⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 101 ▹ points : 7 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : miserunt (av), sign/ vocivus (icons) ▹ avatar : indyamarie jean
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| Sujet: loin d'ici (ltf) Mer 15 Aoû - 17:08 | |
| (version positive) Serena,
Je ne t’ai jamais dit au revoir, je crois que je n’ai jamais accepté ta disparition. J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir attendu vingt ans pour le faire … il fallait que je mûrisse et que je surmonte mes fêlures avant tout. Les médecins disent que je suis toujours malade, et bien évidemment irresponsable de ne prendre aucun traitement. C’est la même rengaine, alors j’ai arrêté de les voir. Je le serais toujours, ça ne se guérit pas cette merde … on sait toutes les deux que je n’ai jamais eu besoin de cachetons. Il me fallait autre chose, de l’amour – beaucoup d’amour. Aujourd’hui, je vais bien. Je ne dirais pas que j’ai arrêté mes sales habitudes de jeunesse mais après plusieurs cures de désintoxication, j’ai réussi à trouver un juste milieu. Assez pour continuer à respirer, bien peu pour ne pas me flinguer le cerveau. Ma dernière crise doit remonter à une dizaine d’années … tu serais fière de moi, je pense. J’espère. Je n’ai jamais cessé de vivre de ma passion. J’ai continué de voyager aussi, pour la musique ou pour moi-même. J’ai laissé une pensée pour toi dans chaque pays que j’ai traversé. Je suis retournée vivre quelques temps à Rio, mais aussi à Kingston au décès de mon père. J’avais besoin de renouer avec mes origines, avec moi-même. Faire une pause loin du milieu avant qu’il ne m’avale complètement … en réalité, je n’ai jamais repris. Je compose encore mais ma carrière est terminée – ma belle et longue carrière. Je ne regrette rien. Je continue d’écrire, aussi. J’ai même surmonté mes peurs, aujourd’hui les textes de certains artistes sont les miens, parfois même je leur partage ma voix. Je n’ai manqué de rien, je n’oublierais jamais ces années qui m’ont tant apportée. Les échecs et les failles font partie de mon histoire, je m’en suis sortie. Je n’ai aucun prénom doux à te présenter malgré tous ceux pour lesquels j’ai flanché. J’ai compris que le seul amour qui pouvait combler mon cœur était le mien. Je vis seule mais je suis bien entourée, ne t’inquiète pas. Je veille sur ma mère, je pense qu’elle cherche à battre le record du monde de vieillesse. J’ai mes amis pour veiller sur moi, même s’il en reste peu de l’époque, les plus importants sont là. Et j’ai surtout mon fils, Jahden. Je te vois sourire, j’aurais tant aimé que tu puisses avoir la chance de le rencontrer. Je n’ai jamais vraiment su qui était son père, mais il n’a pas souffert de cette absence et ne me l’a jamais reproché. C’est un garçon merveilleux, très compréhensif et ouvert sur le monde. Il a hérité de la fibre musicale de la famille, il a même eu la chance d’intégrer le conservatoire de New York (avec un parcours bien moins rocambolesque que le mien …) ; mais il a décidé de tout arrêter quand il atteindra sa majorité pour poursuivre sa vie dans l’humanitaire. Je ne remercierais jamais assez le ciel de m’avoir donné un tel enfant. Nous voyageons beaucoup, tous les deux. Il a même eu la chance de rencontrer Betty avant qu’elle ne soit plus là !
J’ai vécu mes années lumières, plus qu’il ne m’en fallait.
Serena, je te pardonne. Je regrette de ne pas avoir eu la force de le faire plus tôt. Tu ne m’en voudras pas, de devoir garder ma place au chaud encore quelques années ? J’espère avoir le temps d’assister au mariage de mon fils, et pourquoi pas de devenir grand-mère.
Ça aura été une sacrée aventure.
Je t’embrasse du Brésil,
Noa |
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| Sujet: Re: loin d'ici (ltf) Ven 24 Aoû - 15:50 | |
| (version négative) Elle ressent la chaleur du soleil sur son visage malgré la façade qui la protège des rayons. Elle est certaine qu’elle en apprécierait le contact, si elle le pouvait. Le ciel est d’un bleu profond, seulement tâché avec parcimonie par la cime des arbres. Cet endroit a quelque chose d’apaisant qui lui avait manqué, et plus encore ce pays en lui-même. Retrouver ses racines a été une bonne idée, c’est peut-être mieux ainsi. Elle se laisse divaguer avant de tomber sur une femme assise dans l’herbe. Elle a quelques fleurs dans ses cheveux mais elle est surtout absorbée par les feuilles qu’elle tient entre ses mains ou qui sont étalées devant elle. Elle devine sans peine que ce sont des partitions, certainement sa dernière création. En plissant les yeux, elle distingue mieux la silhouette familière et tout son visage s’éclaire sous l’émotion – elle lui avait tant manqué, ça lui fait un bien incommensurable de la revoir après tout ce temps perdu. Elle a l’impression qu’elles n’auront jamais assez d’années pour rattraper celles où elles se sont oubliées, mais également le sentiment contradictoire qu’elles ont désormais plus de temps qu’il n’en faut. Son amie doit ressentir la pression de son regard car elle relève le sien également et lorsque leurs prunelles s’entrechoquent, le monde se suspens à leurs pieds. Leur histoire ne s’est finalement jamais achevée, elle n’aurait jamais dû en douter. « Bonjour, Noa. » Les syllabes se détachent distinctement dans l’espace et la clarté du paysage s’estompe, son regard rencontre les fissures d’un plafond gris mais la douce esquisse sur ses lèvres persiste. Elle se redresse pour s’asseoir au bord du matelas et le sommier métallique proteste de ce mouvement dans un grincement. Elle reste là pour laisser la femme s’approcher, ses cheveux sont dans un désordre monstrueux et quelques mèches lui retombent devant les yeux. « Il fait beau aujourd’hui, j’aimerais bien aller dehors. » La femme ne sourit pas, elle arbore cette même concentration qu’elle lui connait tant chaque jour. Cette même consternation dans le pli de ses lèvres, le même dégoût au fond de son regard. « C’est l’heure de prendre ton traitement. » Elle obtempère quand elle lui tend les médicaments et le verre d’eau, avalant les pilules silencieusement avant d’ouvrir sa bouche et de lui montrer sa langue. La femme hoche la tête et se détourne déjà d’elle, Noa la suit du regard pendant qu’elle quitte la pièce. « À demain. » Elle a le temps d’apercevoir l’ombre massive d’un homme dans l’embrasure avant que la porte ne se referme, pour la plonger à nouveau dans le silence. Elle soupire de dépit et se laisse tomber en arrière sur le matelas usé, une main s’égarant dans les nœuds de ses cheveux. Elle ne sait plus depuis combien de temps elle est là, elle ne sait plus pourquoi. Son cerveau a occulté ce qu’elle a fait, lui faisant oublier. Comme tous les traumatismes qui l’ont précédé, comme toutes les personnes qu’elle a blessées. Elle a été condamnée mais en raison de sa pathologie, elle a été placée au fond d’un hôpital pour les individus comme elle. Mise à l’isolement, à perpétuité. Quand elle tourne la tête, elle retrouve le visage de son amie qui se détache devant le ciel sans nuage. Elle a rassemblé ses feuilles qu’elle tient dans une main pour ravaler la distance, un large sourire illumine son visage tandis qu’elle s’arrête devant la fenêtre. Elle lui tend la main. « Tu viens, Noa ? » Il n’y a pas de fenêtre. C’est seulement dans sa tête. Le monstre a gagné, c’est ce qu’il lui assure dans ses murmures. Un sourire. « J’arrive Alisha. » |
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