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| Go play outside, they said (Casha) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Go play outside, they said (Casha) Jeu 31 Mai - 22:46 | |
| Il faisait ça avec Gwayne. La salle d’arcade jusqu’à pas d’heure, sortis en douce dans le dos d’leurs mamans célibataires qui les pensaient blottis bien au chaud dans leur lit. C’est pour ça qu’il n’a pas pu résister, en passant devant la porte après ses courses, souvenirs trop vivaces d’une enfance pas si misérable. Comme s’il pouvait en récupérer quelques bribes, grappiller quelques instants heureux au milieu de jeux offerts en pâture aux nostalgiques. Ça n’a pas réellement marché, il s’est retrouvé enveloppé dans la même mélancolie, à jouer pour oublier, jusqu’à ce qu’on lui dise que ça fermait. Il n’a pas vu l’heure tourner, se rappelle que Gwayne faisait toujours attention, lui, pour qu’ils puissent prendre le dernier bus jusqu’à Tybee Island et rentrer sans que personne ne soit au courant de leurs virées nocturnes. Il avait oublié, se retrouve planté là, le dernier employé qui le salue d’un hochement de tête en verrouillant le bâtiment et il n’ose même pas lui parler, lui demander s’il ne peut pas le ramener, par hasard, parce qu’il n’a pas de voiture – il n’a même pas de permis, en vérité –, et qu’il est au moins à cinquante minutes à pied de chez lui. Le temps qu’il se dise que ce serait une bonne idée, l’employé a déjà disparu au coin de la rue et il n’a pas le courage ni l’envie de se lancer à sa poursuite. Il décide donc d’invoquer Google Map sur son téléphone, observe longuement le dédale de rues indiqué sur l’écran et les quarante-cinq minutes qu’il lui faut parcourir. Il jauge le niveau de sa batterie, puis les alentours d’un œil pas très rassuré. La salle d’arcade se situe au beau milieu d’un quartier peu éclairé et bordé de terrains vagues, bourré de ruelles sombres dignes des plus grands films d’épouvante et étrangement silencieux. Silence interrompu de temps à autre par des aboiements sinistres ou le passage d’une bagnole au ralenti. C’est abattu qu’il se laisse tomber sur le trottoir, ses sacs de course de part et d'autre de lui, les pieds dans le caniveau et la mine déconfite. Il regarde un long moment les étoiles et se dit que ce serait tellement bien s’il pouvait appeler sa mère pour qu’elle vienne le chercher, comme il le faisait plus jeune, avant de s’enfermer définitivement dans sa chambre. Il devrait appeler quelqu’un. Mais il a l’impression de ne plus savoir comment parler, ne se souvient plus du timbre de sa voix, perdue quelque part au fond de lui. Il soupire. Peut-être qu’il peut se contenter d’un texto. Il ne sait pas trop. Qui pourrait-il déranger en plein milieu de la nuit pour ça ? Il ne connaît pas tellement de gens. Il pense un instant à Nicola puis se ravise, elle l’épuise et il doute sincèrement qu’on lui ait accordé le droit de conduire. Il y a bien son coach, mais il va sûrement l’engueuler parce qu’il n’est pas en train de s’entraîner à Counter-Strike. Il se sent las rien que d’y songer, le manuel de toutes les techniques inventées par TheDUDE qui n’a toujours pas bougé de la table de la cuisine. Isha se demande bien pourquoi il a accepté de participer à ce tournoi, ça l’ennuie déjà, et il n’aime pas vraiment ce jeu. Surtout quand on lui explique que sa manière de jouer n’est pas terrible et qu’il doit travailler pour progresser. Lui, il veut seulement jouer, pas travailler. Quant aux autres membres de sa team, il n’éprouve aucune envie particulière à l’idée de leur demander de l’aide. Il s’entend plus ou moins avec certains d’entre eux par écrit, mais face à face, c’est toujours un peu bizarre, les mots sont maladroits et il peine à articuler. En faisant défiler sa maigre liste de contacts, il y a un nom qui lui semble moins austère que les autres, qui le rassure par sa seule présence dans son répertoire et c’est peut-être pour ça qu’il tapote aussi facilement sur le clavier. Ce n’est qu’après avoir appuyé sur l’icône envoyer qu’il se met à angoisser de l’avoir réveillé. Il préfèrerait passer la nuit sur son bout de trottoir, tant pis. Mais c’est trop tard pour regretter. Il cueille une pâquerette qui poussait paisiblement dans une fissure sur la chaussée, la fait tourner entre ses doigts. Il espère que ça suffira. |
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Voulez-vous coucher avec moi ? ▹ posts envoyés : 707 ▹ points : 29 ▹ pseudo : unserious/agnès ▹ crédits : avatar/aes : moi / signa : debout sur le zinc, gif tumblr / images WHI ▹ avatar : Taron Egerton ▹ signe particulier : un tatouage représentant une molécule d'endorphine qui fait le tour de son avant-bras gauche, la clope au bec, toujours un bouquin de Shakespeare pas très loin. les mains qui tremblent depuis le sevrage forcé, pâle comme un linge, austère et froid.
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| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Ven 1 Juin - 0:11 | |
| Boum. La tête de lit tape en boucle contre le mur, victime indirecte des coups de reins qu’il dispense à sa cible du soir. Les gémissements s’envolent en voyelles qui semblent appeler son prénom de façon incertaine ou du moins le diminutif, il n’a pas l’habitude de dévoiler toutes les syllabes le premier soir, trop de risques d’écorcher la dernière miette de mystère qui subsiste en lui. Caz elle appelle, ça se meut dans ses veines, dessine du bleu sur ses avant-bras alors que les coups du bois contre le plâtre deviennent tremblement de terre. La tête enfouie dans sa nuque en nage, Casper s’enivre du mélange de tabac, d’alcool et de son parfum fleuri, essaie de distinguer les fragrances. Grosse tête jusque dans un pieu, à deux doigts de jouir. Rose, lilas. Quelque chose du genre. Il n’a pas été élevé à la campagne mais il sait l’odeur que peuvent avoir certains pétales et il reconnaît souvent, sans craindre de se tromper, l’arbre dont l’effluve est tirée. Il y a un bip qui vient troubler ses réminiscences forestières et il se crispe à peine, le bassin qui ralentit la cadence et les yeux qui se tournent brièvement vers l’écran, juste le temps de voir apparaître le prénom d’Isha. Instant de flottement, il ne se sent pas très bien, à deux doigts d’aller vomir l’alcool qui fermente en trop fortes doses dans son estomac. Isha ne le contacterait pas s’il n’avait pas une bonne raison parce que ça ne lui ressemble pas, de demander de l’aide, de demander son aide, de se retrouver acculé au point de n’avoir plus que cette solution-là. « Caz », et le ton de sa partenaire a pris une forme interrogative, les phalanges crispées sur ses omoplates, il s’aperçoit que ça fait bien dix secondes qu’il n’a pas bougé. Putain qui sort à peine d’entre ses lèvres, sifflement mauvais, il aimait mieux quand elle ne disait rien et se contentait de pâles onomatopées lâchées au détour d’un presque-orgasme. Tant qu’il n’y a qu’un message, ça va, c’est ce qu’il se dit alors qu’il lui assène une étreinte un peu plus forte que les précédentes pour la faire taire, et une dizaine d’autres successives, le cœur en balance et les yeux qui naviguent entre le téléphone et la tête de lit. Tant qu’il n’y a qu’un message. Il ne peut plus prétexter ça lorsqu’une autre sonnerie résonne, puis une troisième, c’est bien son jour de chance putain, les yeux qui se ferment pour presser une dernière fois son bassin contre celui de la jolie blonde qui devient poupée de chiffon dans ses bras. Elle a à peine le temps de reprendre son souffle qu’il se redresse, ramasse ses fringues et son téléphone, part vers la salle de bain. Nerveux, il ignore ce qu’il va trouver en déverrouillant, ce qu’Isha aura bien pu faire de si terrible en son absence et l’obscure raison pour laquelle il le sollicite à une heure aussi tardive. Ça ne tarde pas. Le couperet, la punition, les lettres qui s’étalent sur l’écran et le besoin impérieux de le rejoindre même s’il n’a pas mentionné être dans une difficulté particulière. Être dehors est suffisamment audacieux comme ça, quand on connaît l’animal. « Je dois y aller », il lâche à sa conquête d’un soir au moment de se barrer. Ça ne sert à rien de lui dire qu’il ne la rappellera pas parce qu’il n’a pas joui, parce qu’elle est insipide, parce qu’il a autre chose à faire de ses soirées. Sauver des gosses, par exemple. Coup de chance qu’il ait pris sa voiture. C’est pas que l’endroit évoqué par Isha soit vraiment loin de sa position, c’est surtout qu’il ne compte pas le ramener jusqu’à Tybee à pieds. Il préfère coller le bout des orteils sur l’accélérateur, jouer la fille de l’air dans les rues de Savannah à vitesse turbo, voir les néons défiler un peu trop vite pour distinguer les enseignes. Il ne tarde pas à arriver à l’endroit du rendez-vous, aussi impromptu puisse-t-il être, les pneus qui crissent alors qu’il gare son tacot à cheval sur le trottoir. Isha. Y a pas mille endroits où il puisse être et il le trouve un peu trop rapidement, le nez dans les nuages. C’est pas son prénom qu’il interpelle alors qu’il reprend bruyamment son souffle, les yeux qui furètent tout autour d’eux pour essayer de repérer le moindre adolescent un peu déviant qui pourrait tenter de s’en prendre à eux. « J’ai fait aussi vite que j’ai pu », qu’il dit, ce n’est pas vrai en réalité. Il a fait aussi vite dès sa partie de jambes en l’air terminée, c’est tout ce qu’il y a à savoir. Et connaissant Isha, il n’est pas sûr qu’il souhaite avoir l’inventaire des détails. Ses yeux l’observent un moment, comme pour tenter de lui créer une vraie identité au creux de son cerveau. Il a tellement l’habitude de le voir par le biais d’une webcam qu’il en oublie parfois qu’il est réel. « On ne devrait pas rester là. » Simple, calme et concis, il sort un pétard de sa poche pour le planter au coin de ses lèvres. Il l’a piqué à sa conquête, ça fera une petite rétribution pour le pied qu’elle a pris.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Dim 17 Juin - 18:13 | |
| Angoisse nocturne, sous la lune, les yeux qui passent d’étoile en étoile en tentant de se souvenir des noms des constellations que son grand-père lui avait appris. Il ne s’en souvient plus assez, les mélange et n’arrive pas à se concentrer. Parce que son cœur bat à mille à l’heure, qu’il a un peu froid et qu’il est terrifié. Il évite de regarder son téléphone, même si ça n’empêche pas la panique de s’installer. Il ne l’a pas senti vibrer. Peut-être qu’il dort, peut-être qu’il ne viendra pas. Peut-être que c’est mieux comme ça. Parce qu’en vérité, la perspective de passer la nuit sur ce trottoir l’angoisse moins que de rencontrer son professeur IN. REAL. LIFE. Il n’a pas réfléchi, en envoyant ses textos, ou à peine, s’est contenté du soulagement qu’il a toujours ressenti en lisant ce nom, un être rassurant auquel il pouvait se raccrocher en cas de pépin. Sauf que c’était à travers une webcam, sauf qu’il était dans le cocon familier de sa chambre à chaque fois qu’il l’avait vu, que Casper ne pouvait pas réellement plonger ses yeux dans les siens, ni le toucher, ni le voir rougir comme un idiot à cause de la qualité merdique des images vidéo de Skype. Rien à voir avec une rencontre en face à face. Ça lui rappelle quand il s’est retrouvé nez à nez avec ses coéquipiers, probablement le pire jour de sa vie, il avait fui après deux minutes les six personnes qui le fixaient d’un air sceptique. Il n’a pas envie de le voir en vrai. Il n’a pas envie que Casper devienne un de ces humanoïdes qu’il croise chaque jour dans la rue, qui le mettent mal à l’aise par leur seule présence, les questions existentielles qu’ils posent, comme au McDo, ketchup ou mayonnaise ? Il n’a jamais su quoi répondre à ça, c’est pas inscrit dans son manuel de survie. Il ne parvient jamais à retenir les règles, elles lui échappent et il ne les comprend pas, et ça l’angoisse encore plus de savoir qu’il sera sûrement grossier, d’une manière ou d’une autre, avec son professeur particulier. Simplement parce qu’il ne sait pas ce qu’il faut faire. Mais peut-être que monsieur Pryce ne viendra pas, et qu’il sera sauvé.
Ou pas. C’est le crissement des pneus qui lui fait presque perdre la pâquerette des doigts, sans qu’il redresse la tête, le cœur battant. Il pense à quelqu’un de mal intentionné avançant vers lui, un narcotrafiquant, par exemple, et se dit qu’il ne saura pas se défendre, alors autant obtempérer. Si ça lui semble tout à fait vraisemblable, ça lui paraît moins logique que le narcotrafiquant connaisse son prénom et ça lui fait relever le nez, dérouté et les joues rougies. « Monsieur Pryce », il lance avec un peu trop d’enthousiasme tout en se remettant debout, incapable de trouver quelque chose de plus intelligent à dire, ses prunelles qui suivent celles de l’enseignant tandis qu’il jette un coup d’œil aux alentours. Isha ne sait pas ce qu’il cherche et ça le rend anxieux. Ça le rend anxieux aussi de voir qu’il le dépasse presque d’une tête. Il se l’était imaginé plus grand, moins abrupte dans ses gestes, plus respectueux du code de la route. En tout cas pas du genre à garer sa voiture à moitié sur le trottoir. Pas du genre à fumer, non plus. Ça fait beaucoup de fausses idées à enterrer et de vérités à avaler. « Vous êtes petit… Euh. Gentil. Je veux dire gentil. Tenez, c’est pour vous. » Et il tend la pâquerette comme s’il lui offrait un vrai bouquet de fleurs, empreint d’une solennité toute enfantine.
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| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Mar 19 Juin - 19:58 | |
| Quasiment aucun bruit, rien qui ne puisse les interrompre dans leur échange presque alien, les yeux qui dévient vers la silhouette d’Isha lorsqu’il se lève enfin pour le dominer de quelques centimètres. S’il doit être honnête, il avouera que lui non plus ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi grand, la webcam ne rendant clairement pas justice à son gigantisme. Monsieur ça lui tire un sourire, comme à chaque fois qu’un de ses élèves ose la dénomination un peu trop pompeuse pour quelqu’un d’aussi irrévérencieux et peu porté sur les convenances. Il tire un peu trop fort sur son joint, souffle doucement la fumée alors qu’il s’adosse à un mur juste à côté du gamin, ça ne le dérangerait certainement pas de se faire appeler comme ça plus souvent si ça voulait dire qu’ils se fréquentent. Enfin, c’est ce que dirait son Ça s’il prenait le pas sur le Moi et le Surmoi pour venir y glisser des inflexions bestiales. Ce n’est pas ce que pourrait dire le prof de littérature propre sur lui, ou autant que son image lui permet. Ça se voit sur sa tête qu’il n’est pas un modèle à suivre, dommage que la connexion d’Isha soit trop mauvaise pour qu’il ait pu le déceler derrière les pixels. « Monsieur Pryce, c’est mon daron », le dentiste qui a vu plusieurs générations d’enfants se succéder dans son cabinet pour venir se faire lustrer les molaires. Trop cérémonieux pour lui, ça ne lui ressemble pas. Et même s’il aime que sa classe l’appelle de cette façon, il se prend à penser parfois qu’Isha est quelque chose d’autrement plus puissant, d’infiniment plus complexe et humain, et que leur relation toute particulière se sentirait sûrement insultée d’être comparée à celle qu’il entretient avec les autres. Petit, l’adjectif file de ses lèvres et cette fois, Casper rit à gorge déployée, les yeux soudain plantés au ciel pour incendier les étoiles d’avoir mis sur sa route un gamin comme lui. Il rit à s’en éclater le ventre, à faire couler de fines larmes le long de ses joues, il rit à en teinter la peau de ses joues d’un rose malvenu, à lever un index vers Isha comme pour l’intimer de se taire et de lui laisser reprendre son souffle. C’est avec le même rictus au bord des lèvres qu’il attrape la fleur, fait mine de la sentir, lui adresse son plus beau sourire en glissant la pâquerette derrière son oreille d’un geste habile. « Merci », il finit par souffler discrètement, touché malgré tout par l’attention même si c’est enfantin, naïf, stupide, même s’il est le dernier mec sur terre qui mérite qu’on lui offre une fleur, à préférer un plan-cul à un gosse paumé. S’il avait pu, il serait resté au lit avec sa partenaire du soir, n’aurait jamais pris la voiture avec autant d’alcool et de stupéfiants dans le sang, s’il avait pu, c’est prétendre qu’il serait en mesure de lutter contre les lois de la physique, deux corps ponctuels de masses respectives MA et MB s'attirent avec des forces de mêmes valeurs proportionnelles aux produits des deux masses, et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare. Un truc du genre, non ? à faire lever les cils des élèves les plus récalcitrants. Il se demande si Isha serait sur la liste, s’il ferait partie de ceux qui se passent des mots pendant qu’il fait le cours ou s’il serait au premier rang, à écouter son plaidoyer comme s’il lisait la messe, les yeux aussi grands que des soucoupes, comme maintenant. « Oui, désolé, j’aurais aimé être plus grand mais la nature en a décidé autrement. Y en a à qui ça plait. » L’ajout se ponctue d’un clin d’œil alors qu’il s’éloigne, joint au coin des lèvres, sans manquer d’adresser un petit signe de la main à Isha. Y en a, c’est sous-estimer ses pouvoirs de séduction. Peut-être qu’il la joue modeste parce qu’Isha reste un élève et qu’il n’a pas besoin de le séduire. Pas besoin. Envie, mais pas besoin. Ça ne devrait pas, pourtant, il a encore la sensation des lèvres d’Eoin contre sa main et l’envie de se carapater chez lui dès que le ciel tourne à l’orage, même s’il visite souvent d’autres appartements, d’autres lits, d’autres opportunités. Le cœur trop grand et les lèvres trop brûlantes, prêtes à marquer n’importe quelle peau. « Allez, viens », il lance en arrière à la dérobée alors qu’il ouvre sa portière et s’installe derrière le volant. Viens, l’ordre pulse au creux de son poignet. Viens, c’est bizarre, c’est étrange, mais ça glisse des envies dans le creux de ses oreilles.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Ven 29 Juin - 17:53 | |
| Isha est troublé. C’est un peu comme rencontrer son idole en vrai et réaliser qu’elle ne correspond pas tout à fait à ce qu’on avait imaginé, au détour d’articles grandiloquents et de photoshoots aseptisés. De vidéoconférences, dans son cas. Clairement, il a collé l’étiquette professeur sur monsieur Pryce avec tous les clichés que cela implique, sans l’avoir jamais vu une seule fois en face de lui, encore moins face à une classe d’adolescents en plein délire hormonal. C’est sûr qu’il faut avoir du caractère pour tenir des jeunes, surtout quand on est jeune soi-même. Mais il n’a jamais cru que Casper Pryce serait une sorte de Great Teacher Onizuka, l’intelligence en bonus. Le nez plissé, il cherche à reconnaître l’odeur familière qui s’échappe de sa cigarette, se retient de demander franchement. Ça sent bizarre, et il y a quelques mois, il n’aurait pas su dire ce que c’était. C’était avant qu’il rencontre son équipe de Counter Strike, adeptes de weed, pour la plupart. Il n’aurait jamais pensé que quelqu’un comme Casper pouvait aimer se griller les neurones, mais il suppose qu’il en a bien assez pour que les gaspiller soit sans danger. Ce qui le perturbe davantage, c’est peut-être sa manière de s’exprimer qui n’a plus rien de celle qu’il utilisait durant leurs entrevues Skype. Du moins, il ne s’en souvient pas, cela fait plus de deux ans qu’il n’a pas eu cours avec lui maintenant. Pourtant, il pourrait jurer qu’il ne l’a jamais entendu prononcer le mot daron et ça lui fait un effet étrange, comme s’il manquait soudain la frontière invisible de l’autorité entre lui et Casper. Ses yeux s’agrandissent et il demeure bouche bée alors que son ancien professeur éclate de rire. Isha fait de son mieux pour regarder ailleurs, rougissant sans raison et visiblement mal à l’aise, sa pâquerette lui revient à l’esprit telle une porte de sortie divine pour sauvegarder son peu de courage. C’est à l’instant précis où il croit qu’il ne pas être plus confus que ce qu’il l’est actuellement que Casper lui lance un clin d’œil à faire fondre plus d’un cœur de jeune fille en fleur. Et si Isha ne s’est jamais considéré comme une jeune fille en fleur, il ne peut malgré tout nier qu’il a l’impression que des papillons-zombies sont en train de lui bouffer l’estomac. Impossible de répondre quoi que ce soit tandis que Pryce se glisse au volant de sa voiture, ni de bouger, planté sur le trottoir, inquiet rien qu’à l’idée de s’installer dans le siège passager. Il se rappelle que sa mère dans son manuel stipule qu’il ne faut pas monter en voiture avec quelqu’un qui a bu ou s’est drogué. Ce serait incroyablement stupide et probablement risqué de le faire, mais. Elle n’est pas là et il ne veut pas rester tout seul dans le noir au milieu d’un quartier qu’il connaît à peine, alors il ouvre la portière et s’assied, même si c’est incroyablement stupide et assurément risqué. C’est peut-être pour ça qu’il attache sa ceinture d’un geste précipité. Il soupire bruyamment, jette un œil anxieux par la fenêtre. « Pourquoi vous fumez ? Vous n’êtes pas heureux ? » Il a eu cette discussion avec ses coéquipiers. Ils ont ri. SHa0 lui a dit que ça servait à rendre heureux. Il se mordille la lèvre inférieure, songeur, reprend : « Tout ce qui est petit est mignon. C’est ça que je voulais dire. » |
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| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Sam 4 Aoû - 22:32 | |
| Il y a quelque chose de touchant dans la manière qu’a Isha de se mouvoir dans l’espace, d’ouvrir ses narines à l’air, de regarder autour de lui comme un enfant apeuré au milieu d’une foule trop grande et même s’il n’y a personne autour d’eux. Il y a un petit truc étrange qu’il insuffle dans l’air à mesure qu’il respire, qu’il parle, qu’il vibre avec un semblant de peur et d’excitation, comme s’il regrettait de l’avoir appelé, comme s’il réalisait soudainement que Casper n’est définitivement pas la meilleure réponse à ses prières. S’il était quelqu’un de bien, peut-être jetterait-il son joint par la fenêtre, laisserait sa voiture sur le trottoir pour raccompagner Isha à pieds à l’autre bout de la ville ou du monde, parce qu’il a trop d’affection au creux du cœur pour le gamin, ça l’aide à se tenir droit sur ses pattes les lendemains de fête, se dire qu’il est sûrement utile pour quelqu’un, qu’il est peut-être né pour ça et pas pour la glorieuse carrière que ses parents rêvaient de le voir suivre, médecin ou architecte ou avocat, un titre plus qu’une ambition, une histoire de prestige où il n’est certainement pas question de passion. Aimer son travail ne signifie pourtant pas que Casper est un homme bien, non. L’altruisme n’est pas son point fort, l’élégance non plus. Lorsqu’Isha lui demande s’il est malheureux, il vient de mettre la clef dans le contact, se retient tout juste de démarrer. Son pétard pendouille bêtement au coin de ses lèvres et il a un vague moment de flottement, d’entre-deux, où il observe silencieusement le macadam sans vraiment savoir quoi répondre. « Tu poses beaucoup de questions, d’un coup », il murmure, comme s’il n’avait pas entendu le compliment susurré à voix basse dans l’intimité de l’habitacle, ses doigts qui pincent le joint alors qu’il aspire une bouffée, l’éloignent prudemment de sa bouche. Il sait qu’Isha ne le fait pas exprès, qu’il est pur, pur, pur, qu’il ne pourrait pas penser une seule seconde que ses mots résonnent un peu trop fort, un peu trop mal, qu’il n’a certainement pas toutes les réponses et que les questions qu’il lui pose, il se les pose en miroir, régulièrement, quand il est seul dans son lit, quand ses élèves ont le dos courbé sur une interro, qu’il essaie de trouver de quoi occuper ses doigts, son esprit, les yeux humides et la tête embrumée. « Est-ce que tu me dragues ? » Vaine tentative de changer de sujet, ça lui laisse les joues roses et il porte de nouveau le joint à ses lèvres pour s’empêcher de parler encore, céder à la délicate tentation d’embarrasser Isha. Ce serait facile, pourtant. Tellement facile. Le flatter, prétendre succomber, ce n’est pas comme s’il ne savait pas le faire, comme s’il n’était pas expert en la matière, bien trop rompu à l’exercice, aux années de désillusions, d’amours arbitraires et éphémères. Tellement facile. Comme le dos de l’index qu’il écrase avec tendresse sur la joue de son passager, le corps tourné vers lui, l’autre bras replié sur le volant, négligemment. Ça fait bizarre de le toucher. Ça le rend plus réel. « Tu as peut-être raison. Peut-être que je ne suis pas heureux. Peut-être que je recherche en permanence ce qui pourra me procurer un frisson. » La peau est douce sous ses phalanges. Ses yeux scrutent leurs jumeaux sans vraiment savoir ce qu’ils cherchent. Une vérité, un mensonge. L’envie de savoir si Isha pense ce qu’il dit ou s’il provoque. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Lun 13 Aoû - 17:53 | |
| Il est mal à l’aise. Comme il l’est avec tout le monde, les êtres humains ont une fâcheuse tendance à être imprévisibles, et il déteste ça. Mais il pensait, sûrement le plus naïvement du monde, que ce ne serait pas le cas avec Casper. Il lui a toujours fait confiance, derrière son écran, il ne l’a jamais trouvé bizarre, n’a jamais songé qu’il pouvait dire ou faire des choses inappropriées. Il était même plus à l’aise avec lui qu’avec ses pseudo-amis virtuels avec qui il ne s’entretenait que par écrit, alors que son professeur avait droit à la conversation vidéo. Ça lui file un coup au moral, et un sale pincement au cœur, de voir qu’il l’a peut-être idéalisé. Qu’il l’a peut-être même imaginé, comblant les vides pour le rendre parfait dans son esprit esseulé, autant qu’un personnage badass de jeux vidéo – très certainement un androïde dépourvu d’émotions et de toutes faiblesses typiquement humaines. Il sait qu’il est injuste, et c’est pourquoi il fait un effort, en entrant dans la voiture, ne pouvant pourtant pas s’empêcher de penser qu’il fait une grossière erreur, les yeux qui s’attardent vaguement sur le joint pendouillant négligemment de sa bouche tandis qu’il regarde ailleurs, la route, sans pour autant démarrer. Il tressaille, Isha, quand Casper reprend la parole, pour lui reprocher – il lui semble – de poser toutes ces questions intimes. Il devrait le savoir, depuis le temps, que ça ne se fait pas de demander aux gens s’ils sont heureux. Il y en a trop peu pour qui c’est vrai, et ça met mal à l’aise ceux qui ne le sont pas. Tout comme lui est mal à l’aise à cet instant. Il se tourne vers la portière, cale le côté de son crâne contre la vitre. Il aimerait déjà être chez lui, sortir de cette bagnole, se réfugier dans sa chambre, son espace sécurisé, son abri anti-terrien.
Encore plus à la question suivante. Il pique un fard, joues brûlantes et cœur battant, se redressant maladroitement sur son siège, comme s’il trouvait sa position soudain très inconfortable, en se raclant la gorge, à tenter de se faire tousser pour dissimuler son malaise. Ce qui n’a jamais été une technique très probante de dissimuler son malaise, somme toute, mais comment pourrait-il le savoir ? « Quoi ? », bredouille-t-il, de la surprise et un brin de dégoût dans la voix, « Non. Vous êtes mon prof », achève-t-il, en espérant avoir l’air catégorique. Ses prunelles dévient sur Casper, bien obligées par le doigt qui est venu se poser sur sa joue, et il s’inquiète de savoir s’il peut sentir la chaleur quasi radioactive qui émane de son visage à cet instant précis. Un petit idiot, insolent et sur la défensive, avec ses remarques insouciantes, il ne s’imaginait pas une seconde qu’il serait si troublé. Parce qu’il se souvient très bien qu’à quinze ans, abandonné par son meilleur ami et démuni devant la vie réelle, il avait cru être amoureux de Casper Pryce. Pour ce qu’il sait de l’amour, il avait très bien pu être réellement amoureux de Casper Pryce. Pourtant, en face de lui, si proches l’un de l’autre, son index sur sa peau, la barrière élève-professeur lui semble tout simplement infranchissable, et l’idée même de la franchir lui paraît révoltante, voire carrément répugnante. Peut-être à cause de ce tout premier porno, le seul qu’il avait vu, qui mettait en scène une relation de ce type et qui avait fini de le convaincre qu’il n’éprouverait jamais de désirs sexuels et que la chose le dégoûtait autant qu’elle le fascinait. « Je pensais que la littérature vous procurait des frissons. C’est pour ça que vous êtes prof, non ? » Une pincée de candeur, une autre d’ingénuité, et une poignée pleine d’un manque de tact sidérant. « Vous pourriez retirer votre doigt ? Je n’aime pas que l’on me touche. » Et il y a une espèce d’autorité dans son ton et dans son regard, prêt à s’échapper et à passer la nuit planté sur le trottoir si on refoule ses requêtes.
Dernière édition par Isha Ernst le Jeu 20 Sep - 0:00, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Jeu 30 Aoû - 22:34 | |
| A l’instant où il le touche, il sait qu’il a franchi un pas de trop, qu’il a passé la fine barrière entre l’austère et l’intime, entre l’intimidant et le déroutant, et à mesure qu’il observe Isha se tendre sur le siège passager, il réfléchit au cheminement fécond qui l’a amené à faire le geste symbolique de toucher sa peau, de percer sa bulle, d’ignorer les maigres tentatives d’évitement de son ancien élève pour finalement n’en faire qu’à sa tête. Il voudrait se détester pour cela mais il s’appelle Casper Pryce et ça ne lui arrive jamais, de se haïr, de se remettre en question, ça ne lui arrive jamais de poser des points d’interrogation sur ce qu’il a pu faire ou dire pour ébranler ses principes, les questionner au moins, rectifier le tir s’il remarque qu’il a un comportement inapproprié. Ça ne lui arrive jamais de se haïr ou bien ça lui arrive trop souvent, tellement qu’il en a perdu le compte, a cesser de délier ses doigts comme un enfant qui apprendrait les chiffres pour la première fois. Il se déteste bien suffisamment pour s’éliminer à petit feu, à coup de doses inoffensives devenues létales en troupeau. La littérature lui procure des frissons mais tellement, oh tellement moins qu’une aiguille dans l’avant-bras, si tu savais Isha. S’il n’y avait que les belles lettres qui lui procuraient du plaisir ce serait facile, tellement facile, tellement plaisant aussi, de pouvoir avancer dans la vie sans se demander de quoi demain sera fait, un puits sans fond, une absence, un pas devant l’autre pour garder l’équilibre. Ce serait si simple, tellement plus simple de ne pas jouer au funambule, de ne pas faire d’arabesque au bord d’une falaise, tellement plus simple de se laisser promener par des pieds moins tordus, des appuis stables, une base qui n’aurait pas été tronquée dès le départ comme on scie un tronc vermoulu. La littérature ça le transporte, oui, mais moins que le souffle du vide, moins que l’attrait du vertige, moins que la sensation de sa drogue qui glisse dans son corps, ça, ça lui fait un bien fou, ça le réveille, ça le bouscule, ça lui donne la sensation d’être vivant alors que ça le tue, alors qu’il le sait. Si tu savais, Isha, à quel point il n’est pas prêt d’arrêter. Il donnerait tout pour un spliff, une dose d’adrénaline, les tempes qui chauffe et le cerveau qui mouline lentement, les picotements dans les extrémités et la tête un peu trop lourde, il vendrait ses parents pour quelques secondes de doux abrutissement, les yeux plantés dans la lune à attendre que sa passe, sa vie pour la finir derrière un rail de cocaïne. Et pour autant il lâche le visage de l’adolescent, ouvre la vitre pour balancer le joint incandescent. « Détends-toi, babe, j’arrête », il murmure un peu trop doucement, un peu trop gentiment, les yeux qui se posent de nouveau sur la route et la clef qui tourne dans le contact jusqu’à ce qu’ils entendent vrombir le moteur. La requête semble bête parce que Casper a les yeux perdus sur le bitume, parce qu’il roule un peu trop lentement, un peu trop sagement, respecte tous les panneaux de signalisation et pousse à un moment-donné le bouton de l’autoradio pour mettre un vieux rap des années 90 à un volume décent, raisonnable, loin de faire exploser les basses de la stéréo de son tacot. « Tu n’as jamais eu de copain ou de copine, donc ? » La question est personnelle, il l’admet, mais n’a pas pour but de le déranger, tout juste de le troubler. Il se demande, simplement, s’il est possible qu’Isha ait déjà eu quelqu’un dans sa vie en ne supportant pas qu’on pose un doigt sur lui, et même si l’éventualité ne parait pas si inenvisageable parce qu’il est plutôt joli garçon et qu’il semble poli et courtois, l’idée de l’imaginer avec quelqu’un semble pour le moins incongrue. Du coin de l’œil, Casper guette une réaction, un bruissement, un grognement, grille un signal de priorité sans y avoir vraiment prêté attention. « C’est que tu n’aimes pas ça ou juste que tu n’as jamais essayé ? » Curieux, encore trop. Il le sait mais ne s’en cache pas, ne cherche pas à dissimuler ses mots, à les remplacer par d’autres plus philosophes, pédagogues. Prêt à délier le mystère Isha.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) Ven 21 Sep - 16:18 | |
| Une vague de soulagement le parcourt des pieds à la tête au moment où Pryce retire enfin son index de sa peau. Il est à peu près sûr qu’il a laissé une trace rosée sur sa joue, et qu’il rougit comme jamais. Quand son ancien professeur lui intime de se détendre, il fait tout le contraire, se calant de nouveau dans le fond de son siège, bien droit et le corps figé, même s’il le voit jeter négligemment son joint par la fenêtre. Un risque en moins, c’est déjà ça. Il n’a pas manqué de remarquer qu’il vient juste de l’appeler babe, ça lui semble étrange, incongru, inapproprié, pas du tout agréable. Peut-être qu’il a un problème, parce qu’il sait que beaucoup de gens aiment être rebaptisés avec des petits noms affectueux, mais lui, il n’aime pas ça, surtout venant de Casper Pryce. C’est complètement déplacé. Isha, lui, veut juste rentrer chez lui, être seul, avec personne pour l’appeler babe ou se permettre de le toucher comme s’il avait le droit. Il n’a pas le droit, pas quand lui ne veut pas qu’on l’approche de trop près, il le sait très bien. Il aurait pu se mettre à pleurer, crier à l’aide, faire un scandale, mais Casper est le seul qui puisse le secourir, là maintenant, et il a trop peur de rentrer à pied sans un héros à ses côtés. Même si ce n’est pas le héros qu’il attendait, il suppose qu’il doit rester poli, se taire et patienter le temps qu’ils arrivent chez lui. De toute façon, c’est trop tard pour sauter de la voiture vu que Casper vient de démarrer le moteur. Isha décide de rester silencieux, en espérant que son prof ne va pas tenter d’entamer la conversation. Pendant quelques minutes, tout va bien. Il est même surpris de voir qu’il suit les panneaux à la lettre, roulant à la vitesse réglementaire alors qu’il n’y a personne d’autre sur la route à cette heure de la nuit. Il le soupçonne d’essayer de lui montrer qu’il n’a pas à s’inquiéter, qu’il est en sécurité avec lui, même s’il fumait du weed y’a pas si longtemps. Ça lui donne envie de lui dire qu’il n’est pas aussi stupide et qu’il sait très bien quand il doit faire confiance à quelqu’un ou non. Pourtant, ce n’est pas tellement vrai. Il a toujours été si naïf, comment pourrait-il savoir que quelqu’un lui veut du mal ? Il n’a pas de point de comparaison, et jusqu’à présent, il pensait que les adultes étaient toujours parfaitement dignes de confiance. Maintenant qu’il sait que ce n’est pas le cas, il est simplement, totalement, perdu. C’est pour cela qu’il préfère les jeux vidéo. Au moins, lorsqu’un truc horrible arrive, ça reste confiné dans l’écran, aucun impact sur la réalité, les méchants sont uniquement une invention pour divertir des joueurs. La vie, elle, est bien plus compliquée que ce qu’il avait prévu, tout devient toujours plus difficile, complexe, il sait qu’il est incapable de tout savoir, tout connaître, comme on peut apprendre les commandes d’un jeu par cœur, à chaque fois qu’il comprend qu’il doit remplir des papiers, payer des factures, respecter des règles pour ne pas finir en prison ou couvert d’amendes, faire en sorte d’avoir un rythme de vie décent parce que son coach et ses équipiers comptent sur lui. Il déteste ça.
Casper allume la radio et Isha pense bêtement qu’il veut combler le silence avec de la musique des nineties. Il lui est reconnaissant, pour ça, mais à peine quelques secondes, parce qu’il déchante bien vite. Apparemment, c’était pour avoir un fond sonore à ses questions embarrassantes. Isha se remet instantanément à rougir, les yeux fixés sur le bitume illuminé par les phares, lèvres pincées. Copain, copine, ça ne lui a jamais paru franchement utile. L’amour n’a jamais suscité son intérêt, à part les histoires impossibles dans ses jeux, bien que parfois elles l’ennuient tout autant. Et puis, pourquoi devrait-il en parler à lui ? Ça le regarde pas. Ses sourcils se froncent tandis que Casper grille une priorité, sa bouche s’ouvre et se referme. C’est trop tard, et personne ne leur est rentré dedans. Dommage, ça lui aurait évité de devoir répondre. Il se gratte l’arête du nez, à la fois songeur et mal à l’aise, penche la tête sur le côté. « Inutile. » Copain, copine, ça lui arrache une grimace boudeuse, voire dédaigneuse. Pour quoi faire ? « Et si j’avais quelqu’un, je ne vois pas pourquoi ils me toucheraient alors que je ne veux pas. » Il soupire en reposant son crâne contre la vitre. Il a définitivement l’air d’espérer pouvoir se fondre avec la portière jusqu’à disparaître. « Je ne comprends pas l’intérêt. Parfois, je trouve ça répugnant. Jamais excitant. Essayer n’est même pas une éventualité. » Ce n’est pas à l’ordre du jour, en tout cas, faudrait déjà que quelqu’un le supporte, et qu’il ait envie qu’on le supporte. Il se souvient de Gwayne. Gwayne était un tactile, toujours une main sur son épaule, dans ses cheveux ou dans la sienne, la serrant doucement pour lui donner le courage d’affronter l’univers une journée de plus. Isha le tolérait. Parce que c’était Gwayne. Parce que c’était avant les cinq ans passés enfermé à double tour dans sa chambre. Il ne veut pas être touché par quelqu’un d’autre. |
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| Sujet: Re: Go play outside, they said (Casha) | |
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| | | | Go play outside, they said (Casha) | |
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