T’es papa vieux, t’es papa vieux, t’es papa vieux… T’es papa vieux. Putain. Calbagh, clope au bec, se répétait incessamment cette phrase devant le miroir de la salle de bain pour… Pour quoi ? Il ne savait pas lui-même. Il ne savait pas si c’était pour se rendre compte de la folie de l’histoire, pour se persuader, pour s’imaginer ou toute autre chose psychologique de la sorte qui rendait totalement fou quelqu’un. Il laissait même consumer son bâtonnet de nicotine tellement il était concentré, à se fixer, droit dans les yeux. C’est pas la fin du monde, pas vrai ? Un gosse, c’est facile à gérer, ça s’gère tout seul d’ailleurs, c’est ce que t’as toujours fait. Ouais, t’as toujours fait ça, t’as jamais eu b’soin de ta daronne et encore moins du daron. Il continue son lavage de cerveau, se lobotomise en oubliant à quel point il était horrible d’être parent, oubliant tout ce qu’il y a derrière, tout l’Amour qu’il ne réussira peut-être pas à donner. C’est dur d’aimer un enfant, vous savez, ses parents n’y étaient même pas arrivés comment pourrait-il accomplir cet exploit ? Non tu peux pas abandonner l’mioche, t’as vu la mère qu’il a ? ça va faire comme toi, elle … Jake c’est pas une mère… Peut-être que t’es dans un rêve, peut-être que tu vas t’réveiller. Il s’arrête soudainement, se regarde quelques secondes avant de se pincer fortement le bras « AIE » et finalement, il se rend compte que son espoir s’écrase comme sa logique.
Et comment va-t-il faire pour l’annoncer aux autres ? D’abord, il n’avait pas envie d’aller à la prison pour parler de cela à JJ et Samih. Les raisons étaient multiples. La première étant qu’il ne souhaitait pas les visiter pour leur annoncer une nouvelle de merde. La seconde est que JJ est capable d’être la pire des enflures et ils risqueraient de se mettre sur la gueule (d’après les murmures de l’appart’, il est pas mal con. Enfin, pire qu’avant) et Samih pourrait lui faire la morale. Il n’avait pas besoin de quelqu’un pour lui faire la morale. Calbagh voulait préserver leur amitié et c’est pour cela qu’il s’était abstenu. Quant à Daire ? Il ne voulait pas lui dire quoique ce soit, c’était à peine s’il pouvait la saluer quand il la croisait (il lui en voulait tellement, mais il avait réellement besoin d’elle). Et Nana… Et Nana ? Pourquoi n’y avait-il pas pensé ? Peut-être parce que Nana est lunaire, Nana sait pas pourquoi elle est venue sur Terre, Nana est aussi perdue que lui. Quant à sa soeur, elle était déjà au courant de tout (May est au courant de beaucoup de choses dans la vie de Cal). Pour ce qui est de Niamh, il lui parlait pas (elle ne l’aimait pas) et elle n’avait pas à savoir quoique ce soit. « Bon, mec, sors. ça va t’faire du bien. » il attrape un tee-shirt, se vêtit rapidement et n’oublie pas son paquet de clopes, le peu d’tunes dans son porte-monnaie et les clés de l’appart’.

En chemin, et par habitude, Calbagh se charge d’envoyer un semblant de sms à sa petite soeur. Histoire de prévenir (ne sait-on jamais). Et c’est tout naturellement qu’il s’allume une nouvelle clope (qu’il enchaine depuis l’affreuse nouvelle) et qu’il se dirige vers le bar le plus proche histoire de se prendre une petite binouze et d’aller voir les quelques habitués qu’il avait rencontré dernièrement. Parmi eux (et il savait qu’il serait présent), il y avait Ismaël (à croire qu’il y bossait dans ce truc miteux mais Cal avait cru comprendre qu’il était mécano). Même si le métisse semblait froid et peu enclin à la conversation, ils avaient bien accroché. On ne saura jamais le pourquoi du comment mais il faut croire que la légèreté de Calbagh permettait de mettre en confiance même le pire des pitbulls. Qu’on s’le dise, Ismaël était impressionnant. Au départ, il aurait pu être une des nouvelles victimes de Cal (et ce n’était pas faute d’avoir essayé) mais pour une fois, et pour un soir, l’irlandais n’avait pas tenté de manipuler ou d’escroquer qui que ce soit. Et ce serait dommage de se mettre à dos un mec qui pouvait vous plier en deux - même si Calbagh s’était mis sérieusement au sport et à la muscu, il y avait encore pas mal de marge avant de faire peur à qui que ce soit. Comme prévu (et par chance) Ismaël se trouvait dans le bar en question, et Cal vint à sa rencontre « Salut vieux » qu’il le salue, tout naturellement, à l’aise comme il n’a jamais été malgré les questions qui embrument son cerveau « J’ai entendu une bière se décapsuler au loin, pas pu m’empêcher de répondre à l’appel » et pour la peine, l’irlandais ne s’attarda pas à commander une bière (pour commencer doucement) et s’installer à côté du métisse « Tu crèches ici que j’t’y vois tout l’temps ? » commençons par une conversation qui lui fasse tout oublier.

t'as encore les phalanges endolories par la nuit dernière. t'as fracassé la tête d'un type, un connard qui vous devez du fric, c'est ses dents qu'il a a finalement craché. t'es pas allé bosser aujourd'hui, des affaires à régler ici et là, des affaires pour ton frère, d'autres pour ta mère. de quoi oublier le fantôme du passé. aloïs et ses airs de gamines furieuses, aloïs qui t'a retourné le cerveau en un simple regard. et t'as terminé ta course au smoking dog, comme une boussole allant toujours vers le nord. ce ne sera pas pour un combat aujourd'hui, seulement pour apercevoir quelques têtes, boire un verre, deux, trois, surement dix. et rentrer chez toi en mauvaise compagnie. une fille banale, pour une baise banale. effacer les formes que tu connais par cœur, en les remplaçant par des nouvelles plus vulgaires.
tes doigts pianotent sur le bar alors que attends ta bière. la barmaid arrive, décapsule la bouteille qu'elle fait glisser jusqu'à toi. t'as pas le temps de boire une première gorgée qu'il y a une voix qui parvient à tes oreilles. tu lèves les yeux, regard sévère. c'est cal. un type que t'as aperçu ici à plusieurs reprises, un mec avec qui tu as passé quelques soirées intéressantes. à boire des bières, baver sur les culs et rires à vos blagues plus grasses les unes que les autres. une connaissance dont tu apprécies la compagnie les soirs de solitude. tu lèves ta main pour le saluer. tu ne bronches pas quand il s'installe sur le tabouret à côté de toi.
j'avais besoin de compagnie, ça tombe bien !
que tu lâches, en reportant ton attention sur la bière. tu portes le goulot entre tes lèvres, tu avales une grosse gorgée rafraîchissante. tu passes une main dans ta nuque, tes yeux clairs se posent sur l'irlandais. tu ricanes à sa remarque. tu pourrais presque vivre ici tant tu y passes du temps.
c'est vrai que je traîne souvent ici, peut-être trop souvent.
la faute au fight club et au reste. la faute à tes penchants accrus pour l'alcool et la violence. nouvelle gorgée. il a l'air soucieux le gosse, ça t'interpelle.
et toi alors ? ... t'as toujours pas trouvé une petite poule, pour passer ton temps avec des types dans mon genre ?
tu ricanes de nouveau, t'es taquin, mais tu ne souris pas.

Et le métisse dans sa sympathie singulière et d’une esquisse d’un sourire invisible accueille l’irlandais et répond même à sa question qui n’en était pas une. Plutôt une constatation. Cal ne sait pas comment Ismaël fait pour traîner souvent (tout le temps ?) ici. Autant l’irlandais aime bien l’endroit glauque et les bières tièdes, autant il préfère largement traîner dehors et faire ses sales coups en compagnie de sa sœur. Dernièrement il a réussi à récolter de l’argent sur un pari dont il n’était même pas bookmaker. Il avait de la chance d’avoir son charisme et sa jolie gueule de gentil garçon. Il en avait piégé plus d’un (et plus d’une). La seule qui n’avait pas totalement basculé de son côté... ça avait été Jake. Et merde, il refuse d’avoir l’image d’elle dans sa tête. Il était venu ici pour penser à autre chose « et toi alors ? ... t'as toujours pas trouvé une petite poule, pour passer ton temps avec des types dans mon genre ? » et heureusement que Ismaël l’engage sur une conversation qui l’intéresse grandement même si la réponse ne sera pas fameuse « Crois pas si y a un p’tit cul qui passe par là je te laisse, d’ailleurs ... » il se tourne en direction de l’intérêt de son attention. La barmaid, vêtue d’un débardeur mettant en avant sa poitrine (un cliché de plus a retenir) s’approche pour lui déposer sa bière. De son plus beau sourire, Cal attrape l’objet et dit « Hé Mimi ! Ça t’branche une petite soirée en tête à tête tous les deux.» son ton est volontairement lourd et assistant, ce qui permet à la barmaid de rétorquer « Dans tes rêves Cal.» et elle lui tourne le dos, permettant au jeune homme de se contenter de la vue de son derrière un peu rebondie puis de glisser discrètement à Ismaël « Au moins elle me permet de la ken dans mes rêves c’est déjà ça.» puis il boit une gorgée, d’un sourire, fier de sa remarque « Et sinon pas d’gonzesses en vue. De toute manière elles font chier, j’fais une pause avec la gente féminine. Trop relou et trop bizarre et ...» et finalement toutes les autres ne seront jamais Jake « En parlant de relou, je vais porter un toast à ma sœur. Elle est pas là mais elle m’a demandé de le faire donc ... voilà. A Maedbh, ma sœur chiante mais gentille. C’est déjà ça. Tu veux porter un toast à quelqu’un toi ? A ton rencard qui t’a planté ?» Cal lui jette un regard, le sourire taquin et angélique. Toujours aussi fier de sa boutade. Et content de changer de sujet aisément... pour zapper Jake et le gamin de sa tête.

tu ricanes une nouvelle fois à sa remarque.
tu suis son regard qui s'accroche aux courbes de la barmaid, elle n'est pas désagréable à regarder, mais elle est intouchable. trop habituée aux types de votre acabit. mais l'irlandais tente tout de même une approche, ridicule, il a tout l'air d'un gosse et ça te décroche un sourire moqueur. elle le remballe, mais il ne semble pas si surpris. et c'est sans discrétion que vous regardez tout les deux son cul lorsqu'elle s'éloigne. tu ne peux t'empêcher de rire, une baise virtuelle, ça n'a aucun intérêt. tu tournes légèrement la tête vers lui alors qu'il ne s'arrête pas. sa vie sentimentale sur pause, au même titre que sa vie sexuelle ? t'arques un sourcil, boit une gorgée de plus. les femmes sont des créatures étranges que vous ne comprendrez jamais, mais vous ne faites pas l'effort nécessaire. vous vous laissez guider par vos pulsions, ce que vous avez entre les jambes comme réelle baguette de sourcier. le mâle dans toute sa splendeur. il porte un toast à sa sœur et tu lèves ta bière dans les airs par principe. puis il taquine. ton sourire à présent dévoile tes crocs.
personne ne me plante. réponds-tu sûr de toi. et puis, les rencards c'est pas mon truc. j'prévois jamais rien à l'avance.
et c'est bien ça le problème. tu agis sans réfléchir, les femmes se succèdent et se ressemblent. des filles faciles attrapées dans un bar ou ailleurs. des filles à ta hauteur, qui ne valent pas grand chose et ça te va très bien. tu ne les respectes jamais et c'est ce qui les fait revenir. pas un sourire, pas une belle parole.
tu fais une pause ? ... vraiment ? que tu ricanes. t'y arriveras pas, tu baves comme un chien dès qu'il y en a une bien gaulée qui passe. d'un coup de menton tu désignes une blonde qui avance non loin de vous. aucun homme sain d'esprit ne saurai faire une pause.

Ismaël est sûr de lui et Calbagh ne veut surtout pas le contredire. D’abord parce qu’il souhaitait passer une bonne soirée, ensuite parce qu’il avait une belle gueule et enfin parce qu’Ismaël n’hésiterait pas à lui en coller deux s’il le fallait. Alors, il préfère boire une gorgée de sa bière et hausser les épaules. Peut-être avait-il raison, dans sa manière de fonctionner. Pour ne pas dire qu’il avait totalement raison. Cal s’était rendue compte qu’aujourd’hui, tout se faisait sans prévention, sans jamais penser à plus tard, sans jamais voir l’avenir. Peut-être parce que l’avenir semblait trop noir et trop moche, et que plus personne ne voulait vivre de désillusion. Au lieu de cela, leur génération se laissait pourrir, transporter par les « on verra » et la procrastinisation. Les gens étaient devenus sentimentalement fainéants. Cal n’était pas un fin lecteur (c’est à peine si, déjà, il arrivait à ouvrir un livre) mais il se souvient des envolées lyriques (et parfois ennuyeuses) qu’on lui faisait bouffer en cours. A l’époque, ça ne rigolait pas avec la plume « tu fais une pause ? ... vraiment ? t'y arriveras pas, tu baves comme un chien dès qu'il y en a une bien gaulée qui passe. » Ismaël semble le mettre au défi, tout simplement parce qu’il n’y croit pas. Cal aussi n’y croit pas, peut-être que demain il croisera le regard d’une jeune fille en fleur ou qu’il trouvera son bonheur sur Tinder… Ou encore, peut-être que Mimi voudra bien coucher avec lui, ailleurs que dans ses rêves, mais à l’instant T l’esprit de Cal n’était pas destiné aux femmes. A une, en particulier. Mais tout simplement parce qu’il se retrouvait prisonnier de ses propres maladresses, des erreurs de sa jeunesse - mais il reste jeune, tout de même, on a parfois du mal à l’appeler respectueusement monsieur, on préfère le terme de merdeux. Cal sourit au jeune homme et tourne sa tête en direction de la blonde visée. Sans plus. Il boit une autre gorgée de la bière rafraichissante et, de tout son sérieux, ajoute : « Faut qu’je digère une nouvelle à la con, j’sais pas trop quoi en penser encore. » Il est honnête et ça ne le dérange pas de parler de cette affaire de paternité même avec un simple collègue, un mec qu’il ne connait que depuis peu de temps en soi « J’ai appris que j’avais un mioche. Et … c’est complètement chelou, toute cette histoire… C’est chaud. »

tu taquines, pourtant tu n'y arriverais pas non plus.
faire une croix sur les femmes, même une semaine, ce ne serait pas possible. tu as bien trop peur de l'ennui, de te retrouver seul, de ne rien avoir à te mettre sous la dent. elles sont l’échappatoire et tu es sans doute le leurs. un mec sans attache que l'on peut laisser au petit matin sans même se retourner. tu bois une gorgée, et Cal prend un air sérieux qui t'oblige à porter toute ton attention sur lui. une nouvelle lui passe en travers. tu t'attends à un décès, un problème avec les flics, une connerie dans le même genre. mais c'est d'un môme qu'il parle, et ça te fait avaler ta bière de travers. tu tousses légèrement, tu ricanes sans méchanceté.
un môme ? toi ?
tu le regardes de haut en bas, il a toutes les allures d'un gosse. un gamin tout juste sortie du lycée. il a pas la carrure à être père, comme beaucoup d'homme sur cette terre. nouveau rire de ta part, tu saisis son malaise. tes yeux se font curieux, tu veux en savoir plus sur cette histoire. peut-être est-ce une sombre blague ?
me dit pas que t'as été assez con pour pas prendre tes précautions la dernière fois que t'as baisé une gonzesse ?
dans le fond ça t’étonnerait pas. toi le premier, tu ne fais pas toujours ce qu'il faut. toi le premier tu prends tes aises, tu profites du moment sans penser aux conséquences. alors tu pries le seigneur quelque fois, qu'il ne te fasse pas père avant l'heure. tu donnes une tape dans le dos de Cal, une tape amicale, une tape compréhensive. histoire de lui signifier qu'il peut tout te raconter si le cœur lui en dit. tu ne promets pas que tu ne le jugeras pas.
t'as appris ça comment ? ... la prochaine bière est pour moi !
que tu lances finalement, avant d’interpeller une nouvelle fois la barmaid. qu'elle vous resserve la même chose, la soirée s'annonce plus longue que prévue.

Annoncer sa paternité était aussi difficile et incroyable que de faire un coming-out pour Cal. Evidemment, l’un n’était que le dévoilement de ce que nous étions réellement au fond alors que l’autre n’était que le terrible aveu d’une irresponsabilité. Une irresponsabilité qui vous tombait sur le coin de la gueule dans l’un des pires moments de votre vie, du-moins dans celle de Calbagh. Avec toutes les merdes qui étaient arrivés au Kids dernièrement, le fait que l’un d’eux soit parents devait être considéré comme une vaste ironie, une boutade stupide de la vie. Calbagh n’aurait jamais pensé que ce soit lui le prochain visé (de toute manière, dans sa tête, ça aurait été JJ. Ça aurait toujours été JJ celui qui devait s’foutre dans des situations compliquées parce que c’était comme ça, c’était dans sa nature. Pire encore c’était sa ligne de conduite). Calbagh s’était toujours pensé suffisamment malin. Et c’est pour cela qu’il tombait de haut à l’heure actuelle. Et qui pourrait croire que Cal puisse être père ? Même Ismaël semble trouver cette nouvelle absurde. Calbagh est encore dans le déni « me dit pas que t'as été assez con pour pas prendre tes précautions la dernière fois que t'as baisé une gonzesse ?» que le métisse lui demande, lui donnant une tape d’encouragement (mais Cal n’avait pas besoin d’encouragement ou d’être rassuré. Il avait seulement besoin de se réveiller de ce mauvais rêve, de se dire que ce n’était qu’un mauvais trip d’une soirée too much). Vient la question à un million de dollars, la fameuse et la curieuse. Même le fait qu’il lui commande une autre bière ne donne pas un peu de joie à Calbagh, bien qu’on dise tout de même : c’est meilleur quand c’est gratuit. « J’me pensais pas l’être aussi pourtant j’ai jamais fait le con de ce côté là.» la faute à (ou grâce à) son éducation religieuse qui l’avait répugné de tous les diktats sur la gloire de Dieu et ces extrêmes concernant l’éducation sexuelle. Et honnêtement, Cal en avait vu des potes se faire avoir par des nanas qui disaient prendre la pilule... Et pourtant. Malgré ses précautions, Jake avait un mioche. Ils avaient un mioche. « Le truc c’est que cette connasse ne m’a jamais rien dit. Elle m’a jeté et après jamais eu de nouvelles.» il omettait les nombreuses disputes et ce fameux soir où Jake avait gueulé, toujours plus fort, en lui démontrant toute sa haine et en lui brisant le cœur. « Putain mais depuis quand ça se fait ça !?» s’insurge Cal, ignorant royalement sa bière qui venait tout juste d’arriver « J’sais pas, elle a du se camer et elle a merdé, apparemment c’était trop tard pour avorter. De ce qu’elle m’a dit. Résultat, elle se retrouve avec un môme et ... moi aussi par la même occasion.» c’était Jake l’irresponsable, pas lui, pas vrai ? « Franchement mec, l’amour ça rend con. Mais vraiment con. Pourtant je savais que Jake était comme ça, à se foutre dans la merde toute seule et à aimer ça. J’aurais du me méfier elle qui était si proche de ces cons de Yobbos.» et si Cal savait que Jake connaissait aussi bien Ismaël, peut être n’aurait il jamais parlé de cette histoire.

t'offre une bière par principe.
t'offre une bière comme beaucoup d'autres le feraient. pour apaiser les tensions, montrer un peu de compassion. tu veux connaitre le fin mot de l'histoire, ça ne t’intéresse pas plus que ça, mais la curiosité prend le dessus et Cal semble avoir un besoin excessif de se confier. à toi, qu'il ne connait pas réellement. tu n'aurais pas fait la même chose, parce que t'es une réelle tombe. personne ne te connait, tu es juste un mirage, un nuage de fumée impossible à caresser. vos bières ne tardent pas à arriver, et tu termines la première tout en écoutant ses dires. il a fait attention, tu le crois. cela ressemble à une histoire comme on en entend souvent, la fille qui fait ça toute seule. se débrouille pour donner les informations au dernier moment, quand il est déjà trop tard et que le gosse est déjà presque né. le môme surprise.
puis il continue.
le nom de Jake est prononcé et tes sourcils se froncent.
tout devient trouble dans tes neurones, tu n'écoutes plus, tu remets les pièces du puzzle en place. il y a moins d'une minute, tu étais prêt à le rassurer, lui donner des conseils, aller dans son sens pour qu'il se sente mieux. et maintenant, t'as les mâchoires serrées. le souffle qui s'accélère par la colère qui monte, l'éruption est proche. trop proche, incontrôlable. comme un chien de garde enragé, t'as déjà saisis le col de son haut. brutalement pour que ses yeux se plongent dans les tiens. surement qu'il ne comprend rien, qui comprendrait une telle réaction. tu l'as forcé à se lever, ton poing se serre alors que tu le maintiens.
c'toi l'enfoiré ?! que tu craches. le connard de père ?!  parce que cette histoire, elle t'en a parlé, pas en détails. juste assez pour que tu te sentes concerné. tu ne devrais pas. tu devrais passer ton chemin, mais tu n'y parviens pas. ce n'est plus de la colère, c'est la haine qui t'habites. tu crois que c'était une partie de plaisir pour elle ? tu crois vraiment qu'elle voulait juste te la mettre à l'envers ! tu hausses le ton sans même t'en rendre compte. et tu viens écraser sa tête contre le comptoir, pour ne pas lui en coller une. j'veux plus t'entendre parler d'eux, c'est clair ? que tu siffles à quelques centimètres de son oreille.