la famille les détails sur ses parents, elle n'en donnera jamais beaucoup. on pensera a du mystère, cet esprit russe du secret. ah les russes, ils sont forts pour ça ; ils imposent même avec un silence. mais la vérité est ailleurs. mila ne parlera pas de ses parents, parce qu'elle n'aura rien à en dire. aussi loin qu'elle s'en souvienne, les seules images qu'elle a de sa mère, pour pouvoir l'imaginer, lui donner un regard, un sourire et une allure ; ce sont les rares photos, datant généralement d'avant sa naissance. elle est partie alors que mila ne savait même pas encore comment sucer son pouce. pour son père, il a déserté petit à petit, pour disparaître à son tour. pour mila c'est un courant d'air. non, si on lui demande elle dira que ses parents c'est son grand frère et sa grande soeur. peut-être même qu'il faudrait pas parler de fratrie, mais de meute, carrément. comme les loups. se serrer les coudes, veiller les uns sur les autres. les enfants ryjkov. conquérir un territoire, montrer les crocs, être froids et durs. mila est la petite dernière de la meute et par définition le bébé des autres. elle a grandit entourer de l'amour qu'il a pu manquer aux autres. elle a grandit naïvement en pensant que le monde était beau et grand. on lui a dit que tout serait possible pour elle. et dans les bras de ces grands frères elle se sentait plus forte et en sécurité. et sous les yeux de cette grande soeur elle voyait un modèle. mila sait aimer alors elle aime ses frères et soeurs inconditionnellement malgré toutes les erreurs, elle trouvera toujours une excuse pour eux.
la vie sa vraie passion à l'école finalement, c'est le théâtre. les pièces, elle les apprend par coeur en entier. elle connait tous les rôles. elle a lu touotes les pièces disponibles à la bibliothèque. quelle déception pour les assistantes d'éducation quand elle a refuser de partir à l'université, pour elle se sera l'école de théâtre du coin. le prestige, elle s'en fout mila. elle veut faire quelque chose qui la fait rêver, qui la passionne. elle veut que le temps file tellement elle se sent bien. et surtout, elle veut devenir quelqu'un de différent à chaque fois qu'elle joue un nouveau rôle. pour ne pas trop être elle, et devenir une autre. hormis le théâtre et par extension la lecture, mila adore la peinture. les cours d'arts plastiques du lycée étaient ses préférées. elle dessine même assez bien finalement. un de ses anciens copains, bien que de passage furtif, lui a appris à jouer de la guitare également. finalement dès qu'on s'approche des arts, mila plonge la tête la première. elle aime cette façon de faire ressortir ses émotions, le monde qui se crée autour d'un livre et même celui qu'elle crée quand elle peint. elle aime se croire une âme d'artiste.
les amours et amis ça, c'est certainement la chose la plus nulle de sa vie. mila ne sait pas choisir les garçons, elle a un instinct pourri en ce qui concerne les mecs. abonnées aux connards, elle tombe amoureuse en un clin d'oeil pour se faire jeter aussi vite. mais son plus grand secret, elle le garde. sa virginité. si elle est jolie et qu'elle parle facilement avec tout le monde qui l'entour elle n'a jamais réussi à franchir le pas. la peur, la pression du moment... et le manque d'amour peut-être. mais vu qu'elle n'a eu que des connard, c'est peut-être pas plus mal ? avec une fratrie comme la sienne, les entourages vont et viennent. mila s'est toujours bien entendu avec les copains de ses frères et soeurs. c'est peut-être son petit coté bébé de la famille qui était attachant pour eux. au lycée de son coté, mila s'est fait ses propres amis. elle aime les gens et elle les attirent, sans nul doute. elle est solaire et attachante, douce et à l'écoute. elle ne juge pas. les gens sont attirés vers mila comme un aimant. mais elle le sait, certainement étaient aussi là pour la réputation de ses frères. ah, les ryjkov...
kidnapping le monde acidulé de mila a basculé il y a quelques temps. en sortant de son école de théâtre, un van s'arrête devant elle. sans qu'elle ait le temps de faire quoi que ce soit, elle a été embarquée. enfermée, avec des fils en plastiques qui maintenaient (trop) fermement ses poignets liés. enfermée dans le noir quelqu'un lui donnait des cachetons pour dormir, pour qu'elle soit silencieuse. sans lumière, incapable de savoir si les jours défilaient encore autour d'elle. le jour, la nuit... le visage baigné de larmes quotidiennement mais le cerveau anesthésié. sans connaitre ceux qui étaient avec elle et surtout aucune envie de leur parler. elle n'avait rien à faire là, mila. certains qui disparaissent pour ne jamais revenir, et la peur d'être la prochaine. puis un jour la lumière du soleil, qui brule la rétine, pour te dire que c'est fini. enfin fini... un bien grand mot. oui, mila est libre. oui, mila a failli être vendu pour finir sur un trottoir en ukraine. oui, elle a mis du temps à éliminer tout ce qu'on lui avait fait prendre pour qu'elle se taise, pour qu'elle dorme. mais aujourd'hui, quand elle dort, elle fait des cauchemars. alors elle ne dort pas. quand elle marche dans la rue, les moteurs qui vrombissent l'effrayent. alors elle ne sort pas. la moindre nourriture la rend parano d'un cacheton caché. alors elle ne mange pas. mila n'est plus la même, l'ombr de celle qu'elle avait été. avec tout le monde autour qui veut s'occuper d'elle. quand elle... elle voudrait disparaitre.