Quand tu ouvres les yeux, tu ne sais même pas comment tu t'appelles. T'es dans le noir presque complet, seulement brisé par le fin rayon de soleil filtrant entre tes volets. La fenêtre est ouverte, laissant entrer un peu d'air frais, éloignant la brume enveloppant ta cerveille. Ah oui, c'est bon, tu sais où t'es. Par contre, quelle heure est-il ? Tôt, à en juger par ton état de fatigue. Très tôt même, quand tu t'aveugles à moitié avec l'écran de ton smartphone. Et le pire, c'est que t'es pas seul dans ton lit. Un corps endormi, une jeune femme rencontrée la veille dans un bar de la ville. Tu  lui as naturellement proposé de venir chez toi boire un dernier verre, et vous avez couché ensemble. Deux fois. Tu te souviens qu'en revenant de la douche, elle dormait déjà. T'as pas envie de la réveiller, t'as pas envie de lui causer. Tu sais même pas son nom, ça te revient pas pour le moment. Alors en te levant, tu enfiles un caleçon propre, et tu sors de ta chambre. T'as besoin d'un grand café. Noir, sans sucre, histoire de t'arracher la gueule et de bien te réveiller. Sauf que t'entends du bruit dans la cuisine. Merde, Emilia ? Tu sais qu'elle ne va pas te juger sur la meuf dans ton lit, au contraire. Alors tu n'hésites pas à avancer dans la cuisine, vêtu seulement d'un sous-vêtement. « 'morning. » Tu allumes la machine à café, glissant une énorme tasse dessous. Tu choisis le plus fort, corsé, caféiné. Et tu appuies sur le bouton, déclenchant le bienvenu bourdonnement. « Déjà debout ? » C'est juste pour faire genre, parce que tu sais qu'Emilia aime se lever tôt, profiter de son temps, surtout le matin. T'aimes pas qu'elle fume dans l'appartement, mais t'es pas en position de l'emmerder, pas ce matin. T'as pas envie non plus, t'es de bonne humeur. « Pas un mot sur cette veste. » Tu esquisses un sourire en coin, haussant les épaules comme un gamin grillé par ses parents en train de faire une connerie.