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| dans la ville blafarde (sal ; fb) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: dans la ville blafarde (sal ; fb) Lun 30 Juil - 19:24 | |
| Y a le macadam qui lui colle aux pieds. Il est presque sûr que c’est pas vrai. Il est presque sûr que c’est pas ça, pas vraiment, presque sûr que, pratiquement. Y a le macadam qui lui colle aux pieds et la mort qui lui colle au coeur, l’odeur de prison qui reste rivé sous sa peau, une longue liste d’horreur quelque part au milieu. Il sait pas ce qu’il peut dire à Sal. Il sait pas comment lui expliquer. Il sait pas comment mettre des mots dessus. Il a réussi quand il a fallu parler à Asher. Il a réussi à tourner, à formuler, une évocation lente et douloureuse de ce qu’il a traversé, une portion infime de la réalité. Il a réussi et pas tout à fait, il a mis des jours avant de venir sonner, la main tremblante contre la porte et la peur aux ventres à attendre un coup qui est jamais arrivé. Il a réussi avec Asher parce qu’il avait pas besoin d’être adulte. Il a réussi avec Asher et c’est ça, la réalité : il pouvait être fragile, il pouvait être pété, fissuré, ruiné, parce qu’Asher est flic, parce qu’Asher devait s’y attendre, parce que Merle n’est pas de ceux qui peuvent bien tourner et que même après un tour en prison, il rêve toujours de courses à mille à l’heure en voitures volées. C’est plus simple et plus compliqué avec Sal. Plus simple parce que Merle lui a envoyé un sms pour lui dire qu’il était désolé, plus simple parce qu’il lui a donné de l’avance, quelques mots sur les ondes un « pardon d’avoir disparu, j’étais en taule » qui veut tout et rien dire. C’est plus difficile, le paradoxe, parce que Sal le regarde avec quelque chose d’étrange dans les yeux, parce qu’il le regarde d’une façon que Merle reconnaît sans pouvoir bien comprendre, sans pouvoir bien réalisé, plus compliqué parce qu’il sait qu’il doit faire attention, faire mieux, pas s’effondrer, pas faillir. C’est un mantra, maintenant, quelque chose qu’il murmure tout bas à Bob, dont la tête pointe au col de son hoodie. Mieux, mieux, mieux, il fredonne, la tête baissé et les sourcils froncés alors qu’il avance, la capuche rabattue sur la tête.
Ça va aller, il inspire profondément, tâtonne la poche ventrale à la recherche d’une cigarette. Ça va aller, ça va aller, ça va aller. Il est presque sûr que Bob le fixe d’un air désapprobateur. Presque certain que ça va tourner à la catastrophe. Il est presque, presque, presque, et c’est là que le bât blesse, toujours à la limite du suffisant, jamais complet, jamais entier. Il espère pas se planter lorsqu’il appuie sur la sonnette de chez Sal. Il est presque sûr que c’est là et c’est encore une demi-certitude, un demi-acte, assis par terre en attendant que la porte s’ouvre, si dans un quart d’heure personne se pointe il paraît qu’il a le droit de se casser. Ça marche pas comme ça, les relations, il le sait bien pourtant. Il sait aussi qu’il essaye de prendre ses jambes à son cou. Il sait aussi qu’il a pas de raisons d’avoir envie de pleurer, pas encore. Il sait même pas pourquoi il commence par Sal et pas par Jael. Il sait pas si c’est à cause des messages de Jael, de la longue suite de sms, il sait pas si c’est parce qu’il a trop peur de le décevoir, il sait pas si c’est parce qu’il a envie de sauver ce qui n’a pas encore pris l’eau tout à fait. Il sait pas. Il sait juste qu’il est là et que le trottoir est gelé, il sait juste que Bob appuie son museau contre son nez, il sait juste que ça fait des plombes depuis la dernière fois qu’il s’est assis comme ça sur un trottoir, quatre ans, peut-être un peu plus, avant la mort de Valmont et de Victoire, avant la grande fuite sans un regard en arrière. Merde, il pense. Merde, il songe. Il régresse, c’est ce qu’il fait. Il régresse parce qu’il garde les yeux baissés, il régresse parce qu’il a ingéré tout le poison que la prison a essayé de lui faire avaler, il régresse parce qu’il est à deux doigts de se dire qu’il l’a mérité.
« Merde. » Il jure tout bas et un bruit de pas lui fait relever les yeux. Il reconnaîtrait la dégaine entre mille. « Sal. » C’est un bonjour et il retient son souffle. « Tu veux une taffe ? » Il fait tourner la cigarette entre les doigts, sans oser se relever, sans oser réellement bouger. « Tu m’as manqué. »
Parce que Sal a la couleur de la liberté. |
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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 189 ▹ points : 44 ▹ pseudo : roi peste. ▹ crédits : anesidora. ▹ avatar : wolfhard. ▹ signe particulier : cicatrice cradingue qui démarre de la presque naissance de son cou et s'étale jusqu'à son épaule. reste d'une morsure, déchirure, bavure d'un chien, un bon bâtard dont il a jamais pu comprendre les raisons de cette attaque. toujours fringué de noir.
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| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Lun 30 Juil - 20:02 | |
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| dans la ville blafarde merle et sal | https://www.youtube.com/watch?v=yLyPu5qm5RAentre quatre murs il l'imagine, entre quatre murs il le voit, entre quatre murs il a des images de films - entre quatre murs, y'a merle derrière les barreaux, à tourner comme une bête en cage qu'aurait la dalle, la soif du monde extérieur. il l'a fait, sal, consciemment, inconsciemment, en relisant le sms sans forcément se lasser - en sentant un poil le coeur se serrer. y'a eu la disparition, y'a eu le silence - semblant d'abandon. il s'est senti bidon, il s'est senti décontenancé - un peu comme ces clébards qu'on abandonne sur le bas de la chaussée, après leur avoir donné un surplus d'attention les semaines passées. inspiration profonde, ça caille - ça caille parce que janvier a pas de pitié, encore moins que décembre, ça caille parce que janvier lui rappelle à quel point ses pulls sombres sont épais. cheveux montés en un chignon, il a le soupir au bord des lèvres quand ça sonne, quand ça frappe, quand ça claque. alors il se lève mollement, descend tout aussi mollement - les escaliers semblent plus petits à chaque fois. puis il ouvre - ça tangue, ça flambe, ça fait hausser ses sourcils sous une surprise digne d'une droite en pleine mâchoire. il l'a pas vu venir - littéralement. il a même du mal a gober le déplacement jusqu'ici, de sortir de la zone de confort pour se faire chier pour sa poire - personne s'emmerde à venir le trouver dans la maison des king, c'est lui qui se tire lorsque la nuit tombe et que l'aube s'aligne. ça tapote, ça vivote, ça fait craquer les os à l'intérieur - comme une trop vive impulsion en plein à l'intérieur. prunelles qui regardent de haut en bas, de bas en haut, à essayer de percuter les changements - rien de franchement marquant, les joues peut-être plus creuses. la clope souligne ses doigts osseux - les rendant presque dessinés à l'encre de chine. - wow. j'm'attendais pas à t'voir débouler ici. ou à t'voir débouler tout court. il a un genre de sourire qui s'apparente à une grimace gênée - il a l'impression d'être foutu à poil devant tout une assemblée. il hoche la tête, laisse ses lippes s'étirer, un peu plus franche - qui témoignent d'un petit bonheur à l'échelle personnel, qui vaut rien pour le mondial, mais qui pour lui déploie une chaleur appréciable. sans se faire prier, il se cale la clope dans le bec, tire dessus, tapote du pied en sentant le vent qui s'engouffre dans ses vêtements. il se dit sur l'instant que les jeans déchirés c'est surfait, qu'il devrait enfin se comporter en adulte. ça dure une seconde tout au plus. tu m'as manqué aussi - 'fin c'est vraiment cool de t'revoir. parce que merle il a pas que la bêtise, il a la connerie du désir de vivre, il a toujours un éclat rouge qui dégouline des pores de sa peau - pas de sang, seulement des relents de passions violentes qui se terminent dans un huis clos. - rentre. y'a personne pour déranger, t'auras pas d'questions gênantes ou quoi. il préfère la maison vide, il préfère la maison loin des conversations bateaux, des malaises potentiels qui remettent sur le tapis de vieilles blessures. il inspire profondément, décrasse ses poumons dégueulassés par une fine pellicule de pétrole. il l'a encore entre les doigts, la cigarette - il laisse la place à merle. il avait presque ce que c'était de l'avoir en face de lui - un mélange de nonchalance et de mégots, comme une attaque imprévue, de quoi le faire tomber, jamais planer. il se sent lourd, présent, profondément planté dans le sol - il se croit important, un instant. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Lun 30 Juil - 20:37 | |
| Y a tout qui roule, tout qui tangue, les mots attendus, les phrases préparées, tout ce qu’il avait prévu de dire et tout ce qu’il voulait garder secrets, tout ce qu’il avait soigneusement classé, tout ce qu’il avait soigneusement rangé, les caisses étiquetées Frank soigneusement noyées sous les caisses Jael ou Asher ou Savannah, New-York, Sal, Ghost, River, Otto, Lenny. Peter. Peter, aussi, évidemment, la caisse soigneusement éventrée et les Lost Boys évaporés, la caisse Camille, perdue quelque part, l’image lointaine d’une tombe vide et de Salt Lake City en ombre de chine, les géniteurs et leurs larmes de crocodiles, la thérapie pour redresser son esprit tordu. C’est un camion de déménagement sur une route pleine de nid de poule, son crâne, des putains de caisses qu’on pensait sceller qui se mélangent et qui se renversent et la bouche de Merle qui s’entrouvre, comme si on venait de le frapper.
« Je pensais pas que tu serais content de me voir. » Bien sûr que non. Ça lui semblait même logique qu’il serait pas heureux, Merle a fait comme tous les adultes sur lequel il a passé des années à cracher, disparition éclair, claquement de doigts, claquement de talons, paumé sur une route où les pavés n’ont plus que des écailles de peinture jaunies. Il s’attarde pas à ça. Il peut pas. Il se redresse, hoche de la tête, s’engouffre dans l’encadrement de la porte. C’est rassurant de savoir que la maison est vide, moins rassurant que Sal le lui signale comme s’il ne pouvait rien lui arriver. Il peut pas savoir, Sal, les intentions de Merle, il peut pas les connaître. Il devrait pas lui faire confiance, il devrait pas lui pardonner, il devrait pas beaucoup de chose mais ça Merle se garde bien de lui signaler. Il veut pas pousser sa chance. Il peut pas se permettre de jouer les vieux moralisateurs même si ça lui noue le bide, même s’il se demande si un jour il va pas lui arriver de sales trucs, même s’il se dit que peut-être qu’il aurait pu l’éviter.
« C’est pas gênant si c’est toi qui pose les questions, tu sais. » Enfin si ça l’est, mais il est prêt à l’encaisser et il tend la main, pour appuyer le bout des doigts contre l’épaule de Sal, trois fois rien, juste de quoi lui signifier que ça va avant d’aller s’installer sur la première chaise qu’il trouve, un peu mal à l’aise. C’est toujours compliqué d’être dans une maison, toujours complexe parce qu’il sait pas où se mettre, parce qu’il a peur de salir, peur de laisser des traces, d’être acculé. C’est moins difficile de prendre la fuite d’un appartement. C’est plus compliqué d’effacer l’image de sa mère qui le traîne hors de sa chambre par la cheville, sa tête qui heurte les montants de la porte, son dos qui cogne contre l’escalier, les pleurs. Machinalement, il passe une main dans ses cheveux, cherche des yeux Sal, essaye de s’ancrer. « J’veux dire. Enfin peut-être que tu t’en fous mais j’suppose que t’as envie de savoir où j’étais passé. »
Peut-être qu’il se plante complètement. Peut-être que ça a pas d’importance. Peut-être que Sal préfère pas savoir, s’attendait à rien de lui, voulait même pas le voir se planter. Peut-être, peut-être, peut-être, et il se mord le pouce, couine lorsque Bob lui colle un coup de tête pour exiger d’être posé sur la table. Il réfléchit pas avant de se tortiller pour sortir le lapin de sous les couches de ses vêtements, un bras hors du hoodie pour le caler, débraillé au possible et les sourcils froncés parce qu’il a pas réfléchi aux cicatrices sur ses avant-bas ou à celles qui barrent son torse et qui apparaissent derrière le tank top qui est remonté sur ses côtes.
« Il s’appelle Bob. » Il balance à Sal pour répondre à une question qu’il a pas posé. « Je l’ai trouvé sur le rond-point où je dormais en sortant de prison. »
Il s’humecte les lèvres.
« J’ai tenté de me suicider là-bas. »
C’est le sujet le moins complexe à aborder. |
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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 189 ▹ points : 44 ▹ pseudo : roi peste. ▹ crédits : anesidora. ▹ avatar : wolfhard. ▹ signe particulier : cicatrice cradingue qui démarre de la presque naissance de son cou et s'étale jusqu'à son épaule. reste d'une morsure, déchirure, bavure d'un chien, un bon bâtard dont il a jamais pu comprendre les raisons de cette attaque. toujours fringué de noir.
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| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Lun 30 Juil - 21:32 | |
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| dans la ville blafarde merle et sal | https://www.youtube.com/watch?v=yLyPu5qm5RAil sait pas comment faire, il sait pas où se mettre dans sa propre baraque, il sait pas si devant une plante ou dans un coin c'est mieux. il sait pas comment réagir, s'il faut passer outre ou tout simplement exploser le mur qui empêche de faire comme si. alors les questions restent pendues à sa bouche, s'accrochent à sa langue sans qu'il puisse en sortir une. porte qui se claque derrière lui, il continue de tirer une taffe, souffle par le nez la fumée grisâtre - son père sentira l'odeur, il dira aucun mot. il le rejoint, autour de la table, a chopé le cendrier que sa mère remplit à outrance au passage, il tapote dessus pour faire tomber la cendre - y'a plein de paroles qui se mélangent, y'a la voix de merle qui s'incruste dans les lieux. elle est bonne à entendre, pas vraiment berceuse, pas foncièrement caverneuse - un sorte de milieu qui défait les nerfs, l'empêche de se crisper. il ramène ses jambes sous son corps, en tailleurs, quelques mèches tombent sur ses tempes - l'élastique est pas assez serré. il sait pas quoi dire exactement, comment mettre les mots les uns après les autres pour que ça semble bien pensé - logique. même dans sa réaction sal se retrouve largué, jeté dans le vide et attendant avec angoisse de finir écrasé par la gravité. - si, si bien sûr j'suis content d'te voir - et content qu'tu sois en vie, du coup. il veut pas demander comment, même le pourquoi semble égoïste - faut dire que ces idées parfois traversent, passe dans une oreille sans ressortir, hantent les nuits trop longues et à la fois trop courtes. même sal s'est dit un jour que peut-être c'était un beau jour pour en terminer, de ne jamais porter de cravate qui ferait corde de pendu - de ne jamais trouver sa place. pincement de lèvre inférieure, quelques doigts passent dans son cou, il gratte un peu là où c'est plus fin - là où c'est rose, d'un rose chiqué, d'un rose trop rose, rose de fillette, rose cicatrisé. il ose pas toucher le lapin, il le regarde juste, sourire à l'appui - il a rien d'un sans coeur sal, juste qu'il sait plus gérer le sien qui rate le tempo. - ça fait pas mal à digérer, j't'avoue.rire sec, rire nerveux qui dure à peine une seconde. un temps. - donc la taule, le suicide, la rue. ça fait pas mal de stades. on dirait un triptyque de la galère. tentative de dédramatisation loupée, faut dire que ça fait flipper, que ça réveille en lui comme une envie de le dissuader d'en remettre une couche - comme si sa parole avait un réel impact, comme si quelques mots suffisaient à chasser les démons à coeur et à corps. - et un lapin, j'oublie le lapin.silence. - honnêtement j'pensais juste que tu t'étais taillé, j'sais pas trop où. faire le tour du monde, c'genre de conneries. remarque t'aurais pu, tu m'dois rien. pas plus qu'un attachement en fil léger, qui d'un coup de ciseaux pourrait être coupé. il continue un peu de gratter, s'arrête avant de faire pianoter ses doigts - il a besoin de s'occuper sal, quand il a les pensées qui fusent, quand il sait pas quoi faire de sa propre carcasse décharnée. y s'est passé quoi ? pour la prison j'veux dire.ou pour qu'tu reviennes, juste comme ça - |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Lun 30 Juil - 22:10 | |
| Il sait bien, Merle, que c’est beaucoup en une seule fois. Il en a conscience. Il reste immobile, le lapin soigneusement confiné entre l’enclos de ses bras, les yeux posés sur Sal. Il attend patiemment parce qu’il reconnaît les signes, le rire tendu et la façon dont il se tient, parce qu’il se reconnaît, des années auparavant, perché sur une chaise chez la sœur de Ghost, les yeux pressés contre son dos à pas savoir comment parler, comment se lancer, quelle question poser. Il reste silencieux pour lui laisser le temps et l’espace, reste immobile pour ne pas l’apeurer. C’est une question d’équilibre, sans doute, pas trop de mouvements pour ne pas le brusquer, pas assez d’immobilité pour se faire oublier. C’est difficile de regarder Sal, difficile de l’entendre parler à voix haute, difficile de ne pas lui parler de tout ce qu’il ne sait pas, de l’anniversaire de ses seize ans sous les ponts et de la prostitution, des vidéos qui dorment encore sur le net de son corps nu, de Peter, des Lost Boys, de tout ce qu’il ne sait pas encore, de tout ce qu’il ne doit jamais apprendre, parce que la vie de Merle ressemble à des montagnes russes, parce que tous les hauts connaissent des bas trop profonds pour être encaissé, parce qu’il a survécu et que personne n’a besoin de savoir à quel point il a marché près du vide pendant des années avant d’être poussé par-dessus le rebord, sans filet.
La question que Sal lui pose finalement le fait s’immobiliser tout à fait. C’est vague, vaste, compliqué. Il sait pas s’il lui demande comment il s’est fait chopper, ou pourquoi il a essayé de se foutre en l’air, il sait pas s’il lui demande juste pour savoir ou s’il cherche une explication, cherche à pardonner sa disparition. Ça lui fait pincer les lèvres que Sal puisse penser qu’il se serait tiré comme ça, ça lui fait serrer les dents parce que tout le monde a pensé ça, qu’il avait juste disparu parce qu’il devait des comptes à personne, qu’il avait foutu le camp juste pour le plaisir, juste parce qu’il pouvait, qu’il avait tout lâché parce que rien comptait. Il sait, que ce n’est pas méchant, que ce n’est pas cruel, il sait aussi que c’est pour ça que personne ne l’a cherché, que personne ne s’est rien demandé, pour ça que personne n’a posé de questions, pour ça qu’il est resté seul pendant six mois, abandonné, terrifié.
« Je me suis fait pincer avec de la came dans une voiture volée. » Il lâche, platement. « J’étais parti prendre l’air du côté de Jacksonville. J’ai pas réfléchi. » Il s’appuie contre le dossier de la chaise, enfonce les doigts dans le pelage de Bob, inspire, un peu trop fort, parce qu’il arrive à l’endroit épineux, l’endroit qui coince, l’endroit qui le fait flipper. « J’ai été envoyé dans une prison pour femme. Je me suis foutu en l’air parce qu’ils refusaient de me laisser accéder à de la testostérone et que je refusais de me laisser faire. »
Il défie Sal du regard parce qu’il a honte de beaucoup de choses mais pas de ça. Ça ne dure qu’une seconde, un éclat de fierté, un trois fois rien avant qu’il ne baisse les yeux à nouveau, tâtonne mollement pour s’allumer une nouvelle clope pour remplacer celle qu’il lui a cédé.
« J’serais pas parti sans te prévenir, tu sais. » Il a l’impression d’avoir déjà dit cette phrase, à Asher ou à Lenny ou à quelqu’un, un des nombreux qui pensent qu’il est juste parti. « Si j’étais parti faire le tour du monde, t’aurais eu des cartes postales. » Il ferme les yeux, crache un rond de fumée. « T’as fait quoi, toi, pendant ce temps ? »
Pas les mêmes erreurs que lui, Merle espère. |
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| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Lun 30 Juil - 22:47 | |
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| dans la ville blafarde merle et sal | https://www.youtube.com/watch?v=yLyPu5qm5RAtsunami qui s'abat, vague féroce qui vient l'engloutir, qui noie ses poumons dans le sel et dans les restes de poissons dévorés. ses os craquèlent un peu, ses pensées se mélangent, ne donnent qu'un miasme répugnant qui pourrait lui couler par les oreilles. un surplus, un trop, un calcul qui cumule tellement de chiffres que ça en devient indigeste - que ça fait peur, que ça terrifie. il voudrait que le temps ralentisse, qu'il puisse respirer entre chaque mot qu'il lui balance à la figure - les cartes sont sur la table, merle vient de lui mettre une branlée du diable, sal y perd au change au moins son âme. cils qui papillonnent, dans prison il y a femmes, dans femmes il y a aussi injections, juste avant ça rien n'importe vraiment - sur l'instant il fait pas le lien, sur l'instant il a envie de lui demander s'il déconne ou pas. pourtant ça devient plus clair, ça s'estompe peu à peu pour dévoiler des traits plus fins - plus délicats, plus doux sous les paupières. doigts qui pianotent sur la table, il s'arrête, croise finalement ses bras, penche un peu sa tête vers l'avant - il entame une analyse inconsciente, une observation plus poussée encore. peut-être ici, peut-être là, peut-être que tout ça n'a été qu'un remodelage - et qu'avant les hormones, il y a encore un avant qui reste, quelques touches de peintures qui jamais ne s'enlèveront. puis il revient sur terre, il se prend un retour de flammes - ça le surprend plus que ça ne le brûle. - moi bah - bah j'ai - faut qu'il reprenne les rênes, qu'il passe pas pour une ordure sans âme, un con qui pige pas comment on peut pas se sentir à l'aise dans son genre donné à la naissance, faut qu'il rebondisse, qu'il fasse pas l'outré ou le choqué. c'est difficile, c'est compliqué - trop, trop, trop, merle va définitivement le couler. - hm bah - pff, vraiment rien d'spécial. les cours, les ennuis, quelques bouquins à gauche à droite, un bref retour à l'hosto parce que j'sais pas marcher et que m'faire mal ça doit être mon truc. il se marre naïvement, à moitié crispé - un coup ce sont les dents qui se plantent dans sa peau, un autre c'est sa chute bidon qu'a ouvert assez son genoux pour qu'il se bouffe quelques sutures. depuis tout a été retiré, depuis tout s'est terminé par une petite marque claire. il regarde encore, il croise rapidement le regard - garçon au féminin, fille au masculin, l'un dans l'autre qui se déconnecte, l'un qui devient un autre. - j'suis désolé merle, j'dois passer pour un con avec la tronche que j'tire là. semblant de rire sec qui à nouveau trahit son état, il pousse un léger soupir, laisse tomber sa tête en arrière contre le dossier. même si j'comprends l'propos - les hormones et tout ça - franchement j'aurais pas aimé t'pleurer. il se détend un peu, laisse tomber sa tête sur le côté, qui vient cacher un peu son épaule, il se mordille la langue du bout des dents. - t'fais plus choper, vraiment.ses lèvres s'étirent en un franc sourire - deux pétales qui se détachent. - sinon - j'sais pas, mais c'est quand même très con de s'faire choper comme ça. surtout toi, en fait. j'pensais que tu courais plus vite que ça, j'suis déçu. ses doigts serrent un peu les manches de son pull, il baisse la tête. il est tiré entre deux néants, sal, entre les nouvelles et l'avant, entre ce qui était et ce qui est. pourtant ça bouscule seulement ce qu'il doit trier, qui est qui, qui fait quoi. à l'intérieur ça continue de malmener ses artères - à trop pomper le sang pour pas tomber de travers. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Mar 31 Juil - 0:09 | |
| C’est toujours rassurant, les réactions comme celles de Sal, l’incrédulité et la confusion parce qu’il sait que des années auparavant ça aurait été différent, qu’il aurait été une femme, imprimée dans sa tête, figée dans son crâne. Ils se racontent des choses difficiles mais Merle sourit à ce moment-là, un sourire large et véritable, quelque chose qui fait briller le fond de ses yeux, quelque chose qui lui fait secouer la tête. C’est positif, la réaction de Sal. C’est positif et doux et tendre et il se rappelle Ghost dans les toilettes de la barraque où il mixait qui le regarde un peu de la même façon, à une époque où il était même pas opéré, même pas rien, à une époque où seul les gens qui le connaissaient le voyait comme un homme. C’est pareil, c’est la même histoire, c’est différent mais pas vraiment, c’est Sal qui le regarde et qui ne voit qu’un homme, Sal qui le regarde et qui essaye de recoller les morceaux du puzzle et Merle rit, tout doucement, pose sa cigarette pour enfouir son visage contre Bob. Ca fait longtemps qu’il a pas ri comme ça, ça fait longtemps que sa gorge a pas gratté pour ce genre de raisons, longtemps qu’il s’est pas senti aussi bien dans sa peau. C’est fugace et suffisant et il se sent plus fort lorsqu’il se redresse, plus droit, mieux assuré.
« Tu passes tellement pas pour un con, Sal, si tu savais. » Il a les joues qui tirent et le regard rivé sur lui, la cigarette qui revient se planter entre ses lèvres. « C’est la meilleure réaction que tu pouvais avoir. »
Il voudrait lui dire que rien n’a changé mais il sait que c’est pas vrai. C’est normal, c’est naturel. Il aimerait bien que ce soit possible de faire autrement mais il sait que ça l’altère dans la tête des gens, pas beaucoup, pas vraiment, juste un peu. C’est pas grave, c’est comme ça et il appuie sa joue contre la paume de sa main, hoche de la tête, gentiment.
« Je cours vite. Très vite. Tu le sais, non ? » Il secoue la tête, se balance sur la chaise, pèse les mots doucement. « Faut qu’j’te une histoire pour que tu comprennes pourquoi ils m’ont eu cette fois-là. » C’est pas une histoire triste, pas cette fois, pas vraiment. C’est une histoire douce amère, une qui finit presque bien, une qui fait pas trop mal mais un peu quand même. « Y a un flic à Savannah qui m’a regardé et qui a décidé que j’étais pas juste bon à jeter. Il me protégeait un peu, tu vois. Il m’a tellement sorti de la merde que j’ai commencé à penser que je pouvais me tirer de tout. Le jour où je suis parti prendre l’air je revenais de sa chambre d’hôpital. » Il a l’air absent. Il revoit Asher, le blanc de la chambre, il revoit les larmes qui ont pas coulé, il revoit la scène, la repasse encore et encore, imagine la corde autour du cou d’Asher, la ressent presque comme il ressent encore la morsure de l’acier dans sa peau. « Il venait de tenter de se suicider. C’était un peu la merde dans ma vie et j’avais zappé la caisse et la came. Enfin bref, quand je me suis fait chopper je pensais qu’on me taperait sur les doigts, tu vois, qu’il viendrait me chercher, que quelqu’un viendrait. »
C’est pas arrivé mais il a pas besoin de le dire, Sal doit s’en douter.
« Hey, kiddo, je te promets que t’auras pas à me pleurer. Jamais. »
Même s’il a l’air au bord de la pente raide, parfois, même s’il semble prêt à sauter. Jamais, jamais, jamais, parce qu’il est comme ça. Jamais, jamais, jamais, même si c’est difficile. Jamais, jamais, jamais, parce qu’il est arrivé jusque là.
Il survivra. |
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| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Mar 31 Juil - 15:35 | |
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| dans la ville blafarde merle et sal | https://www.youtube.com/watch?v=yLyPu5qm5RAy'a dans l'écho du rire à merle comme un soupçon de regret, un soupçon de peur que la chanson s'arrête - que le sourire tombe et ne dévoile plus qu'un visage démunit, dépité, terrassé par une tristesse dont il ne saurait l'origine. pourtant il continue, il cause comme jamais, il s'ouvre en corps mutilé qui n'a plus rien à cacher - pas même ses organes qui continuent de battre. il a pas l'air d'en souffrir, au contraire, plus ça avance, plus il peut le sentir sal, que les muscles se relâchent pour enfin se retrouver dans une conversation presque banale - un poil naïve, un poil idiot de son point de vue puisqu'il ne saurait aller contre l'avis de merle. la lèvre inférieure se pince à nouveau, il reprend la cigarette laissée dans le cendrier pour tirer une dernière latte et enfin l'écraser, elle termine sa danse dans les airs en même temps qu'il souffle la fumée - il imagine tout ce qu'il explique, semblable à un film qui paie pas de mine et qui aura sa place seulement dans un petit cinéma indépendant du coin. l'idée le fait avoir un rictus, jusqu'au surnom - non l'accusation, qui pointe du doigt sa jeunesse qui fleurit encore, qui n'a pas encore atteint son paroxysme, pas assez pour qu'il soit enfin perçu en tant qu'adulte capable de penser par lui-même. les cils papillonnent alors qu'il laisse tomber une jambe dans le vide, l'autre reste sous sa cuisse. - kiddo... sérieux, j'ai l'impression d'avoir six ans. gloussement un peu sec, pas de déception - seulement de l'énervement quant à son manque certain d'années, pouvant le faire passer de pauvre ignorant à grand connaisseur d'une vie loupée. il hoche la tête, se redresse alors, fait quelques pas jusqu'à la cuisine, cherche dans le frigo un légume - une carotte qui tombe. il revient, la pose sur la table en regardant le lapin. le grand bob. le joli bob de sa fourrure brune qui jusqu'ici n'a pas semblé trop apeuré, habitué sans doute à se faire trimballer contre le torse de merle. - y doit avoir la dalle.il se repose, laisse son dos épouser le dossier de la chaise alors qu'il reprend le fil des échanges. - mais oui j'vois. n'empêche que ça craint surtout vu l'résultat. la taule ça doit valoir son pesant en matière de vacances prolongées. besoin de faire dans l'humour sombre pour faire décalage, pour ramener une lumière quelconque - qui saura aider là où il a été qu'inutile. il sent un creux dans son estomac, à de nouveau laisser le silence se pointer, regarder l'autre sans trop se gêner. pourtant ses prunelles fuient autant qu'elles zieutent - elles ont le sens de la contradiction. il pousse un vague soupir - il sait qu'il aura tout le temps de sourire après son départ, comme une pauvre gamine à qui on a offert une fleur dans la cour de récrée. - d'toute façon ça sert à rien de s'éterniser d'ssus. c'est cool d'ta part de m'avoir expliqué. au moins t'es dehors, t'as pas l'air totalement traumatisé - c'est l'principal et moi ça m'va. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Sam 18 Aoû - 18:06 | |
| C’est difficile d’avoir l’air fort malgré tout, difficile de redresser la tête, difficile de sourire ; Sal n’a pas six ans, Merle le sait bien, mais il est encore trop jeune pour porter le fardeau de ce qu’il a traversé. Ce n’est pas qu’il ne lui fait pas confiance, pas du tout : il accepterait de tout lui livrer sans faire d’histoire, la mère de Lenny, le froid de la lame dans ses bras, la cellule sombre qui l’a rendu fou et les mains du gardien qui serrait trop fort ses cheveux, qu’il détestait autant qu’il voulait parce qu’il n’y avait plus rien que le vide pour lui tenir compagnie, parce qu’il n’était plus certain d’être réel, parce que tout était silencieux et sombre et solitaire. Il accepterait mais ce serait injuste alors il hoche de la tête, évite de penser à la dernière fois qu’il a mangé, observe son lapin fourrer le nez dans des légumes sans commenter.
« Il a toujours la dalle, il sait pas que je l’engraisse pour le bouffer. » C’est une blague mais une blague qui tombe à pique, au milieu de tout ça, une blague qu’il continue en enfonçant l’index dans le bide du lapin. Il est même pas gros, en vérité, mais ça lui fait du bien de lâcher un sourire qu’est pas forcé. « Je sais que t’es pas un gosse, mec, t’inquiète pas. Je te laisserais conduire ma voiture sans moufter si j’en avais encore une. J’veux dire. J’te fais confiance. »
Il est pas sûr de lui avoir déjà dit alors il en profite à ce moment-là, parce qu’il le regarde pas et qu’il peut avoir l’air aussi doux qu’il en a envie. Il aime bien Sal. Il l’aime vraiment bien. Il lui fait penser à lui, des années avant, à lui en moins flingué mais en aussi buté, borné, désabusé. Il se demande comment il va tourner, plus tard, quels chemins il va emprunter. Il sait juste qu’il sera là pour lui coller une claque dans le dos et lui filer de la thune s’il en a besoin. C’est comme ça que ça se passe, quand on fait parti de la famille étendue de Merle Brekker et qu’on rejoint la clique Asher, Jael, River, Lenny, Otto et tout le bordel. Peut-être que Sal trouvera ça embarrassant, dans quatre ans, mais Merle lui laissera pas trop le choix. Il a plus envie de partir.
« Putain, tu sais, j’ai jamais été en vacances. Genre mes darons ils voulaient pas quitter leur ville à cause de toutes les tentations qu’on pourrait rencontrer et après ça j’ai bougé mais c’était pas vraiment des vacances. » Il pianote son menton du bout des doigts. « Faudrait que j’me penche là-dessus un de ces quatre. C’est censé être un truc cool les vacances. »
Ouais enfin il suppose. Parce qu’il a jamais pris de vacances mais qu’il a fait des camps et qu’il a voyagé à New-York aussi – mais ça a pas été une partie de plaisir non plus, il est pas sûr que ce soit ça les vacances, il faudra qu’il demande à Asher s’il en a déjà pris. Plus nonchalamment qu’il ne l’est réellement, il se redresse sur sa chaise, sourit à Sal.
« Alors, toi, quoi de neuf ? Tu fais toujours parti de ton gang ? C'est comme ça que t'as fait ta mauvaise chute ? »
Il sait que c’est pas réellement un gang. Enfin il croit. Mais ça vaut toujours le coup de se renseigner. |
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⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 189 ▹ points : 44 ▹ pseudo : roi peste. ▹ crédits : anesidora. ▹ avatar : wolfhard. ▹ signe particulier : cicatrice cradingue qui démarre de la presque naissance de son cou et s'étale jusqu'à son épaule. reste d'une morsure, déchirure, bavure d'un chien, un bon bâtard dont il a jamais pu comprendre les raisons de cette attaque. toujours fringué de noir.
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| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) Mar 21 Aoû - 0:59 | |
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| dans la ville blafarde merle et sal | https://www.youtube.com/watch?v=yLyPu5qm5RAc'est pas plus mal de reprendre les marques, de tracer à la craie blanche sur le sol là où il doit se foutre pour être sous les projecteurs, pour se prendre la douche de lumière. il peut pas vraiment s'empêcher de sourire, de se sentir à chaque fois plus désarçonné, sans armes et sans envie de se défendre - pas même un bouclier. il regarde le lapin, puis merle, puis de nouveau le lapin - inconsciemment il se demande ce que ça fait de vivre à lui, de le côtoyer matin, soir, des heures passées à juste le regarder du coin de l'oeil, à échanger, à piquer, au détour d'une porte, un quelconque baiser. il arrête l'image ici, se sent dépité d'y avoir songé - pourtant c'est pas comme s'il pouvait s'en empêcher. il écoute sans retenu, comme on lui raconterait une histoire passionnante au saut du lit, et que sans crier gare, on lui laisse la suite pour le lendemain. il regarde sa bouche se mouvoir, dans un ballet de chair rose, sans trop de blessures, ni cassures. elles sont sans doute pas plus douces que d'autres, pas plus agréables que d'autres - juste des lèvres comme d'autres. mais celles de merle. il inspire profondément, laisse ses prunelles noires s'attarder ailleurs, sur le sol quelques secondes jusqu'à ce que l'attention retombe sur lui - y'a rien de passionnant à souligner, pas de taule, pas de fuites, pas de contes à la bonnie et clyde. - ouais toujours, c'est comme un chewing-gum séché sous la semelle, dur à enlever. puis à force tu t'y fais. amusé de sa métaphore, il laisse le rire se dévoiler de bon coeur alors qu'il écrase le mégot de la clope dans le fond du cendrier. il laisse un peu tomber sa tête en arrière, une boucle qui se détache et vient s'échouer dans sa nuque. juste une mauvaise chute en vrai. j'sais pas, on s'baladait d'nuit puis y'a mon corps qu'est parti en roue libre, j'me suis taulée, salement. faut bien garder quelques traces d'une vie sur ce qui un jour permettra d'alimenter les souvenirs. il croise ses bras sur la table, y glisse son menton - obnubilé par ses traits, à les retracer du bout des cils, comme à l'encre de chine, y voir des touches féminines, masculines, capter là où ça fait trouble et où ça laisse plus aucun doute. - j'ai - ouais pas grand-chose à t'mettre sous la dent. paraît que l'adolescence c'est un long passage chiant ponctué de complexes et d'déprimes. haussement d'épaules, il saurait pas dire s'il peut franchement confirmer - il met pas tout le monde dans le même panier, sal, il se regarde juste dans un miroir quand il a le courage, ça lui suffit. d'amours déçus aussi. il pige pas pourquoi il glisse ça distraitement, c'est qu'il le regrette immédiatement. il sourit un peu de travers - façon grimace de clown qui se fait écraser le pied. - d'ici quelques années j'pense que j'aurais d'quoi te maint'nir en haleine des heures entières.un temps. - fin j'espère, d'quoi pas être ennuyeux.silence. - j'sais pas c'que j'dis. tu vois quand j'suis à court j'dis d'la merde.continue de sourire. |
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| Sujet: Re: dans la ville blafarde (sal ; fb) | |
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