Qu’est-ce que tu cherchais à faire ça Meadbh ? A te faire violer ? C’est ce que tu voulais, à sortir comme ça dans la rue ? Ces mots tournaient encore dans ton esprit alors que plusieurs jours s’étaient déjà écoulés depuis que Cal t’avait craché ces mots à la figure sous l’impulsion de la colère. Tu n’avais pas réagi, préférant faire diversion plutôt que d’alimenter la dispute avec ton frère, trop fatiguée pour t’énerver alors que tu n’avais rien fait de mal. Dans le fond, tu savais très bien qu’il cherchait simplement à te protéger mais il ne pouvait pas te protéger de toi-même, pas vrai ? S’il t’avait arraché de l’autorité de Papa, ce n’était pas pour t’enfermer à son tour. Maintenant que tu avais goûté à la liberté, tu n’envisageais plus de retour en arrière. D’ailleurs tu n’avais plus la moindre idée de comment t’y prendre, pour revenir en arrière justement et sortir de ce personnage que tu t’étais construit au fil des années auprès des Kids. A croire qu’il te collait un peu trop bien à la peau.
Remontant la rue de Tybee Island, tu faisais rebondir la semelle de tes Gazelle sur le bitume tandis que la légère brise du soir faisant danser ta tunique blanche le long de tes reins. Ta mésaventure avec Seven ne t’avait visiblement rien appris non plus. Il fallait croire que tu referais cent fois les mêmes erreurs s’il le fallait. Peut-être que dans le fond, Cal avait raison : il fallait qu’il t’arrive quelque chose pour que tu comprennes qu’à jouer avec le feu, tu finirais par t’y brûler.
Mais pas ce soir, n’est-ce pas ? Il faisait beaucoup trop bon pour que cette soirée tourne mal et toi, tu étais toute décidée à profiter de l’été comme si plus rien d’autre ne comptait. A vrai dire, tu ne voulais même pas penser aux Kids : ce soir tu ne t’inquièterais de personne, ni de Cal, ni de Samih et encore moins de JJ. Qu’ils aillent tous se faire foutre ! Ce soir tu n’étais qu’une jeune femme en quête d’amusement et c’est tout naturellement que tu poussais la porte d’un bar connu pour ses réguliers petits concerts. Tu y étais déjà venue à plusieurs reprises depuis le début de l’été et bien que très différent du Smocking Dog ou tu passais le plus clair de tes soirées, tu appréciais l’ambiance festive qui y régnait.
Ce soir encore, un petit groupe local endiablait la salle mais tu n’y prêtais pas réellement attention, tes pas te guidèrent directement jusqu’au bar contre lequel tu vins prendre appui de dos, adressant un sourire enjôleur au barman. Raté. C’était une barmaid. Fuck, songeais-tu. Pour boire à l’œil, il faudrait faire mieux que laisser le haut de ta poitrine dire bonsoir ! « Un mojito s’te plait. » commandais-tu avec des envies de fraîcheur, attrapant le verre avant de zigzaguer entre les tables jusqu’à la terrasse, moins prise d’assaut par les accords furieux. C’est alors seulement que tu repérais une tête connue. Un type que tu avais déjà croisé une ou l’autre fois en soirée et avec qui tu avais sympathisé vite fait. Il n’était pourtant pas seul, il était venu des copains à lui mais tu n’y prêtais aucune attention en le rejoignant, passant derrière lui en laissant traîner tes doigts le long de sa nuque. « Tiens tiens, ça faisait longtemps ! » souris-tu lui déposant un furtif baiser sur la joue avant de relever tes yeux d’un bleu profond sur ses amis. Voilà une belle brochette qui aurait sans doute de quoi te divertir « J’suis dégoutée, mes copines m’ont planté au dernier moment ! Genre j’étais limite devant l’bar quand j’ai eu les messages… » soupirais-tu en inventant un bobard sur le ton qui allait bien en croisant le regard d’un brun au regard pénétrant (Toi). Et ça ne loupa pas, ta connaissance y vit une trop belle occasion de t’inviter à leur table et en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, tu te retrouvais à taper les bises aux mecs, te présentant d’un sourire radieux, terminant par celui sur ta droite, celui même au regard qui vous sondait l’âme.

@Mazeo Siloe

Tu te souciais peu de t’incruster juste comme ça à une table pleine de mecs que tu ne connaissais même pas, prétextant une amitié aussi superficielle que fade pour justifier de ta présence. A vrai dire, tu te moquais bien d’être la pièce rapportée : avec ta peine de boobs qui dansaient librement dans ta petite tunique blanche et ton short de jean qui remontait sur tes cuisses dorées, t’avais l’avantage d’être le clou du spectacle et tu comptais bien leur offrir de quoi se souvenir de toi, usant et abusant de sourires et expressions que seule une gonzesse un peu perchée comme toi pouvait sortir.
Les présentations furent vites faites et avant même qu’ils aient terminé de scander leur prénom, tu les avais déjà oubliés, répétant quand à toi plusieurs fois le tien avant de jeter l’éponge et leur conseiller de se contenter de « May » ce surnom qui te collait trop bien à la peau puisque ces rednecks étaient même pas foutus de retenir ton prénom à toi, encore moins l’écrire. Les conneries habituelles quoi. Celles qui t’assuraient une place de choix à leur table et ton mojito entre les doigts, tu en appréciais la fraîcheur après avoir tant parlé en l’espace de quelques secondes. Ils avaient l’air sympa à la réflexion, le genre de gars sans prises de tête mais à qui tu ne confierais aucun de tes secrets évidemment, aucun ne semblait réellement fiable mais ça te convenait bien, tu n’étais pas venue pour lier des amitiés éternelles, pas quand ils se demandaient déjà lequel aurait la chance de te serrer avant le lever du soleil. Tu connaissais déjà la réponse mais les voir essayer t’amusait assez pour que tu laisses le doute persister.
Laissant leurs conversations reprendre, tu portais ton verre aux lèvres et quand un morceau de menthe vint avec, tu plissais le nez d’une petite grimace avant de l’attraper sur le bout de ta langue et aller la coller comme une mauvaise écolière sous la table, surprenant le regard du brun qui n’avait visiblement pas loupé une miette alors sans gêne, tu lui adressais un petit sourire amusé, reposant ton verre avant de te retourner vers lui. « On se connait déjà non ? » Absolument pas, tu l’avais peut-être croisé en ville une fois ou l’autre mais jamais approché ni de près ni de loin. Ce n’était qu’une manière d’aborder la conversation. « Tu es de quel coin ? Je te jure je suis sure on a déjà du se capter quelque part ! »

@mazeo siloe

Lorsque tu t’incrustais de la sorte, sans même demander leur avis, tu prenais toujours un risque, celui de tomber sur des gros relous ou dans certains rares cas, de te faire refouler. Ce soir, ça n’arriverait pas. Les garçons semblaient sympathiques et certains osaient reprendre leurs discussions, non pas comme si tu n’étais pas là mais en prenant le soin de t’y inclure, de t’expliquer le contexte. C’était sympa, ils n’étaient pas prise de tête et visiblement, ils avaient le goût de la fête.
C’était pourtant sur ton voisin que tu avais porté ton attention, sans doute attirée par son air calme. Peut-être était-il plus réfléchi que les autres, ou plus aguerris, tu le saurais bien assez vite alors que tu levais le nez vers lui pour entamer la discussion, sans jouer la carte de la fausse timidité ou de la pudeur des jeunes filles en fleur. Tu pourrais pourtant mais ce n’était pas toi, tu étais beaucoup trop extravertie et sure de toi pour la boucler et le laisser venir de lui-même. Trop d’années à te taire et faire ce que l’on te dictait, à présent tu faisais toujours ce que l’on te disait (à savoir, rien du tout !) mais tu ne te taisais plus. C’est donc avec un aplomb certain que tu inventais un prétexte pour lui adresser la parole, ne sourcillant pas d’un poil à l’évocation du mensonge. Mentir semblait t’être devenu aussi naturel que respirer et il fallait admettre que tu te débrouillais plutôt bien dans l’exercice. « Pour l’instant » souris-tu à sa réponse, promesse qui n’en était pas vraiment une, juste une petite mise en garde innocente et d’ailleurs ton petit sourire amusé n’annonçait rien de mal. Profitant de son attention, tu poursuivis, lui donnant l’opportunité d’entrer dans la discussion et à ta grande satisfaction, c’est ce qu’il fit. Laissant un petit sourire d’esquisser sur tes lèvres, tu appréciais le compliment avant de reprendre, curieuse « Du coup tu ne m’as pas répondu, tu es de quel coin ? »


@Mazeo Siloe

Tu te souciais peu de l’impact que tu pouvais avoir sur les hommes que tu rencontrais en soirée, à vrai dire, tu avais beau leur offrir les promesses d’un souvenir impérissable, la réalité était toute autre. Si tu pouvais même effacer ta trace de leur mémoire, ce serait sans doute mieux, pour toi, pour les emmerdes que tu pouvais t’éviter aussi. Certains n’appréciaient pas, vraiment pas, se rendre compte qu’ils avaient été délestés de leurs papiers et argent. Trop tard. Quand tu étais déjà loin, prête à dépenser leur argent pour des conneries ou plus rarement, pour payer ta part aux Kids avant qu’ils ne commencent à râler et te faire comprendre qu’il serait temps que tu te bouges un peu.
« Eh bien, ravie de faire ta connaissance Mazeo » dis-tu d’un joli sourire en lui tendant la main par-dessus ton verre, coude posée contre la table, amusée par ces présentations formelles avant d’avaler une nouvelle gorgée, tu l’écoutais se présenter. Mazeo. C’était bizarre comme nom, italien peut-être ou mexicain ? Tu n’en savais rien de ses origines et sans doute que tu t’en fichais un peu aussi mais tu aimais bien l’idée de rencontrer des personnes de toutes origines sans limites et surtout, sans même bouger un pied du sol américain. Tu avais beau adorer critiquer le pays et la culture américaine avec Knox, en réalité ce pays était bien pratique et la vie n’y étaient pas si dure qu’à New-York.
Reposant ta question, tu tournais le visage vers lui quand il te répondit le truc le moins utile du monde, le regardant comme s’il était complètement débile. A vrai dire, tu ne savais plus bien quoi répondre à ça, il t’avait coupé la chique. Ouvrant la bouche pour répondre, tu la refermais finalement pour aller te servir une clope dans le paquet posé devant toi. A qui il appartenait ? Pas la plus moindre idée. « Il est ou le briquet ? » questionnais-tu en cherchant du regard.