Tu déambules agilement entre les tables, le plateau en parfait équilibre. « Et voilà vos cocktails. » Tu distribues avec le sourire les mojitos, long island et autres boissons à la famille de cinq touristes anglais, n'hésitant pas à laisser ton regard quelques secondes supplémentaires sur la jeune femme. Tu te retournes au moment où le rouge s'emparent de ses joues pâles, satisfait de ton petit numéro. Sauf qu'en fait, t'as juste envie de te barrer. Tu sens une pointe de douleur dans le bas de ton dos, là où est venu s'encastrer le genou d'un type que t'as affronté trois jours plus tôt. Rien de bien grave. Tu avais presque oublié ça, sauf que passer la journée debout à courir dans tous les sens au coco sunset grill, c'est pas l'idéal pour se reposer. Alors quand tu jettes un coup d'oeil à ta montre et que tu vois qu'il te reste quinze minutes à trimer avant de terminer ta journée, tu soupires de soulagement. Il sera neuf heures du soir. Tu retournes derrière le bar et vide d'un trait un grand verre d'eau. Tu crèves de chaud. Tu penses même aller faire un tour du côté des criques pas trop loin du coco sunset, histoire de piquer une tête pour te rafraîchir avant de rentrer. Et là, alors que tu scrutes la salle pour voir si un quelconque client se manifeste, ton coeur saute un battement en reconnaissant quelqu'un. Pas n'importe qui. Elle. Nur. Tu ne sais même plus depuis combien de temps elle a disparu. Six mois ? Un truc dans le genre. Ton coeur accélère, tu peux le sentir cogner dans ta poitrine. T'as envie de courir jusqu'à elle, de lui demander pourquoi. Vous étiez intimes. Sans ambiguïté, mais quand même, elle compte pour toi. Et voilà qu'elle réapparaît, après autant de temps. Tu prends une grande respiration, et tu vas vers elle. Au passage tu ignores une cliente, une vieille riche qui vient tous les jours. Elle n'a qu'à attendre encore un peu. « Nur ? » T'es pas très serein, ça s'entend dans ta voix. D'habitude tu fais le mec sûr de lui, encore plus avec les femmes, sauf que là, c'est inhabituel pour toi, de te retrouver comme ça face à quelqu'un avec qui t'avais des liens et qui a tout à coup disparu. « T'es de retour. » Tu ne lui reproches rien. Après tout, elle ne te doit pas d'explications. Tu constates, et malgré toi, un sourire s'étire lentement sur tes lèvres. T'es content de la revoir. Vraiment.

L’appel pour un carambolage à la sortie de la ville, le décollage en hélico pour se rendre sur place, la voiture pliée et la gamine coincée à l’intérieur, la taule à escalader et l’adrénaline qui suit. penser vite, penser juste. Les mains qui suivent en une nano seconde. C’est de mieux en mieux. Putain j’ai eu la chance d’accompagner mon titulaire sur le terrain aujourd’hui et j’ai envie de le crier au monde entier, de le partager avec Artie et Georges, de me vanter bordel de merde. Et pourtant, ce qu’on a fait là, on le fait tous les jours entre les quatre murs de l’hôpital. On voit des choses plus sombres et terribles qui s’dispersent dans notre sang comme les racines d’une plante vénéneuse, tellement on sait sans totalement comprendre à quel point le patient souffre. J’sais pas pourquoi ça me met dans cet état-là, mais c’est mieux que d’habitude. J’pense que je me souviendrais toujours de cette expérience, comme je me souviendrais toujours d’Anca mais pas pour les mêmes raisons. Pas les mêmes traumatismes, pas les mêmes circonstances. Tant pis, je raconterais à Georgie en live en rentrant. Et j’vais appeler Reza et Caz en sortant. Et. Là, j’ai une vraie, super, bonne raison pour aller boire un verre et fêter ça. Première sortie sur le terrain, une vie sauvée, pas de séquelles pour l’avenir, et le tout sans connerie de l’interne. I want to do it again.

J’ai l’impression que ça fait des siècles que je ne suis pas entrée dans un bar avec l’esprit aussi léger et réellement de bonne humeur. Avec la seule envie de passer un vrai bon moment, sans la drogue ou Casper pour béquille émotionnelle. Juste l’envie de savourer une victoire avec l’un des meilleurs cocktails de la ville. J’suis toujours venue seule au Coco Sunset. La première fois c’était par hasard, j’m’étais peut-être même trompée de “Coco”. C’est un peu le lieu “attrape-touristes” par excellence avec une drôle d’ambiance familiale parsemée entre les palmiers. J’adore justement. Parce que ces touristes sont des mines d’or pour se rafraîchir la tête et se marrer (délit de bitcherie). Et ! Ce que les guides touristiques ne disent pas, c’est que derrière les plateaux de fruits de mer et les boissons aux fruits, certains barmaids sont capables de faire le cocktail uniques en fonction de la personne qui commande. Il suffit de leur laisser carte blanche et ils lisent parfaitement ce que vous voulez à l’instant T. Je n’ai jamais été déçue. La vue sur la plage au soleil couchant est très clichée mais elle fait son petit effet. Dommage que je n’ai pas été capable de remettre un pied sur le sable depuis cette nuit-là... où Seven a bien failli m’y noyer Je balaye le frisson dans mon dos en passant les portes aux couleurs flashy. Je profiterais de cette soirée et de l’été à ma façon. Fuck the rest.

Ça fait six mois que je n’y ai pas mis les pieds. Six mois que je n’ai pas vu mon serveur préféré. Sans que je dise grand chose, il a toujours vite compris ce que je voulais quand je venais. J’peux pas retenir mes lèvres de s’étirer quand je l’aperçois. La sensation de retrouver un pote de longue date. Un pote qui donne chaud avec un corps et une peau pareil, certes… Nur ? Hey~, que lui souris naturellement. T’es de retour. Ah bah enfin, tu me souris ! Le service client ici n’est plus ce qu’il était... Mimique faussement boudeuse alors que je file m’installer au bar et laisse échapper que si ça continue, j’vais les descendre sur tripadvisor. Damned, ça m’a manqué plus que j’aurais cru de venir ici... Ou peut-être bien que c’est lui qui m’a manqué ? Je l’observe faire le tour du comptoir pour me préparer quelque chose. Étrange d’éprouver de la nostalgie envers lui... C’est peut-être le rush d’adrénaline de tout à l’heure qui embrouille tout et m’donne une légère fièvre. Désolée d’avoir disparu de la circulation. Plein de choses sont arrivées… et c’est parfois encore dur à gérer. Comme une bêtise avouée mais pas totalement assumée, j’ai détourné le regard une seconde avant de revenir franchement vers lui. Pupilles emmêlées, les mêmes yeux sombres qui viennent d’ailleurs mais se ressemblent. Ça fait du bien de lui faire face et de le revoir. Mais j’ai passé une putain de bonne journée. Alors j’avais envie de profiter aussi d’une bonne soirée tranquille aussi ! Énergie sincère et réellement positive pour s’éloigner des dérives où je me perds volontiers le reste du temps. Qu’on m’accorde au moins quelques heures. J’veux en profiter, parce que ici, c’est mon coin secret et je veux que ça le reste. Alors raconte-moi. Qu’est-ce que j’ai loupé ? Pas les touristes, mais ses collègues, la patronne, tout. Et puis toi aussi. Et toi, tu vas bien ?

Quand elle te voit, un sourire colore son visage, un rayon de soleil dans ta journée, carrément. « Ah bah enfin, tu me souris ! Le service client ici n’est plus ce qu’il était ... » Elle te taquine, tu retiens un rire amusé en la suivant vers le bar. Tu te glisses derrière le comptoir. Nur avoue que le coco sunset lui avait manqué, ne s'imaginant peut-être qu'une absence de six mois se ferait autant sentir. Tu hoches la tête, commençant à t'activer sur ton plan de travail. Tu sais encore parfaitement quel genre de boisson lui fait plaisir, alors tes mains vont et viennent, trop habituées. Tu l'écoutes. « Désolée d’avoir disparu de la circulation. Plein de choses sont arrivées ... et c’est parfois encore dur à gérer. » On dirait presque une enfant avouant une bêtise, et ça te touche, parce qu'elle sent le besoin de t'expliquer. Et que ça prouve que tu comptes pour elle aussi. « Mais j’ai passé une putain de bonne journée. Alors j’avais envie de profiter aussi d’une bonne soirée tranquille aussi ! » Tu secoues vigoureusement le shaker, interrompant Nur par le bruit des glaçons cognant contre le verre en inox. Tu verses le contenu dans un verre, satisfait de la couleur et de l'odeur se dégageant du récipient. T'es content de sa bonne humeur, contagieuse, pour preuve le sourire étalé sur ta tronche de cake. Tu pourrais rester tout l'après-midi à écouter Nur. Parce qu'entre vous, il y a une drôle de connexion, comme si vos origines lointaines vous reliaient. Tandis qu'elle te demande des nouvelles sur le coco sunset et sur toi-même, tu termines ton cocktail avec une paille, avant de le poser devant elle, satisfait. « T'inquiète pas, le plus important est que tu reviennes. » Tu lui balances un clin d'oeil, sourire taquin au coin des lèvres. Tu balaies la salle du regard, haussant les épaules. « Oh rien n'a changé ici. Mary est repartie à Los Angeles, mais elle n'a pas été remplacée. Sinon tout est pareil, j'suis toujours là. » Une serveuse intérimaire, un job d'étudiante, désormais repartie. « Moi ? Comme d'habitude, toujours célibataire, profitant de la vie et de la plage. » T'es bronzé toute l'année, mais avec le soleil régnant sur la région, tu passes pour l'exotique de service. C'est peut-être même pour ça que le boss t'as engagé ici. Tu rigoles, amusé par la situation. « Rassure-moi, maintenant tu vas reprendre tes habitues ici, hein ? » Tu lui envoies tes yeux de chien battu, ta tronche de gamin demandant un cadeau. Parce qu'elle ta manqué. Pas seulement les moments intimes où vos peaux semblaient s'embrasser sous l'attirance, vos corps se perdant l'un dans l'autre, vos regards sombres se fixant, se comprenant. Mais aussi vos discussions de tous les jours, parlant de tout et de rien, riant, vous confiant vos peines, vos joies. Tout ça te manque. Alors t'espère qu'elle va rester. Revenir.

Encore et encore.

+ cocktail

T'inquiète pas, le plus important est que tu reviennes. Et la paille fait déjà des allers et retours sur un symbole infini fictif mais assurément alcolisé. Le sourire s’imprime toujours aussi vite quand j’viens ici. C’est mécanique. Le moment pourrait être semblable aux premiers effets de la weed. La tension qui s’échappe et le bonheur qui s’installe. On sait que ça ne va pas durer mais on oublie vite cette info, c’est repoussé loin aux frontières de l’insouciance. C’est vrai que ça me manque. Enfin… je parle de la saine et bonne insouciance, pas celle que je froisse par l’abus d’alcool, de drogues et d’applis de rencontres pour m’éloigner de la coloc. Oh rien n'a changé ici. Mary est repartie à Los Angeles, mais elle n'a pas été remplacée. Sinon tout est pareil, j'suis toujours là. Oh shit, elle tente Hollywood alors. J’irais lui souhaiter bonne chance sur insta... , que je souffle avant de mordre dans le citron mis en déco au bord de mon verre. C’est stupide, mais c’est toujours ce que je préfère. Même si j’ai aucun doute sur la perfection de ce cocktail. Moi ? Comme d'habitude, toujours célibataire, profitant de la vie et de la plage. J’peux pas m’empêcher de rire à la précision de son “ “ statut ” ”. Connaissant un peu la patronne, j’suis sûre qu’elle leur dit de bien en parler, comme un argument de vente pour fidéliser la clientèle. Tu m’étonnes que tu dois profiter... La belle blonde à trois heures qui le dévore des yeux doit en savoir quelque chose. Et j’confirme qu’on peut très bien profiter de la vie avec Jahmad. Rassure-moi, maintenant tu vas reprendre tes habitudes ici, hein ? Un éclair taquin illumine mon visage, se mêle à la culpabilité qui éclate, légèrement rougeoyante parce que j’ai disparu de la circulation sans dire un mot. Mais je ne suis qu’une enfant qui aime jouer. Parce que je t’ai manqué ? Il ne l’a pas dit clairement lui. Et oui oui, okay c’est moche de réclamer de l’attention comme ça, mais je le lui rendrais plus tard, c’est certain. Parce qu’il n’y a rien de compliqué avec Jahm. Les choses sont claires, sans chichis, cool. Et puis il y a sa peau, et les courbes de ses muscles, comme un désert trop ardent qui pourrait me consumer. Je ne lui ai jamais demandé d’où il venait d’ailleurs… Mais il a toujours été… secret et peut-être bien que moi aussi. C’est devenu naturel pour ces choses-là quand on a déjà croisé la route de nazis… Tu as bientôt fini ton service ? J’te paye un verre eet on va voir ailleurs ? Parce que le plan de rester au resto, c’est risqué. Parce que quand on va au resto, on s’amuse, on s’roule par terre, on commence à jouer à des jeux érotiques sm. Bref. Risqué. L’arrière des restaurants en revanche, ça passe, moins risqué. J’fronce le nez un instant. Y a quoi dans ce cocktail exactement ? Question rieuse quand l’esprit dérape tout seul comme un grand. T’as déjà prévu d’abuser de moi ? T’as peur de rien. Mais si ça se trouve ça sera l’inverse. Y a de grandes chances en fait.

Alors qu'elle attrape le citron, Nur rigole lorsque tu parles de ton célibat. Car malgré ce statut, tu n'es pas du genre à rester vieux garçon. Tu t'amuses, tu profites de la jeunesse, des plaisirs qu'elle offre. Aucun doute à ce sujet. Et ce que tu aimes aussi avec Nur, c'est que tant elle que toi savez de quoi il en retourne sans que cela ne vous empêche de passer du temps ensemble. Un petit détail dans votre amitié, dans votre relation. Vous en rigolez même. « Parce que je t’ai manqué ? » Tu lèves les yeux au ciel, trop fier pour avouer ce genre de choses. Toi, Jahmad, le berger venu du désert, de l'autre bout du monde, ayant affronté horreurs et sacrifices, admettre que Nur t'as manqué ? Jamais de la vie ! « Ah ça ... à toi de le découvrir. » Tu lui balances un clin d'oeil en nettoyant les quelques gouttes d'eau tombées sur ton bar. « Tu as bientôt fini ton service ? J’te paye un verre et on va voir ailleurs ? » Tu hoches rapidement la tête, attrapant une bière dans le frigo, l'ouvrant avant de regarder Nur. Elle a toujours ce regard si pénétrant, si attirant. Comme si elle avait cette capacité à lire en toi. Un visage énigmatique qui se mue en grimace quand elle goûte ton cocktail. Son nez se fronce, des rides se creusent tout autour. Elle te demande ce que t'as foutu dans son verre, et malgré toi tu éclates de rire. Rien que des alcools se mariant bien, des saveurs exotiques. Bon t'as peut-être forcé un peu la dose, mais ça reste agréable au palais. « T’as déjà prévu d’abuser de moi ? T’as peur de rien. » Tu lèves ta bière en signe de santé, avant d'en boire plusieurs longues gorgées, appréciant l'amertume et les bulles pétillantes descendant le long de ton gosier asséché. Tu regardes la grande horloge accrochée au mur, presque en même temps que Joseah, une autre employée du coco sunset, ne débarque derrière le bar. « Pile au bon moment ! Bon j'te laisse. » Puis tu reportes ton attention sur Nur. « Je pose mon butin et j'arrive. » T'enfouissant dans les entrailles de l'établissement, tu ouvres le coffre-fort avant d'y déposer ta sacoche lourde de monnaie et autres billets. Tu cours presque jusqu'au vestiaire, quittant les habits clichés du coco sunset afin d'enfiler tes propres vêtements. Un simple jeans troué aux genoux, un tshirt blanc, et l'affaire est prête. Tu retournes vers Nur, reprenant ta bière. Tu feins l'innocent. « Moi, abuser de toi ? Jamais ! » Tu lui déposes un baiser sur la joue, presque purement amical. « Le cocktail ? Un filtre d'amour auquel tu ne pourras pas résister. » T'as l'impression de parler comme un professeur de poudlard, avant de reculer et de rigoler comme un débile. Tu sais que c'est pas très sérieux comme méthode de drague, mais t'es pas comme tout le monde. Et avant de débarquer aux états-unis tu ne connaissais même pas le sorcier à la cicatrice sur le front, alors tu profites, quand tu peux sortir des références. Limite t'avais même jamais vu la télévision, alors bon. « Tu veux aller où après ? J'suis tout à toi ... »

Moi, abuser de toi ? Jamais ! C’est ce qu’ils disent tous. Pensée qui fusent, ironique, pensée vite effacée par le baiser déposé sur ma joue. Comme si ça scellait une promesse. Le cocktail ? Un filtre d'amour auquel tu ne pourras pas résister. Je dodeline de la tête, montre que je ne suis pas convaincue malgré le sourire de gamine que je lui déballe. Ça reste à voir, la soirée ne fait que commencer. Gentille insolence parce qu’il le mérite. Sa collègue a pris le relais derrière le bar et nous “offre” déjà une deuxième tournée. Tu veux aller où après ? J'suis tout à toi … J’aime entendre ça, ça gonfle mon ego, j’prendrais presque des airs de reine. Joseah ajoute que ça serait triste de rester ici et on ne peut qu’approuver -surtout pour lui en fait. Moi j’m’en fiche un peu. Mais j’élabore des plans pour la suite, propose deux ou trois boîtes différentes. Il y a ces raves dont tout le monde parle... ou alors ce club de salsa qui paye pas de mine de l’extérieur, qui est riquiqui et que seuls les aficionados connaissent. Il me tente depuis des lustres mais je ne sais pas danser la salsa alors je n’y ai encore jamais mis les pieds, étrangement trouillarde à l’idée de finir seule plantée comme un tronc d’arbre au fond de la salle à regarder le talent des autres. En même temps, je pense qu’il faut y aller avec un connaisseur pour être guidé, et qu’il n’ait pas peur d’être ridiculisé par sa partenaire de soirée. Mais bref, l’idée passe à la trappe aussi vite qu’elle est venue sur le comptoir parce que dans mon champ de vision a débarqué un couple de surfeurs au bronzage et aux dents trop parfaits. Ah mais oui ! Y a l’événement sur la plage là… The Giant Truc. Ça monte dans mon sang, regain d’excitation soudain. Il paraît qu’ils s’étalent un peu partout sur la plage et y font la fête. Ambiance internationale comme au Coco sunset mais plus cool et plus fun ? Avec les feux de bois et certainement de la musique qu’on entendrait pas ailleurs, ça ne peut que être sympa. Ça te dit ? Je bats des cils et fais mon plus joli sourire pour le convaincre, sachant pertinemment qu’il dira oui de toute façon. Y a juste un truc : pas de baignade. Ça claque plus froidement que ça n’aurait dû, et je camoufle le tout en cherchant mon porte-monnaie pour régler nos verres. Mais… baby-steps. Déjà je refoule le sable un peu plus souvent. Et là, il y aura du monde, ça sera la fête, je ne serai pas toute seule et il n’y aura pas de Seven ni même son ombre pour me menacer de mourir sur place. Tout ira bien. Coup d’oeil sur Jahmad un peu coupable. Désolée de me servir de toi en thérapie. J’aimerais lui dire, mais ça ne sort pas. Y a toujours rien qui sort à ce sujet. Tout est cadenassé à triple tours au fond de ma poitrine, mais ça pèse lourd. Y a que Bo qui sait, j’en ai jamais reparlé depuis. Mais de là où il est, il ne peut rien pour moi, et je ne peux rien pour lui. Parce qu’il doit surtout se concentrer sur lui. Et puis je voudrais bien lui prouver aussi que je m’en suis remise et qu’il n’y a plus de conséquences à avoir approché la mort. Si seulement les utopies pouvaient être vraies, le monde serait un meilleur endroit où vivre.