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| J'ai touché le fond d'la piscine (VARIEL) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: J'ai touché le fond d'la piscine (VARIEL) Mar 21 Aoû - 16:33 | |
| Tu viens de finir pour aujourd’hui. Et tu es épuisée, Vivi. Ça t’épuise, de rester assise derrière le comptoir à ne rien faire. Et puis cette après-midi, on ne peut pas franchement dire qu’elle était productive non plus. Y’a eu les habitués du coin, venu acheté leur bière trop chère et trop dégueu, et puis quelques touristes, paumés, en quête d’essence et de chocolat. Vers trois heures, tu as reçu un coup de téléphone du patron, qui te demandais de faire l’inventaire. Quel con. Tu bosses ici depuis plusieurs semaines et il pense encore que tu es honnête. S’il savait que tu trafiques les chiffres pour piquer et dans la caisse, et dans les réserves, il appellerait certainement les flics. Quoi qu’il en soit, c’est fini. Pour aujourd’hui, tout du moins. Et tu n’as pas franchement envie de rentrer. Maman est chiante, en ce moment, parce qu’elle vient de se faire larguer. Et puis Jeff est irascible depuis le début du tournage du bachelor. Il t’a promis de te laisser faire ce que tu voulais, mais tu vois bien que ton absentéisme joue avec ses nerfs, t’es pas stupide. Alors tu traines un peu près de la station. T’as envie de piquer une tête dans la piscine du motel. Parce que c’est celle que tu préfères, les piscines un peu crado, même si tu ne l’avouerais pour rien au monde. Et puis, c’est dans cette piscine que ta passion pour la natation s’est éveillée, quand on y pense. Alors tu escalades le mur pour te retrouver dans le motel, ou plutôt à l’extérieur du motel. Comme tu n’as pas pris ton maillot, tu vires ton short et ton top pour te retrouver en sous vêtement. T’es pas franchement pudique, et t’as confiance en ton corps. En moins de trente seconde, tu plonges, te laisse couler lendemain, comme si tu te noyais, les yeux grands ouverts sur l’univers, avant de remonter en souriant. Tu te laisses flotter un instant avant de voir, sur ta gauche, quelqu’un passer. T’as un sursaut et tu tournes la tête pour croiser le regard un peu paumé d’Ariel, serpillère à la main, et un rictus étire ton regard, ça lui va bien. Tu t’approches du bord de la piscine -et de lui- avant de lancer « Tu mattes, freak ? » |
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apprenti sashimi ▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
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| Sujet: Re: J'ai touché le fond d'la piscine (VARIEL) Ven 24 Aoû - 23:05 | |
| La serpillière par-terre, l’sot qu’est pas loin, tes bras lassés d’répeter le même geste. Laver les escaliers, nettoyer les chambres libres, les vitres. Tu dis rien, tu fais ce qu’on te demande, Mads qui parfois te crie qu’elle doit filer, que tu dois la remplacer et ça t’fait chier. Mais tu dis rien toi. Elle t’héberge, c’est suffisant pour qu’elle impose sa loi. T’as fini l’intérieur, t’as même dit au revoir à un client qui partait. Tu regardes l’heure. Tu pourrais prendre ta pause. Laisser tout en plan et filer, aller frapper chez Isaac, lui dire d’appeler Ruby, Sal, toute la clique, juste pour trainer, aller envahir un train abandonné, y refaire toute la déco en cabane improvisée. Trop risqué. Si Mads rentre et qu’elle ne te voit pas, tu passeras un sale quart d’heures et t’as pas encore les couilles de l’affronter, de lui tenir tête. Après tout t’es pas irremplaçable. Du coup tu vérifies simplement si t’as pris tes clopes, la p’tite boite défoncée que tu sens sous tes doigts, dans ta poche, l’briquer pas loin. Rien que de les sentir, ça te rend moins nerveux. Tu prends le sot, la serpillière puis tu sors voir la couleur de la piscine, là où tu te baignera jamais, t’as pas vraiment envie de passer dans les faits divers : « un adolescent s’est noyé dans la piscine d’un motel », mauvaise pub, et honte assurée. Sauf que tu peux pas être tranquille non, t’es destiné à être entouré Ariel, c’est pas beau ça ? Au début, tu penses halluciner. Tu penses que cette silhouette féminine à moitié dénudée c’est juste ton imagination qu’essaie de te parler, qu’essaie de te dire que t’as les hormones qui travaillent, qu’ça serait bien de t’en occuper un de ces quatre, que la branlette sous la douche ça va deux minutes. Puis t’es rassuré aussi parce que ça veut dire que c’est pas un gars en caleçon que t’imagines pendant ses moments là. Sauf que lorsque tu te rapproches de l’étoile de mer, t’en fait presque chuter ta serpillière. T’es pas en train d’imaginer un fantasme. Elle ? Tu pensais ne plus jamais la voir. Honnêtement elle ne t’a pas manqué et tu n’es pas content de la revoir. Faut que tu fasses demi-tour mais t’as peut-être la rétine qui reste bloquée sur sa lingerie une seconde de trop. Elle se bouge, ses jambes qui coulent dans l’eau, ses yeux sur toi. Eh merde. Tu sais pas où te mettre, après tout tu passes un peu pour un pervers adolescent, puceau. A vrai dire c’est le cas. « Tu mattes, freak ? », tu bouges à nouveau, tu manques pas de rougir, puis tu dévies les yeux, « non », tu réagis pas au surnom mais il ne t’avait pas manqué non plus. « Qu’est-ce que tu fais là ? », et ouais il a pris de l’assurance le p’tit ! Maintenant il pose des questions. Peut-être qu’un jour tu arriveras à aligner deux phrases qui sait ! |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: J'ai touché le fond d'la piscine (VARIEL) Mer 29 Aoû - 22:16 | |
| Tu t’es toujours comportée comme une princesse, Vivi. Parce qu’au fond, c’est ce que t’aimerai être, vraiment. Une princesse importante, aux yeux du monde. Celle qu’on chéri, qu’on vient chercher, sur un cheval blanc. Mais t’es plus une souillon qu’une cendrillon, finalement. Même si tu ne l’avoueras jamais, tu laves les chiottes à la maison quand maman est trop bourrée et qu’elle vomit à côté. Tu cuisines les restes des restes quand elle ne fait pas les courses, et tu l’aides à se mettre au lit, quand elle entre au petit matin. Cette partie de ta vie, tu la gardes pour toi. Tu préfères te moquer des serveurs du MacDo, ceux qui lavent les tables, ou des cantinières, quand t’étais encore au lycée. Parce que pour les autres, t’es Vivi la princesse des glaces, la salope qu’on adulte en silence, qu’on déteste mais à qui on veut tant ressembler. C’est qu’une image, t’es pas cette nana-là, toi. Tes sous-vêtements en sont la preuve. T’es dans cette piscine d’un motel miteux, sous vêtement dépareillé et tu te laisses flotté en n’étant, l’espace d’un instant, que toi. T’es bien, dans cette eau un peu froide et le chlore qui brule des yeux. Mais y’a un intru. Un intru qui vient troubler ton précieux moment de répit, alors tu tournes la tête, brusquement, pour tomber sur la petite sirène, celle que t’aime tourmentée depuis des années maintenant. Il est là, serpillère à la main, le regard paumé, et t’as l’impression de te voir, toi. Toi qui te demande où est-ce que cette vie te mènera. Ça te met en colère, Vivi. Ça devrait pas, tu le sais bien. Et pourtant, pourtant plus tu le regardes, plus t’as envie de le briser. Lui, trop fragile pour ce monde. Il devrait se bouger, porter un masque, pour qu’on ne le fasse plus chier, comme toi, tu l’as fait. Mais il est trop honnête, trop entier, différente, finalement, et ça t’énerve encore plus. Alors tu le provoques, vipère sans scrupule. T’es mauvaise, comme la peste, tu veux lui faire mal, tu veux qu’il souffre, tu veux le détruire, et tu sais même pas pourquoi, Vivi. T’es peut-être simplement pourrie. Tu le quittes pas du regard alors que tes mains s’appuient sur le rebord de la piscine. Tu sors de l’eau aisément et te redresse, dégoulinante, devant son regard fuyant. Il est gêné, ça te fait marrer, Vivi, tu veux le déranger, alors tu reste là en sous vêtement, humide, froide. Non, qu’il dit. Évidement. Tu souris, avant de t’approcher de lui. « Ça se voit pas ? » tu lui demandes. T’es surprise, un peu. Avant, il ne pouvait pas aligner deux mots en ta présence. Il a changé, finalement, le p’tit. C’est pas plus mal, il finira par se faire bouffer par plus gros que toi, sinon. Parce que la vie est une pute, tu le sais, et lui aussi. « Je me baigne sous le regard libidineux d’un puceau » tu dis, détachant chaque mot, en t’approchant toujours un peu plus de lui. Une fois à sa hauteur, ton index gauche se pose sous son menton, et tu le forces à te regarder. « ça faisais longtemps, Ariel. » |
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apprenti sashimi ▹ posts envoyés : 625 ▹ points : 56 ▹ pseudo : XERXES. ▹ crédits : (a) soeurs d'armes / (s) EXORDIUM. (icon) Tweek. ▹ avatar : Timothée Chalamet ▹ signe particulier : Les yeux verts ouverts sur l'enfer, le cœur malade, le corps malade. Séropositif qu'il est, on lui a dit qu'il allait crever. Un peu malvoyant, c'est qu'un cadavre errant.
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| Sujet: Re: J'ai touché le fond d'la piscine (VARIEL) Dim 9 Sep - 19:09 | |
| T’as le regard du petit garçon devant les magazines, l’genre un peu fautif, un peu curieux. Devant les magazines que papa cache. Tu peux pas t’empêcher de passer ton regard vert gelé sur son corps à la peau halée, sous-vêtement dépareillés, et cheveux mouillés. Tu restes figé, sans trop savoir quoi faire, et puis une fois qu’elle a les yeux ouverts, la sirène, tu paniques, t’aimerais disparaitre, tu regardes aux alentours en espérant devenir invisible mais on est pas dans une série marvel, ici, dans la vraie vie, tu te sens juste stupide et y’a aucun pouvoir pour te sauver la mise ni de machine à remonter le temps.
T’en perds même ton langage, à passer ta langue sur tes lèvres, tente de trouver quelques excuses mais elle te devance, elle te met en coupable, tu mates et t’as aucun alibi. Tu dis quand même non parce qu’il faut nier ces choses-là, et même que tu mens pas, tu l’as désires pas cette fille comme toutes les autres qui te passent devant, elle vise sûrement les mecs virils, l’genre musclé, cheveux de gel, regard à tomber et sourire pour pub dentifrice. L’genre tout l’inverse de toi. L’genre qui fait beau sur les photos insta. Elle sort de l’eau comme dans les clips vidéo, elle part pas cacher son corps de rêve derrière une serviette ou ses vêtements abandonnés sur le béton. Elle s’approche de toi, la peau humide, et ça te raidit un peu plus, tu fais quelques pas en arrière, et elle te traite de puceau, « libi-quoi ? », c’est une insulte ? T’en sais rien toi, t’as pas de dictionnaire dans la bibliothèque, t’as même pas de bibliothèque en fait. Puis tu peux pas vraiment nier ce pic là, parce qu’il est bien trop vrai, puceau de tout, d’une pauvre caresse sur le bras. Enfin c’est si on omet quelques détails, si on décide que le viol ça compte pas. Elle a presque sa poitrine collée à la tienne et toi t’es bien gêné, aussi bien qu’un ado de 14 ans qui vient mater secrètement le vestiaire des filles. T’as rien demandé toi, pourquoi elle va pas draguer les populaires du lycée ? Avec une tenue pareil, elle ferait mouche. Mais on dirait qu’elle préfère largement t’embêter que cajoler son égo. Tu dévies tes yeux d’elle, les pose sur l’eau qui se calme, qu’efface son passage. Pas la regarder, pas la regarder. C’est beaucoup trop intime pour toi, toi qui est si pudique, si timide. Elle te met bien à l’épreuve la connasse. Elle attrape ton menton de ses doigts, tourne ta tête vers elle et tes yeux qui se fixent à ses rétines, « ouais… », pas assez longtemps pour toi. T’aurais aimé ne plus la voir en réalité, que le destin n’aurait pas remis ça. Entre les casiers ou près d’une piscine, tu ressens toujours le même malaise, « tu veux pas t’habiller ? » que tu demandes, un peu désespérément, tu sais qu’elle peut laisser filer la rumeur que tu l’as maté des minutes durant, la main dans le pantalon et ça te fait flipper parce que déjà trop de mensonges circulent à ton sujet. Et t’en es fatigué. |
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| Sujet: Re: J'ai touché le fond d'la piscine (VARIEL) | |
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