anecdotes
01 se perdre ; La corrompue marmaille ; les colosses de larmes à l’âge de la bataille. Ils sont trop. Ils sont sots. Ces mômes à peine nés dans leur rôle sans soubresaut. Y a les gosses caressants ; les gosses cassants. Ceux effleurant. Ils se ressemblent à peine. Ils se ressemblent sous les veines. Veines immorales. Veines associables. Veines bien trop abordables ; comme le cul de ces mamans cousines ; voisines de bien des mâles.
Ils sont tous pareils.
Tous les mêmes.
Sauf toi.
Toi ; la petite Bambina t’es la pétale de trop sur cette rose bien trop céleste pour toi. La seule subtilité de la troupe. Seule ; enfant unique d’Eva sans plus aucun Adam. Égérie esseulée. Sirène effleurée. Nymphe adorée.
T’es la plus belle Bambina. qu’elle te répétait cette madre fleuron de vénusté. Bastion du péché.
Mamà c’est toi la plus belle. T’as à peine dix piges ; mamà c’est elle la plus belle. T’as plus de vingt piges ; mamà c’est elle la plus belle. Comme tous ces foutus Rivera.
02 s'habituer ; Bambina. La famille. La faille. La fille.
Bambie t’es l’oubliée au fond d’un puits. Le mégot à peine grisé sous une insolente pluie. Là ; crevant juste à côté de cette grille d’égout dégorgée. Toi t’as que la madre ; toi douce muse muselée aux abîmes effleurés. Ouais y a bien Alice. Y a bien Carmen. Mais t’as que la madre ; douceur charnelle d’une dynastie aux démons péchés. T’as que ça tendre charme ; t’es que ça perles fatales. Le sang fauve. Le sang qui prêche l’absence des mots des aubes. Une rose nécrose aux sépales jaunes.
Absence de famille. Bambina soumise. Soumise à ta perdition. T’étais plus personne ; t’avais pas de nom. T’avais plus de paternel ; plus de repère matériel. Enfant pourrie. Enfant enlaidie. Tu te reprochais jusqu’à être née.
Pourquoi t’es pas là putain de crevard ?
Toi un papa. Toi une aura.
Toi tu crèveras.Et Bambina t’étais inhabitée. Dépeuplée. Sans atticisme. Sans paroxysme.
S’en aller. Respirer. S’habituer. Finir par crever. 03 se libérer ; Alors Bambie tu te réfugies dans tes vieux coffres à jouets. Tu te réfugies dans ta frayeur d’être gosse mal-aimée ; mal léchée. Trop veloutée ; trop volupté. Tu t’réfugies dans les pas de ta mère. Tu l’aimes. Tu peux rien faire sans elle. T’es dépendante jolie ange aux chétives ailes. T’as même encore peur du noir. Tu chiales souvent le soir. T’es minois argenté ; gentil ; doux céleste et de modestie. Mais t’aimes pas ta fièvre de maladresses. Tu dessines beaucoup quand t’aides pas les Rivera au salon ; tes chimères ; tes mirages ; les parages. T’as trop vrillée de la réalité. Échouée la gamine shootée à l’élixir de naïveté. Tu t’envoles loin. Loin dans un monde qu’on te pensait impossible de revenir. Ils te croyaient folle allier. Ils te croyaient déboussolée. Mais faiblarde poupée t’en es revenue. Blafarde envolée t’es réapparue. Grandir. S’embellir. Faire pâlir. Tu faisais des trucs d’adultes parfois. Tu fuyais le maudit trépas. Tu matais la télé tard ; tombais sur des programmes qu’il fallait pas voir.
Pas à ton âge. Du sang ; du cul ; du parloir. Un foutu foutoir.
04 s'idôlatrer ; Mamà et la tante Carmen elles tiennent un petit salon de beauté. Beauté fausse ; rajouts empotés. Mais la règles des Rivera c’était d’aider.
Mija donne-moi ça. Mija tiens-moi ça. Mija va t’occuper de la vieille dame là-bas. Toi tu pouvais pas dire non. Toi tu voulais toujours avoir l’esprit bon. T’étais un peu la chouchoute de la famille petite. Y avait Arthur aussi. Tu le traînais comme ton caniche. Tu t’croyais grande sale poupée mal élevée. Tu t’croyais fière. Tu t’croyais ordonnée. Tu rôdais plutôt aux bords de la caisse à la boutique embrumée. Toi tu préférais jouer avec ces bouts de papier coupés en carré.
Pourquoi elle te donne ça pour une coiffure mamà ? Le billet flanquait l’air et bientôt t’aimerais qu’il flanque ton porte-monnaie. T’entres au lycée à l’époque et bordel ce foutu succès te collait.
T’allais voir Eva. Tu lui ordonnais.
Mamà fais de moi la plus belle de toute la Terre. Elle te coiffait. Elle te maquillait. Elle t’habillait. T’étais princesse. Elle était fauchée. T’étais altière. Elle était impliquée.
05 se désirer ; Oslo. C’était le gars qui traînait toujours sous le vieux pont miteux ; courbes que tu connaissais trop bien. T’y emmenais Arthur avec toi. Arthur c’est ta fève. Ta sève ; ta chance. Ton affluence ; le fantasme de tes rêves. Tu l’adores ce gosse putain ; tu crèverais de jamais lui lâcher la main.
Oslo c’était un gars qui venait de l’est. Est Europe. Perdu entre neige et communisme proclamé. C’était un étalon brun au regard marbré. Trop étiolé pour y déceler même le mensonge d’un sentiment qui n’est pas le sien ; un sentiment qu’il feint. Son dessein à lui c’était de choper des gamines. Il t’as chopée fière gamine. Il a su dévorer le premier ces formes sculptées à même ta puberté inachevée. Corps de gamine ; tu te découvres ces formes pas si futiles. Tu te mates dans ces reflets qui passent. T’es plus la même ; t’es plus la môme lasse. T’es une putain de femme. Une femme faiblarde piégée par le second homme de ta vie. Oslo. Son padre. Qui sont ces pourris aux couilles trop blindées ; ces fumiers au cœur trop ciré.
Putains d’hommes, putains de vieux tarés. 06 s'instruire ; Bambina t’as grandi trop vite. Bambina t’es devenue mûre en orbite. T’as d’abord menti les veillés ; lâché le travail au salon de beauté. Squatter ce putain de vétéran lit accablant ; musique crevant les tympans.
J’peux pas aider mamà. J’ai des devoirs. Et un soir t’emportes des livres. Des livres de grands ; des livres pertinents. Le rationnel au bout de ces cartilages basanés. L’envie du frangin de découvrir l’Univers qui s’étouffe et s’arrache de ces souillons de trous noirs damnés. D’où tu viens Bambie ? T’es quoi princesse ? Et Arthur t’emporte dans ces fichues insomnies. Insomnie perlées de gnôle d’envie sans ennuis. T’as l’envie de savoir. Mieux que les autres. L’envie d’une avare. Le péché capital du désir te submerges depuis ce gosse russe d’Oslo. Envie d’apprendre ; envie de piéger. Envie de comprendre ; comprendre cette infamie de damnés.
Tu squattes ces coquettes baraques colorées des beaux quartiers. Tu t’paumes. Tu t’perds dans ces cieux cendrés du divin aumône. Tu veux fonder ta ville à toi ; tes pastels ; tes penchants endiablés ; tes acerbes arômes. T’as fini par t’emporter sous la grappe d’un vieillard ; architecte sacré de la métropole énamourée. Et t’as lâché le vieux scélérat. T’as encore une boite pleine de plans poussières cachée au domaine Rivera. Tu voyais plus grand ; trop de facilités ; trop d’facultés. Une cible à voir tous ces vendus d’requins larmoyer. Tu veux grand.
Tu veux sang.
Tu veux du Rivera.
T’as fini ton MBA (Master of Business Administration), t’es devenue requin mafia. Mais toi tu veux avoir la plus grosse part Bambina. Et tu l’auras.
07 se salir ; Olly. C’est le second violeur de ton corps sans scrupule saccagé. Olly elle était blonde. Une aérienne blonde poupée du diable envoûtée. Un ange sans les ailes sinon des crochets avariés. Les serres d’un aigle royale. Les agrafes d’un basilique fatale. Charme nuptiale. Sommeil peu abordable. La pâleur de ses cheveux aux reflets d’un éden sans paradis. T’étais folle d’elle sans sympathie. c’était amer ; c’était tonnerre.
Putain Olly t’es mon dîner. Olly tu l’aurais faite durer des décennies. Vous vous aimiez à votre manière. Olly tu l’as épuisée et Olly a grandi ; trop mature pour n’être plus que la femme de tes nuits. Elle voulait plus Olly. Alors t’as fui orage Bambie.
Les hommes des bâtards.
Les filles des faiblardes.
08 se mentir ; La gloire du sanctifié crime s’illustre à travers l’artifice. Artifices aux pieds ; artifices sacrés. Y a tout de faux chez toi Bambina ; mais t’es bonne comme ça. Gucci à l'épiderme pour cacher ce vilain prêt à la banque d’à côté. Tu t’en sors à peine Bambie mais tu sais chiner le fric. T’as déjà voyagé ; Miami ; Vegas. Avec tes potes de faculté. Tu sais mettre en valeur ce corps ravagé. Tu sais enfouir au profond ce cœur ébranlé. Fausse au bout des nuitées esquivées en douce de ces draperies souillées. Ces nuits de luxure finissent toujours par des lits vidés. Quelques porte-feuilles allégés. Bijoux dérobés Intimités entravées.. Ils ne te retrouvent jamais princesse désavouée. Jamais car t’es bonne narratrice. Sorcière illusionniste. Ils savent même pas qui t’es. Et Bambie tu sais les piller.
09 se trahir ; Se trahir. S’amuser. S’embrasser. Abasourdir. Embrasser. Fumer. Boire. S’évider.
C’est Oslo ce putain de norvégien qui t’as fait fumer ton premier spliff. Bien trop chargé. T’étais plus toi ; douceur enivrée. Il abusait de ces drogues fugitives pour se noyer sous cette rose chair abrasive. T’as commencé à fumer. A boire. A baiser. Joliesse devenue noir. Comme ces ados qui jouent les belle pucelles encore à prendre sans aucun serment. T’étais comme elles.
T’avais des amies parfois. Des potes de fumettes. Pas de vraies amies en fait. Ces bouffonnes de reines elles voulaient se faire ces gars là-bas qui les fixaient à la soirée parrainage comme leurs futurs bouts de chairs à la chaîne. Mais tu les as piqué sans mot dire. Sans amadouer. Juste pour le plaisir. Plaisir de séduire. Plaisir de faire chier. Fétichiste de toutes ces belles choses volées. Choses inachevées.
T’avais plus d’amitié. Amitié animosité fragilité. Anxiété. Tu t’en fichais. T’avais ton diplôme à la clé. T’avais ces étalons adonis sous scellé. Tu trahissais ces putes empotées. Tu trahissais. Et t’en ricanais. Parce que Bambi t’avais gagné.
Trahir pour ne jamais ternir.10 s'envoler ; Avidité. Le mot soufflé ; les syllabes crachées. Rejet du délit aux couleurs hasardées de la société. La haine de la veine. La peur de la peine. L’oubli d’un échec. La victoire de ses conquêtes. Tu sais belle Bambie. Tu le sais jeune pécheresse enduite de folie. Tu sais où se mettre ; où s’enfouir ; tu sais qui engloutir.
Tu sais Bambina. Tu sais comment ces gens sont avides. Tu sais comment ces gens sont stupides. Ouais tu connais la rage des mœurs, l’anathème des cœurs. Tu sais que ces foutus paysans s’ennuient ; s’enlaidissent ; s’enlisent. Jolie cœur tu sais que le business est là où les humains se semblent forts ; intrépides ; invincibles. Tu sais qu’tu pourras les acheter ; les revendre comme au marché. Les manipuler, ces esclaves de la mort. Tu sais que contrôler le jeu ; c’est faire émerger sa suprématie.
Alors tu prends ton envol.
Sans succès.
Sans regret.
S'enivrer.