Elle a le cœur lourd Ruby, de ces moments passés, derrière une vitre, téléphone contre l’oreille, l’envie qui crame ses entrailles de tout bousiller pour aller serrer sa mère dans ses bras. Elle est fatiguée madame Holmes, des cernes sous les yeux, ça se voit, et le bleu qui s’étale sous sa pommette droite donne à Ruby envie de vomir. Tout va bien sweetie qu’elle l’a rassure, un feu dans les yeux, dans es cheveux, et Ruby a envie de la croire. Se dire que c’est bon ; Que c’est pas grave. « Je te sortirais de là je te le promet » alors que la sirène sonne, qu’on lui demande de raccrocher, de se lever, que déjà on passe les menottes à sa mère et qu’on l’enlève. Reste, qu’elle voudrait hurler, mais c’est trop tard. Les règles sont les règles.
Cœur lourd alors qu’elle se traine hors de la prison, tête dans le brouillard elle marche mécaniquement, habituée par les va et vient pour rendre visite à sa famille. Y a que lorsque le vent vient lui caresser le visage qu’elle a l’impression d’atterrir. Y a Lucy pas très loin, elle lui avait dit qu’elle passerait la chercher, Ruby qui fronce les sourcils, essaye de placer sur son visage le sourire que la blonde lui connait. bonjour, ruby. comment tu te sens ? « Bien bien » alors qu’elle enfouie son visage dans la chevelure blonde de Lucy, se rattrape à celle qui s’est dessinée comme une amie au fil de ces derniers mois, s’accroche à ce qu’elle lui offre. « Très bien, tout va bien » menteuse terrible et la gorge qui se sert.

vient on s’en va. C’est simple. Comme ça. Juste comme ça. Elle et Lucy, le vélo, la prison qui s’éloigne. Elle glisse les doigts autour de la taille de la blonde, égoïstement, s’accroche à elle plutôt qu’au vélo alors qu’elle s’élance sur la route. Durant le trajet Ruby ferme les yeux, laisse ses pensées s’envoler, s’effacer, son cœur se réparer petit à petit. Elle a l’habitude maintenant, des années que le manège dure, des années que le procès bafouille, que les avocats leur conseille d’abandonner. jamais.
Lucy qui s’arrête dans un parc, Ruby descend du vélo pour s’installer sur un banc, Lucy qu’est là, qui la regarde, avec cette empathie plein les yeux qui fait vriller le cœur de la rousse. Elle a jamais compris comment elle pouvait Lucy, transmettre tout ça avec un regard, alors qu’elle tout ce qu’elle sait faire c’est cracher des flammes. Tu as faim « soif surtout » qu’elle répond machinalement, l’estomac encore trop noué pour avaler quoi que ce soit. si tu as envie d'en parler.... - ou parler d'autre chose. douce Lucy, terrible Lucy. Ca lui jouera des tours un jour. C’est pas bon dans ce monde de porter son cœur aussi visible. Ruby l’a apprit à son dépend y a déjà trop longtemps. « Autre chose s’il te plait, je… Je veux plus y penser » elle secoue la tête, la demie heure passée avec sa mère est déjà bien de trop, les images de cette nuit qui reviennent à la charge, elle frotte ses mains machinalement comme s’il restait encore un peu de sang sous ses ongles, même après tout ce temps.

Il y a l’eau offerte par Lucy, Ruby qui ouvre la bouteille et commence à boire un peu trop vite, manque de s’étouffer, c’est pas comme ça qu’elle réussir à se changer les idées. Mais ça lui fait du bien, elle se rend compte à quel point elle a été crispée toute la journée dans l’attente de cette visite, à quel point tout son corps hurle, soupire, souffre.
Mais ça va un peu mieux. Maintenant qu’elle est posée, qu’il y a Lucy à ses côtés. Maintenant qu’il y a quelqu’un pour l’épauler. en ce moment tu ne viens plus trop à nos réunions. Elle fronce les sourcils, rebouche la bouteille et la rend à sa propriétaire. si tu as quelque chose qui te préoccupes, tu peux en parler tu sais... « Non c’est juste que » elle voit Sal tout le temps, les autres un peu moins, depuis les fins de vacances et maintenant la rentrée, ça débloque un peu. « Vous m’en voulez de pas être venu voir Isaac ce soir là ? » pour son anniversaire alors qu’elle était restée derrière le comptoir de l’auberge, à attendre les éventuels clients, dernières heures d’été envolées au rythme des aiguilles. « Je veux aider Jade autant que je peux, et du coup je préfère aller directement à l’auberge, lui soulager un peu les épaules » même si c’est pas toujours vrai et que Jade préfèrerait surement qu’elle soit dehors à vivre sa vie d’adolescente, Ruby qui se sent terriblement coupable, boule au ventre, peur tenace.

Elle est proche Lucy. Peut être un peu trop, la chaleur de sa joue contre son épaule, malgré le tissus pour faire barrage, sa main dans le dos, les caresses réconfortantes qui font louper un battement au cœur de Ruby. Elle n’a jamais compris. Ne veut pas vraiment comprendre non plus. . pas du tout. -c'est juste qu'on s'inquiète pour toi. Silence elle ne dit rien, regarde l’horizon. je m’inquiète pour toi. nouvel assaut, elle sent ses lèvres s’étirer en un sourire coupable.  « Tu devrais pas, je suis grande tu sais » plus jeune que Lucy et pourtant parfois l’impression d’avoir 10 ans de plus. Les nuits passées avec le rouge sur les doigts qui ont volé plusieurs centaines heures de vie. mais je comprends si tu n'as pas envie d'en parler. -oui, parlons d'autre chose. c’est mieux autre chose, c’est mieux. Oui. Elle préfère comme ça. y a une manif dans deux semaines, tu viens avec moi ? « Tu sais bien que oui » alors qu’elle se retourne pour regarder Lucy dans les yeux ; Jolie princesse avec ses pancartes engagées, Ruby a toujours trouvé ça fascinant, suiveuse silencieuse, elle vient crier pour passer un instant, quelques heures avec elle, partager ce qu’elle ressent.  « C’est pour quoi ? Tu sais ? »  elle fouille dans sa poche, sort son paquet de cigarette.  « Ca te dérange si je fume ? » mauvaise habitude de sale gosse, si maman est plus là pour cloper ça sera à son tour de le faire, puis ça donne un style il parait .

super. -les essaies sur les animaux. surtout au niveau cosmétique et pharmaceutique. Que ça soit les essais sur les animaux ou bien interdire le fromage orange au burger du coin, elle suivra de toute façon. Elle suivra parce que ça la fascine, de voir Lucy avec ses pancartes, Lucy qui proteste, Lucy qui n’est plus la jolie reine du lycée. je mettrais mon plus beau rouge à lèvre. « Ah ! » qu’elle rigole en soupirant. « Le mien est cruelty free » qu’elle réplique, comme pour suivre la provocation le rire qui s’envole alors qu’elle envoie un baiser imaginaire dans l’air. C’est un des trucs qui les rapproche depuis le début, un peu plus qu’Arden, le rouge sur les lèvres et l’eye-liner sur les yeux.
non, t'inquiète. Elle sait que ça ne dérange pas Lucy, mais c’est plus par principe, alors qu’elle coince la cigarette entre ses lèvres, allume une allumette – pour le style – regarde la flamme cramer un instant avant d’inspirer. tu penses à te reposer quand même, hein ? « Hmmhmm » elle hoche la tête, recrache la fumée sur le côté pour ne pas embêter Lucy. « T’en fais pas je suis grande » alors qu’elle donne un coup d’épaule à la blonde, soupire. « Tu la vois comment cette année toi ? » dernière année pour Lucy, avant le grand départ, l’université ou toutes les autres conneries.