Elle capture l'instant de plusieurs clichés, dans la douce lumière matinale. Les vagues qui s'écrasent sur les rochers ont quelque chose d'unique ce matin. Elle se redresse et vérifie les photos. Sur la quinzaine, trois devraient être exploitables. Satisfaite, elle fait demi-tour. Elle attrape sa longue robe de sa main libre et la soulève pour crapahuter entre les rochers glissants pour rejoindre la plage. Elle traine un peu en chemin, laisse l'air marin de Makassar rafraichir ses joues rosies par l'effort. Elle croise quelques locaux, les salue d'un bref sourire avant de reprendre la direction de sa location. A l'écart de la ville et des logements pour touristes, elle a trouvé pour pas cher une petite maison à l'ancienne, faite principalement de planches de bois qui craquent doucement. Et quand le vent est dans le bon sens, elle peut entendre la mer. Elle rentre dans l'habitation et file se faire un thé pour se réchauffer un peu, tout en allumant son ordinateur. Elle vide sa carte mémoire dessus et fait le tri dans ses photos tout en buvant sa boisson chaude. Elle prend le temps de revoir tous ses albums, chacun pour un pays en particulier. Déjà huit d'immortalisés. Encore 14 avant d'avoir terminé son premier tour du monde. Elle n'aurait jamais pensé qu'un simple blog de photos pourrait un jour la conduire aussi loin. Lui permettre d'en vivre, d'en faire son métier. Elle sourit tendrement, émue par tous les souvenirs qui remontent. Une sensation de plénitude l'envahie alors, un sentiment qu'elle n'a pas encore tout à fait dompté mais qu'elle apprécie particulièrement.

Elle tourne la tête en entendant du bruit provenir de la chambre. Elle regarde l'heure sur son portable, il est à peine 8h. Elle ferme son ordinateur, abandonnant sa tasse sur place et file d'un pas léger dans la chambre. Elle retire sa robe et ses chaussures avant de se glisser dans le lit. Ses bras frais qui viennent l'entourer. Il grogne un peu et tire sur la couverture tandis qu'elle rit dans un souffle léger. Elle vient caler sa tête dans le creux de sa nuque et y dépose un baiser. Il souffle d'aise et finit par se retourner, se réveillant doucement. Elle l'observe en silence, réalisant sans un mot que cette aventure n'aurait jamais pu être aussi parfaite sans lui. Et elle se sent chanceuse d'être aimée suffisamment pour qu'il ait accepté de renoncer à sa propre carrière pendant un temps afin de la suivre dans son périple. Il baille et la serre à son tour entre ses bras, demandant à quelle heure ils décollent. — Dans 8h, on a encore le temps. Il referme les yeux, encore tout engourdit par le sommeil. — C'est quoi déjà la prochaine destination ? Elle esquisse un sourire tandis que ses doigts parcourent sa clavicule. — Sydney. Il se marre tout bas. La meilleure destination, qu'il raille. — T'es qu'un con. Et elle l'embrasse pour le forcer à arrêter de rire bêtement.