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 at last that voice is gone (ltf)

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MessageSujet: at last that voice is gone (ltf)   at last that voice is gone (ltf) EmptyVen 10 Aoû - 0:08

DAY.

Aujourd'hui, c'est le jour.

Elle l'a senti dans les rayons du soleil ce matin, le moment, le déclic. Maintenant ou jamais. Maintenant, les années lui prennent la main et serrent fort les doigts.T'inquiète pas, t'inquiète plus, on va t'aider à traverser. Gamine de l'air, ton réveil a sonné l'heure, tu peux arrêter de courir. Respire, rien qu'une dernière pour la route, le monde s'arrête pour toi - même le vent se fait violence et étouffe le grincement habituel des volets du salon. Y a plus rien pour la faire changer d'avis, elle s'échappe des draps sans un bruit et se réfugie dans la salle de bain, allume la lumière sur les traits au coin de ses yeux. Gamine de l'air, t'en est plus une depuis bien longtemps. Mais c'est pas grave, qui va compter les marques à ton visage ou les grains au fond du sablier - puisque aujourd'hui, c'est enfin le jour.

Aujourd'hui, elle en finit.

Méticuleux, les doigts s'attèlent à tresser ses cheveux, comme elle s'entraîne à le faire depuis vingt ans. C'est jamais parfait, les bosses, les mèches en bataille qui s'échappent de l'élastique lui rappellent sa vie en dents de scie. Une pointe au coeur, elle soupire. Y aura personne pour faire le rapprochement, mais elle a toujours su qu'elle le ferait seule. Depuis le début, c'est le plan, trop tard pour faire machine arrière.T'inquiète pas.T'es pas la première à faire le grand saut dans l'inconnu, tu seras pas la dernière. Et dans le miroir, son reflet fatigué lui sourit. C'est imparfait.

Aujourd'hui, pour cette destination, ça suffira.

Au crochet de la porte, la tenue préparée pour l'occasion attend. Elle passe la robe au-dessus de sa tête, lisse les rides du tissu, ça aurait mérité d'être repassé depuis la dernière fois. La dernière tentative ratée d'il y a cinq ans, mais le moment parfait se fout des plis. Impossible de se louper cette fois. Alors un ultime regard vers le miroir, elle sort de la salle de bain, récupère les clés de la voiture oubliées sur le comptoir de la cuisine. Elle prend deux battements pour gribouiller quelques mots au dos d'une enveloppe vide, pour Matei, parce qu'il devait passer la voir mais qu'il trouvera qu'une maison vide à la place. Ne m'attends pas. Je suis désolée. Faut pas l'être. Ils se reverront.

Seulement, pas aujourd'hui.

Vitres baissées, elle passe le bras libre par l'ouverture et laisse la vitesse gonfler ses ailes. C'est grisant, c'est effrayant. Elle est terrorisée. T'inquiète pas. Ça sera rapide, revenir à l'état brut, comme si jamais rien n'avait changé. Comme au commencement, comme ça aurait toujours dû être, et rien d'autre. Au fond elle le sait, elle l'a toujours su - le monde entier en brillera plus fort. Sa famille, au moins, ce qu'il en reste. Chaque kilomètre la rapproche de son but, l'anticipation sommeille mais ouvre l'oeil à chaque secousse de la route. T'y es presque. Si proche. C'est excitant, c'est tellement plus grand qu'elle.

Aujourd'hui, le ciel l'attend.

Elle coupe le moteur, enfin, observe la lueur orangée du matin qu'a mûrie au fil des heures. Deux heures comme deux minutes. Le paysage lui coupe le souffle. La gorge sèche, elle descend de la voiture, laisse la portière béante, c'est qu'un détail. Quelqu'un pourra la refermer plus tard, si quelqu'un passe et se demande où les empreintes de ses pas mènent, pourquoi elles s'arrêtent subitement en chemin. Silence. T'inquiète pas. Tu peux le faire, ignore le pouls à tes oreilles, il veut juste te faire douter. T'inquiète plus. C'est tellement lumineux de l'autre côté, si tu savais, Lena. T'as vécu dans l'ombre pendant trop longtemps. Le plus difficile dans la traversée, c'est le premier pas, promis juré. Boum, boum, boum à sa tête. Tremblante, elle lève une main à sa tempe.T'as juste à presser. Allez, qu'on en finisse. Le détonateur est prêt.

Aujourd'hui, elle ferme les yeux et appuie.








« Lena ? » La voix bienveillante. Alors. La voix chaude qu'elle avait presque oubliée. C'était si compliqué d'appuyer sur une sonnette ? « Iulia » Gamine de l'air, tu remontes l'horloge quand ta grande soeur s'avance sur le perron. « Excuse-moi, je suis un peu en retard » Rien que de vingt ans. Vingt ans à tomber, se relever, ignorer ses appels, ses suppliques, lui pardonner, se pardonner.

Gamine de l'air, cache pas tes larmes quand elle te prend dans ses bras.T'es pas triste.

Aujourd'hui, t'es enfin rentrée à la maison.
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MessageSujet: Re: at last that voice is gone (ltf)   at last that voice is gone (ltf) EmptyVen 10 Aoû - 18:11

NIGHT.

« J'ai besoin que tu m'aides à sortir. » qu'elle demande à voix basse. J'ai besoin que tu m'aides à m'échapper. Tu peux le faire, dis, l'inconnu qu'elle a coincé dans l'angle du couloir ? La reine des fugues a raccroché le titre depuis trop longtemps, avant, c'était plus simple. Suffisait d'éteindre le coeur et de foutre le contact aux jambes. Suffisait de fermer les yeux forts et d'ignorer les cris et de courir comme si son ombre allait cafter la vérité aux âmes laissées en plan. Vingt ans et ils l'ont descendue en plein vol. Oiseau en cage, sa tête a enfin posé les armes, paraît qu'elle s'est même pas débattue quand ils l'ont internée dans le service. Paraît qu'elle a jamais arrêté de le faire depuis. Repose toi maintenant. Vivante ? Jamais. Elena Popescu n'a pas dit son dernier mot. A demie planquée derrière son bout de mur, elle agrippe le bras du jeune homme, l'oblige à la regarder droit dans les yeux. Il lui dit vaguement quelque chose, peut-être qu'il travaille ici, peut-être qu'elle peut faire tourner la loyauté et le vent sous sa voile. Parce qu'impossible rime avec seule. Il lui faut un acolyte, quitte à prendre le premier venu. Le brun a la dégaine du type sympa, ça l'attriste presque d'essayer de le manipuler, y a ce elle-ne-sait-quoi dans le regard qui lui promet l'air libre. Bêtement, elle a une confiance aveugle en la couleur de ses prunelles, ça fait des lustres qu'elle a pas croisé la teinte exacte. « Je connais assez, ça fait un an ou deux que je viens toutes les semaines. » Jackpot. Elle sourit et l'entraîne derrière elle sans attendre la suite. Le défilé de portes, elle le connaît de droite à gauche et inversement. Sa chambre se trouve à l'angle au bout, donc elle se presse de faire le tour de l'autre côté. Sors moi de là, l'inconnu. Elle est pas faite pour être bridée. « Où est-ce qu'on va ? » Arrêt brutal. Elle tape du pied et soupire. C'était pas le bon choix de toute évidence, il va tout faire capoter. « Dehors. Tu m'sors de là, gamin, putain mais suis un peu. » Comment t'oses pas voir ce qu'elle garde secret, comme t'oses pas comprendre ce qu'elle t'a pas du tout expliqué ? Elle s'énerve, fulmine, jure et il la regarde l'air détruit. Faut une bonne minute pour que la façade se reconstruise, deux, trois briques en moins dans les fondations. « Je connais le chemin, ça va aller. » C'est à son tour de s'emparer de sa main et de la mener à bon port. Sauve moi, l'inconnu. Elle plane. Elle rêve éveillée. De routes interminables et d'un air de Liszt et du vent dans ses cheveux et de la nuit étoilée et d'un bambin qui prend ses premiers pas et de la destination finale qu'est rien que sa chambre, un médecin plus jeune qu'elle, et son petit frère. Elle s'éveille, glacée. « Mihail ? Pourquoi t'es là ? » Qu'est-ce qu'il se passe. L'inconnu lui sourit alors que Mihail vient lui serrer le bras doucement, une fois, avant de reculer. Le songe vire au cauchemar. Non, non, non. Y a les larmes montent sans qu'elle sache pourquoi. Dites moi ce qu'il se passe. « Je t'attends à la voiture. » Elle ? Non, l'inconnu qui vient l'embrasser sur la joue. « Ça va aller, ils s'occupent de toi. Je passe te voir la semaine prochaine, maman, d'accord ? » Elle étouffe l'exclamation dans son poing. C'est l'homme en blouse qui la rattrape quand elle s'effondre. Tout lui revient. Comme chaque semaine. « Matei, reviens j'suis désolée, j'suis désolée s'il te plait, Matei, crois-moi c'est leur faute, c'est à cause d'eux, bien sûr j'sais qui tu es, s'il te plait, j't'aime, sors moi de là - MATEI » 

Mais il est déjà loin.
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