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 clôture de l'amour ; ophelia

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Fran Vance

Fran Vance
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MessageSujet: clôture de l'amour ; ophelia   clôture de l'amour ; ophelia EmptyVen 19 Oct - 13:35


clôture de l'amour
ophelia et fran
https://www.youtube.com/watch?v=4MR5xuMvpxo

elle sautille plus qu'elle marche, elle se prend les flaques, elle glousse comme un caneton - son ciré jaune sur le dos l'aide pas à la rendre plus grande qu'elle ne l'est. chaque mois elle en bouffe ces centimètres, jane, chaque mois il se dit qu'il pourrait la caler contre un mur, mettre un petit coup de crayon et lui montrer à dix-huit balais ô combien elle s'est mise à pousser trop vite - mais elle est toujours petite, toujours assez petite pour tenir dans deux paumes, toujours assez petite pour qu'elle laisse son sourire grandir à en déchirer ses joues. ça fait six heures, juste six heures, simplement six heures, les heures les plus courtes de sa chienne de vie - l'est déjà sur le retour, fran, la bagnole garée plus loin et la pluie qui continue à tapoter sur leurs têtes - lui il est pas protégé contrairement à elle, n'empêche que s'il pouvait en faire plus, il se mettrait en position parapluie. il garde son petit rictus, le coeur qui se déglingue à la vue de la porte de l'immeuble - elle est contente, jane, elle est contente de ce moment victoire quand maman et papa reviennent face à face, sans pour autant être dans la même pièce, mais il se jaugent. l'instant dure moins de dix secondes. le temps que ça s'ouvre, que jane lui colle un bécot, qu'elle rentre, qu'ils hochent mutuellement la tête en signe de politesse minimum - puis ça claque, ça le laisse sur la sellette un peu plus longtemps, avec l'envie toujours de venir défoncer cette poignée. aujourd'hui fran il se sent traversé de toute part par une sensation de liberté, les fils à moitié coupés qui laissent le pantin se mouvoir sans qu'il ait besoin de quiconque pour l'en empêcher - parce qu'aujourd'hui fran, il va l'ouvrir sa gueule, il va sortir le bouclier, à défaut de se laisser comme toujours, se prendre la balle en plein front, accroché au pilori d'exécution. une fois dans le bâtiment il enlève la capuche à la gamine, passe sa grande main dans sa tignasse - la fout en bordel, elle est pas contente lui fait comprendre en couinant que faut pas défaire sa couette de travers, puis que faut pas faire tomber ses barrettes vertes aussi.

deuxième étages - les limbes, entre paradis et enfer, là où tout se joue pour les âmes jetées comme des ordures un dimanche matin. y'a de la moquette le long du couloir - les lumières sont pas claquées, ça respire même une certaine classe, plus que chez lui. il s'arrête - il se dit, fran, qu'il pourrait embarquer jane pour une longue et grande aventure, qu'il lui ferai découvrir les plus grands parcs du monde, qu'il lui ferait manger les meilleures glaces jamais connues, qu'il lui apprendrait le nom des étoiles durant un ciel d'été. il se dit toujours la même chose, fran, quand sonne la séparation qui l'écrase d'un coup de talon. il toque, ça s'ouvre - ophelia elle est plus creusée, plus tapée à la pioche qu'avant, ophelia elle donne toujours la sensation qu'elle va s'écrouler, c'est le résultat loupé d'un démineur débutant.
- bonjour. c'est trop dur de feindre la joie, c'est trop dur de la jouer bon vivant qui veut se racheter une conscience - même s'il a changé, changé un peu, changé assez pur qu'il se sente en capacité de garder sa fille une journée. même s'il veut prouver que c'est pas qu'un mauvais gars qu'a pété un boulot - qu'il est pas que les restes du dégueulis répugnant d'une guerre sous un soleil vengeur.
jane lâche sa main - ça fait mal.

- tu rentres pas ?
elle essaie toujours.
- ça dépend d'maman ça ma puce.
ça dépend jamais de lui. lui il est le morceau récupéré, attaché à la bagnole mais qui sert à que dalle, c'est le bout de sparadrap qui tente de faire disparaître le trou qu'a causé une comète. elle tire la moue, jane, avant de se retirer derrière sa mère. ses bottes sont mises d'un côté - il regarde à peine au-dessus de l'épaule d'ophelia, il sait comment c'est derrière, il connaît qu'une partie. pas le reste. pas la gueule du salon, ni de la cuisine, encore moins de la chambre - l'est pas bienvenu.

huitième seconde : elle doit refermer.

- on peut parler ?

dixième seconde : il est toujours là.

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Ophelia Hops

Ophelia Hops
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MessageSujet: Re: clôture de l'amour ; ophelia   clôture de l'amour ; ophelia EmptyMer 24 Oct - 17:49



clôture de l'amour


une vive douleur vrille son échine. elle étire ses bras, délivre sa colonne vertébrale. elle pense à autre chose, à jane qui passe le seuil, avec ses lèvres pincées et le menton incliné. à la porte qui se referme sur fran, sur les trente dernières années de sa vie. tourne la page, qu'on lui souffle, comme si c'était si aisé d'effacer, de tirer un trait sur le passé. le passé c'est fran. elle n'a connu que lui. n'a aimé que lui. il l'a construite, fait d'elle ce qu'elle est. l'a détruite, aussi, malgré lui, mais elle a sa part de responsabilités, celle d'avoir perdu l'espoir et la volonté d'y croire. le voir derrière le pas de la porte, c'est comme une piqure de rappel. un mémo pour lui rabâcher ce que la vie a gâché. elle le dévisage, de la tête aux pieds. il a l'air fatigué, qu'elle machine dans sa caboche. puis il y a la douleur qui parcourt une nouvelle fois son squelette, lui rappelle qu'elle aussi, elle est en train de crever. la brûlure s'étend de la nuque jusqu'à ses reins. elle s'échoue sur son palpitant ; il suffoque entre ses mûrs d'os, il tambourine dans l'espoir qu'on l'entende, qu'on l'arrache enfin de sa cage. c'est chaque fois le même circuit. la nuque, le cœur, les reins. la nuque, le cœur, les reins. alors elle pense à autre chose,
à jane qui passera le seuil,
avec ses lèvres pincées et le menton incliné.
à la porte qui se referme sur fran.
à sa voix qui renverse le cycle, sa zone de confort. son palpitant s'agite à nouveau. elle passe nerveusement ses phalanges dans son chignon désordonné. la porte est entrouverte. « oui.. bien sûr. » elle s'éclaircit silencieusement la gorge et lui laisse la liberté d'entrer. ophelia attend qu'il trépasse le pas pour fermer derrière lui. elle pouvait entendre la mâchoire de jane s'étirer quand elle vit son père entrer. et même son cœur bondir de joie. elle s'approche de la gamine, se courbe, pose ses doigts dans ses cheveux corbeaux. « file, tu me raconteras après. » qu'elle siffle à son oreille. elle regarde ses jambes l'emporter dans sa chambre, avant de poser ses billes noires sur fran. la lumière du salon ébauche la scène de façon différente. il semble plus grand. et les mûrs, eux, se resserrent. elle est prisonnière. « tu veux quelque chose à boire ? » elle gagne du temps. elle ne lui laisse qu'à peine l'occasion de répondre, que son corps l'entraîne dans la cuisine, cherche des yeux la cafetière. elle n'a pas préparé de café. elle n'a rien préparé. elle pense une seconde à son look négligé. à son pull d'une taille au dessus de la sienne. à ses cheveux ébouriffés. à son teint naturel. cette lumière ne la met vraiment pas en valeur. ça ne sert à rien, elle se tourne d'une traite, plante ses pupilles azurs dans les siennes - elle s'y perd même un instant, avant de s'en extirper de force - et s'adosse contre le plan de travail. « de quoi tu voulais parler ? »



Dernière édition par Ophelia Hops le Lun 5 Nov - 14:21, édité 1 fois
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Fran Vance

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MessageSujet: Re: clôture de l'amour ; ophelia   clôture de l'amour ; ophelia EmptyVen 26 Oct - 21:26


clôture de l'amour
ophelia et fran
https://www.youtube.com/watch?v=4MR5xuMvpxo

panique qui crisse, c'est un virage à cent quatre-vingts degrés qui vient se jouer, il peut voir les traces de pneus sur le bitume, capable aussi d'entendre les cris de frayeur qui se font entre la taule et le volant. ça prend une autre envergure, ça fait un peu tomber les armes pour laisser apparaître le vague frisson d'un drapeau - sans pour autant être blanc, il aurait plus l'allure d'un chiffon de pirates plutôt qu'énonciateur d'une paix quelconque. tête qui se hoche, qui remercie, fran il se sent con à faire des courbettes, à tout devoir - parce qu'il doit plus rien, parce qu'il devrait avoir la haine, parce qu'il aurait tout à plaquer pour l'engueuler, lui dire qu'elle l'a lâché. peut pas. peut pas parce qu'il est fatigué, peut pas parce que lui-même dans son reflet c'est un éternel poing claqué - inspiration profonde, il regarde à gauche, à droite, véritable clébard ramené alors qu'il se prenait des prunes par son propriétaire, il essaie de se faire à l'environnement. c'est sobre, c'est vivant aussi, ça tombe pas en lambeaux, c'est doux pour les iris - y'a une odeur de parfum, de crayons, de café aussi, quelques mélangés abandonnés qui font madeleine de proust, lui laissant le semblant d'un sourire sur sa mine grise. ça le laisse un peu sur ses pas - puis il s'attarde sur elle, parce qu'elle c'est toujours un coup de vent, c'est jamais dans la précision, jamais dans la possibilité de chercher les dix erreurs qui font que le dessin d'avant et d'après seront jamais similaires. il voudrait la prendre dans ses bras, il voudrait reprendre de bonnes bases - au moins serrer la main, rester dans une cordialité certaine, se foutre dans une zone d'amitié stable. il s'en sent qu'à mi-capable - tout comme ophelia, sans doute. il saurait plus dire. y'a une époque il savait lire sur sa bouche avant qu'elle siffle le moindre mot. maintenant il est aveugle, fran.
- du café, si t'as. mais sinon laisse tomber. bras qui se croisent sur son torse, il a toujours pas enlevé son manteau - il sait pas s'il est dans les bonnes grâces pour s'installer, ce serait trop s'incruster, faire office de présence alors qu'il a été excellent en fantôme de la lignée poltergeist. il a le coeur qui se serre, qui se fait entailler d'un côté, de l'autre, l'angoisse qui vient en grandes pompes. y'a ses doigts qui savent plus quoi faire, qui sont dans ses poches et qui jouent avec les quelques fils qui sortent de ci puis de là. il saurait pas quoi en faire s'il les sortait - alors il reste, assimilable à un môme qui vient de se prendre la morale la plus grande de sa vie après une connerie échelle fourmi.
- ça m'suffit plus, ophe.
ophelia c'est trop impersonnel,
ophelia c'est trop dans l'ignorance,
ophelia c'est la jouer automate qui veut plus reprendre ses repères. il en a encore, fran. parce qu'il saurait redessiner sa clavicule, deviner la pièce où elle se trouve rien qu'à suivre par instinct ses habitudes - il est même pas étonné de la voir avec un pull aussi gros, c'était mieux qu'une couverture basique, c'était une seconde peau. parce que si ophelia existe, y'avait ophe aussi. ophe qui se jouait à la lisière de ses lèvres.
- j'peux pas voir jane qu'une après-midi dans l'mois. faut qu'on trouve un compromis. y reste paisible, la voix posée, formelle, aussi mesurée que possible - faudrait pas la braquer, c'est comme foutre un coup de pied dans un piège à ours, c'est se plaindre après coup de plus avoir de mollet. dans l'idéal, faudrait qu'il passe au-dessus. dans le mieux du mieux, faudrait qu'il arrive à le récupérer - sans rien perdre au passage.

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MessageSujet: Re: clôture de l'amour ; ophelia   clôture de l'amour ; ophelia EmptyMar 13 Nov - 21:20



clôture de l'amour


ses doigts pianotent sur le plan de travail. ils dansent au rythme de sa voix. elle a des difficultés à polariser ses mots, à pas se perdre sur les détails de ses traits. il y a les souvenirs, qui jusqu'ici, se dérobaient sous les meubles comme la poussière, qui convergeaient sur le squelette de fran. celui de ses bras enserrant sa taille, celui de ses doigts enchevêtrés dans les siens, de ses pieds dépassant des draps, ou encore, de ses cheveux dans lesquels ses phalanges flânaient, de son souffle au creux de son épaule, et... il y a plus rien de tout cela, à part les quelques vestiges qui capturent les rêves, qui s'attèlent à garder la plaie ouverte. mais il y a jane pour ça. il y a jane pour lui rappeler tout ce qu'elle a perdu. un instant, elle a pensé que c'était le choix le plus simple, comme si fran n'allait pas rechigner, et regarder la petite disparaître sous le manteau de sa mère après un dernier regard échangé.
et le voilà planté sous ses yeux, les bras croisés sur la poitrine, et cette expression - la même depuis qu'il est rentré. il y a pas à jouer la surprise ; ophe se doutait que ça allait arriver. jusqu'ici elle avait fermé les yeux et fait mine de pas calculer, mais elle a beau clore ses paupières, une fois, deux fois, il est toujours là. « je sais pas.. » qu'elle souffle faiblement entre ses lèvres. elle sentait dores et déjà tambouriner dans son crâne, escorté par la vive brûlure chatouillant sa colonne vertébrale. elle passe à la hâte une main sur son front pour faire fuir la douleur - en vain. je sais pas, il y a pas plus remarque adéquate. il y a pas mieux pour interpréter ce qui se machine entre le cerveau et le palpitant, au carrefour de sa gorge serrée. « c'est pas si simple. » qu'elle finit par lâcher. comme s'il n'en avait pas déjà idée. comme si rien n'avait été compliqué ces dernières années. « je sais, jusqu'ici, ça s'est bien passé. mais comment j'peux savoir que t'es prêt ? » elle avait planté son regard dans le sien, les lèvres pincées, les poings presque serrés. elle entrouva de nouveau ses lippes, mais rien ne put en sortir. les mots restèrent coincés dans ses entrailles, incapables de s'en libérer. ophe inspira mollement, ranimant par la même ses poumons essoufflés par l'angoisse. « comment j'peux savoir que t'es plus capable de péter les plombs sous les yeux de ta fille ? et de la blesser ? » elle haussa un peu le ton. les sourcils, aussi. mais ses épaules exécutèrent le mouvement inverse. il y avait de l'amertume dans l'abîme de sa voix. mais depuis quelques années, il y en a toujours eu. même quand ses lèvres s'écorchaient dans un sourire, il y avait cette pointe d'amertume au coin de sa bouche. plus encore, quand fran se pointe devant sa porte, le passé dans le fond de ses poches. il a déjà passé trop de temps dans sa cuisine, à en disséminer les fragments. et ophe, à force de ressasser, à ouvert les hostilités.

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