I see what is right and approve, but I do what is wrong.
ophelia & zadig

Bip. Tu écrases la paume de ta main sur le réveil, mais comme dotée d’une volontée propre, elle glisse et ton action échoue. Le son strident vient finalement déranger ton semi sommeil, tant que tu es obligé de laisser le jour se faufiler entre tes deux paupières. Tu regardes l’heure rouge affichée sur l’instrument de torture, il est sept-heure et demie. Tu pourrais sécher, ne pas te pointer à ce cours et profiter un peu plus du nuage chaud dans lequel tu es enfoui. Mais elle ne pouvait pas se permettre de ne pas aller à l’école. De toute façon, elle se lèverait à un moment ou un autre et se faufilerait jusque dans ta chambre, discrète et délicate comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Puis elle sauterait sans plus de retenue sur ton corps endormi. Pour éviter ce tragique incident, tu te redresses en prenant ton temps et frottant machinalement tes yeux. Pas de loup, tu te glisse dans la cuisine qui fait aussi office de salon et de bureau, et tu te prépares un café bien noir et corsé. Rien que l’odeur t’enivre et tu en oubliais presque qu’il fallait que t’aille la lever elle aussi. Tu entrouves la porte de sa minuscule chambre, la veilleuse bleu-mer te permettait de distinguer le sol et ainsi d’éviter de t'empaler le pieds sur n’importe quoi. Tu poses tes fesses sur le bord de son lit, tout petit, à sa taille. “Eh ptite mousse, il est l’heure de se réveiller” tu chuchotais tranquillement, voyant l’asticot s’agiter sous sa couette et comme tu le faisais à son âge, tirer sur la couette pour bien te cacher dessous. En générale, ça ne dure pas plus de cinq minutes, le temps que tu lui racontes l’histoire de la journée merveilleuse qu’elle ne va pas voir si elle reste dans son lit. Alors elle se lève les cheveux en bataille et prête pour la guerre elle mange ses céréales pendant que tu bois ton café. Quand huit heure arrive, tu laisses un vague mot pour la babysitter qui viendra la chercher le soir et tu l'amènes à l’école sur ta moto. Elle adore ta moto, elle dit que c’est un cheval à moteur. Béquille à terre, elle descend, tu lui fais un bisous sur le front et elle court dans l’enceinte de son école. Tu chauffe le moteur et tu pars, crevé, mais t’as cours alors tu va supporter le poids de ta jeunesse.

Le moteur tousse un peu, tu freines complètement et gare ta bécane sur le parking de l’université. Ta des cernes qui tombent jusque sur tes joues, t’as dormi que trois heure cette nuit. Tu mets quelques petites pièces dans une machine à café, t’as bien besoin de ça pour résister au sommeil grondant derrière toi. C’est comme l’épée de damocles version morphée. Te brûlant les lèvres, la langue puis la gorge de plaisir, tu avances nonchalamment vers la salle de classe qui t’attends. Il est assez rare que tu parles aux autres élèves sans raisons particulières, comme rattraper un cours louper ou demander où sont les toilettes les plus proches. La sociabilité avec ces gens ce n’est clairement pas ton fort, tu n’y connais rien. Pas que tu ne veuilles pas te faire d’amis, mais tu es rarement d’humeur à discutailler. Le manque de sommeil te rends particulièrement irritable. Évidemment personne ne peut le deviner, encore moins ce petit fils de bourges né avec une cuillère en or dans le rectum. Celui là même qui te jette régulièrement des regards méprisants, tu n’es pas en costume trois pièces, quelle horreur. Te serais-tu lavé il y a deux jours ? fort probable tu n’as pas de temps à perdre avec des douches inutiles, c’est pas versaille chez toi. Deux monde bien visible, et son regard trop insistant. “Tu veux ma photo ?” t’as le ton tranchant, vaut mieux pour lui qu’il baisse les yeux et ne tente pas de folie. Tu écrases ton gobelet désormais vide dans ta main. Un rictus s’affiche sur son visage, une insulte, tu ne sais plus trop de quoi il s’agissait mais ça t’as piqué au vif. C’est pour ça qu’il est parti si vite, ton crochet. Tes phalanges étaient venus s’écraser sur sa joue pomponnée. Souffle de boeuf, tu avais défoulé ta mauvaise humeur sur ce pauvre bougres. Ta main gauche vient attraper son col pour le redresser, le faire voir ce que c’est de voler un peu. Ses pieds touchent à peine le sol, tu réalises alors que les autres élèves te regardent comme un monstre. Mais c’est pas toi le monstre, c’est lui et ses manières de faux prince. “la prochaine fois, tu la fermeras” tu lâches son col, sans gentiment le ramener au sol. Plusieurs t’avaient intimer de le lâcher, tu ne leur adresse pas un regard. Avec toute l’audace qu’on te connait, tu allais rentrer sans plus d’histoire dans la salle pour avoir un cours normal.

✽