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 les maux bleus (ismaël)

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MessageSujet: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyMer 25 Juil - 20:40

Satin de tes mains, pourpre de votre sang, ténèbres de tes pensées, passion du corps à corps enchaîné. T'es pas sereine, t'es pas concentrée ; tu te bats pas pour perdre mais tu te bats pas pour gagner. Tes poings rougis, tes articulations blessées, tes grognements sauvages, ta respiration saccadée s'écrasent contre le corps mâte, les muscles bandés. T'es vipère aux coups traîtres, maîtresse des points faibles, des articulations cachés, des nerfs et de leur fragilité. Mais tes coups bas tu les gardes pour les grands soirs ; aujourd'hui t'as juste besoin d'écraser ta colère sur son corps, ta haine sur son épiderme, de meurtrir sa peau et qu'il saigne la tienne. T'as besoin d'avoir mal, de mettre une sensation sur un sentiment, une douleur physique sur un mal mental, t'as besoin de comprendre, t'as besoin de ressentir et Ismaël il est là, Ismaël t'aimes quand il te bat. T'as l'air d'une vraie chienne, t'as l'air d'une vraie hyène quand la douleur te fait sourire, quand la haine te fait rire parce que tout vaut mieux que les abysses nouveaux dans lesquels tu t'es jetée, les révélations faîtes, la fuite terminée. T'esquives à peine les coups, tu te hisses sur son dos pour abattre de tes griffes la pluie de ta fureur, de ta fatigue, et tu t'écrases sans peine, le souffle coupé, un peu libéré de tes pensées sauvages, méchantes, sans pitié pour la petite menteuse que t'as cessé d'être. Le combat devrait être terminé ; t'es à terre, il te finira pas, c'est pas un crevard et puis au fond, t'es sûre qu'il aimerait pas trop t’abîmer. Mais tu lui laisses pas le temps de décider que tu te relèves, que tu chancelles, que t'essuies le sang qui coule de ton nez. « Encore » tu lui demandes ou tu lui ordonnes quand tu te jettes sur lui pour donner et recevoir, pour planter, pour écraser de vos fluides le sol souillé par la violence de vos âmes, par la terreur de vos corps. Mais il doit le sentir, que t'es un peu folle, que t'es un peu malade ce soir, la tête à l'envers, les coups forts mais les yeux faibles, le sourire crispé, le corps désarticulé. Il doit le sentir, que tu te bats plus comme une bête mais comme un chiot, un caneton, un insecte qui s'échoue contre la montagne, qui essaie de briser le ciel. Ca fait peut-être une heure, ça fait peut-être une semaine, ça fait peut-être des milliers d'années que t'es bloquée, que t'arrives plus à respirer. Et t'aimerais bien lui dire à Ismaël ; fracasse-moi, écorche-moi, prends-moi, respire-moi, fais moi du bien et du mal dans toute notre fierté animale, mais fais-moi oublier, juste le temps  de notre petite éternité, que je dois continuer d'exister.
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyMer 25 Juil - 21:24

ce soir elle respire la rage.
les coups pleuvent, le souffle et court. tu évites les coups sans avoir le temps de les rendre, tu encaisses quand elle perce ta garde, quand elle tourne autour de toi comme un rapace prêt à foncer. la garde bien positionnée se sont pourtant tes côtés qui chargent le plus. les phalanges cognent contre ta peau, les poings s'écrasent contre tes muscles et quand tu rends les coups tu les veux dissuasifs. mais il n'en est rien, elle se jette sur toi, grimpe presque sur ton dos alors que tu te débats pour ne pas subir un étranglement. et tu la jettes au sol, littéralement. tu craches du sang, alors que ton regard clair se fait sévère sur la femme à terre. tes yeux lui disent de rester là, de ne plus bouger. tes yeux sonnent la fin, mais son corps et sa voix en redemande. les muscles saillants elle se rue de nouveau sur toi, frappe avec conviction, les bruits sont sourds, les os résistent, jamais ne craquent. c'est le désespoir que tu renifles dans chacun de ses gestes, chacun de ses grognements quand elle reçoit les coups. ce n'est pas un combat habituel, ce n'est pas votre rituel. celui où elle veut gagner par tout les moyens, te faire fermer ta gueule de mâle dominant. non, ce soir, elle veut que tu l'abîmes, que tu y mettes tes tripes autant qu'elle crache les siennes. ce soir, le ballet n'est plus le même, quand tu frappes les flancs elle ne tombe pas, elle résiste pourtant ses jambes flageolent. son corps entier semble trembler. tu sais qu'ils sont nombreux à vouloir que tu la termines, que tu exploses ses os comme beaucoup d'autres avant elle. tout tes muscles ne demandent que ça. et quand tu cognes, c'est la dernière fois, son corps tu le gardes contre le tiens. sa tête contre ton torse, ses cheveux qui feraient frissonner ta peau.
c'est bon jake, arrête, c'est fini.
que tu lances à son oreille, à bout de souffle.
ce soir, tu as gagné, tout le monde le sait.
ce soir, tu n'as pas apprécié.
quand tu lèves la tête, personne n'ose rien redire. tu la pousses avec virulence, qu'elle s'écarte du monde, que vous preniez un bol d'air. ça ne pourra vous faire que du bien. et tu regardes tes phalanges légèrement esquintées, moins que les siennes c'est certain, elles ont trop marqué ton visage.
tu cherches quoi là ? ... finir en charpie ?
que tu craches sourcils froncés.
ce n'était pas l'amour du jeu, ni la passion des coups. ce n'était pas l'envie que vos corps se percutent, s'échauffent jusqu'à n'en plus pouvoir. c'était de l'amertume, de la colère et de la peine.
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyJeu 26 Juil - 1:42

Poupée désarticulée, les membres pliés, rangés contre la chaleur brûlure du torse vainqueur, tu ressembles à rien, t'as pas grand chose d'humain. Ta peau était feu, tes membres étaient ouragans mais t'es plus que cendre dans l'étreinte forcée, catalyseuse, honteuse du partenaire ennemi, du bourreau sauveur. T'as même plus la force de te débattre ; l'envie  remue faiblement tes doigts, fait papillonner tes cils et grogner ta voix mais t'es sonnée, percutée, à l'ouest, sans repère quand il t'envoie valser hors des voyeurs voraces, de la foule rapace. T'as du mal à pas tomber, tu te rattrapes sur les blocs d'orties qui te servent de pieds et t'as la rage, la rage putain qui vient t'habiter. T'as perdu Jake, t'as perdu avant  même de jouer ; t'as perdu quand t'as laissé Paz chez la baby-sitter, t'as perdu quand t'as grillé toutes tes clopes, t'as perdu quand tu l'as croisé, et t'as perdu quand tu l'as frappé. T'as perdu, depuis le début et t'as les veines qui piquent, la fierté qui démange et la colère dans la poitrine qui te dévore de l'intérieur. T'as envie de boire, t'as envie de t'exploser avec dix pétards ; t'as envie de fuir les huées du public qui voulait te voir en pièces, les insulter, être ignoble et te foutre du reste. T'as envie d'exploser et de disparaître.
Mais c'est fini, il a dit
T'es vaincu, t'es perdu
Même ça, c'est fichu
La fraîcheur de la nuit t'accueille comme une mère consolatrice, une figure rédemptrice mais t'es pas d'humeur, t'es pas d'humeur à être gentille, t'es pas d'humeur à être bordée et tu l'as jamais été. Tu le sens dans tes travers, au fond de tes artères, que t'as encore besoin de frapper, que t'as encore besoin de respirations hématomes, de bouffées d'air violence, de coups de poing et de coquards violacés. Ismaël t’apparaît de loin, comme un fantôme illusion, comme un spectre moqueur que t'aurais voulu insulté même s'il avait sauvé la vie de ton fils, même si Paz resplendissait dans ses bras luisant de ton sang et de sa sueur. « C'était pas fini » tu grognes, tu craches ; vous ressemblez à des fauves après une bataille mais t'as cette putain d'idée qui t'irrite, qui t'agace où c'était toi, la proie. Sa question te fait rire, t'as le rictus mauvais, celui des méchantes soirées où tu finis toujours par crier (Cal ou Seven en faisait toujours les frais). Tes yeux viennent trouver les siens, en confrontation directe comme si, encore, vous étiez à l'intérieur, comme si, encore, tu voulais sa sueur. « Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Pourquoi t'as arrêté ? C'est pas ça les putains de règles » Pour une fois que tu voulais les suivre, pour une fois que t'étais sage, pour une fois que t'aurais pas triché.  Tu comprends pas mais tu veux pas comprendre, tu fais les cent pas, tu t'agites, les veines encore pleines d'adrénaline, la colère rythmant les battements de ton cœur. « Ca te dérange pas d'habitude, qu'est-ce que t'as, t'es fatigué ? Putain » T'es odieuse, tu le provoques,  t'es pas comme d'habitude, pas avec lui, pas comme ça, pas haineuse. Tu foudroies les passants du regard, tu jures, tu cherches de la nicotine, tu chercherais même de l'héroïne (si Paz était pas là, ce soir, dans tes draps).
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyJeu 26 Juil - 3:13

l'air frais vous frappe, tente de remettre la réalité à la bonne place.
Jake elle souffle comme un buffle, elle ferait presque les cents pas alors que t'es encore sur le pas de la porte. yeux rivés sur sa silhouette quand les mots sortent d'entre tes lèvres. c'était pas fini qu'elle peste, pourtant ça n'avait plus rien d'un combat. juste une lutte qu'elle seule voulait mener. vous avez tout l'air de fou furieux. des chiens enragés ayant ronger leur laisse. son regard trouve le tiens, ses paroles sont hargneuses. elle te cogne de ses iris, te frappe à chacune de ses phrases à défaut de griffer ton épiderme. les règles, oui, ces foutues règles qu'elle n'est jamais capable de mettre en pratique. les émotions doivent être rangées au placard. tes mâchoires se serrent quand elle continue. la femme provoque en toute connaissance de causes. l'air s'échappe violemment de tes narines, et tes poings endoloris se serrent une énième fois. si elle n'était pas elle, si elle n'était pas Jake, tu l'aurais laissé k.o sur le pavé. qu'elle y passe la nuit, pour rétablir l'ordre dans sa boite crânienne. mais tu te contentes de la regarder, sourcils à jamais froncés.
parce que tu crois que frapper dans un sac à viande ça me fait kiffer ? tu ricanes, mauvais. c'était fini, depuis au moins dix minutes. si ce n'est plus. c'était fini à peine aviez-vous commencé, parce qu'il n'y avait que le vide dans ses yeux.
sur votre passage t'as récupérer quelques affaires. ta casquette, à l'intérieur ton t-shirt roulé en boule et un paquet de clope dont tu te saisis. tu sors une cigarette, la cale entre tes lèvres avant de l'allumer. t'en aspire une bouffée qui t'irrite au lieu de calmer tes nerfs. et tu t'approches de la brune, sourire narquois alors que tu souffles la fumée dans sa direction. ta main se pose sur son épaule et tu la pousses légèrement.
à quoi bon affronter une gamine qui tient à peine debout. tu soupires d'agacement. tu lui tournes le dos, tu passes une main dans ta nuque pesant le pour et le contre. tu n'as jamais été du genre compréhensif, t'as jamais été un réel soutient pour quiconque. t'es mauvais dans ce domaine. toi, t'es bon qu'à donner des coups et en recevoir. c'est comme ça que vous vous soulagez l'un l'autre, des étreintes sanglantes, un ravage des corps.
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyVen 27 Juil - 0:53


Il a le don, il a le don sacré de t'énerver, d'attiser la haine, de faire l'amour au brasier. Ses mots glissent sur ta peau rougie, mordillent tes nerfs, cobras agiles, boas destructeurs qui t'épargnent, encore. T'as peur de voir la pitié, t'as peur de voir la médiocrité briller dans ses yeux, à lui, aussi et tu vois flou, et tu vois double quand la scène se superpose, quand sa voix devient moins grave, quand son ton est plus piquant. T'hallucines, tu balises, t'as peur, t'es traîtrise quand tes poings brûlent de le cogner, encore, quand tu craches ta haine dans l'air statique, dans l'ambiance pathétique. « T'as juste eu peur » tu lâches quand il te provoque, quand il commence, quand il t'enlace dans votre nouvelle danse. C'était nouveau, c'était pas vous, c'était pas lui, c'était pas toi ou peut-être que si, ou peut-être que le mépris tapisserait votre peau, que la haine caresserait vos combats, que la colère serait votre langage intime désormais. Et tu vois bien, que sa langue est agile quand la fumée vient inonder ton visage, quand son poing vient éclater ta fierté, quand ses gestes ne sont plus de la violence offerte mais de la provocation gratuite. Alors, t'as pas le temps de réfléchir que t'as déjà bondi, rapide et silencieuse, malgré le sang qui coule et qui le marque quand tes bras viennent serrer son cou, le bloquer peut-être et ta langue, mauvaise, de constater : « Et maintenant tu me tournes le dos ? » T'imites l'amant perdu quand tu récupères la cigarette de ses lèvres pour la glisser entre tes doigts, quand tu joues avec la fumée qui s'élève de votre corps à corps singulier, quand tu relâches l'étreinte pour pas l'étouffer, pour pas te venger. Tu lui laisses de l'espace et tu finis par fumer la respiration viciée de la victoire, parce que tu sais pas, Jake de ce dont t'as besoin mais tu crois qu'Ismaël, qu'Ismaël ce soir, ce sera déjà bien. « C'est toi le gamin, Ismaël » tu lances, auto-destructrice. « T'as juste peur de faire mal aux filles » T'as le sourire fauve, l'éclat des autres soirs qui revient un peu.
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyVen 27 Juil - 12:20

t'as juste eu peur. les mots te percutent de plein fouet, te font serrer les dents. peut-être qu'elle dit vrai, peut-être que t'as juste flippé de l'imaginer à terre pour de bon. t'as la colère au bout des lèvres, tu provoques avec fierté et t'es pas certain de ce que tu cherches au fond de ses pupilles. c'est pour ça que tu tournes le dos, que tu cherches un peu plus d'air -moins pollué par vos mauvaises énergies. tu l'entends pas arriver, mais y'a ses bras autour de ton cou. et t'as beau faire vingt kilos de plus qu'elle, Jake a toujours eu la technique qui te fait parfois défaut. tu te retrouves bloqué, ta main libre qui s'accroches à son avant-bras alors que tu grognes. son souffle dans ta nuque te crispe, tu voudrais lui dire que c'est pour son bien que tu t'échappes. pour ne pas laisser les nerfs prendre tout l'espace. cigarette subtilisée, tu pourrais manquer d'air car la conviction de son geste est véritable. elle te relâche, enfin. tu passes une main contre ta peau, essuyant au passage les quelques traces de sang.
tu lui fais face. tes yeux dans les siens.
la fureur dans l'âme.
plus elle parle, plus elle fracasse.
ta main vient encercler son cou sans que tu ne t'y attendes. c'est contre le mur du smoking dog que son corps termine, bloqué par le tiens. un nouveau grognement s'échappe d'entre tes lèvres. t'as le comportement d'un putain d'animal. le besoin viscéral d'asseoir ta supériorité. pourtant tes doigts n'appuient pas, tes doigts seraient presque doux à l'inverse de ton visage sur lequel transparaît la haine.
avoir mal ? ... c'est tout ce que tu veux ?
que tu craches. ton étreinte s'intensifie.
ça te plairait, de te faire défoncer dans une ruelle, et laisser pour morte ? l'image qui se dessine dans ton esprit, qui te file la nausée. tu sais très bien, qu'avec moi, ça n'arrivera jamais.
face à Jake tu n'es plus toi même. l'instinct de protection exacerbé, pour elle et son gosse dont le visage plane toujours au dessus d'elle. Jake tu l'as dans la peau, dans ces hématomes, ces ecchymoses qui lui appartiennent.
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyVen 27 Juil - 18:28

Tu pensais pas admirer le reflet de tes feux dans les pupilles purgatoires, dans le regard ténèbres qui t'assaille de plein fouet. Tu pensais pas provoquer la violence, endormie par la bienveillance masquée, par la sécurité envisagée pour ne pas trop t'abîmer. Tu pensais pas réveiller la bête si vite, si fort, si grand, tu pensais pas te retrouver piégée, comme un oisillon, entre les serres du grand faucon. Les briques abîment ton dos et tu frissonnes, sans savoir de quoi t'as peur, de quoi t'as hâte, ce que tu demandes, ce que tu crains, sur son visage, au creux de ses mains. Même ses mots sont différents quand il te demande si le tableau mortuaire de ton meurtre te plairait, s'il serait joli en assassin de louve asphyxiée. Tu le regardes, un sourire au coin des lèvres, jugeant l'affaire pulsionnelle, le crime passionnel. Tu l'observes, ta vie tapie entre ses doigts, ton âme dans sa poigne et ça te fait serrer, et ça te fait vibrer de sentir l'extrême limite, la ligne rouge qu'il atteindra jamais. « t'as pas le droit » (de dire ça). Tu supposes, tu imposes. Tes mains viennent agripper son poignet dont tu sais que la force est encore modérée et tes doigts, à ton tour, serrent le membre tendu, l'articulation que tu rends faiblesse. « t'as pas le droit de pas en avoir envie, t'entends ? » T'as pas le droit d'être gentil, t'as pas le droit d'être pitié, t'as pas le droit d'être paradis quand l'enfer est notre tanière, t'as pas le droit de sourire, t'as pas le droit de m'aimer, t'as pas le droit de m'apprécier sauf quand j'suis en sang, sauf quand j'crache ma vie, sauf quand j'ressemble à la mort parce que y a peut-être que toi qui peut me voir comme ça, qui peut me soigner comme ça, qui peut encaisser tout ça, sans m'jeter, sans dégueuler, sans disparaître. « t'as pas le droit d'abandonner » la laideur de notre trésor, le scandale de tous nos efforts qui n'admet que le négatif, qui possède l'horreur des corps mutilés, des consciences torturées. « j'ai besoin... » (de toi) « d'un mec capable de pas lâcher ». Votre face-à-face s'éternise, ta nuque te tire, la pression de ta main s'affaiblit. Mais tu restes immobile, fixe, digne, dans votre intimité, écrasant à votre façon, le monde extérieur, bulle aseptisée, univers fade devant l'arc en ciel de vos plaies lumineuses et colorées. « Tu crois que tu peux faire ça ? » (pour moi ?)
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptyVen 27 Juil - 20:33

sa vie entre tes mains.
littéralement.
il suffirait d'une pression trop forte pour qu'elle sombre dans les ténèbres. il te suffirait d'un mouvement trop brusque, que son crâne frappe contre le mur, et tu la regarderai s'effondrer sur le sol, comme beaucoup avant elle. t'as jamais eu de cœur, t'as toujours eu les couilles d'aller plus loin. d'aller trop loin. alors oui, elle a raison. t'as pas le droit de pas en avoir envie, t'as pas le droit de pas lui donner ce qu'elle désire le plus. un combat qui ne sera pas à armes égales, tu absorberai sa haine pour la lui rendre en plein visage. des coups violents, des griffures, du sang. sa main se crispe sur ton poignet, comme si elle voulait t'obliger à serrer davantage. t'as les sourcils qui se froncent, le regard qui se perds dans ses yeux sombres. tu te fais aspirer par ses tourments, t'encaisse bien sa colère, t'as plus de mal avec son désarroi. la détresse qui se dessine doucement, les paroles à double-sens. t'as la respiration saccadée, ton pouce qui écrase la jugulaire, tu voudrai qu'elle se taise. ton corps s'est rapproché du sien, véritable étau dans la nuit noire. tu voudrai étouffer ses mots. calmer ses maux dans une étreinte bestiale -cent fois imaginée.
j'lâcherai rien Jake.
que tu siffles contre sa peau, souffle à souffle. je te lâcherai pas, tu devrais le savoir, tu devrais le voir. j'peux être le pilier de tes jours sombres, le punching-ball de tes nuits douloureuses. tu soupires, hargneux. les secondes deviennent des minutes, les minutes ressemblent à des heures. tes yeux ne lâchent pas les siens, mais ta poigne se desserre lentement.
c'est pas pour toi. que j'fais tout ça. qu'est-ce qu'il deviendrait, sans toi.
finis-tu. t'es sévère sans pour autant juger. t'es sévère parce que tu sais, l'importance d'avoir une mère. tu ne l’abîmeras pas, personne ne l’abîmera tant que tu seras de ce monde.
bousille moi, j'en ai rien à secouer.
si ça peut te calmer, écorche moi, détruit tout ce que tu peux détruire. j'ai les épaules assez large, pas lui, pas ton fils.
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MessageSujet: Re: les maux bleus (ismaël)   les maux bleus (ismaël) EmptySam 28 Juil - 17:24

T'es bloquée dans une prison dorée, de chaire et de nerfs, de sang et de colère. Le geôlier a l'air féroce, il a des mains de colosse, qui menacent tes respirations, qui caressent ta vitalité. Tu te demandes quels bruits ça ferait, ta tête éclatée, ton âme envolée, ta carcasse enterrée. Qui serait triste, qui pleurerait ? Maman Black elle finirait bien par se buter pour avoir perdu l'ange et tuer le démon. Peut-être que l'daron recevrait une lettre, peut-être qu'elle dirait : « félicitations, vous êtes le dernier ». Peut-être qu'il ferait semblant de rien reconnaître, peut-être qu'il nierait, qu'il s'échapperait comme toi, contre ce mur, plongée dans ces yeux, dans son regard, dans son esprit qui vrille. Tu te demandes ce qu'il te trouve, tu te demandes ce qu'il aime dans ton corps de fille perdue, de femme recluse, de bête haineuse, de portrait cliché des sombres rues. Tu te demandes pourquoi avec toi, ça marche pas ; pourquoi le désir de violence ne prend pas totalement, pourquoi il hésite, pourquoi il se ment. T'aimerais qu'il te haïsse, t'aimerais qu'il te déteste ou que tu l’indiffères pour sentir toute sa force, pour te nourrir des pulsions de son coeur dans les tremblements de son corps. T'aimerais qu'il te fende de sa puissance, t'aimerais qu'il s'oublie juste le temps de votre rixe visuelle, de votre fusion oculaire.
Et t'y crois quelques secondes
T'espères quelques minutes
Jusqu'à ce qu'il te frappe, de tout l'acier de sa volonté
il, il, paz, paz et cal, cal qui valsent dans ta carotide, que t'as oubliée, le temps de te mettre en sang et de te déresponsabiliser. T'as même pas idée de l'heure qu'il est ; tu dois rentrer, tu dois le bercer, tu dois l'aimer et t'as envie de vomir tellement t'es pathétique ; t'as envie de partir, l'air devient toxique. « Faut que je rentre » tu réponds, un peu à l'ouest, un peu absente, après la révélation incendie, l'acceptation coup de feu. « Faut que je rentre » tu répètes, tu t'empêtres, t'as l'air hagard, groggy, perdue et tes membres, putains et traîtres, hurlent de douleur pour la première fois. Paz dans sa bouche c'est une gifle sur ta joue, c'est un genou dans ton ventre, c'est ta maternité rappelée, c'est tes propres jurons qui te sont adressés. Tu regardes l'heure, les appels manqués, la baby sitter qui demande où tu es. J'arrive  tu réponds alors que t'es même pas vraiment en retard, que t'es même pas vraiment fautive, que t'es même pas encore mauvaise mère. « J'suis à la bourre » tu hasardes de ta voix rayée. « Merci », tu te reprends. Tu vous reprends. Tu le sondes de ton regard ardent. « Tu pourras pas te relever, la prochaine fois » tu lui assures. T'as même plus l'air énervé, t'es juste décidée  et tu lui donnes rendez-vous dans ton langage codé. La colère, le désespoir est passé depuis que Paz a été murmuré.
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