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 we don't need no education (casy)

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Ruby Holmes

Ruby Holmes
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MessageSujet: we don't need no education (casy)   we don't need no education (casy) EmptyMer 27 Juin - 20:49

Holmes ! Au loin, son nom qui résonne, derrière les basses et la voix de Bowie. HOLMES ! visage furieux qui apparait devant elle alors qu’elle tire sur sa cigarette, perchée sur un banc de la cour de récrée. Comme une soudaine envie de soupirer, surement qu’elle le fait, crache sa fumée à la figure de la jeune fille qui la regarde, sourire mesquin collé sur les lèvres alors qu’elle profite de l’incrédulité de l’autre pour se sauver. Pas rapides, qui se transforment en foulées sauvages alors qu’elle jette les vestiges de sa roulée au sol, rentre en trombe dans le bâtiment, This is Major Tom to Ground Control, I'm stepping through the door que lui susurre au creux de l’oreille la voix de Bowie, parallèle amusant alors qu’elle bouscule les gens dans les couloirs, furie aux trousses, du genre à pas lui laisser le temps de respirer si elle l’attrape.
Pourtant elle n’a rien fait Ruby. Elle fait jamais rien. Faut croire que les autres sont trop stupides, à s’énerver pour un rien, pour une remarque qui lui échappe, une vérité un peu trop brute qui plait rarement. Alors elle comprend pas pourquoi ça finit toujours comme ça, combats mesquins dans les couloirs, clés qu’elle glisse entre ses phalanges, frapper pour blesser, comme lui a apprit son père y a déjà trop d’années.  T’ES MORTE HOLMES que lui hurle la fille, majeur levé et Ruby qui se retourne un instant, tirer la langue comme une dernière provocation, éclat de rire qui traverse ses lèvres ourlées de rouge. « Seulement si tu m’attrape pétasse »  ça c’est Jade qui le lui a appris, surement qu’elle serait fière de la voir répondre de cette manière. Surement aussi qu’elle lui foutrait la raclée de sa vie, parce qu’à cause de tout ça elle a pas entendu la sonnerie, qu’il n’y a déjà plus personne dans les couloirs si ce n’est l’agent d’entretien. Ouais. Là c’est sur que Jade lui foutrait la raclée de sa vie. Va en cours Ruby, gâche pas ton cerveau pour des conneries. Alors qu’elle voudrait juste sortir de là, s’allonger dans l’herbe du terrain de foot, fumer sa dernière cigarette, musique à fond dans les oreilles et regarder les nuages défiler.  Va en cours Ruby ! et la voix qui résonne dans son crâne, lui fait baisser ses écouteurs et soupirer, les pieds qui se trainent alors qu’elle cherche déjà une connerie à balancer, excuse bidon inventé de toute part. Pas sa fautes i elle a pas envie d’aller en cours. Pas envie de s’asseoir et de l’écouter raconter des conneries pendant une heure, ton pédant qui lui donne envie de se marrer, ça finit jamais bien, seul travers dans son carnet de scolarité.
« Vous allez pas croire ce qui m’est arrivé monsieur Pryce… »  commence Ruby quand elle ouvre la porte de la salle de classe. Classe vide. Ou presque. Reste un dernier élève qui finit de ranger ses affaires. « Ou pas sinon. » coup d’œil à la montre affichée sur le mur pour comprendre qu’elle a confondu les heures, que ça fait déjà 15 mn que le cours est terminé et non 15 mn qu’il a commencé. Plus en retard que prévu finalement. Sourire crispé sur les lèvres elle adresse un salut du bout de ses deux doigts à Casper avant de se sortir à reculons de la salle. « Au revoir monsieur Pryce bonne soirée » alors qu’elle claque la porte, persuadé que ça pourra bien se passer. Après tout c’est pas le premier cours qu’elle a séché sans faire exprès. Pas sa faute si l’extérieur est bien plus passionnant.
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Casper Pryce

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MessageSujet: Re: we don't need no education (casy)   we don't need no education (casy) EmptySam 14 Juil - 23:59

« Holmes ? » Écho qui bute contre les murs de la salle de classe, il lève à peine le regard pour contempler la vingtaine de têtes juchées derrière leurs pupitres, parfaitement conscient qu’il n’entreverra pas l’ombre d’une tignasse rousse. Elle est comme ça, Ruby, il devrait le savoir, y a pas grand-chose dans sa cervelle quand le vent de la liberté souffle trop près des oreilles, pas de brides pour la retenir, l’empêcher de s’éloigner du bon sentier. Ce n’est pas faute de s’être cassé les ongles à la tâche, pourtant, d’avoir essayé de la tirer vers le haut, de morceler son incertitude et d’écailler ses prises de liberté inconscientes. Il se voit en elle, Casper, le lui d’il y a dix ans qui pensait qu’il pouvait faire n’importe quoi, que le monde lui ouvrirait probablement les bras, le gamin qui se déchirait les muscles à courir dans les rues, s’entaillait la santé à coups de shots d’héroïne et de pilules qui font sourire. Ce qu’il retrouve dans ses traits et dans son insouciance le terrifie comme ça l’obsède, altruiste grimé en professeur désabusé, manquerait la moitié du dessin s’il devait exprimer sa frustration. Il n’y arrive pas, les mots se bloquent, il laisse juste échapper un putain velléitaire. C’est la défaite de la journée, ne pas avoir réussi à trainer Ruby Holmes derrière son bureau, ne pas avoir pu lui coller une feuille sous le nez, n’avoir obtenu d’elle qu’une absence dévorante alors que ses yeux se perdent inlassablement sur sa chaise vide du début à la fin de son cours. Son amour-propre crachote, ça ressemble à un rhume de fierté, alors qu’il déclame du Whitman d’un ton plus absent, moins animé, il n’a pas l’habitude de réciter comme on lit l’annuaire mais y a un bout de son esprit qui vagabonde vers Ruby, se demande si l’herbe est douce sous ses pieds quand elle se prend à faire l’école buissonnière. Ça ne dure pas plus d’une heure, pas plus que le temps du cours, c’est presque s’il sursauterait quand la sonnerie retentit enfin sans qu’elle n’ait fait son apparition. Le grognement éraillé qui s’échappe de ses lèvres est le signal qu’il faut filer, ce que s’empresse de faire l’ensemble de la classe, à l’exception de la rouquine qui apparaît à la porte alors que le dernier élève enfonce ses affaires dans son cartable. Peut-être que c’est la colère qui le fait froncer les sourcils, qui lui glisse au bord des lèvres des mots qu’il pourrait regretter, qu’il n’a pas le temps de prononcer d’ailleurs. Elle prend une nouvelle fois la clef des champs et ça le met hors de lui. Ça ne lui prend pas plus de trois secondes pour ouvrir la porte à sa suite, glisser deux doigts entre ses lèvres pour la héler. « Holmes », il lance presque impératif, l’épaule appuyée contre l’embrasure de la porte. Foutu magnétisme, y a des regards qui glissent sur lui mais pas le seul qui lui importe à cet instant. Elle peut continuer de l’ignorer, il gueulera encore plus fort. Ou il la pourchassera. L’idée de se lancer à sa suite est furieusement tentante, démange jusqu’à la pointe de ses ongles, même s’il sait que ça ne serait pas sage ni raisonnable. Deux adjectifs qui ne l’ont jamais vraiment bien qualifié, au demeurant. « Il y avait une interrogation surprise aujourd’hui. Votre absence vous vaut un F. » Bon, ok, peut-être qu’il a totalement improvisé ce devoir à la seconde où il a vu que la gamine serait absente, histoire de pouvoir lui coller une mauvaise note sans aucun scrupule. C’est ce qu’elle mérite après tout, pour rétribuer l’insolence, il pense. Un sourire irrévérencieux s’étale sur ses lèvres, laisse entrevoir le brin d’égocentrisme qui l’habille souvent. Il a beau se dire qu’il doit cesser de flirter avec ses étudiants, ses convictions se font la malle quand il a devant lui un joli intellect. Il ignore même le dernier élève qui sort, la tête ratatinée dans les épaules. « Au revoir Mademoiselle Holmes, bonne soirée », en réponse ironique à sa tirade d’il y a un instant, il lui adresse un salut similaire à celui dont elle l’avait gratifié avant de rentrer de nouveau dans la salle de classe, s’arrêter presque au seuil. L’oreille tendue pour percevoir une réaction de Ruby.
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Ruby Holmes

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MessageSujet: Re: we don't need no education (casy)   we don't need no education (casy) EmptyLun 16 Juil - 13:35

Partir. Vite. Quitter la scène de crime avant que la police ne l’intercepte. Dans ce cas là c’est Casper. Ou monsieur Pryce. Le prof quoi. Vite. Vite. Raté. Elle pensait compter sur l’effet de surprise, mais quand un sifflement retentit dans son dos, elle comprend que c’est pour elle. Te retournes pas Ruby, te retournes surtout pas. Holmes Trop tard, la voilà qui virevolte sur elle-même, sourcils froncés elle dévisage celui qui l’appelle de l’autre côté du couloir, la façon qu’il a de se tenir – un peu trop nonchalante – qui lui fait sonner une alarme au fond de la caboche. Il y avait une interrogation surprise aujourd’hui. Votre absence vous vaut un F. Bam. La voilà la mauvaise surprise, sourcils qui se froncent un peu plus, elle cherche ses mots un instant, comme un brin d’agacement qui l’envahit quand elle comprend ce qu’il vient de faire. Echec. Mais pas Echec et mat. Au revoir Mademoiselle Holmes, bonne soirée. Alors qu’il se moque d’elle, salut en miroir pour enfoncer la lame un peu plus dans la plaie, c’est vraiment trop désagréable.
« Sérieusement ? » alors qu’elle se retrouve comme une idiote au milieu du couloir, les regards rivés sur elle, chose qu’elle a toujours détesté et qu’elle déteste un peu plus actuellement. Ca a brûle de partout, l’envie de frapper quelque chose à cause de la frustration : surement Casper, lui foutre son poing dans la figure comme son père le lui a appris, ou alors viser entre les jambes, remonter le genoux, coup sournois maitrisé à la perfection par sa mère. Ca lui ferait du bien à Casper, qu’il perde un instant son petit air suffisant qu’il affiche en permanence sur le visage, comme un appel à la provocation.
Ou alors elle pourrait ne pas craquer. Juste une fois ne pas rentrer dans son jeu, ne pas lui renvoyer la balle, le laisser marquer. Elle pourrait tourner les épaules, les talons, rentrer chez elle pour profiter de la soirée, surement que Jade a besoin d’aide avec les maigres clients présents pour le moment. C’est plus correcte, plus honnête, plus sérieux.
« Fait chier »
Alors qu’elle se dirige vers la salle de classe, l’impression qu’elle se fait avoir royalement pour la énième fois. Pas sa faute si elle est si corruptible, suffit d’une perche tendue pour qu’elle l’attrape, qu’elle s’en saisisse, morde à l’hameçon.
« Vous savez très bien que je n’aurais jamais eu F à ce devoir » qu’elle déclare alors qu’elle ouvre la porte sans prendre le temps de frapper. Il sait qu’elle allait revenir, pas besoin de s’annoncer. Bras croisés elle le dévisage, regard rivé dans le sien, menton dressé, elle est fière, putain de fière, le défi de le nier. Surement qu’elle est pas toujours présente en classe mais c’est toujours elle qui a la meilleure note. Ca il peut pas la contredire là-dessus. « Vous avez fait exprès. Et ça c’est vraiment bas. Je vous voyais moins…. Gamin. » le sourire qui s’étale sur ses lèvres alors qu’elle s’adosse nonchalamment contre le mur, envoyant valser la petite voix qu’elle devrait pas recommencer. Non. Non. Au contraire. C’est comme ça que c’est marrant, que ça rend l’école amusante. Moins…Assommante.
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MessageSujet: Re: we don't need no education (casy)   we don't need no education (casy) EmptyMer 15 Aoû - 12:42

Joueur, le temps de se mouvoir quand il entend les pas de Ruby se lancer à sa suite, sûrement pour venir donner de la voix, contester la sentence dont il vient de lui faire part. Les fesses posées quelque part sur un bout de bureau, bras croisés, il fait face à la porte, capte à peine quand elle s’ouvre à la volée. Évidemment qu’elle n’allait pas laisser filer ça, piquée dans son orgueil, bien sûr qu’elle n’allait pas se contenter d’un échange verbal trop imprécis. Ce qu’il ressent balance entre l’adrénaline et le dégoût. Il déteste jouer avec les autres et surtout quand il s’agit d’élèves mineurs, mais avec Ruby, ça lance des poignards dans sa conscience, patauge en plein bluff, entre un t’oserais rien faire avec elle et t’en crèves d’envie, résultat cataclysmique deux cerveaux trop similaires qui jouent au chat et à la souris. Son souffle est perdu quelque part dans sa cage thoracique quand Ruby croise elle aussi les bras, relève le menton pour se sentir plus grande, les mots acides qui se déversent de sa bouche en torrent. Lui arbore un sourire au coin de la bouche, fier de l’avoir coincée, moins fier de ce qu’elle provoque entre ses côtes, pas certain de savoir où cet échange poisseux va les amener. Sûr que ça va se finir mal, parce qu’elle aime trop le danger et qu’il vit aussi pour ça, pour la peur au fond de l’estomac et les jambes en coton. « Ah bon ? » Réponse molle à l’affirmation de la rouquine, comme s’il ne savait pas. Comme s’il n’avait pas pratiqué Ruby depuis suffisamment de temps maintenant pour savoir qu’elle n’aurait pas eu un F, qu’elle aurait sûrement écopé de la meilleure note et qu’il aurait dû, comme toujours, trouver une minuscule anomalie pour ne pas lui mettre un A+. Pour qu’elle ne s’endorme pas sur ses lauriers, continue de s’acharner pour gratter le sommet. Il a une drôle de manière de payer le succès, Casper, de récompenser la réussite, une façon étrange de tordre les possibles pour essayer de provoquer, de donner plus, d’obliger à faire mieux. Une drôle de façon d’apprécier les gens parce qu’il l’aime bien, Ruby, parce qu’elle réveille des sourires dans ses joues et qu’elle lui rappelle l’adolescent qu’il était, parce qu’il aurait rêvé d’avoir une amie comme elle à l’époque mais qu’il n’avait rien, pas de Nova, pas d’univers, juste un trou béant à la place du cœur et des nuits de poudre blanche à s’enfoncer dans la déraison.
Alors il l’écoute dérouler les syllabes, pense qu’il aurait sûrement aimé avoir un peu plus sa gouaille au lycée mais qu’en même temps, il avait cinq ans de moins, paumé dans un monde trop vaste, dans des responsabilités qui le dépassaient, le cœur pas assez bien amarré pour supporter les affres de la puberté. « Peut-être bien que je grandirai le jour où vous arrêterez de me manquer de respect, mademoiselle. » Haussement d’épaules, il penche un peu la tête sur le côté. Il se racle la gorge, se relève pour aller s’asseoir derrière son bureau, le stylo qui recommence à gratter doucement le papier, y inscrire ses magnifiques cursives en rouge écarlate. Il ignore Ruby et sait que ça doit la faire bouillir, la rendre folle de rage, lui donner envie de tout casser dans la classe. Peut-être que c’est ce qu’il cherche. Qu’elle pète tout, se laisse aller à un déchaînement de colère qu’elle aura tôt fait de regretter, une fois qu’il l’aura gratifiée d’une heure de colle en récompense. « Les questions portaient sur Antigone, je suis sûr que vous auriez fait du très bon travail. » Histoire d’enfoncer le clou. Il relève les yeux, le gris de ses pupilles qui se paume dans le céruléen de celles de Ruby. Le sourire qui revient, taquin, bohème, prêt à déchirer des rêves. « Vous pouvez disposer, Ruby. » Et le prénom qui sonne en écho dans la salle de classe, la chasse comme une vermine malgré le miel de sa voix.
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MessageSujet: Re: we don't need no education (casy)   we don't need no education (casy) EmptySam 8 Sep - 13:41

coup de poing, de force, qu’il admette qu’elle n’est pas qu’une vulgaire sécheuse, qu’il y a bien plus, que sans elle surement qu’il se ferait un peu trop chier à expliquer les lettres classiques à une classe à moitié endormie de lycéens coincés dans un état végétatif. Mais elle ne dit rien Ruby. Rien du tout. Du moins pas à cette remarque. Elle continue sur sa lancée, provocation sur provocation, plaquer un sourire suffisant sur son visage de lutin, les yeux rivés dans ceux du prof pour lui montrer que ça ne l’atteint pas. Menteuse. Ca bouillonne au fond d’elle.
Peut-être bien que je grandirai le jour où vous arrêterez de me manquer de respect, mademoiselle. Y a comme un long soupire qui lui échappe, elle lève les yeux au ciel. Manquer de respect. Clairement ça vient des deux côtés, mais comme toujours l’adulte remporte la palme d’or, et l’élève doit s’écraser. Ca lui donne toujours envie de râler, de continuer à jouer aux insolentes, quitte à se faire renvoyer, trainer des pieds jusqu’à chez elle et voir dans le regard de Jade ptêtre un peu de déception, de quoi faire mal au cœur, mal au ventre, de quoi donner envie de chialer le soir, sous la couette. Mais c’est son problème à Ruby, de vivre toujours trop dans l’instant, griller les étapes sans penser aux conséquences, tout faire bruler, bruler avec. Regretter ensuite. Et là elle sait très bien qu’elle est à deux doigts de franchir la ligne quand il retourne à son bureau, qu’il recommence à écrire, qu’il l’ignore avec le plus grand calme du monde. Elle serre les dents la gamine, elle serre les poings aussi. Ne pas hurler. Surtout ne pas hurler.
Les questions portaient sur Antigone, je suis sûr que vous auriez fait du très bon travail. Bien sur. Bien sur qu’elle aurait fait un très bon travail. Vous pouvez disposer, Ruby. Salaud, salaud, salaud. La façon dont il la dévisage, dont il lui demande de partir, comme si de rien n’était, comme si elle n’était rien. Y a toute ses barrières qui volent parce que c’est trop facile, parce que c’est une Holmes et qu’ils sont tous terriblement volcanique, cadeau du paternel apparemment, alors qu’elle se redresse et donne un coup de pieds dans l’estrade. Colérique. « Arrêtez de vous foutre de ma gueule » elle se rapproche, claque les mains un peu trop fort sur son bureau, comme pour le forcer à lever les yeux, à la regarder. « Casper. » Prénom qu’elle souligne avec moquerie. C’est de l’irrespect flagrant, et surement qu’un autre professeur l’aurait déjà mise à la porte en la renvoyant pour une semaine ou deux. Mais Casper est Casper, et elle voit très bien les règles du jeu qui se dessinent déjà depuis le début de l’année scolaire. « Bien sur que j’aurais fait du très bon travail. J’aurais eu la meilleure note. J’aurais eu un A+ que vous aurez dévalorisé devant tout le reste de la classe avec votre petit sourire en coin de débile » elle tremble un peu, gamine, perd les pédales parce qu’elle ne sait pas. Elle prétend trop souvent, jouer les filles matures, la grande de la bande, quand en réalité c’est Isaac qui finit par la ramasser quand elle s’écroule. « Testez moi. Ce que vous voulez. Je remonte ma note. » y a comme une lueur de défi dans le regard, de laisser la partie s’arrêter là, sur une victoire trop mesquine, mauvaise, pas vraiment loyale. « Vous savez très bien que je pourrais perdre ma bourse avec une note pareille » parce qu’elle rêve grand Ruby, quitter Savannah pour s’envoler vers New York, Columbia, ou Harvard, grandes universités où elle pourra enfin s’épanouir, quitter cette ville qui l’étouffe un peu plus, flamme dans un bocal qui a déjà dévoré tout l’oxygène disponible. Mais l’université avec un compte en banque pareil n’est pas envisageable, pas besoin de Jade pour lui mentir en disant qu’elle trouverait un moyen de payer tout. Elle a déjà fait le calcul Ruby. A moins de braquer une banque, elle n’y arrivera pas. « Allez monsieur Pryce. N’importe quoi. J’vous défie de refuser » le sourire qui regagne de nouveau son visage parsemé de tâches de rousseur, ça lui donne un air d’elfe, fée prête à jouer un sale tour, pour s’amuser.
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MessageSujet: Re: we don't need no education (casy)   we don't need no education (casy) EmptyVen 28 Sep - 23:34

Les doigts dans le feu. C’est plaisant de se cramer les empreintes discrètement pour pouvoir commettre le prochain méfait à visage masqué, plaisant de compter à rebours les secondes qu’il leur reste avant d’exploser en confettis de couleurs, brisés par leur propre orgueil. Grisant une fois encore de se faire percuter par la gouaille de son élève et de laisser les balles ricocher sur son cuir, tout aussi agréable que dévastateur, ça dresse ses poils sur son épiderme parce qu’elle le perce jusqu’entre les côtes là où il terre froidement sa sensibilité lorsqu’il endosse l’habit de prof. Un moment il la regarde, l’écoute d’une oreille. Les yeux qui font des allers-retours entre ses yeux et sa bouche qui s’agite un peu trop, le bout des doigts cramponné au bord de sa feuille comme à une falaise sans vraiment le montrer, sans vraiment le laisser entrevoir, la fierté qui lui permet encore et toujours de camoufler ses travers les plus indécents. Il aimerait. Faire comme avec d’autres, se lever, contourner le bureau et la plaquer contre un mur, l’embrasser et se gaver du parfum d’air frais qui flotte quelque part dans ses cheveux, il aimerait, ne pas avoir cette pudeur innocente avec Ruby, comme si elle était la seule à lui donner l’impression d’être lui aussi un adolescent en manque d’attention, le sourire insolent jeté à toutes les fenêtres pour espérer qu’on lui pardonne ses impostures. Il aimerait. Mais il a vingt-cinq ans, et elle en a seize. Il est professeur et elle est son élève. Pas deux amis, pas deux amants, même pas deux égaux. La discipline et le respect qui reviennent comme une massue pour faire plier sa nuque, l’obliger à scruter de nouveau les copies qu’il corrige comme s’il allait y trouver le prochain Stephen King, les lèvres fêlées à force de les mordre et un goût de rouille dans la bouche. Y a qu’elle depuis Eoin. Y a qu’elle pour être aussi intelligente, aussi majestueuse, aussi foncièrement indépendante et terriblement cabotine, y a qu’elle pour lui tenir tête et lui faire la nique, le menton bien devant. Qu’elle pour se vautrer et que lui pour relever, s’en servir, que lui pour être effroyablement sévère et injuste quand il s’agit de Ruby Holmes et de l’avenir qu’elle prend tellement de soin à jeter aux ronces.
Lorsqu’elle a enfin fini de parler, il lève de nouveau les yeux, soupire en se penchant en arrière pour s’appuyer contre le dossier de la chaise. « Ruby », il commence, les yeux qui dévient vers les quelques copies qu’il a déjà corrigées, que des torchons à peine bons à donner à étudier en classe de maternelle. Le palpitant se paume dans ses écarts, essaie de ne pas céder à la délicate tentation de lui désigner un pupitre pour qu’elle puisse jeter son encre sur une copie et relever le niveau d’une classe entière d’incapables. « J’aurais adoré vous laisser une chance. » Il ne sait pas, pas vraiment, s’il raconte la vérité ou s’il embobine encore. S’il essaie de convaincre ses mains qui tremblent un peu qu’il prend la bonne décision en la rabrouant de la sorte. Faut dire, il a envie de sortir d’ici, se jeter un petit rail derrière les narines. Tout mais pas rester dans la même pièce que la gamine qui le fait tourner en bourrique. Une seconde de battement, le bout d’un ongle qui tape contre le bois. « Mais j’ai arrêté de vous écouter à la seconde où vous avez prononcé mon prénom avec cet air condescendant dont vous avez le secret. » Oui, c’est un connard. Elle aussi, pour ce que ça vaut. Elle a peut-être mérité la punition. Sûrement. « Et même si je vous défiais de me faire changer d’avis, vous n’y arriveriez pas. » Sa voix est douce, souffle des embruns sucrés dans l’air. Discrètement, son regard est attiré par les mains qu’elle a laissé trainer sur son bureau. Un soupir de plus et il s’est levé, a contourné l’ébène de l’estrade pour venir attraper doucement ses poignets, détacher ses phalanges de la table. Distrait, imprudent, il laisse trainer la pulpe de ses doigts du côté de son avant-bras, le regard qui se fait dur lorsqu’il l’affronte enfin en face à face. « Rentrez chez vous, Ruby. » Ordre ou requête. Peut-être ni l’un, ni l’autre.
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