Le Deal du moment :
LEGO Icons 10331 – Le martin-pêcheur
Voir le deal
35 €

Partagez
 

 points de suture (sevake)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Seven Popescu

Seven Popescu
il est gay
▹ posts envoyés : 5420
▹ points : 58
▹ pseudo : marion
▹ crédits : miserunt 666 (av+gif)
▹ avatar : sasha trautvein
▹ signe particulier : dents en vrac et sourire pété, yeux cernés, le nez qui saigne trop souvent et les mains toujours déglinguées.
☽ ☾

already broken
+ disponibilité rp: #nolimit oskour
+ contacts:

points de suture (sevake) Empty
MessageSujet: points de suture (sevake)   points de suture (sevake) EmptyLun 8 Oct - 15:03

Déconne pas ce soir.

Les pneus crissent à chaque virage trop serré, le moteur vrombit sous ses accélérations trop violentes. Ses phalanges sont crispées autour du volant, ses yeux ne quittent pas la route pourtant il ne voit rien. C'est plus lui aux commandes – il ne reste que son instinct. Passé en mode pilote automatique.

J'suis sérieuse Sev, fais pas l'con.

La voix de Frankie devient lointaine, paumée trop profondément dans sa boîte crânienne, quelque part derrière le torrent d'émotions qui déferlent en lui. Il n'a rien dit mais elle sait que ça n'va pas. Elle sait chaque fois et pour ça il la déteste ou peut-être que c'est tout l'inverse justement, il sait pas il sait plus il devient incapable de faire la différence. C'est douloureux de haïr ceux sur lesquels on comptait le plus. Y a eu sa mère, Val, Elena, Anca, Jake. Nash. Peut-être que c'est inévitable. Et leurs visages se découpent sous sa rétine les uns après les autres, et il presse la pédale d'accélérateur plus fort. Du goudron à perte de vue, les phares de son adversaire qui lui rappellent qu'ils se talonnent de près.

Il est en colère.
Dans l'fond il sait que c'est même pas pour la course ; il arrive pas à se concentrer, il fait plus attention à ce qu'il fait.

L'aiguille qui penche dangereusement sur la droite des compteurs, il oublie toutes les stratégies, toutes les précautions à prendre. Sa prise sur l'engin se relâche de seconde en seconde. Dérapages de moins en moins bien gérés, il mord le bord de route, zigzague un peu trop. Jusqu'à finir par perdre le contrôle. Sortie de route, volant braqué et freinage brutal – la voiture se retourne. Il entend la tôle le verre et puis plus rien. Un moment de battement, il est plongé dans l'inconscience, la tête qui dodeline dans le vide.

Quand il revient à lui, il étouffe. Ses mains viennent chasser l'airbag mollement et il se met à tousser, yeux plissés, tête prisonnière d'un étau comme sa carcasse est prisonnière du monstre de fer. Il lui faut un moment pour réussir à se détacher, un autre pour accuser le coup quand il s'écrase contre le plafond de sa voiture. Incapable d'ouvrir la portière, il finit par ramper à travers le pare-brise éclaté, échouant sur du gravier. Couché sur le dos, il cherche à reprendre son souffle, prunelles rivées sur le ciel trop noir. D'ici il voit les étoiles – la ville et ses lumières sont loin. Le point de départ aussi, celui d'arrivée encore plus. Il est à mi-chemin et celui qu'il affrontait sur l'asphalte ne s'est pas arrêté.

Lentement, il se redresse tant bien que mal, tente d'évaluer les dégâts. S'il tient debout c'est déjà qu'il a rien de cassé. La douleur est si diffuse qu'il n'arrive plus à identifier d'où ça vient exactement, son squelette entier lui fait mal et y a trop de sang pour qu'il puisse repérer les plaies. De toute façon il est trop désorienté pour vraiment se concentrer sur ça. Il n'arrive plus à dire de quel côté il est arrivé, il trouve pas son portable dans ses poches et il n'a aucune envie de rester là à attendre. Ils se sont éloignés de la ville pour éviter la milice et le foutu couvre-feu, mais y a des bâtiments pas si loin – des immeubles pourris, squats et bâtisses abandonnées, une station essence, le Bloc à quelques kilomètres d'un côté, le motel de Mads de l'autre. Il arrive juste pas à dire lequel est le bon pour se rapprocher de la civilisation. Alors il se décide un peu au hasard et il avance tant bien que mal sous la lueur de la lune, bras refermés autour de sa carcasse, pieds qui râpent le sol difficilement. Sa tête lui paraît si lourde qu'il a presque envie de se recoucher par terre et d'attendre. Pourtant il continue d'avancer, mouvements ralentis, sens anesthésiés. Un bourdonnement à ses oreilles, un voile devant ses yeux – il ne capte plus rien autour de lui.
Revenir en haut Aller en bas
https://thenotebook.forumactif.org/t5742-la-haine-seven https://thenotebook.forumactif.org/t5832-feroces-intimes#147124 https://thenotebook.forumactif.org/t5830-seven-popescu
Invité

Anonymous
Invité
☽ ☾

points de suture (sevake) Empty
MessageSujet: Re: points de suture (sevake)   points de suture (sevake) EmptyLun 15 Oct - 20:56

Il fait nuit noire et dans ton coeur, c'est le brouillard. Les rires des clients éméchés résonnent dans ta carcasse ébréchée. Les couleurs se sont évanouies au fil des minutes aigries, des regards de stupre, des horreurs en sucre, minaudage insupportable, grossièreté de cent ans d'âge. Mais Jake, t'as enchaîné, t'as acquiescé, t'as même souri, rangé les crocs, poli les griffes pour éviter les remarques acerbes de ton supérieur. T'as fait la fausse, la fille en toc, poupée fugati que t'exhibais déjà en cours, devant ta mère, masque de fer, protection amère qu'il a bien fallu épouser pour trouver de quoi manger. Royaume masculin, empire vipérin, t'as envie de vomir, t'as envie de salir, t'as envie de frapper sur les peaux transpirantes, de mordre dans les yeux globuleux, de cracher dans les bouches avides de toi, de tes cocktails, de ta chaleur, de ta moiteur. Mais il faut sourire, Jake, et faire la fille fantôme, faire la fille spectre, imiter l'Autre que tu critiquais pourtant y a quelques semaines de ça, enterrant calmement la chaire de votre amitié, l'essence de vos jeunes années. Ca doit pas être difficile, suffit d'essayer, de pas penser et d'attendre mais toi t'es pas capable, toi tu brûles, toi t'as le rire jaune déguisé sous les lèvres glacées. Ca se reconnait au fond de tes prunelles que t'es pas la plus docile, qu't'es loin d'être la plus belle, que tu jouis de rien, qu't'es une vraie rebelle. Alors, t'as continué à rire aux blagues les plus grasses, d'insulter les poltrons qui passent, de servir un surplus aux habitués, de corser les verres des plus dépravés. T'as fait tes manips en douce, tu t'es improvisée fée des liqueurs, marraine des brisées, reine des sans-coeurs. Y a eu la reconnaissance muette des plus vieilles bêtes ; celles qui te connaissent, celles qui ont vu la gamine sous la peau de tigresse. C'est le combat de tous les soirs, entre celle que tu dois être et celle qui crève tous tes pores, qui s'échappe, qui s'évapore comme la fumée des cigarettes illégales qui souillent les murs de ton donjon d'insalubrité, de ton gagne-paix de merde mais de paix.

Et tu glisses comme un fantôme sur les trottoirs de ta résidence de luxe, de crasse, de fraîcheur nocturne. Tu joues avec la fumée de ta clope, presse le pas, pense à Paz et à son corps entre tes bras. T'entends pas les éclats lointains, les feu d'artifice sonores, les éclats familiers des moteurs, des voitures volées. T'as l'impression que ça appartient à la bande-son de ton ancienne vie, celle où t'allais te perdre dans les bras de tes voyous préférés, celle où tu admirais ton meilleur ami frôler les étoiles et ramasser tout le trésor de son argent sale. T'as l'impression de percevoir la silhouette embryonnaire de ton passé fragmenté, de tes émotions étrangères, de tes folies mensongères, voile carmin brûlé par la lourdeur de tous tes excès. Mais c'est fini tout ça, pas vrai ? Ils sont tous morts et enterrés, les jolis maux des tes hideuses années, les coups de reins, les coups de poings, les échappées belles, les courses poursuites, les injections rédemptrices, les coups de sang meurtriers. T'as les oreilles bourdonnantes, la vision pas claire, l'imagination débordantes de tous les spectres joueurs qui s'amusent de ta lenteur. T'es ailleurs Jake, tu planes ; t'as l'air aussi diaphane que ta soeur régnant sur le ciel d'étain, sur les étoiles éteintes. T'as envie de t'envoler, t'as peut-être un peu trop de fumée dans le nez, tu craches, tu disparais

et il y a un fantôme là-bas, tout près
un fantôme qui plane presque à tes côtés
peut-être qu'il va passer sans faire de bruit
peut-être qu'il va se fondre au coeur de la nuit

« Seven » tu murmures ou tu cries, t'es pas sûre, mais tant bien que mal, t'atterris. La lumière naturelle d'un rayon pathétique dans le croisement mythique de vos deux corps errants t'a arrêté net, comme un coup de poing dans le bide, comme une décharge électrique dans les rétines. Tu sais pas trop comment t'as fait pour reconnaître les traits saillants de son visage déformé par la douleur ; au début, t'as juste voulu éviter cette âme en peine, ce poivrot dégoulinant jusqu'à ce que son râle devienne percutant. Alors, tu t'approches, lentement. Tu singes les manières de celle qui veut pas s'y intéresser mais l'inquiétude involontaire gonfle ton coeur à l'arrêt. T'es même pas certaine qu'il te voie, t'es même pas certaine qu'il puisse te reconnaître ; t'es même pas certaine qu'il le veuille, en fait. « putain, putain, putain » tu murmures, tu réfléchis, t'analyses, tu le maudis. Tu sais que si tu le laisses là, il a pas la moitié de ses chances de se faire aider par un des chiens du quartier. « Seven, c'est moi. » T'as l'air débile, à te poster devant lui, les bras croisés, mais tu sais qu'il peut mal réagir, tu sais qu'il peut se braquer, tu sais qu'il aura pas envie de ton aide de briseuse d'amitié. Tu lui bloques le passage, tu l'empêches d'avancer ; t'as pas envie qu'il s'éclate sur le pavé. « Putain mais quel con » tu murmures quand tu te rends compte qu'il capte rien à tes appels de phare, que lui c'est tout son être qui est plongé dans le brouillard. Tu poses une main sur son visage sanglant, tu te tâches de lui, tu enfreins ton seul commandement. « Seven, tu m'entends ? »
Revenir en haut Aller en bas
Seven Popescu

Seven Popescu
il est gay
▹ posts envoyés : 5420
▹ points : 58
▹ pseudo : marion
▹ crédits : miserunt 666 (av+gif)
▹ avatar : sasha trautvein
▹ signe particulier : dents en vrac et sourire pété, yeux cernés, le nez qui saigne trop souvent et les mains toujours déglinguées.
☽ ☾

already broken
+ disponibilité rp: #nolimit oskour
+ contacts:

points de suture (sevake) Empty
MessageSujet: Re: points de suture (sevake)   points de suture (sevake) EmptyMar 23 Oct - 10:51

Il sait pas combien de temps il marche comme ça, combien de mètres il parcourt malgré la douleur. Le paysage change mais il est trop concentré sur le sol pour s'en rendre compte, les yeux vissés au bitume et une voix dans sa tête qui ordonne tombe pas en continu. Il sait même pas où il va. Cervelle trop secouée par le choc pour qu'il puisse réfléchir, ses neurones pédalent dans le vide, tous focalisés sur les messages de détresse envoyés par son squelette. Il réalise pas qu'il aurait dû simplement rester là-bas, qu'en n'le voyant pas revenir les autres se seraient inquiétés, que Frankie aurait sûrement fait le chemin à l'envers pour le retrouver. Il lui aurait suffi d'attendre. Mais maintenant il est trop loin et tout ce qui les attend c'est une voiture éclatée, vide. Peut-être un peu de sang. Et rien d'autre.

Il a mal. Ça traverse peu à peu le brouillard dans lequel il est plongé, ça s'fait plus clair, plus précis. Il sent l'hémoglobine qui coule de son arcade ouverte, et surtout de son nez – mais ça c'est habituel, quotidien. Ses côtes le lancent, son cou le brûle, mordu trop fort par la ceinture. Des milliers d'aiguilles semblent s'être insinuées sous sa peau, là où des éclats de verre sont venus se loger. La douleur dans son épaule est aiguë, cuisante, sûrement qu'elle s'est disloquée lors de l'impact. Sa main gauche en proie à une sensation lancinante, et à en juger par le pourpre qui tache le bandage, le trou creusé par Meadbh s'est rouvert. Les points maladroits ont sauté.

Ses pieds traînent. Il a de plus en plus de difficulté à avancer, le souffle rauque et la tête prise dans un étau. C'est l'instinct qui le guide et lui gueule de se foutre à l'abri, même s'il ne sait ni où il est, ni dans quelle direction aller. Il avance à l'aveuglette et ses oreilles sont hermétiques au reste du monde – il n'entend pas son prénom résonner, la voix qui l'appelle, les pas qui se rapprochent. Il perçoit simplement une silhouette qui vient boucher son champ de vision déjà restreint, grogne, tente de contourner l'obstacle. Mais on lui bloque le passage et il aimerait repousser l'intrus, mais il veut pas bouger ses bras. Il se borne à fixer le sol, comme s'il avait peur de tomber en se risquant à lever la tête, à quitter l'équilibre précaire qu'il a réussi à instaurer. Mais y a une main qui vient se poser sur son visage et il tressaille, redresse le menton sans réfléchir. Ça s'met à tourner autour de lui et pendant une seconde il pense halluciner. Il voit la gueule de Jake en double et il s'demande pourquoi c'est elle qu'il choisit de superposer à l'inconnu – parce que c'est pas vraiment elle, ça peut pas être elle.

Si elle lui tombait dessus dans cet état, vaudrait mieux qu'elle le pousse dans le caniveau pour le laisser y crever.

Mais même une fois que ses rétines ont fait le point, c'est toujours elle qu'il voit. Et c'est sa voix qu'il reconnaît enfin. « Seven, tu m'entends ? » Il fronce le nez, recule sa tête dans un mouvement revêche pour échapper à son contact. « J'pas sourd p'tain. » Pourtant il n'a rien entendu du reste de ses appels. Il a la gorge tapissée de papier de verre et la voix croassante, la langue trop lourde dans sa bouche, du mal à articuler. La moitié des syllabes se font la malle. « C'sse-toi. » C'est même pas calculé, même pas haineux non plus. C'est juste les automatismes qu'il a mis en place et les réflexes qui se font tous seuls, parce qu'il a collé Jake dans la case ennemis et que toutes ses cellules lui hurlent de s'en éloigner. Il fait un pas de côté, tangue, en fait un autre, tangue plus fort. Trois en avant pour l'abandonner, mais il trébuche et ses genoux lâchent, l'envoyant s'écraser sur le goudron lamentablement. L'impact résonne dans chacun d'ses os et il laisse échapper un gémissement plaintif, face contre terre, avant de rouler de façon à être couché sur le dos. « P'tain fait chier. » Il a même pas la force de se lever tout de suite, prunelles clouées au ciel, son crâne qui semble peser une tonne. Et ça l'énerve parce qu'il n'a pas le contrôle total sur son corps, parce que chaque geste est douloureux et que ses membres refusent de faire ce qu'il leur ordonne. Il soupire. Mais au loin il entend une sirène de police et le réflexe est immédiat : il se redresse en position assise, si vivement que ça secoue tout son organisme et qu'il a une soudaine envie de vomir. Il sait que la milice rôde et que le couvre-feu est dépassé depuis longtemps déjà. Il a pas envie qu'on lui mette la main dessus et il est clairement pas en état de courir si les flics venaient à croiser son chemin. Il essaie d'se lever, retombe, beugle, recommence. Il finit par se remettre sur ses pieds tant bien que mal, mais il reste trop désorienté pour reconnaître où il est exactement, et savoir où aller pour pas se faire pincer. « Merde. » Ses yeux croisent ceux de Jake et l'instinct de survie est plus fort que sa rancœur ce soir, juste ce soir – parce qu'il a le corps éclaté et le cerveau embrumé. « Faut pas qu'on reste là. » On. Pas je. Comme s'ils étaient soudain dans la même barque et c'est à son regard qu'il s'accroche une seconde de trop. Mais il se remet vite en mouvement, une grimace qui tord ses traits, ses pieds qui commencent déjà à avancer. Pas du bon côté. Il fonce droit dans la gueule du loup, dans la direction d'où vient la sirène mais il le capte pas, incapable d'analyser. Toujours aussi embrouillé.
Revenir en haut Aller en bas
https://thenotebook.forumactif.org/t5742-la-haine-seven https://thenotebook.forumactif.org/t5832-feroces-intimes#147124 https://thenotebook.forumactif.org/t5830-seven-popescu
Contenu sponsorisé

☽ ☾

points de suture (sevake) Empty
MessageSujet: Re: points de suture (sevake)   points de suture (sevake) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

points de suture (sevake)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
WE ARE BROKEN :: version dix-neuf-
RETROUVEZ-NOUS SUR
CROCODILE/GAMES