▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
“crever” & https://www.youtube.com/watch?v=YkCpRoC9ZO8 Le médecin soupire. Espoir qui s’brise. Ton r’gard qui s’vide. Ça veut dire quoi tout ça ? Ça veut dire que tu vas pas bien bébé. Qu’le corps, il est amoché. Il redémarre pas, il s’plante à chaque fois. Il est en train d’crever, tout seul, perdu dans la masse, en train de s’décomposer, il s’casse la gueule. Et personne voit rien. Le médecin prend une inspiration. Faut l’annoncer la nouvelle. Il ouvre la bouche. Tu secoues la tête. « Ça va pas… », murmure. Il est dépité, son doctorat qui peut rien face à ça, il a beau croiser les doigts, t’as l’cœur qui s’essouffle, l’sang qui pourri, les organes infectés. Tu tournes les yeux vers la vitre où y’a pas la pluie pour pleurer à ta place. Toi, t’as plus la force. T’envisages de mourir. Juste un instant. Un long instant où le médecin se frotte les yeux, lunette posée sur la table, obligé d’s’avouer vaincu et toi tu restes là, à ne rien dire. « Je suis désolé, Ariel… », tu te mords les lèvres, mâchoire serrée. C’est comme annoncé ta mort. Encore. L’cauchemar qui s’arrêtera jamais. Tu te lèves. Tu veux pas rester là. T’veux d’barrer d’là, t’veux mourir loin. « Rien d’tel qu’une bonne strangulation pour s’refaire une p’tite santé », t’ouvres la porte, « Ariel ! », tu marches vite loin d’ici. Tu t’arrêtes pas. Tu t’appelles pas Ariel. Tu t’appelles pas. T’es rien. T’es personne. Oubliez-moi. Laissez moi crever bande de connards. Laissez-moi… Tu sors d’cet hopital pourri, sans un au revoir. T’façon ils viendront pas à ton enterrement eux, y’aura qu’ta mère. Peut-être Isaac. « Isaac ? », téléphone à l’oreille, « viens m’chercher, j’suis à l’hôpital… », c’est supplié. Tu raccroches, t’es pas sûr d’vouloir entendre sa voix. T’es pas sûr d’vouloir entendre qu’est-ce qui va pas ?
Il arrive sur son vélo de toujours, l’visage pas rassuré, il est essoufflé ça se voit, l’a dû griller des feux. Tu dis rien, tu l’regardes pas, tu montes derrière lui, « roule », tu t’accroches à lui, et il roule. Le paysage qui défile. Ton esprit qui brûle. Tes espoirs. Tes rêves. Tout qui part en lambeaux. Tout qui s’effondre. Tu serres Isaac plus fort et il roule plus vite. Tête contre son dos.
Tu pleures. T’as mal. Tu pleures plus fort. T’as l’myocarde qui saigne, qui saigne trop abondamment. C’est l’hémorragie. T’étouffes. Tu crèves.
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Isaac Price
⊹ life can hurt
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Sujet: Re: étouffer (isaac) Mer 24 Oct - 17:05
“larmes de crocodile” & C'est la première fois que son téléphone sonne pour ses beaux yeux. C'est vrai, Ariel a des yeux immenses, magnifique, et des cheveux de plus en plus longs, qu'il glisse derrière ses oreilles, un visage aux os acérés, et à l'air toujours blasé. Quand le téléphone sonne, il voit ce visage pâle, parfaitement inscrit dans son esprit. Il voit les yeux, le nez, les pommettes, et puis les yeux. Et puis la voix qui se casse, la voix qui est pas normale, qui vend du cauchemar. Un cauchemar ... J'suis à l'hôpital (mais pourquoi), viens m'chercher (tout de suite ?), et il raccroche, il laisse les questions d'Isaac s'entasse devant la porte de son palais mental. Il sourit pas, il panique même un peu. Il tétait chez lui, allongé sur le pieu en train de mater une vidéo au lieu de taffer. Il se redresse, enfile ses pompes rapidement. Dans la cuisine, y'a personne, y'a sa mère en mode fantôme, partie se faire tringler à l'autre bout de la ville. Lui il s'en fout, il claque la porte en partant, et il fonce, il fonce, pédale à toute allure, a à peine le temps de mettre ses écouteurs. Il s'en fiche, il a peur du drame, il a peur que sa vie se retourne dans tous les sens, que quelqu'un secoue une boule à neige, que quelqu'un vienne lui foutre en l'air, et recouvrir de flocons blancs, les jours heureux qu'il a devant lui, derrière lui, maintenant. Ariel, il l'espère de toutes ses forces, ira bien. Ariel, il connait les rumeurs sur lui. Le sida, la pute, tout ça, il y croit pas. Ok il est pâle. Ok il est pâle... Ok on peut être malade n'importe quand, on peut avoir le sida sans être une pute, il en sait rien, il s'est sans doute juste pété la cheville. Et quand il arrive devant l'hôpital, il a à peine le temps de s'arrêter. Il est là Ariel, debout sur les marches, et il descend rapidement, monte derrière lui. Glisse un mot, un seul, attache ses mains en mode ceinture sur sa taille. Isaac lui jette un regard, en arrière. Mais il insiste pas, il s'élance.
Il aime ça. Ariel qui lui tient les hanches, ses doigts très fins qui touchent ses côtes, à travers le vêtement. Il aime sentir son souffle dans sa nuque, son odeur, un mélange de plein de choses, un trucs qu'on ne reproduit pas, jamais. Il aime aussi la manière dont il se repose sur lui. Il aime pas ça. L'entendre pleurer, sans un bruit. L'entendre pleurer, sans rien dire, sans même qu'il sache ce qu'il se passe. Isaac réfléchit pas, il avance, il fonce, il pédale dans l'air ... A toute allure, histoire d'avoir des airs de gosse des années 80, qui fuit un monstre. Finalement il ralentit, y'a un feu rouge, il s'arrête. Il se retourne vers lui. Il a des larmes sur le visage. Il demande, doucement : " Qu'est-ce qu'on fuit ?"
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Ariel Walker
apprenti sashimi
▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
“crever” & Y’a le paysage qui défile comme les diaporamas, des images que t’assimilent pas, tout parait moche aujourd’hui, même le soleil qui brille, même les feuilles brunies. Tout qu’est moche. L’arme pointé à l’intérieur, pile droit sur l’cœur, l’sang qui l’infecte sans qu’on est besoin de sniper, putain de virus digne d’apocalypse, premier zombie sur la terre. Et tu peux rien faire. Peut-être que tu passeras pas l’hivers. Y’a tout qui s’casse la gueule. Les rêves, l’genre de conte de fée où t’aurais pu vivre heureux, les espoirs, l’genre qui t’as illusionné, l’genre qui t’as fait pensé qu’tu pourrais vivre comme les autres, un jour, un jour pas si lointain, l’genre qui t’as rendu naïf, à croire qu’un jour tu serais sauvé. Y’a même les barrières qui flanche, tu serres Isaac près de toi, contre l’cœur qui bat mal, qui s’rate, à pulser le venin, qui s’épuise, à s’trahir lui-même, même pas désolé. Tu serres Isaac, à sentir l’odeur masculine, c’que ça aurait pu donné sur tes draps, si t’avais embrassé ton premier amour. Même ça, t’y auras pas eu le droit. Tomber amoureux même si l’église tolère pas, même si à la fin y’aurait pas eu de mariage, pas d’enfants, y’aurait eu qu’la honte d’être viré de chez soi, d’aimer pas comme tout le monde, d’aimer toujours ce qu’il faut pas. Allez. Tu te l’avoues une seconde au moins. Que ça tournait pas rond chez toi. De toute façon tu vas mourir alors qui en a à foutre ? C’est moche. Tout qu’est moche par ici. Là haut, dans ta tête. L’envie d’mourir qui fout un bordel monstre à ta petite prison, les envies, les pulsions, les sentiments libérés qui savent même plus si ça vaut l’coup de lutter encore, si c’est pas mieux de tout enterrer. De toute façon t’es un tueur à gage maintenant. Un dérapage, et t’en tues un. Un laissé passé, un laissé allé, et y’en a un qui dit bonjour à la mort. C’est moche. Que t’es pas eu le temps d’avoir une vie jolie. Que t’es pas eu le temps de t’accepter. Qu’t’es pas eu le temps de voler. D’essayer.
« Qu'est-ce qu'on fuit ? », tu relèves les yeux sur lui, « ma vie. » C’est triste. C’murmure que t’assume pas, tu regardes le feu rouge, ces minutes qui passent pas. Il veut peut-être comprendre Isaac, pourquoi t’étais là bas, à l’hôpital. Tu viens t’essuyer les joues, routes vides de curieux, juste vous, seuls à respecter les feux, l’chemin de fer qui vous suit à côté, qu’écoute silencieusement, qui vous dit bientôt arrivé. Putain. Ariel tu vas mourir. Les larmes qui redoublent, c’est l’invasion, claque dans la gueule. Mains devant le visage pour cacher tout l’massacre, l’virus qui t’rend même pas insensible. Deuil à faire. Parait qu’c’est toujours dur. Parait qu’on s’en remet jamais. Peut-être demain ? « J’veux pas mourir, Isaac… », ça fait mal, ça s’entend même pas, y’a le vent qui fait silence. L’gamin qui pense déjà à la mort, qu’en a déjà le gout en bouche, arraché à l’insouciance trop tôt, l’pauvre, il a pas eu le temps d’gouter à la vie, d’savoir ce que c’est. De vivre. « J’veux pas… », tu secoues la tête, déni de mourir, l’envie d’devenir immortel, juste pour avoir le temps, pour qu’on arrête de te presser de dire au revoir. Tu veux pas le dire. T’ouvres la bouche, tes mots qui ont pas de sens, Isaac qui comprend pas, qui veut peut-être pas comprendre, les rumeurs qui parlent déjà pour toi. Ariel va mourir. Les larmes que t’arrivent même plus à faire partir. L’feu vert. Tu serres à nouveau Isaac contre toi. Trop fort (toujours). L’amour qui déborde (encore). Cet amour qui fait mal, cet amour qu’on a emprisonné, cet amour qu’a pas eu l’temps d’exister. « J’t’expliquerais… » en dernier murmure. Mais qu’il te laisse tranquille quelques minutes encore, qu’il pédale juste, sans poser de question, qu’il te laisse sentir le vent glacer tes joues. Qu’il te laisse. Mais qu’il ne t’abandonne pas.
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Isaac Price
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Sujet: Re: étouffer (isaac) Jeu 1 Nov - 8:52
“larmes de crocodile” & Ma vie. Il avait bien compris ça, Ariel. Pas besoin de le répéter, mais dis-en-plus. Explique, fais moi comprendre, fais nous comprendre. On est tous là pour ça, je te conduis pour ça. Mais Isaac, il voit bien. C'est pas des larmes de crocodiles, qui glissent contre les joues de son ami. C'est beaucoup plus sombre, beaucoup plus triste, ça évoque des choses qu'on préfère gardées secrètes... Isaac comprend, il a un sens de déduction à toute épreuve, surtout quand il s'agit de ses amis. Ses chers amis, son groupe de garçons perdus. Sal, Ruby, Lucy, Arden, Camden, et puis Ariel. Il veillera toujours sur eux, comme des membres de sa famille. Des membres d'une même famille. Il lui jette un coup d'oeil, et il regarde le feu. Ils ont l'air parfaits, à deux sur la bicyclette. Il veut pas mourir. Isaac il comprend, évidemment. Les rumeurs sont exactes, les rumeurs ont toujours un fond de vérité, les rumeurs font et défont les réputations, les réputations se fondent sur des rumeurs. Réputation de salope. Réputation de salope, c'est celle d'Ariel. Et les salopes, ça chope des maladies. Il est pas certain pour la partie je-me-tape-tout-ce-qui-bouge. Pour la partie maladie, désormais, il est sûr. Et entre ces mots, sortir de la bouche d'Ariel, ça lui fend le coeur. Il veut pas que son pote crève. Son meilleur ami, son partenaire in crime. Le feu passe au vert, il lui expliquera. Isaac fonce. Fonce à toute allure, parce que ce faisant, il laisse derrière lui les pleurs, la maladie, les réputations et les rumeurs. Ce faisant, il laisse le feu au rouge et Ariel qui pleure à chaude larmes parce qu'il va mourir. Il fonce, il regarde à peine où il va, il s'épuise, il s'épuise vraiment, jusqu'à arriver à cette carcasse de chemin de fer. Il s'arrête, essoufflé. Il y a déjà fait de l'urb ex, plusieurs fois, fut un temps c'était un simple wagon qui transportait marchandise et autres joyeusetés. Un vieux truc, pas comme eux, eux sont jeunes et plein d'espoir. Il descend, sort une lampe torche de sa veste. Il fait nuit, il est pas tard, mais le soleil descend vite. Il le regarde. Il lui prend la main, sans demander pardon ni permission, et doucement, il l'entraine vers l'intérieur du wagon. Ils pénètrent à l'intérieur. C'est sombre, ça sent le renfermé, la poussière. Il attrape une échelle, posée là par un autre explorateur. Il la déplace, jusqu'à la caler en dessous d'un trou, dans le plafond. Il la monte, rapidement, jusqu'à émerger au dessus de l'iceberg. Il s'assoit. De son sac, il sort une bouteille d'eau, et du rhum, qu'il avait prévu d'ouvrir avec quelque d'autre, dans d'autres circonstances. Il le laisse s'installer. Isaac est sous le choc, Isaac cherche à comprendre, et les explications, il les demande, lentement : " Explique moi."
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Sujet: Re: étouffer (isaac)
étouffer (isaac)
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