saletés de courses. aujourd’hui encore, c’est sloan qui s’y colle. ça devait être l’autre là, simon, mais il est malade et alité il paraît.
qu’est-ce que j’en ai à foutre qu’il est malade ? il avait eu envie de tonner. mais si sloan veut retrouver l’argent tant aimé de ses parents mal-aimés, il faudra faire des efforts… et celui-ci est l’un des innombrables qu’il va devoir entamer avec un dégoût à peine dissimulé. surtout qu’il était bien, sloan, allongé sur le truc informe qui lui sert de lit. il était bien, à rêvasser des courbes d’une déesse qu’il pourrait aimer le temps d’une matinée. il était bien, à rêver que sid est toujours vivant, qu’on ne lui a pas retiré une partie de lui-même en lui arrachant son jumeau trop tôt.
il était bien, et le voilà maintenant dehors, à pester dès qu’un
connard qui se balade dans les rues lui met un coup d’épaule. p’tain, qu’est-ce qu’ils ont tous aujourd’hui ? sloan lève les yeux au ciel pour voir des banderoles. il scrute les minois et voit des drapeaux américains vachement mal dessinés. en même temps, faut dire qu’c’est pas le drapeau le plus
easy à reproduire, même avec de l’habitude… et là, ça le frappe : l’independance day. soupir venu du fond du cœur. sloan, il s’en branle puissance mille de tout ça. sloan, il veut juste retourner rêvasser sur son lit, à moins qu’il n’aille cogner quelques gueules pour se sentir mieux.
mais y’a les courses et ça l’emmerde à un point inimaginable. peuvent pas tous aller acheter quelque chose plutôt que ce soit l’un d’eux, chaque semaine, qui doive sacrifier un rein pour faire vivre les autres ? il s’en balec, des autres. m’enfin, il aura au moins réussi à esquiver pendant quelques semaines… en tout cas, au moment où il s’apprête à rentrer dans le magasin, y’a les grilles qui se ferment. «
eh, j’suis là ! fermez pas ! s’il vous plaît ! » il s’entend beugler, supplier. ça lui donne la nausée. sloan ellison ne supplie jamais… c’est lui qu’on supplie d’arrêter de frapper. et ce qui l’écœure encore plus, c’est le visage de connard qui apparaît derrière la vitre. le mec, il hausse les épaules genre « j’m’en fous de ta vie » et il tourne les talons. sloan, il frappe dans la devanture, sort une flopée de jurons qui ferait rougir son paternel, lève haut son majeur. mais ça change rien et sloan l’a dans le cul, bien profond.
alors sloan, il va se balader un peu en ville ; il a pas vraiment envie, mais il a pas non plus envie de retourner au refuge pour voir les têtes de glands et leur annoncer qu’ils auront qu’à y retourner demain parce qu’il était trop tard… et voir leur déception. cette même putain de déception qui se lit toujours dans les prunelles quand elles se posent sur lui. il déteste ça, sloan, cette pitié et ces sentiments qui se dessinent dans les yeux des autres. il a pas besoin de leur jugement, il a pas besoin d’eux. sloan, il a besoin de personne, maintenant qu’on lui a retiré le jumeau. alors il marche dans les rues, suit les gens. il se retrouve devant un feu d’artifice, un léger sourire fleurissant sur ses lippes encore légèrement tuméfiées d’une altercation récente. sloan, il rajeunit presque devant les feux d’artifice ; il retrouve son allure de gamin, exprime des « woah » d’admiration devant les bouquets lumineux.
et puis comme d’hab’ dès qu’il y a quelque chose de bien dans sa vie, faut que ça s’arrête. y’a la pluie qui tombe, y’a la grêle qui la remplace et qui tombe durement sur les épaules dévêtues du garçon. y’a le soleil qui s’est fait la malle, ce salaud, et une véritable tempête qui prend naissance. «
eh merde. » qu’il déclare. «
j’aurais mieux fait de rester à rien foutre et de rentrer directement, quitte à voir leur gueule de con. » il ajoute en marmonnant.
ouais, t’aurais dû, ronchonne son cerveau grognon. m’enfin, râler ne changera rien au fait qu’il est trempé. alors il se tape un sprint jusqu’à une cabane qu’il avait repéré sur la route et s’y engouffre. c’est franchement pas accueillant, ça sent le moisi et c’est tout petit… surtout qu’y’a des outils effrayants. y’a de quoi commettre un meurtre dans cette cabane bordel…
et là, y’a une fille qui rentre. sloan, il bouge pas mais y’a un sourire en coin qui déforme son faciès. ça n’va p’têtre pas être si désagréable… surtout qu’elle recule et qu’il a tout le loisir – pendant une petite dizaine de secondes – de sentir son fessier contre sa braguette. «
y’a pas d’mal. » il susurre suavement. il devrait p’têtre pas s’emballer mais eh, ils sont trempés tous les deux et même si baiser dans un endroit aussi étroit relève de la performance, ça réchauffe ! «
je pense qu’on va être coincés ici pour un bon bout de temps. » sourire qui s’élargit sur les lèvres du jeune homme alors qu’il demande, provocant : «
et ça te dérange ? » il demande, toujours plus enjôleur. nouvelle zébrure d’orage qui vient déchirer le ciel. ça dure pas longtemps mais sloan en profite pour la détailler. blonde, menue, de la même taille qu’elliot à peu près… juron qu’il retient de peu. c’est pas le moment de penser à cette brune juste bonne à tirer un coup. y’a rien qu’il ressente pour elle, rien. le néant. cette blonde-là, il la connait pas – et il en a pas besoin – mais elle est dix fois mieux, il en est certain. «
j’m’appelle sloan, sinon. » il tend la main, préférerait tendre autre chose. il a hésité un quart de seconde à lui rouler un patin pour faire plus ample connaissance directement, mais y’a une petite voix qui lui a dit que ce serait sans doute malvenu. en tout cas, les quelques mots préférés ne sont là que dans le but de pouvoir mettre un nom sur cette drôle de frimousse. «
puis dis-toi qu’ça pourrait être pire. j’pourrais être un ex-taulard ou un psychopathe. sauf que j’suis rien de tout ça, et que comme toi, j’ai juste envie que ça s’arrête pour reprendre ma vie. » léger sourire. pourquoi est-ce qu’il essaie de la rassurer déjà ? ah oui, pour la pécho. pourquoi il ment par rapport à son statut d’ex-taulard ? parce que ça aide pas à pécho. n’empêche qu’il est vraiment pas certain que son baratin aidera… elle a l’air assez frigide, la gamine.
- HS:
désolée pour le temps de répondre. :silent: