tristesse qui tissent son visage, son sourire, rien qu'un coin de lèvre qui tressaute, mais elle baisse rapidement les yeux. Son cœur, les fils ont sauté, décousu, il vomit l'amour qu'elle portait à Seven et qui la brûle. Ça lui fait mal, si mal. Elle s'éloigne, loin. Traverse plusieurs rues, la mâchoire tremblante, les yeux qui se gonflent. Puis, elle s'arrête. Elle inspire et des larmes viennent rouler sur ses joues. Elle met sa main devant sa bouche. Ça s'arrête pas. Ça coule. Ça ruisselle. Elle fronce les sourcils et regarde autour d'elle, à l’affût, elle cherche un endroit où se planquer et choisit un détour de ruelle dans laquelle elle s'engouffre. Puis, à l'abri du regard des autres, elle s'effondre. Elle a laissé tomber sa fierté comme un peignoir dont on se défait en rentrant dans la chambre. Elle a glissé sur ses épaules pour finir au sol, froissée. Et Iulia, la main devant le visage, elle pleure. La chienne à ses pieds couine. Elle pleure son frère. Elle pleure son Ursul. Elle pleure celui qu'elle n'a pas vu grandir et qu'elle a perdu. Qui s'est perdu. Elle n'a pas pu faire son rôle de grande sœur, elle n'a pas pu le guider, l'aider. Elle est responsable de tout ça. Parce qu'elle n'aurait pas été en prison, Traian n'aurait pas été un immense enfoiré qui mérite les pires maux du monde, elle aurait attrapé Seven dans ses bras et l'aurait élevé loin de ce foyer des Enfers. Parce que peut-être qu'au final, c'était peut-être lui le plus sensible.
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